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Un excellent article sur les gaz de schistes

Paraît ce vendredi à Paris un excellent article sur les gaz de schistes. C’est dans le Monde Magazine, et j’essaie de vous mettre le tout. Techniquement, c’est pour moi limite, et s’il y a des bavures, je décline toute responsabilité. On y parle, voyez comme je sais faire le paon, de Planète sans visa. Mais ce n’est tout de même pas pour cela qu’il est bon. D’ailleurs, achetez ce journal, car ce sera plus tard un collector, vous pouvez (raisonnablement) m’en croire.

LARZAC
C?A SENT LE GAZ
LE NOUVEAU COMBAT DE JOSE? BOVE?

La France serait riche d’immenses re?serves de gaz naturel emprisonne?
dans la roche, le gaz de schiste. L’Etat a autorise? des forages d’exploration
autour des Ce?vennes –au grand dam du de?pute? europe?en e?cologiste.

par Laurent Carpentier

Le bruit est descendu du plateau du Larzac, il a de?vale? les flancs du causse, franchi la Dourbie et puis, de valle?e en valle?e, il a traverse? les campagnes ce?venoles, l’Arde?che et la Dro?me, si bien que, le 20 de?cembre, ils e?taient plus de trois cents a? envahir la petite salle polyvalente de Saint-Jean-du-Bruel, en Aveyron.Paysans, militants, e?piciers ou e?lus des communes alentour sont venus chercher des e?claircissements face a? cette nouvelle menace qui plane aujourd’hui sur leurs te?tes : le gaz de schiste. Trois petites signatures du ministre de l’e?poque, Jean-Louis Borloo, pourtant de?clare? champion des e?nergies renouvelables, au bas d’arre?te?s autorisant de?but mars 2010 la recherche de ces hydrocarbures sur de vastes territoires du Sud-Est, auront suffi a? mettre le feu aux poudres.

Le gaz de schiste? Du gaz naturel qui, contrairement a? celui que l’on extrait en ge?ne?ral, comme a? Lacq, ne se trouve pas concentre? au sein de vastes poches souterraines ou? il suffit d’aller le pomper, mais disse?mine? dans les argiles tre?s compactes datant du lias (200 millions d’anne?es) ou du carbonife?re (350millions d’anne?es). Longtemps sa capture a semble? un re?ve complique? ou trop one?reux mais la rare?faction des re?serves en hydrocarbures a pousse? les inge?nieurs a? forcer le destin. Le principe est simple: apre?s avoir fore? verticalement, on pe?ne?tre horizontalement les schistes, dans lesquels on envoie a? forte pression des millions de litres d’eau et de sable pour ouvrir la roche d’ou? l’on va extraire le gaz. On appelle cela la «fracturation hydraulique».

Et cette technologie est la cle? a? la fois ge?niale et monstrueuse d’une re?volution e?nerge?tique: «On estimait jusqu’a? pre?sent qu’on avait du pe?trole pour quarante ans et du gaz pour soixante ans. On se projetait de?ja? dans une socie?te? post-e?nergies fossiles,expliquait dans les colonnes du Monde du 30juillet 2010 le PDG de GDF-Suez, Ge?rard Mestrallet. Si l’on a du gaz pour plus de cent vingt ans, alors il pourrait devenir l’e?nergie centrale et propre du XXIe sie?cle. » Centrale, sans doute; propre, seulement si on compare le gaz avec le charbon. La perspective de ce nouvel eldorado est en fait l’assurance que le monde va oublier toutes ses bonnes re?solutions sur les e?missions de gaz a? effet de serre. Qu’importe la gueule de bois pourvu qu’on ait l’ivresse !

Voici de?ja? dix ans que les Etats-Unis se sont lance?s dans l’aventure. En 2009, ils sont devenus gra?ce a? cela le premier producteur mondial de gaz devant la Russie… transformant au passage leur pays en gruye?re. Car chaque puits ne peut supporter gue?re plus d’une quinzaine de fracturations par forage, d’ou? ces images incroyables de vastes e?tendues de terres transforme?es en taupinie?res… et ze?bre?es de routes pour que les camions puissent par centaines acheminer l’eau ou emporter le gaz.

Mais il y a pire. Car, pour casser la roche et laisser ensuite filtrer le gaz, les industriels ont mis dans leurs tuyaux –traversant terres arables et nappes phre?atiques– des adjuvants chimiques. Et le re?sultat est effrayant. Josh Fox e?tait metteur en sce?ne de the?a?tre lorsque les industriels sont venus proposer a? son pe?re et a? ses voisins de Pennsylvanie de creuser leurs terres en que?te de cette nouvelle manne. Pour comprendre, il a pris une came?ra et parcouru les Etats-Unis d’est en ouest et du nord au sud, collectant les te?moignages. Le re?sultat est saisissant. Prime? lors du ce?le?bre festival ame?ricain de cine?ma de Sundance, le documentaire, Gasland, sort cette semaine en Grande-Bretagne.

On y voit un homme qui, en plac?ant simplement un briquet devant le robinet de son e?vier, de?clenche une grande flamme lorsque, entre deux arrive?es d’eau, du gaz s’en e?chappe… On y de?couvre des terres de?vaste?es, des eaux empoisonne?es, des gens malades. Car la plus grande opacite? re?gne sur les adjuvants que les inge?nieurs pe?troliers ont mis dans leur cocktail hydraulique: ils re?pugnent a? en donner la recette, se barricadant derrie?re le « secret industriel ». Au point qu’en 2010, l’Etat de New York s’est prononce? pour un moratoire arre?tant tout type d’exploration du gaz de schiste.

Au pied du Larzac, la salle des fe?tes de Saint-Jean-du-Bruel est archicomble. De me?moire de militant, cela faisait longtemps qu’on n’avait vu un tel rassemblement de pre?ts-a?-en-de?coudre. «Geler les autorisations de prospection est un pre?alable; le
moratoire, un minimum: on stoppe tout parce qu’on ne sait rien !»,marte?le l’orateur. Une sorte de ferveur flotte dans l’air. De celles, solennelles, qui pre?ce?dent les combats, teinte?es de de?termination, d’angoisse et de plaisir d’e?tre a? nouveau ensemble. Un gars d’Ale?s prend la parole: « Oui pour une action non violente… mais de?termine?e. La dernie?re fois,pour le barrage, on a quand me?me du? bru?ler quelques bulldozers. » Applaudissements.

Caussenards, Ce?venols, ils sont tous venus a? l’appel de Jean-Marie Juanaberria, 50 vaches allaitantes, enfant du pays et d’un pe?re basque, carrure de rugbyman, qui a convoque? la re?union. Le boulanger et l’e?picier sont descendus de Sauclie?res. Le patron de la conserverie de pa?te? a glisse? son obole dans la caisse commune. Les spe?le?ologues, la socie?te? de pe?che, la Confe?de?ration paysanne, chacun y va de son inquie?tude et de sa de?termination. Et le maire de Nant – qui en est aussi le garagiste – exprime en prive? son indignation. Il a eu beau appeler la pre?fecture et la direction re?gionale de l’environnement, de l’ame?nagement et du logement, il n’a rec?u aucune re?ponse:«Quand vous e?tes un e?lu, que les gens vous posent des questions et que vous ne savez rien, vous passez pour un incapable, et c?a – comment dire?– c’est tre?s de?sagre?able. »

De?ja? on lance l’ide?e de monter une coordination –«Ici et maintenant»–; d’organiser un jumelage avec une de ces villes de la valle?e du Saint-Laurent au Que?bec en proie a? la me?me menace et a? la me?me mobilisation, ou avec les Indiens de l’Equateur qui refusent qu’on puise le pe?trole qui dort sous leurs pieds. «Parce qu’une technique est possible, parce qu’elle est utilisable, doit-on pour autant l’utiliser?, demande Jose? Bove? a? l’assemble?e. On nous dit que nos besoins en gaz vont doubler dans les vingt ans a? venir: une manie?re d’imposer un choix e?nerge?tique en disant qu’on n’apas le choix. Mais si on continue de raisonner uniquement en termes de croissance, on ne s’en sortirajamais… »

L’homme du Larzac, l’alter-paysan, le pourfendeur de la malbouffe, l’arracheur volontaire d’OGM, est ici chez lui… Et cette histoire de gaz de schiste a de quoi le piquer au vif. Aussi, pourquoi avoir choisi ces hautes terres de re?volte pour lancer en France leur exploration? Par le plus grand des hasards, parce que c’est la? qu’il y a le plus d’espoir de trouver des re?serves importantes? Be?tement, parce qu’elles sont moins peuple?es que d’autres? Ou, comme le fantasment certains, parce que le camp militaire doit justement fermer dans deux ans et qu’utiliser ses sous-sols top secret a? l’abri des regards pourrait e?tre une sacre?e opportunite??

De chez Jose? Bove? –qui a cesse? l’e?levage depuis qu’il est devenu de?pute? europe?en–, le regard embrasse a? perte de vue les terres grandioses et de?sole?es des causses. «Les hydroge?ologues le disent: le Larzac est le cha?teau d’eau du sud de la France. C’est un sous-sol tre?s mal connu, un relief karstique qui est comme un gruye?re, tout ce que tu laisses tomber par terre descend imme?diatement dans le sous-sol… Je ne vois pas comment on pourrait faire ainsi pe?ter nos ressources en eau. »<; L’homme est calme et attentif. Il remplit sa bouffarde, fermant a? moitie? son œil droit pour concentrer son attention sur un ve?hicule qui longe le camp en contrebas. «La campagne, c’est le lieu le moins discret qui soit. La premie?re estafette ou bagnole un peu bizarre qui passe, les gars seront pre?venus. Un truc qui arrive de l’exte?rieur en milieu rural, cela se sait imme?diatement. On l’a vu pour les OGM, on les a toujours trouve?s. Il y a toujours quelqu’un qui savait, pre?venait… »

« C’est marrant parce que tout cela arrive quarante ans quasiment jour pour jour apre?s l’annonce de l’extension du camp militaire du Larzac a? l’automne 1970. Et rien ne semble avoir change? depuis dans le fonctionnement de l’Etat, poursuit-il. A l’e?poque, les gens avaient appris du jour au lendemain qu’ils allaient devoir partir sans que jamais on ne les ait consulte?s. Aujourd’hui, si quelques journalistes et personnes a? l’affu?t n’avaient donne? l’alerte, on se retrouverait avec des forages un peu partout sans pouvoir rien y faire. Me?me chose avec les OGM: l’autorisation de mise en culture s’est faite en novembre 1997 sans aucun de?bat… Les gens vont dire: c’est Borloo ou c’est Sarkozy, mais je suis persuade? que le premier n’a pas compris ce qu’il signait et que le second ne sait me?me pas de quoi nous parlons… Enfin pas encore. Nous sommes aux mains d’une logique administrative quasi autonome. Il n’y a eu aucun de?bat public ni me?me, a? ma connaissance, de discussion interministe?rielle sur la question. On se retrouve devant le fait accompli par la gra?ce des arcanes de l’administration. »

Grande Arche de la De?fense. Paroi nord. 29 e e?tage. Bureau 25. 6m2au sol. Une photo du ge?ne?ral de Gaulle e?pingle?e au mur,une Marianne de Delacroix franchissant les barricades au-dessus de l’ordinateur. C’est ici que, le 8 avril 2008, Martin Schuepbach –l’homme par qui le scandale arrive–, patron de Schuepbach Energy LLC, «Explorations and solutions in clean energy », estvenu de Dallas (Texas) de?poser la premie?re demande de permis d’exploration sur le bureau de Charles Lamiraux, ge?ologue de formation, «Responsable exploration France» a? la direction ge?ne?rale de l’e?nergie et du climat.

«A? LA FRANC?AISE»

Ce dernier s’insurge: « On est dans l’e?motionnel absolu sans base concre?te. Il n’y a pas plus transparent que ces proce?dures officielles: apre?s le de?po?t de la demande, il y a eu rapport de la Drire [la direction re?gionale de l’industrie et de la recherche et de l’environnement],consultation des services locaux, du pre?fet de la Dro?me, qui e?tait pre?fet centralisateur pour les trois dossiers de Monte?limar, Nant et Villeneuve-de-Berg. Juge?es recevables sur la forme, les demandes ont e?te? ouvertes a? la concurrence pendant 90 jours, au dernier desquels Total s’est mis sur les rangs. Pour montrer sa solvabilite?, M.Schuepbach s’est associe? a? Suez, et Total a obtenu le permis de Monte?limar… Jose? Bove?, de toute fac?on, il est contre tout. Il faut qu’il fasse parler de lui, alors force?ment… »

Dro?le d’homme, cheveux gris, mi-longs et raides tire?s en arrie?re, since?re et courtois, Charles Lamiraux se re?gale. « Je suis a? quatre ans de la retraite. Une vie de travail dans l’ombre et la?, d’un seul coup, je me retrouve au milieu d’une re?volution e?nerge?tique qui bat en bre?che une ide?e rec?ue: en France on n’a pas de pe?trole. J’avoue que c’est excitant. »Sur un petit carnet a? spirale, il a commence? de noter ses arguments afin de ne pas e?tre pris au de?pourvu. Un forage va utiliser 15millions de litres d’eau pour fracturer la roche ? «Les Franc?ais en de?pensent deux fois plus chaque anne?e pour laver leurs voitures. »Les nuisances environnementales ? «La fracturation hydraulique, on la pratique de?ja?. Et je peux vous assurer qu’en surface on ne voit rien, on n’entend rien. » La composition des additifs qui seront utilise?s dans les sous-sols ? « Des proppants–des adjuvants qu’on trouve dans les glaces et le dentifrice. »Les informations qui nous viennent des Etats-Unis, le gaz dans les robinets, les eaux empoisonne?es ? « C’est parce que c’est mal fait. Nous on va faire c?a a? la franc?aise, pas a? l’ame?ricaine. »

C’est donc c?a, notre secret : nous travaillons «a? la franc?aise». On aimerait e?tre rassure?. Le proble?me c’est que les techniques de fracturation sont loin d’e?tre une spe?cialite? locale. Au point que Total a juge? ne?cessaire, pour se mettre dans la course, de cre?er un joint-venture avec une grosse socie?te? ame?ricaine, Chesapeake Energy, pionnie?re dans le secteur, et que GDF-Suez a fait appel aux services d’une autre compagnie made in USA, Dale.

«IRRESPONSABILITE? POLITIQUE»

Bah, on ne va pas jouer les rabat-joie. Depuis l’Arche de la De?fense, le ciel semble limpide et les solutions droites comme les couloirs de l’administration de l’e?nergie. «Peut-e?tre qu’on pourra me?me cre?er un label de qualite? !,sourit le bon soldat Lamiraux avant d’ajouter, mi-nai?f, mi-face?tieux : « L’acce?s aux matie?res premie?res est une priorite? de l’Union europe?enne, et je suis paye? pour promouvoir la ressource. Mais c?a va, j’ai la sante?… Et puis les vraies de?cisions industrielles, avec enque?tes publiques – c?a c’est de l’artillerie lourde–, viendront plus tard. Dans cinq ans. Pour l’instant, je vous le re?pe?te, on n’en est qu’au stade de l’exploration. »
«POUR LA LUTTE CONTRE
LE RE?CHAUFFEMENT,C’EST
MACHINE ARRIE?RE TOUTE ! »
FABRICE NICOLINO, JOURNALISTE

« On ne me fera pas croire qu’une telle information ne remonte pas au ministre ! La ve?rite? c’est qu’ils ont fait c?a dans la discre?tion parce qu’ils avaient peur de mettre le feu aux poudres. » Fabrice Nicolino est journaliste et e?crivain. Sur son blog, Plane?te sans visa, il pourfend les ennemis de la nature et tient la comptabilite? pre?cise de ces petits mensonges quotidiens qui cachent la ve?rite? environnementale. C’est lui qui a alerte? Jose? Bove? lorsqu’il a de?couvert l’existence des permis d’exploration de gaz de schiste. « Un cas de flagrant de?lit d’irresponsabilite? politique. Face a? la crise climatique, la France a voulu donner des lec?ons au monde entier. Ce qui a abouti a? la loi du 13 juillet 2005 sur l’e?nergie qui implique que nous re?duisions par quatre sinon par cinq nos e?missions d’ici a? 2050. La? c’est machine arrie?re toute ! Avec le gaz de schiste, la loi ne sera pas seulement viole?e, elle sera un bout de papier au fond d’une poubelle… »

Car il n’y a pas que les Causses ou les Ce?vennes dans la mire des pe?troliers. Des permis d’exploration pour le Quercy – Cahors, Brive, Agen –, pour la re?gion Rho?ne-Alpes etla Provence sont en pre?paration. Le Bassin parisien lui-me?me est depuis longtemps dans la cible. Non pas cette fois pour du gaz mais pour du pe?trole de schiste (la technique et les conse?quences sont les me?mes). Une e?tude de l’Institut franc?ais du pe?trole estime en effet que ses sous-sols en rece?leraient quelque 60 a? 100 milliards de barils. Soit, dans sa fourchette haute, le montant actuel des re?serves prouve?es du Kowei?t.

Suffisamment en tout cas pour que Julien Balkany, le jeune fre?re du maire de Levallois, ait persuade? le groupe texan Toreador Resources, dont il est devenu vice-pre?sident, d’installer son sie?ge a? Paris, et des investisseurs ame?ricains comme le pe?trolier Hess d’investir des millions de dollars pour partir a? la chasse au tre?sor. Suffisamment pour que, au moment me?me ou? la re?volte commence a? gronder dans le Midi, a? l’Assemble?e, le de?pute? UMP de l’Oise Franc?ois-Michel Gonnot pose une question au gouvernement: «Aujourd’hui, les demandes de permis de recherche de gisements se multiplient en France. Le gouvernement se doit de les autoriser. Il n’y a pas de raison que la France se prive d’e?ventuels gisements qui lui permettraient de trouver des ressources gazie?res nouvelles dont notre territoire manque cruellement. »

Suffisamment pour que, partout en Europe, les lobbies s’agitent pour soutenir cette «e?nergie du futur» dont on vante force?ment l’aspect «propre» et «alternatif». Au Parlement europe?en, les e?lus verts ont ainsi failli laisser passer sans comprendre une proposition de de?le?gue?s –principalement polonais, dont le pays est en premie?re ligne dans l’exploration de gaz de schiste– appelant la Commission a? «soutenir financie?rement les programmes de recherche pertinents visant a? renforcer les activite?s de de?veloppement technologique portant sur l’extraction de gaz naturel a? partir de sources alternatives». Les grandes manœuvres ont commence?.

«C’EST ENCORE PRE?MATURE?»

On peut toujours penser que personne n’a se?rieusement envie de transformer les vignobles champenois en terre a? derricks et qu’au fond ces nouvelles re?serves d’hydrocarbures sont d’abord le moteur d’une revalorisation spe?culative des entreprises pe?trolie?res – je suis assis sur tant de millions de barils, donc je vaux tant. En attendant, rachats et acquisitions, investissements, prises de participations, permis d’exploration a? tout-va : un grand Yalta plane?taire des couches se?dimentaires du lias et du carbonife?re est en marche. La question n’est de?ja? plus de savoir si on va les exploiter, mais ou? elles seront exploite?es.

Chez Total – qui, avec le permis de Monte?limar, a conquis des droits pour cinq ans sur une large por-
tion du territoire franc?ais –, on avoue e?tre un peu pris de court par la leve?e de boucliers de Saint-Jean-du-Bruel. «Tout c?a est tre?s pre?mature?. Nous, nous en sommes encore a? nous demander si c’est seulement un sujet, sourit off the record un de ses spe?cialistes. Il n’est me?me pas encore prouve? que nous trouvions du gaz… Et si c’est le cas, il faudra encore prouver que son extraction est e?conomiquement rentable. Apre?s, oui, la question de son acceptation par les populations locales va devenir la question-cle?. Et elle va demander une pe?dagogie que nous n’avons pas encore de?ploye?e.»

L’acceptabilite? sociale des forages est en effet fondamentale dans une Europe dense?ment peuple?e et qui, au fond, ne regroupe que 5% des ressources mondiales estime?es en gaz de schiste. Pour Total, fouiller les schistes argentins du Neuquen – ou? la question sociale serait marginale – est beaucoup plus simple qu’affronter l’ire des populations franc?aises si tel e?tait le cas. Les zones du Larzac et des Ce?vennes –attribue?es a? Schuepbach et GDF-Suez– font en l’occurrence office de tests : si cela passe ici, cela passera partout en France.

A Saint-Jean-du-Bruel, alors que dehors la gele?e de l’hiver rigoureux a recouvert les routes, Jose? Bove? tente, dans la salle polyvalente surchauffe?e, de faire descendre un peu la fie?vre militante : «Eh les gars, si vous voyez des gens de GDF, avant de leur crever les pneus, demandez-leur d’abordpourquoi ils sont la?. »

Encore sur la grande affaire française (pétrole et gaz de schistes)

Désolé, mais je ne peux reprendre tout à chaque fois. Il faut suivre. Le gaz et le pétrole de schistes déferlent en France de manière stupéfiante et si nous ne nous levons pas tous au plus vite, laissons tomber. Je suis sérieux. Laissons tomber, cela sera plus honnête. Pour ce qui concerne le pétrole de schistes, les choses se précisent. Julien Balkany, demi-frère de Patrick Balkany, maire de Levallois-Perret et proche de notre président, est vice-directeur d’une compagnie pétrolière américaine, Toreador Resources (www.toreador.net), qui vient de déménager son siège de Dallas (Texas) à Paris. Il est question d’extraire d’ici cinq ans environ 4 millions de tonnes de pétrole du Bassin Parisien. Pour commencer et par année. Des estimations sérieuses affirment que la région parisienne contiendrait au total 120 années de production annuelle de pétrole d’un pays comme le Koweit.

Or, Toreador et Balkany ont signé un énorme contrat avec la société pétrolière américaine Hess, qui met 200 millions d’euros sur la table, dans un premier temps. Les deux tourtereaux espèrent faire main basse sur le pétrole de la région parisienne, et gagner ainsi la confiance de toute l’Europe, et au-delà. Pactole assuré. Oui, mais qui est la société Hess (www.hess.com) ?L’affaire devient passionnante, car Hess, c’est Bush. Toute l’ère Bush, père comme fils, se résume et se retrouve dans le staff de direction de l’entreprise. On y trouve ainsi Nicholas Brady, qui fut ministre de l’Économie de George Bush de 1988 à 1993. Un brave garçon qui a passé 33 ans dans des postes de responsabilité de l’industrie bancaire. Edith Holiday a occupé le poste stratégique d’assistante du même George senior – toutes les liaisons avec le cabinet du plouc et les agences fédérales passaient par elle – entre 1990 et 1993. Samuel Bodman a été ministre de l’Énergie du fils W de 2005 à 2009, belle saison dans l’enfer (pétrolier) irakien.

Le tout s’explique par des liens vieux de cinquante ans au moins entre la famille Bush et l’industrie pétrolière du Texas. Comme le disait il n’y a pas si longtemps Barbara Bush – la vieille du vieux et la vieille du fils -, George W. était « presque comme un membre de la famille » Stamps Farish, fondatrice en 1917 de ce qui deviendrait le géant Exxon (Courrier International du 24 octobre 2002). Une grande affaire américaine devient une grande affaire française. De très nombreux lecteurs de Planète sans visa, depuis août 2007, ont demandé ici ce qu’il était possible de faire. Eh bien, cette occasion ne se présentera pas de sitôt : il faut se battre. Il faut bloquer tous les sites d’exploration en France, en prenant les risques que cela implique. Il va de soi que je m’engage personnellement. Encore heureux.

(1) http://phx.corporate-ir.net/phoenix.zhtml?c=101801&p=irol-govBoard

Une pétition de combat (sur les gaz de schistes)

La bataille contre l’exploitation des gaz de schistes en France commence. Il y a une pétition. Je n’accorde pas une importance démesurée aux pétitions, mais je viens de signer celle dont le texte figure ci-dessous, que je lance avec José Bové et une poignée d’amis. L’objectif n’est pas d’attraper quelques signatures, mais de faire déferler des milliers, des dizaines, des centaines de milliers de volontés. Et c’est pourquoi je vous demande avec solennité de signer et de faire circuler ce texte. À lui seul, il n’est rien. Mais si on le voit comme un début – c’est mon cas -, il peut et doit servir de socle. Utilisez vos carnets d’adresse. De la première à la dernière. Nous sommes face à la barbarie dans toute sa splendeur morbide. Ils veulent achever le travail si bien commencé, et détruire ce qui reste encore hors de leur portée. Je vous le dis comme je le pense : il faut se lever. Tous, et très vite. Compte tenu des enjeux, ce texte restera en ligne quelques jours sur Planète sans visa. En avant !

Gaz de schiste : non merci !

Sans aucune information, sans aucune consultation, le gouvernement français  a offert, à des sociétés nationales et étrangères le droit d’explorer le sous-sol français à la recherche de gaz et de pétrole de schiste.

La technique pour ramener le gaz à la surface est nouvelle, délicate et surtout, désastreuse sur le plan environnemental. La «fracturation hydraulique horizontale», consiste à provoquer des failles à l’aide d’un liquide envoyé à très forte pression, pour libérer le gaz et le pétrole pris dans la roche compacte, à environ 2000 mètres de profondeur. Trois «ingrédients» sont nécessaires pour créer ces mini séismes : des quantités phénoménales d’eau (entre 15 000 et 20 000 m3), des produits chimiques (plus de 500) pour attaquer la roche et des micro-billes pour maintenir ouvertes les failles.

Aux Etats-Unis, le bilan de l’extraction de ces énergies fossiles est catastrophique : pollution massive des nappes phréatiques et de l’air, destruction des paysages et de milieux naturels, etc. Leur exploitation, en France, conduirait inéluctablement aux mêmes dégâts ainsi qu’à des émissions accrues de gaz à effet de serre, alors même que notre pays s’est engagé à les diviser par quatre.

Les autorisations de prospection sur plus de 10% du territoire ont été accordées sans débat sur les besoins énergétiques à moyen et long terme, sans discussion sur la nécessité de lutter contre le gaspillage, rechercher une meilleure efficacité énergétique et les alternatives renouvelables.

Pour toutes ces raisons, nous exigeons un débat public avec la société civile, les élus locaux et nationaux, pour dresser un inventaire complet des conséquences environnementales, sanitaires, économiques et sociales de cette «nouvelle folie industrielle».

C’est pourquoi nous demandons un gel immédiat des prospections et la suspension des permis de recherche de gaz et pétrole de schiste sur l’ensemble du territoire français.

Coordination des collectifs pour un moratoire sur la prospection du gaz de schiste

POUR SIGNER EN LIGNE : http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

Quand Borloo se met hors-la-loi (sur les gaz de schistes)

En décembre 2007, Borloo, devenu ministre de l’Écologie, se baigne à Bali (Indonésie), bien entendu sous l’objectif des caméras. S’il plonge ainsi dans l’océan le 13 décembre 2007, en marge de négociations internationales sur la question climatique, c’est pour réimplanter un morceau de corail sur un massif malmené. En tout point charmant. Borloo prétendra que l’opération n’était pas prévue au programme – télés, radios, journaux étaient bien entendu présents – et pour preuve, prétendra ne pas disposer de maillot de bain ad hoc. On verra donc le ministre, qui pilote alors le Grenelle de l’Environnement depuis septembre, sauter à l’eau dans un caleçon bleu qu’on vient par miracle de lui trouver. Bleu comme la mer. Comme c’est beau.

Nul ne s’en souvient, pour cause, mais alors, tous les écologistes officiels, du WWF à France Nature Environnement (FNE), en passant par la fondation Hulot et Greenpeace, ne tarissaient pas d’éloges sur le grand écologiste que Sarkozy avait donné à la France. Tous lui donnaient du Jean-Louis, le tutoyant et trinquant à l’occasion. Un petit monsieur nommé Arnaud Gossement, en ce temps porte-parole de FNE, est aujourd’hui (discrètement) lancé en politique au côté du Parti radical de Borloo, et je vous fais le pari qu’il réapparaîtra avant l’élection présidentielle de 2010. Hulot, de son côté, continue à voir son « ami » Borloo. Pour les autres, je ne sais. Mais je serais fort étonné que le contact ait été rompu. C’est trop bon. Dès qu’on a goûté, on en reprend.

Pourquoi évoquer Borloo, dont la personne m’indiffère tant ? Parce qu’il est une quintessence de ce qu’est devenue la politique. Un jeu de farces et attrapes. Ou de bonneteau. De loin, ce serait presque rigolo. De près, attention aux vomissures. Je veux parler d’une simple signature, qui engage pleinement la responsabilité personnelle de Jean-Louis Borloo. En catimini, sans en dire un mot, l’ancien ministre de « l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat » – son titre officiel -, a signé le 1er mars 2010 des arrêtés scélérats. Je vous en cite un, qui vaut pour tous les autres : « Par arrêté du ministre d’État (…) le permis exclusif de recherches de mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux dit « Permis de Villeneuve de Berg » est accordé à la société Schuepbach Energy LLC pour une durée de trois ans à compter de la date de publication du présent arrêté au Journal officiel de la République française. Pour cette période, l’engagement financier souscrit par la société est de 39 933 700 euros ».

La même autorisation, qui concerne aussi bien le pétrole que le gaz, a été accordée sur environ 8 % du territoire français. Je n’ai pas le décompte précis, mais tel est l’ordre de grandeur : 40 000 km2. De quoi s’agit-il ? Grâce à une nouvelle technique dite de « fracturation hydraulique », il est désormais possible d’exploiter des gaz et pétroles « non conventionnels » piégés dans des roches sédimentaires profondes, dont des schistes. Le petit malin qui a inventé cela [ajout le 11 janvier 2011 : la question de la fracturation hydraulique est plus complexe que ce que je croyais. Mais Halliburton est bien leader] est la société américaine Halliburton, longtemps dirigée par Dick Cheney, devenu ensuite vice-président de Bush. Je ne détaille pas les incroyables affaires que cette entreprise a faites avec l’armée américaine en Irak. Halliburton c’est la lie.

Les gaz de schistes sont d’ores et déjà un Eldorado aux États-Unis, où les puits se comptent par centaines de milliers. Je répète : centaines de milliers. Pour arriver à un tel chiffre, il faut massacrer des territoires entiers. Et utiliser des quantités d’eau astronomiques que l’on injecte à très, très haute pression dans le sol de manière à faire exploser la roche. On y ajoute pour faciliter le travail jusqu’à 500 produits chimiques différents, dont une grande partie se retrouvera dans les nappes phréatiques. La machine criminelle qui a lancé cette nouvelle aventure s’abrite derrière le secret industriel pour refuser de fournir la liste de ces poisons. Diverses enquêtes convergentes, bien qu’incomplètes, indiquent qu’un grand nombre est mutagène, cancérigène, reprotoxique, perturbateur endocrinien.

En France, Borloo a ouvert la boîte de Pandore, donnant des permis à des entreprises américaines, à Total, à GDF-Suez. Malgré la destruction assurée d’espaces naturels. Malgré une pollution des eaux qui pourrait se révéler sans précédent connu. Et malgré la loi française sur l’énergie de 2005 (ici) qui impose à la France de diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre. Car évidemment, lancer une production massive de pétrole et de gaz chez nous ne peut que ruiner les engagements de la France et achever ce qui reste de négociation sur le climat. Borloo a donc, et sans détour, violé la loi de la République française, ce que personne ne lui reprochera jamais. Car il est du côté des maîtres, et du manche. Et nous ne sommes, pour l’heure du moins, que poussière.

Si vous avez le temps, regardez donc le film Gasland (ici). Vous verrez ce qui nous attend en France, grâce à Borloo et aux petits malins écologistes qui l’ont porté aux nues. Notez que la résistance s’organise. Vivement. Ouvrez les oreilles. Je vous tiendrai au courant.

Paris, l’Arabie Saoudite et le frère de Patrick Balkany

AVANT TOUTE CHOSE, AUSSI CONVENU QUE CELA SOIT, JE VOUS SOUHAITE À TOUTES ET TOUS UNE BELLE ANNÉE 2011. ON NE SAIT JAMAIS ! NE PAS OUBLIER LES INTERSTICES DE LA VIE, LÀ OÙ SE CACHENT TANT DE BEAUTÉS, TANT DE RENCONTRES, TANT DE BONHEURS. JE VOUS SOUHAITE TOUT CELA, ET C’EST SINCÈRE. MAIS OUI, CHERS INNOMBRABLES ENNEMIS ET ADVERSAIRES, JE SUIS QUELQU’UN DE SINCÈRE.

J’arrive à peine, et me retrouve noyé sous les messages, comme de juste après une semaine d’absence. Je n’ai donc pas le temps d’écrire directement pour Planète sans visa, et à la paresseuse, comme il m’est (rarement) arrivé, je vous mets ci-dessous un mien article paru dans le dernier numéro de Charlie-Hebdo. Croyez-moi, c’est une affaire passionnante et grave, dont on reparlera. Le Parisien-Aujourd’hui fait sa une de ce matin sur le sujet, très, très probablement inspiré par le papier de Charlie. Mais de là à le signaler,  macache bono. Comme la presse est prévisible !

L’ARTICLE DE CHARLIE-HEBDO

Faut suivre, parce que ça très vite. Le Bassin Parisien, c’est l’Arabie Saoudite. Sérieux. Cirons pour une fois Le Figaro (le 17/12/10) : « 60 à 100 milliards de barils de pétrole dorment sous le Bassin parisien. Soit l’équivalent de 70 à 120 années de production du Koweït ! Cette estimation réalisée par l’Institut français des pétroles (IFP) suscite la convoitise ». Un homme admirable est déjà sur le coup, auquel Charlie veut rendre hommage avant tout le monde. Dans la famille Balkany, pour une fois, on ne demandera pas le maire de Levallois, Patrick, le héros moral que Sarkozy entraîne dans ses déplacements africains. Mais le frère, le jeune demi-frère de 30 ans à peine, Julien. Ce champion des fonds spéculatifs est installé aux Etats-Unis, où il fait des merveilles. Où il dit qu’il fait des merveilles.

Ce qui est à peu près sûr, c’est qu’il a créé en janvier 2008 avec un monsieur Daryl Nanes une structure à faire pâlir d’envie le Fonds Madoff : Nanes Balkany Partners. Depuis sa création il y a bientôt trois ans, cette belle société affiche en effet « un rendement composé annualisé supérieur à 33 pour cent (1) ». C’est un peu bête de s’arrêter en si bon chemin, mais Julien a décidé de se retirer de l’affaire il y a seulement quelques jours. Probablement a-t-il de bonnes raisons. Ce n’est pas la première fois, malgré son tout jeune âge, que Nanes Balkany Partners fait parler d’elle dans les journaux.

Greg Barr, du Houston Business Journal (26 mai 2008) rapporte une plainte déposée devant une cour fédérale américaine par le patron d’une société pétrolière appelée Vaalco. Robert Gerry, le boss, a réussi quelques coups fumants au Gabon et en Angola, et il a le sentiment pénible qu’un coup fourré a été monté pour s’emparer de sa boîte, et de ses puits florissants. En deux mots, Balkany frère aurait monté une opération boursière en compagnie de la société suisse Pilatus Energy, dont le propriétaire est un émir du Golfe. Mais dans laquelle Loïk Le Floch-Prigent, le nôtre, celui d’Elf Aquitaine, jouerait un rôle caché. Tous ceux mis en cause nient en bloc, à commencer par Le Floch, qui a magnifiquement déclaré : « Une seule chose est vraie, je suis un ami du propriétaire de Pilatus, un riche Émirien. Mais il n’est pas interdit de parler à un ami ».

Ne nous perdons pas en route. Julien a depuis poursuivi sa route éclairée aux torchères, et il est maintenant vice chairman d’une société de Dallas (Texas), Toreador Resources, qui vient de rapatrier dare-dare son siège à Paris. On comprend pourquoi, avec ces milliards de barils qui dorment sous la Tour Eiffel. Attention, il ne s’agit pas du pétrole habituel, mais d’un pétrole piégé dans des schistes, à 2500 mètres de profondeur. Pour arriver à produire, il faut beaucoup de relations politiques, car la technique repose sur la fracturation hydraulique – une eau à très, très forte pression – et des centaines de produits chimiques qui se retrouveront dans les nappes phréatiques.

Mais Julien s’en fout, un peu comme s’il avait déjà des relations politiques, ce qui paraît hautement improbable. Le fait est qu’il parle avec une certaine assurance, comme a pu le constater le 30 avril 2010 le journaliste de Challenges Pierre-Henri de Menthon : « Rencontre, dans les jardins du Bristol, avec Julien Balkany (…) Le demi-frère de Patrick Balkany (…) s’apprête à annoncer un investissement de plusieurs centaines de millions de dollars avec une grande compagnie pétrolière pour une campagne de forage visant, dans la meilleure des hypothèses, à extraire de 100 000 à 150 000 barils par jour en Brie et en Beauce, soit la moitié de ce que produisent des pays comme le Congo ou le Gabon ».

C’est donc tout ce qu’il y a de sérieux. La loi française de 2005 oblige à diviser par quatre nos émissions de gaz à effet serre, mais le petit Julien s’apprête à les faire exploser. Toreador vient d’entrer à la Bourse de Paris – compartiment professionnel – et signé un accord avec le groupe américain Hess qui investira 200 millions d’euros, en espérant se rembourser sur les recettes pétrolières. Les camarades de jeu prétendent que le bassin parisien pourrait produire d’ici cinq ans environ 5 % de la consommation annuelle de pétrole en France, soit plus de 4 millions de tonnes. Un pactole.Julien, qui a, en plus du reste, un humour dévastateur, a même lâché : « On n’a pas seulement des idées en France. On a aussi du pétrole ! ». Tout lien évoqué entre Julien, son frère et l’ami de son frère qu’est marié à la chanteuse serait une belle saloperie. 

(1) http://bourse.lci.fr/bourse-en-ligne.hts?urlAction=bourse-en-ligne.hts&idnews=BNW101221_00005461&numligne=0&date=101221

(2) www.challenges.fr/magazine/0211-030643/double_je.html?mod=1