Archives de catégorie : Climat

Franchement, imaginez la suite (sur la neige et le climat)

Je ne vais pas vous faire injure : vous savez cela ou vous pouvez le savoir en réfléchissant seul deux secondes. Nous sommes une civilisation en bout de course. Il aura suffi de quelques centimètres de neige en France pour que la grande panique s’installe. On aura vu un olibrius, directeur je crois de l’aéroport de Roissy – ou ponte d’Air France, je ne sais plus – affirmer d’un ton sérieux que jamais on n’avait vu autant de neige à Roissy.

Baste ! Les aéroports de New York et même Moscou sont atteints du même mal. Il est vrai qu’il y est tombé plus de neige que chez nous. Mais le principe reste le même partout : nous sommes menacés par la dislocation. Les connaisseurs du roman de Barjavel Ravage comprendront mieux ce que je veux dire. La crise climatique démentielle dans laquelle nous entrons pour la simple raison que nous sommes fous, cette crise ne peut que faire exploser les digues de la raison technique. Ce n’est pas une prédiction. C’est une prévision.

On est les champions (air connu)

Il est bien rare qu’un seul chiffre résume à ce point une époque entière. Mais c’est le cas ici. Ce 14 décembre 2010 à 18h55, la France a battu son record historique – hystérique aussi – de consommation électrique. Nous sommes parvenus, mes aïeux, à 94 200 mégawatts (MW) de consommation instantanée, ridiculisant notre précédente performance du 11 février dernier à 93 100 MW (ici).

L’explication que l’on vous servira ad nauseam, c’est que le froid a contraint les pauvres hères de ce pays à chauffer davantage leur logement – avec de la chaleur nucléaire – et regarder plus TF1 et jouer davantage aux jeux électroniques sur écran. Ben oui, quand on a froid, il faut bien se changer les idées. Ce qui est proprement fantastique, avant de passer au noyau dur de cette information – par définition – sans précédent, c’est que les 58 réacteurs nucléaires français [correction ajoutée le 17 décembre 2010] n’auront pas suffi à notre fringale. On a suréquipé la France d’engins qui n’ont pas le moindre droit à l’erreur – sinon, c’est couic -, mais cela est resté en dessous de nos besoins. Il fait froid un 14 décembre, modérément d’ailleurs, et ces foutus cons du  nucléaire ne peuvent pas répondre à la demande. Il aura fallu importer, aux alentours de 19 heures ce soir, quelque chose comme 4 000 MW. Si la justice régnait sur le monde, la poignée de connards qui nous ont fait entrer sans débat dans l’ère nucléaire à vie passeraient en procès. Mais la justice n’existe pas.

Autre point plus décisif encore. Tout le blabla n’était donc que du blabla. Vous allez me dire que vous vous en doutiez. Moi aussi. Il n’est pas question de décélérer. Pas question de réfléchir aux désastres que notre modèle énergétique inepte provoque en tous lieux. Pas question de s’atteler à la crise climatique. Pas question de penser l’énergie, son utilité sociale et individuelle. De pourfendre les innombrables gaspillages. Le but est ailleurs : avancer, encore plus vite, et tout trucider sur le passage des machines. Ce monde sent la mort comme jamais.

Du purin sur les dossiers (de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes)

Publié une première fois le 29 novembre, j’ai décidé de publier ce papier le 30, car je ne voulais pas, mais pas du tout, contrarier la rigolade au sujet de Claude Allègre. J’espère qu’on me pardonnera.

Gérard – des bises à Marie-Hélène – m’envoie un lien fort rigolo (ici) à propos de la noble bagarre contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. Je radote, mais avec bonheur : il s’agit d’un combat d’une importance cruciale pour nous tous. Il faut soutenir les opposants par tous les moyens à notre disposition, bombe nucléaire mise à part. De son côté, le quotidien Ouest-France rend compte du même épisode avec purin. Je vous laisse l’article ci-dessous. Deux plaisirs le même jour (voir l’article précédent sur Allègre), je crois que l’on peut appeler cela un bon lundi.

L’article se trouve aussi ici.

Saint-Nazaire

Les élus nazairiens empêchés de voter le financement du futur aéroport

Plusieurs organisations avaient appelé à manifester devant la mairie de Saint-Nazaire, ce soir, au moment où les élus de l’agglomération devaient délibérer sur leur participation financière au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Une trentaine de personnes a pénétré dans la mairie et rejoint le premier étage aux cris de «Non à l’aéroport».

Avant même que le conseil d’agglomération ne débute, deux personnes ont pénétré dans la salle des délibérations où étaient réunis les maires. Ils ont aspergé les tables de lisier et fracassé des oeufs sur la moquette. Plusieurs élus ont eu à subir des dégâts sur leurs vêtements.

Considérant qu’il n’était pas possible de siéger dans cet environnement, le président de l’agglomération, Joël Batteux a annulé la réunion des délégués des dix communes de l’agglomération. Elle est reportée la semaine prochaine. Elle se tiendra à huis clos.

Les élus verts de l’agglomération ont «condamné fermement ces actes commis par des groupuscules qui refusent le débat démocratique». Julien Durand, agriculteur et représentant de la coordination des associations opposées à Notre-Dame-des-Landes dénonce également «ces actes individuels isolés».

Pour le conseiller général socialiste, Philippe Grosvalet, «les élus verts qui profèrent des menaces contre les institutions démocratiques récoltent ce qu’ils sèment.»

La communauté d’agglomération Cap Atlantique de la presqu’ile guérandaise doit délibérer jeudi sur cette même question.

J’aurais tant voulu être là (Allègre entarté)

Trop beau pour être vrai ? Presque. L’imposteur Claude Allègre a pris une belle tarte pâtissière dans la tronche. Comme j’aurais aimé la lancer moi-même ! Mais je ne désespère pas de le faire un de ces jours. Claude, si tu me lis, gaffe à tes arrières. Un mot sur le sublime mouvement de défense karatéka de notre grand homme. Bruce Lee pas mort !

Les images ci-dessous sont tirées du site Indimedya de Nantes, auquel je renvoie pour les explications : c’est ici.

Kung Fu Panda : Claude essaie d'esquiver une tarte.

Le plat de résistance.3_3.jpg

4_3.jpgC'est la tarte finale.

Clearly not sexy (un rapport de l’Agence internationale de l’énergie)

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) est une organisation fondée dans le cadre de la très libérale OCDE en 1974. Ce n’est donc pas ma tasse de thé favorite, mais il se trouve que chaque année, l’AIE pond un rapport sur l’état de l’énergie dans le monde. En anglais, bien sûr. Qui fait autorité, on se doute. Je n’ai pas lu le rapport 2010, que d’ailleurs presque personne n’a encore eu entre les mains. Il en coûte une somme, d’ailleurs. Mais les journalistes se contentent le plus souvent des communiqués de presse et des résumés. J’ai honte, mais je confesse que cela m’arrive. Pardi.

Cessons de causer. Je voulais attirer votre attention sur deux ou trois points. Un, le rapport 2010 dit sans détour, mais dans la langue diplomatique obligée néanmoins, que le monde ne parviendra pas à éviter une débâcle sur le front de la crise climatique. Le fiasco de la conférence de Copenhague, en décembre de l’an dernier, en annonce d’autres. Rien n’est fait, et probablement rien de sérieux ne sera fait. Rappelons que l’objectif – non contraignant – était de limiter la hausse de la température moyenne de la terre à 2 degrés à l’horizon 2030. Traduction par l’AIE : « Si les pays donnent prudemment suite à ces engagements [de Copenhague], la demande grandissante de combustibles fossiles continue d’accroître les émissions de CO2 liées à l’énergie pendant toute la période considérée. Il serait alors impossible d’atteindre l’objectif de 2°C ».

Ben dans ce cas, cela semble plié, car les prévisions de l’AIE indiquent que la consommation d’énergie dans le monde devrait augmenter de 36 % entre 2008 et 2035. Alors qu’il faudrait diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 dans notre propre pays (ici). Toutes les politiques menées dans le monde entier, même celle que prône le héros planétaire Jean-Luc Mélenchon, sont à juger à cette aune. On voit. D’après les ingénieux ingénieurs de l’AIE, la conférence de Copenhague nous aurait coûté – ces imbéciles transforment tout en money – 1 000 milliards de dollars (ici). Tendez vos sébiles, et comptez vos pièces de cinq centimes.

Autre intérêt du rapport de l’AIE : les « gaz non conventionnels » vont connaître un « âge d’or ». Texto. Un « âge d’or ». Sous cette goûteuse appellation se cachent – bien mal – les sables bitumineux du Canada et de Madagascar. Mais surtout les gaz de schiste dont je vous rebats les oreilles depuis quelque temps. Ils arrivent. Ils déferlent. Ils vont relancer massivement la machine à détruire le climat et le monde (ici). Mais on s’en fout, hein ?