Archives de catégorie : Journalisme

George Monbiot se déshonore (sur le nucléaire)

J’aurais aimé me passer de ce papier-ci, mais c’est impossible. J’ai à de nombreuses reprises attiré votre attention sur l’éditorialiste du journal britannique The Guardian, George Monbiot. Il est brillant, batailleur, et il était écologiste. Si je dois utiliser l’imparfait, c’est à cause d’un article paru le 21 mars (ici) dans lequel Monbiot annonce son spectaculaire ralliement à l’énergie nucléaire. J’ai été tenté de traduire ce texte pour vous, mais ayant commencé, j’ai réalisé que je n’en aurais pas le temps. Car ce dernier me manque. Je vous livre donc une version non complète, glanée sur le Net, mais dont j’ai pu apprécier la qualité. Les parties négligées sont secondaires. Voici donc le texte de Monbiot, déplorable à tous égards. En deux coups de cuiller à pot, sans autre argument que la fantaisie de l’auteur, il va semer un trouble profond chez les lecteurs de ce journaliste talentueux. Pour vous dire ma vérité toute simple, Monbiot me fait honte.

Why Fukushima made me stop worrying and love nuclear power

Vous ne serez pas surpris d’apprendre que les événements au Japon ont modifié la vision que j’avais de l’énergie nucléaire. Mais vous risquez d’être surpris par le changement en question. A la suite de la catastrophe de Fukushima, je ne suis plus neutre vis-à-vis du nucléaire. J’en suis un partisan.

Une vieille centrale pourrie dotée d’une sécurité inadaptée a été frappée par un séisme monstrueux et un violent tsunami. Elle s’est retrouvée privée d’électricité, ce qui a mis le système de refroidissement hors service. Les réacteurs ont commencé à exploser et à entrer en fusion.
Ce désastre a révélé au grand jour le résultat d’une conception défaillante et d’économies réalisées à la va-vite. Pourtant, pour ce que l’on en sait, personne n’a encore été victime d’une dose mortelle de radiations. Des écologistes ont grossièrement exagéré les dangers de pollution radioactive. Si d’autres formes de production de l’énergie ne causaient pas de dégâts, l’impact de Fukushima serait plus fort. Mais l’énergie, c’est comme les médicaments : s’il n’y a pas d’effets secondaires, il y a de grandes chances que ça ne marche pas.

Les énergies renouvelables dégradent le paysage

Comme la plupart des écologistes, je suis en faveur d’un développement sans précédent des énergies renouvelables. Mais je peux comprendre de quoi se plaignent leurs adversaires. Il n’y a pas que les éoliennes qui inquiètent les gens, mais aussi les nouvelles connexions au réseau (les pylônes et les câbles d’alimentation). Plus la proportion que représente l’électricité renouvelable augmentera, plus il faudra de systèmes de stockage pour que l’on puisse continuer à s’éclairer. Comme d’autres, j’ai appelé à ce que les énergies renouvelables servent à la fois à remplacer l’électricité produite grâce aux combustibles fossiles et à augmenter le volume de production, afin de supplanter le pétrole utilisé pour les transports et le gaz de chauffage. Mais faut-il également que nous exigions qu’elles se substituent à la capacité nucléaire actuelle ? Plus nous imposerons de missions aux énergies renouvelables, plus leur impact sera grand sur le paysage, plus il sera difficile de convaincre l’opinion publique.

Peu de rendement des capteurs solaires

Sous nos latitudes, la production d’énergie ambiante à petite échelle est une perte de temps. La production d’énergie solaire au Royaume-Uni implique un gaspillage spectaculaire de ressources déjà rares. Elle est d’une inefficacité désespérante et ne parvient que misérablement à satisfaire la demande. L’énergie éolienne est plus ou moins sans intérêt dans les zones peuplées. Cela tient en partie au fait que nous nous sommes installés dans des endroits abrités du vent ; en partie au fait que les turbulences engendrées par les bâtiments interfèrent avec l’écoulement de l’air et perturbent le mécanisme. Et avec quoi ferions-nous tourner nos filatures, nos fours à briques, nos hauts-fourneaux et nos chemins de fer électriques — pour ne rien dire de technologies industrielles avancées ? Des panneaux solaires sur les toits ?

C’est quand on s’intéresse aux besoins de l’ensemble de l’économie que l’on cesse d’être amoureux du principe de la production locale. Un réseau national (ou, mieux encore, international) est une condition indispensable à une alimentation en énergie essentiellement renouvelable.
Le nucléaire préférable aux énergies vertes. Même avec une population nettement moindre que celle d’aujourd’hui, les produits manufacturés, dans une économie agricole, étaient réservés à une élite. Une production énergétique 100 % verte — décentralisée, fondée sur les produits de la terre — serait bien plus dommageable pour l’humanité qu’une fusion du cœur d’un réacteur nucléaire.

Mais la source d’énergie à laquelle vont revenir la plupart des économies si elles renoncent au nucléaire, ce n’est pas le bois, l’eau, le vent ou le soleil, mais les carburants fossiles. A tout point de vue (changement climatique, impact des mines, pollution locale, dommages et morts liés à l’industrie, et même émissions radioactives), le charbon est cent fois pire que l’énergie nucléaire. Avec l’expansion de la production de gaz de schiste, l’extraction du gaz naturel devient tout aussi dommageable.

Je n’en exècre pas moins les menteurs qui s’occupent de nucléaire. Oui, je préférerais que tout le secteur cesse ses activités s’il existait des solutions de rechange sans danger. Toutes les technologies énergétiques ont un coût ; l’absence de technologies énergétiques également. L’énergie atomique vient d’être mise à très rude épreuve, et l’impact sur la population et sur la planète a été limité. La crise de Fukushima a fait de moi un partisan de l’énergie nucléaire.

Si vous voulez réécouter la radio publique

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

Je ne connaissais ni Bernard Thomasson ni Régis Picart, de France-Info. Ce dernier est rédacteur-en-chef, et le premier, qui m’a reçu en direct à 12h45, adjoint. Je dois dire qu’ils ont été sympathiques au possible, ouverts, et que nous avons pu, hors antenne, mener une discussion qui m’a semblé de qualité. J’espère qu’ils pensent de même. En tout cas, sans chichis, je les remercie. Voici l’adresse où l’on peut réécouter ce passage : France-Info.

Concernant Là-bas si j’y suis, l’émission de Daniel Mermet diffusée elle aussi ce mercredi 23 mars 2011, on peut réécouter ici, au moins pour quelques jours. Salut ! L’émission avec Mermet

On peut aussi trouver l’émission ici : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2139

Chez Mermet et sur France Info

Il est temps que ce mardi s’achève, parce que je suis simplement crevé. Cela arrive. Je voulais dire à ceux qui en auront le loisir qu’ils peuvent m’écouter demain mercredi 23 mars à 12h45 sur France-Info. Et à partir de 15 heures sur France-Inter, dans l’émission de Daniel Mermet, Là-bas si j’y suis. Vous me ferez peut-être le plaisir d’un commentaire.

Là-dessus, dormir.

Vadrot versus Nicolino (sur RFI)

Bon. Un débat. Je profite de la très provisoire accalmie sur le front nucléaire pour vous adresser le son d’un débat entre Claude-Marie Vadrot et moi-même. Vadrot a longtemps été président (contesté, par moi et quelques autres) d’une association dont je suis membre, les Journalistes pour la nature et l’écologie (JNE). Le 16 mars, jour de sortie de mon livre Qui a tué l’écologie ?, aux éditions LLL, Jean-François Cadet m’avait invité sur l’antenne de RFI pour un débat.

Restait à trouver un adversaire. Plusieurs ayant préféré un autre air que celui de la radio, c’est Vadrot qui s’y est collé. Journaliste à Politis et chroniqueur à Mediapart, Vadrot appartient au monde de l’écologie officielle, celle que je rejette avec force. Lui fallait-il pour autant dire de pareilles sottises ? Vous jugerez. Moi, je trouve pathétique qu’un journaliste « écolo » – je n’appartiens pas au cercle, par Dieu – ose prétendre que le passé ne compte pas. Ose prétendre que tout s’arrange – voyez la Seine, dixit Vadrot – sauf la biodiversité. Ose prétendre que j’ai insulté des milliers de militants quand je n’ai fait que conspuer une camarilla de petits chefs.

Mais il est vrai que, contrairement à ce qu’il prétend à l’antenne, Vadrot n’a pas lu mon livre. Tous les journalistes font de même. Presque tous. Je sais des exceptions.

L’émission dure un peu moins de 20 minutes. Salut ! Sur RFI