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Madame Kosciusko-Morizet, immortelle combattante de l’écologie

Rendons à César. L’information qui est à l’origine de ce billet a été publiée par Bakchich (ici), avant d’être reprise et développée par Rue89, où je l’ai trouvée.

Je ne connais aucunement madame Kosciusko-Morizet, que les journalistes appellent NKM, heureux qu’ils sont de sembler partager quelque chose que les autres n’auraient pas. Je dois avouer de suite que ce dernier article de 2009 frôle la catégorie people, ce qui n’est pas glorieux pour moi. Mais bon, j’essaie de dire ce que je pense, et comme je viens de découvrir une abracadabrantesque historiette sur le site Rue89 (ici), je me sens tenu d’ajouter mon petit grain de sel, qui se trouve être de poivre vert. Désolé pour les pressés, mais on ne retrouvera cette fable qu’à la suite d’une longue présentation, moqueuse comme à l’habitude. Irrévérencieuse, oui, je dois en convenir.

Madame Kosciusko-Morizet est une politicienne aux cheveux flottant au vent. C’est un genre. Paris-Match lui avait offert le 23 mars 2005 une série de photos où elle posait, enceinte, couverte d’une robe diaphane dans son jardin, en compagnie – miracle – d’une harpe. Un coup de pub mémorable, mais qui ne fut pas compris comme cela. Que non ! L’inénarrable journaliste Anna Bitton – signataire d’un livre sur Cécilia ex-Sarkozy – écrivait pour l’occasion, et je vous demande de vous taire (1)  : « Il fallait un éclair d’audace. Oser, quand on est députée UMP, se prêter, pour Paris-Match, au jeu d’une photo artistique, symboliste, un tantinet New Age, et finalement très glamour. Nathalie Kosciusko-Morizet , benjamine des femmes de l’Assemblée nationale, est alanguie sur le papier glacé et sous un soleil mythique. Le chignon sage dont la belle polytechnicienne ne se départit jamais est, cette fois, défait. Les cheveux blond vénitien cascadent longuement sur une robe nacre de mousseline douce. Un bras lascif à bracelet d’or repose noblement sur un banc de pierre moussu, une main baguée caresse un ventre arrondi par la maternité. Un pied blanc et nu effleure les feuilles d’automne qui tapissent le jardin de sa maison de Longpont-sur-Orge. Une harpe, la sienne, luit en arrière-plan; deux bibles précieuses du XVIIe trônent à ses côtés »

Ce n’était qu’un début, un tout petit début. Je ne prétendrai pas que tous les événements médiatisés auxquels a été mêlée madame Kosciusko-Morizet ont été montés de la sorte, et donc pensés, mais enfin, cela se pourrait bien. Citons le pseudo-clash avec Borloo sur les OGM, qui lui avait permis, en avril 2008, d’évoquer un « concours de lâcheté et d’inélégance », avant que de devoir s’excuser. Citons la bise ostensiblement claquée sur la joue de José Bové en janvier 2008, et surtout le commentaire de l’altermondialiste, très éclairant : « Oui, on travaille ensemble depuis des années sur ces dossiers, et une relation d’amitié s’est construite entre nous. Et on se fait la bise à chaque fois qu’on se voit ! ».

Et arrêtons ce qui serait vite litanie. Madame Kosciusko-Morizet sait à la perfection se servir des médias et leur faire accroire qu’elle n’est pas comme les autres. Ceux de la droite ancienne, recroquevillée, poussiéreuse. Je pourrais aisément faire un florilège de plusieurs pages en ne citant que le titre de papiers hagiographiques parus ces dernières années. Et pas seulement dans la presse de droite, il s’en faut ! Des journaux comme Libération ou Le Monde se sont plus d’une fois surpassés dans ce qu’il faut bien nommer de la flagornerie. Je m’en tiendrai à un exemple hilarant, involontairement hilarant, paru dans Le Monde  du 9 janvier 2009. C’est un portrait, et il est long. Extrait premier : « Une femme n’est jamais plus belle que dans le regard de son amant. Le moins que l’on puisse dire est que Jean-Pierre Philippe, ex-militant et élu socialiste, aujourd’hui dirigeant d’une société de conseil, est amoureux de sa femme, Nathalie Kosciusko-Morizet. “Vous ne trouvez pas, demande-t-il, qu’elle est l’incarnation de la femme contemporaine ?” ».

Extrait second : « Il est indéniable que Nathalie Kosciusko-Morizet, dite « NKM » dans son entourage comme sur la scène publique, est d’une réelle beauté – une peau claire qui capte le moindre grain de lumière, le cheveu blond ramassé en chignon savamment indiscipliné, une panoplie de tenues déstructurées à l’élégance recherchée, jusqu’à ces mitaines qui allongent encore sa main de harpiste intermittente. Ce visage intemporel serait-il le secret de son inexorable ascension politique ? Ce serait faire injure à une femme convertie au féminisme par la lecture des deux Simone, Beauvoir et Weil, entrée très tôt en écologie, l’une des premières sur les bancs de la droite française ».

La chose est entendue. Les journalistes se pâment. Bové embrasse, et les associations écologistes pleurent quand Sarkozy décide, en janvier 2009, de la remplacer par Chantal Jouanno au secrétariat d’État à l’Écologie. Elles pleurent, littéralement, car tout le monde a visiblement eu droit aux bécots de madame. Arnaud Gossement, de France Nature Environnement : « Elle a été celle qui a fait monter le dossier environnement au sein de la droite ». Le WWF, de son côté, salue un « beau travail. Elle a fait bouger les moins de 40 ans à l’UMP. Elle démontre que les jeunes générations à droite se préoccupent d’écologie d’une manière intéressante (ici) ». Dès avant cela, en 2007, Nicolas Hulot avait déclaré avec un apparent sérieux : « Au sommet de Johannesburg, j’ai découvert sa constance, son immense compétence et son indéniable conviction. Il est rare que les trois soient réunis en politique ».

Nous y sommes enfin. Elle est belle comme le jour. Elle est incroyablement sincère. Elle est terriblement compétente. Elle est follement écologiste. Ma foi, s’il n’en reste qu’un à ne pas croire cette fantaisie, je crois bien que je serai celui-là. Bien sûr, je n’ai jamais visité l’intérieur de sa tête, et ne suis d’ailleurs pas candidat. Il est possible, il est probable qu’elle a mieux compris qu’un Sarkozy la gravité de la situation écologique. Il n’y a d’ailleurs pas de difficulté. Il est possible, il est probable qu’elle considère les questions afférentes à la crise de la vie comme méritant quelques mesures. Mais pour le reste, je suis bien convaincu qu’elle est une politicienne on ne peut plus ordinaire.

Ceux qui la vantent tant, y compris dans des groupes écologistes, ont fini par croire qu’elle était compétente. Mais en quoi, pour quoi ? Sa carrière est vite résumée. Née en 1973 dans une famille bourgeoise, elle entre à Polytechnique, puis devient Ingénieur du génie rural et des eaux et des forêts (Igref). Quelle pépinière d’écologistes ! Ce corps d’ingénieurs d’État est responsable au premier rang des politiques menées depuis la guerre en France contre les ruisseaux et rivières, les talus boisés, les forêts, et pour le remembrement, les nitrates, les pesticides. Elle n’en est pas coupable ? Non, mais quand on choisit un corps comme celui-là sans ruer dans les brancards très vite, eh bien, justement, l’on choisit.

Et nul doute que madame Kosciusko-Morizet a choisi. Entre 1997 et 1999, elle travaille à la direction de la Prévision du ministère de l’Économie, autre antre de la deep ecology. Elle poursuit sa route comme conseillère commerciale à la direction des relations économiques extérieures du même ministère. Au passage, je serais ravi qu’elle publie la liste des dossiers sur lesquels elle a alors travaillé. Par exemple sur son blog (ici), qui sait ? À côté des envolées d’Anna Bitton, ce serait du meilleur effet. Mais poursuivons. Après 2001 – nous nous rapprochons -, elle devient conseillère auprès du directeur de la stratégie d’Alstom. Alstom ! Le bâtisseur d’une grande partie des turbines du barrage chinois des Trois-Gorges ! Elle, conseillère, en stratégie, auprès d’Alstom ! Derechef, je ne serais pas mécontent que madame nous parle des conseils stratégiques qu’elle a pu donner à un tel ami de la nature.

La suite ? C’est la rencontre avec Chirac, et la mise sur orbite de la Charte de l’Environnement. Elle prépare pour lui le Sommet de la terre de Johannesbourg, l’été suivant. Mais avant toute chose, et je le répète, avant toute chose, elle s’arrange pour devenir la suppléante du député Pierre-André Wiltzer dans l’Essonne, aux législatives de 2002. À 29 ans. Sans la moindre preuve, je pense que le coup était préparé par ce vieux renard de Chirac. Car dès le gouvernement Raffarin II désigné, un certain Pierre-André Wiltzer se retrouve comme par hasard ministre. Et madame Kosciusko-Morizet devient aussitôt député, poste qu’elle occupera jusqu’à sa nomination ministérielle de 2007, et qu’elle retrouvera sans aucun doute.

And so what ? Je l’ai dit et le répète pour les sourds et les malentendants : madame Kosciusko-Morizet est une politicienne ordinaire, qui a découvert par hasard une formidable niche écologique et qui l’occupe du mieux qu’elle peut, tout en fourbissant les armes de son avenir. Et son avenir, elle le voit à l’Élysée, ni plus ni moins. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est elle. Dans son livre : « Tu viens ? », paru chez Gallimard, elle lâche le morceau : « Je veux être Présidente de la République ! ». Dès lors, tout devient d’une grande limpidité. Comme elle n’a que 36 ans, près de 20 ans de moins que Sarkozy, elle peut évidemment attendre au moins autant d’années. Et se forger en attendant une image de rebelle – je ne peux m’empêcher de rire aux éclats en associant l’image de la dame et celle du rebelle -, de femme compétente, de mère admirable, de harpiste incomparable, d’écologiste passionnée (et passionnante).

Voyez-vous, l’une des raisons du drame où nous sommes tous plongés est cet état de confusion régnant dans la presque totalité des cerveaux. Il suffit à des gens en apparence raisonnables – dont certains sont même écologistes- d’un battement d’yeux, d’un baiser sur la joue et de bimbeloterie diverse sans être variée pour qu’ils croient aussitôt la chose arrivée. Je me moque, c’est exact, mais ce sont eux qui l’ont cherché, pas moi. Si madame Kosciusko-Morizet était écologiste, au sens que je donne à ce noble mot, elle aurait évidemment refusé avec hauteur le secrétariat d’État à l’économie numérique que lui a refilé Sarkozy, qui ne la souffre pas. Voyons ! Si elle pensait ne serait-ce qu’un peu que la planète est à feu et à sang, accepterait-elle d’aller inaugurer les chrysanthèmes électroniques ? Voyons.

Si elle était écologiste, elle aurait démissionné avec fracas, déclarant avec pour une fois une flamme sincère, que la droite au pouvoir n’a évidemment rien compris – comme la gauche, d’ailleurs – à la crise écologique. Mais elle s’est couchée devant le maître, comme le font tous les autres depuis toujours. Et l’écologie attendra un moment plus favorable. S’il fallait une preuve supplémentaire, mes pauvres lecteurs de Planète sans visa, elle serait dans la place qu’occupe madame Kosciusko-Morizet au sein du dispositif de la droite. Le saviez-vous ? Elle est, depuis mars 2008, secrétaire général adjoint de l’UMP. Vous rendez-vous compte de ce que cela signifie ? Du temps passé dans les innombrables embrouilles et magouilles d’un parti de cette nature ? Vous rendez-vous compte ? J’ajoute un dernier mot sur son « amitié indéfectible » avec Rachida Dati, hautement et publiquement revendiquée. Deux femmes, comme on peut voir. Et deux ego aussi démentiels que ceux de leurs pairs hommes. Nous voilà bien.

Et bientôt arrivés. Que raconte donc le site Rue89, que j’évoquais tout là-haut, pour commencer ce vilain papier ? Presque rien. Nous sommes un peu avant l’été 2008, et madame Kosciusko-Morizet est toujours secrétaire d’État à l’Écologie, poste très enviable qui permet de passer dans les journaux presque chaque jour. Il y a eu le Grenelle de l’Environnement, on parle de taxe carbone, la réunion de Copenhague se profile à l’horizon. En bref, la place est bonne. Oui, mais la sous-ministre n’est pas tranquille, car Sarkozy, qui sait tout des bonnes relations qu’elle a entretenues avec Chirac, ne lui passe rien.

Elle veille donc au grain, au moment même où son mari, ancien socialiste devenu – devinez – sarkozyste, écrit un livre intitulé : « Où c kon va com ça ? Le besoin de discours politique ». Un ouvrage dont la France pouvait se passer, ce qu’elle a fait d’ailleurs, mais sur intervention révulsée de cette chère madame Kosciusko-Morizet. Le livre de monsieur, déjà mis en page, devait atterrir dans les librairies en septembre 2008. Que cachait-il de si terrible ? Selon les informations de Bakchich et de Rue89, le livre était barbant comme tout, mais faisait quelques allusions au maître de l’Élysée, Sarko 1er. Et cela, pour madame et ses ambitions, n’était simplement pas concevable.

Selon Bakchich, elle aurait menacé de divorcer en cas de publication ! Selon Rue89, elle se serait ridiculisée au cours d’un repas d’anthologie avec l’éditeur de son mari, Marc Grinsztajn. Ce dernier raconte : « On a convenu d’un dîner à mon retour de vacances. Au départ ça devait être un dîner pour discuter (…) mais ça s’est transformé en dîner officiel avec sa femme au ministère ». Diable ! Au ministère de madame Kosciusko-Morizet ? Pour un livre écrit par son mari ? Certes. Et voici la suite, telle que racontée par le même : « Elle feuilletait le livre tout au long du dîner en disant : “Ça c’est subversif, ça c’est subversif…” ». Guilleret, hein ? Et pour la bonne bouche, ces propos attribués à la si subversive madame par Marc Grinsztajn : « Normalement, je ne lis pas les livres de mon mari, pour qu’on ne m’accuse pas de les censurer. Mais quand Libé a appelé pour faire un portrait de mon mari sur le thème “Jean-Pierre Philippe, premier opposant de Nicolas Sarkozy”, ça m’a mis la puce à l’oreille. J’ai demandé à un conseiller de le lire, qui m’a dit : “Madame, le livre ne peut pas sortir en l’état. Si le livre sort, vous sautez.” ».

Voilà. Voilà celle que tant d’écologistes, voire d’altermondialistes, considèrent comme l’une des leurs. La prochaine fois que vous la verrez aux actualités, ce qui ne saurait tarder, rappelez-vous cette phrase-étendard : « Ça c’est subversif, ça c’est subversif…». Et riez de bon cœur.

(1) Le soir du premier tour des présidentielles de 1995, dans un numéro inoubliable, le candidat battu Édouard Balladur avait crié à ses partisans, qui apparemment voulaient en découdre verbalement avec Chirac, passé in extremis devant leur champion : « Je vous demande de vous taire ! ». Des images comme on aimerait en voir plus souvent.

PS : Cette histoire, à la réflexion, me fait penser à Panaït Istrati, écrivain roumain. Je l’ai beaucoup lu, je le tiens pour un grand de la littérature du siècle écoulé. En outre, il était incapable de mentir. Compagnon de route du parti stalinien à la fin des années 20, il se rend en Union soviétique à l’heure où tant d’autres écrivent des odes à Staline. Je ne parviens pas à remettre la main sur un livre écrit, je crois, en 1930, et qui s’appelle Vers l’autre flamme. Si je me trompe, ce sera sur des détails. Donc, Istrati ramène d’un long séjour en Union soviétique ce livre, dans lequel, à la différence de (presque) tous les autres, il dit la vérité. Il a vu le malheur, la dictature, la mendicité, il a vu les innombrables vaincus du pouvoir stalinien. Et comme, sur place, il se plaint auprès de ses hôtes, l’un d’eux, probablement un écrivaillon aux ordres, lui dit : « Mais, camarade Istrati, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ». Alors, Istrati lui répond : « Camarade, je vois bien les œufs cassés, mais où est l’omelette ? ».

Il ne s’agit que d’un rapprochement, pour sûr, car je place Istrati bien au-dessus des lamentables mièvreries évoquées ci-dessus. Simplement, je trouve que Panaït permet de reprendre ses esprits, quand on les a perdus. Or un nombre considérable de gens de bonne foi n’ont plus les yeux en face des trous dès qu’il est question de madame qui vous savez désormais. D’où ce rappel en apparence incongru du grand homme oublié que fut Istrati.

Sur la Très Grande Bibliothèque de l’écologie (vite !)

René m’adresse un mot pour me demander de faire le point devant vous sur le déménagement chaotique de la si belle bibliothèque de Roland de Miller, dont un pays comme la France devrait s’enorgueillir (ici). Il a bien raison, j’aurai dû le faire avant. Qu’il me permette de le remercier, lui et d’autres lecteurs de Planète sans visa, qui sont allés donner un coup de main concret à Roland pour la mise en cartons de la merveille. Comme vous verrez plus bas, il faut aussi trouver de l’argent. Vous n’en avez pas forcément. Mais vous en avez peut-être. Dans tous les cas, une pensée pour lui, génial bibliothécaire de la nature, à qui nous devons tant. Voici l’appel lancé par Roland :

 DÉMÉNAGEMENT DE LA BIBLIOTHÈQUE DE L’ÉCOLOGIE

APPEL À DONS

 Gap, le 7 décembre 2009

La Bibliothèque de l’ Écologie doit engager immédiatement des dépenses qu’elle a du mal à honorer, ce qui motive cet appel à votre générosité. En effet la Bibliothèque de l’ Écologie est contrainte, par une décision de justice, de déménager des locaux municipaux de Gap qu’elle occupait depuis sept ans.

Elle est constituée de près de 60 000 ouvrages anciens et modernes (du début du 19ème siècle à aujourd’hui), de plus de 1000 collections de périodiques, de 600 affiches sur l’histoire de l’écologie et d’un volume considérable de documentation. Sa réinstallation dans de nouveaux locaux et dans le cadre d’un projet global n’aura pas lieu dans l’immédiat. En revanche, il faut impérativement déménager avant le 18 décembre la totalité  (environ 250 m3) par camions vers un lieu de stockage gratuit. Notre fonds documentaire, d’une richesse unique en France, est vraiment en péril. Grâce à l’aide des bénévoles, la mise en cartons devrait être terminée pour le 11 décembre. Et l’évacuation aura lieu la semaine suivante.

Nous attendons actuellement des réponses par rapport à quatre pistes éventuelles et incertaines pour le lieu de stockage. Il s’agit d’entreposer environ 80 palettes (entre 1000 et 1500 cartons) et du mobilier abondant sur une surface totale d’environ 200 m2 durant une période qui ne devrait pas excéder un an.

Nous étudions les modalités de transport par camions, ce qui aura probablement un coût élevé. Nos recherches de financement du déménagement auprès des institutions se sont avérées vaines à  l’exception d’une. Donc, nous cherchons des personnes qui peuvent nous aider financièrement pour le transport et l’assurance du fonds documentaire.

Votre aide peut nous parvenir de deux manières :

-soit par chèque à l’ordre de l’ Association pour le Soutien de la Bibliothèque de l’ Écologie (ASBE), 8 cours du Vieux Moulin, 05000 Gap;

-soit par un virement directement sur le compte Banque Postale de l’ASBE : Marseille 20041 – 01008 – 1781719 R – 029 – 33

Nous vous remercions vivement !

MERCI DE DIFFUSER LARGEMENT

Roland de MILLER et l’équipe de la Bibliothèque de l’Écologie. 8, cours du Vieux Moulin 05000 GAP, Tél : 04 92 52 40 39, roland.demiller@free.fr, www.bibliecologie.com

Eraste Petrovitch Fandorine, la viande et moi (en trois mouvements)

Je ne sais pas, évidemment, si vous connaissez Boris Akounine, un écrivain largement lu dans son pays, la Russie. Moi, qui le dévore en français depuis des années, je le tiens pour un très grand romancier populaire, dans la lignée d’Alexandre Dumas. Il a inventé un personnage magnifique, Eraste Petrovitch Fandorine. Fandorine ! Je ne peux en dire plus ici, sauf que j’aime follement ce personnage de détective aux tempes prématurément blanchies.

M’appuyant sur sa manière si personnelle de présenter un problème – en trois temps -, je vous dirais ce  3 décembre 2009 que, et d’un, l’élevage est au centre de la crise climatique planétaire. L’élevage, c’est-à-dire essentiellement l’élevage industriel dont je parle dans mon livre Bidoche. La FAO, en 2006, estimait dans un rapport jamais traduit en français – mystère – que 18 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine proviennent de l’élevage (ici). Soit davantage que tous les transports humains, de la bagnole à l’avion, en passant par le bateau et le train. Mais attendez la suite. Une étude publiée dans une revue américaine sérieuse, WorldWatch (ici) affirme, de son côté, que 51 % des émissions anthropiques de gaz seraient le fait de l’élevage. Selon les auteurs du travail, Robert Goodland et Jeff Anhang, la FAO aurait oublié en route des données essentielles concernant le méthane, la respiration de milliards d’animaux et le changement d’usage des terres, incluant la déforestation.

Mais revenons à Fandorine. Où en étais-je ? Et de deux, quoi qu’il en soit, la meilleure façon de lutter contre le dérèglement climatique en cours serait de diviser par trois ou quatre l’hyperconsommation de viande qui est devenue notre règle. Notre santé serait meilleure, les écosystèmes de la planète et ses animaux survivants pourraient enfin souffler un peu. Et la conférence de Copenhague sur le climat commencerait enfin à devenir intéressante.

Mais, et de trois, cher Éraste, la question ne sera pas posée. Et Copenhague parlera d’autre chose. Pourquoi ? Parce qu’il faudrait s’attaquer à une industrie surpuissante, celle de la bidoche. Et que cela ne se peut, car l’industrie est le principe organisateur de notre monde malade. Attaquer ne fût-ce qu’une industrie, c’est remettre en  cause tout. Tout. Ce sera donc rien.

Boris Akounine est édité aussi en poche, dans la collection 10/18.

Réponse complète d’un qui chie dans les copeaux

Mon papier d’hier consacré à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et au maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, m’a valu ce matin un commentaire que je qualifierai de courroucé. Il émane d’un monsieur Michel Fontaine, dont j’ignore tout. Mon petit doigt me dit qu’il ne déteste pas monsieur Ayrault. Je laisse le commentaire à sa place, mais le mets également ici, en article, car j’ai finalement décidé d’y répondre après qu’un ami de passage eut estimé que cela pourrait valoir la peine. Je ne sais pas trop, vous jugerez. Or donc, la lettre 1 est celle de cet excellent monsieur Fontaine. La lettre 2, si brève, est une moquerie de votre serviteur. La lettre 3 est une moquerie, plus longue, et toujours du même. Bien à vous.

Lettre 1 : De Michel Fontaine à Fabrice Nicolino

Votre “papier” est bourré d’inepties, de contre vérités, de désinformation, de mauvaise foi et de méconnaissance flagrante… Sans parler de la ligne jaune de la diffamation qui est à deux doigts d’être franchie. C’est là votre habitude, prêcheurs de décroissance, défenseurs du repli sur soi et de l’autosuffisance (et de la suffisance, vous en avez à revendre!).

1.vous parlez d’un deuxième aéroport. C’est faux. C’est un déménagement, point.

2. vous parlez de 2000 hectares. C’est n’importe quoi. Ce sont 1000 hectares qui ont été acquis depuis 35 ans pour le projet d’aéroport, 1000 hectares qui sont à mettre en perspective avec les 900 hectares d’espaces naturels à protéger acquis par le département.

3. “bocage d’une qualité exceptionnelle” : laissez-moi rire! Le choix du site de Notre-Dame des Landes a été très largement fait à cause de son faible potentiel agricole. Le terrain est caractérisé par l’acidité des sols et leur pauvreté minérale, la basse végétation composée de bruyères et d’ajoncs…

4.”Ce territoire semi-naturel abrite de vrais paysans, de vrais oiseaux – dont la chevêche d’Athéna, l’engoulevent, le busard Saint-Martin -, de vrais mammifères, d’authentiques insectes, tels le pique-prune et le lucane cerf-volant” dites-vous. Et le lac de Grand-Lieu, dont vous ne connaissez probablement pas l’existence, en bout de piste de l’aéroport actuel, survolé par 23000 avions chaque année, vous y pensez? Est-ce à moi de vous informer que ce lac est présent depuis l’ère quaternaire, classé Natura 2000, réserve régionale ET réserve nationale, et que son survol quotidien relève proprement du scandale?

5.Les attaques personnelles: doit-on rappeler que ce projet a été initié et est porté par l’Etat, et pas Jean-Marc Ayrault, au demeurant excellent maire de Nantes (au passage, vous feriez bien de vous informer: groupe socialiste et groupe radical et citoyen, c’est… le même)? Que la gauche comme la droite, l’Etat, le conseil général, le conseil régional, le soutiennent? et que cela fait 35 ans, 35 ANS que les terrains sont réservés à cette fin?

6. Les fameux “pilotes anonymes”: et la déontologie journalistique là-dedans? sont -ils si ignorants qu’ils doivent se cacher dernière l’anonymat? car leur “témoignage” est, lui aussi, bourré d’erreurs tellement énormes qu’on peut aller jusqu’à douter de leur existence! exemple: Il n’y aura pas 2 pistes à Notre-Dame des Landes pour des raisons de trafic, mais pour ne pas survoler de bourgs. Car oui, figurez-vous que l’aéroport de Nantes actuel est dangereux. 13000 avions survolent chaque année le centre-ville à très basse altitude, une minute seulement avant de toucher la piste. Il y a un gratte-ciel, la Tour Bretagne, dans l’alignement exact de la piste. A une minute de la piste. Et cela empêche, contrairement à ce que disent les “pilotes”, l’installation d’un ILS. Il y a quelques années, un avion s’est perdu, et a rasé des immeubles. Il avait confondu la piste avec l’Erdre, rivière qui traverse la ville!

7. Pour finir, Nantes n’est pas “chef-lieu de la Loire-Atlantique”. C’est la 6ème ville de France. Une des villes les plus attractives et dont la population explose. La préfecture de la région Pays de la Loire et, avec le duo qui est en train de se mettre en place avec Rennes, l’indéniable, irréfutable moteur du Grand Ouest .

Non monsieur, tout le monde ne souhaite pas revenir aux peintures rupestres, chier dans des copeaux et ne pas voir plus loin que le fond de son potager. Oui monsieur, le déménagement de cet aéroport dangereux et inadapté est une bonne chose, pourvu que des garanties environnementales soient données pour le nouveau. Et c’est justement le cas!

 

Lettre 2. De Fabrice Nicolino à Michel Fontaine

Cher monsieur Fontaine,

Vous êtes presque aussi drôle que monsieur Ayrault. Presque. Ne me dites pas que vous faites un concours, surtout ! Bonne journée,

Fabrice Nicolino

Lettre 3 : de Fabrice Nicolino à monsieur Fontaine

Cher monsieur Fontaine (bis),

Un ami de passage chez moi me recommande de vous répondre en détail, et je me laisse tenter. Allons-y donc !

1/ Vous faites très fort ! Construire un deuxième aéroport ex nihilo ne serait pas construire un deuxième aéroport, au motif que l’on abandonnerait – éventuellement – le premier. Je ne vous présente pas Ferdinand Lop, je pense que c’est inutile.

2/ L’emprise du projet est de 1650 hectares, compte non tenu de divers aménagements, notamment routiers. Dans ces conditions, ai-je eu à ce point tort de parler de 2 000 hectares quand vous-même, par extraordinaire, en restez à 1 000 ? Une expérience ancienne m’a conduit, allez savoir pourquoi, à constater que les aménageurs, une fois en place, ont une tendance irrépressible à s’étaler. Mais les vôtres doivent être différents.

3/ Votre ignorance en matière de biologie entrouvre des portes sur l’inconnu. La vie dans sa diversité restera, croyez-moi, indifférente à vos savoureuses considérations sur l’acidité supposée des sols. Et je vous invite charitablement à vous informer sur ce qu’est un bocage préservé. Il n’en reste que peu de cette taille dans la partie Ouest de la France. Est-ce bien de ma faute ?

4/ Quel magnifique argument ! Si je vous ai bien compris, parce que Grand-Lieu, lac auquel j’ai consacré de nombreux articles, est survolé par quantité d’avions, il faudrait en faire autant à Notre-Dame-des-Landes ? Vous pensez bien que je vais de ce pas noter cela dans mon carnet à citations.

5/ N’y touchez pas, il est à moi ! Eh, je vous laisse volontiers votre député-maire, savez-vous ? On n’aurait plus le droit d’attaquer des hommes politiques qui nous plongent dans le délire prévisible du chaos écologique ? Mais vous rêvez éveillé, savez-vous ? Toute l’histoire du mouvement démocratique réel est faite d’attaques contre les responsables politiques, et vous voudriez les arrêter ? Bon courage, monsieur Maginot ! Si monsieur Ayrault se juge diffamé, qu’il m’attaque en justice, cela ne me pose aucun problème. Soyez certain qu’en ce cas, le spectacle sera magnifique, et comptera de nombreux personnages, dont certains inattendus.

Par ailleurs, voyez que ma mauvaise foi n’est pas totale. Je vous donne raison. Comme si souvent, et c’est un tort, je suis allé trop vite. La vérité est que votre monsieur Ayrault a été président du groupe socialiste à l’Assemblée de 1997 à 2007, puis président d’un groupe plus vaste incluant notamment les radicaux. Quel homme !

6/Ah ! battez-vous avec eux, pas avec moi. Incapable que vous êtes de discuter les évidences proférées par ces pilotes, vous préférez croire à leur inexistence. Vous savez quoi ? Je pense qu’un complot se trame contre votre ami Ayrault, qui inclut Ouest-France, brûlot bien connu et agitateur de l’anti-France. Portez plainte ! Portez plainte !

7/ Emporté par votre élan patriotique, voilà-t-y-pas que Nantes ne serait plus chef-lieu de la Loire Atlantique. On voit bien comme ce terme vous chagrine, vous qui rêvez développement, Europe, infrastructures, explosion et moteur(s). Eh bien, redescendez une seconde parmi nous. Chef-lieu de la Loire Atlantique, mais oui.

Enfin, ô étrangeté radicale, vous l’homme pondéré, vous vous mettez à vitupérer et à insulter tel un Nicolino. Ne pensez-vous pas à la peine que vous faites aux écologistes dans mon genre et à leur famille ? Les peintures rupestres, passe encore ! Je vous félicite même pour ne pas avoir utilisé cette image galvaudée de la bougie. L’important n’est-il pas que nous soyons relégués dans les cavernes, en compagnie des bêtes sauvages avec lesquelles nous copulons dans l’ivresse ? Chier ? Vous avez dit chier ? Autrement dit, vous avez le droit d’être grossier pour la raison éclatante que vous incarnez tout à la fois la gauche et le progrès humain. Et je devrais m’excuser, moi, de m’être moqué publiquement de votre héros ? Eh bien, cher monsieur Fontaine, je crois bien que vous allez devoir attendre un moment. Les chiottes sont au fond de la cour. Bien à vous,

Fabrice Nicolino

La moitié d’un pain et un livre (sur Federico García Lorca)

J’ai la chance insolente d’aimer de passion Federico García Lorca. Elle est insolente, car je n’ai rien fait pour cela. J’aime, voilà. Dans la langue castillane qu’utilisait le poète, les mots sont des nuages, des ombres et des silhouettes, des regards ou des caresses, d’innombrables émotions. On rencontre Séville, on traverse des ponts, on se laisse mener par le bout du museau de chevaux noirs. Tout y est beau. Par prodige, celui qui entre dans l’univers pourtant fracassé de García Lorca n’y trouvera ni laideur ni bassesse. Il lui faudra penser à la grandeur de l’âme, à ce que peut bien signifier une existence humaine.

Fracassé. Oui. Tout le monde (ou presque) sait que Lorca a été assassiné en 1936 dans les rues de Grenade, cette ville qu’il adorait. Par la canaille fasciste qui se levait alors contre la République. Lorca était né en 1898 dans un village non loin de Grenade, Fuente de Vaqueros. En septembre 1931, alors que la deuxième République espagnole n’a que cinq mois, et que se répand l’espoir fou d’une vie neuve, il revient chez lui pour un discours, à l’occasion de l’inauguration d’une bibliothèque. La foule réunie est de pauvres et de gueux. Federico pourrait lâcher quelques mots sur les monarchistes honnis, les fascistes qui, déjà, menacent l’Espagne, les patrons qui exploitent leurs ouvriers agricoles jusqu’à la mort. Mais non.

Non, car ce poète ne pouvait jamais dire que la quintessence. Et ce jour-là, il explique à des miséreux qu’un livre est essentiel à toute vie digne d’être vécue. Car il est horizon. Car il est liberté. Il dit ainsi : « L’homme ne vit pas seulement de pain. Et si j’avais faim, si j’étais désemparé dans la rue, je ne demanderais pas un pain. Non, je demanderais la moitié d’un pain et un livre ». Et encore ceci : « Tous doivent jouir des fruits de l’esprit humain, faute de quoi ils seront changés en machines au service de l’État, en esclaves d’une terrible organisation sociale ». Enfin, insistant sur l’importance cruciale de la culture, Lorca conclut : « C’est seulement au travers d’elle que pourront être résolus les problèmes dont discute aujourd’hui le peuple, plein de foi, mais pauvre de lumières ».

Je vous laisserai lire plus bas le texte original, pour ceux qui aiment être bercés par la musique de cette langue si singulière. Un dernier mot. Pourquoi ? Parce que. Parce que juillet a toujours été pour moi, et demeurera, le mois de l’été et celui du golpe criminel du général Francisco Paulino Hermenegildo Téodulo Franco y Bahamonde. Les noms de Buenaventura Durruti, Andreu Nin et bien entendu Lorca, continuent de vivre en ma compagnie.

Faut-il oser un mot sur la crise écologique ? Pour sûr. Sans culture, sans la création d’un vrai mouvement culturel des profondeurs, dont nul ne peut encore prévoir les contours, rien ne changera. Rien. Les pitres que nous connaissons tous, dont certains affublés d’oripeaux « écologistes » continueront de régner sur ce monde qui agonise. Oui, Lorca a raison. Des livres, des vrais ! De la culture, et non les épouvantables succédanés qu’on nous oblige à ingurgiter ! Des penseurs ! De la pensée ! Et de la poésie. « ¡Libros! ¡Libros! Hace aquí una palabra mágica que equivale a decir : “amor, amor” .»

Locución de Federíco García Lorca al Pueblo de Fuente Vaqueros 

 « Cuando alguien va al teatro, a un concierto o a una fiesta de cualquier índole que sea, si la fiesta es de su agrado, recuerda inmediatamente y lamenta que las personas que él quiere no se encuentren allí. ‘Lo que le gustaría esto a mi hermana, a mi padre’, piensa, y no goza ya del espectáculo sino a través de una leve melancolía. Ésta es la melancolía que yo siento, no por la gente de mi casa, que sería pequeño y ruin, sino por todas las criaturas que por falta de medios y por desgracia suya no gozan del supremo bien de la belleza que es vida y es bondad y es serenidad y es pasión.

Por eso no tengo nunca un libro, porque regalo cuantos compro, que son infinitos, y por eso estoy aquí honrado y contento de inaugurar esta biblioteca del pueblo, la primera seguramente en toda la provincia de Granada.

No sólo de pan vive el hombre. Yo, si tuviera hambre y estuviera desvalido en la calle no pediría un pan; sino que pediría medio pan y un libro. Y yo ataco desde aquí violentamente a los que solamente hablan de reivindicaciones económicas sin nombrar jamás las reivindicaciones culturales que es lo que los pueblos piden a gritos. Bien está que todos los hombres coman, pero que todos los hombres sepan. Que gocen todos los frutos del espíritu humano porque lo contrario es convertirlos en máquinas al servicio de Estado, es convertirlos en esclavos de una terrible organización social.

Yo tengo mucha más lástima de un hombre que quiere saber y no puede, que de un hambriento. Porque un hambriento puede calmar su hambre fácilmente con un pedazo de pan o con unas frutas, pero un hombre que tiene ansia de saber y no tiene medios, sufre una terrible agonía porque son libros, libros, muchos libros los que necesita y ¿dónde están esos libros?.

¡Libros! ¡Libros! Hace aquí una palabra mágica que equivale a decir: ‘amor, amor’, y que debían los pueblos pedir como piden pan o como anhelan la lluvia para sus sementeras. Cuando el insigne escritor ruso Fedor Dostoyevsky, padre de la revolución rusa mucho más que Lenin, estaba prisionero en la Siberia, alejado del mundo, entre cuatro paredes y cercado por desoladas llanuras de nieve infinita; y pedía socorro en carta a su lejana familia, sólo decía: ‘¡Enviadme libros, libros, muchos libros para que mi alma no muera!’. Tenía frío y no pedía fuego, tenía terrible sed y no pedía agua: pedía libros, es decir, horizontes, es decir, escaleras para subir la cumbre del espíritu y del corazón. Porque la agonía física, biológica, natural, de un cuerpo por hambre, sed o frío, dura poco, muy poco, pero la agonía del alma insatisfecha dura toda la vida

Ya ha dicho el gran Menéndez Pidal, uno de los sabios más verdaderos de Europa, que el lema de la República debe ser: ‘Cultura’. Cultura porque sólo a través de ella se pueden resolver los problemas en que hoy se debate el pueblo lleno de fe, pero falto de luz ».

Septiembre de 1931