Archives de catégorie : Morale

Trois mots sur Hugo Rafael Chávez Frías

Chávez, président du Venezuela, est mort le 5 mars, et je n’ai pas souhaité commenter ici. J’ai parlé bien des fois sur Planète sans visa de ce caudillo, et l’ai abondamment conspué. Inutile d’en rajouter au moment de sa mort. Le certain, c’est que je ne le pleure pas. Mais comme je ne voulais pas m’associer au chant oligarchique planétaire qui fête sa mort, j’ai préféré le silence. Et d’autant que je ne voulais pas m’associer davantage à ceux qui, comme Hervé Kempf (ici), saluent un homme « libre ». Libre ? Malgré la réelle amitié que je porte à Hervé, je dois bien constater que nous ne sommes pas d’accord, mais vraiment pas d’accord du tout sur le sens du mot liberté.

L’incroyable facilité avec laquelle une partie des écologistes, notamment altermondialistes, a versé dans le soutien à un chef militaire comme Chávez tient bien sûr à l’Histoire, à l’éternelle psychologie des humains confrontée aux sables mouvants des événements courants. Je ne reprends pas ici ce que j’ai écrit 100 fois. Par une insupportable légèreté de la pensée, la gauche française a refusé de tirer le vrai bilan des stalinismes, dans lequel j’inclus évidemment Castro et Cuba. Chávez est une queue de comète de ce grand phénomène monstrueux. Qui mêle des traces évidentes de caudillisme à la sauce latino à une conception du pouvoir qui doit beaucoup à ce qui s’est passé en Union soviétique entre 1926 et 1991. Les morts « de gauche » ne comptent pas davantage à gauche que les morts « de droite » à droite.

Chávez aura fait perdre des années précieuses à ceux qui cherchent une sortie humaine à la crise historique de notre aventure commune. Je vous l’ai dit, je n’insiste pas. Dans les quelques textes que j’ai retrouvés et que je vous signale ci-dessous, il y a de quoi réfléchir me semble-t-il. Mais je dois constater que jamais les thuriféraires de Chávez en France – mélenchonistes en tête – n’ont accepté le moindre débat. Je le comprends, car la discussion est à leurs yeux close. À l’inimitable manière stalinienne – je les entends rigoler d’ici : “Encore ces vieilles histoires !” -, il y a ceux qui avalent toutes leurs balivernes, qui sont des frères. Et puis les autres.

Bah ! je n’y peux évidemment rien. Encore un mot : dans les textes ci-après, classés du plus ancien au plus récent, on verra peut-être que j’aborde aussi la question écologique. Car de toutes les contrefaçons qui auront entouré la personne de Chávez, c’est bien sa réputation d’écologiste qui m’aura le plus choqué. Un bon week-end à tous.

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Halte au feu dans le bois de Tronçay

Une nouvelle vraiment formidable : la destruction du bois de Tronçay (ici) est arrêtée. Rien n’est réglé, tout reprendra peut-être, mais pour l’heure, champagne !

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Communiqué de presse

Mardi 5 mars 2013

Bois de Tronçay : les associations arrêtent les tronçonneuses

Alors que la justice a suspendu une première fois l’arrêté préfectoral autorisant la destruction d’espèces protégées pour la réalisation d’un pôle industriel de sciage, de cogénération et granulés de bois dans la zone d’activités du Tronçay à Sardy-lès-Epiry (Nièvre), le tribunal administratif de Dijon vient de suspendre le nouvel arrêté pris par madame la préfète de la Nièvre le 31 janvier 2013 et qui autorisait le défrichement d’une partie du bois de Tronçay.

Une affaire aux multiples rebondissements

Le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN), instance consultative chargée de rendre un avis à la ministre de l’Écologie sur les dérogations à la protection d’espèces sauvages de faune et de flore, avait émis plusieurs avis défavorables à ce projet en raison notamment de l’insuffisance des inventaires de la faune protégée du secteur et surtout au motif que ce projet de cogénération ne répondait pas à des raisons impératives d’intérêt public majeur.

En dépit de ces avis, l’administration préfectorale avait autorisé une première fois la destruction des espèces protégées. Les associations locales et FNE avaient saisi la justice et avaient obtenu le 2 octobre 2012 la suspension de l’arrêté qui portait dérogation à la protection des espèces, arguant que le projet ne relevait pas de raisons impératives d’intérêt public majeur.

Mais le 31 janvier 2013, faisant fi de cette décision de justice, la préfète de la Nièvre délivre un nouvel arrêté autorisant la destruction des espèces protégées. FNE, DECAPIVEC et Loire Vivante Allier Cher ont sollicité en urgence le tribunal administratif de Dijon. Celui-ci, le 27 février 2013, a suspendu l’arrêté préfectoral, le temps de rendre une décision évitant la destruction des espèces protégées, notamment les amphibiens présents dans ce bois humide.

Une détermination associative payante

Bien qu’il convienne d’attendre le jugement au fond, les associations accueillent favorablement la décision du tribunal. « La justice a retenu dans son ordonnance que ce projet de cogénération à partir de bois ne répondait pas à des raisons impératives d’intérêt public majeur, ce qu’avaient déjà relevé nos associations ainsi que le CNPN », indique Dominique Py, administratrice de FNE en charge du dossier Faune sauvage. « Le juge vient rappeler utilement qu’il n’est possible de porter atteinte à des espèces protégées que dans le cas où le projet se révèle indispensable et où aucune autre solution d’implantation ne convient. S’il se réalise dans le bois de Tronçay, ce projet va entraîner la destruction d’une forêt humide de 100 hectares » précise Raymond Léost, en charge du réseau juridique de FNE.

Derrière la viande, la merde

Publié dans Charlie Hebdo du 20 février 2013

Faudrait pas oublier l’essentiel. Un, la Roumanie est tenue par la mafia, la vraie. Deux, la viande est devenue en France une industrie comme les autres. La fabrication du « minerai de viande » est légale.

Oublie tout ce que tu as entendu, et regarde d’un autre œil cette fabuleuse histoire. Le « scandale de la viande de cheval » est une grosse farce, jouée par des acteurs de premier plan. Deux mots sur Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et comédien de génie : contrairement à tant d’autres ministres, il visait depuis un bail le poste qu’il occupe depuis mai 2012. Il est petit-fils de pedzouille, titulaire d’un BTS agricole, et il a enseigné l’économie dans un lycée agricole. Il connaît donc le secteur.

Et c’est bien pourquoi il faut l’applaudir si fort. Jeté au milieu d’une énième crise de confiance, qui risque de plomber les comptes de l’industrie de la bidoche pour un moment, il a choisi contre toute évidence la voie de l’humour. Citation (RTL le 11 février) : « Je découvre la complexité des circuits et de ce système de jeux de trading entre grossistes à l’échelle européenne ». Immergé depuis sa naissance dans le monde de l’agriculture intensive, copinant avec certains de ses pires tenants, comme le président de la FNSEA Xavier Beulin, il ignorerait tout de ce qui fait le quotidien de la barbaque industrielle. C’est crédible.

On ne va pas refaire dans Charlie le circuit de la viande roumaine, mais on peut ajouter deux ou trois bricoles au vaste storytelling (1) en cours. Un, tous les sopranos de cet opéra bouffe savent ce qu’est devenue la Roumanie : un pays dirigé par la mafia. Roberto Saviano, l’auteur de Gomorra, livre consacré à la Camorra, ne cesse de le répéter dans de nombreux entretiens, et la presse roumaine le confirme chaque jour. Le 9 février 2011, le quotidien de Bucarest Gândul (3) se demande en Une : « Mais où va l’argent sale des douanes ? ». Bonne question, car en cet instant, un douanier sur quatre est poursuivi pour corruption. Le 25 mai 2011, un autre quotidien roumain, Evenimentul Zilei (4), annonce que la mafia touche entre 1 000 et 7 000 dollars pour chaque container envoyé dans l’Union européenne. On arrête là, faute de place.

Voilà donc l’arrière-plan. Mais les neuneus ont tort de croire les ministres, qui désignent une poignée de fraudeurs et annoncent de nouveaux contrôles. Car la merde, qu’elle soit de vache ou de cheval, est dans le système. La vérité est dans un entretien passionnant accordé à une feuille de Nevers par Constantin Sollogoub, ancien vétérinaire local connaissant bien la Roumanie (4). Le Constantin se demande : « Pourquoi une viande abattue en Roumanie vient-elle jusqu’à Castelnaudary, pour être préparée au Luxembourg, via Metz ? ». Et il répond que le kilo de cheval vaut le tiers du kilo de bœuf, du moins en Roumanie. Et que l’exportation de viande permet d’engranger en plus des aides européennes. On voit que ça rapporte.

Mais ce n’est pas tout, et Constantin mange même le morceau principal : « Il y a 40 ans, les déchets des premières opérations allaient à l’équarrissage. Ils sont désormais mis en blocs et congelés ». Voilà le grand secret : on ne jette plus rien, ce serait trop bête. Et les industriels de la viande – qu’ils soient Roumains ou Français – fabriquent ce que nos belles autorités appellent discrètement du « minerai de viande ». Ne fuyez pas, cela devient sublime. Charlie étant un journal sérieux, bien qu’irresponsable, a épluché la Spécification technique n° B1-12-03 du 28 janvier 2003 , édictée par les services français. Cela donne : « Le minerai ou minerai de chair utilisé pour la fabrication des viandes hachées correspond exclusivement à des ensembles de muscles striés et de leurs affranchis, y compris les tissus graisseux y attenant ».

Il n’y a qu’une explication au supposé scandale de la viande de cheval : l’animal est devenu un produit industriel comme un autre. Une marchandise à laquelle on peut faire subir tous les outrages. Pour le reste, pour la com’ et les trémolos, voyez plutôt Le Foll.

(1) Le storytelling est une méthode archaïque, mais renouvelée par l’industrie, qui consiste à raconter de belles histoires plutôt que dire la vérité.
(2) http://www.gandul.info/news/un-politist-de-frontiera-din-patru-este-cercetat-pentru-coruptie-filmul-arestarii-cu-elicopterul-a-doua-puncte-vamale-7965253
(3) http://www.evz.ro/detalii/stiri/razboi-total-igas-doi-si-un-sfert-931419.html
(4) http://www.lejdc.fr/nievre/actualite/2013/02/13/ancien-veterinaire-a-nevers-constantin-sollogoub-setonne-du-parcours-de-la-viande-roumaine-1441372.html

Les navires de Sea Shepherd éperonnés !

Breaking News, comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique. Dernière heure, ce 20 février 2013 à 21 heures, heure de Paris. Ça chauffe dans l’Antarctique, où les défenseurs des baleines affrontent notre monde barbare.

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Les navires de Sea Shepherd éperonnés par les baleiniers japonais dans le sanctuaire antarctique

20 février 2013 - Escalade de violence en AntarctiqueLes navires de Sea Shepherd Conservation Society, le Bob Barker et le Steve Irwin, ont été éperonnés par le navire-usine de la flotte baleinière japonaise, le Nisshin Maru dit « l’étoile de la mort » – un monstre d’acier de plus de 8 000 tonnes. Cet abattoir flottant est 10 fois plus lourd que le Steve Irwin.

Le Bob Barker et le Steve Irwin étaient derrière le Sun Laurel, le navire-ravitailleur de la flotte baleinière nippone – le Steve Irwin à bâbord, le Bob Barker à tribord.

Avec un haut-parleur, le Shonan Maru #2, le navire de sécurité japonais, a ordonné au Sam Simon, navire australien de Sea Shepherd se trouvant en eaux antarctiques australiennes, de quitter la zone sur ordre du gouvernement japonais. Des grenades assourdissantes ont été lancées sur le Bob Barker et le Steve Irwin par l’équipage du Nisshin Maru.

Le Capitaine Peter Hammarstedt a informé le navire-usine Nisshin Maru par radio que le Bob Barker maintiendrait son cap et sa vitesse et que l’obligation légale et morale d’éviter la collision incombait au Nisshin Maru.

Le Nisshin Maru a alors viré de bord et s’est approché par tribord. Il a presque percuté le Bob Barker avant de se tourner vers le Steve Irwin et de l’éperonner au niveau de la proue.

Le Nisshin Maru a maintenu son cap de collision et a éperonné le Steve Irwin une nouvelle fois à bâbord.

Le Nisshin Maru a ensuite éperonné le Bob Barker. Le Steve Irwin a accéléré afin d’éviter un nouvel éperonage.

Le Bob Barker a remplacé le Steve Irwin sur le côté gauche du Sun Laurel.

Le Steve Irwin a fait demi-tour et le Nisshin Maru a poussé le Bob Barker contre le Sun Laurel, le coinçant en sandwich. Le Nisshin Maru a ensuite reculé derrière le Bob Barker et l’a éperonné à pleine vitesse contre le flanc gauche du Sun Laurel, détruisant l’un de ses deux radeaux de sauvetage et détruisant le bossoir permettant de lancer l’autre radeau. Le Nisshin Maru a ensuite de nouveau éperonné le Bob Barker par l’arrière, détruisant l’un de ses radars et la totalité de ses mats.

2013_escalation_in_antarctica_01Tout le courant a été coupé à bord du Bob Barker qui a émis un signal de détresse May Day. A l’émission de ce signal de détresse, le Nisshin Maru s’est retourné et s’est enfui vers le nord.

Le co-chargé de campagne de Sea Shepherd Australie, l’ancien sénateur Bob Brown, a informé le gouvernement australien des mutltiples violations des lois internationales par la flotte baleinière et a demandé à ce que Tokyo soit sommé de retirer ses navires de cette region située au nord de la base Case australienne et de cesser de violer ouvertement les lois australiennes et internationales. Des navires de la Marine devraient être dépêchés sur place pour faire respecter la loi.

Actuellement, le Sun Laurel est en train d’être escorté vers le nord par la flotte de Sea Shepherd puisqu’il n’a pas d’équipement de sauvetage de secours adapté aux eaux très dangereuses de l’Océan austral.

Jeff Hansen, directeur de Sea Shepherd Australie a affirmé: « Le Nisshin Maru s’est rendu responsable de collision volontaire et d’un délit de fuite. Il a éperonné le Sun Laurel, mettant la vie de son equipage en danger et les a ensuite tout simplement abandonnés. »

Tous les navires font maintenant route vers le nord, les braconniers japonais, se trouvant à deux miles au devant de la flotte de Sea Shepherd.

Les trois navires de Sea Shepherd ont été éperonnés, le Bob Barker essuyant les plus gros dégâts. Le courant est maintenant rétabli à bord du Bob Barker. Heureusement, aucun membre d’équipage n’a été blessé.

Nous avons rempli notre mission en empêchant le Sun Laurel de réapprovisionner l’abbattoir flottant, le Nisshin Maru en carburant. Nous continuerons jusqu’au bout à protéger les baleines de ce sanctuaire.

 

Combat au couteau entre le panda et l’ours polaire (le cas WWF)

Cet article a été publié dans Charlie Hebdo du 13 février 2013

Un très court préambule. L’article que vous allez lire me conduit au bord de la rupture personnelle avec des amis, dont l’un reste pour l’heure cher à mon cœur. Mais j’écris en conscience ce que je crois devoir écrire. Je sais qu’il est plus facile de canarder le messager plutôt que de s’interroger sur le sens de qu’il dit. J’ai l’habitude. Mais cela fait quand même mal.

L’ours blanc est menacé par la fonte de la banquise et la chasse. Compter 75 000 dollars pour une peau. Problème : le WWF, dont l’emblème est le panda, refuse d’attaquer les chasseurs. Pourquoi ? Parce que.

L’affaire de l’ours polaire fout le bordel entre le WWF et les écologistes de terrain. Le bel animal n’en peut plus : il en resterait entre 20 000 et 25 000 sur la banquise Arctique et alentour. Une banquise qui a pu atteindre 15 millions de km2 au maximum de l’hiver, et un peu plus de 3 au cœur de l’été 2012. Plusieurs menaces, dont le dérèglement climatique, pourraient mener l’espèce au bord de l’extinction.

On s’agite ? Un peu. Dans quelques semaines, les bureaucrates de la nature se retrouveront à Bangkok pour une énième réunion de la Cites, qu’on appelle aussi Convention de Washington. Pour l’ours blanc, l’enjeu est essentiel, car les Etats-Unis, appuyés miraculeusement par les Russkoffs, proposent de placer l’ours dans l’Annexe 1, sommet de la protection. En théorie, le commerce international des parties de l’animal serait interdit. Un ours polaire naturalisé adulte se vend 40 000 euros à Paris, et beaucoup plus encore en Russie ou en Chine, où une simple peau peut atteindre 74 000 euros.

La situation est à ce point limpide que toutes les associations de protection de la nature devraient être sur le pont. Ne serait-ce que pour pousser au cul notre gouvernement, dont la voix à la réunion de Bangkok pèsera lourd. Mais pour l’heure, la France refuse de soutenir les Amerloques, et pense pouvoir se planquer en choisissant bravement l’abstention. La désunion écologiste ne va pas arranger les choses.

Résumons ce qui semble un beau mystère. D’un côté, 13 associations sont réunies pour aller au baston (1), parmi lesquelles Sea Shepherd, l’Aspas, la LPO, Robin des Bois. Elles soutiennent sans surprise l’inscription de l’ours blanc à l’Annexe 1 de la Cites. En revanche, d’autres poids lourds, comme Greenpeace, France Nature Environnement (FNE) et le WWF font semblant de ne pas être concernés. Ce dernier notamment – le WWF – risque d’en prendre plein la tronche publiquement, ce qui serait une grande première.

Personne ne souhaite encore sortir sous la mitraille, mais en off, c’est le grand dégueulis, au point que Charlie est obligé d’édulcorer pour éviter un procès en diffamation. En résumé, le WWF s’oppose avec ses petits bras à la proposition américaine de protection, avec des arguments que l’on qualifiera prudemment d’étonnants. Visite sur le site du WWF (2), où un pauvre ours polaire, par la grâce d’un effet graphique, souffle de la vapeur d’eau. Ça chiale direct, car « les jours sont comptés » et « 1498 ours polaires ont disparu depuis le 1er janvier 2009 », mais à condition de refiler 30 euros au WWF, la lutte contre le réchauffement de la banquise sera en de bonnes mains. Une belle manière de gagner des sous, qui rend hystériques de nombreux militants historiques de l’écologie.

L’un d’eux résume ainsi la situation pour Charlie : « C’est vraiment dégueulasse. Le WWF se remplit les poches en parlant de réchauffement climatique, contre lequel il ne peut évidemment rien. Et refuse la protection de l’ours réclamée par les Américains, en se taisant sur la chasse et les trafics internationaux qui en découlent. C’est la honte, et l’exaspération contre ces mecs est en train de monter partout. Je ne suis pas le seul à en avoir plein le cul, du WWF ».

Malgré les apparences, parole modérée. Mais voici déjà la séance Explication. Un, la chasse légale zigouille entre 600 et 800 ours par an, ce qui est énorme au regard du nombre de survivants. Pourquoi le WWF refuse-t-il de mettre en cause les porteurs de flingue ? Il n’est pas interdit de se replonger dans l’histoire de cette très curieuse ONG. Fondé en partie par des grands chasseurs d’animaux sauvages en Afrique – qui voulaient continuer à buter éléphants et gazelles -, le WWF n’a cessé de maintenir des liens puissants avec cet univers. Pour ne prendre qu’un exemple, le roi d’Espagne Juan Carlos est resté président d’honneur du WWF jusqu’à l’été dernier, alors qu’il avait été chopé à trucider des ours en Roumanie et des éléphants en Afrique.

Donc, le WWF aime les chasseurs. Mais est-ce bien tout ? Juste avant que la barque ne coule, encore deux bricoles. Un, le WWF est mutique sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais mutique. Y aurait-il un lien – hi hi – avec les nombreux financements venus de l’industrie ? Deux, le WWF vient de prendre un joli tournant en France, en embauchant deux nobles personnages. Nouveau directeur général : Philippe Germa. C’est un banquier, venu d’une entreprise transnationale d’origine néerlandaise, ABN AMRO. Nul besoin de détailler les belles activités d’une telle boîte. Nouveau directeur des programmes :  Christophe Roturier. Il a longtemps travaillé en Afrique, dans les « équitables » échanges de cacao entre la France et des pays comme la Côte d’Ivoire. Il a également bossé pour l’un des fleurons de l’agriculture la plus industrielle qui soit, Arvalis-Institut du végétal.

Moralité ? Y en a pas. Un dessin circule en ce moment dans les associations écologistes authentiques. On y voit un panda – symbole du WWF – sur la banquise, en train d’abattre au fusil un ours polaire.

(1) http://www.bioaddict.fr/article/13-associations-s-unissent-pour-la-protection-des-ours-polaires-a3669p1.html

(2) http://urgence-especes.wwf.fr/#/interview-jean-stephane-devisse