Ce n’est pas une blague, c’est vrai. Une publicité fantastique, délirante mais sérieuse, en faveur de l’infernal projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les mots me manquent, mais vous allez les trouver. Tout cela va coûter 300 000 euros pour commencer. Quand il s’agit de ses conneries, Ayrault ne manque pas d’argent.
Archives de catégorie : Développement
Massacre au bois de Tronçay (un autre Notre-Dame-des-Landes)
Une putain d’affaire. Vraiment, on ne voit pas un pareil désastre tous les matins. Je résume, et prie les acteurs locaux d’excuser d’éventuelles erreurs. Comme souvent, les choses sont un peu compliquées. Je commence par le lieu, qui est une forêt de 110 hectares bordée par l’Yonne d’un côté, la rivière Sardy et le canal du Nivernais de l’autre. Nous sommes tout près du du parc naturel régional du Morvan, dans l’arrondissement de Clamecy et le département de la Nièvre. Un château fort connu des historiens, celui de Marcilly, domine les environs.
Pascal Jacob, président du Medef
Le coin est paumé, c’est-à-dire en réalité préservé comme bien peu. Les élus locaux, aussi malins qu’ailleurs, décident voici une poignée d’années de « créer de l’emploi » et achètent à prix d’or, dans des conditions d’ailleurs discutées, le bois de Tronçay, avant de le refiler à une scierie industrielle belge, Fruytier. Laquelle, après mûre réflexion, décide d’aller installer ailleurs en Bourgogne ses activités. Tête des élus, qui ont emprunté et se retrouvent lourdement endettés. Heureusement pour eux arrive Pascal Jacob, président du Medef en Bourgogne. Comme le gars a fait une école du Bois, il a de grandes idées sur le sujet, et depuis une bonne dizaine d’années, il est lobbyiste en chef de l’industrie du sciage. Il a fait le siège de tous les politiques possibles pour leur vendre son idée fixe, qui est de « réindustrialiser les campagnes » par l’installation de scieries. Bon, après le lâchage des Belges de Fruytier, les élus locaux tombent dans les bras de Jacob, dont on lira pour se marrer le blog, chef-d’œuvre on ne peut plus involontaire (ici).
Jacob se lance dans un nouveau projet, toutes voiles dehors (ici, la localisation sur Google Map). À la tête de l’entreprise Erscia, lancée tout spécialement, il entend créer ex nihilo un géant du bois : 300 000, puis 500 000 m3 de grumes sciés sur place chaque année. Sont également prévues une centrale électrothermique et une unité de pelletisation, c’est-à-dire de fabrication de granulés de bois. À quoi on ajoutera pour faire bon poids de la cogénération, cette tarte à la crème désormais dans tous les projets dégueulasses, et de la production d’électricité, ainsi que 120 emplois créés, et 148 millions d’euros d’investissement, etc. Notons ensemble qu’il ne s’agit là que de promesses, qui n’engagent jamais que ceux qui les croient. Mais passons, non sans avoir ajouté que Pascal Jacob est un as de la novlangue qui présente son beau projet comme « exemplaire en matière d’énergie verte », qui se substituera pour sûr « aux énergies fossiles et à l’énergie nucléaire ».
Au pays des pique-prunes
Or donc, un fier capitaine d’industrie veut s’emparer, pour le bien de la planète, d’un bois de 110 hectares. En août 2011, les pelleteuses et les bulls sont là. Suis-je bête ! J’avais oublié de préciser que le projet incluait la dévastation du lieu, par défrichement quasi-total. Jacob ayant oublié un détail – une telle destruction est tout de même soumise à autorisation -, les travaux sont stoppés. Je résume encore, bien obligé. Une enquête publique a lieu, et un premier avis du consultatif Conseil national de protection de la nature (CNPN) est donné. Il est défavorable pour la raison évidente que le bois de Tronçay est une merveille de biodiversité. On y trouve, au milieu de quantité d’autres beautés, des insectes très protégés, comme le Grand capricorne, la lucane cerf-volant, et ce pique-prune qui, jadis, stoppa à lui seul une autoroute (ici). En bref, les promoteurs de cette scierie sont des barbares, espèce qui semble ne jamais devoir être menacée.
Je survole à nouveau. La population locale se mobilise grandement (ici), le CNPN donne au total trois avis défavorables – ce doit être un record -, mais le projet avance à tous petits pas, sans réellement s’arrêter. C’est qu’il est soutenu d’une manière épouvantable par la préfète de la Nièvre, Michèle Kirry, qui doit tout à la gauche gouvernementale, et singulièrement au ministre de la police, Manuel Valls. Ancienne élève de l’Ena, elle a occupé diverses fonctions dans plusieurs ministères avant d’être nommée préfète en novembre 2012. Sitôt arrivée, elle marque le territoire, et de quelle manière ! Le 4 février 2013, madame Kirry pond un arrêté scélérat, qui malgré diverses décisions judiciaires et administratives, ouvre la voie au grand massacre. Une grosse heure après, les les machines sont là, et les arbres tombent.
Christian Paul et Arnaud Montebourg
Question de simple bon sens : pour quelle raison une préfète si récemment arrivée prend-elle une décision aussi grave ? Outre le fait que les élites, en totalité, se contrefoutent de la nature, il faut y ajouter le poids de Christian Paul. Comme on n’a pas le droit d’insulter un noble élu de la République, je m’en garderai bien. Paul est socialo, ancien élève de l’Ena bien sûr, insignifiant secrétaire d’État sous Jospin, entre 2000 et 2002, et il a occupé diverses fonctions locales, parmi lesquelles maire de Lormes, conseiller général, conseiller régional. Il est en ce moment député de la Nièvre. Et bien sûr, il défend de toutes ses forces d’apparatchik le projet de destruction du bois de Tronçay. Quand on n’a pas la moindre idée de l’avenir, pourquoi ne pas faire semblant ? Il a, au reste, rencontré hier notre si formidable ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui l’a assuré de son indéfectible soutien au projet Erscia. On comprend mieux l’engagement si intense de madame la préfète de la Nièvre.
Mais où en sommes-nous ce 7 février à 22 heures ? Sur place, de valeureux combattants, que je salue ici, occupent comme ils peuvent le bois. Sans pour l’instant parvenir à empêcher le passage des engins. Cela donne à peu près cela :
Seulement, la messe est loin d’être dite, et les défenseurs de la forêt appellent maintenant à la création sur place d’une Zone à défendre (ZAD), sur le modèle de Notre-Dame-des-Landes. Ils attendent de tous ceux qui peuvent un soutien, un coup de main, une visite, plus si c’est possible. J’en profite pour passer le message aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes, et leur suggère d’envoyer sur place, au plus vite, une délégation. Ceux de Sardy ont un besoin immédiat de tam-tam, et de mobilisation. Je précise enfin que je n’aurai pas écrit ce texte sans la sollicitation de trois sources différentes :
1/ Mon ami Thierry Grosjean, de l’association Capen 71. Un mail : thierry.grosjean5@wanadoo.fr. Thierry est un véritable combattant de l’écologie.
2/ Une chère lectrice de ce blog, Sylvie Cardona, responsable de l’association Aves, http://www.aves.asso.fr/
3/ Enfin Anne Lhostis, de l’association Adret Morvan.
Un tout dernier mot. De nombreuses associations sont sur le pont, et elles m’excuseront de ne pas les citer toutes. Je me contenterai de donner ici le contact d’Adret Morvan. D’abord un site internet : http://adretmorvan.org/. Ensuite une adresse électronique : contact@adretmorvant.org. Je (ne) suis (pas) payé pour le savoir, on ne peut se multiplier. Mais le combat pour le bois de Tronçais est un grand combat. Tous ceux qui iront là-bas pourront légitimement être fiers d’eux.
Les mystères au mercure du port de Porto-Vecchio
Ce papier a paru dans Charlie-Hebdo le 30 janvier 2013
Porto-Vecchio, ses plages, ses promoteurs, ses truands. Et depuis peu, un projet de dragage du port pour faire plaisir aux caravanes du Tour de France. Seulement, que faire du mercure planqué dans les sédiments ?
On ne rit pas, c’est dangereux. Les gros bateaux du Tour de France pourront-ils entrer dans le port ? Le 29 juin 2013, la première étape doit en effet partir de Porto-Vecchio, et c’est tout un bordel. À Porto-Vecchio, comme dans le reste de la Corse, se méfier du putachjo, notre bonne vieille langue de pute. C’est fou ce qu’on raconte de choses sur l’immobilier local. Peut-être bien à cause de tous ces mecs qui choisissent la ville, son golfe ou ses belles plages pour se faire buter.
Par exemple Richard Casanova, abattu le 23 avril 2008 au beau milieu de la ville. Ce boss du gang de la Brise de Mer avait délicatement rangé dans sa voiture le projet de plan local d’urbanisme (PLU). Jusque-là, Porto-Vecchio -10 000 habitants l’hiver, 80 000 l’été – n’avait jamais connu de plan d’occupation des sols (POS). La faute aux Rocca Serra, cette merveilleuse dynastie qui contrôle tout le sud de l’île depuis des siècles ? Gaffe à la calomnie.
Le député actuel, Camille, est le fils de Jean-Paul, maire de Porto-Vecchio pendant 47 ans, et il est pote avec Sarkozy. Mais qui n’est pas pote avec ce dernier? Encore un mot pour l’ambiance, avant de passer au Tour : en janvier 2009, un communiqué du FLNC appelle « à combattre et à abattre » des élus défendant de « gras projets immobiliers ». Camille proteste et déclare (1) en humoriste accompli : « Voilà le résultat des calomnies propagées sur mon compte, alors que je ne fais que défendre un tourisme de qualité pour la Corse ».
Allons-y pour le Tour. Y a un problème. Le formidable coup de pub offert aux promoteurs par le départ de la Grande Boucle bute sur cette connerie de port, trop petit. Faire venir la caravane ici oblige à débarquer une (petite) ville et ses infrastructures. Et de lourds ferries remplis de journalistes enthousiastes. Or le port actuel ne permet pas l’entrée des gros-culs. Il faut donc le draguer. Pas un peu, beaucoup : au total, il faudrait extraire 220 000 tonnes de sédiments et vases, et 15 000 tonnes de roches et débris divers. Pour la destination finale, le coin est déjà trouvé : on balancera(it) le tout en mer, à trois kilomètres de la côte.
Et alors ? L’association corse U Levante a levé un lièvre qui ressemble foutrement à un sanglier du maquis (2). Car les sédiments dont il est question sont très pollués, et pas avec de la crotte de plaisancier ou du pipi de chat. Les vases sont en effet farcies au mercure et au TBT, ou tributylétain, une merde chimique qu’on passe sur la coque des bateaux.
La chose est donc entendue ? On va laisser en paix le golfe clair ? Pas le moins du monde. Car une enquête publique, terminée depuis quelques jours et menée au pas de charge, contient une fracassante nouvelle : selon l’étude d’impact, le mercure a disparu. Au secours, Jack Palmer ! Dans le détail, il faut avouer que cela sent l’énigme. En 1992, une première étude du Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) indique des concentrations de mercure dans les vases allant de 0,98 mg par kilo à 2,08. En 2009, d’autres analyses s’échelonnent de 0,33 mg par kilo à 1,88. Tout soudain, alors qu’il est question de draguer le port en profondeur, la nouvelle expertise fait retomber le mercure entre 0,03 mg et 0,17. Providentiel.
U Levante pointe quantité d’autres problèmes. Outre la remise en suspension de considérables polluants, une partie de la zone concernée appartient en théorie aux sites européens protégés Natura 2000. Et U Levante constate que, d’ores et déjà, « la dégradation du milieu est si généralisée et si importante que la grande nacre ou les posidonies sont absentes faute de condition de survie ». Le plus rigolo est probablement que les services de l’État ne sont pas loin de penser la même chose.
La direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (Dreal) a remis au préfet de Corse un document d’une belle prudence diplomatique, mais qui dit combien le dossier est pourri. Exemple entre cinquante : « L’autorité environnementale invite le maître d’ouvrage à justifier ses conclusions ». On peut toujours rêver. Dernière étape le 28 juin 2013.
(1) L’Express du 27 avril 2009
(2) http://www.ulevante.fr/portivechju-le-dragage-du-port-aux-depens-de-la-sante-humaine/
Ce que nous ferons tous le 11 mai 2013 (à Notre-Dame-des-Landes)
Les gars, les filles, les filles, les gars, je ne fais que transmettre. Il se prépare un énorme événement sur le territoire de Notre-Dame-des-Landes et alentours, là où cet exécrable monsieur Ayrault entend imposer son projet d’aéroport. Comme vous verrez (ici), il est question de réunir au moins 100 000 personnes pour réussir trois chaînes humaines concentriques. Ayrault sera depuis longtemps oublié que l’on parlera encore de la mobilisation contre cette saloperie. Je ne dis pas ça en l’air. Je le crois. Je crois que quiconque sera présent le samedi 11 mai 2013 pourra légitimement se sentir fier. Ce n’est pas tous les jours que l’on sait où être, et quoi faire. Le 11 mai, là-bas.
Je précise qu’il faut s’engager à venir et payer à l’avance une obole de deux euros, ce qui permettra de mieux réussir encore ce rendez-vous (peut-être) historique.
Une Chaîne Humaine contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes
17 novembre 2012, tournant historique,40 000 personnes
à Notre Dame des Landes !
45 ans de lutte pour faire sauter les verrous régionaux et donner un éclat national et symbolique à l’opposition au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.
45 ans pour que 40 000 personnes se lèvent contre le gaspillage d’argent public, la destruction de terres nourricières et l’inutilité du projet aujourd’hui techniquement dépassé.
45 ans pour que de nombreux journalistes s’emparent de ce sujet brûlant.
2013 année décisive pour enterrer le projet !
L’État a repoussé le début des travaux de 6 mois. Saisissons cette opportunité.
Tous, nous pouvons faire de cette chaîne humaine un moment historique !
Rendez-vous le 11 mai 2013 sur la ZAD
pour la constitution de la chaîne à 14h00.
Le rassemblement sera suivi par des concerts de soutien.
![]() |
94 Jours 18 h : 57 m : 57 s |
Prochaîne AG le 22 février 2013 cliquez ici
Villiers fait rire de bon cœur (à propos de Notre-Dame-des-Landes)
On ne me croira pas : je plains Jean-Marc Ayrault. Comme j’écris ici sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes depuis 2008, on me pardonnera de ne pas revenir sur le fond du dossier. Ayrault, ancien député-maire de Nantes, veut construire parce qu’il croit, cet affreux couillon, qu’il faut construire. Ce grand sot n’a même pas vu que le monde, le sien pourtant, avait changé de base. Mais voilà qu’il se ridiculise un peu plus, si c’est possible. On lira dans l’ordre un article d’Ouest-France, en date du 14 décembre 2012, que je n’avais pas vu passer (ici). Même les patrons, pour lesquels Ayrault travaille avec tant d’ardeur sans pensée, ne veulent pas entendre parler de son machin. Celui de Fleury-Michon – 644 millions d’euros de CA en 2011, 3750 salariés, plus grand employeur privé de Vendée – envoie aux pelotes son projet. Ses arguments ne sont pas les miens, par Dieu, mais, oui, on a le droit de ricaner. Sur le dos d’Ayrault.
Le second est un papier dont, malheureusement, je ne peux vous livrer la source, ni la date. Je sais, cela fait beaucoup, mais dans le même temps, il est si plaisant que je me décide à le publier ici. Il est tiré d’un journal de l’Ouest en tout cas. Peut-être une édition d’Ouest-France. Et j’espère bien qu’un lecteur me donnera la date, probablement octobre lui aussi. On y lit en tout cas que Philippe de Villiers, l’ultraréactionnaire bien connu, longtemps « patron » politique de la Vendée, aujourd’hui déchu, est lui aussi contre ce foutu aéroport. Dans un Appel aux Vendéens, qui sent le formol et le bénitier, il réclame en fait un abandon définitif. Derechef, rires libérateurs, et ceux-là n’étaient pas pré-enregistrés. Oui les amis, ces deux prises de position m’ont mis d’excellente humeur. Non, cela ne va pas durer, c’est promis.
Avis à ceux qui, comme moi, pataugent : il faut cliquer deux fois dans le doc ci-dessous, et ensuite, se démerder. Oui, je sais.