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Jean-Stéphane Devisse et la honte Monsanto

J’ai connu jadis un homme appelé Jean-Stéphane Devisse. Il s’occupait entre autres de transports et de Pyrénées. Je le trouvais sympathique et compétent. Il était en outre un écologiste, ce qui me comblait. Les années ont passé, et Jean-Stéphane Devisse est devenu directeur des programmes du WWF en France. Le problème, le problème pour moi, c’est que je ne le reconnais pas. Dans le texte que vous lirez après mon commentaire, en intégralité, il me fait honte. Je sais que cela paraîtra exagéré. Je sais que Devisse considérera ce qualificatif comme un outrage. Mais je le maintiens, car c’est très précisément ce que je ressens. De la honte. Ainsi, nous en sommes là.

Vous lirez son texte, et il va de soi que vous penserez ce que vous souhaitez. Vous pouvez être d’accord avec lui. Mais alors, vous serez en désaccord complet avec moi. Ainsi. Asi. Commençons par le plus simple, le plus évident. La « bandes quatre », que je fustige dans mon livre Qui a tué l’écologie ?, s’est concertée au moment d’éventuellement répondre à mon travail. Ce n’est pas sot. Ce n’est pas très courageux, mais ce n’est pas sot. Et la décision a été prise de se taire. Le pari, que l’on peut toujours jouer, c’est que mon livre sera tôt oublié. Tous le sont tôt ou tard. On verra. Mais ce n’est pas qu’un cri. C’est aussi une enquête qui met en cause, qui accuse et interroge certaines pratiques. C’est avec le WWF que je suis le plus dur, car aucune association« écologiste » n’est allée aussi loin dans le compagnonnage avec des hommes insupportables et des industries criminelles.

Or donc, silence total sur ce livre. À ce stade, cela vaut aveu. Même si vous n’achetez pas mon livre et que vous ne faites que le feuilleter, vous comprendrez vite que, moralement au moins, on ne saurait se taire. Ou ce que j’écris est vrai, et c’est TRÈS grave. Ou c’est faux, et il faut bel et bien réagir. En tout cas, le texte de Devisse ci-dessous est d’une rare contorsion. Il entend répondre à une – sur 20 – de mes graves accusations, celle qui, dans l’esprit du WWF en France, est la plus susceptible de faire des dégâts. Celle sur le soja. Mais, comme la règle en a été définie, pas question de me citer. Ce qui donne un texte baroque et, j’en suis désolé, pitoyable. Car il ne donne à personne la possibilité de comprendre ce dont il s’agit. On répond donc à l’homme invisible, qui a proféré des paroles muettes. Jean-Stéphane Devisse, encore bravo.

Cela, c’était pour moi le plus évident. Le reste l’est moins. Je mets quiconque au défi de seulement comprendre ce texte. Sauf ceux, peu nombreux, qui connaissent un peu la réalité de terrain de l’Amérique comprise entre Brésil, Argentine et Paraguay. J’en suis. Devisse n’en est pas. Il décrit des généralités, fausses d’ailleurs, et prend bien soin de ne pas évoquer UNE SEULE structure de combat contre le déferlement du soja, et du soja transgénique, dans ces pays martyrs. L’eût-il fait, il aurait été contraint de reconnaître que les vrais écologistes de cette partie du monde – pas les bureaucrates du WWF-Brésil, depuis leurs sièges climatisés des capitales – se battent, au risque parfois de leur vie, contre la dévastation. De rien vers 1970, le soja a progressivement conquis près de 50 millions d’hectares, au détriment de la forêt tropicale et de milieux biologiques aussi merveilleux que le cerrado  – une savane – du Brésil. Une telle révolution dans l’usage des sols s’accompagne – évidemment ! – d’atteintes massives aux droits de l’homme dans des pays où la police et l’armée sont au service des propriétaires terriens. Il y a de très nombreux cas documentés d’expulsions meurtrières contre des communautés locales, paysannes ou indiennes. Le soja est une arme de destruction massive. Mais Devisse s’en fout. Car il a pris le parti des bureaucraties de son association contre la cause des peuples et des paysans.

Au centre de la destruction, il y a des transnationales comme Monsanto. Il est vrai que je cite cette société parce qu’elle n’a pas besoin, chez nous, de commentaire. Monsanto, c’est Monsanto. Et rien n’effacera jamais cette flétrissure : le WWF, poussé par sa section américaine, qui a lié son destin à celui des transnationales, siège dans une table-ronde destinée à promouvoir un label commercial pour le soja. Avec Monsanto. C’est ce qu’on appelle The Round Table on Responsible Soy (RTRS). Si vous avez envie de vous faire mal, vous pouvez aller jeter un regard sur le site internet de cette infamie sociale et écologique (ici). Cette farce macabre dure depuis 2004. Bien entendu, le WWF, qui n’est tout de même pas naïf à ce point, sert de caution « écologique » à une entreprise purement commerciale.

Je plains Devisse, qui ne sait évidemment rien de ces luttes où l’on risque tout, qui se croit malin d’écrire : « Qu’est-ce qu’on y fabrique, autour de cette RTRS ? On discute de critères de production. De la protection des populations. Du droit des syndicalistes. De la protection des forêts à haute valeur de conservation et des rivières. Des engrais et des pesticides. De la nécessité de séparer les filières OGM des non OGM .
» Ça discute sec, autour de la RTRS. On s’y engueule. On frappe du poing sur la table. On résiste au cynisme, au refus d’aborder certains sujets, au mépris des mâles dominants qui forment le corporate de la plupart des firmes d’agro-business. Ce n’est pas gagné, et on ne sait évidemment pas ce qu’il en sortira. Mais nous ne sommes pas naïfs. Si l’on n’en connaît pas l’efficacité, on sait seulement que si l’on n’y siège pas, ou si cette RTRS n’existait pas, on perd la possibilité de la discussion avec les principaux responsables. Au WWF-France, nous faisons totalement confiance aux capacités tactiques de nos collègues Brésiliens pour faire évoluer la filière ».

Si l’enjeu n’était pas la vie et la mort des hommes et des écosystèmes dont ils dépendent, Devisse me ferait rire. Car il est comique d’imaginer des ectoplasmes taper du poing sur la table pour obliger des transnationales à renoncer à leur niveau de profit. Mais je l’ai pas l’âme à plaisanter sur des choses aussi sérieuses. Devisse se déshonore, et voilà tout.

On lira, après son texte, un autre point de vue, extrait d’un article de Javiera Rulli (La soja mata), traduit par l’ami Christian Berdot (Le texte complet en français : ici). Javiera est responsable de la noble association argentine appelée Grupo de Reflexión Rural (ici), qui se bat notamment contre le déferlement de l’agriculture transgénique. Quand donc le WWF paiera-t-il le prix de ce qu’il fait réellement ?

LE TEXTE DE JEAN-STÉPHANE DEVISSE, DU WWF-FRANCE

Soja : faut-il ou non discuter avec le diable ?

Jean-Stéphane Devisse (WWF) – 7 avril 2011

Depuis peu, le WWF est l’objet de critiques quant au soutien qu’il serait soupçonné d’apporter aux responsables de la production de soja en Amérique du Sud, et donc « aux pires pratiques de l’agrobusiness ».

C’est totalement mensonger, ces insinuations reflétant au mieux une méconnaissance profonde du dossier, au pire une volonté d’affaiblir le WWF et les ONG qui s’efforcent d’intervenir dans des situations complexes.

Cela fait plus de 20 ans que le WWF, aux côtés de nombreux acteurs régionaux, alerte l’opinion mondiale et les décideurs sur le bouleversement que connaît l’Amérique du Sud.

Principalement médiatisée par la déforestation du bassin amazonien, cette catastrophe écologique et humaine se retrouve dans l’ensemble du « Cône Sud », conséquence d’une généralisation de l’agriculture intensive et notamment de la production du soja.

Depuis, une partie substantielle du continent s’est transformée en monoculture, au prix d’une brutalité inouïe, mélange de spoliation des populations, recours à une main d’œuvre quasi réduite à l’esclavage, destruction à grande échelle des milieux naturels, pollution des cours d’eau, émissions considérables de gaz à effet de serre, etc.

Plus récemment ont été introduites les semences OGM, au point désormais de concerner 60% du soja brésilien et presque 100% en Argentine et au Paraguay, au point même que des acteurs européens de la grande distribution rencontrent des difficultés croissantes à se fournir en soja non OGM. Au point que cette filière d’approvisionnement non OGM est à présent menacée, tandis que sa disparition bannirait toute distinction entre soja OGM et soja non OGM…

Ce soja, il va sans dire, est exporté en masse à destination du bétail et des volailles en Amérique du Nord, Europe, Chine, etc.

Telle est la situation, qu’on le veuille ou non.

Alors face à ce constat, plusieurs postures sont possibles.

On peut protester, ici ou là, au gré des forum de discussion du web, et s’en contenter. Ça permet peut-être de se donner bonne conscience, mais comme efficacité c’est plutôt limité.

On peut diffuser des documents consacrés au problème, occasionnellement déployer des banderoles sur les navires importateurs de soja dans les ports européens, lobbyer les autorités françaises et européennes, proposer un durcissement des réglementations (ici en Europe) : de nombreuses ONG européennes s’y emploient pour tout ou partie, le WWF comme les autres. On nous rétorque en général qu’ici on n’y peut pas grand-chose, ou du moins l’efficacité de ces actions s’en trouvera toujours limitée par le fait assez facile à comprendre que ceux qui réduisent le Sertao ou la Pampa en immense champ de soja le font avec l’assentiment réel ou tacite des autorités des pays concernés…

On peut aussi appeler au boycott des produits, mais on n’a si peu de probabilité d’être massivement suivi qu’on peut aussi militer pour diminuer la part carnée dans l’alimentation des pays riches (mais désormais aussi en Chine et là, on n’a pas beaucoup de prise…), encourager une production de protéines végétales en Europe (de la luzerne et du pois au lieu du soja d’importation), etc. Ça aussi, on le fait, le WWF le fait, beaucoup le font et il faut continuer. Mais cela n’empêche nullement qu’à cette seconde précise, de gros engins sont en train de détruire de grands lambeaux d’exploitations paysannes, de milieux naturels, des kilomètres de rivières… C’est donc insuffisant.

On peut aussi lever des fonds ici, c’est-à-dire dans les pays riches, qui permettront aux ONG sud-américaines d’agir, car il leur faut bien financer des postes, des études, des bureaux, des déplacements, etc. Ça coûte cher, et il faut continuer sans se poser de questions. De nombreuses ONG le font, dont le WWF qui est un des principaux contributeurs, et c’est normal vu que c’est une des ONG environnementales qui parvient à lever le plus de fonds. Ces actions locales consistent à informer sans relâche, à « réseauter », à dénoncer les salopards, à plaider pour « qu’un autre monde soit possible », au prix parfois de grands risques. Est-ce efficace ? Certainement, mais pas assez vu que trop souvent nos interlocuteurs se font rentrer dedans, et que le désastre continue.

On peut aussi construire des labels très exigeants qui permettent de valoriser les quelques bons élèves, Non OGM, bio, etc. Le WWF l’a aussi fait avec les critères de Bâle. Cependant les plantations certifiées représentent une part quasi inexistante de la production, très peu de producteurs de bétails européens utilisent ce soja. Les principaux acteurs ne sont pas impliqués et le soja continue à faire des ravages, vite, très vite.

Et puis enfin, on peut interpeller directement les semenciers et autres multinationales acteurs de la filière et coresponsables du désastre, qu’ils soient Sud-Américains ou autres. Ceux dont les sièges sociaux sont basés en Suisse ou ailleurs en Europe, aux USA, dans les paradis fiscaux, en fait un peu partout dans le monde globalisé et même au Brésil ou en Argentine. Pour tenter de les convaincre, et avec eux les autorités politiques des régions cultivées, de limiter les dégâts, d’adopter des critères de production « plus responsable », plus « propre », plus « développement durable ».

A force de les interpeller des années durant, une « table-ronde du soja responsable » (RTRS) a fini par être mise en place. Elle regroupe les acteurs majeurs de la filière qui au départ n’en voulaient pas. Qui maintenant ont compris qu’ils n’avaient guère le choix, en fait. Parmi eux : Monsanto. Le diable en personne. Egalement, siègent dans le conseil d’administration de la RTRS plusieurs organisations dont le WWF, logiquement représenté par le WWF-Brésil.

Observateur interne, en quelque sorte. Car si on laisse entre eux les industriels, on n’ira pas loin.

Qu’est-ce qu’on y fabrique, autour de cette RTRS ? On discute de critères de production. De la protection des populations. Du droit des syndicalistes. De la protection des forêts à haute valeur de conservation et des rivières. Des engrais et des pesticides. De la nécessité de séparer les filières OGM des non OGM .

Ça discute sec, autour de la RTRS. On s’y engueule. On frappe du poing sur la table. On résiste au cynisme, au refus d’aborder certains sujets, au mépris des mâles dominants qui forment le corporate de la plupart des firmes d’agro-business. Ce n’est pas gagné, et on ne sait évidemment pas ce qu’il en sortira. Mais nous ne sommes pas naïfs. Si l’on n’en connaît pas l’efficacité, on sait seulement que si l’on n’y siège pas, ou si cette RTRS n’existait pas, on perd la possibilité de la discussion avec les principaux responsables. Au WWF-France, nous faisons totalement confiance aux capacités tactiques de nos collègues Brésiliens pour faire évoluer la filière.

Voilà l’histoire. Alors non, le WWF ne soutient pas Monsanto et son Soja round up ready OGM. Ça, c’est du gros mensonge. Non, le WWF ne soutient pas les pires pratiques de l’agrobusiness, puisque précisément il les combat. Avec beaucoup d’autres. Sur plusieurs fronts, dont pas un est inutile, même le front du dialogue.

Bien sûr les puristes hurlent et protestent. Pas de dialogue avec le Diable ! Ils disaient la même chose lorsque, avec d’autres, le WWF s’est mis à discuter avec les exploitants forestiers d’Afrique Centrale, par exemple. Pour une certification FSC des exploitations forestières qui, aujourd’hui, montrent qu’on peut diminuer fortement les impacts à défaut de les supprimer, le temps que les consommateurs de bois tropicaux que nous sommes, nous les pays riches, apprenions à choisir avec davantage de discernement les biens et matériaux que nous utilisons.

Voilà, tout est dit. Que ceux qui refusent l’idée même du dialogue s’interrogent sur la portée de leurs actions réelles, et qu’ils concentrent leur feu sur les premiers responsables du désastre.

Jean-Stéphane Devisse, directeur des Programmes WWF-France.

L’EXTRAIT DU TEXTE DE JAVIERA RULLI

Plateforme d’écoblanchiment

La Table Ronde sur le Soja Responsable (RTRS) est une large coalition comprenant de grands groupes industriels et des groupes environnementalistes comme le WWF. Depuis 2004, elle essaye de développer une série de critères « durables » pour la production intensive en monoculture du soja en Amérique du Sud. Les critères de la Table Ronde n’excluent pas les OGM, ce qui n’a rien d’étonnant puisque Monsanto et Syngenta l’ont rejoint en février 2009. Ces dernières années, le WWF a aussi fondé la Table Ronde sur l’Huile Palme Durable (RTSO), l’Initiative pour une Meilleure Canne à Sucre (BSI) et la Table Ronde sur les Biocarburants Durables (RTSB). Le WWF joue un rôle clé en permettant aux plus grandes sociétés de l’agrobusiness de se donner un semblant de responsabilité sociale et environnementale et en leur permettant d’écoblanchir la production de matières premières mondiales (souligné par le traducteur). Ces initiaitves ont aussi pour but de détourner, de fausser et d’affaiblir les accords politiques internationaux. Les critiques contre la Table Ronde pour le Soja Responsable sont largement reprises au sein des mouvements sociaux et écologistes en Amérique du Sud. Aucun de ces mouvements ne participe à cette Table Ronde.

Action au siège de WWF Pays-Bas

Le dompteur Monsanto fait danser le Panda WWF… Début 2009, après la 4ème Conférence de la Table Ronde sur le Soja Responsable, on peut lire dans la déclaration de Campinas qu’un des premiers objectifs en est la réduction des gaz à effet de serre. Les critères de durabilité comprennent des directives sur les bilans carbone des exploitations en liaison avec l’utilisation de combustible et la qualité du sol (en tenant compte de l’agriculture de conservation, la rotation des cultures et une fertilisation équilibrée). Les critères de la RTRS ont servi de cadre pour les critères de l’ « Agriculture Certifiée » de l’AAPRESID. Et l’AAPRESID est aussi membre de la… RTRS.

En juin 2009, un communiqué de presse de la RTRS, la Table Ronde sur le Soja Responsable, mentionnait pour la première fois des crédits carbone en liaison avec les forêts et la protection du sol. Pour Jason Clay, l’expert agricole du soja qui dirige le travail du WWF avec les marchés internationaux : « Le challenge maintenant est de trouver les mécanismes pour récompenser les agriculteurs qui protègent les forêts et les sols en leur permettant de vendre des crédits carbone à côté de leur soja ». Pour lui, « C’est une situation gagant-gagnant. Les forêts et les sols sont protégés, les producteurs ont une source de revenus supplémentaire et les grossistes et propriétaires de marques peuvent maintenant acheter du soja responsable comme un moyen de diminuer leur empreinte carbone. Cela change la nature même du soja et en fait un tout nouveau type de produit »(Souligné par le traducteur). Auparavant, Clay avait promu « la rotation culture intégrée x bétail avec Zéro labourage » dans la région amazonnienne comme un moyen de diminuer la déforestation, mais récemment il a changé de discours et a commencé à parler de crédit carbone.

Pour finir, le lobby des biotechnologies est prêt pour Copenhague et il semble bien qu’il ait un orde du jour proche de celui des grands groupes environnementalistes. Dans un document récent de l’association états-unienne de lobbying des biotechnologies, BIO, un des objectifs surprenants était de chercher à collaborer avec le WWF. D’autre points à aborder dans le nouveau traité sur le climat, sont les menaces concernant les enjeux liés à la propriété intellectuelle. Quand aux avantages, il peut s’agir du potentiel d’aides et de subventions pour les fournisseurs de biotechnologies et des incitations gouvernementales pour le développement international des biotechnologies. Les recommandations incluent aussi, ce qui ne surprendra personne, une collaboration étroite avec les Etats-Unis et les gouvernements amicaux. Avant que la 15 ème Conférence des Parties ne se tienne, il y a encore beaucoup à rechercher et révéler sur la course de l’agrobusiness pour accéder au marché des crédits carbone. Il est cependant urgent qu’un débat critique commence aussi entre organisations et autres mouvements, afin qu’une stratégie d’action et un message clairs, forts et sans concession se dégage contre « l’offensive climatique » de l’agrobusiness. En ce moment les slogans des mouvements sociaux comme « La petite agriculture durable refroidit la terre » pourraient s’avérer ne pas être suffisants pour contrer l’avance massive de la machinerie de l’agrobusiness sur la scène des changements climatiques. Il est nécessaire d’identifier et de dénoncer les acteurs du lobby des multinationales comme Monsanto et les autres entreprises de biotechnologies.

Mais il est aussi important de mettre en lumière le rôle que jouent les grandes ONG environnementalistes, comme le WWF (Fond Mondial pour la Nature), le TNC (The Nature conservancy), l’UICN (l’Union Mondial pour la Nature) [2] dans ces processus multipartites sur la Responsabilité Sociale des Entreprise et de renforcer leur rejet » (Souligné par le traducteur).

Un historiette à propos des compteurs (à eau, à gaz)

Comment marche le système industriel. J’ai une petite maison quelque part. Avec de l’eau au robinet qui provient du vallon au-dessous. Une simple pompe la fait remonter au-dessus du hameau et remplit un réservoir enterré qui, par gravitation, abreuve les habitants du lieu, dont moi. C’est parfait, sauf que non. Nous pourrions, nous devrions nous passer de tout intermédiaire, et boire l’eau que la vie nous apporte gratuitement sans nous demander notre identité (et notre numéro de compte bancaire).

Mais une compagnie privée est passée par là. A bâti un minuscule bâtiment. Installé des compteurs individuels. Et l’eau est devenue imbuvable, pour moi en tout cas, car elle est surchargée en chlore. Mais surchargée ! Pourquoi ? À cause de consignes nationales liées au plan Vigipirate. Je le jure. L’homme qui vient ajouter du chlore dans notre eau à nous, et que l’on paie pour cela, a expliqué qu’il était contraint de doubler – ou tripler ? –  la dose de chlore. Au cas où Al-Qaida viendrait s’attaquer, avec sa fourberie coutumière, à ce vallon perdu. Et ce n’est pas tout.

La compagnie privée que je payais jusqu’ici pour mettre des surdoses de chlore dans mon eau a disparu sans prévenir. Elle était de taille régionale. Un beau jour récent, j’ai reçu des factures signées Veolia. C’était le grand saut dans le monde des transnationales.Veolia avait racheté. Un peu plus tard, j’ai reçu une lettre m’informant que mon compteur, qui marchait excellemment bien, venait d’être changé sans que cela me coûte un centime d’euro. Comme il est sur la rue du hameau, l’opération s’était faite en mon absence. Mais, me précisait la lettre, tout cela était gratuit. Gratuit, donc mystérieux.

Je crois désormais disposer de l’explication. Car là où j’habite en ville, un employé d’une société sous-traitante de GDF vient de passer me voir. Un lettre, que j’avais totalement oubliée, m’avait en effet prévenu de sa visite. Et que voulait-il ? Changer mon compteur à gaz. Gratuitement. Et pourquoi ? Parce que les compteurs doivent être changés tous les vingt ans. Et pourquoi ? Ah, bé, ben, l’employé était embarrassé. Comme je lui arrachais les mots de la bouche, il m’a finalement raconté la vérité. Et la vérité est que, peu à peu, les compteurs tournent moins vite. Beaucoup ? Je pense : un tout petit peu. Ce qui veut dire que le profit baisse, inéluctablement. Et ce qui vaut pour le gaz doit valoir, de même, pour l’eau.

On jette donc des compteurs en parfait état, faits de matières premières hautement précieuses, on en installe de nouveaux, qui utilisent à nouveau des matériaux plus ou moins rares. Et gonflent alors les stock-options. Et grimpent avec les bénéfices et les dividendes. Pour ma part, j’ai refusé tout net le changement de mon compteur à gaz, et continuerai de refuser tant que la police d’État ne sera pas venue, accompagnée par le Raid et le GIGN. Je vous en avais prévenu, c’est une historiette.

PS ignoble : Veolia est partenaire de France Nature Environnement (FNE), ce que je dénonce, entre autres, dans Qui a tué l’écologie ?

Et les piscines de La Hague (sur le nucléaire)?

La tragédie continue, ce samedi 19 mars 2011 au matin. Un câble électrique, branché au réacteur n°2 de Fukushima, pourrait permettre de rétablir une partie de l’électricité, de manière à relancer le système de pompage de l’eau destinée à refroidir les monstres échappés de l’enclos. On se croirait dans les Shadoks, cette série télévisée que je regardais quand j’étais gosse. Je rappelle pour les jeunes que ces personnages animés passaient un temps considérable à pomper. Si je me souviens bien, on ne savait plus très bien pourquoi. Mais on pompait. Pour détendre un peu cette sinistre atmosphère, un florilège de citations tirées de cet univers foutraque.

1 : « Ce n’est qu’en essayant continuellement que l’on finit par réussir. Autrement dit : plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. »

2 : « Il vaut mieux pomper d’arrache-pied même s’il ne se passe rien que risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas. »

3 : « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. »

4 : « Je pompe donc je suis. »

5 : « Quand on ne sait pas où on va, il faut y aller… et le plus vite possible ! »

Comme je n’entends pas vous laisser le sourire aux lèvres, je vous glisse ci-dessous le texte d’une dépêche de l’AFP. Que naisse, que renaisse en France un vrai mouvement antinucléaire, capable de poser toutes les questions. Dont celle des piscines non couvertes de La Hague. Non couvertes, mais chauffées. Pardi.

La sûreté des piscines de combustible nucléaire en question après Fukushima

CAEN – La catastrophe de Fukushima pose la question de la sûreté des piscines à combustibles nucléaires usagés, qui ne sont jamais pourvues d’enceintes de confinement, y compris à l’usine Areva de la Hague, ou d’énormes quantités de matière radioactives sont entreposées. « La sûreté des piscines, c’est “la” question après Fukushima. Aucune au monde n’est protégée par une enceinte de confinement » de la radioactivité, comme c’est le cas pour les réacteurs, souligne le physicien David Boilley, président de l’Association pour le contrôle de la radioactivité de l’Ouest.

A Fukushima, les Japonais se battent pour éviter que les combustibles des piscines des réacteurs 3 et 4 n’émergent de l’eau dont le niveau baisse en raison de l’évaporation, liée à la panne des systèmes de refroidissement. Si le combustible dégradé se retrouvait à l’air libre, le rayonnement pourrait être tel qu’il risquerait d’interdire l’accès au site, où plusieurs autres réacteurs sont dans une situation critique.

Toutes les centrales nucléaires du monde disposent d’une piscine destinée à recueillir les combustibles irradiés. Mais l’usine de retraitement d’Areva à la Hague, l’un des plus gros entrepôts de matière radioactive au monde, préoccupe particulièrement les écologistes, à commencer par Yannick Rousselet, chargé des questions nucléaire de Greenpeace France. « Soixante des 74 tonnes environs de plutonium recensées en France se trouvent à La Hague », affirme-t-il. Toutefois, nuance Monique Sené, chercheuse au CNRS et co-fondatrice du Groupement des scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN), la nature des combustibles diffère de ceux d’une centrale. « On aurait plus de temps pour agir à La Hague que pour les piscines de réacteurs car les combustibles y sont moins chauds. Mais si on échoue, c’est plus grave », souligne cette scientifique.

Seul pays à produire plus de la moitié de son électricité (75%) avec le nucléaire, la France concentre la majeure partie de ses combustibles usagés dans les 48.000 m3 d’eau des piscines de la Hague, où travaillent 5.000 personnes. Celle du réacteur 4 de Fukushima ne fait que 1.000 m3. En 2001, un rapport du cabinet Wise au Parlement européen évaluait à « 67 fois Tchernobyl » les conséquences d’un attentat contre le site. Cela « semble exagéré », avait alors commenté l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Areva relativise aujourd’hui toute comparaison avec le drame de Fukushima. « Nos combustibles ont passé un à deux ans dans les piscines des centrales avant d’arriver à La Hague. Ils sont dix fois moins chauds que ceux de Fukushima », argumente le directeur de la communication de l’usine, Christophe Neugnot. Aussi, en cas de panne totale des systèmes de refroidissement et de secours, « il faudrait au moins une semaine » pour que les combustibles commencent à émerger, assure Areva qui souligne disposer d’une réserve de 250.000 m3 d’eau. Le site, juché à 180 m d’altitude, est à l’abri d’un tsunami et le risque sismique, modéré, a été pris en compte, selon cette source. Pour Mme Sené et M. Rousselet, le site n’est toutefois pas à l’abri d’une déficience technique et peut être exposé à une attaque terroriste.

Après le 11-Septembre, des lance-missiles avaient été positionnés autour de l’usine pour parer à une éventuelle attaque aérienne. Ce dispositif avait toutefois été rapidement levé, « le temps pour les militaires de prouver que si un gros porteur se déroute, un avion de chasse aurait vite fait » de l’intercepter, selon l’ASN.

(©AFP / 19 mars 2011 09h34)

Putain, ces gens me rendent malade (sur le nucléaire)

Je manque affreusement de mots pour dire le dégoût que m’inspirent nos politiciens. Je parle bien entendu du désastre nucléaire en cours, qui me mène chaque quart d’heure au bord des larmes. Oui, sincèrement, j’ai envie de pleurer. Et qu’on ne me vienne surtout pas m’emmerder avec cette antienne du « tous pourris », censée écarter la critique radicale de ce monde exténué, et d’ailleurs perdu. Avant d’être pourris – et certains le sont, plus nombreux qu’on ne l’écrit -, ces gens sont des imbéciles. De purs connards, qui ne comprennent rien, et d’ailleurs s’en foutent, car leur intérêt d’individus dérisoires est ailleurs. En février 2007, tant Ségolène Royal que Nicolas Sarkozy, alors candidats à l’élection présidentielle, répondirent n’importe quoi à une question du journaliste de RMC Jean-Jacques Bourdin. Et la question était tout de même de savoir le nombre de sous-marins d’attaque nucléaires dont disposait alors la France. Misère ! Sarkozy montra au passage, pour faire le compte, qu’il ignorait tout des différences entre musulmans sunnites et musulmans chiites, clé pourtant, parmi quelques autres, de la situation politique mondiale. Il n’y a rien à attendre. Il faut renverser, et refonder.

À propos de l’horreur nucléaire japonaise, je dois confesser que j’ai en moi des pulsions extrêmes. Ce n’est pas la gloire, mais c’est un fait. Jack Lang, désastreux personnage entre tous, sur LCI :« Un peu de calme, un peu de responsabilité, c’est un sujet trop grave pour que ce soit source d’affrontements entre politiciens (…) L’énergie nucléaire est une énergie pacifique, une énergie non polluante, une énergie qui représente pour l’économie française, je crois, 30% de son énergie, on ne va pas d’un coup d’aile ou d’un coup de main écarter cette source d’énergie ». Comment réussir à dire autant de conneries en si peu de phrases ? J’avoue ne pas le savoir. J’aimerais mieux que Lang explique dans quelles conditions sa femme Monique a pu être salariée par la Lyonnaise des Eaux, et pour quoi. Et pourquoi Google garde-t-il si peu de traces de cet événement pourtant si éclairant.

Côté droit, l’ancien ingénieur agronome Pierre Méhaignerie, ancien ministre UMP, vient de déclarer des choses qui lui ressemblent, et ce n’est pas un compliment. Sur le Talk Orange/Le Figaro : «Un référendum n’aboutirait pas à grand-chose parce qu’à un problème complexe, on ne peut pas répondre par une réponse simple ». Et j’arrête là, car je veux dormir un peu cette nuit. Aucun, aucun politicien de droite ou de gauche ne peut nous aider dans cette tache historique : abattre les féodalités de l’énergie, abattre le corps des ingénieurs de Mines, sortir du nucléaire, imposer à l’industrie des process qui divisent par cinq la consommation unitaire d’énergie.

Il est clair à mes yeux que le moment arrive de sortir à l’air libre. Et d’agir. Nous nous le devons. Nous le devons à nos enfants. Nous le devons au Japon crucifié. Nous le devons à l’humanité.

À quoi reconnaît-on un chef d’oeuvre ? (sur les gaz de schistes)

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

Mes aïeux, c’est triomphal ! Le texte que j’ai le vif plaisir de vous offrir ci-dessous a été écrit par une structure de lobbying appelée Amicale des Foreurs et des Métiers du pétrole. Je ne souhaite pas vous gâcher le plaisir de la découverte, mais dans le même temps, je vous invite à noter (au moins) deux points. Le premier, c’est que ces braves pious-pious  – la guerre de 14 est éternelle – ne savent pas quoi répondre à la société. Par exemple, sans seulement avancer une information, ils notent, espérant peut-être nous convaincre : « Les chiffres avancés parlant de millions de litres injectés sont fantaisistes ». Amis foreurs, vous êtes follement rassurants. Et le deuxième point, étrangement ressemblant, est qu’ils ne savent pas quoi répondre à la société. Nous savons que des centaines de produits chimiques différents, dont nombre cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques, perturbateurs endocriniens, sont utilisés.

Ce n’est pas une élucubration, c’est simplement un fait. Mais regardez plutôt la fulgurance des Foreurs associés : « L’eau injectée est effectivement traitée pour avoir un PH basique et viscosifiée par un biopolymère, parfois de l’amidon, ou de l’argile ; on rajoute parfois un inhibiteur d’argile pour empêcher cette argile de gonfler. Le secret sur la composition exacte relève plus des pourcentages que de la composition elle-même ». Pas une vérité, pas le moindre début de liste. Vous voulez mon avis ? Mais c’est un aveu. Un gigantesque aveu de ce qu’ils nous préparent.

Je me rends compte qu’il me faut ajouter un troisième point, beaucoup trop sous-estimé selon moi dans notre combat commun. Ces gens ne disent pas un mot de la crise climatique. Pour une raison très simple : leurs amis américains ont lancé leur énième aventure sans se doter – pour cause – d’une étude sérieuse sur les fatales conséquences des gaz et du pétrole de schistes dans ce domaine clé. Je ne cesse de répéter qu’une victoire des foreurs en tout genre signifierait, en réalité, la fin de toute négociation internationale sur les émissions de gaz à effet de serre. DEBOUT !

 Amicale des Foreurs et des Métiers du pétrole
14, Rue Henri IV 64510 BORDES
Tél : 05 59 53 22 89 – Email : foreurs@orange.fr – Web : www.foreurs.net

FORAGE POUR LE GAZ DE SCHISTE

Bordes (64) le 6 mars 2011 – L’énorme,  puissant  et dévastateur  cyclone médiatique environnemental    dont l’œil central est toujours  « le forage pétrolier » et plus particulièrement « le gaz de schiste » s’est formé  et circule dans notre pays depuis près  de deux mois. Il perturbe  les esprits et poursuit  ses ravages  de désinformation  et de peurs  dans  toutes les provinces françaises où des permis miniers  ont été attribués  et des forages programmés. Parfaitement  orchestré pour la nuisance, il   détruit  tout sur son passage  et laisse  totalement désarmées  et déstabilisées des  populations mal informées  devant  les annonces alarmistes  des conséquences annoncées.

L’industrie du forage  pétrolier, géothermique  et minier  œuvre  dans le sous-sol  de notre pays depuis plus d’un siècle  et elle a démontré son professionnalisme, son savoir faire  et ses réussites avec  pour preuve les milliers de puits forés  dans les règles de l’art, productifs en gaz, pétrole et eau pour la géothermie. Tous  les forages classiques  ont été  et sont toujours exécutés selon les dernières techniques connues et reconnues  européennes et internationales,   dans le strict respect de la règlementation française, qui est  d’ailleurs très contraignante, des normes de sécurité  et  du respect de l’environnement : protection  du sous-sol,  réduction du bruit, traitement des rejets divers , de la boue  et  remise en l’état  des terrains après les travaux.

Depuis toujours la délivrance des permis puis les travaux de forage d’exploration ou de production   sont   suivis par les services de l’état, la DGEC, les DREAL, ainsi que l’Inspection du Travail. Toutes les phases sont donc l’objet d’un contrôle règlementaire strict.

Doit on rappeler que des forages d’eau , d’hydrocarbure ou de géothermie  ont été réalisés  il y a quelques années  en plein Paris,  à Versailles et en très  proche banlieue  par des sociétés françaises  avec du matériel spécialement adapté aux milieux sensibles. Les maires  des villes ou villages où ont été effectués des travaux  de prospection et de forage peuvent être consultés et témoigner que les forages se sont déroulés  dans les règles de l’art  pour la commune et l’environnement   et qu’ils ont été créateur d’emploi  et de revenus. La seule réserve  de taille  qu’ils émettent, qui est légitime, est  que la commune ne reçoit aucune redevance sur la production lorsqu’une découverte est faite, les seuls  bénéficiaires désignés par la loi étant  le Département et la Région.  Il y a là une injustice  que notre Association dénonce depuis de très nombreuses  années. Pour informer et répondre aux  interrogations légitimes que peut se poser la population reprenons les principaux arguments avancés par les opposants à l’exploitation des gaz de schiste.

L’impact sur l’environnement

Il n’est bien évidemment pas question de forer des puits tous les 500 mètres comme cela a pu être dit et écrit : cela ne se fait que dans des zones désertiques. En France et ailleurs en Europe, les puits sont regroupés en « cluster », c’est-à-dire qu’à partir d’une même plateforme on va forer   un grand nombre de puits. C’est ainsi que sont développés la plupart des champs de pétrole actuels de la région parisienne ou de l’Aquitaine. Les techniques actuelles de forage dévié sont parfaitement maîtrisées : c’est d’ailleurs ainsi que sont développés tous les champs offshore.  L’impact sur l’environnement est donc limité, les plateformes de forage occupant un espace restreint, de l’ordre de 100m par 100m.

Les ressources en eau

 Les quantités

Les chiffres avancés parlant de millions de litres injectés sont fantaisistes. Il faut aussi savoir que cette eau ne disparait pas dans les formations sinon cela voudrait dire que le gaz pourrait lui aussi s’échapper. Cette eau injectée pour la fracturation est quasi intégralement récupérée lors des premiers temps de la production. Elle est ensuite traitée en surface pour être recyclée : des techniques très poussées ont été développées pour cela. Il en va d’ailleurs de même pour l’eau produite par les gisements de pétrole : il faut savoir que la plupart des champs de pétrole exploités en France produisent beaucoup plus d’eau que de pétrole et que l’on sait depuis longtemps traiter cette eau.

Les additifs  de fracturation

L’eau injectée est effectivement traitée pour avoir un PH basique et viscosifiée par un biopolymère, parfois de l’amidon, ou de l’argile ; on rajoute parfois un inhibiteur d’argile pour empêcher cette argile de gonfler. Le secret sur la composition exacte relève plus des pourcentages que de la composition elle-même. Cette technique de fracturation est employée dans les forages pétroliers depuis très longtemps  et
aucun effet nocif sur l’environnement n’a été observé.

La pollution des nappes phréatiques

Il y a eu effectivement des problèmes aux Etats-Unis : un procès vient d’avoir lieu au cours duquel un opérateur a été condamné pour des manquements techniques. C’est le B.A. BA du forage que de faire un programme qui isole parfaitement les aquifères : une série de cuvelages est mise en place, ils sont cimentés et les cimentations sont contrôlées pour s’assurer qu’il n’y aura pas de communication entre un niveau producteur de pétrole ou de gaz et ces aquifères. La règlementation  est très stricte sur ce point. Tous les puits forés dans le Bassin Parisien traversent l’Albien et l’on sait parfaitement comment s’y prendre pour l’isoler.

Une autre erreur concerne les premiers puits qui vont être forés sur les permis nouvellement attribués. Ces puits sont des puits verticaux classiques qui permettront de prélever des échantillons  dans les horizons recherchés : ces échantillons seront analysés pour savoir s’il y a
possibilité d’une production économiquement viable. Dans l’affirmative, un permis d’exploitation sera alors demandé avec un dossier technique très documenté dans lequel l’impact environnemental est un élément important. Il n’y aura pas de fracturation à ce stade.

Autre confusion qui est faite, c’est d’assimiler les gaz ou huile de schiste aux schistes bitumineux : il s’agit de deux choses totalement différentes. Au passage notons que les schistes bitumineux seront probablement les ultimes ressources de pétrole de la planète : espérons que
l’on trouvera rapidement des moyens de les exploiter plus respectueux de l’environnement< ou que l’on pourra développer des ressources d’une autre origine, ce qui est encore un vœu pieux dans certains domaines comme la chimie ou le transport.
Jacques Sallibartant, président. Jean-Claude Rémondet, vice-président

Créée en 1986 par Jacques Sallibartant, l’Amicale des anciens Forex est devenue en 1993 Amicale des Foreurs de France, puis en 2006 Amicale des Foreurs et des Métiers du Pétrole (AFMP). Association loi 1901, indépendante financièrement et gérée par des bénévoles, elle comporte environ 1700 membres, personnel actif ou retraité de l’industrie pétrolière et sociétés de l’amont pétrolier au nombre d’une centaine. Elle a pour objectif d’aider ses membres en recherche d’emploi à travers un relais emploi qui reçoit et diffuse les offres et demandes. Elle s’emploie également à promouvoir les métiers en suscitant des formations destinées à permettre à des jeunes d’entrer dans la profession. Elle s’investit auprès des administrations compétentes pour faire évoluer les règlementations applicables aux activités de recherche (procédures d’attribution des permis, règlementations techniques, réglementation du travail, fiscalité, etc.) afin de rendre notre pays plus attractif aux investisseurs pétroliers. Elle publie une revue trimestrielle « Foreurs Contact » et gère un site internet « www.foreurs.net ».