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Planète sans visa l’avait bien dit (sur l’Espagne en ruines)

Cette fois, je ne saurais nier. Oui, ce qui suit est de l’autopromotion. Selon la vieille logique que chacun connaît, si je ne dis pas du bien de moi, qui le fera ? Alain Lipietz, peut-être ? Le fait est, amis de Planète sans visa, que j’ai écrit ici, il y a deux ans, et trois, et quatre, ce qu’il fallait penser du « miracle économique » espagnol. Les banques devraient m’embaucher, elles gagneraient de l’argent.

Plus sérieux : pourquoi personne ne parle ? On va encore nous servir la sauce idéologique selon laquelle les banques voraces seraient coupables. Mais merde, à la fin ! Il est dans la nature de ces entreprises de chercher à faire du blé quel que soient les coûts humain et écologique de leurs opérations. Le problème est ailleurs. Pourquoi cette horrible complicité des classes politiques européennes ? Pourquoi cette affolante propension des peuples à se gaver de biens matériels inutiles, dispendieux, destructeurs de tout ? Les socialos français – ils ne sont pas les seuls – ont ENCENSÉ la politique criminelle de leurs copains espagnols du PSOE. Ils ont applaudi la destruction accélérée du littoral ibérique. Ibérique, car le Portugal est lui aussi concerné. Ayrault, notre Premier ministre, veut à toute force un second aéroport à Nantes, sa ville, au moment où des dizaines d’aéroports espagnols, financés par l’impôt, sombrent dans l’insolvabilité et la ruine.

Je vous en prie ! Assez de jérémiades ! Assez d’explications qui jamais ne rendent compte de rien. Le monde doit changer de base, je crois que cela a déjà été écrit.

Ci-dessous, pour ceux qui veulent voir, de leurs propres yeux éblouis, deux articles anciens de Planète sans visa, et même un troisième. 2010, 2009, 2008 : qui dit mieux ?

Espagne, castagnettes et dominos

Après la Grèce, l’Espagne ? Je n’ai pas le temps, hélas, de rechercher quelques perles égrenées par nos économistes-en-chef, nos politiques princiers, de droite et de gauche bien sûr. Il y a une poignée d’années, l’Espagne était LE modèle que nos élites proposaient à une France jugée malade, en tout cas assoupie. Son taux de croissance faisait chavirer le cœur de tous les abrutis qui croient penser, quand ils ne font que braire. Le problème est que tout reposait sur un château de cartes, un lointain château en Espagne que personne ne possèderait un jour.

La politique criminelle des élites espagnoles tient en peu de mots : corruption de masse, destruction de la nature, délire immobilier. On a détruit là-bas ce qui restait de rivage après la stupéfiante flambée franquiste des années soixante du siècle passé. Et construit, souvent au bord de l’eau, mais aussi dans d’improbables banlieues, des milliers de programmes immobiliers qui jamais ne trouveront acquéreurs. Jamais. Certains sont achevés, mais sans aucune adduction. D’autres sont commencés, et se trouvent à divers stades. Mais le cochon de client s’est évaporé. Il s’agissait d’une chaîne de Ponzi, la même pyramide que celle qui a conduit l’escroc Madoff en taule. Tant que les gogos achètent et que d’autres gogos se lancent à leur suite, tout marche à la perfection. Mais dès que le doute s’installe, c’est l’effondrement.

Cela fait longtemps que j’ennuie mon entourage en répétant que l’Espagne est d’une fragilité de verre. On conspue aujourd’hui les gouvernements grecs dans les rues d’Athènes. Il n’est pas exclu que l’on fasse pire demain avec ceux du Parti populaire (PP) espagnol et du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Car ils ont mené la même politique et créé les conditions du chaos. Je vous, je nous le demande : qui paiera pour ces appartements morts-nés ? Qui paiera le prix de la corruption et de la dévastation écologique ? N’oubliez pas que des banques ont massivement prêté aux margoulins pour faire leurs galipettes monétaires. Je vous l’annonce, pour le cas où vous ne le sauriez pas : celles de France sont plombées par le désastre immobilier espagnol. Pas toutes, non, et pas à la même échelle. Mais si mes informations sont bonnes, on peut s’attendre à des surprises. Et elles seront mauvaises.

Tiens, je vous remets pour le même prix un article de Planète sans visa, qui n’a, après tout, qu’un an. Il renvoie à un article qui en a deux.

Zapatero, Zapatera, socialauds d’Espagne et d’ailleurs

Je souhaite ardemment que personne ne vienne prendre leur défense, ici tout au moins. Car ailleurs, je sais combien ils sont choyés, aimés, cajolés. Madame Ségolène Royal – dite la Zapatera – ne s’est-elle pas excusée il y a quelques jours, au nom de nous tous, auprès de son si cher ami José Luis Rodríguez Zapatero, Premier ministre espagnol en titre ? Ne lui a-t-elle pas demandé de pardonner des propos prêtés à notre Sarkozy national ? Si.

Or que font donc les socialistes espagnols ? Ils détruisent avec frénésie ce qui reste de ce pays de légende. En janvier 2008, avant donc l’annonce de la crise économique que vous savez, j’ai écrit (ici) sur quoi reposait le soi-disant miracle espagnol, avec ces taux de croissance admirés d’un bout à l’autre de notre Europe si malade. Tenez, je me cite : « Du temps de Franco, vieille et sinistre baderne aux ordres du pire, le choix majeur a été de vendre le pays au tourisme de masse. Une aubaine pour les vacanciers français découvrant, dans les années 60, la défunte Costa Brava, puis le reste. Les héritiers du Caudillo, de droite d’abord, puis de gauche, ont poursuivi dans la même direction, toujours plus vite, toujours plus loin. Le Premier ministre en place, José Luis Rodríguez Zapatero, ne cesse de vanter l’état de l’économie espagnole, qui lui devrait tant. Par parenthèses, faut-il rappeler l’enthousiasme de madame Royal chaque fois que quelqu’un l’appelle la Zapatera ? ».

Tout est malheureusement connu, et le Parlement européen lui-même a condamné sans appel des « projets d’urbanisation massive (…) sans rapport avec les véritables besoins des villes et villages concernés », contraires « à la durabilité environnementale » et qui ont des effets « désastreux sur l’identité historique et culturelle » des lieux (www.batiweb.com). Voilà pourquoi, bien qu’aimant l’Espagne et sa langue, je mets rigoureusement dans le même sac le PSOE – parti socialiste au pouvoir – et le PP, ou Parti populaire, de droite. Plutôt, parce que j’aime profondément l’Espagne. Mais vous aurez rectifié de vous-même.

Pourquoi ce rappel ? Mais parce que les socialistes au pouvoir à Madrid s’attaquent aujourd’hui au grand joyau ornithologique de la péninsule, l’Estrémadure. Je connais ce lieu, qui est rude au regard et au corps. Froide l’hiver, brûlante l’été, la région abrite une sorte de savane arborée méditerranéenne, la dehesa. Comme un compromis entre la nature et l’homme, immémorial, sur fond de chênes verts, d’oliviers sauvages, de genêts, d’arbousiers et de troupeaux. C’est aussi le pays des oiseaux. Des grandes outardes. Des vautours fauves, moines, percnoptères. Des grues. Des oies. Des canards. L’Éstrémadure est si pauvre que les bureaucrates madrilènes l’ont laissée en paix, tout occupés qu’ils étaient à ronger les côtes sublimes du pays.

Fini. Le gouvernement vient de décider une série de mesures scélérates au dernier degré. La plus extravagante est peut-être le cadeau fait à une transnationale étasunienne, Florida Power and Light (ici), qui pourra construire deux usines solaires cette année à Casas de Hito, en Estrémadure. 600 millions d’euros d’investissement – on ne sait rien d’autres arrangements éventuels, qui peuvent se produire néanmoins – et 100 emplois à la clé. 100 emplois en échange d’un paradis des oiseaux. En 2007, on a dénombré à Casas de Hito 11 325 grues. Et sept espèces d’oies, et 140 000 canards hivernant à trois kilomètres, sur le lac de barrage de Sierra Brava. Je dois vous avouer que je n’ai pas regardé de près les dangers que feront peser sur les oiseaux sauvages ces installations. Et vous renvoie à une pétition des naturalistes espagnols de SEO (ici). Ils sont déprimés. Moi aussi.

D’autres projets simplement criminels menacent l’Estrémadure. Une raffinerie de pétrole à Tierra de Barros, des centrales électriques, des parcs éoliens lancés dans des conditions douteuses de légalité, et qui sont apparemment dangereux pour des oiseaux comme les vautours. Lesquels sont magnifiques, à la différence de ceux qui traînent dans les bureaux des promoteurs d’Ibérie comme de France.

Je vois bien que naît sous nos yeux encore ébahis un capitalisme vert censé nous clouer le bec. Si vous avez le moindre doute, jetez un œil ici, je crois que nous nous comprendrons. Eh bien ? Au risque flagrant de me répéter, il n’est pas question de considérer ces gens-là, qui incluent évidemment nos socialistes comme de vagues cousins un (long) temps égarés. Ce sont des adversaires. Ce sont des ennemis. Et je vous jure que je les exècre. Zapatero, Zapatera, toutes ces camarillas, tous ces sbires, tous ces fifres et sous-fifres, tous ces petits marquis, ces Dray, Mélenchon, Royal, Hollande, Fabius, Weber, Bartolone, Aubry, Rebsamen, Le Guen, Hamon, Delanoé, Désir, Bloche, ad nauseam. J’ai pris le parti des oiseaux et du vol libre au-dessus des cimes, celui des migrations, celui de Nils Holgersson, celui de la beauté. J’ai pris le parti du soleil, de la lune, de la pluie et des arbres. Et ce n’est pas le leur.

Ce beau gouvernement plein de promesses (Patrick Vieu au pouvoir)

Je serais étonné que vous connaissiez monsieur Patrick Vieu. Moi-même,  je n’ai découvert son existence que par un lecteur avisé de Planète sans visa, Salin, que je remercie évidemment. Vieu, ce type formidable, est administrateur civil hors classe. Énarque, il est employé par l’État dans le cadre d’expertises et missions de contrôle. Et sa spécialité, c’est la bagnole et le transport. Reconnaissons, car je sais être beau joueur, que M.Vieu a aussi travaillé pour avec la SNCF [merci à Domenach] et sur les transports collectifs. Mais l’un de ses actes de gloire semble bien être le viaduc de Millau, dans l’Aveyron, que tant de cuistres présentent comme la huitième merveille du monde. Moi, comme je connais bien les lieux, je trouve que ce pont suspendu entre deux Causses, au-dessus de la vallée du Tarn, est un crime. Voyez, les points de vue sont divers.

Patrick Vieu, sauf erreur que je suis prêt à rectifier, n’est pas Ingénieur des Ponts et Chaussées. Mais il est dans une telle proximité avec cette noblesse d’État qu’il siège au Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), en qualité de numéro 2. Mazette ! Je vous prie de m’excuser, mais je crains que vous ne réalisiez pas tout à fait. Ce CGEDD résulte d’une fusion bureaucratique entre le Conseil général des ponts et chaussées (CGPC) et le Service de l’inspection générale de l’environnement (SIGE). Les Ponts et Chaussées, caste qui remonte à 1716, ont une histoire liée de façon définitive à la révolution industrielle. Ses ingénieurs – un peu plus de 1500 de tous âges en 2009 – ont dévasté la France comme bien peu. On leur doit canaux et rivières « rectifiées », équipements touristiques et barrages, routes et autoroutes, ports et aéroports, châteaux d’eau et ronds-points, et même un peu de nucléaire sur les bords. Cet État dans l’État est aux antipodes de la démocratie. Ils commandent, nous subissons.

Patrick Vieu siège donc au sommet de ce bastringue. Et le viaduc de Millau lui arrache des sanglots de fierté. Pour bien saisir, je vous prie de lire des extraits d’une brochure officielle – et ministérielle – consacrée à ce puissant chef-d’œuvre de l’humanité. Il est possible que Patrick Vieu en soit au moins le co-auteur. Je ne le sais pas avec certitude – le rédacteur, en sa modestie, reste inconnu -, mais comme Vieu a écrit des choses fort voisines, je suis sûr que cet administrateur hors classe ne s’en offusquera pas.

LES EXTRAITS DE LA BROCHURE  : L’A75 et le contournement de Millau. L’expertise de l’État et l’excellence des entreprises au service de l’équipement et de l’aménagement du territoire.

L’A75 : une autoroute respectueuse des paysages, de l’environnement et du patrimoine
Désormais, un projet routier ne peut plus s’envisager sans intégrer pleinement la notion de développement durable. L’environnement et le patrimoine paysager et culturel ont été particulièrement pris en compte pour que soit respecté la variété des territoires traversés comme les monts de la Margeride dans le Cantal, les monts d’Aubrac et les gorges du Lot dans la Lozère, les causses de Séverac et du Larzac dans l’Aveyron, et après avoir franchi le Pas de l’Escalette, la plaine du Languedoc dans l’Hérault. L’objectif a été de préserver la biodiversité et les paysages. Millau et ses environs sont également riches de sites archéologiques de la préhistoire et de la Gaule romaine. A proximité de la culée nord du viaduc par exemple, des sépultures néolithiques ont été découvertes et mises en sécurité avant le lancement du chantier. La chapelle et l’ancienne ferme de Brocuéjouls ont été préservées et seront accessibles depuis l’autoroute.

Avant la fin de l’année 2004, le bouchon de Millau, bien connu des vacanciers, aura vécu. Les automobilistes pourront alors emprunter un itinéraire fluide sur quarante kilomètres reliant Engayresques à La Cavalerie.

Plus haut que la Tour Eiffel, plus long que le Brooklyn Bridge de New York, pour certains le plus beau du monde, le viaduc de Millau est l’ouvrage d’art qui marque la technique et l’esthétique du génie civil de ce début de siècle. Avant même sa mise en service, il a déjà accueilli un demi-million de visiteurs du monde entier, enthousiastes de découvrir dans le ciel ce trait d’union entre les plateaux du Causse Rouge et du Larzac.

Le viaduc de Millau un ouvrage d’exception
Un partenariat exemplaire entre ingénieurs des services de l’État et du secteur privé.

L’exigence d’une meilleure qualité environnementale des projets autoroutiers conduit les services de l’État à veiller à la préservation des espèces, à la mise
en valeur des espaces remarquables, à la protection de la ressource en eau et à la prise en compte des risques naturels et technologiques

Partenariale et contractuelle, la politique du “1 % paysage et développement” mise en place en 1989 par la direction des routes avec les collectivités territoriales et les associations, cette politique renforce l’intercommunalité. Elle vise à préserver le patrimoine paysager, à assurer sa promotion et sa mise en valeur, et aussi à améliorer l’attractivité touristique de la région.

FIN DES EXTRAITS

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Vous, je ne sais pas, mais moi j’adore cette idée qu’un viaduc et les autoroutes qui les accompagnent « mettent en valeur des espaces remarquables ». C’est vraiment grand. Ces espaces remarquables encore plus remarquables me font frissonner d’émotion. Et font remonter dans ma mémoire un souvenir vieux de vingt ans. Au printemps de 1992, j’allai visiter à La Défense, au vingtième étage de la Grande Arche, M.Christian Leyrit. Je préparais alors un livre, paru en 1993 au Seuil, Le tour de France d’un écologiste. Christian Leyrit était directeur des routes au ministère de l’Équipement. Un poste stratégique, décisif pour tout ce qui touchait – notamment – au système autoroutier. À ce programme de fragmentation, de dislocation, de destruction planifié des équilibres écologiques de notre pays. Je me cite. Plutôt, je le cite, lui : « Un industriel très performant de Castres me disait hier encore qu’il vient de recevoir la visite d’investisseurs japonais. Les voilà qui débarquent à l’aéroport de Toulouse, on les emmène dans un minibus, direction la nationale. Ils ont mis une heure trente pour arriver. Certes, me disait cet industriel, ils ont fait un excellent repas, fort bien arrosé. Mais ils sont repartis sans poser une question ».

Quelle belle histoire, hein ? Et tellement édifiante. En serions-nous là, en 2012, s’il y avait enfin une autoroute à chaque coin de rue ? Je reprends. Leyrit reprend : « Dans bien des cas, nos ouvrages mettent en valeur des points de vue. Je pense à la cité de Carcassonne. De toute façon, le paysage bouge (…) L’autoroute est un inventeur du paysage. Nos responsabilités sont immenses ». Le paysage bouge, mais il est réconfortant de voir que monsieur Leyrit reste à la même place. L’autoroute améliore donc le point de vue. Surtout à 130 km/heure, lorsqu’il faut tourner la tête sans provoquer un accident mortel, pour le vif plaisir d’entrevoir les tours de Carcassonne dans la brume de l’aube. Ou du crépuscule.

Si j’ai pensé à Christian Leyrit, c’est à cause de Patrick Vieu. Je vous ai dit que ce dernier est le numéro 2 du Conseil général de l’environnement et du développement durable, fief des ingénieurs des Ponts et Chaussées. Le numéro 1 s’appelle Christian Leyrit, ingénieur général de ces mêmes Ponts. Oui, mais pourquoi avoir commencé ce long papier en évoquant un parfait inconnu, Patrick Vieu ? Mais parce qu’il vient d’être promu d’une magnifique manière. Le 17 mai, notre bon président François Hollande a nommé une trentaine de conseillers rapprochés, parmi lesquels, bien entendu, Patrick Vieu. Il sera lesté d’une responsabilité « immense », pour reprendre le mot heureux de son excellent ami Christian Leyrit. Intitulé baroque de la charge : « Environnement et territoires ». La vie commence.

106 % de taux de pénétration, et même pas mal

Je viens de piquer la nouvelle qui suit à cette adresse : http://www.businessmobile.fr

Moi, j’en suis resté pour mon malheur à cet autocollant que m’avait donné vers 1996 une amie, devenue depuis adepte : le téléphone portable, c’est vraiment que pour les trous du cul. Cette pièce de musée est toujours là, à portée de main, et je la regarde en ce moment, me demandant ce que signifie au juste la folie sociale. Quand je pense à tous ces révoltés de pacotille qui restent incapables de comprendre que l’usage de cet appareil – donc sa fabrication, sa vente, son achat, et les émotions qui sont liées – est un problème politique central ! Quand je pense à eux, et donc à (presque) tous, j’en attrape des frissons. La pensée humaine est bien à reconstruire. Sur des bases meilleures. Et maintenant, lisons.

Bond du parc mobile au 1er trimestre

 

par Olivier Chicheportiche , ZDNet France. Publié le 10 mai 2012

Chiffres – Lors des trois premiers mois de l’année, le parc d’abonnés a progressé de 854 000, c’est presque trois fois plus que la moyenne observée traditionnellement.

Le nombre d’abonnés mobile a véritablement bondi lors du premier trimestre 2012 selon les chiffres de l’Arcep, le régulateur des télécoms. Le nombre de clients des services mobiles a atteint 69,5 millions au 31 mars 2012, ce qui correspond à un taux de pénétration de 106,5% de la population au niveau national (métropole et outre-mer).

Grève de la faim pour notre avenir à tous

Ce qui suit n’est pas une publicité pour le NPA (Nouveau parti anticapitaliste), mais un emprunt à son hebdomadaire. N’ayant pas le temps de rédiger quoi que ce soit sur l’un des événements réels en cours – une grève de la faim contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes -, je vais au plus court. L’essentiel étant, tout de même, de savoir ce qui se passe là-bas. On donne toujours Jean-Marc Ayrault comme possible Premier ministre d’un François Hollande victorieux. Ayrault, c’est Notre-Dame-des- Landes, jusqu’au fond de la lie. Voici l’article du NPA :

Notre-Dame-des-Landes Grève de la faim contre les expulsions

Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 146 (26/04/12)

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Depuis le mardi 11 avril, un agriculteur exploitant et un agriculteur retraité menacés d’expulsion par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique ont entamé une grève de la faim. Le 17 avril, ils ont été rejoints par Françoise Verchère, conseillère générale PG du département. Ils demandent l’annulation de la déclaration d’utilité publique «?promulguée à partir d’une étude économique faite en 2006, et dont les éléments sont erronés, voire falsifiés?».1

Devant le mur de mépris et d’entêtement des éluEs PS, soutenuEs par le PCF et l’UMP (dont la solidité a néanmoins été récemment ébranlée par la prise de position de la commission agricole du PS 44), la population de Notre-Dame-des-Landes fait encore une fois entendre sa voix, et cette fois-ci au cœur même de la ville de Nantes.

Un barnum, un tracteur, un enclos peuplé de moutons d’Ouessant conscients de leur responsabilité d’ambassadeurs, des caravanes, et bien entendu, les banderoles anti-aéroport, se sont installés en plein centre-ville. Un mouvement incessant de sympathisantEs d’ici ou d’ailleurs, d’habitantEs de la région et de personnalités politiques, souvent accompagnéEs de journalistes, soutiennent les grévistes sur le site.

Le mouvement des opposants à l’aéroport est entré depuis un an dans une phase populaire, renforcée par la manifestation du 24 mars (qui avait rassemblé 10?000 personnes à Nantes) et par cette grève de la faim.
«?Vous pourrez vous exprimer pendant l’enquête publique?», leur avait-on dit au moment du débat public?! Mais depuis ce semblant de débat, «?on?» leur dit qu’«?il est trop tard?»?!

Un argumentaire, très bien construit, prouve l’inutilité de l’aéroport, sa face cachée destructrice de fonds publics, et son côté antisocial et anti-écologique. Malgré les grandes mobilisations populaires contre le projet et les soutiens de toutes parts, y compris de la plupart des candidats à l’élection présidentielle, le débat semble impossible.

Les recours en justice des opposants n’ont pas encore été jugés. Qu’à cela ne tienne, la violence continue?: après le gazage forcené des vaches et des militantEs de Notre-Dame-des-Landes à l’automne, les bulldozers sont sur les starting-blocks pour raser les fermes de Michel et Marcel.

Ce projet, confié à la pieuvre multinationale Vinci, destructeur d’emplois agricoles, destructeur de l’environnement, est le symbole de la société productiviste et capitaliste contre laquelle nous nous battons. Le NPA est résolument engagé aux côtés des opposants.

Philippe Poutou a réaffirmé à Notre-Dame-des-Landes au cours du rassemblement de juillet 2011 (14?000 personnes), et à Paris à l’arrivée de la tracto-vélo, la ferme opposition des anticapitalistes au projet d’aéroport.

Commission écologie NPA 44

1. Voir la contre-étude réalisée par le cabinet CE Delft sur site du collectif d’éluEs?: http//aeroportnddl.fr

Sur le cancer made in France (une suite)

Il y a une suite au texte précédent, toujours signée par le groupe de Grenoble Pièces et main d’œuvre (PMO). Merci à Serge de me l’avoir envoyée. Vous trouverez cet échange ci-dessous, mais j’ajouterai pour ma part un commentaire. Le syndicaliste CGT qui s’en prend à PMO, je le connais. Je veux dire que j’en ai connu des dizaines dans le cours de ma vie. Il est probablement – mais non sûrement – une bonne personne. Seulement, le ton qu’il utilise pour s’adresser aux critiques de ce monde me donne de véritables envies de gerber.

Ce qu’oublie notamment ce « lutteur de classes » estampillé, c’est l’arrière-plan de l’histoire qu’il prétend nous raconter. Moi, je la connais. Moi, l’écologiste qui se fout des pauvres et des ouvriers – une antienne, chez ces mélenchonistes qui viennent m’asticoter jusqu’ici -, j’ai contribué à la création de l’Association Henri-Pézerat (ici). Henri était un homme très cher à mon cœur (ici), sans lequel l’incroyable scandale de l’amiante n’aurait pas éclaté de cette manière en France.

Oui, je sais quantité de choses sur la mort au travail, les maladies professionnelles si évidemment sous-estimées, le drame dans tant de familles. J’en sais bien plus que ces phraseurs de gauche, et j’assume ma part du grand combat contre l’exploitation criminelle de la force de travail. Je n’espère pas clouer le bec à ceux qui m’envoient aux pelotes avec délices, mais au moins je dis. Et je dis que, dans le cas de l’amiante, le mouvement syndical français a été le COMPLICE du crime de masse.

D’abord pour la raison évidente que, pendant des décennies, il n’a pas été capable d’empêcher la contamination. Qui passait on s’en doute par l’interdiction de l’amiante. Mais aussi, mais surtout pour la raison que la CGT et la CFDT ont siégé dans les années 80 et 90 du siècle passé, ès qualités, dans l’infâme Comité permanent amiante (CPA), création du lobby de l’amiante dans le seul but de gagner du temps. Et donc de multiplier les morts (ici). Lançons l’idée d’un tribunal international des crimes du travail, mais sans en exclure ces syndicalistes qui ont accepté de donner la main aux assassins !

Et d’ailleurs, pourquoi l’ont-ils fait ? Ont-ils reçu de l’argent ? Leurs confédérations ont-elles été circonvenues, et en ce cas, de quelle manière ? Nul n’a jamais osé ouvrir ce dossier terrifiant. Circulez ! Ceci explique cela, et nul doute que si les syndicats français ont jeté le voile sur cette affaire, c’est parce qu’elle dynamite une partie de leur légitimité. Quoi ? Des syndicats qui acceptent et accompagnent la mort organisée de leurs mandants ? Mais c’est une honte, n’est-ce pas ? Une honte historique, pour dire le moins. On comprend mieux, dans ce cas, pourquoi M.Mélenchon et ses amis soutiennent ceux d’Arkema et la production du chlorure de vinyle, qui est une merde totale et définitive.

Bon, assez causé. Voici le texte de PMO. La suite du premier.

Défense du cancer français

Séquelles

Vendredi 6 avril 2012, nous avons publié un texte intitulé « « Réindustrialisons » : quand « Là-bas si j’y suis » défend le cancer français ».1 Celui-ci pointait l’angle mort d’un reportage consacré à la cession du pôle vinylique d’Arkema à un « vautour » américain : l’absence de toute mention du caractère homicide de la production de ce pôle. Cette lacune étant évidemment liée aux positions politiques du producteur, du journaliste et des intervenants de cette émission, qu’on n’insultera pas en disant que, syndicalistes, militants du Front de gauche ou journalistes engagés, ils font actuellement la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. On n’étonnera non plus personne – ni eux-mêmes – en rappelant que le Parti communiste, le Parti de gauche, la CGT et Là-bas si j’y suis soutiennent le parti de l’industrie et de l’emploi à tout prix.

De toutes les réactions suscitées par notre texte, nous avons choisi de répondre à celle qui nous paraissait la plus poignante et la plus instructive, celle peut-être qui permet pour une fois d’aller au vif du sujet. Ce message d’un syndicaliste ouvrier nous est parvenu indirectement, via une liste de discussion du Front de gauche. Nous préservons l’anonymat de son auteur.

« Aux libertaires et luddites qui écrivent « Mais pour les syndicalistes comme pour les partisans du Front de Gauche et Là-bas si j’y suis, « l’essentiel, c’est l’emploi », autrement dit : « Nos emplois valent plus que nos vies ». Je suis syndicaliste CGT mais avant tout un homme et j’ai envie de vous hurler à la figure les 52 morts de la polymérisation du CVM (et pas du PVC soyez précis !!!), les dizaines de morts du rein et de la vessie, les morts de l’amiante de l’usine Atofina Brignoud que ces camarades ont bien été assassinés non pas au nom de l’emploi mais au nom du seul profit capitaliste vous hurler que  les salariés qui sont en 1° ligne ne sont pas des kamikazes … ils ont été gazés par des patrons qui savaient le danger vous hurler qu’une  fibre d’amiante suffit qu’un seul ppm de gaz suffit pour  donner la mort !!!
vous hurler que l’amiante comme la polymérisation du CVM tuent à retardement 30 à 40 ans après l’exposition alors comment pouvez vous reprocher à ceux qui meurent aujourd’hui, 30 ans après leur exposition, d’avoir feint d’ignorer le danger afin de préserver leur emploi.

Savez vous seulement libertaires et luddites notre impuissance non pas à sauver nos emplois mais notre combat pour  faire reconnaître nos expositions, classer nos sites, et que nos veuves et enfants aient une juste compensation connaissez vous  seulement la peur qui plane sur nos têtes à chaque visite médicale savez vous  seulement la peur de l’annonce de la maladie (amiante ou cancer du foie), la peur de mourir asphixié (amiante), la peur de mourir en pourrissant de l’intérieur (angiosarcome du foie) savez vous  seulement, bien penseur de PMO ce qu’est mourir du cancer du CVM, de l’amiante et autres saloperies que nous avons respiré savez vous  seulement la gifle que nous ressentons lorsqu’un de nos camarades est touché ….le dernier….Jacques …….est parti il y a 15 jours !!

Que connais tu de nos souffrances et de celles de nos familles devant notre agonie à vous libertaires et luddites je dis faîtes vous connaître prenez une part active dans notre combat pour la vie et luttez pour que nos usines continuent à produire en préservant la santé de ses salariés  et des populations
environnantes. Nos vies comme les vôtres dépendent du succès de nos luttes actuelles

Aidez nous à briser les conditions de travail qui produisent les cancers

Aidez nous dans notre lutte devant le Tribunal Administratif de Grenoble pour qu’enfin le site d’Atofina
Brignoud soit classé Amiante

Aidez nous  devant les tribunaux à chaque comparution de famille  d’Atofina Brignoud réclamant justice ou bien  Respectez nous !! »

La réponse de PMO

Si ce message apporte une confirmation, c’est bien que le PVC (même nommé chlorure de vinyle monomère) tue. Il tue même plus encore que ce que nous avions écrit, à l’usine Atofina de Brignoud (aujourd’hui Arkema), dans la cuvette grenobloise. Il tue atrocement. Et il est aussi assassin que nombre de produits dont nous gratifient les 19 sites Seveso de l’agglomération, et l’industrie en général. Qu’elle soit chimique, nucléaire, automobile, agro-alimentaire ou électronique. Ces assassinats concluant d’ailleurs des existences entières privées de vie, dans l’enfermement de l’usine.

Aux chiffres que fournit notre interlocuteur concernant les travailleurs, il faut ajouter les morts invisibles, jamais additionnées, des riverains et de toutes les victimes d’un environnement empoisonné (eau, air, sols, alimentation). Ceux-là ne sont pas même payés, tout juste ont-ils la satisfaction de contribuer à l’augmentation du PIB et de la croissance.

Soyons précis, comme dit notre syndicaliste : on sait depuis 1906 que l’amiante est dangereuse. Celle-ci a été totalement interdite en France en 1996. Neuf décennies d’assassinat industriel. Les patrons n’étaient pas les seuls à savoir le danger. Si les ouvriers de 1906 l’ignoraient, ceux de 1976 et de 1986 le savaient. C’étaient « les risques du métier ». Comme la silicose des mineurs ou les cancers des intérimaires du nucléaire. Comme aujourd’hui la maladie de Parkinson des paysans qui continuent de répandre des pesticides. Qui défend le monstrueux chantier du TGV Lyon-Turin, avec ses millions de mètres cubes d’amiante et de poussières radioactives à extraire de la montagne, sinon la CGT ? Puisque c’est bon pour l’emploi.

Ce n’est pas le seul profit capitaliste qui a assassiné des générations d’ouvriers, mais la société industrielle, et le parti industriel – scientifiques, patrons, ouvriers et techniciens confondus. Un parti qui s’enkyste dans le déni, y compris face à la réalité la plus brutale. Voyez les travailleurs de Fessenheim applaudissant aux promesses de Sarkozy de prolonger leur centrale, un an après la catastrophe de Fukushima.

À toi, syndicaliste, nous disons : encore un effort dans le combat pour la vie. Vous, qui mourez en première ligne, encore un effort de cohérence pour tirer les conséquences de ce que vous savez. Le chlorure de vinyle tue ? Supprimons-le. Même communiste, autogéré, verdi, responsable, durable et citoyen, il n’y a pas de PVC propre et il ne peut pas y en avoir. Parce que nous sommes cohérents et que nous tirons des conséquences, nous refusons le PVC, quels que soient ses usages : le prix à payer est trop cher. Et ce qui vaut pour le PVC vaut pour toutes les saloperies industrielles et nuisibles.

Justement parce qu’on vous respecte, on trouve indigne de vous voir réclamer « une juste compensation » à ce qui n’a pas de prix, la vie d’un homme. Respectez-vous vous-mêmes. Savez-vous seulement à quoi ont renoncé ceux qui depuis des décennies font la grève perpétuelle ? Ceux qui ont refusé de plier, d’entrer en usine ou au bureau, de prendre des crédits, de faire 2,1 enfants, d’acheter un pavillon, une bagnole, une télé, des téléphones portables, de revendiquer du « pouvoir d’achat ». Ceux que vous nommez « marginaux », qui subissent les diktats du parti industriel et qui tâchent, à la mesure de leur faiblesse et de leur imagination, de ménager le peu de vivant que vous n’avez pas encore détruit.

Ceux que vous n’avez pas eu le cran d’imiter, parce que, tout de même, une vie entière volontairement sous le seuil de pauvreté, c’était pas votre choix. Pour nous, luddites, il y a plus de décence à tâcher d’être maîtres de son existence et de son travail – quitte à vivre de peu – qu’à se soumettre à la machine destructrice et à mendier des conditions d’esclavage supportables. En fin de compte, une société luddite lèguerait aux fameuses « générations futures » une Terre en meilleur état que la société industrielle. Mais bien sûr, cela irait contre « le sens de l’Histoire ».

Pour finir, syndicaliste, tu es bien hardi de nous croire ignorants du cancer et de ses horreurs. Grâce à ton activité et à celle de tes collègues, c’est en réalité aujourd’hui l’une des choses du monde les mieux partagées.

Pièces et main d’œuvre
Grenoble, le 10 avril 2012