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Nos loups sont leurs éléphants

Je suis toujours à l’hosto. Bien sûr. Une kiné formidable – Hélène – a eu ce jour une idée purement magique. Grâce à un appareillage très simple, elle a immensément amélioré ma vie quotidienne. Il s’agit d’un équipement que j’installe sur mon pied droit pour compenser des pertes occasionnées par les balles du 7 janvier. Et en plus, j’ai vu le soleil.

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Vous trouverez ci-dessous un papier de Sciences et Avenir, basé sur un reportage de l’AFP au Botswana, pays africain comparable au nôtre par la taille. On se doute que les ressemblances s’arrêtent vite, mais il n’est pas interdit de faire un rapprochement. On verra – vous verrez peut-être – comme il est dur de cohabiter des éléphants capables de ravager un champ de maïs en un quart d’heure.

Quand on est pauvre, il est inconcevable de préférer la liberté des éléphants à la pitance de ses gamins. Sûr. Pourtant, si l’on veut sauver au moins une partie de la si grandiose diversité des espèces vivantes, il faudra bien trouver quelque chose. D’autant que l’éléphant est une espèce parapluie. Cette expression est utilisée en écologie scientifique pour désigner des animaux dont la protection entraîne peu ou prou celle de beaucoup d’autres qui vivent sur leur territoire. Sauver l’éléphant, c’est certainement protéger des milliers d’autres formes vivantes, y compris d’ailleurs végétales.

Donc, aucun doute : il faut se battre avec les paysans pauvres, ceux que le marché mondial pulvérise chaque jour un peu plus, et pour les éléphants. Le rapprochement – un simple rapprochement, j’y insiste – avec la France permet de se poser des questions bien plus proches de nos existences. Pourquoi un pays riche, qui possèdes des millions d’hectares de forêts et de friches, est-il incapable de supporter la présence de 300 loups ? Je ne vous en parle pas – j’ai tort -, mais une sorte de petite guerre – malsaine et sordide – est en train de s’emparer des Alpes et de l’Est, et bientôt des Cévennes, voire de Fontainebleau.

Indiscutablement, le Loup progresse chez nous, après 70 ans d’absence. Pas un politique n’est capable de dire que les envolées lyriques au sujet de la biodiversité – celles des tribunes de l’Unesco, par exemple – doivent s’appliquer, en priorité, au Loup. Le Loup, cet éternel mal-aimé qui réunit contre lui la droite, la gauche et une partie notable du mouvement dit altermondialiste.

C’est tragiquement simple : si nous reculons à propos de 300 loups, il ne se trouvera aucun raison de se battre pour les requins, les phoques, les tigres, les éléphants bien sûr. Et ne parlons pas de ces sales bêtes de vipères et de guêpes.

PS : Défendre le Loup comme je le fais depuis tant d’années est d’une facilité totale. Je ne risque rien. Sauf quelques vrais désagréments. Ainsi, une journaliste radio que je tenais pour une amie depuis plus de quinze ans, et qui m’invitait pour la sortie de mes livres, a-t-elle décidé que je n’existais plus. Ma foi, c’est comme cela.

Éléphants du Botswana : quand intérêts humains et conservation s’affrontent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’interdiction de chasser l’éléphant d’Afrique ne met pas tout le monde d’accord. Et ses premiers opposants sont les Botswanais eux-mêmes, qui dénoncent ses conséquences désastreuses sur l’économie et l’agriculture.

Les pachydermes du Botswana, au sud de l'Afrique, représentent plus d'un tiers de la population totale d'éléphants d'Afrique (Loxodonta africana). © Alexander Joe/AFP

Les pachydermes du Botswana, au sud de l’Afrique, représentent plus d’un tiers de la population totale d’éléphants d’Afrique (Loxodonta africana). © Alexander Joe/AFP

DISPARITÉS. La population des éléphants d’Afrique connaît une situation paradoxale. Au centre et à l’est du continent, les troupeaux deviennent de plus en plus petits, victimes d’un braconnage intense. Au sud et à l’ouest, ils grandissent, à raison de 4% par an. Au sud, pour poursuivre cet effort de conservation jusque-là payant, le Botswana a adopté une mesure radicale. L’état qui abrite plus d’un tiers des pachydermes africains, a interdit en janvier 2014 la chasse de ces animaux. Problème : les conséquences économiques sur la population rendent la mesure très impopulaire tout en faisant des locaux des ennemis de la conservation de l’espèce.

Des conséquences économiques terribles

Le village de Mabele est l’un des plus impactés par l’interdiction. Situé entre plusieurs réserves ouvertes, il est souvent la cible des incursions des pachydermes. Debout au milieu de son champ de maïs ravagé par les éléphants, Minsozie, mère de sept enfants, témoigne de sa lassitude auprès de l’AFP : « Quand on pouvait chasser les éléphants, ça n’arrivait pas. Les éléphants ont tout mangé, nous n’aurons pas de récolteJe ne sais pas ce que nous allons faire. L’argent que gagne mon mari, ça ne suffit pas. Et l’État compense trop peu. » Avant l’interdiction, les villages regroupés en communautés disposaient d’un quota d’éléphants qu’ils pouvaient abattre, principalement des vieux mâles. Ces permis de tuer étaient rachetés par des agences de safari spécialisées, générant des revenus substantiels pour les habitants et les fonds de conservation. « La chasse nous rapportait plus de 400.000 euros par an. Nous avions investi dans des services pour la population, (en achetant) notamment six tracteurs pour l’agriculture » raconte Amos Mabuku, président du fonds de conservation de l’Enclave de Chobe, qui administre Mabele et quatre autres villages.

Les safaris photographiques apportent un revenu aux habitants. Malheureusement, il n’est pas encore suffisant pour égaler celui découlant de la chasse.© Tim Sloan/AFP

Trouver un compromis

Le gouvernement, qui a déjà mis en place des aides financières, souhaite avant tout trouver un accord. Pour lui, l’écotourisme est la solution. Il souhaiterait en effet voir se développer dans des villages jouxtant les réserves comme Mabele des lodges, des safaris photographiques et autres services touristiques. « La chasse ne fournit des emplois que pendant la saison désignée, c’est une forme de revenus fondée sur la consommation« , explique Tshekedi Khama, ministre de l’Environnement. « Nous préférons des formes de revenus durables, qui permettent de préserver les espèces. » Malheureusement, si plusieurs villageois sont déjà employés dans le secteur du tourisme, leurs revenus sont loin encore de compenser ceux apportés par la chasse. Et les habitants attendent du gouvernement une solution immédiate. Ce que promet justement la ré-autorisation de la chasse, contrôlée par des quotas promet des retombées immédiates, bien plus perceptibles que les bénéfices lents mais durables d’un écotourisme, qui a pourtant fait ses preuves ailleurs.  « L’attitude des gens a changé. Avant, on leur disait ‘protégez, et vous en tirerez un profit’. Aujourd’hui, ils nous demandent : « Protéger ? Pour quoi faire ? » Le message est brouillé« , déplore Amos Mabuku.

 

Mes si chers amis d’ici et d’ailleurs

(à propos de la tuerie du 7 janvier dans les locaux de Charlie Hebdo)

Je vais aussi bien que possible dans une telle situation. Après une grosse perte de sang, deux transfusions et une opération longue, retour au calme. J’ai reçu des balles dans chacune de mes jambes, j’ai une plaie à la hanche et une autre à l’épaule. Et pas mal d’éclats dans le corps, qui n’en repartiront pas. Ils rejoignent ainsi l’éclat d’une bombe fichée dans mon pied gauche depuis le 29 mars 1985. Ce jour-là – fatalitas ! -, j’ai été victime d’un attentat au cinéma parisien le Rivoli-Beaubourg.

Retour au présent : à la vérité, je n’ai vraiment recommencé à écrire un peu que ce 15 janvier 2015. Et je n’ai pu parcourir mes mails que ce même jeudi, huit jours après la Grande Tuerie. J’ai reçu pour l’heure près d’un millier de messages par toutes les sources possibles, et le bien que m’ont fait  ceux que j’ai pu lire – une cinquantaine – défie déjà tout commentaire. Je vous le demande sans fausse honte : continuez ! Oh oui, continuez ! La quasi-totalité expriment une chaleur et une amitié dont j’ai désormais un besoin quotidien.

Je n’ose penser

Coupé de l’extérieur – sans journaux, longtemps sans télé ni téléphone -, je ne sais que les très grandes lignes de ce qui s’est passé. Ce qui suit pourrait donc tomber à plat, mais dans ce cas, vous me pardonnerez. Première évidence : la réaction si spectaculaire de la société française est évidemment un puissant baume pour les blessures du corps et de l’âme. Je n’ose penser à mon état si les manifestations de solidarité n’avaient rassemblé que quelques milliers de personnes.

Bien entendu, à cette hauteur de mobilisation, le malentendu est partout. Des gauchistes antisionistes ont défilé avec des Juifs à Kippa, des pieux musulmans avec des cathos anti-mariage gay, des sarkozystes et des zemmouristes avec des mélenchonistes. Et c’est vraiment ce qui pouvait arriver de mieux. Un tel déferlement crée nécessairement un substrat, au sens agricole, un compost sur lequel pousseront les réponses que nous saurons formuler ensemble.

Nul ne peut connaître le résultat de tels ébranlements, qui touchent à l’intime des cœurs. Mais on peut du moins dire que sans ces fondations, sans cette fondation, rien n’aurait pu germer demain sur la terre dévastée de ce si petit pays de France. Nous sommes désormais face à une possibilité. Ce qui fait peu, mais surtout beaucoup.

Les contours du Grand Partage

Vous le savez, je tiens la crise écologique, si dramatique, comme le cadre neuf dans lequel penser notre avenir commun, aussi compromis qu’il puisse paraître. Sous ma plume, il ne s’agit pas d’une formule, mais d’une conviction définitive. Elle implique, et je ne vais pas plus avant sur ce terrain instable, une politique révolutionnaire.

Et démocratique, cela va de soi. Il faut définir les contours du Grand Partage. Partage de l’espace et des ressources, évidemment. Mais à condition d’y inclure nos frères les animaux, dont le sort maudit ne cesse d’aggraver celui de la psyché humaine. Hors ce cadre-là, selon moi, il ne peut y avoir que ravage, destruction du monde, mortels affrontements.

Depuis que je suis hospitalisé, et dès que j’ai pu m’adresser à mes soignants, je me suis mis à parler. Ceux qui me connaissent savent qu’il s’agit chez moi d’une maladie chronique, qui ne disparaîtra qu’à ma mort. La plupart, depuis les aides-soignants jusqu’aux chirurgiens, passant par les infirmières – et infirmiers – m’ont paru admirables. Écrivant cela, je ne veux pas les désigner comme des êtres hors du commun. Ils ne le sont pas.

Le bonheur des nuits d’insomnie

Mais leur comportement réel, dans le quotidien sinistre des services de réanimation, montre qu’il est possible de vivre comme des hommes, dans le respect de ces valeurs essentielles sans lesquelles la vie perd à jamais ses repères. J’ai été heureux, au milieu des nuits de l’insomnie, de parler de la campagne d’avant du côté de Monpazier (Périgord), du sort des cités oubliées dans tant de villes détruites, de mes copains d’enfance et d’adolescence – Arabes, Juifs, Portugais ou Blacks – de Villemomble, Montfermeil, Noisy-le-Sec, Gagny, Bondy. La Seine-Saint-Denis de jadis annonçait la suite, sans que nous en ayons la moindre conscience.

Mais j’ai aussi suivi comme un cours accéléré d’écologie, au sens que je donne à ce mot transformateur. À propos du crime global qu’est l’agriculture industrielle, des folies de l’agroalimentaire, des délires de la chimie de synthèse, de ces maladies créés par l’exposition à tant de toxiques, du terrifiant problème posé par le stress hydrique – une raréfaction des ressources en eau -, du climat.

Le monde inquiet des questions angoissées

Je vous le jure : j’ai davantage écouté que parlé. Car ce sont eux qui racontaient, montrant à quel point la société française sait être loin des misérables clichés déversés chaque jour par ses « élites » politiques et médiatiques. Il existe un espace inexploré, considérable, où de  nouvelles questions, centrales, pourraient enfin être débattues. En somme, ces quelques urgentistes rencontrés ici m’ont paru comme les représentants d’un monde inquiet, qui cherche des réponses à des angoisses désormais évidentes.

Et c’est bien pourquoi je vomis notre classe politique. Aucun de ses membres ne saura se mettre au service de notre peuple et de l’humanité. Chacun joue sa partition attendue. Hollande prend la voix grave, espérant regagner quelques points de popularité, ce qui est d’ores et déjà acquis. Sarkozy, fidèle d’entre les fidèles à lui-même, essaie de se placer sur la photo. Valls peaufine son personnage bien connu de Clemenceau.

La plus merveilleuse des nouvelles

Et pourtant, l’espace existe. Il n’y a aucun doute qu’un politicien qui romprait avec l’ancien crèverait le plafond, et l’écran. Je vous parlais à l’instant de compost. Le soulèvement moral de notre peuple – pas tout le peuple, ne délirons pas – est la plus merveilleuse des nouvelles. Ce mouvement des profondeurs ne saurait disparaître tout à fait, et il ne pourra, en toute hypothèse, conserver des formes aussi belles. Considérons que s’est ouverte une fenêtre, que des forces hostiles tenteront de refermer au plus vite. Ce serait donc l’heure idéale du tournant, mais je redoute que l’occasion historique d’avancer dans la seule direction possible – la fin de la tragédie écologique – ne soit encore gâchée par la petitesse des idées et des caractères.

Malgré cela, avançons, mes si chers amis. Premier impératif catégorique : luttons contre toutes les formes de régression, au premier rang desquelles le racisme, qui trouvera là de primordiales raisons de flamber. Sur ce terrain si difficile, parlons à tout le monde, sans exclusive, car le feu est aux portes. Cela signifie pour moi rechercher l’unité la plus large, y compris – par définition – avec des groupes et personnes éloignés du combat pour la vie.

Et nous fûmes 100 000 en arrivant aux portes

Parallèlement – et en même temps –, considérons avec ceux qui le souhaitent la stupéfiante gravité de la crise écologique mondiale. Dans ce cadre très général, il faudra tout à la fois ouvrir en grand nos yeux, nos oreilles et notre cœur. Jamais la situation n’a été aussi favorable à notre cause, et il me semble possible de réunir à terme, dans un réseau dense, 100 000 d’entre nous. Ce serait un véritable tsunami. Une telle masse critique pourrait entraîner dans une autre direction la société tout entière. Vous n’y croyez pas ? Moi, si.

Franchement, qui aurait pu imaginer cette « insurrection des consciences » réclamée depuis si longtemps par mon cher grand ami Pierre Rabhi ? Qui ? Personne. Nul ne savait qu’il existe encore dans ce pays une société vivante et fraternelle. Amorphe en apparence, gorgée de pub et de télé, se battant à l’occasion pour un téléphone portable, obsédée par les écrans plats et les bagnoles dernier cri, la France vient de montrer le visage du bonheur commun. À la stupéfaction générale. La tragédie qui nous a frappés a réussi l’impossible : créer de l’harmonie avec les gestes et les mots de millions de personnes anonymes. Le grand fleuve rentrera dans son lit, mais on se souviendra que la crue régénératrice n’est jamais loin de l’étiage.

La meilleure part de nous vient de montrer ce qu’était la beauté. Ce qu’était la Beauté.

PS :  Comme vous l’imaginez, j’enterre mes morts. Cela me prendra bien des mois. J’aimais personnellement certains des assassinés. Je clame à toutes les familles de tous les disparus que je les serre contre ce qui me reste de cœur.

Cohn-Bendit, Mélenchon et Zemmour

Étant loin de mes bases, je vais très vite. Ce qui suit n’a pas à voir explicitement avec l’objet de Planète sans visa, qui est la tragédie écologique. Mais toute régression manifeste vers le tribalisme, la haine, le racisme ne peut que nous éloigner tous des questions essentielles, et pour cette raison, je devais écrire ce qui suit. Je suis effaré par la réaction de Cohn-Bendit et de Mélenchon. Je résume : Zemmour donne un entretien au quotidien Il Corriere della Sera, que vous trouverez ci-dessous dans sa version originale italienne.  Mélenchon a rendu publics certains morceaux, l’affaire a enflé, et finalement Zemmour se fait virer d’I-Télé, ce qui lui permet de hurler à la Lune et à la censure des bien-pensants. Là-dessus, Cohn-Bendit et Mélenchon protestent contre son éviction.

Je ne parlerai pas de leurs arguments, car ils m’indiffèrent. Comment ces gens peuvent-ils être à ce point aveugles ? Ma lecture des mots criminels de Zemmour est simple : ils dessinent les contours d’un nouveau, mais cette fois véritable fascisme (ici pour une partie de la traduction). Je n’emploie pas ce mot à la légère, et voici pourquoi. Le Front National a toujours compté dans son sein des petites crapules, en effet fascistes. Mais lui-même n’a jamais été qu’un mouvement d’extrême-droite, répugnant certes, mais incapable de créer un mouvement de masse, mais incapable de viser des objectifs ouvertement antirépublicains.

Zemmour, qui critique au passage le FN – trop « à gauche » au plan social -, va bien plus loin. Il recrée, fantasmatiquement pour l’heure, les conditions qui ont permis le pire il y a 74 ans, quand le régime de Vichy imposait un statut aux juifs, leur interdisant tant de professions. Il justifie dès l’avance les pires crimes racistes à venir, en proclamant que les musulmans ne sont bons qu’à être expulsés. Et il le fait, amis, à la manière des salauds de jadis, sans prendre la peine de constater que la grande majorité sont français. Autrement dit, il conteste leur nationalité, et dès lors, tous les déchaînements deviennent possibles.

Zemmour n’est qu’un symptôme peut-être, mais de la guerre qui menace. On le sent palpiter à l’idée du chaos et de la guerre civile, qu’il évoque directement. Et dans son petit esprit franchouillard, ce ne seraient pas les racistes comme lui, les responsables, mais les victimes elles-mêmes, décrétées « inassimilables ». Et cela, mes amis, c’est le discours des nazis face aux juifs, ni plus ni moins. Je relis – oui, je relis – les milliers de pages de l’incroyable Journal de Joseph Goebbels, grand chef du Troisième Reich. Eh bien, on  voit parfaitement comment le crime total est tourné de telle manière que les seuls responsables en sont ceux qui meurent dans les chambres à gaz.

Oh ! non, Zemmour n’est pas nazi. Ce n’est qu’un terrible imbécile. Un épouvantable irresponsable qui jouit de ses si maigres dispositions intellectuelles et morales. Pourquoi se gênerait-il ? L’époque l’adule, l’époque le porte en triomphe. J’en ai fini. Pourquoi Cohn-Bendit et Mélenchon ne voient-ils pas ce qui crève les yeux ? Pour la première fois depuis la guerre, un écrivant célèbre et populaire dessine le cadre d’une politique du meurtre. La seule explication est que ces supposés chefs politiques sont eux aussi de cette époque pathétique. Dans d’autres circonstances, ils feraient rire. Cohn-Bendit, l’ancien, le très ancien révolté devenu un pauvre pépère, salarié-pigiste d’Europe 1, marchand d’armes à mi-temps via Lagardère. Et Mélenchon, amoureux transi de Mitterrand et Jospin, recyclé dans les odes à la Révolution française. Oui, à un autre moment, j’aurais rigolé de bon cœur.

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Corriere della Sera – Stefano Montefiori
IL SUCCESSO DI ZEMMOUR, L’ARRABBIATO ANTI-ÉLITE «LA FRANCIA SI È SUICIDATA»

Contro i gay, gli immigrati, l’Ue: ha venduto mezzo milione di copie

PARIGI Il premier socialista Manuel Valls lo detesta e lo cita più volte come minaccia alla convivenza civile ma questo non fa che accrescere la fascinazione di tanti francesi per Éric Zemmour, 56enne editorialista del Figaro , ubiquo polemista radiotelevisivo e autore di « Le suicide français » (Albin Michel), un saggio di 500 pagine sui «quarant’anni che hanno distrutto la Francia».?Contro l’eredità del maggio 68, il femminismo, l’immigrazione, l’Europa e le nozze gay, Zemmour ha scritto un libro pieno di rimpianto per l’epoca d’oro (secondo lui) in cui gli uomini sapevano imporre la loro autorità di padri e mariti e la Francia non era «invasa dai musulmani salafisti». Soprattutto, «Il suicidio francese» è da due settimane primo in classifica, si avvia a raggiungere il mezzo milione di copie vendute e a battere il record del bestseller anti-Hollande di Valérie Trierweiler.

Che cosa ci dice, della società francese, un successo simile? Se lo aspettava?

«Da un punto di vista personale è un’immensa soddisfazione, ovviamente. Per la struttura mi sono ispirato al libro di un italiano, Patria 1978-2008 di Enrico Deaglio: non l’ho letto, ma ho preso da lì l’idea di mescolare la cultura popolare e il saggio politico. Mi aspettavo di creare dibattito, ma non di vendere così tanto. Questo successo è un plebiscito politico, ideologico. La gente mi ferma per strada e mi dice che finalmente qualcuno esprime la loro sofferenza. Il popolo francese non si rassegna a vedere la Francia morire sotto i suoi occhi».

Il suo libro è una specie di manifesto reazionario e populista.

«Ma io lo rivendico, il populismo. Apparentemente la facciata resiste, Parigi è sempre bella e le ragazze fanno ancora girare la testa, ma sotto la superficie tutto è marcio. Il populismo è il rifiuto di rinunciare alla nostra maniera di vivere».

E chi sarebbe responsabile di questo attentato alla vecchia Francia?

« Le Monde ha scritto che il mio è un libro complottista. Ma io non denuncio un complotto, critico un’evoluzione della società imposta dalle élite francesi. Negli ultimi quarant’anni queste élite hanno agito secondo le tre D: derisione, decostruzione, distruzione della Francia, in nome dei grandi ideali, ovvero l’Europa, l’apertura al mondo, il progresso».

La modernità, la globalizzazione, l’immigrazione, riguardano tutti, non solo i francesi.

«È vero, ma solo in Francia c’è un simile odio di sé veicolato dalle élite. Non fanno che ripeterci che non siamo abbastanza tedeschi, o americani, o svedesi. Tutti i modelli sono buoni, tranne il nostro. Poi, in Italia non c’è Stato forte, la società è abituata a difendersi. Noi ci sentiamo traditi dallo Stato. Siamo il Paese con la prima comunità musulmana d’Europa».

Ma le élite che lei denuncia difendono la laicità, per esempio. La Francia è uno dei pochi Paesi dove il burqa, e pure il velo nelle scuole, sono vietati.

«Ma sono residui, insufficienti, di un sistema ormai finito. Il modello francese era l’assimilazione, ossia “tutti possono essere francesi se fanno lo sforzo di essere francesi”. I miei antenati erano berberi di religione ebraica, non erano certo i galli, ma io oggi dico che i miei antenati sono i galli. Tutto questo non esiste più. I musulmani hanno un loro codice civile, è il Corano. Vivono tra di loro, nelle periferie. I francesi sono stati costretti ad andarsene».

Lei allora che cosa suggerisce? Deportare [ce mot n’a pas été prononcé devant Zemmour, NDLR] cinque milioni di musulmani francesi?

«Lo so, è irrealista, ma la storia è sorprendente. Chi avrebbe detto nel 1940 che un milione di pieds-noirs , vent’anni dopo, avrebbero lasciato l’Algeria per rientrare in Francia? O che dopo la guerra 5 o 6 milioni di tedeschi avrebbero lasciato l’Europa centro-orientale dove vivevano da secoli?».

Parla di esodi provocati da tragedie immense.

«Io penso che stiamo andando verso il caos. Questa situazione di popolo nel popolo, di musulmani dentro i francesi, ci porterà al caos e alla guerra civile. Milioni di persone vivono qui, in Francia, e non vogliono vivere alla francese».

Ma che significa vivere alla francese?

«Significa dare ai figli nomi francesi, essere monogami, vestirsi alla francese, mangiare alla francese, formaggio per esempio. Scherzare nei caffè, fare la corte alle ragazze. Amare la storia di Francia, sentirsi i depositari di questa storia e volerla continuare, sto citando Ernest Renan».

Se la prende con una supposta ideologia cosmopolita e totalitaria ma lei, Éric Zemmour, è sempre in tv.

«Io dico le cose che la maggior parte dei francesi pensano, da cui il successo clamoroso del mio libro. Contro di me però c’è l’ideologia dominante delle élite, ormai screditate, che provano a imporre alla società quel che è corretto pensare: il mariage pour tous , il femminismo, l’Europa, la globalizzazione, l’immigrazione vista come una ricchezza. Ma il popolo non la pensa così».

Lei punta a fare l’ideologo del Front National?

«No, su certi temi siamo lontani, il Front National per esempio non si è schierato abbastanza contro il matrimonio degli omosessuali, e da un punto di vista sociale ormai è troppo a sinistra. Ma io non mi pongo sul terreno dei partiti, la mia dimensione è quella delle idee. Conduco una guerra culturale, come direbbe Gramsci».

Pourquoi on ne peut pas s’entendre avec eux

La rupture ne saurait être plus totale. En ce qui me concerne, jamais je ne pourrais plus faire un pas dans la direction de ces gens-là. Eux, les socialistes. Je sais que bien des événements peuvent surgir, qui modifieront peut-être cette fière sentence. Peut-être. Ou pas. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que leur imaginaire de pacotille, leurs lamentables positions morales et politiques les placent dans un territoire mental où je n’ai jamais posé le moindre orteil.

Dans le papier de l’AFP que je vous mets ci-dessous, on voit donc Valls lancer un chantier Pierre et Vacances, sur le modèle, à très peu de choses près, des Center Parks. Oui, comme celui de Roybon, en Isère, dont le chantier est occupé par une poignée de zadistes que je salue évidemment. Dans ce texte, tout est perverti, à commencer par cet affichage « éco-touristique » que reprend sans rien y comprendre la journaliste. Nous en sommes bel et bien là : les mots ne veulent plus rien dire. Le Pen est écologiste. Valls est écologiste. Mélenchon, qui veut industrialiser la mer, est écologiste. Le parti communiste, qui a toujours soutenu le programme électro-nucléaire français, notamment via son emprise sur EDF, est écologiste. Les Verts, obsédés par le moindre poste, la moindre place, sont écologistes.

J’ai connu par le plus grand hasard le lieu où Fabius, alors Premier ministre, a imposé cette grande misère humaine appelée Disneyland. Ces plaines briardes étaient certes aux mains de l’agriculture industrielle, mais elles représentaient en tout cas une prodigieuse promesse d’avenir. Des milliers d’hectares d’une des terres les plus riches au monde ont été sacrifiés sur l’autel du néant. Je me souviens encore de Fabius, il y a trente ans, vanter le projet, parler des emplois, justifier les colossales aides publiques de l’époque, dont la création d’une station de RER dédiée. Voilà que cela continue, et que 60 millions d’euros d’argent public iront rejoindre les fouilles sans fond de Gérard Brémond, patron de Pierre et Vacances, 77 ans aux prunes. Ce pauvre garçon entend détruire jusqu’à la dernière minute de sa vie.

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Valls lance le grand chantier « éco-touristique » des Villages Nature

Villeneuve-le-Comte (France) (AFP) – 12.12.2014 17:59 – Par Audrey KAUFFMANN

Le Premier ministre Manuel Valls le 11 décembre 2014 à Bailly-Romainvilliers pour la pose de la première pierre du chantier des « Villages Nature »

voir le zoom : Le Premier ministre Manuel Valls le 11 décembre 2014 à Bailly-Romainvilliers pour la pose de la première pierre du chantier des Villages Nature

Le Premier ministre Manuel Valls le 11 décembre 2014 à Bailly-Romainvilliers pour la pose de la première pierre du chantier des « Villages Nature » (afp.com – Miguel Medina)

voir le zoom : Un appartement témoin des Villages Natures à Bailly-Romainvilliers, près de Disneyland Paris, le 11 décembre 2014

Un appartement témoin des Villages Natures à Bailly-Romainvilliers, près de Disneyland Paris, le 11 décembre 2014
(afp.com – Miguel Medina)

voir le zoom : Le Premier ministre Manuel Valls le 11 décembre 2014 à Bailly-Romainvilliers pour la pose de la première pierre du chantier des Villages Nature

Le Premier ministre Manuel Valls le 11 décembre 2014 à Bailly-Romainvilliers pour la pose de la première pierre du chantier des « Villages Nature » (afp.com – Miguel Medina)

Manuel Valls a posé jeudi la première pierre du chantier des « Villages Nature », apportant son soutien à ce gigantesque concept de destination « éco-touristique » qui doit ouvrir en juillet 2016 à côté de Disneyland Paris, au sud-est de la capitale française.

Le chantier, installé entre deux forêts domaniales de Seine-et-Marne, est censé créer un lieu de loisirs conçu en forme de « cité végétale » et centré sur la nature, avec hébergements en cottages et appartements, parc aquatique, lagon extérieur, jardins suspendus, immeubles à l’architecture végétale, ferme bio, forêt « sportive », commerces…

La première phase de ce programme commun des groupes Pierre et Vacances et Euro Disney, qui brandit la thématique du développement durable, concerne 175 hectares et un investissement d’environ 500 millions d’euros. Si la phase ultime se concrétise, d’ici une décennie, le site pourrait couvrir au final jusqu’à 500 hectares et représenter deux milliards d’euros d’investissements.

C’est le plus grand projet de « resort » touristique en Europe. Il cible d’ailleurs largement la clientèle européenne, et espère un demi-million de visiteurs dès sa première année d’exploitation.

Pour M. Valls, qui s’exprimait sur le chantier du site à Villeneuve-le-Comte en Seine-et-Marne, ce projet classé Opération d’intérêt national (OIN) est « un exemple de ce qui doit être fait pour concilier l’économie et l’écologie, le développement de nouvelles activités et la protection de la nature ».

Dominique Cocquet, directeur général de Villages Nature, explique qu’il s’agit là d' »écrire une nouvelle page en matière de tourisme, qui prenne en compte les grands défis environnementaux du XXIe ».

« On est dans la modernité. Ce n’est pas la campagne ou un bout de safari », dit-il.

Aux yeux du Premier ministre, « cette offre de loisirs plus en retrait, plus proche de la nature, correspond bien aux aspirations de notre époque ». M. Valls a salué le fait qu’il y ait eu un « premier grand débat national pour un projet touristique », estimant que, « de ce point de vue là, ce projet est également exemplaire ».

Dix ans de gestation, sept enquêtes publiques et « aucun recours » malgré certains bémols écologistes: les élus locaux et régionaux et les promoteurs présents jeudi se congratulaient.

Au moment où plusieurs autres grands projets en France sont contestés, parfois violemment — aéroport de Notre-Dame-des-Landes, barrage de Sivens, Center Parcs en Isère… — Manuel Valls en a profité pour dénoncer la « prise en otage » pratiquée selon lui par des opposants à certains de ces chantiers en France, qualifiés par Europe Ecologie-les Verts (EELV) de « grands projets inutiles ».

Pour développer le projet Villages Nature, environ 60 millions d’euros d’argent public doivent être injectés, dans la voirie et les infrastructures en priorité.

Un engagement conséquent, justifié selon les élus par l’argument économique de l’emploi et de « l’attractivité » de la destination, qui va attirer des devises.

La première phase de Villages Nature, à elle seule, doit permettre la création de 2.000 emplois dans le bâtiment et 1.600 emplois directs pour l’exploitation touristique, a souligné Gérard Brémond, le président de Pierre et Vacances/Center Parcs.

Pour Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d’Ile-de-France, « ce projet est un peu du trois en un: bon pour l’emploi, bon pour l’environnement et bon pour l’égalité des territoires », a-t-il dit.

Le député de Seine-et-Marne Christian Jacob a pour sa part interpellé le Premier ministre sur le fait que certains aménagements promis pour améliorer des infrastructures à proximité du site se font attendre.

Dans un premier temps, un millier de cottages seront implantés autour d’un « Aqualagon » qui devrait devenir l’un des parcs aquatiques couverts les plus grands d’Europe avec ses 11.500 m2.

A l’extérieur, un lagon extérieur de 3.500 m2 sera chauffé en certains endroits par géothermie à plus de 30 degrés. Un projet qui suscite certaines critiques. « Faire de la géothermie pour chauffer un lac, c’est stupide », juge le président des élus écologistes d’EELV d’Ile-de-France, Mounir Satouri.

La géothermie alimentera aussi le chauffage et l’eau des logements, « sans émission de CO2 », selon les promoteurs. Villages Nature sera « une destination absolument unique », a promis Tom Wolber, le patron d’Euro Disney.

© 2014 AFP

Ségolène Royal en amuseur public (sur le bisphénol A)

En complément des quelques lignes précédentes. Madame Royal amuse la galerie – consentante, il est vrai – en proclamant qu’elle va abolir un arrêté préfectoral qui interdit les feux de cheminée à Paris à partir du 1er janvier 2015. Dans le même temps, son gouvernement se heurte au lobby du plastique, qui refuse d’obtempérer (ici).

Résumons. Un, le bisphénol A est un toxique, entre autres perturbateur endocrinien. Deux, on en trouve dans des centaines de produits d’usage courant. Trois, notre pauvre petit pays décide de l’interdire dans les emballages alimentaires à compter du 1er janvier 2015. Quatre, il existe des dizaines de substituts au poison. Cinq, l’industrie, qui sait sa puissance, envoie paître Royal et ses gens.

Constatons ensemble que la même date – 1er janvier – vaut pour les feux de cheminée et le bisphénol A. Sans jeu de mots, je crois que madame Royal a allumé un plaisant contrefeu. Comme elle ne peut rien contre les puissants, elle excite des médias dociles, de manière à occuper l’espace et à montrer quelle poigne elle a au moment même où sa faiblesse ontologique se montre en majesté.

Bis repetita : à quoi servent les socialistes ?