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Le jour d’après (Copenhague, Hulot, Sarko)

Je ne souhaite pas, en ces moments effarants, me montrer sarcastique. Cela serait facile, cela serait surtout indigne. La conférence de Copenhague a échoué, d’abord pour la raison qu’elle ne pouvait pas réussir. Le plus éprouvant, à mes yeux critiques en tout cas, aura été de voir comment les écologistes officiels ont tenté de maintenir, jusqu’au bout, l’idée que tout était affaire de bons sentiments et de volonté.

Ce serait bien, d’un certain côté, mais comme c’est totalement faux, une telle vision ne sert en définitive qu’à enfumer les opinions et désarmer l’opposition. L’embrouillamini devient tel que plus personne ne semble comprendre quoi que ce soit au réel. Pourtant, et je l’ai dit, et je l’ai écrit, et je ne suis ni devin ni génial, ce qui était en jeu est le principe même de l’organisation du monde. Autrement dit son industrialisation désormais pleine et entière, en tout cas jamais aussi étendue qu’aujourd’hui.

Tenter d’obtenir des mesures chinoises et indiennes n’était que chimère et faux-semblant. Pourquoi ? Mais vous le savez ! Notre niveau de vie et de gaspillage repose sur l’échange entre nos réacteurs nucléaires, nos turbines et nos parfums d’une part, leurs jouets, leurs ordinateurs, leurs vêtements en coton, leurs innombrables objets programmés pour la benne d’autre part. Produire ces saloperies ne peut, mécaniquement, qu’augmenter de façon inouïe les émissions de gaz à effet de serre. Mécaniquement. La prolifération de marchandises est le moteur de la crise climatique. Et nous ne cessons, dans les faits, de plébisciter ce modèle sans avenir. Sarkozy, Obama, Hu Jintao, Manmohan Singh sont absolument d’accord pour que la production de choses inutiles augmente encore, encore, encore. Le reste n’est que billevesée.

Les associations présentes à Copenhague ont rivalisé de mots emphatiques pour parler de cette funeste conférence. Honte, désastre, catastrophe, tragédie, entre autres. Je veux espérer, contre une certaine évidence, que Greenpeace, le WWF, FNE, les Amis de la terre et les autres trouveront, dans ces circonstances extrêmes, la force de changer de route, radicalement. Car lorsqu’on a répété sur tous les tons, pendant des mois et des années, que Copenhague était le rendez-vous de la dernière chance, le moins qu’on puisse attendre est un bilan courageux. La stratégie suivie par les ONG françaises depuis le Grenelle de l’Environnement a lamentablement échoué.

Tous les acteurs en conviendront-ils ? Je vais garder pour moi mes doutes, car sait-on jamais ? Je ne peux pourtant vous laisser sans signaler les propos d’un certain Nicolas Hulot. J’ai déjà dit de nombreuses fois ma sympathie pour cet homme, qui a trouvé la force de beaucoup (se) changer à l’échelle de sa vie. Je maintiens, comme l’on dit. Il reste que les quelques mots lancés à la suite du fiasco planétaire de Copenhague me semblent – voyez comme je suis parfois mesuré – absurdes et déplacés. Après avoir jugé le résultat de la conférence « affligeant et consternant », il a aussitôt ajouté : « La diplomatie française, avec (le président) Nicolas Sarkozy et (le ministre de l’Ecologie) Jean-Louis Borloo, a été en pointe. Ils ont fait leur boulot. Quand ça ne va pas, il faut le dire mais quand ça va, il faut le dire aussi ».

Je ne sais pas ce que vous en penserez, mais pour ce qui me concerne, je bouts intérieurement. Qu’a donc fait Sarkozy en dehors de ses moulinets habituels ? Queud, rien, nib. Je dois hélas rappeler, car l’oubli vient vite, que Sarkozy avait fait d’un accord contraignant le signe obligatoire d’un succès de la conférence. Il ajoutait même que la France ne voulait pas d’un « accord au rabais » à Copenhague (ici). Exactement ce qui a été fait. Ce qui n’empêche notre Monsieur national de proclamer : « C’est un accord positif, car il engage la communauté internationale ». Jusqu’où ira-t-on dans la destruction du propos public ?

Les prochaines semaines seront très importantes, on s’en doute, pour le mouvement écologiste français. Certains groupes, poussés par un tropisme dont la cause est entendue, continueront à jouer le jeu politicien de Sarkozy et de ses amis. Ils poursuivront leur rôle de rabatteurs de voix écologistes pour le premier tour des présidentielles de 2012, l’obsession de notre maître. Et les autres, peut-être, admettront qu’il faut refonder un  mouvement pour lequel Copenhague sonne et sonnera comme un glas. Attendons. Espérons.

Paroles, paroles, paroles (bonbons et chocolats à Copenhague)

J’ai déjà largement dit ce que je pensais de la conférence sur le climat de Copenhague (notamment ici), et n’y reviens pas, sur le fond en tout cas. L’affaire, ce 16 décembre, tourne au carnaval, la fête en moins. Et l’on entend des bureaucrates français, pourtant largement responsables de ce qu’il faut bien appeler un bordel, et un bordel mal organisé, faire comme s’ils n’y étaient pour rien. Je pense à l’incomparable Brice Lalonde, ambassadeur – sic – de Sarkozy sur place, déclarant : « Je suis un tout petit peu soucieux, car il reste tellement de travail à faire. Je crains un nouvel incident, parce qu’alors on aurait du mal à conclure ». Je pense à Pierre Radanne, ancien patron de l’Ademe, officiellement écologiste mais grand admirateur de la criminelle voiture indienne Nano : « C’est plus que mal barré cette histoire. C’est vraiment parti en vrille total ».

Reste la forme prise par les événements, qui me stupéfie jour après jour un peu plus. De très nombreux représentants d’ONG s’obligent à prendre leur rôle au sérieux, comme si cela signifiait quelque chose que d’être physiquement proche des soi-disant négociateurs. Exceptionnellement, je ne vais citer personne, car je n’aurai bientôt plus aucun groupe à critiquer, au train où vont les choses.

Allons, parlons tout de même de l’un d’entre eux, et je m’en tiendrai là. Je peux me tromper, mais je crois que Greenpeace a joué un rôle éminent, voici plus de vingt ans déjà, dans l’émergence d’une culture très éloignée de la nôtre. Comment la définir ? Une culture boy-scout ? Le culte bon enfant de l’accord, fût-il éphémère et trompeur ? Le goût des belles photos et des sourires sur icelles ? Le besoin de justifier l’usage de fonds considérables récoltés par le désormais fameux fundraising ? Je ne sais. Je crois que cette soupe est épaisse, et qu’elle mélange de nombreuses influences. Le résultat est en tout cas évident : les ONG accompagnent désormais les conférences mondiales du début à la fin. Avez-vous remarqué ? Quel qu’en soit le résultat, elles repartent à l’assaut comme si de rien n’était. Chaque rendez-vous est décisif, et chacun est raté, mais cela ne doit pas entamer le moral des troupes, car une machine, aussi petite soit-elle, est une machine. Elle doit avancer.

Je songe à l’exemple donné par l’Union européenne ces derniers jours. En ce 16 décembre 2009, il reste le seul signe concret, tangible d’un engagement contre la crise climatique. Pour Sarkozy notamment, l’enjeu africain est de taille. Il lui faut montrer, quoi qu’il arrive, que la France est aux côtés des pauvres de ce Sud-là. Et on voit donc la diplomatie française se déhancher sans trêve pour faire accroire que nous serions prêts au moins à un accord entre le continent noir et l’Europe, poussée dans le dos par la France. Cela donne lieu à des promesses qui ne résistent pas à une minute d’analyse. Exemple, tiré du Parisien : « Voilà une annonce qui devrait faciliter les négociations au sommet de Copenhague (…) Les pays de l’Union européenne ont décidé vendredi de verser une aide aux pays pauvres de 7,2 milliards d’euros sur trois ans, en 2010, 2011 et 2012, pour les aider à faire face à l’impact du réchauffement climatique. La contribution globale de la France sera de 1,26 milliard d’euros, a précisé Nicolas Sarkozy (ici) ».

D’autres journaux ont raconté la même chose, rapportant ce qui n’est rigoureusement qu’une proclamation, visant un simple effet d’annonce qui aura atteint son objectif. 7,2 milliards d’euros. Mazette ! Seulement, de quoi s’agit-il vraiment ? Selon le blabla, de « mettre en place des économies faiblement polluantes ». Ça veut dire quelque chose ? Non, rien. D’abord, parce qu’il n’y a rien de plus vague. Ensuite, parce que « mettre en place » des économies signifie en creux qu’elles ne le sont pas. Et en tout état de cause, un projet aussi immense que celui-là commanderait des aides incomparablement supérieures.

Mais ce n’est pas tout. Car en réalité, ces 7,2 milliards d’euros sont un mélange d’aides déjà programmées et d’autres qui ne le sont pas. Le budget de l’aide au « développement », de longue date vicié par d’innombrables ruses comptables, sera pour partie pris en compte. Et ce n’est pas moi qui l’affirme, mais ce bon bougre de Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, qui préside pour le moment l’Union européenne. L’aide globale de 7,2 milliards d’euros, a-t-il déclaré, est « un mélange d’argent déjà programmé et d’argent frais ». Combien y aura-t-il, à l’arrivée, d’argent « frais » ?  Nul ne le sait, mais nul ne le saura jamais. Car enfin, pensez-vous sérieusement qu’en 2011 – par exemple -, un journal français accordera un titre de “une” au fait que l’Afrique n’a pas reçu l’argent promis à Copenhague ? Y croyez-vous ?

Reste la question sempiternelle de la corruption. Dans les systèmes kleptocratiques sans État qui sont majoritaires en Afrique, à quoi servirait de toute façon une aide passant par les canaux habituels du soi-disant « développement » ? À remplir les poches des ministres en place et celles de leurs clans respectifs. Ne pas écrire cette évidence serait manquer du respect élémentaire dû aux peuples d’Afrique, paysanneries en tête. Car ces dernières, qui seront fatalement soumises aux effets du dérèglement climatique, ne verront pas la queue d’un euro d’aide. Toute l’histoire postcoloniale le clame sur tous les tons, et l’heure n’est plus aux songe-creux. Ou l’on veut aider les peuples du Sud à lutter vraiment contre les désastres qui approchent, et en ce cas, il faut imaginer des coalitions sans aucun précédent chez nous, qui permettent de bousculer notre jeu politique délétère autant qu’impuissant. Ou il vaut mieux encore se taire.

Oui, se taire. Le spectacle lamentable offert à Copenhague par tant de gens pourtant estimables me lève le cœur. Quoi ? Continuer à croire dans la supercherie de mots cent mille fois répétés, aux effets cent mille fois constatés sur le terrain ? Il m’arrive de me demander si notre masochisme de petits-bourgeois du Nord a une limite. Et je dois avouer que je n’en suis pas sûr.

Une autre face du « Climategate » (Allègre, Courtillot, Singer)

Ma dette s’accroît à propos de Thibault Schneeberger. Il m’envoie à nouveau une information qui m’avait échappé à propos de Fred Singer. Mais avant tout, j’en suis le premier désolé, passage par un certain Claude Allègre. Ce n’est pas pour me vanter, mais cela fait plus de dix ans que j’attaque bille en tête ce splendide personnage. J’ai écrit depuis cette date plusieurs papiers qui eussent pu me valoir autant de procès en diffamation, mais que j’ai évités. Je ne regrette rien. Je ne regretterais rien si j’avais dû affronter la justice. En face d’un Allègre, il faut oser. Eh bien !

Cet homme, dépité comme il n’est pas permis de ne pas être devenu le ministre de Sarkozy, se venge comme il peut. Il a raison sur un point, et c’est que sans le score élevé d’Europe Écologie aux Européennes de ce printemps, il aurait aujourd’hui son maroquin. D’où sa fureur, y compris contre Nicolas Hulot, dont vous avez peut-être entendu parler. Il vient de donner un entretien à Paris-Match dans lequel il montre une fois de plus ce qu’il est réellement (ici). Je le cite : « Même si, en France, tout est fait pour étouffer ceux qui ne sont pas dans le politiquement correct, il y a de plus en plus de gens qui pensent différemment : je songe à Vincent Courtillot, aux climatologues américains Richard Lindzen et Fred Singer, à l’économiste Bjorn Lomborg, au physicien Freeman Dyson ». Bien entendu, il parle du climat.

Avouons-le, c’est sidérant. Prenez l’exemple de Bjorn Lomborg. Le 19 septembre 2007, alors que commençait Planète sans visa, j’ai écrit ici même un très long article (ici) dont je demeure satisfait. Intitulé Tazieff et Allègre sont dans un bateau, il donne de très nombreuses clés sur les personnages sus-cités, mais aussi sur le rôle des lobbies et des conférences internationales. Vous m’excuserez une auto-citation, qui concerne Lomborg. Elle est longue, elle aussi, mais éclairante, je le crois.

« En 2001, un Danois inconnu, Bjorn Lomborg, publie en Angleterre un livre-événement, The Skeptical Environmentalist. L’éditeur de L’Écologiste sceptique, Cambridge University Press, se frotte vite les mains, car c’est un triomphe, national puis mondial. Le Daily Telegraph estime que c’est probablement le livre plus important jamais publié sur l’environnement. Le Washington Post le compare à Printemps silencieux, l’opus magnum de Rachel Carson. Lomborg est consacré le héros de tous ceux qui claquent des dents tout en montrant les crocs, et ils sont plus nombreux qu’on ne l’imagine.

Que dit Lomborg ? S’appuyant sur un impressionnant amoncellement de notes de bas de pages – autour de 3 000 – et de chiffres, il entend démontrer que, si certains problèmes existent, beaucoup ont été artificiellement exagérés, voire purement et simplement inventés pour des raisons inavouables. Ainsi, la productivité des océans aurait en fait presque doublé depuis 1970. Les forêts, loin de disparaître, auraient vu, de 1950 à 1994, leur surface légèrement augmenter, etc.

Seul contre tous, il y verrait donc plus clair que des milliers de scientifiques engagés depuis des décennies dans d’innombrables études. Pourquoi pas ? Oui, pourquoi pas. Mais il faut, lorsqu’on s’attaque à semblable Himalaya, respecter scrupuleusement les règles qu’on accuse tous les autres de violer. Or Lomborg ruse et manipule les chiffres à l’envi. Pour ce qui concerne les océans, par exemple, Lomborg confond – volontairement ? – la productivité des océans, c’est-à-dire la vie qu’ils sont capables de créer, et les prises de poisson ajoutées aux performances de l’aquaculture. Et il est bien vrai que les prises ont augmenté – au passage, seulement de 20 % depuis 1970, pas de 100 % -, mais pour la raison que de nouveaux moyens, dont les filets géants, permettent de racler les fonds.Du même coup, la très grande majorité des principales zones de pêche sont surexploitées, laissant prévoir à terme un affaissement brutal de la pêche. Ces chiffres ne montrent qu’une chose : l’inventivité technologique des humains.

L’année suivante, juste avant le Sommet de la terre de Johannesburg, la polémique est mondiale et Lomborg trône dans tous les journaux français. Libération lui accorde deux pages élogieuses, Le Nouvel Observateur et Le Monde lui ouvrent largement les portes, c’est la consécration. En août, dans L’Express bien sûr, Allègre y va de son compliment pour l’artiste, tout en finesse : « L’écologie est devenue la Cassandre d’un catastrophisme planétaire généralisé et inéluctable. Pourtant, tout cela est faux. Rien dans les données scientifiques actuelles ne vient étayer ces affirmations. Un jeune professeur danois (…), Bjorn Lomborg (…) vient de l’établir grâce à un examen soigné de toutes les données mondiales disponibles ».

Nous sommes donc à la fin de l’été 2002, et de très mauvais esprits – j’en suis – s’autorisent un rapprochement. La publication du livre de Lomborg, suivie d’une très opportune polémique, coïncide avec la tenue au même moment à Johannesburg d’un nouveau Sommet de la terre. Cette vision vous semble paranoïaque ? Vous êtes en droit de préférer les contes de fée. Après étude minutieuse du livre de Lomborg, la très officielle Commission danoise sur la malhonnêteté scientifique, qui réunit des chercheurs de grande réputation, finira par rendre un avis impitoyable sur les qualités du grand héros de Claude Allègre. Celui-ci, dit-elle dans ce qu’il faut appeler un jugement, « a fait preuve d’une telle perversion du message scientifique (…) que les critères objectifs pour déclarer la malhonnêteté scientifique sont remplis ». Lomborg, à en croire cette commission, est donc un faussaire.

Vous me direz qu’elle peut se tromper, ce qui est vrai. Je n’ai pas eu accès aux pièces du jugement. Et je dois même avouer que je n’ai pas lu la totalité du livre de Lomborg, me contentant des sujets sur lesquels j’avais quelques lumières. Je doute fortement que Claude Allègre ait fait mieux, et je parierais même volontiers qu’il a fait moins. Voici pourquoi : en 2004, les éditions du Cherche Midi ont fini par publier une traduction tardive, en français, du pesant pensum de Lomborg. À mon avis, ce ne fut pas une bonne affaire. Elle venait trop tard, et ce livre de 700 pages follement ennuyeuses, même pour un passionné comme moi, est en réalité illisible. Pour un prix dissuasif de 26 euros.

N’empêche : il est devant moi au moment où j’écris ces lignes, et je relis en masochiste confirmé la préface, signée bien entendu par Claude Allègre. Elle est sensationnelle. Allègre y dénonce une écologie « totalitaire » – je me sens visé -, le retour de Lyssenko, ce « scientifique » stalinien qui opposait science bourgeoise et science prolétarienne, et il conspue au passage les « coupeurs de tête ». Ma foi, l’écriture est libre. Mais au passage, Allègre omet cette information essentielle que Lomborg a été convaincu de malhonnêteté scientifique, ce qui n’est pas une mince accusation. Pourquoi diable ? Parce que ce serait gênant pour la démonstration ? Ce n’est pas tout à fait impossible, compte tenu des mœurs singulières du grand professeur.

Deuxième bizarrerie radicale : Allègre souligne avec gaîté que les adversaires de Lomborg n’ont pas su démonter son livre, chapitre après chapitre, raisonnement après raisonnement. Et c’est une sorte d’aveu, selon lui. « Si cela n’a pas été fait, écrit-il, c’est qu’il était difficile de le faire ». Ce pourrait être un argument, mais c’est de toute manière faux. À cette date – 2004 -, un site Internet fourni (www.mylinkspage.com/lomborg.html) collationne depuis deux ans déjà les centaines d’erreurs contenues dans le livre pesant de Lomborg. Allègre peut-il l’ignorer ? En ce cas, que vaut donc la préface ? ».

Fin de ma citation, et je reprends le fil de mon propos. Allègre, en décembre 2009, déclare donc à Match qu’il n’est plus seul, soutenu entre autres par Lomborg, dont je viens de vous dire ce que j’en pense. Au passage, Allègre le qualifie d’économiste, ce qui doit lui paraître préférable, alors qu’il est statisticien. Une paille ? Oui, à ce stade, une paille. Et les autres cités ? Freeman Dyson est un physicien et mathématicien. Qu’a-t-il à voir avec le climat ? Rien. Il a travaillé sur des projets spatiaux – Orion – propulsés par l’énergie nucléaire, et rêvé à haute voix de colonisation de lointaines planètes. Croyez-le ou non, je ne moque pas de Dyson. Simplement, je crois qu’il est nécessaire de savoir qui est celui qu’Allègre appelle à son secours.

Voici un extrait d’un entretien accordé en 1978 par le physicien, alors qu’il a 55 ans. Je ne traduis pas tout, mais l’idée qu’il développe est de coloniser des astéroïdes avec de petits groupes humains. Et de choisir parmi ces astéroïdes ceux qui ne sont pas de fer ou de nickel, et qui abritent quelque chose ressemblant au sol de la terre. Le journaliste lui demande ce qu’il pense de projets de colonisation géante de l’espace et Dyson répond qu’avec 40 000 dollars de 1978 par personne, c’est jouable (ici) :

« I don’t really know. Perhaps I should say that (…) space colonization on that scale isn’t entirely to my taste: the big colonies he envisions are a little too hygienic for me. I’ve done some historical research on the costs of the Mayflower’s voyage, and on the Mormons’ emigration to Utah, and I think it’s possible to go into space on a much smaller scale. A cost on the order of $40,000 per person would be the target to shoot for (…) »

Le journaliste lui demande ensuite où pourraient bien aller ces nouveaux pèlerins du Mayflower, les premiers à avoir colonisé l’Amérique, et Dyson répond : « I’d put my money on the asteroids (…) I think you should find an asteroid which is not iron or nickel, but some kind of soil that you could grow things in ». Quelle sorte de sol serait souhaitable pour l’installation, demande le journaliste ? Et Dyson répond avec superbe : « Well, we have specimens of meteoritic material called carbonaceous chondrite, which looks like soil — it’s black, crumbly stuff containing a good deal of water; it has enough carbon, nitrogen, oxygen so that there’s some hope you could grow vegetables in it, and it’s soft enough to dig without using dynamite ». En somme, à lire Dyson, un sol, c’est quelque chose de noir, friable, contenant du carbone, de l’azote et de l’oxygène. Et qui ne nécessite pas de dynamite pour le creuser et y faire pousser des légumes. A-t-il entendu parler de la vie ? De ce qu’est un sol vivant ? J’ai soudain comme un doute.

Résumons. Je vous ai parlé de Dyson et de Lomborg, cités à son appui par Allègre. Pour Courtillot, ce sera bref, car je vous renvoie à trois articles-couperets de l’excellent journaliste Sylvestre Huet (ici, ici, et là). Franchement, j’invite tous ceux qui se posent de bonne foi des questions à lire et éventuellement réfuter le travail de Huet. Mais par pitié, braillards s’abstenir ! Et que tout le monde se rassure, j’en ai bientôt fini. Un mot sur Richard Lindzen, qui est un véritable climatologue. Pour ce que je sais de lui, il me semble poser des questions dignes d’intérêt. Des questions que tout esprit curieux a intérêt à se poser sur les limites et parfois contradictions des connaissances humaines. Je constate au passage qu’Allègre s’approprie un homme qui est à ses antipodes intellectuels.

Venons-en à Fred Singer. Allègre le cite comme climatologue. Farceur, va ! Singer, né en 1925, n’est plus scientifique depuis des décennies. Mais le mieux est dans les liens que m’adresse Thibault. Vincent Courtillot, proche parmi les proches de Claude Allègre, a osé présenter Singer à la télévision, le 3 décembre dernier, sur le plateau de « Ce soir ou jamais », comme un scientifique membre du GIEC, et ferme « climato-sceptique ». En toute logique, comme il le dit, Singer aurait été le corécipiendiaire du Prix Nobel de la paix 2007, au même titre qu’Al Gore et Rajendra Pachauri.

Sauf que. Sauf que le site Contre Info nous offre une enquête implacable sur la personnalité réelle de Fred Singer, qui n’est autre qu’un lobbyiste professionnel (ici et ). Un dur, croyez-moi, ancien salarié de la secte d’origine coréenne  Moon, et qui sert depuis des années la cause des plus gros pollueurs de la planète. Sa contribution au GIEC ? Je vous laisse la découvrir, cela vous fera rire un peu. Et au terme de cet épuisant voyage en terre hostile, Dieu sait que nous en avons besoin. Rire. Oui, rire aussi, rire tout de même de ces incroyables, de ces impayables suffisances qui mènent notre monde. Je rappelle que Claude Allègre, ami très proche de Jospin, et d’ailleurs son ministre, a été une figure de proue socialiste avant que d’aller proposer son corps à Nicolas Sarkozy, sans nulle transition. Souvenez-vous : de 1997 à 2002, la gauche a été au pouvoir. Et Allègre a joué un rôle essentiel dans la définition de la politique française dans le si vaste domaine de la crise écologique. Je suis sûr que vous appréciez. Les « climato-sceptiques » ont tous les droits. Les autres tous les devoirs.

Trois mots et un peu plus sur ce misérable « Climategate »

Je vous résume à grands traits une affaire lamentable, mais qui fait exulter des dizaines de milliers de gens assoiffés de théories simples et de romans à l’eau de rose. Des harlequinades maquillées en grande découverte du si vaste complot qui nous gouvernerait. Le 19 novembre 2009, 1073 courriels sont mis en ligne par des mains inconnues (ici). Des hackers – des pirates informatiques – ont pénétré dans le serveur de l’unité de recherche sur le climat (CRU) de l’université East Anglia (Angleterre), et se sont emparés de dizaines de milliers de courriers divers dont une correspondance portant sur 13 ans entre scientifiques du CRU et des collègues d’Europe et des Amériques.

C’est sur cette base que monte un soufflé gigantesque d’où il ressort, aux yeux des imbéciles, que les climatologues tordent à l’envi les données et camouflent le fait qu’ils ne disposent pas de données fiables sur le réchauffement en cours. Évidemment, une aubaine, du moins pour certains, quinze jours avant l’ouverture de la conférence sur le climat de Copenhague. J’ai eu accès immédiatement, le 19 ou le 20 novembre, je ne sais plus, aux courriels volés. Et je ne les ai pas lus. Aucun. Je pense qu’il me faut m’expliquer un peu.

Premier point, personne n’a réellement lu les 1073 courriers, et même si cela s’était produit, qui, raisonnablement, aurait été capable d’en saisir le sens et la portée ? Je rappelle qu’il s’agit d’échanges privés entre scientifiques, étendus sur treize années. Avec quantité de blagues de potaches et de sous-entendus hors de portée de qui n’est pas dans le contexte. Non, je n’ai rien lu. J’avoue, sans torture, que j’ai attendu le commentaire de gens avisés, en qui j’ai normalement confiance. Parmi eux, le journaliste du quotidien Le Monde Stéphane Foucart (ici). Personne n’agit autrement, mais bien peu l’admettent. La lecture des lettres volées est exclue pour 99,99% de ceux qui crient au loup.

À suivre en tout cas Foucart, à le croire – et je le crois -, cette affaire est une vulgaire baudruche. Certes, la sélection de courriers démontre quelques dérapages individuels, parmi lesquels l’usage malheureux d’un mot, trick, qui peut vouloir dire tromperie, mais aussi astuce. Un mot, quelques révélations sur le comportement parfois déplorable de tel ou tel. Mais rien, RIEN qui viendrait mettre en cause le travail obstiné de milliers de chercheurs du monde entier sur la crise climatique. Alors, que penser de tout cela ? Avant de dire le fond simple de ma pensée, je dois énoncer une évidence. Les tenants d’une immense conspiration ont peut-être envie de croire à la fable de hackers-marginaux à queue de cheval, chevaliers blancs de la vérité universelle. Si ce n’était aussi sinistre, j’en rigolerais volontiers.

Car qui a eu les moyens d’entrer dans ce serveur, de sélectionner parmi des dizaines de milliers de documents ceux qui entraient peu ou prou dans leur démonstration préfabriquée, puis de mettre en ligne une très courte sélection ? Qui ? Un chômeur de Hanovre ? Un étudiant désargenté de Glasgow ? Lisbeth Salander, l’héroïne de Millenium, le roman de Stieg Larsson ? Posez-vous donc cette question : qui a eu les moyens matériels d’une telle mise en scène ? Et quoi de plus aisé que de faire parler des textes dûment triés dans un ensemble que personne, PERSONNE n’a vu ? Que penseriez-vous d’un historien royaliste qui bâtirait le récit de 1789 en piochant dans un gigantesque fonds documentaire tout ce qui peut glorifier Louis XVI et accabler les premiers Constituants ? Ou l’inverse, d’ailleurs ?

Ceux qui ont fait le coup voulaient exactement provoquer un emballement de la blogosphère, et ils y sont parvenus, car ils en connaissent le fonctionnement. Il s’agit d’un cas prodigieux de manipulation mentale. Qui a d’autant mieux fonctionné que des millions de gens ne demandent qu’à être manipulés, comme l’histoire des hommes nous l’apprend, hélas. Mais je veux aller plus loin encore, en m’adressant à vous directement. À vous, à chaque personne qui lit ou lira cette page. Les gens qui croient en la baliverne du « Climategate » savent-ils seulement que nous sommes tous des hommes ? Savent-ils, sont-ils capables de se souvenir que nous ne sommes que des hommes ?

Je pose cette question parce qu’il m’est insupportable de fouiller de la sorte l’espace privé d’êtres humains exactement semblables à nous. Si par extraordinaire on publiait le compte-rendu de mes conversations téléphoniques sur plus de dix ans, on y trouverait de tout. D’insondables conneries. Des insultes graves. Des erreurs manifestes. Des exagérations constantes. Des engueulades majeures. Et le reste, tout le reste, encore bien plus privé que cela. Mettez-vous donc à la place d’un chercheur qui passe cinquante heures par semaine dans son labo, et qui a noué des relations de sympathie ou de détestation avec des collègues d’un autre pays, d’un autre continent. Il partage avec eux un terrain, un questionnement fondamental.

Au fil des ans, l’échange devient complicité Il se lâche. Il rote. Il pète. Il se moque. Il déconne. Cela n’a strictement aucune importance, car il sait que le courrier, parsemé nécessairement d’implicite et de private jokes, sera tenu par l’autre pour ce qu’il est. Si Machin écrit une horreur, ce n’est pas nécessairement qu’il la pense. Ce peut être un jeu ordinaire entre partenaires qui se fréquentent depuis des lustres. Ne me dites pas que vous ne regrettez pas des dizaines, des centaines, des milliers de mots hasardeux prononcés ou même écrits dans le cadre protégé, en théorie du moins, de la maison ou du travail.

Autrement dit, les manipulateurs du « Climategate » surfent sur l’imbécillité, en quoi ils se montrent lucides. Mais les imbéciles qui propagent des commentaires niaiseux sur la sélection d’une sélection de courriels qu’ils n’ont pas lu et ne liront jamais, ces imbéciles me foutent une peur bleue. Car leur ressort psychologique, fait de croyance, d’ignorance crasse, d’arrogance et de vraie soumission à d’authentiques montreurs de marionnettes, est la base même du pire. Oui, ils me font peur.

Pourquoi Sarko se fout de nous (dans Charlie)

Il ne vous aura peut-être pas échappé que l’on parle en ce moment de climat. Des milliers de bureaucrates, des dizaines de milliers d’activistes courent d’un bout à l’autre de Copenhague, la ville où tout va se jouer. La ville où l’on prétend que tout va se jouer, ce qui n’est pas la même chose. Je vous laisse ci-dessous un article que j’ai écrit dans Charlie-Hebdo, publié le mercredi 9 décembre 2009. Il résume très exactement ce que je pense de la conférence sur le climat. Il est donc parfaitement inutile que j’en écrive un autre. Et je demande respectueusement, mais fermement, aux « climato-sceptiques » de s’abstenir de leurs commentaires habituels. Qu’ils aillent exercer leur art du complot mondial ailleurs qu’ici. Ce n’est pas l’espace, ce n’est pas le cyberespace qui manque.

Ma position est celle de James Hansen, le climatologue américain directeur de l’Institut Goddard pour l’étude de l’espace (Goddard Institute for Space Studies). Le dérèglement climatique en cours est « semblable au problème de l’esclavage affronté par Abraham Lincoln ou au problème du nazisme auquel Winston Churchill a fait face (…) Sur ce genre de problèmes, vous ne pouvez pas faire de compromis. Vous ne pouvez pas dire : “réduisons l’esclavage, trouvons un compromis et réduisons-le de 50% ou réduisons-le de 40%” ».

En bonne logique, je ne veux pas dialoguer avec ceux qui nient ce phénomène extraordinaire qu’est le réchauffement global. Je sais que cela fait mauvais genre, mais je m’en fous royalement. Je ne veux pas. Et voici donc l’article que j’ai écrit pour Charlie-Hebdo :

Oubliez tout ce que vous lisez sur Copenhague. Non que tout soit faux, non que tout soit idiot. Mais la conférence sur le climat est définitivement saccagée par une armada d’experts autoproclamés, qui usent de sigles inconnus enrobés dans une langue insaisissable. Ils sont les maîtres de la discussion, et signent la mort du débat et de toute démocratie à coup de REDD, CCNUCC, FIC, FCPF, SREP, PSA, FEM, FA, PPCR. Ça fait tout de suite envie.

Une caste tient donc le manche d’une gigantesque partie de poker menteur. Ou de pouilleux, ce jeu où il ne faut surtout pas se retrouver avec le valet de pique à la fin. Tout le monde ment, et personne ne veut être le pouilleux de Copenhague. Il faudra montrer qu’on est le meilleur, et en tout cas pas le pire. D’un côté les mastodontes du Sud, Chine en tête, qui ne veulent pas qu’on les oblige à diminuer leur croissance. Et d’un, ils n’ont que ça dans la tête. Et de deux, si ça s’arrête, c’est l’explosion sociale, avec eux au milieu. De l’autre, le Nord, pour lequel la frénésie de consommation matérielle n’est pas négociable. Il n’y a, pour ses dirigeants, qu’une voie et une seule : l’expansion, le ravage, la télévision plasma dans toutes les pièces. Entre les deux, les pégreleux d’Afrique ou des îles menacées par la montée des mers, qui vont tenter d’arracher des miettes.

Pour ce qui nous concerne, nous les Français, la chance est au rendez-vous. Car nous avons Sarkozy, bien entendu. Dans son univers d’esbroufe et de sondages, il suffit de trois caméras pour monter tout un cirque. Le Grand Barnum n’attend plus que lui. Que va-t-il se passer ? Rien. Il va chanter la gloire du piteux Grenelle de l’Environnement, vanter notre magnifique nucléaire, qui émet si peu de gaz à effet de serre, et serrer la main des Indiens, et des Mexicains, et des Indonésiens et des Malgaches et des Surinamais et des Fidjiens.

La loi sur l’énergie votée le 13 juillet 2005 oblige théoriquement à diviser par quatre nos émissions de gaz avant 2050. Ce qu’on appelle une révolution, qui passerait par une rupture dans nos modes de vie. Mais les connaisseurs du dossier ricanent ouvertement, et certains l’écrivent. Jean Syrota, rapporteur de la très officielle Commission Énergie, en 2008 : « Les résultats des scénarios volontaristes traduisent l’extrême difficulté pratique de dépasser le facteur 2,1 à 2,4, sans changement profond des comportements et sans rupture technologique prévisible à ce jour (1) ». Traduction : l’objectif de division par 4 à l’horizon 2050 est une vue de l’esprit. Disons une pignolade. Et Syrota le polytechnicien d’ajouter cette phrase faite pour les inventeurs de la prime à la casse automobile : « Il est clair que les tendances actuelles en matières de déplacements privés, de transport de matières premières pondéreuses ou de produits manufacturés ne sauraient être durablement prolongées ».

Cela, Sarko le sait évidemment, mais comme il veut être réélu tranquillement en 2012, il lui faut à la fois ne rien faire et prétendre le contraire. Ne rien faire qui indispose sa base sociale, pour qui – exemple entre 100 -, la bagnole est sacrée. Et faire croire aux naïfs qui ont cru au Grenelle que Sarko est écolo, ce qui ne pourrait qu’aider à ratisser des voix au premier tour des présidentielles, décisif pour creuser l’écart.

Donc, rien de vrai. Le vrai, c’est que les émissions mondiales de gaz explosent. Elles ont augmenté de 41 % entre 1990 et 2008, alors que le protocole de Kyoto espérait une baisse de 5,2 % en 2012, c’est-à-dire demain. Ces chiffres vont au-delà du scénario le plus pessimiste établi par le Giec, comme vient de le constater, effaré, le climatologue Hervé Le Treut. Encore y a-t-il peut-être pire. 26 climatologues de grande réputation parlent désormais d’une augmentation moyenne de la température de 7° aux alentours de 2100 (2). Un authentique cataclysme, qui balaierait tout.

Fermez donc la télé, car vous n’y apprendrez rien. La clé de Copenhague est ailleurs. Notre Nord à nous, Etats-Unis compris, a un besoin vital que le Sud continue à produire des merdes à prix cassés. Des fringues, des jouets, des ordinateurs. C’est ainsi et seulement ainsi qu’ils pourront continuer à acheter nos turbines, nos avions, nos centrales nucléaires, nos parfums. Le Sud ne peut donc que poursuivre la marche en avant vers l’abîme, et augmenter massivement ses émissions de gaz. Et nous aussi, mais un peu moins, car nous cramons du combustible fossile depuis déjà deux siècles.

Un exemple, pour la route. L’élevage mondial, essentiellement industriel, émet selon la FAO (2006) plus de gaz à effet de serre – 18 % – que tous les transports humains réunis, de la bagnole à l’avion, en passant par le train et le bateau. Mais une nouvelle étude américaine sérieuse (3), reprenant les comptes à zéro, estime que l’élevage représenterait 51% des émissions humaines. Le meilleur moyen de lutter contre le dérèglement climatique, dans tous les cas, serait de diviser l’hyperconsommation de viande par trois ou quatre. Mais aucun responsable n’en parle, car ce serait s’attaquer enfin à un lobby industriel. Et donc, silence.

Ce qui est en cause à Copenhague, c’est un principe d’organisation. Une histoire enracinée, dominée par un imaginaire devenu fou. Le monde est devenu une industrie. Elle commande tout. Navré de le dire brutalement, mais ce sera elle, ou nous.

(1) Perspectives énergétiques, 2008

(2) The Copenhagen Diagnosis, 2009 : Updating the World on the Latest Climate Science

(3) Livestock and Climate Change, WorldWatch, novembre-décembre 2009