Archives de catégorie : Climat

Alerte planétaire aux SDHI (tous aux tranchées)

Ai-je le droit de vous demander un service ? Je le prends. Nous sommes le 22 août et le 11 septembre prochain sortira un livre signé par moi aux éditions Les liens qui libèrent. C’est un livre réellement spécial à mes yeux, car il révèle l’étendue du grand désastre des pesticides, en partant de l’exemple détaillé d’une nouvelle famille chimique que personne ne connaît, les SDHI. Ces SDHI sont d’ores et déjà épandus sur l’essentiel de la surface agricole de France, c’est-à-dire le blé et l’orge, les semences, les tomates, les pommes de terre, les arbres fruitiers, etc. Et même sur les terrains de golf ou les stades de foot. Ils sont partout et ce que je décris, c’est un système aussi fou que criminel, qui empêche que nous soyons protégés contre ce nouveau danger.

Danger ? Il est colossal, ainsi que je je démontre sans peine. Des scientifiques de très haute réputation ont alerté en temps et en heure, et ils ont été méprisés, et même humiliés. Non seulement nos autorités couvrent cette utilisation, mais en outre la recommandent, montrant comme jamais l’extrême puissance du lobby des pesticides, parfaitement intégré à l’appareil d’Etat. Le service que je vous demande est simple : faites circuler l’information qu’un livre va paraître, qui devrait indigner au profond les plus solides d’entre nous. Est-ce de la pub ? Non, c’est un devoir.

Tremblez, nous sommes la Loire qui se défend

Je viens de recevoir cela, qui me fait chaud au cœur. Enfin, on se bat, autrement qu’avec des paroles creuses. Sachez-le, un village éphémère nous attend près d’Orléans, jusqu’au 18 août. Pourquoi ? Parce que vous lirez la suite. Ceux qui seront à moins de 150 kilomètres – ou 1500 ? – n’auront aucune excuse. Et si vous n’en êtes pas, faites circuler. ¡ Adelante !

C’est ici, mais c’est aussi ci-dessous :

Le Village de la Loire

Nous sommes la Loire qui se défend !

C’est parce que nous en avons assez de l’artificialisation des sols et de la destruction des nappes phréatiques au service de la logistique des flux ininterrompus de marchandises,

C’est parce que nous en avons assez de voir les bétonneurs continuer à être le bras armé des politiques d’aménagement du territoire métropolitaines et centralisatrices d’un autre temps,

C’est parce que nous en avons assez de constater l’impunité de ces écocides perpétrés avec la bénédiction d’arrêtés préfectoraux autoritaires,

Que nous, Premières Pierres du Village de la Loire, avons affiché ces panneaux aux abords du bois des Comtesses, détruit l’an dernier à la sortie de Saint-Denis de l’Hôtel, en signe de notre détermination à nous opposer au projet de déviation et à son monde !

Et c’est parce que nous en avons assez que tous ces grands projets inutiles, conçus par les puissants pour choyer leur ego et leur portefeuille plus que pour le bien commun, soient imposés en mettant les populations locales devant le fait accompli, sans réel débat public préalable,

C’est parce que nous en avons assez que l’on fasse croire qu’un pont dans une zone naturelle protégée, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, et quinze kilomètres de route puissent constituer une quelconque solution à l’impasse dans laquelle se trouve notre modèle de société, après soixante-dix années d’orgie industrielle qui mettent en péril l’équilibre climatique et avec lui le mode de vie des milliards d’être vivants qui peuplent encore la terre,

C’est parce que nous croyons sincèrement que ce pont est le pont de trop et cette route celle d’hier plus que celle de demain,

Que nous vous invitons à participer, d’abord à une réunion publique, qui aura lieu le samedi 10 Août au stade de la Binette, à Bou, à 18h, et dès le lendemain, du 11 au 18 Août, au Village de la Loire, pour une semaine d’ateliers, de discussions et de balades, aux abords de la Loire et du bois de Latingy, à Mardié.

C’est avant tout dans l’esprit d’ouvrir un espace de dialogue, inexistant jusqu’ici, que nous organisons cet événement pour que la population locale et régionale puisse se rencontrer et échanger sur ce projet de pont ainsi que sur tout les autres projets qui, jour après jour, continuent de polluer la Loire et son bassin versant.

Les Premières Pierres

Le Village de la Loire

Du 11 au 18 août 2019, à Mardié, non loin d’Orléans et au bord de la Loire, nous installerons les premières toiles du Village de la Loire, un lieu éphémère de rencontres entre les différentes luttes sociales et écologiques qui parsèment le territoire et le bassin-versant, à commencer par la lutte contre la déviation de Jargeau, son pont et son monde.

Ce moment prendra la forme d’un village d’habitats légers, qui accueillera différentes animations (ateliers, conférences, débats, concerts, assemblées, …), avec le soutien de l’association Mardiéval, acteur historique de la lutte contre le projet départemental de déviation et de pont sur la Loire.

Sans oublier l’activité principale : inventer collectivement une manière d’habiter et de protéger les lieux !

Et en attendant, histoire de vous immerger un peu dans ces lieux que nous voulons défendre et que d’autres veulent bétonner, on vous invite à aller espionner certains habitants du bois de Latingy sur le site de la Balbucam et à en parcourir virtuellement les sentiers (avant de les arpenter pour de vrai !) sur le site de Loire et Biodiversité.

Se Rencontrer

Dimanche 11 & Lundi 12

Ces deux premières journées seront consacrées à la mise en route du village. Il s’agira de prendre le temps de se rencontrer, en organisant ensemble les commissions, les temps collectifs fondamentaux et la routine quotidienne pour permettre l’autogestion du village durant toute la semaine.

(Se) Construire

[Ateliers Ouverts]

Mardi 13 & Mercredi 14

Ces deux journées seront consacrées à la fabrication de choses utiles pour le village. N’hésitez pas à nous proposer des ateliers de fabrication et de bricolage, mais aussi des activités artistiques, de la cueillette, des animations pour les enfants, etc. — en essayant d’apporter autant que possible le matériel et les outils nécessaires !

Lutter

[Contre le pont et son monde]

Jeudi 15 & Vendredi 16

L’idée de ces deux jours est de proposer, en plus de la poursuite des ateliers du début de semaine, des temps de réflexion collectifs sous différents formats (assemblées de discussion, tables rondes, conférences, tribunes), avec certainement des projections de films le soir pour poursuivre les réflexions de la journée.

Jeudi – Contre le Pont

> Ce pont sert-il à quelque chose ?

> Dévions la déviation : comment se passer du pont ?

(Intervenant·e·s : Mardiéval, Daniel Breton et d’autres à préciser)

> Humains, autres qu’humains et “alliances vitales”

(Intervenant·e·s : Samuel Gaudineau, Léna de Youth for Climate, Léna Balaud)

> Dans quel état est notre Loire ?

(Intervenant·e·s : Denis Miege de l’Apside, Dominique Boutin de FNE, et d’autres à préciser)

Vendredi – Contre le monde du Pont

> Contre le patriarcat : anti-industrialisme et écoféminisme

(Intervenante : Juliette Rousseau)

> A qui profitent les grands projets ? (Aménagement du territoire, artificialisation des sols et réseaux intelligents)

(Intervenant·e·s : Fabrice Tassard de SPLF et d’autres à préciser)

> État des lieux du nucléaire français

(Intervenant·e·s : Catherine Fumé, Nans)

Lutter / Habiter

Samedi 17 & Dimanche 18

Pour le week-end, nous invitons les associations et les collectifs qui luttent et inventent des alternatives à venir présenter leurs activités et leurs combats. Venez donc avec votre stand pour la journée ou le week-end ! Nous continuerons aussi à discuter en essayant de libérer nos imaginaires et de penser les conditions matérielles de ces autres mondes possibles — pour être vraiment contre, soyons pour !

Samedi – (Pour) d’autres mondes et d’autres ponts

> Village des alternatives locales #1

> Cercles d’échanges et ateliers thématiques toute la journée

(habiter, se nourrir, se soigner, se relier, s’élever, imaginer, voyager, …)

Dimanche – (Pour) défendre Latingy

> Village des alternatives locales #2

> Assemblée du Peuple de la Loire

> Jeu de rôle grandeur nature : « Défends ton bois d’Latingy ! »

> Rituel de défense et de protection du bois et de ses habitant.e.s

> Grand Bal [Buzard]

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Liste de matos

On essaye de bâtir le Village en récupérant un maximum de choses, pour construire un autre monde grâce aux poubelles de celui-ci… Voici la liste de ce dont nous avons besoin !

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Coups de main

On a toujours besoin de têtes et de bras pour nous aider à organiser et à construire. Voici un formulaire pour nous dire tout ce que vous savez faire et tout ce que vous voulez apprendre !

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Ateliers Ouverts

Durant toute la semaine du Village, chacun.e peut proposer un atelier pour construire la vie du lieu. Bricolage, autogestion, cueillette, … Envoyez nous un mail avec vos propositions !

Agenda

Voici un agenda des prochains temps collectifs de préparation du village (réunions de présentation, soirée de soutien, journée de récup’, etc.)

Du 5 au 8 août – Latingy

Début du montage du Village à Mardié. Nous serons présent·e·s toute la journée sur les lieux pour installer des éléments de base du village et on a besoin de vous pour nous aider et commencer à habiter les lieux ! Pour celleux qui bossent, des soirées de chantiers collectifs sont également prévues de 18h à 21h ces trois jours pour poser la signalétique, finir d’installer les toilettes sèches, construire des douches…

N’hésitez pas à venir nous voir, vous pouvez éventuellement nous passer un petit coup de fil au 07.87.55.48.11 si vous vous perdez en chemin 🙂

Vendredi 9 et samedi 10 août – Toute la journée – LatingyDeux grosses journées de chantiers collectifs pour monter les plus grosses structures (dômes et chapiteaux). N’hésitez pas à venir même pour une heure ou deux !

Samedi 10 août – 18h – Stade de la Binette – Bou

Réunion d’information à destination des habitant·e·s des communes proches du Village (Bou, Mardié, Saint-Denis-de-l’Hôtel, Jargeau…).

Textes & Communiqués

Communiqués de presse, droits de réponse et autres textes.

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Communiqué de presse du 8 août 2019

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Droit de réponse au CD45 – La République du Centre – 8 août 2019

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+Leaflet | © OpenStreetMap, Tiles courtesy of Humanitarian OpenStreetMap Team

Infos pratiques

Quand ? Du 11 au 18 août 2019

Où ? À proximité du bois de Latingy, à Mardié, dans le Loiret

Comment venir ? En voiture, en covoit, en vélo, à pied et en stop par la D960. En transports en commun, à partir d’Orléans, avec les bus 2, puis 8, jusqu’à l’arrêt « Le Merisier », puis à pied.

***

On fait de notre mieux pour vous accueillir le plus royalement du monde, mais essayez quand-même d’être aussi autonomes que possible, notamment pour le couchage (tentes, duvet, etc.) et de nous aider en apportant chacun.e une assiette, un bol, des couverts et un torchon pour compléter nos récup’ ! Merci <3

Contact

N’hésitez surtout pas à écrire pour nous demander des infos, nous proposer des coups de main, des idées, …

levillagedelaloire@riseup.net

On vous conseille aussi de vous inscrire à la lettre d’information du Village ici.

Et si vous voulez venir nous filer un coup de main, n’hésitez pas à nous joindre par téléphone au 07.87.55.48.11

Vite ! de l’argent pour un Parc d’Afrique

Un geste, les amis, et vite ! L’association du Vercors Mille-Traces (ici), l’une des plus belles de France, a lancé une souscription de 3000 euros pour une intervention en Afrique. Qui aime ce continent, fût-ce de très loin, et ses habitants, humains et non-humains, doit pouvoir trouver une trentaine d’euros au fond de sa poche. Attention, urgent. C’est ici.

Lutte contre le braconnage dans le Parc Régional du W - Mille Traces

Aidez-nous à préserver la faune d’Afrique de l’Ouest !

Ce projet a pour objectif de mettre en place une patrouille dont la mission sera d’assurer la surveillance d’une partie du Parc Régional du W, en Afrique de l’Ouest, qui s’étend dans une zone frontalière commune à 3 pays : le Bénin, le Burkina Faso et le Niger.

Ce parc naturel fait partie de la première réserve de biosphère transfrontalière d’Afrique reconnue par l’UNESCO. Il abrite lions, éléphants, hippopotames, cobbes, hippotragues, babouins, etc., toute une faune victime d’actes de braconnage de plus en plus fréquents en raison de la diminution des moyens financiers consacrés à sa lutte et au déclin du tourisme dans la région.

L’origine du projet

Le Parc W est le dernier refuge naturel protégé d’Afrique de l’Ouest présentant une aussi vaste superficie, puisqu’il s’étend sur plus d’un million d’hectares ! Dernier bastion pour la conservation de la faune sauvage dans cette région, il joue également le rôle de barrière naturelle face à la désertification au Bénin, Burkina Faso et Niger.

Malheureusement, cet espace riche en biodiversité est la cible d’un important braconnage. Lions, éléphants, antilopes, aucune espèce n’est épargnée.

Alertée par des proches travaillant dans le Parc W, Mille Traces a décidé d’organiser cette collecte de fonds afin d’aider à lutter contre cette menace en finançant une patrouille dont la mission sera de surveiller une zone représentant environ 380 km², tout au long de la saison des pluies au cours de laquelle le braconnage augmente considérablement. Après cette période, un organisation non gouvernementale déléguée à la gestion du parc devrait être mise en place, en collaboration avec les trois pays.

Mille Traces, en collaboration avec l’Association des Campements Touristiques pour l’Appui à la Gestion du Parc Régional W (ACTAG-PRW)

Depuis 2005, l’association Mille Traces, basée dans le Vercors drômois, soutient la préservation de la faune du Parc W. Ses missions consistent principalement en l’apport de matériel aux forestiers, éco-gardes et pisteurs des 3 pays du W en vue d’améliorer la lutte contre le braconnage.

Depuis 2016, Mille Traces s’est associée à un organisme local : l’Association des Campements Touristiques pour l’Appui à la Gestion du Parc Régional W (ACTAG-PRW). Créée le 1 janvier 2015 par les gestionnaires de quatre auberges touristiques situées au cœur du Parc W (l’auberge des Chutes de Koudou au Bénin, l’auberge du Point Triple au Burkina Faso, l’Hôtel de La Tapoa et l’Écolodge de l’île du Lamantin au Niger), cette association a vu le jour afin d’apporter un appui concret à la conservation durable des aires protégées et de motiver une réelle synergie des acteurs de la conservation de la nature en Afrique de l’Ouest en créant un solide réseau de partenaires compétents dans les domaines de la protection des aires protégées. 

A quoi servira l’argent collecté, les détails du projet

Comme nous le rappelle l’actualité, cette région du monde connaît une situation sécuritaire qui concentre les actions des États, ce qui conduit àdiminuer fortement les ressources financières disponibles pour le Parc W. En particulier, l’absence de moyens financiers et une présence humaine moins importante (liée à la forte diminution du tourisme) permettent au braconnage de se développer. La saison des pluies, qui s’étend de juin à octobre, augmente encore le risque de braconnage. Les gestionnaires du site des Chutes de Koudou sont témoins de coups de feu à répétition près de l’auberge.

L’argent récolté permettra d’accroître considérablement la surveillance de la faune de ce site remarquable et fragile, et de renforcer la sécurité des infrastructures et de leur personnel.

Grâce à cet argent, 8 gardes pourront procéder à une surveillance accrue sur une surface d’environ 380 km², allant de l’auberge de Point Triple à Sampeto au Bénin.

Cet argent couvrira l’ensemble des frais engagés : salaires, moyens de locomotion et carburant, nourriture et matériels divers (lampes, gourdes, tapis de sol, etc.) pour une période de 6 mois (soit 500 euros par mois de juillet à décembre 2019). Au-delà de cette période, début 2020, une organisation non gouvernementale devrait être mise en place.

L’argent récolté par Mille Traces sera reversé à l’ACTAG-PRW qui emploiera ces 8 gardes.

Notre équipe

De nombreux membres de Mille Traces ont eu l’occasion de rencontrer la faune du Parc Régional du W, ainsi que les personnes qui œuvrent pour sa protection sur le terrain. En particulier :

  • Véronique Thiery et Jean-Marie Ouary, respectivement scientifique et naturaliste, tous deux animateurs nature, ont fondé Mille Traces en 1992. Depuis 2004, l’urgence à aider les populations d’éléphants d’Afrique de l’Ouest les a conduits à développer des actions de protection dans différents pays et notamment dans la région du W, où Jean-Marie et plusieurs équipes se sont rendus en 2005 et de 2015 à 2019. L’aide aujourd’hui apportée à l’ensemble de la faune est la suite logique de leur engagement pour la nature.
  • Sylvie Thirion, présidente, s’est rendue sur le parc en 2005, 2015, 2017, 2018 et 2019. Au quotidien, elle entretient un lien chaleureux et efficace avec les personnes dédiant une partie de leur vie au W (conservateurs et directeurs du parc, guides, naturalistes, aubergistes, etc.).
  • Rémi Collange, administrateur, a récemment participé à deux voyages et a immortalisé ces moments forts en émotion à travers ses photos et vidéos, ce qui a permis d’aider l’association ACTAG-PRW à communiquer sur ses actions grâce à des supports représentatifs du milieu naturel et de sa faune.
  • Claude Juillard, membre très actif, naturaliste, a fait partie du voyage en 2017, 2018 et 2019. Son sens de l’observation et d’écoute, ainsi que ses connaissances naturalistes, ont permis à l’équipe de s’émerveiller devant le foisonnement d’espèces, animales comme végétales, que l’on peut rencontrer au W. Il a engagé un jumelage entre les écoles primaires de Sampéto au Bénin et de Tailly en Côte d’Or.

L’ensemble des administrateurs de Mille Traces participent à cette initiative et ont aidé à ce que se développe cette action pour la faune de l’Afrique de l’Ouest : Romain Ribeiro, Jacqueline Hache, Élisa Gouirand, François Morel, Ariane Ambrosini, Jean-Pierre Biscaye, Jacques L’Huillier, Pascal Maruejol, Patrick Mathiot, Lorène Pascal, Jörg Schleicher et Bernadette Sévère.
Ces collaborations n’auraient pas été possibles sans les militants et adhérents qui ont également participé à ces voyages et missions sur le W comme Melly Rava, Aude Phisel, Françoise et Alain Charras, Adeline Cuisinier, Adeline Soulier, Pablo Dasnias, Chantal Reymond, Coralie Aubry, Perrine Cochard, Fabrice Cappizano, Jacky Sylvestre, Laure et Guillaume Ruth, Frédérique Pécot, Didier Lerenard, Ludo Rouault, Gilles Jovet, Gabriel Gorraz, Jérôme Bonnardot.

Merci à tous les membres qui ont permis d’accompagner la faune du W, et merci à tous ceux qui nous rejoindront en apportant leur aide précieuse, chacun à la hauteur de ses moyens !

H Hichem MACHOUK 06/08/2019 Y Yvan BOICHARD 06/08/2019 J Jacques L’huillier 06/08/2019 Agir
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De Rugy à Borne et de Charybde en Scylla

Amis, je vous ai lâchés depuis un moment. Planète sans visa, où se trouvent environ 1500 articles exclusifs et gratuits, publiés depuis la fin de l’été 2007, ne parle plus guère. C’est que je suis occupé, très occupé à défendre, étendre et transmuter le divin mouvement des Coquelicots (nousvoulonsdescoquelicots.org).

Néanmoins, je lis comme vous la presse. De Rugy nous a quittés. Inutile de verser des larmes de crocodile sur un homme pareil, que j’ai tant critiqué et conspué ici même (huit articles à partir de https://fabrice-nicolino.com/?p=4658). Mon Dieu, il est peu d’exemples dans l’histoire humaine de causes à ce point supérieures représentées – officiellement – par des personnes aussi médiocres. Je n’annonce pas même qu’il coulera corps et bien, car comment savoir, avec des gens pareils ?

De Rugy n’avait aucun rapport discernable avec la crise écologique et ses très éventuelles solutions. Sa successeure Elisabeth Borne pose un cas général qui pourrait me faire rire, mais qui finalement m’attriste davantage. J’ai écrit maintes fois ici sur les grands corps techniques de l’Etat. Cette aristocratie d’ingénieurs coopte tous les postes décisifs, jusqu’en région, dans les vastes domaines de l’industrie, dont le nucléaire, le BTP, les campagnes. Tapez si vous le souhaitez dans le moteur de recherche en haut et à droite les expressions : Ingénieur du génie rural et des eaux et forêts, ou Ingénieur des Ponts et Chaussées, ou Ingénieur des Mines, et vous verrez apparaître un tableau. Celui de la destruction de la France, pendant de la destruction du monde.

Peu de phénomènes comptent plus que celui-là, mais la critique sociale, y compris bien sûr chez les écologistes officiels – Europe Ecologie -, est si évanescente que nul n’en parle. On ne sait rien, on n’avance rien, on est sourd, aveugle et muet. Madame Borne, nouvelle ministre de l’Ecologie, est ingénieure générale des Ponts et Chaussées et à ce titre, elle est comptable du désastre des routes, autoroutes et rocades, en partie de l’envol stoppé in extremis des gaz de schiste, et de tant d’autres. L’esprit de ce corps est définitivement dans ce cadre-là. En 1991, j’ai rencontré l’un d’un chers collègues de madame Borne, et si vous voulez en savoir plus, je vous recommande cette lecture : https://fabrice-nicolino.com/?p=1121). Bourdillon vaut Borne, et Borne vaut Bourdillon.

Mais je souhaite y ajouter cette autre anecdote : il y a près de trente ans, je conversais avec un ingénieur du Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), et celui-ci m’a soudain lâché quelque chose comme : « Etes-vous déjà allé en Angleterre ? ». Oui, j’y étais allé, et après ? Eh bien, il voulait savoir si j’y avais vu des châteaux d’eau, et bien sûr, je n’en savais rien. Peut-être, ou pas. Il insistait et finit par dire : « Non, vous n’en avez pas vu, car il n’y en a pas ». Poli comme je sais être, mais pas follement intéressé, je lui demandai pourquoi. Et il répondit qu’il y avait sur cette île un autre système, enterré, qui n’utilisait pas de béton armé, comme les grandes tours des châteaux d’eau, omniprésents dans le paysage rural français.

Pour quelle raison avait-on hérité ces horreurs verticales ? Parce que. Parce que les ingénieurs des Ponts et Chaussées, qui ont la haute main sur quantité de travaux publics, disposaient de deux sortes de revenus. D’abord leur salaire d’Etat. Ensuite ce qu’on nommait les rémunérations accessoires qui permettaient, par un système de péréquation, d’augmenter massivement la solde. Les ingénieurs des Ponts et Chaussées touchaient sur le volume de travaux publics qu’ils parvenaient à faire décider notamment auprès des élus.

Mon ingénieur du BRGM, devant ma stupeur, s’empressa d’ajouter : « Mais c’est fini. La France est suréquipée en châteaux d’eau. Pour cette raison, vous allez voir déferler en France des centaines et des milliers de ronds-points inutiles et coûteux ». Et il avait raison. Le déferlement a bien eu lieu. Combien de milliards concédés aux ingénieurs et au BTP ? Amis lecteurs, songez avec moi à madame Elisabeth Borne, nouvelle ministre de l’Ecologie, ingénieure générale des Ponts et Chaussées, et préparez vos mouchoirs ou vos tenues de combat. Ou les deux.

Frédéric Wolff n’aime pas le téléphone nouveau

Une nouvelle génération de téléphonie mobile est annoncée : la 5G. Elle est beaucoup plus qu’un simple aménagement des standards téléphoniques actuels. Le progrès qu’elle préfigure ? Un effroyable regrès sanitaire, écologique, démocratique et humain. Allons-nous laisser faire ? Résister ? Ni cobayes, ni machines, nous ne sommes pas négociables, pas plus que la vie sur Terre.

Des milliards d’objets connectés, des millions de stations de base terrestres, une antenne tous les cent mètres, 20 000 satellites supplémentaires, le Très-Haut débit accessible aux endroits les plus reculés du monde, mille fois plus de données transmises, des hologrammes à volonté, des véhicules sans conducteurs, des robots pour nous opérer à distance, pour remplacer les derniers paysans, des services publics dématérialisés, des données à foison sur nos comportements, sur nos déplacements et sur nos vies placées sous surveillance permanente, mieux encore, sous pilotage électronique, une planète ou tout devient intelligent : les villes, les routes, les maisons, les frigos, les brosses à dents… 350 000 ans d’Homo Sapiens pour en arriver là. Gageons qu’une innovation rendra la connerie universelle, elle aussi, intelligente.


Il est difficile de se représenter toutes les retombées de cette nouvelle fuite en avant tant elles sont colossales, obéissant à ce que Günther Anders nommait les « phénomènes supraliminaires » échappant à notre perception en raison de leur ampleur. Mais au moins peut-on essayer de penser ce qui se joue. Au moins doit-on tenter de relier ce qui, pris isolément, semble anodin et presque désirable si l’on s’en tient à la doxa progressiste.
Ce qui, souvent, s’impose lorsque l’on considère les technologies sans fil, ce sont les risques sanitaires. Les ondes 5G sont-elles nocives ? Cette question est d’autant plus préoccupante que l’on connait les effets délétères des radiofréquences du type 2G, 3G, 4G, wifi… Je ne suis ni physicien, ni biologiste, mais je sais lire. Et j’ai lu. Des études publiées dans des revues à comités de lecture, des alertes de scientifiques, de médecins, des témoignages de personnes électro-hypersensibles avec qui j’ai partagé le quotidien.

Combien de preuves accablantes du danger des ondes artificielles ? Des dizaines ? Des centaines ? Des milliers ? Des milliers. Je ne vais pas dresser la liste des risques sur la santé. Ils sont connus et mentionnés dans un appel international récent de scientifiques, de médecins et d’organisations. Et ils sont effrayants quoi qu’en disent les lobbies et leurs collabos. Ils ont beau jeu de répondre qu’il n’y a pas consensus scientifique et qu’il faut continuer à étudier tout en poursuivant l’emballement technologique et son cortège macabre, s’inscrivant ainsi dans la lignée des scandales sanitaires passés, du tabac à l’amiante, en passant par le dérèglement climatique, les pesticides, les perturbateurs endocriniens, les Ogm… A chaque fois, le même scénario, à quelques variantes près. Les conflits d’intérêt, la fabrique du doute, les autorités sanitaires et scientifiques complices ou aphones, les protocoles biaisés, la rédaction d’articles favorables par l’industrie signés ensuite par des scientifiques de renom… Tous les moyens sont bons pour gagner du temps, rendre la société dépendante, inverser la charge de la preuve, individualiser les responsabilités, dénigrer les lanceurs d’alerte, voire les victimes.


On me rétorquera qu’aucune étude sanitaire n’a été réalisée relativement à cette nouvelle génération d’ondes. Certes. Mais tout de même, trois choses à ce propos :
1. La 5G ajoutera une nouvelle source de pollution électromagnétique à celles déjà existantes. Comment ne pas craindre que ce cumul ne soit pas préjudiciable au monde vivant ? A force de poser des pièces les unes sur les autres, l’empilement finira par s’effondrer. La pièce qui aura provoqué le basculement ne sera pas foncièrement différente des précédentes. Poison chimique, rayonnement ionisant ou non-ionisant, nouvelle augmentation de la température moyenne, comment savoir ? La situation qui en résultera sera inédite et irréversible. Cela ne concerne pas seulement la santé, mais l’ensemble des écosystèmes naturels, sociaux, économiques, humains…


2. Il est tout de même extravagant de déployer une innovation sans s’être inquiété sérieusement de ses effets sur la santé publique. Rien de bien nouveau, hélas, mais quand va-t-on cesser de nous prendre pour des cobayes ? Si la 5G était un médicament, elle ne serait pas autorisée !


3. Pour autant, comment serait-il possible de conclure à une totale innocuité de cette technologie, quand un cancer peut mettre 30 ans à se déclarer, quand les effets cocktails – entre différentes fréquences, entre rayonnements artificiels et molécules chimiques de synthèse – sont quasiment infinis et laissent entrevoir le pire, quand les symptômes liés aux ondes sont asymptomatiques, quand on peut être vulnérable même à de très faibles doses – ainsi, pour les fœtus, les enfants, les personnes malades, épuisées, chimico et électro-hypersensibles ? Où pourront survivre ces dernières, quand il n’y aura plus aucun endroit vierge d’ondes sur la terre et sur la mer, alors que bon nombre d’entre elles endurent d’ores et déjà un enfer innommable ?


Le bon sens le plus élémentaire voudrait que l’on s’abstienne, que l’on s’en remette au principe de précaution, ou plutôt de prévention, étant donné le foisonnement de preuves scientifiques alarmantes.


Ce n’est là qu’une partie du problème. Quand bien même des réseaux filaires ou je ne sais quelle innovation seraient retenus et nous épargneraient les ondes toxiques, il y aurait lieu de refuser cette nouvelle génération de télécommunication qui aggravera la dévastation écologique en cours. Par quel miracle les fourmis, les abeilles, les oiseaux seraient-ils épargnés, alors que des études sérieuses prouvent les effets biologiques sur ces espèces ? Plus largement, à quoi faut-il s’attendre ? A des centaines de millions de téléphones 5G et de gadgets électroniques à venir, à de nouvelles infrastructures dispendieuses, à des extractions de minerais et de matériaux extrêmement polluants, à des déchets qui le sont tout autant, à des sols stérilisés, à des nappes phréatiques asséchées, à une gabegie d’eau potable et d’énergie. Pour mémoire, les data centers rejettent autant de CO2 que le transport aérien. Il faut croire que notre boulimie numérique importe plus que la vie sur Terre. Comment faut-il le formuler ? Ces technologies sont incompatibles avec un usage respectueux du monde. Las. D’un côté la déploration pour la planète, de l’autre la fascination pour la techno-science et la croissance. « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes », écrivait déjà Bossuet. Rien de bien nouveau, en somme, si ce n’est l’échelle inédite de la Catastrophe. Un nouveau pas vers l’abîme en toute connaissance de cause. Si notre civilisation était un humain, elle serait internée à vie comme n’importe quel psychopathe.


Combien coûtera ce petit caprice de technocrates ? 500 milliards d’euros sur 10 ans, selon l’estimation de la Commission européenne. Quand on sait qu’un Conseil Général refuse d’attribuer une aide qui pourrait alléger un peu les souffrances de personnes électro-hypersensibles, il y a de sérieuses raisons d’être révulsé, non ? Et ce n’est là qu’un exemple parmi des milliers d’autres tout aussi immondes les uns que les autres. Qui paiera les conséquences de ces nouveaux jouets inutiles et nuisibles, imposés, rappelons-le quand même, sans aucune délibération, sans la moindre consultation populaire ? Le coup d’Etat est magistral. Dans une société technicienne administrée par les experts, une seule solution : la plus efficace. Comme nous sommes une civilisation soucieuse de l’image, nos gouvernants s’attachent à combler notre besoin d’illusion, et quoi de mieux, pour faire diversion, que des élections qui ne changeront rien, un grand débat qui se gardera bien d’aborder les sujets majeurs ? Nucléaire, nanotechnologies, transhumanisme, innovations perpétuelles, industrialisation, marchandisation et enlaidissement du monde, armes de guerre massive, ethnocides… Et il faudrait en plus aller voter pour le parti unique de la société techno-industrielle et de l’abondance matérielle ? Il faudrait participer à son simulacre de démocratie et croire à ses sornettes selon lesquelles les avancées technologiques sont bonnes pour notre santé, pour notre sécurité et pour la planète ? Il faudrait s’agenouiller devant leurs égos bouffis d’orgueil et leurs hologrammes bêtifiants ? Sans moi.


A ces questions sanitaires, écologiques et démocratiques, s’ajoute un enjeu crucial : celui de notre liberté, de notre humanité dans le monde hyper-connecté de la planète intelligente. Des puces RFID aux smartphones, des compteurs Linky à la transition numérique, les dispositifs techniques s’accumulent pour édifier la Smart City. La 5G complétera ce bel ensemble dont les technophiles peuvent être fiers. Détruire le monde naturel ne leur suffit pas, il leur faut aussi s’attaquer à ce qui reste de notre humanité. Qu’est-ce qu’une ville intelligente ? Une ville morte, peuplée d’humains diminués, bientôt faussement augmentés grâce aux ennemis de l’humain, les transhumanistes. Des techno-mutants, amputés de leurs facultés déléguées aux machines, mutilés de leur mémoire, de leur pensée, de leur sensibilité, de leur concentration, de leur capacité de faire, de penser, de choisir, de résoudre des problèmes par eux-mêmes. Une humanité frappée d’obsolescence, réduite à une seule dimension, celle d’un rouage économique mis à nu, ciblé, traqué, surveillé, n’ayant pour seul guide que la maximisation de ses intérêts. Un troupeau standardisé et prédictible, compétitif et malléable, car dans l’univers surpeuplé de la mégalopole, sur une planète aux ressources comptées et aux besoins infinis, il importe d’optimiser les flux, de congédier le hasard et l’imprévu. La meilleure façon d’y parvenir ? Révoquer l’humain. Des guichets sans guichetiers, des caisses sans caissières, des métros, des bus et des voitures sans conducteurs, des écoles sans professeurs, une médecine sans médecin, des bibliothèques sans bibliothécaires, des services publics sans humain à qui s’adresser. Des applis, des bornes, des automates, des voix synthétiques, des algorithmes, des caméras de flicage avec reconnaissance faciale, des évaluations permanentes de chaque parcelle de nos vies, du prédictif et du coercitif… Voilà la planète intelligente et la grande convergence des technologies. « L’incarcération de l’homme-machine dans le monde-machine », ainsi que l’écrivent les auteurs inspirés de Pièces et main d’œuvre, ce groupe de réflexion critique grenoblois qui, à longueur de livres et d’articles, met au jour « l’enfer vert », « les gadgets de destruction massive » – nos téléphones portables – les puces RFID, le nano-monde, « les mouchards électroniques » au doux nom de Linky, la technologie comme fait majeur de notre époque…


La ville intelligente est sans doute le rêve des gestionnaires et des techniciens de tous bords, mais elle est un cauchemar pour tous les êtres épris de liberté et d’humanité. On n’habite pas dans une telle cité, on y fonctionne. L’humain n’y a pas sa place. Réduit à n’être qu’un accessoire du système technicien, et finalement qu’une série de chiffres, il est voué à disparaître dans son humanité même. Le compte à rebours a commencé, il est déjà bien entamé. La machine s’empare des esprits autant que des corps. A chaque problème, qu’il soit social, écologique ou politique, une solution : la technologie. A chaque geste, à chaque opération de la vie quotidienne, une prothèse. Comme il est bien connu que la fonction crée l’organe et la prothèse le handicap, comme les générations nées, élevées et éduquées avec le digital l’auront totalement naturalisé, je suis, pour ma part, plus que tourmenté, partageant avec Jaime Semprun cette interrogation obsédante : « […] quand le citoyen-écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : “ Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? ”, il évite de poser cette autre question, réellement inquiétante : “ A quels enfants allons-nous laisser le monde ? ” » (L’abîme se repeuple, éditions de l’Encyclopédie des Nuisances 1997). Les adultes ne sont pas épargnés par cette emprise numérique, pas plus les seniors et bien des écolos, soucieux avant tout de ne pas paraître conservateurs ou réactionnaires, et c’est avec effroi qu’il m’arrive d’assister, dans les espaces civilisés, à des scènes consternantes où les gens ne se regardent plus, ne s’écoutent pas vraiment, se parlent en continuant de pianoter sur leurs écrans tactiles ; comment avons-nous en arriver à ce si peu d’attention aux autres, ceux qui sont là à côté de nous, et les lointains, les sacrifiés de notre petit confort moderne ? Quel Hopper contemporain peindra la mélancolie de l’âge numérique, ses solitudes, ses cohortes de naufragés ? Les cloîtrés dans leurs cages de Faraday, les empoisonnés dans leurs villages du cancer, les délabrés dans les mines de métaux rares et les décharges électroniques, les esclaves dans les usines à nécro-phone, les ravis de l’aliénation électronique…


Malgré tout, des dissidents – et pas seulement des ermites ou des hommes des cavernes s’éclairant à la bougie – rejettent cette colonisation électronique, refusant le téléphone mobile, voire internet, car ces technologies sont climaticides, polluantes et asservissantes. Des éleveurs refusent de pucer leurs bêtes, des assistantes sociales boycottent le rendu des statistiques, des personnels de l’éducation nationale dénoncent l’école numérique, un réseau – Ecran Total – rassemble les personnes opposées à l’informatisation et à la gestion.


Y aura-t-il un sursaut pour faire barrage à la 5G ou allons-nous laisser faire comme nous avons, majoritairement, acquiescé à la soumission aux écrans ? Des collectifs d’opposition vont-ils se multiplier, plus nombreux encore que ceux qui se sont opposés aux compteurs Linky ? Verrons-nous des actes de désobéissance civile, des refus de collaborer, des boycotts massifs, des faucheurs d’une nouvelle génération, des convergences entre les défenseurs de la santé publique, des abeilles et des oiseaux, de la démocratie, des services publics de proximité, de la liberté et de l’humanité ? Des zones à défendre s’installeront-elles un peu partout sur nos territoires ? Des mouvements de type « Faut pas pucer » grandiront-ils dans les activités et les métiers menacés ? Des villes se déclareront-elles territoires hors 5G ? De nouvelles formes de combat verront-elles le jour, des alliances inattendues se noueront-elles avec pour mot d’ordre : Ni cobayes, ni machines ? En finirons-nous avec cet impensé qu’est la technologie, si répandu dans les milieux qu’on dit alternatifs ? Allons-nous comprendre enfin qu’elle est l’accélérateur majeur de la destruction du monde humain et non-humain ?


Bien malin qui le dira. Contre cet angle mort de la réflexion, il importe instamment de réhabiliter la Pensée. Je la tiens pour une force agissante, un point d’appui pour soulever le monde. « Ce que des idées ont produit, d’autres idées peuvent le détruire » (Pièces et main d’œuvre, Manifeste des chimpanzés du futur). Oui, il est urgent de lire les penseurs. L’un d’entre eux, justement. Jacques Ellul, écrivait en 1972 :
« S’intéresser à la protection de l’environnement et à l’écologie sans mettre en cause le progrès technique, la société technicienne, la passion de l’efficacité, c’est engager une opération non seulement inutile, mais fondamentalement nocive. Car elle n’aboutira finalement à rien, mais on aura eu l’impression de faire quelque chose, elle permettra de calmer faussement des inquiétudes légitimes en jetant un nouveau voile de propagande sur le réel menaçant. »


Cette pensée permet de tracer une ligne de partage entre les environnementalistes et les éco-gestionnaire du désastre d’un côté, les écologistes authentiques et les néo-luddites de l’autre côté. Le Président du parti des Verts en Suisse, Alberto Macchi, en offre une illustration parfaite, en déclarant ceci : « Nous n’avons pas d’opposition de principe à la 5G. Notre position est de dire qu’aujourd’hui, on n’a pas suffisamment de réponses en matière d’effets potentiels de cette technologie sur la santé ». Je ne connais pas cet homme, et peut-être est-ce une excellente personne qui se bat sincèrement pour son prochain. Mais tout de même, ceci. Qu’il se rassure. La technologie trouvera une solution. Grâce aux capteurs greffés sous la peau, des alertes nous seront envoyées en cas de dépassements des seuils de danger et une appli nous guidera – pour ne pas dire nous contraindra, mais comme c’est pour notre bien, soyons charitables, n’est-ce pas ? – dans les bonnes pratiques d’une santé optimale, car dans la nécropole, chacun est responsable de son bien-être. Grâce à la rhétorique du Progrès, la dépendance technologique c’est l’autonomie, l’aliénation électronique la liberté, le techno-totalitarisme la démocratie, la dévastation écologique la transition énergétique et numérique. De quoi se plaint-on ?

Frédéric Wolff