Archives de catégorie : Climat

La faute à Christian (je n’y suis pour rien)

Ce rendez-vous devient une friche, et c’est très bien ainsi. J’ai déjà prévenu que je n’avais plus assez de temps pour l’entretenir aussi souvent que dans le passé récent. Mais Christian Berdot veille. Il vient de m’envoyer la traduction – la sienne – d’un article du grand éditorialiste George Monbiot. C’est passionnant (si, Hacène). Réfrigérant, aussi. On peut préférer regarder de l’autre côté. J’ai moi-même cette tentation, et de plus en plus souvent, je le crains. Enfin, voyez (ici, le texte original anglais).

Climat : il nous reste une chance

publié dans le Guardian du 25 novembre 2008

Les dernières données scientifiques montrent que pour prévenir un emballement climatique, il faut totalement décarboniser nos sociétés.

Georges Bush se comporte comme un débiteur furieux dont la maison va être saisie. Il brise la porcelaine, arrache les portes de leurs gonds, il est déterminé à ne rien laissé d’intact jusqu’au moment où le futur propriétaire l’expulsera. Avec les derniers règlements qu’il a fait adopter, livrant les espaces sauvages des Etats-Unis aux entreprises forestières et minières, jetant à la poubelle les contrôles anti-pollution, dépeçant les lois de protection de la nature, il va faire plus de mal durant les 60 derniers jours de sa présidence que dans les 3000 qui ont précédé (1).

Ses partisans – parmi eux les pires pollutocrates des Etats-Unis – demandent ses faveurs. Mais cette dernière crise de vandalisme représente aussi ce à quoi la présidence Bush se résume. Détruire n’est pas un produit accidentel de cette idéologie. Détruire est l’essence même de cette idéologie. Le néo-conservatisme, c’est le pouvoir qui s’exprime en montrant que n’importe quelle partie du monde peut être réduite en un tas de décombres.

S’il est maintenant trop tard pour prévenir un emballement climatique, l’équipe Bush est en grande partie responsable. En détruisant volontairement le Climat Tempéré – cet interlude de températures douces qui a permis à l’humanité de s’épanouir – ils font passer les massacres massifs qu’ils ont organisés en Irak, au second rang comme crime contre l’Humanité. Bush a lancé sa guerre contre la science avec la même détermination stupide qu’il a déclaré la guerre au terrorisme.

Est-ce trop tard ? Répondre par oui à cette prédiction, c’est la réaliser. Affirmer qu’il n’y a rien à faire, c’est être sûr que rien ne sera fait. Mais même un optimiste déterminé comme moi trouve toujours plus difficile de garder espoir. Le nouveau condensé des données scientifiques publiées depuis le rapport du Panel Intergouvernemental de l’an dernier laisse entrevoir que les processus climatiques critiques pourraient avoir commencé et ce presque un siècle avant les dates prévues (2).

Il y a à peine un an, le Panel Intergouvernemental annonçait que « l’on prévoyait que la dernière mer de glace arctique de fin d’été pourrait disparaître presque complètement d’ici la fin du XXI ème siècle, d’après certains modèles » (3). Les courbes de la fonte actuelle sont en chute libre sur les diagrammes, comme celle d’une météorite tombant vers le sol.

Oubliez ces diables d’ours polaires, c’est de nous qu’il s’agit.  Alors que la glace disparaît, la région s’assombrit et absorbe donc plus de chaleur. Un récent article publié dans Geophysical Research Letters montre que le réchauffement supplémentaire dû à la disparition des glaces pénètre de 1500 km à l’intérieur des terres, recouvrant presque entièrement la région du permafrost permanent (4). Les sols gelés arctiques contiennent deux fois plus de carbone que toute l’atmosphère (5). Tant que les sols restent gelés, il reste captif. Mais la fonte a commencé. Les dégagements de méthane s’échappent avec une telle force dans certains endroits qu’ils maintiennent l’eau de lacs arctiques libres durant tout l’hiver (6).

Les effets de la fonte du permafrost ne sont incorporés dans aucun modèle climatique global. Un emballement climatique dans la seule région arctique pourrait faire basculer la planète entière dans une nouvelle ère climatique. Le Climat Tempéré pourrait s’effondrer plus vite et à plus court terme que les scénarios les plus sombres ne l’ont prévu.

Le discours de Barack Obama, lors du sommet climatique des Etats-Unis, la semaine dernière, a montré une évolution étonnante (7). Il montre que dans ce domaine, au moins, on peut espérer de profonds changements aux Etats-Unis. Mais alors qu’il présentait un plan applicable pour s’attaquer aux problèmes évoqués lors du sommet de la Terre en 1992, les mesures qu’il propose sont désespérément dépassées. Nos connaissances scientifiques ont avancé. Les phénomènes que le Sommet de la Terre de 92 était censé prévenir, sont en train de se produire. Grâce aux tactiques de destruction de Bush senior, Clinton (et Gore) et Bush junior, des programmes réguliers et raisonnables comme les propose Obama sont aujourd’hui sans effet. Comme le rapport du Panel Intergouvernemental le montre, les années de sabotage et d’immobilisme ne nous ont laissé qu’une seule chance : un programme radical de substitution totale de l’énergie.

Un article du Tyndal Center pour la Recherche sur les Changements Climatiques montre que si nous voulons nous donner une chance à peu près bonne (8,9)  d’éviter plus de 2° de réchauffement, les émissions globales dues à l’énergie doivent atteindre leur pic en 2015 et baisser ensuite de 6 à 8% de 2020 à 2040, pour atteindre une décarbonisation totale de l’économie peu après en 2050 (10). Sachant que même ce programme ne pourrait marcher que si certaines hypothèses optimistes concernant les réponses de la biosphère se révélaient justes. Pour obtenir une chance élevée d’éviter un réchauffement de 2°, il faut une réduction des émissions mondiales de 8% par an.

Est-ce possible ? Est-ce acceptable ? L’article du Tyndal Center souligne que des réductions annuelles dépassant les 1% « correspondent à des périodes de récession ou de bouleversements ». Lorsque l’Union Soviétique s’est effondré, elles diminuèrent de 5% par an. Mais on ne peut répondre à ces questions qu’en tenant compte des alternatives. Les deux courbes proposées à la fois par Barack Obama et Gordon Brown – une diminution de 80% en 2050 – signifient une diminution de 2% par an. Un tel programme, d’après ce que les données du Tyndal Center suggèrent, nous condamne à un réchauffement de 4 ou 5° (11), ce qui signifie l’effondrement de la civilisation humaine dans la plupart des régions du globe. Est-ce que cela est acceptable ?

Les coûts d’un plan d’économie et de remplacement total de l’énergie serait astronomique, et son rythme improbable. Pourtant, les gouvernements des nations riches ont déjà mis en place un plan similaire, dans un autre but. Une enquête du réseau de Télé NBC estime que le gouvernement fédéral des Etats-Unis a déjà dépensé 4 200 milliards de dollars pour répondre à la crise financière, plus que les dépenses totales pour la Seconde Guerre Mondiale en tenant compte de l’inflation (12). Est-ce que nous voulons rester dans l’histoire comme la génération qui sauva les banques mais laissa la biosphère s’effondrer ?

Cette démarche est contestée par Sharon Astyk. Dans un nouvel essai intéressant, elle souligne que remplacer les infrastructures énergétiques mondiales, implique « une charge énorme en carburants fossiles », nécessaires pour fabriquer les turbines à vent, les voitures électriques, les nouveaux réseaux de connections, l’isolation et tout le reste (13). Cela pourrait nous faire passer le point de non retour. A la place, propose-t-elle, nous devrions demander aux gens « de faire des sacrifices à court terme, radicaux », en réduisant en 5 ans, notre consommation de 50%, avec peu de recours à la technique. Il y a deux problèmes : le premier c’est que des tentatives précédentes montrent qu’on ne peut pas compter sur une abstinence volontaire. La deuxième est qu’une bisse de 10% de la consommation d’énergie alors que l’infrastructure reste presque inchangée dans son ensemble signifie une baisse de 10% de la consommation : une dépression plus importante que tout ce que le monde moderne n’ait jamais connu. Aucun système politique – même une monarchie absolue – ne pourrait survivre à un effondrement de cette ampleur.

Elle a raison sur les risques liés à un « new deal » technologique vert mais ce sont des risques que nous devons prendre. La proposition d’Astyk prend trop ses désirs pour des réalités. Même les solution techniques qui ont ma faveur se situent dans les marges lointaines de ce qui est faisable.

Est-ce qu’on peut le faire ? je n’en ai pas la moindre idée. Si l’on regarde les dernières données, je dois reconnaître qu’on a peut-être attendu trop tard. Mais il y a une question à laquelle je peux répondre plus facilement. Est-ce qu’on peut se permettre de ne pas essayer. No we can’t. (Allusion au slogan de la campagne d’Obama : Yes we can.)

1. Suzanne Goldenberg, 20th November 2008. President for 60 more days, Bush tearing apart protection for America’s wilderness. The Guardian.

2. Public Interest Research Centre, 25th November 2008. Climate Safety. www.pirc.info

3. Intergovernmental Panel on Climate Change, Working Group I. Technical Summary, p73. http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/wg1/ar4-wg1-ts.pdf

4. David M. Lawrence et al., 2008. Accelerated Arctic land warming and permafrost degradation during rapid sea ice loss. Geophysical Research Letters, Vol. 35, 11506.
doi:10.1029/2008GL033985.
http://www.cgd.ucar.edu/ccr/dlawren/publications/lawrence.grl.submit.2008.pdf

5. Edward A. G. Schuur et al, September 2008. Vulnerability of permafrost carbon to climate change: implications for the global carbon cycle. Bioscience, Vol. 58, No. 8, pp.
701-714. doi:10.1641/B580807
http://www.bioone.org/perlserv/?request=get-document&doi=10.1641%2FB580807

6. United Nations Environment Project, 4 June 2007. Melting Ice – a Hot Topic? Press
Release. http://www.unep.org/Documents.Multilingual/Default.asp?DocumentID=512&ArticleID=5599&l=en

7. http://www.congresscheck.com/2008/11/18/obama-promises-return-to-global-climate-change-negotiations/

8. Kevin Anderson and Alice Bows, 2008. Reframing the climate change challenge in light of post-2000 emission trends. Philosophical Transactions of the Royal Society A. Published online. doi:10.1098/rsta.2008.0138
http://www.tyndall.ac.uk/publications/journal_papers/fulltext.pdf

Anderson and Bows state that “The framing of climate change policy is typically
informed by the 2 degrees C threshold; however, even stabilizing at 450 ppmv CO2e [parts per million of carbon dioxide equivalent] offers only a 46 per cent chance of not exceeding 2 degrees C.” This estimate is given in the following paper:

9. Malte Meinshausen, 2006. What Does a 2°C Target Mean for Greenhouse Gas Concentrations? A Brief Analysis Based on Multi-Gas Emission Pathways and Several Climate Sensitivity Uncertainty Estimates. In Hans Joachim Schellnhuber (Ed in Chief). Avoiding Dangerous Climate Change. Cambridge University Press.

10. This is for stabilisation at 450 ppmv CO2e – well above the level that James Hansen and other climate scientists are now calling for.

11. Anderson and Bows note that stabilising atmospheric concentrations even at 650 ppmv CO2e requires that global emissions peak by 2020, followed by global cuts of 3-4% a year. This means that OECD nations will have to cut emissions by even more than this to prevent concentrations from rising above 650. Meinshausen estimates that stabilisation at 650ppmv CO2e gives a 40% chance of exceeding 4 degrees C.

12. CNBC.com, 17th November 2008. Financial Crisis Tab Already In The Trillions.
http://www.informationclearinghouse.info/article21263.htm

13. Sharon Astyk, 11th November 2008. A New Deal or a War Footing? Thinking Through Our Response to Climate Change. http://sharonastyk.com/2008/11/11/a

La lettre volée (un beau casse automobile)

Il y a des jours où l’on a envie d’écrire deux fois. Aujourd’hui, par exemple. Voyons si ces mots vous disent quelque chose : « J’étais à Paris en 18… Après une sombre et orageuse soirée d’automne, je jouissais de la double volupté de la méditation et d’une pipe d’écume de mer, en compagnie de mon ami Dupin, dans sa petite bibliothèque ou cabinet d’étude, rue Dunot, n° 33, au troisième, faubourg Saint-Germain ».

Ce n’est pas un test de culture générale, rassurez-vous. Moi, je ne souhaite qu’une chose pour vous, et c’est que vous ayez reconnu le début de La Lettre volée, d’Edgar Allan Poe, traduite soit dit en passant par Charles Baudelaire. Oui, je vous le souhaite, car il s’agit d’un bref mais véritable chef d’oeuvre du genre.

Par précaution, je résume. Dupin, un détective de la veine d’Holmes, est amené à aider le préfet de police de Paris, un véritable balourd. La preuve immédiate par le texte, où le préfet s’adresse à Dupin :  « Voilà encore une de vos idées bizarres, dit le préfet, qui avait la manie d’appeler bizarres toutes les choses situées au-delà de sa compréhension, et qui vivait ainsi au milieu d’une immense légion de bizarreries. ».

Que cherche le flic ? Une lettre, potentiellement dévastatrice pour le pouvoir. Dupin : « Peut-être est-ce la simplicité même de la chose qui vous induit en erreur ? ». Le préfet : « Quel non-sens nous dites-vous là !  ». Comme on s’en doute un peu, c’est Dupin qui a raison. Il retrouve la lettre volée, qui n’était en réalité nullement cachée. Au contraire, elle se trouvait en évidence sur la table de travail du voleur. Seulement, elle « était fortement salie et chiffonnée. Elle était presque déchirée en deux par le milieu, comme si on avait eu d’abord l’intention de la déchirer entièrement, ainsi qu’on fait d’un objet sans valeur ».

Bien joué Dupin ! Et tentons de lui rendre hommage. Y a-t-il un rapport entre La Lettre volée et l’industrie automobile ? Eh, eh, sait-on jamais ? Je vous rappelle ou vous informe que l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) vient de demander une aide publique de 40 milliards d’euros, sous la forme de prêts à intérêts réduits (lire ici). Avec en prime cette phrase goûteuse de Christian Streiff, directeur de PSA (et président de l’ACEA) : « Cette mesure donnera un signal important pour rétablir la confiance des consommateurs et des marchés financiers ».

Ce n’est pas tout, non, trois fois non. Le lobby de la bagnole réclame également des subventions pour inciter les possesseurs d’engins à se débarrasser de leurs vieilles voitures pour en acheter des neuves. On atteint droit au sublime avec ces mots figurant dans le communiqué de l’ACEA, en anglais bien entendu : les aides publiques « would provide conditions under which the objectives of the CO2 legislation as currently debated by the European Parliament and the EU member states could become more realistic, enabling manufacturers to achieve the desired results ». C’est une langue si désolante que je me contente de vous en traduire la substance. Des subventions permettraient de rendre plus réalistes les objectifs européens de réduction d’émission de gaz carbonique, en aidant les constructeurs à parvenir aux « résultats désirés ».

Pour le cas où les politiques seraient définitivement sourds, l’ACEA rappelle, tout en finesse, le poids économique de la bagnole. Les millions d’emplois directs, qu’il faut multiplier par près de cinq en y incluant la chaîne – le mot exact – de boulots de toutes sortes qui y sont associés.

Alors ? Au risque d’être une nouvelle fois vulgaire, il appert de ce qui précède que l’industrie automobile tient le système par les couilles. Pardonnez, il faut appeler de la sorte ce qui se déroule sous nos yeux. Et qui est aussi évident – nous y voilà – que La Lettre volée sur la table. L’industrie, arguant de la crise financière, arguant de la crise écologique même, veut faire payer une deuxième fois ses tas de ferraille. Et les deux fois par les mêmes : nous. Bon, moi, je ne paierai qu’une fois, car je n’ai pas de voiture. Mais tous les autres ?

L’affaire est d’une grossièreté exceptionnelle. Profitant du chaos, camouflée derrière le rideau de fumée du krach en cours, la bagnole individuelle entend se relancer. Non pas seulement survivre, mais bel et bien repartir à l’assaut de ce qui résiste encore, notamment dans les pays du Sud. Pas de doute, la manoeuvre est écologique : on jette ce qui roule parfaitement, et qui pèse son poids lourd de matières premières plus précieuses que l’or. Et puis on tape à nouveau dans le stock d’acier, de pétrole, et de souffrance humaine au travail.

Franchement, si ces salauds obtiennent satisfaction…

PS : je rajoute un mot, vers 13 heures, ce mercredi 8 octobre 2008. En épigraphe de La Lettre volée, Poe place une citation latine :  Nil sapientiae odiosius acumine nimio ( « Rien en fait de sagesse n’est plus détestable que d’excessives subtilités »). Poe l’attribue à Sénèque, mais ces mots n’ont jamais été retrouvés dans les textes de ce dernier. On peut donc penser à une (belle) invention. Une trouvaille qui fait réfléchir, et dont on voit l’intérêt quand il s’agit de décrire et de combattre le monde dans lequel nous sommes condamnés à vivre.

Vive le Mondial de l’auto ! (attention, antiphrase)

Eh oui, mesdames et messieurs, très chers, le Mondial. À Paris, tout près de chez moi. Le Mondial de l’automobile ouvre ses portes aujourd’hui. Vous dire ce que j’en pense ? Vous le savez déjà si vous avez déjà lu deux ou trois bricoles de moi, mais pour plus de sûreté, je vous suggère de multiplier ce que vous imaginez par un facteur dix. Non, cent. Je vomis cette merde dans sa totalité.

Oui, la sacro-sainte bagnole, qui fait bandouiller cette partie de l’humanité dans laquelle je ne vois que ténèbres. Privilège de journaliste, j’ai reçu en service de presse – gratuitement, donc – un livre d’exception. Son problème, c’est le prix : 59 euros. Et je ne peux pas même vous recommander de le voler, car il est encombrant. Mais à part cela, quelle vision ! Le photographe Alex MacLean a survolé les États-Unis pendant des décennies, et nous montre ce qu’est devenue l’Amérique des pionniers, deux siècles seulement après la première grande traversée du continent par les capitaines Clark et Lewis.

Ces photographies procurent une poussée hallucinatoire qui n’est pas si loin des effets (désastreux) du LSD. Ainsi, nous en sommes là ! Dans Over (Visions aériennes de l’American Way of Life : une absurdité écologique, La Découverte/Dominique Carré Éditeur), MacLean ne nous épargne rien. Nous y voyons les mailles d’anciens projets de lotissements dans le désert. Des banlieues dantesques s’étendant à l’infini. Des centrales électriques qui tuent toute perspective. Des étendues de champs au cordeau comme la Beauce elle-même n’ose les penser. Des villages de mobile-home. Des villes entières de mobile-home. Des immensités sans borne de rocades, routes, autoroutes, idoles dédiées au monstre qui nous tue tous peu à peu.

Car le héros central du livre de MacLean est la voiture individuelle, qui a changé jusqu’à l’organisation des villes, bouleversé l’apparence de la nature et de la vie dans ses moindres détails. La bagnole est la mort de l’homme. Sur roues. (Je vous signale un très bon article sur le livre dans Le Monde, signé Hervé Kempf, lire ici).

Ma hargne n’étant pas épuisée par si peu, je vous invite à prendre connaissance du numéro d’octobre de 60 millions de consommateurs. Une enquête y révèle que les constructeurs automobiles font ce qu’ils veulent. Ce n’est pas une révélation. Non, il est vrai, et je me reprends. Une confirmation, donc, mais quelle ! Le magazine a testé la consommation de carburant de trois véhicules : la Citroën C1, la Renault Mégane, et le Volkswagen Touran. Le résultat est que la consommation réelle est comprise entre 20 % et 60 % de plus que ce que prétendent les marchands.

Et l’explication est d’une simplicité rafraîchissante : l’industrie réalise elle-même ses tests – en labo, jamais sur la route – et les confie ensuite gentiment à l’administration. Or donc, tout est bidon, à commencer par les émissions de gaz carbonique annoncées, bien entendu proportionnelles à la consommation d’essence. Ce système hautement moral semble être né en 1980, et cette date me rappelle une étude américaine dont je n’arrive pas, pour l’heure, à retrouver la trace. Sandro Minimo aurait-il une idée ? Cette étude, de 2 000 à peu près, concluait qu’en vingt ans, depuis 1980 précisément, la consommation moyenne des véhicules automobiles américains n’avait pas baissé, contrairement à ce que claironnait la publicité.

Et pourquoi ? Mais à cause des gadgets de tous ordres, et de l’explosion des ventes de 4X4, qu’on appelle là-bas des SUV. Aux lecteurs de ce blog âgés d’au moins 10 ans, je rappelle qu’ils ont vécu, douloureusement certes, dans un pays sans clim’ dans les autos. Je vous jure. Il y a six ou sept ans – plus ? -, nul en France ne parlait de climatiser les bagnoles. Et puis une campagne obsédante, digne réellement d’autres régimes et d’autres latitudes, a clamé brusquement qu’il nous fallait la clim’ partout. PARTOUT. Et que, bientôt, ceux qui n’en disposeraient pas à bord de leurs jolies totos seraient des zozos, moqués par le voisinage. Je crois – je ne vais jamais regarder de près – que toutes les voitures neuves sont désormais équipées. Détail sans conséquence autre que l’aggravation du désastre climatique : quand la clim’ marche, la consommation d’essence augmente en moyenne de 15 %. Relisez, réalisez : 15 %.

Bon, je me dois de finir sur une bonne nouvelle, et remercie Philippe pour son commentaire (lire ici) sur le combat des paysans indiens du Bengale contre l’ogre Tata, qui souhaitait bâtir une usine automobile (les fameuses Nano) sur des terres agricoles. Je trouve Philippe un chouïa optimiste, mais en effet, il semble que Tata, cher au coeur du grand écologiste français Pierre Radanne, ait pris un pain en pleine gueule (lire ici). Si cela se confirme, je jure ici, solennellement, que je me saoulerai au champagne (bio).

PS : Je me rends compte, me relisant, qu’il a pu m’arriver dans ce papier d’être grossier, ce que j’évite généralement. Mettons cela sur le compte de la détestation du monde des moteurs et de la vitesse. Je ferai attention.

À lire calmement et avec application (sérieux)

Court prologue : si vous en avez l’occasion, faites circuler s’il vous plaît les informations développées ci-dessous. Pas nécessairement mon texte. Dans ce domaine si particulier, le moindre copyright serait encore plus insupportable qu’ailleurs. Mais ce qu’il contient non seulement nous concerne, mais nous oblige. À quoi ? Chacun répondra pour lui-même.  

Prenez votre temps, je vous en prie, nous ne sommes pas à une heure près. Prenez votre temps pour lire ce qui suit, et que je n’ai pas tiré de ma besace pour gâcher votre journée. Prenez votre temps, vous m’obligeriez, car c’est encore plus important que d’habitude. Pour commencer, je vous présente un organisme international que vous ne connaissez peut-être pas. Tel était mon cas encore hier : il s’agit du Global Carbon Project (GCP), qui rassemble des scientifiques de bonne tenue, du monde entier. Ce machin-là étudie ou tente d’étudier dans sa totalité le cycle du carbone, l’un des constituants de la vie. C’est lui qui, sous la forme de CO2, contribue le plus à aggraver l’effet de serre, lequel est la base du dérèglement climatique en cours.

Si j’étais Claude Allègre, j’aurais déjà éructé sur ces savants qui affolent le monde pour remplir les caisses de leurs laboratoires. Mais j’ai l’honneur de ne pas être Claude Allègre, et je continue donc mon petit chemin de lanceur d’alerte. Alors, voici : selon Corinne Le Quéré (université d’East Anglia et British Antarctic Survey), membre du GCP, « depuis 2000, les émissions [de gaz à effet de serre] ont crû en moyenne de 3,5% par an, soit quatre fois plus vite qu’entre 1990 et 2000, où cette augmentation annuelle n’avait été que de 0,9% environ (ici ) ».

Dans l’absolu, c’est dingue, mais relativement aux prévisions du Giec, c’est encore pire. Le Giec est cette Internationale scientifique qui, dans le cadre de l’ONU, cherche à modéliser l’évolution du climat planétaire. Le Giec est le modeste phare dont nous disposons pour éclairer les ténèbres de l’avenir. Eh bien, les pires prévisions du Giec sont actuellement fondées sur une augmentation moyenne annuelle des émissions de gaz de 2,7 %. Et nous en sommes à 3,5 %. Les pires prévisions, je me permets d’insister lourdement.

Est-ce tout ? Mais non ! Les pays développés, qui avaient pris des engagements chiffrés à Kyoto, en 1997 – à l’exception de cet excellent Bill Clinton – n’ont globalement pas diminué leurs rejets. Et les pays du Sud, dont la Chine et l’Inde, voient les leurs exploser sans aucune retenue. Je m’empresse d’ajouter que j’éprouve des doutes quant à certaines affirmations du GCP (ici). Il existe en effet une grande incertitude concernant la déforestation en zone tropicale. Des spécialistes sérieux – je dois dire que je juge leur propos crédible – signalent par exemple que le drainage de tourbières dans un pays comme l’Indonésie relâche des quantités effarantes de gaz à effet de serre, qui ne sont prises en compte par personne.

Mais je reviens au bilan du GCP. La leçon est simple : rien n’a bougé en vingt ans. Car il y a vingt ans que l’alerte mondiale a été lancée, notamment par la revue scientifique Nature. Car il y a dix ans qu’a eu lieu la funeste conférence mondiale de Kyoto, d’où sont sortis des voeux pieux, et des engagements ridicules. Or, même cela ne sera pas atteint en 2012, au moment du bilan du fameux Protocole dit de Kyoto. Pensez une seconde à toutes ces informations bidon publiées ici ou là. Pensez à ces envolées du haut des tribunes. À ces dizaines de conférences ronflantes, rutilantes et sublimes. À ces milliers de discours. À tous ces misérables Grenelle de l’Environnement, quel que soit le nom qu’on leur donne et donnera. Pensez à ces entreprises, transnationales ou non, qui font semblant d’agir, aidées par des journaux devenus sans morale, et sans objet, mais surchargés de publicité à la gloire du néant. Pensez que 90 % des « nouvelles » circulant dans un pays comme le nôtre concernent l’âge du capitaine et de Johnny Halliday. Les affres de PPDA et cette grossesse de Carla Bruni, qui se fait attendre. Le mariage de la Princesse, suivi de son divorce, puis de sa tentative de suicide. En conscience, en toute certitude, nous avons ouvert ensemble une boîte de Pandore aux dimensions sans précédent.

Il y a une manière de continuer à croire en l’avenir. Et cela concerne justement Pandore. On discute encore sur le contenu réel de cette boîte, qui était une jarre. Elle contenait tous les maux de l’humanité, pour sûr. Dont la mort. Mais aussi, selon certaines traductions – contestées, hélas -, l’Espérance. Admettons la présence de cette dernière, car sait-on jamais. Il reste que l’irresponsabilité collective dont nous faisons la preuve à propos du climat me renforce dans ma volonté de rupture personnelle, intime, définitive avec ce monde et ses représentants officiels.

Plus jamais je n’accorderai la moindre confiance à qui ne mettrait au premier plan cette question clé. Cela vaut pour tous et chacun, à commencer par les pitoyables politiques de toute tendance, ceux que nous méritons, certes. Si nous sommes capables de réunir assez de force morale collective pour rendre ce sujet obsédant, alors oui, l’Espérance sortira de la boîte de Pandore. Et sinon, Inch’Allah. Je ne nie pas, vous le savez, les autres impasses écologiques, celles qui touchent les océans, les sols, les eaux douces, les forêts. Mais la mère des batailles, qui les commande toutes, c’est le climat. D’après des estimations on ne peut plus prudentes, bien qu’affolantes, un centimètre d’élévation du niveau des mers créerait mécaniquement sur terre un million de réfugiés écologiques en plus (ici).

Pour l’heure, nous perdons pied. L’économie assassine le monde, et nous lui offrons notre flanc et notre gorge. Il faut, il faut, il faudrait. Il va falloir se lever. Je ne sais pas comment. Je sais juste qu’il faudra.

 PS qui ne rajeunira personne : Le 23 mars 1995, j’ai écrit dans le journal Politis une chronique dont le titre était Avis de tempête. Cela se passe aisément du moindre commentaire. Ci-dessous, in extenso.

On envie leur bonne humeur et leur goût de la plaisanterie. C’est à qui sera le plus joueur : monsieur Balladur assure qu’il vaincra les méchants, monsieur Chirac qu’il aime l’Europe; quant à monsieur Jospin, il propose, vingt ans après un programme socialiste qui exigeait les 35 heures, 37 heures de travail hebdomadaire dans deux ans. Quelle drôlerie !

Pendant ce temps, le climat change. Pas celui du microcosme ni même celui de la France éternelle, mais plus gravement peut-être celui de Gaïa, notre terre, notre mère. Du 28 mars au 7 avril, une conférence des Nations-Unies – sorte de nouveau Rio – doit décider à Berlin de mesures pour lutter contre l’effet de serre. Certes, on est très loin d’être sûr de tout dans ce domaine pourtant décisif. Mais les lobbies à l’oeuvre n’ont quant à eux aucun doute sur la marche à suivre : il faut et il suffit de saboter toute politique de prévention.

L’Arabie saoudite notamment, qui redoute comme la peste une diminution de la consommation de pétrole, aura tout tenté, dans les coulisses, pour que la conférence échoue. On peut imaginer les moyens utilisés, dans ce monde où tout s’achète. Caricatural, le royaume wahabite n’est pourtant pas isolé : Texaco, Shell, Amoco, BP et compagnie – c’est le cas de le dire – sont allés jusqu’à créer une organisation spéciale, Global Climate Coalition, pour défendre le intérêts de la boutique.

Le malheur, c’est que tous les gouvernements, peu ou prou, sont d’accord avec les boutiquiers. Le nôtre n’a guère besoin d’aller à Berlin, car il a déjà fait connaître sa position.Un seul exemple : le transport par poids lourds produit cinq fois plus de CO2 au km que par train. Dans la vallée d’Aspe, il y a une voie de chemin de fer, inutilisée depuis 25 ans. Il y aura demain un tunnel, pour y faire passer les 38 tonnes. Quand viendront les tempêtes climatiques, Chirac, ou Balladur, ou encore Jospin nous trouveront bien une solution. Un parapluie, peut-être ?

Éric Fottorino et Sylvie Brunel (un beau duo)

Tout le monde ne lit pas le journal Le Monde. Moi-même, qui l’ai découvert par miracle lorsque j’avais 14 ans – ce qui aura probablement modifié le cours de ma vie -, je ne suis plus un fidèle. Plus d’une fois, il me tombe des mains. Est-ce bon signe pour le quotidien ? Pour moi, peut-être ? ¿Quién sabe?

Hier au soir, en tout cas, je l’ai lu. Depuis quelques mois, je savais que l’équipe du journal préparait une nouvelle rubrique quotidienne de deux pages, appelée Planète. Centrée, m’avait-on dit, sur la crise écologique. Et j’en étais heureux, bien que l’initiative arrivât fort tard compte-tenu de l’aggravation des problèmes. Il n’empêche : j’en étais bien satisfait.

La une du Monde datée du mercredi 24 septembre 2008 ouvre à droite sur un éditorial d’Éric Fottorino, le patron (ici). Sous le titre Bienvenue sur notre Planète, il présente le nouvel espace réservé donc à… Et c’est là que les choses se compliquent et s’emberlificotent. Car dans la première partie, qui figure donc en couverture, le mot écologie n’est pas prononcé. Bizarre, bizarre, je vous assure cher cousin et cher lecteur que cette absence m’a semblé bizarre. D’autant que la présentation faite par Fottorino fleure bon la bluette. Planète devra aider Le Monde – je cite – à « expliquer le monde tel qu’il est et surtout tel qu’il vient, apporter des des débuts de réponse clairs à des phénomènes complexes ».

Comme j’aime la langue de bois ! Quelle musique inimitable ! Ce n’est pas tout, car il me fallait tourner la page pour terminer la lecture de l’éditorial. Et là, le sublime. Directement et sans détour, le sublime. Une nouvelle citation : « Notre intention n’est pas d’accumuler dans ces pages un stock accablant de mauvaises nouvelles ! Se borner à rendre compte des catastrophes planétaires, des cyclones, raz de marée, fontes des glaciers et autres destructions forestières serait inapproprié, de même qu’observer les migrations par le seul prisme des réfugiés écologiques ou des sans-papiers désespérés. Au contraire, tout un chacun, individu, entreprise, Etat ou groupe d’Etats, unions régionales ou mondiales, est en mesure d’apporter des solutions aux défis naturels de ce troisième millénaire ».

Je compte sur votre propre lecture critique, et me contente d’un mot sur l’admirable et, je l’espère, inoubliable : « Se borner à rendre compte… ». Pardonnez, j’en oubliais un deuxième. Le Monde ne versera pas dans un « scientisme forcené ». L’adjectif forcené est une trouvaille géniale, surtout sous la plume de Fottorino, qui est aussi un écrivain. On peut donc espérer – sait-on jamais ? – qu’il connaît le sens des mots. Et donc, je note qu’il rejette noblement le « scientisme forcené ». Mais pas le scientisme, dont je rappelle qu’il est une sorte de foi dans les vertus supposées de la science à régler les principaux problèmes humains. Éric, merci.

Et ce n’est pas tout. Cet éditorial est un régal, un festival de l’idéologie, camouflée comme il se doit sous les ors de la raison et des grands principes. Car Fottorino ose enfin évoquer la menace des menaces, ce dérèglement climatique qui désorganise déjà la vie de centaines de millions d’humains. Je sais que ce n’est pas très grave quand il s’agit de sortir chaque jour un journal, tâche glorieuse de notre grand journaliste-écrivain. Je le sais, et le prie respectueusement de pardonner ce qui suit.

Qui est ? Disons un pleur, se changeant faute de mieux en rire débondé, frôlant un peu – j’avoue tout – l’hystérie. Car Fottorino, signant un article-clé du grand quotidien de référence français, nie tout simplement la crise climatique en cours. Non le réchauffement, mais la crise. Oh certes, d’une manière telle qu’aucun esprit honnête ne saurait lui en faire reproche. Oh ! on sait encore écrire, et l’on prend les précautions idoines. Pourtant, Fottorino nie. Comment ? En s’appuyant d’une manière hypocrite sur la géographe Sylvie Brunel. Laquelle est une anti-écologiste primaire, dans la belle tradition de ce grand couillon de Luc Ferry.

« Spécialiste de l’humanitaire » – elle a été présidente d’Action contre la faim (ACF) -, elle ne cesse de pourfendre les gens dans mon genre. Je n’ai pas le temps d’insister, mais je vous promets un article complet sur elle, car elle le mérite, ô combien. Proche des thèses de Claude Allègre et de son clone Lomborg (“L’Écologiste sceptique”), elle ne croit rien des menteries sur la dégradation des écosystèmes. Rien. J’ajoute, pour avoir lu certains de ses textes, sur lesquels je reviendrai, qu’elle est formidablement ignorante. Mais à un point qui étonne un peu, tout de même. Y compris sur le sujet de prédilection qui est le sien, ce fameux « développement » qui ruine le monde. Brunel, qui le défend ardemment et constamment, est bien obligée de noter qu’il n’a pas atteint ses objectifs. Mais pourquoi ? La réponse, qui figure dans l’un de ses derniers livres (Le développement durable, PUF, coll. Que sais-je ?) est d’une profondeur telle qu’elle finirait par faire douter (d’elle). Je vous la livre : « Ce ne sont ni l’argent ni les moyens qui manquent, mais une volonté concertée ». Mazette, nous sommes dans la stratosphère de la pensée planétaire.

Malgré ce détour, je n’ai pas oublié Fottorino. S’appuyant donc sur l’excellente Brunel, il conclut son noble édito de la sorte : « Gare aux idées reçues, aux modes qui se démodent. “Historiquement, les phases de réchauffement ont toujours été porteuses de progrès”, écrit Sylvie Brunel, citant les opportunités liées selon elle à une montée des températures : la libération de terres cultivables sur les hautes latitudes, l’augmentation de la période propice à la croissance des végétaux, l’ouverture de nouvelles routes circumpolaires “qui permettront d’économiser l’énergie nécessaire aux trajets actuels qui contournent les continents par le sud” ».

Oui, vous avez bien lu. Éric Fottorino et Sylvie Brunel considèrent que le réchauffement climatique est une chance pour l’humanité, un progrès. Je sais bien qu’ils le croient sincèrement. Mais comme je suis un voyou, j’ajouterai qu’il ne faut pas non plus désespérer Lagardère, qui se trouve être le premier actionnaire extérieur du journal le Monde. Mais oui, notre cher marchand d’armes (entre autres) national joue un rôle clé, désormais, grâce à Jean-Marie Colombani, dans l’avenir d’un quotidien qui fut jadis – comme le temps passe – à peu près indépendant. Un dernier mot sur la pub, cette industrie du mensonge encore plus décisive pour les fins de mois de la presse. Je formulerai l’hypothèse suivante : Le Monde ne peut pas dire la vérité sur l’état de la planète, car celle-ci s’oppose frontalement à la marche des affaires. À la fuite en avant de l’industrie et de ses innombrables produits inutiles, qui tuent la vie sur terre. Le réchauffement climatique est une chance, car sinon, la pub ira ailleurs. Et Le Monde périra. Ite missa est.

PS : Vous faites comme vous voulez, mais je vous conseille de conserver soigneusement le texte de Fottorino. Nous pourrons avec un peu de chance le montrer plus tard à nos enfants et petits-enfants, de manière à ce qu’ils s’étonnent avec nous de l’état de la (non) pensée et de la presse en France, en 2008. Je vous le dis et vous demande de me croire : cet éditorial est un grand document.