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Avis en passant aux réparateurs de vélocipèdes (sur le rôle des rustines)

Exceptionnellement, j’entends rester dans les limites si pauvrement étroites de notre France. Où l’on verra, je pense, que la sociologie et la politique ordinaires mènent tout droit à la crise écologique planétaire, pour peu que l’on s’accorde « une autre façon de voir la même chose », sous-titre de Planète sans visa. Les amis, autant asséner le pire maintenant (rires préenregistrés) : la France n’est plus. La société que j’ai connue, celle où j’ai grandi, dans laquelle j’ai cru à la révolution, où les ouvriers – dont je fus – étaient des ouvriers, votant à gauche parce qu’ils étaient des ouvriers, ce pays a disparu.

Faut-il parler d’un trou noir, dans lequel toute la matière sociale se serait engloutie ? Je le crois. Les classes sociales existent encore, certes  – elles sont consubstantielles à la formation sociale que nous connaissons -, mais enfin, leurs frontières ne sont plus reconnues. Et la mythologie associée jadis à la classe ouvrière, pendant de celle liée à la bourgeoisie, a explosé comme un ballon rouge de l’enfance. Que reste-t-il ? Je vous invite à lire, si ce n’est déjà fait, le dossier du journal Le Monde consacré à la France invisible. Une France des villes moyennes, des territoires ruraux désertés, ou encore du « périurbain », pour reprendre une expression immonde (c’est ici). Une coupure nette oppose chaque jour un peu plus ceux qui profitent, depuis les métropoles, de l’infernale mondialisation, et tous les autres, plus nombreux, mais sans relais social, culturel, politique.

Pour moi, ce constat est une évidence. Nous n’appartenons plus à la même société. Mais je souhaite ajouter mon grain de poivre, ma poudre de piment à moi. Les objets et techniques, qui jouent un rôle central dans la crise écologique en cours, fragmentent chaque jour davantage la France. Chaque jour qui passe ajoute au désastre, repoussant de plus en plus loin la perspective d’une réaction unique, collective, décisive, à ce qui nous menace tant. Prenons ensemble quelques exemples. Le Net, par exemple, si fortement défendu ici même, à l’occasion, dans tant de commentaires. Le Net atomise comme peu de technologies le pourraient. Il est à lui seul un formidable trip individualiste. Mais surtout, songez à tous ceux qui sont de l’autre côté du miroir. Allons, un effort.

Des millions d’êtres, chez nous, sont constamment humiliés de ne pas savoir se servir comme il faut de cet engin moderne. Des vieux, des paysans, des urbains aussi et bien entendu. La presse n’est qu’un seul hymne au Net depuis près de quinze ans. Il faut surfer, adresser des mails, acheter on line. Et tous ceux qui ne peuvent ou ne savent, quel est leur sort, selon vous ? Il est souffrance. Les machines et les automates, omniprésents dans la vie quotidienne, ajoutent à ce cauchemar. Habitant la région parisienne, j’ai vu ce que tout le monde peut constater. Ces saloperies de machines qu’on trouve dans les stations de métro ou les gares de la SNCF coupent en morceaux les usagers qui y ont recours. Combien ai-je vu de ces gens, en plein Paris du XXIème siècle, renoncer à acheter un billet parce qu’ils ne comprenaient rien aux manipulations nécessaires ? Abandonnant pour la raison qu’une file d’impatients, derrière eux, réclamaient la place ? Dans le métro, il me semble que c’est pire, car dans un nombre croissant de stations, on ne peut plus acheter de billets aux employés, qui ne délivrent plus que des « informations ».

On ne peut que tenter d’imaginer la situation des étrangers, des bancals et boiteux de la vie, des très jeunes, des très vieux, des innocents, bref de tous ceux qui ne sont pas « entrés dans la modernité ». On pourrait évidemment multiplier les exemples, notamment à propos de ces numéros de téléphones surtaxés, qui rendent fous ceux qui sont pourtant obligés de les utiliser. Pour ce qui me concerne, j’ai souvent renoncé à obtenir des informations de Gaz de France, de la hotline du Net, de France Telecom bien sûr, de la Poste pardi. Je peux du même coup imaginer ce qu’est la vie de chaque jour pour des millions de largués de ce monde insupportable. Dans le même temps que la consommation de biens matériels explosait – disons depuis 1960 -, nous avons subi une régression incommensurable du plaisir des choses simples et des services humains. Cela, je vois bien que pas un politique n’en parle.

Telle est pourtant l’une des clés de la crise civilisationnelle dans laquelle nous sommes si gravement plongés. Jadis, voici quelques décennies, le facteur venait à domicile présenter des lettres et mandats papier, et ne manquait pas de bousculer le règlement pour rendre service à des usagers qui le connaissaient et l’estimaient. La Poste est aujourd’hui dans les mains de petits connards qui préparent une privatisation qu’on en arriverait à souhaiter, tant le service autrefois public s’est dégradé.

Qui entend faire de la politique en France doit et devra toujours plus faire le bilan de ces dégradations essentielles dans la manière de vivre ensemble. Qui entend parler de la crise écologique doit et devra toujours plus mettre l’objet et la technique au cœur de la pensée critique. Il faut placer le combat dans tout ce qui nous échappe à force d’être évident : la télé, la  bagnole, le Net et le numérique, donc la vitesse, la disparition accélérée des seuls contacts qui vaillent, c’est-à-dire entre humains, et non entre humains et machines. Ce seul programme, pourtant élémentaire, paraîtra extrémiste à certains. Et il est manifeste qu’il l’est. Comme j’ai pu déjà le dire ou l’écrire, c’est la situation générale qui est devenue extrémiste. Ceux qui croient encore dans le pouvoir des rustines devraient se contenter de réparer les vélos.

Le coton rouge sang d’Ouzbékistan

Putain, quel monde ! Au détour de mes furetages, ici, là-bas et même ailleurs, je tombe sur un rapport en anglais concernant le coton (lire ici). Le coton dans ce pays appelé Ouzbékistan ou encore, en ouzbek, O?zbekiston. Me permettrez-vous un mot sur ce lieu presque inconnu chez nous ? Il est un peu plus petit que la France – 447 000 km2 – et compte tout de même 28 millions d’habitants. Malgré le souvenir évanescent de Samarcande, on est loin des chromos sur les déserts d’Asie centrale. La région est densément peuplée. Y compris, pour son malheur, par un certain Islom Abdug‘aniyevich Karimov.

On va essayer de pas insulter un chef d’État en exercice, ce qui ne sera pas facile. Ce type est un apparatchik de la défunte Union soviétique stalinienne. Au passage, vous connaissez sûrement ce mot : URSS (Union des républiques socialistes soviétiques), quatre mots, quatre mensonges. Karimov, né en 1938, l’année des derniers grands procès de Moscou, a gravi bureaucratiquement tous les étages. Un communiste comme lui ferait pâlir de jalousie un fasciste enragé. Premier secrétaire du Parti communiste de l’Ouzbékistan jusqu’à l’effondrement de l’Union soviétique – 1991 -, il se transforme sans trop d’efforts en dictateur à temps plein et à titre privé. Cette même année 1991, il gagne l’élection présidentielle, armé de tout le savoir accumulé au pays du mensonge déconcertant (expression forgée par Ante Ciliga). Il obtient 86 % des voix. En 1995, il fera beaucoup mieux, remportant un référendum avec environ 100 % des voix. Le environ n’est pas une fantaisie personnelle : les services officiels, pris par l’enthousiasme, ont souvent dépassé les 100 %, ce qui posait de menus problèmes de comptabilité.

En 2005, après avoir fait allégeance à l’Amérique impériale, et décidé d’éradiquer l’islamisme dans ce pays profondément musulman, il fait tirer à la mitrailleuse lourde sur de supposés insurgés. Ce qui donne à l’arrivée entre 169 – selon lui – et plus d’un millier de morts selon des ONG présentes sur place. N’est pas Kadhafi qui veut. En 2007 enfin, il est réélu pour sept ans avec plus de 88 % des voix. Il y a trois autres candidats, qui se rallient – ce sont des gars malins – à Karimov. Cela devrait suffire à situer notre hôte involontaire, n’est-il pas ?

Venons-en au coton. Ce qui était jadis une merveilleuse plante cultivée est devenue, pour cause de surexploitation industrielle et de mondialisation, une folle tueuse d’hommes et d’espaces. Dans le document que j’ai lu (de nouveau ici), on apprend quantité de choses. Pour commencer, vraiment désolé, on voit la photo de corps suppliciés par les flics du dictateur. L’un d’eux a été atrocement torturé. La suite s’appelle le coton, de loin la plus grande richesse du pays, qui est probablement aujourd’hui encore le second exportateur mondial. Les ventes représentent en tout cas des milliards de dollars chaque année, qui passent entre les mains du clan installé dans la capitale, Tachkent, mais aussi dans celles des barons régionaux sans lesquels on ne pourrait pas cultiver là-bas autant de coton. Rappelons en deux mots qu’il faut gâcher tant d’eau d’irrigation pour faire pousser cette manne que la mer d’Aral,  jadis un immense lac salé de 66 458 km2, a été réduit des trois quarts. Essentiellement par détournement des fleuves Amou-Daria et Syr-Daria. Essentiellement pour le coton d’Ouzbékistan et du Kazakhstan. Les 24 espèces endémiques de poissons présents dans cette merveille ont disparu à jamais. Aucun humain, aussi longue que durera notre aventure, ne les reverra plus.

Mais il ne suffit pas de détruire la nature à sa racine. Encore faut-il, du moins pour le moment, une main d’œuvre bon marché, nombreuse, efficace. Ce n’est pas facile, surtout que le tyran n’entend pas payer. Il lui suffit d’être payé, lui et sa clique. Aussi bien a-t-il recours à ce que la propagande stalinienne appelait lorsqu’elle s’imposait les samedis et les dimanches « communistes ». On se faisait chier à l’usine toute la semaine, et le week-end, en hommage au Chef, on remettait le couvert. Gratuitement, cela va de soi.

Le système n’a que peu changé – rires préenregistrés -, et les flics de Karimov sillonnent les routes pour arrêter qui ils peuvent, et les envoyer au charbon. Pardon, au coton. Et quand je dis sillonnent, c’est à prendre au sens premier. Les flics de la route, comme le note le site moscovite Fergana.ru, se planquent avant d’arrêter les voitures imprudentes. Le système est incroyablement huilé, au point que des usines pourtant américano-ouzbèkes, comme General Motors, envoient « volontairement » et « gratuitement » travailler une partie de leurs employés dans les champs de coton. J’allais oublier – je blague – que deux millions d’enfants ouzbeks sont eux aussi envoyés au coton en septembre et octobre. Y compris des mioches de six ou sept ans. Faut remplir le bas de laine de Karimov.

Si vous avez envie de lire deux bricoles sur le sujet en français, je vous conseille l’adresse suivante (ici). L’agence Fergana assure le service d’infos fiables venues d’Asie centrale, parfois dans notre langue. Allez-y voir ! Et comme je suis un sadique accompli, je ne terminerai pas sans noter cette évidence : nous sommes des acteurs de ce désastre, qui touche, à des degrés certes divers, tant d’autres pays du Sud, en Asie et en Afrique surtout. Car partout, pour que l’on puisse acheter ici des cotonnades à deux balles, l’on fait travailler des gosses, l’on pressure les rivières, l’on épand des pesticides mortels sur des milliers et millions d’hectares. La solution ? Je l’ai déjà écrit tant de fois : la destruction de ce système fou, criminel, et parfaitement suicidaire. La prochaine fois que vous achèterez un tee-shirt, regardez, si toutefois l’origine est indiquée, d’où il vient. Que ce soit de Chine, du Cameroun, du Bangladesh ou d’Ouzbékistan, le coton est de nos jours rouge sang.

Mais où faut-il donc envoyer les Grecs ?

Pas de blague vaseuse sur les Grecs et la destination à laquelle certains les convieront de toute façon. Pas de blague, d’autant que les Grecs, cela crève les yeux, c’est nous. On annonce la mort de notre formation sociale et économique depuis si longtemps que je me garderai de vous infliger ma propre prédiction. Cela chie, à n’en pas douter, et je crois comme bien d’autres que ce n’est que le début. Seulement, faut-il rejouer la scène mille fois vue opposant les crapules capitalistes au peuple embobiné et même ridiculisé ?

Ridiculisé, oui, car enfin, ignore-t-on réellement qu’un capitaliste – capitaines et chevaliers d’industrie tendrement enlacés – ne pense qu’au blé et jamais au sort de la société qui lui permet d’engranger ? Si notre peuple, près de deux siècles après la naissance du mouvement ouvrier, suivi de son cortège de mutuelles et de syndicats, ne le sait pas, tirons ensemble l’échelle. Il ne le saura jamais. Et en ce cas, ce serait à se demander s’il ferait beaucoup mieux dans le cadre d’une société mieux faite. Ce serait, vous noterez que j’ai courageusement choisi le conditionnel. En vérité, je crois que chacun sait à quoi s’en tenir. Les maîtres du monde, et de la France, accumulent tant d’argent qu’ils ne savent quoi en faire, et précipitent par leur cupidité et leur sottise la crise écologique qui ne fait que commencer. Elle ne fait que commencer, et elle est sans commune mesure avec la crise financière en cours.

Mais stop. Restons-en à cette dernière. Faut-il se réjouir, avec Mélenchon, de l’annonce d’un référendum en Grèce, dont on ne connaît d’ailleurs pas la question ? Pour ma part, je prétends que non. Pourquoi cela ? Est-ce que cela fait de moi un définitif ennemi du peuple, comme le penseront sûrement les mélenchonistes ici égarés ? De l’idée qu’ils se font du peuple, assurément. Car, que je sache, nul ne remet en cause en ce moment les raisons concrètes pour lesquelles quelques millions de Grecs se sont englués dans la dette. Beaucoup, récitant leur habituel bréviaire, accusent le marché financier de faire ce qu’il fait sans jamais se fatiguer. Mais nul n’interroge les dépenses concrètes soutenues, voire désirées par une partie considérable du peuple grec. Et ces dépenses s’appellent, entre autres : bagnoles, télés à écran plasma, téléphones portables, vacances je ne sais où, malbouffe, jouets et vêtements chinois, etc.

Autrement dit, quiconque accuse la spéculation sans mettre en cause l’aliénation de masse par les objets est un charlatan de la politique.  Qui nous prépare d’amères défaites en prétendant nous armer pour le triomphe. Qu’on me comprenne bien : je suis pour la destruction du système industriel. Lequel inclut évidemment les bandes parasites qui, en Bourse, jouent la vie des autres. Mais qu’on ne compte pas sur moi pour défendre la manière de consommer et de vivre, c’est-à-dire la manière de détruire, des Grecs. Qui est exactement la même que la nôtre. Commençons donc par un langage qui ne sente l’odeur terrible de la mort. Qui osera ?

Je ne suis pas très bon client (sur l’iphone 4 S)

Sans me vanter, je ne crois pas être un très bon client de la marchandise. Je n’ai pas de bagnole, pas de télé, pas de téléphone portable. Mais j’ai un ordinateur – sigh -, ce qui me fait de temps à autre mal aux tripes. Compte tenu du travail que je fais, il m’eût fallu en changer pour ne pas posséder un ordinateur et me servir d’internet. J’aurais pu, certes. Je ne l’ai pas fait, et me contente de maudire Jobs et Gates, les frères jumeaux de la surveillance planétaire de tout ce qui bouge encore.

À ce propos, et pour compléter l’article précédent consacré à François Hollande, voulez-vous connaître un événement qui ne soit pas, lui, de détail ? Qui ne soit pas, lui, contingent ? Voyez donc le succès grandiose de l’iphone 4S de feu Steve Jobs (ici). En trois jours, quatre millions d’exemplaires de cette nouveauté ont été vendus dans les sept pays, dont le nôtre, où il était proposé. Soit deux fois plus que l’iphone 4 dans la même durée et les mêmes lieux. Bientôt, on le trouvera dans 22 pays, puis 70, et probablement le reste – la Guinée Équatoriale, le Zimbabwe, Belize, les îles Andaman ? – un peu plus tard. Je cite le journal La Tribune : « Plus de 25 millions de propriétaires d’iPhone de générations antérieures ont téléchargé la mise à jour logicielle iOS5 ».

Mais le temps est venu d’avouer que je ne comprends rien à cette dernière citation. Et que je n’ai aucune idée de ce qu’est un iphone 4, fût-il S. Bien entendu, vous n’êtes pas obligé de me croire. Je ne le sais pourtant pas. Je n’ai jamais envoyé un seul texto de ma vie et ne sais pas me servir d’un téléphone portable. Je crois que je mourrai au fond d’un ravin,  exsangue et seul, incapable d’appeler au secours par manque de téléphone portable. Et ce sera bien fait, car nombre de personnes attentionnées m’ont prévenu : je mourrai seul.

Sans rire, j’ignore tout des vraies merveilles du monde. Mais je vois en tout cas que l’un des ressorts premiers de notre marche à l’abîme, c’est ce délire de consommer n’importe quelle connerie, pourvu qu’elle fasse saliver, pourvu qu’elle soit propulsée convenablement par les réclames appropriées. Le succès de l’iphone 4 S est beaucoup, beaucoup plus important que celui de Hollande, et il rassemble au fait, dans une admirable unité nationale, fascistes et partisans du NPA, mélenchonistes et villepinistes, hollandais et staliniens, sarkozystes et laguillieristes. Ne cherchez pas plus loin la raison de notre incapacité à changer le monde : elle est là.

L’industrie a besoin d’objets et de gogos et gogols qui les achètent sans aucune cesse, criaillant ensuite sur le prix de l’alimentation bio. Les premiers les exténuent au travail puis les tuent. La seconde leur accorderait meilleure santé en permettant à de vrais paysans de poursuivre leur route. Et bien sûr, nos adeptes de l’unité nationale – vous, qui sait ? – choisissent les premiers, et vomissent la seconde.

Il n’y aura jamais le moindre changement sérieux sans une chasse aux objets, jusqu’au tréfonds des esprits. Elle passe évidemment par la destruction à la racine de la publicité industrielle. Elle oblige, plutôt elle obligerait à considérer l’aliénation comme le phénomène politique majeur, transcendant toutes les barrières politiques dont sont si fiers les militants. Que je plains, les pauvres, de prétendre – pour certains – condamner la société capitaliste quand ils en sont, en vérité, les soutiens les plus vibrants.

En somme et en résumé, le mécanisme industriel de production de masse d’objets inutiles et pourtant dévastateurs, voilà l’ennemi. Avis ! Dernière prime : « Attendu sans doute au printemps 2012, le prochain iPhone 5 a été supervisé par Steve Jobs de sa conception jusqu’au design final ». C’est tiré d’un site appelé Cnet France, sous le titre admirable : « Le projet posthume de Steve Jobs ? ». Non, ce n’est pas une farce.

Armistice sur le front de la Dhuis

Je vous entretenais hier du funeste projet de Bertrand Delanoé, maire de Paris. Et je sais que des lecteurs de Planète sans visa ont aussitôt signé la pétition mise en ligne. Merci, les amis ! Ce n’est certes pas l’explication du recul de la Mairie de Paris, sans doute provisoire, mais en tout cas, nous disposons d’un magnifique sursis, dont il faudra profiter pour obtenir une victoire définitive. Lisez plutôt :

Communiqué de presse IDFE – Ile de France Environnement:
L’Aqueduc de la Dhuis, coulée verte de l’Est francilien, en sursis ?

La ville de Paris a retiré de l’ordre du jour du conseil des 17 et 18 octobre 2011 la cession de l’aqueduc de la Dhuis à la société Placoplâtre. Cette coulée verte, indispensable au maintien de la biodiversité et au déplacement des espèces, est un des éléments clefs de la trame verte de l’Est Francilien. Ile de France Environnement et les associations de protection de l’environnement de l’est francilien se félicitent de cette décision mais demeurent extrêmement vigilantes quant à l’avenir de ce véritable balcon vert.

L’aqueduc souterrain de la Dhuis ou (Dhuys), construit sous Napoléon III, achemine  l’eau de la Dhuys pour fournir majoritairement en eau le parc d’attractions Disneyland, son surplus étant dirigé vers Paris. Serpentant sur 131 km depuis Pargny-la-Dhuys (Aisne), il aboutit au réservoir de Ménilmontant (Paris XXème). L’aqueduc de la Dhuis est géré par la SAGEP (société anonyme de gestion des eaux de Paris).

En 2007-2008, 6 millions d’euros ont été consacrés par l’AEV (Agence des Espaces Verts d’Ile de France) pour aménager l’espace libre au-dessus de l’aqueduc souterrain. Cet itinéraire très prisé des populations relie à flanc de coteaux plusieurs espaces boisés de la région et traverse 13 communes. Véritable trait d’union entre la ville, la forêt et la campagne, cette coulée verte est un des éléments clefs de la trame verte de l’est francilien.