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Et Sarkozy donna la charia aux Libyens (faute de nucléaire)

Je ne veux d’autant moins me croire devin que je ne le suis pas. Je me trompe régulièrement et je fais très attention de m’en souvenir. Cela entretient l’esprit, je vous l’affirme. Je me trompe, mais je réfléchis, ceci expliquant en partie cela. Et je ne me trompe pas toujours, fort heureusement pour moi. En ce qui concerne les dites « révolutions arabes », je crois avoir moins pensé de sottises que tant d’autres, dont le métier est pourtant de commenter doctement, voire d’agir, comme font semblant de faire nos femmes et hommes politiques.

Je n’ai jamais cru dans la baliverne d’une démocratie remplaçant la dictature. Et même si cela ne touche pas directement la crise écologique, unique objet ou presque de Planète sans visa, permettez-moi quelques phrases. L’Occident niais, idéalement représenté en Libye par le couple Sarkozy-BHL, continue de juger son « modèle » irrésistible et universel, contre toute évidence. À les suivre, si l’on se débarrasse d’un tyran, c’est pour ouvrir la place au CAC40 et à ces messieurs des transnationales, sur fond d’élections à la mode parisienne. L’exemple chinois, parmi tant d’autres, aurait pourtant dû secouer les plus nigauds. Loin des fantasmes de jadis – au temps de la guerre froide -, qui associaient systématiquement liberté du commerce et liberté tout court (dans la défunte Union soviétique), la Chine montre qu’on peut vendre des colifichets par milliards et maintenir un monopole politique sur la société.

Dans les pays arabes, où la situation est fort différente, où chaque situation est en vérité unique, il est un point commun, et c’est l’islam en tant que réponse globale à la frustration et à l’impasse tragique où sont fourvoyées les sociétés humaines. La plupart imaginent qu’il suffit de fournir quelques objets usuels aux classes moyennes des villes, plus les bouquets satellite des télévisions, mais les peuples s’angoissent pourtant. Et ils ont raison, car l’avenir est assurément sombre. Prenez le cas de la Libye, que ce bouffon assassiné de Kadhafi aura tant fait souffrir. Là-bas, le despote avait décidé de créer le « Grand fleuve artificiel », qui devait devenir le second Nil de la région. Le 30 août 1991, à Benghazi la rebelle d’aujourd’hui, le colonel inaugurait la première phase de travaux pharaoniques, devant une trentaine – où êtes-vous diable, satrapes et salauds ? – de chefs d’État et de gouvernement.

Quels travaux ? Ceux visant à extraire grâce au fric venu du pétrole une eau miraculeuse et fossile, vieille de milliers d’années, cachée dans les grès du désert, entre Tchad, Libye, Soudan, Égypte. Dans cette zone que devait parcourir bien plus tard mon ami Jean-Loïc Le Quellec, admirable découvreur des civilisations disparues (lisez donc son livre, coécrit avec Pauline et Philippe de Flers, Peintures et gravures d’avant les pharaons, du Sahara au Nil, Soleb/Fayard). À rebours de la grandeur de jadis, Kadhafi aura claqué de 1985 à 2010 au moins 30 milliards de dollars pour dilapider une eau qui ne reviendrait plus, expédiée vers le nord, le littoral, Tripoli par des canalisations géantes à ciel ouvert. Comme de telles monstruosités sont-elles possibles ? C’est très simple : il faut et il suffit d’avoir des amis techniciens.

Qui osa prêter main forte à ce vol contre l’humanité et son avenir ? Entre autres notre société du BTP Vinci, qui accompagnait en visite officielle en Libye, en novembre 2004, un certain Jacques Chirac (ici). Et qui représentait Vinci ? Mais son patron, évidemment, Antoine Zacharias (lire ses aventures ici) le goulu. Et que venait donc faire Zacharias à Tripoli ? Mais signer contrat, pardi, pour réaliser la quatrième tranche des travaux du « Grand fleuve artificiel ». Ainsi se bâtissent les fortunes de notre planète malade. Je n’insiste pas sur le cas angoissant de l’Égypte, qui est incapable de nourrir une population de 85 millions d’habitants avec son seul fleuve surexploité, martyrisé, le Nil. Je n’y insiste pas, car j’ai consacré au début de l’année un article à la question, qui peut se lire encore (ici).

Est-il utile d’entrouvrir le dossier tunisien ? Ce malheureux pays ne survit, dans les conditions du Sud, qu’en vendant son âme, pour rester poli, au tourisme fou des pays du Nord. Une telle soumission ne peut conduire qu’à la dissociation psychique de masse, c’est-à-dire à la maladie mentale de toute une société. Et, bien entendu, il ne s’agit que de châteaux de sable, comme les Tunisiens le comprennent sans qu’on ait besoin de leur faire deux fois le dessin. Où veux-je en venir ? Ces pays, très ou trop peuplés, indifférents comme le nôtre à la crise écologique qui va fatalement déferler, sont néanmoins tenaillés par une peur venue des profondeurs.

Tel est en tout cas mon sentiment. Des millions de gens, souvent pauvres, ne distinguent aucune lumière au loin, mais sont bien obligés d’avancer. Et l’islam est là, qui est la seule réponse globale disponible. Je ne discute pas ici des critiques évidentes que l’on peut, que l’on doit faire à l’islamisme. Il reste que ce dernier, jusques et y compris sous ses formes « modérées », incarne une voie de civilisation, quand il est clair que la nôtre n’a aucun avenir. En ce sens, elle rassure et rassurera d’autant plus qu’elle est fantasmatique. Disons, pour rester respectueux, qu’elle est promesse, et le restera. Une grande et fabuleuse promesse d’une vie meilleure, ici ou ailleurs. Cela suffit bel et bien.

Nous ne pouvons concourir durablement contre une telle « offre » civilisationnelle. Nous ne jouons pas dans le même registre. Nos goûts sont vulgaires et corrompus, et ne croyez pas que j’écris ces mots pour la raison que je serais un converti à l’islam, pardieu. Mais franchement, Zacharias, Séguéla, TF1, les hypermarchés, la neige artificielle, le béton jusqu’au bord des plages ? Franchement. En regard, l’islam incarne le renouveau, la sagesse, la mesure, la beauté, l’esprit. Vous ne le voyez donc pas ?

Il n’y a qu’une seule autre réponse possible. Elle réside dans une alliance encore improbable entre la culture au sens le plus profond, et l’esprit, dans son acception la plus large. Je l’appelle faute d’un mot meilleur, encore à inventer, l’écologie. C’est-à-dire une manière totalement neuve de comprendre la place des hommes sur une terre dévastée, qui implique des relations dont nous n’avons pas encore la moindre idée avec les animaux et végétaux qui ont survécu à notre folie commune. Qui implique un respect de la vie, une sacralisation de la vie sur terre, de toutes les formes vivantes, de tous les espaces, de toutes les espèces, lequel supposerait un bouleversement de notre psyché. Est-ce concevable ? Je le crois, car je ne vois aucune autre issue. Je le crois, mais je sens avec douleur que la voie d’accès est ridiculement étroite. Et que l’on n’y parviendra pas sans d’héroïques efforts sur nous-mêmes, pauvres petits êtres que nous sommes.

En attendant que vienne cette heure, si elle vient jamais, on garde le droit de railler Sarkozy. Après avoir humilié en 2007 la France, recevant Kadhafi en grande pompe à Paris, et lui proposant une centrale nucléaire, il a engagé notre pays dans une guerre coûteuse, qui aurait pu nous enliser pour des années. Et qu’a-t-il gagné ? L’édiction de la charia, la loi islamique, dans ce territoire que nos avions viennent de libérer de notre crapule préférée. À bouffon, bouffon et demi.

Pascal : un grand philosophe nous est né (sur le cas Bruckner)

Pour Marie, qui se demande dans un commentaire pourquoi je ne parle pas de Bruckner. Eh bien, j’en parle. J’en ai parlé dans un papier publié par Charlie-hebdo il y a deux semaines. Car j’y ai fait la critique de son dernier livre. Et voilà ce que cela donne.

Les écologistes sont « les Lugubres ». Des méchants et des affreux qui détestent l’homme et le progrès. Et s’ils répandent la peur du lendemain, en bons petits chevaliers de l’Apocalypse, c’est que leur but est de « nous démoraliser pour nous mettre au pas ». C’est tellement bas du cul que ce livre a forcément été écrit par Pascal Bruckner lui-même. Pas de nègre chez monsieur le grand philosophe. On survole trois bouquins, on reluque Wikipédia, et l’on pond un bouquin de plus, salué par les journaux dignes de ce nom comme un magnifique essai : Le fanatisme de l’Apocalypse (Grasset, 20 euros).

Bon, faut bien continuer. Bruckner, comme d’autres plaisantins avant lui, n’a à peu près rien lu sur le sujet qu’il traite. La dislocation des grands écosystèmes, les crises de l’eau, de la biodiversité, des sols, des océans, le dérèglement climatique, il s’en tape. Il n’est pas au courant. « Après tout, note-t-il tout en finesse, le climat de la Riviera en Bretagne, des vignes au bord de la Tamise, des palmiers en Suède, qui s’en plaindrait ? ». Pas lui. Le pilier du café du Commerce veut continuer à profiter de la vie sans qu’on l’emmerde, car « voitures, portables, écrans, vêtements sont à tous égards non des gadgets, mais des agrandissements de nous-mêmes ». Face à ces merveilles, les écologistes n’ont qu’un but : « Mettre le voile noir du deuil sur toutes les joies humaines [l’italique est dans le texte d’origine, pas seulement dans Charlie] ». Pourquoi ? Mais parce qu’ils sont fanatiques, sectaires et même avares. Avares, c’est nouveau, ça vient de sortir. Oh, mais quels vilains !

Les références du Bruckner, allez savoir pourquoi, sont rares et répétitives, ses citations assez courtes pour semer le doute sur leur signification réelle, et le tout est enveloppé d’une logorrhée aussi belle qu’un cours de philo à l’ancienne, où l’on voit apparaître à la queue leu leu Kant, Rousseau et Nietzsche. Ça mange pas de pain, mais qui est visé ? L’écrivant polygraphe ne s’attaque en réalité qu’à ceux que l’on appelle les décroissants. En multipliant d’ailleurs les erreurs : Rabhi n’a ainsi jamais été le « père du mouvement décroissant ». Seulement, qui achèterait un livre de ce genre ? Philosophe mais conscient des lois du marché, Bruckner joue donc avec les mots, passant tranquillement des « écologistes » aux « Verts », de Serge Latouche à Hervé Kempf, de Hans Jonas à Jean-Pierre Dupuy, d’Ivan Illich à André Gorz.

Dans le genre, il faut reconnaître que c’est fendard. Le fondement de l’infamie serait ceci : « L’humanité est aberrante dans son ensemble, nous disent de nombreux auteurs, il faut la prendre comme une maladie à soigner de toute urgence ». Soigner, c’est-à-dire faire disparaître. Sauf bien sûr que les « nombreux auteurs » du moraliste n’existent pas. Mais s’ils n’existent pas, plus de livre à promouvoir. Donc ils existent. Ce doit être un procédé rhétorique, peut-être même philosophique.

Au total, Bruckner apparaît comme un scientiste un brin déconnant, qui défend les OGM, les « mini-centrales nucléaires sous-marines », « l’ensemencement en minerai de fer des océans pour faire croître les algues planctoniques », et même le DDT. Sans oublier les avions volant dans la stratosphère – entre 10 et 60 km d’altitude -, ou encore les ordinateurs « qu’on pourra bientôt intégrer à nos  corps ». D’un côté « les commissaires politiques du carbone », qui répandent la peur et le goût du désastre. De l’autre, quelques rares esprits demeurés lucides, résistant tant bien que mal au déferlement du « nouveau despotisme ». Comparé à Pascal Bruckner, Claude Allègre est un mou du genou, un roi de la dégonfle, une pauvre couille molle.

Au fait, qui est ce mec ? Bruckner a déjà eu son quart d’heure de gloire en 1983, avec un autre livre : Le sanglot de l’homme blanc. Les écologistes s’appelaient alors tiers-mondistes, qui par haine de l’Occident, osaient interroger les responsabilités du Nord dans la situation du Sud. Voilà comment on gagne son rond de serviette médiatique chez les bien-pensants. Dix ans plus tard, en 1992, un petit salopard nommé Luc Ferry piquait la place en publiant Le Nouvel Ordre écologique (Grasset), qui présentait les écologistes et les défenseurs des animaux comme des suppôts de Hitler (1). Un livre tous les vingt ans pour entretenir la haine de ceux qui pensent (vraiment), c’est le bon rythme, Pascal. Rassure Charlie : tu permets qu’on t’appelle Pascal, hein ?

(1) Une remarquable critique de Ferry par l’historienne Élisabeth Hardouin-Frugier : http://bibliodroitsanimaux.voila.net/hardouinfugierloinazie.html

Mélenchon et madame Morel-Darleux (triste)

C’est bien triste, mais c’est comme cela. Mélenchon, qui a passé la bagatelle de 31 ans au parti socialiste, qui a été formé à l’école épouvantable de l’Organisation Communiste Internationaliste (OCI) auparavant, est un homme du passé. Ce n’est pas agréable à accepter, et c’est pourquoi, contre l’évidence, Mélenchon se prétend l’homme de l’avenir désirable, désirable entre tous.

C’est pathétique, mais qu’y puis-je ? Rien. Je dois juste vous signaler l’une de ses dernières hallucinations, qui consiste à réclamer 1700 euros de smic. Mélenchon feint, pour des raisons tactiques évidentes – on ne peut même exclure certaine sincérité – que le Sud n’existe pas. Que la crise écologique planétaire n’existe pas. Que la fabrication d’objets inutiles et nuisibles, sur quoi repose l’économie, n’existe pas. C’est son intérêt bien compris.

Ce l’est, mais ça n’est pas le nôtre ! Je ne suis pas, ni se serai jamais pour la misère, qui humilie et détruit jusqu’à l’âme. Mais la pauvreté est l’horizon indépassable de notre avenir commun, et Mélenchon n’est rien qu’un couillon de plus dans une distribution qui n’en manque pourtant pas. Son héros s’appelle Chávez. Le mien n’a pas de nom. Car il est la multitude, qui nous renvoie au néant de la politique française. Avis à Corinne Morel-Darleux, qui se pique d’être mélenchoniste – elle est secrétaire nationale du fameux Parti de gauche – et écologiste. Il faut choisir, madame.

Obama se fout du monde (une affaire entendue)

L’acteur Robert Redford vient de publier une tribune contre Obama, qu’il avait publiquement soutenu pendant la campagne électorale de 2008.

Vous souvenez-vous de l’Obamania qui déferlait sur le monde il y a près de trois ans ? Sûrement. On n’avait pas vu cela depuis Kennedy, et quantité de beaux esprits, y compris dans les cercles écologistes, se prenaient à rêver d’une présidence authentiquement différente. On pourra me reprocher bien des choses, mais pas celle-là. Je renvoie ceux qui en ont le temps à trois articles publiés ici, en temps réel. Ce temps réel change tout, car s’il est facile de parler après coup, il est moins facile d’écrire quand les événements se déroulent. Vous jugerez donc sur pièce (ici, ici et), et pour les âmes pressées, cet extrait : « Obama, sympathique,  talentueux, et même Noir si je ne me trompe, est évidemment l’homme du système. Où pensez-vous qu’il aura récolté les 650 millions de dollars réunis depuis janvier 2007 ? Cette somme énorme vient en grande partie de fonds privés, car Obama a refusé, comme la loi le lui permet, toute aide publique. De la sorte, il est libre de recevoir ce qu’il veut, autant qu’il veut.

Je vous le dis sans détour : on ne trouve pas 650 millions de dollars en faisant la manche dans le métro. Seule l’industrie peut engager de tels frais, qui appellent à coup certain un retour sur investissement. On en reparlera, mais gardez cela dans un coin de votre tête. Pour le reste, je ne vais pas détailler la vision qu’a Obama de la crise écologique. Ce serait d’ailleurs vite fait, car à ses yeux, elle n’existe pas. En excellent Américain qu’il est, il pense qu’il n’existe pas de vrais problèmes, seulement des solutions.

Dont les biocarburants, cette idée atroce qui consiste à utiliser des plantes alimentaires pour faire rouler des SUV, les 4X4 de monsieur Schwarzenegger. En ce domaine, Barack Obama est un militant, qui a promis de créer la première station essence permettant de transformer l’éthanol, venu du maïs, en hydrogène. Vive les énergies renouvelables ! Il est vrai que l’Illinois, État où Obama est sénateur, fait partie de cette Corn Belt – la ceinture de maïs – où l’on produit beaucoup d’éthanol ».

Fin de l’extrait, et je reprends la parole ce 7 septembre 2011, quatre jours avant les émotions pré-enregistrées du dixième anniversaire du 11 septembre 2001. Robert Redford, cet acteur qui fut l’ami du grand Ed Abbey, vient de publier une tribune contre Obama. Écologiste sincère – à sa façon -, Redford a soutenu Obama, et se rend compte, mais un peu tard, qu’il a été floué. Cela rappelle des souvenirs bien de chez nous, notamment pour ceux de l’an 1981.

La tribune de Redford a été publiée dans le journal en ligne The Huffington Post (ici), mais je n’ai pas le temps de la traduire. Le titre : L’administration Obama fait-elle passer le profit des entreprises avant la santé publique ? Ma foi, j’ai mon idée.Redford aussi, qui détaille trois décisions publiques prises dans les dernières semaines. L’une concerne l’ozone, cause majeure du smog urbain; la deuxième des forages dans l’Arctique; la troisième un oléoduc qui conduirait droit le pétrole venu des sable bitumineux de l’Alberta canadien jusqu’aux raffineries du Texas. Évidemment, c’est une honte totale, nationale et mondiale. Une manière directe de conchier ceux qui alertent sur l’imminence des périls écologiques les plus graves. Mais Obama s’en fout, si vous souhaitez mon avis.

Ci-dessous, pour ceux qui lisent l’anglais, le papier de Redford.

Is the Obama Administration Putting Corporate Profits Above Public Health?

Robert Redford

For months, the Environmental Protection Agency has been poised to issue new ozone rules to reduce the smog that causes asthma attacks and other respiratory ills. We badly need these new standards, which the EPA estimates could prevent 12,000 premature deaths a year.

On Friday, though, the White House put the new rules on ice. The result: these vital protections will be delayed until at least 2013 – conveniently after next year’s presidential election.

The week before, the State Department gave a preliminary green light to the proposed Keystone XL, a pipeline that would carry crude oil from Canadian tar sands to Texas refineries.

If this pipeline wins final approval from the administration in the coming months, it will wed our energy future to the dirtiest oil on the planet. It will invest this country in one of the most destructive mining practices ever devised. And it will put farmers, ranchers and cropland at risk across the great plains of the American heartland. That’s why the Republican governor of Nebraska came out against it this week.

And just last month, the Interior Department gave conditional approval to Shell Oil’s plan to begin drilling four exploratory wells in the Arctic waters off of Alaska’s North Slope as early as next summer. Congress has yet to pass a single law strengthening offshore drilling safeguards in the wake of last year’s BP blowout, and we’re giving Shell the go-ahead to drill in some of the nation’s most fertile fishing grounds, in waters that are iced in eight months each year and in a location a five-day journey by ship from the nearest Coast Guard station.

What’s going on here?

In all three cases, the administration’s decisions have come in the face of a withering industry lobbying campaign based on the usual mix of fear mongering and lies.

With our economy staggering and unemployment at 9.1 percent, some of the biggest corporate polluters in the country and their allies in Congress are suddenly talking about jobs.

Lobbyists from the U.S. Chamber of Commerce, the National Association of Manufacturers and other powerful corporate interests have spent the summer pressuring the White House to kick new smog standards down the road. If we have to clean up the mess we make, they say, we won’t hire any new workers.

Really? American companies can’t hire workers unless they’re allowed to make our air so dirty our people get sick, miss work and die? That’s nonsense. Companies hire workers to fill orders for their products and services. Cleaning up after themselves is a cost of doing business, and it’s a necessary cost. This isn’t about jobs; it’s about profits.

The fact is, federal safeguards for public health, worker safety and our environment generated up to $655 billion in measurable economic benefits over just the past decade, at a cost to industry of $62 billion — at most — according to the White House Office of Management and Budget.

Even on a strict economic analysis, in other words, the national benefits of federal safeguards outweigh costs by more than 10 to 1. Read the report for yourself.

I want our smog levels to come down so more of our children and seniors can breathe clean air. Putting corporate profits above public health is unconscionable. It’s outrageous that it would be countenanced — by this president or any other.

Similarly on Keystone XL, this is a terrible idea for the country. It needs to be stopped. That’s the message more than 1,000 concerned Americans have delivered directly to Obama, through White House demonstrations over the past two weeks. If you want to help, click here.

Because the pipeline would cross our border with Canada, it’s an international project that can’t go forward without a presidential determination that it’s in our national interest.

It’s not. It’s in the interest of big oil companies. When you check, though, you find they’re doing okay. They piled up profits topping $67 billion in just the first six months of this year.

I’m all for profits. But not when they come from something as destructive as tar sands.

Already in the Boreal forests of Alberta, tar sands production has made a strip mine of an area the size of Orlando, Fla. It’s scarred and poisoned, perhaps forever.

The Keystone XL would cut through parts of Montana, South Dakota, Nebraska, Kansas and Oklahoma en route to the Gulf ports of Houston and Port Arthur, Tx. It would expose our heartland to the kinds of ruptures and blowouts that just in the past year have brought disaster to the Yellowstone River, the North Sea and the Gulf of Mexico.

I was reminded of those disasters three weeks ago, when the administration gave a conditional go-ahead to Shell’s plan to drill in the Arctic. Instead of going to the ends of the earth to feed our national addiction to oil, and putting irreplaceable waters, habitat and even the American breadbasket at risk, we need to invest in the clean energy strategies of tomorrow. That’s the way to put Americans back to work, developing renewable sources of power and fuel and building the next generation of energy efficient cars, homes and workplaces.

President Obama has done a lot to protect public health and our environment. He’s championed clean-energy investments, high-speed rail and cuts in the carbon emissions that are warming our planet. He’s promoted efficiency gains in home and commercial appliances that will save us all billions of dollars each year. And the agreement he reached earlier this summer on vehicle gas mileage goals will cut our oil use by a breathtaking three million barrels a day by 2030.

Those are all positive steps and strong.

But we have to keep moving forward. This is no time to turn back from the progress we need.

I have to believe that President Obama still knows it’s important to protect clean air, water and lands. Like so many, I’m waiting for him to stand up for all that. I’m waiting for him to stand up for our future. But we can’t wait forever.

Le vol de terres continue (et s’aggrave)

Merci à mon ami Christian Berdot, dont la veille est une fois de plus précieuse. Il m’adresse sa traduction d’un article du quotidien britannique The Guardian (pour la version originale, ici). On le verra, l’accaparement des terres fertiles de la planète continue et s’accélère à l’initiative de sociétés transnationales, de fonds de pension, d’institutions du Nord. Et bien entendu de la part de pays du Sud qu’on appelle émergents, comme l’Inde ou la Chine. Le crime, une fois encore. Et le silence complice de la plupart de ceux qui monopolisent la parole publique.

Des universités des États-Unis 

accaparent des terres en Afrique

Des institutions comme les universités Harvard et Vanderbilt utilisent des hedge funds pour acheter des terres, ce qui pourrait chasser  les paysans de leurs terres

Article de John Vidal et Claire Provost. The Guardian, mercredi 8 juin.

Traduction Amis de la Terre

Une nouvelle étude montre que Harvard ainsi que d’autres grandes universités états-uniennes travaillent par l’intermédiaire d’un hedge fund britannique et de spéculateurs financiers européens à acheter ou louer de vastes étendues de terres agricole africaines, ce qui dans certains cas pourrait provoquer l’expulsion de milliers d’Africains.

Pour les auteurs de l’étude les investisseurs étrangers tirent profit de cet « accaparement des terres » qui n’apporte pas souvent de créations d’emplois, ni le développement promis, mais au contraire, peut entraîner des problèmes sociaux et écologiques dans les pays les plus pauvres de la planète.

Ce rapport sur les acquisitions de terres dans sept pays africains laisse entendre que Harvard, Vanderbilt et de nombreuses autres universités états-uniennes possédant des fonds de dotations importants, ont lourdement investi, ces dernières années, dans le foncier africain. Une bonne partie de cet argent passe par le canal de Emergent, entreprise londonienne de gestion de patrimoine, qui gère un des fonds d’acquisition de terres en Afrique les plus importants,  dirigé précédemment par la banque d’affaires JP Morgan and Goldman Sachs.

Les chercheurs de l’ Oakland Institute, basé en Californie,  pensent que les clients états-uniens d’Emergent ont investi jusqu’à 500 millions de dollars dans certaines des terres les plus fertiles, dans l’espoir d’obtenir des retours d’investissements de 25%.

Emergent a affirmé que les contrats sont passés de façon responsable. Un porte-parole nous dit : « Oui, des fonds de dotations des universités et des fonds de pension sont des investisseurs à long terme. Nous investissons dans l’agriculture africaine, établissons des entreprises et donnons de l’emploi aux gens. Nous le faisons de façon responsable. ( …) Les sommes sont importantes. Il peut s’agir de centaines de millions de dollars. Il n’y a pas d’accaparement de terre. Nous voulons augmenter la valeur des terres. Le fait d’être grand, nous permet d’avoir un impact et les économies d’échelle peuvent être plus productives ».

Jusqu’à maintenant, on avait pointé du doigt les Chinois et les pays du Moyen Orient comme étant les accapareurs de grandes étendues de terres dans les pays en voie de développement, afin de produire à bas prix de la nourriture pour leurs populations. En fait, l’Oakland Institute constate que derrière de nombreux contrats – et parmi les plus importants – on trouve des fonds occidentaux.

La compagnie qui gère les fonds d’investissements de Harvard a refusé tout commentaire. Un porte-parole a simplement dit : « C’est la politique de la compagnie de gestion de Harvard de ne discuter ni des investissements, ni des stratégies d’investissements. Je ne peux donc confirmer le rapport ». L’université de Vanderbilt a aussi refusé tout commentaire.

Pour l’Oakland Institute, les investisseurs  surestiment les bénéfices des contrats pour les populations concernées. « Les compagnies ont réussi à créer un empilement complexe de compagnies et filiales, afin éviter le contrôle de faibles autorités de régulation ». Pour Anuradha Mittal, la directrice de l’Oakland Institute, « L’analyse des contrats révèle que la plupart d’entre eux ne fourniront que peu d’emplois et vont expulser des milliers de personnes de leurs terres ».

En Tanzanie, le gouvernement local et l’entreprise de développement agricole états-unienne, AgriSol Energy, qui travaille avec la Iowa University,  ont passé un protocole d’accord. Il stipule que les deux emplacements  principaux pour leurs projets – les  camps de réfugiés de Katumba et Mishamo qui comptent 162 000 personnes – devront être fermés avant que le projet d’une valeur de 700 millions de dollars ne commence. Les réfugiés ont pourtant cultivé ces terres pendant 40 ans.

En Ethiopie, un processus de « villagisation » mené par le gouvernement, déplace des dizaines de milliers de personnes de leurs terres traditionnelles vers de nouveaux centres, tandis que gros contrats fonciers sont conclus avec des compagnies internationales.

Le plus gros contrat conclu au Soudan – où, d’après des analystes norvégiens, près de 9% du territoire ont été achetés en quelques années – a été conclu entre une firme texane, Nile Trading and Development et une coopérative locale gérée par des chefs locaux absents. Il s’agit d’un bail de 49 ans, d’une surface de 400 000 ha dans la région de Central Equatoria, pour un montant de 25 000 dollars et qui autorise la compagnie à exploiter toutes les ressources naturelles y compris le pétrole et le bois. Cette compagnie dirigée par l’ancien ambassadeur des Etats-Unis, Howard Eugene

Douglas, a l’intention  de solliciter des crédits carbone – système soutenu par les Nations-Unis – ce qui pourrait lui rapporter des millions d’euros annuellement.

Dans le rapport, on peut lire qu’au Mozambique, où près de 7 millions d’ha de terre sont potentiellement disponibles pour les investisseurs, des hedge funds occidentaux travaillent conjointement avec des compagnies sud-africaines pour acheter de vastes étendues de terres agricoles et de forêts pour des investisseurs en Europe et aux Etats-Unis. Les contrats montrent que le gouvernement renonce à lever des taxes parfois pendant 25 ans, mais peu d’emplois seront créés.

Pour Obang Metho du Mouvement de Solidarité pour une Nouvelle Ethiopie, « Personne ne peut croire que ces investisseurs viennent pour nourrir les Africains qui meurent de faim, ou pour créer des emplois et améliorer la sécurité alimentaire. Ces accords – dont beaucoup sont en place pour 99 ans – ne représentent aucun progrès pour les populations  locales et ne vont pas remplir leurs estomacs de nourriture. Par contre, ils remplissent de dollars les poches des dirigeants corrompus et des investisseurs étrangers ».

Pour Mittal « L’ampleur des accords fonciers conclus est choquante. Les petites fermes et les forêts africaines sont transformées en stratégie d’investissement à haut rendement, basée sur le patrimoine naturel. Cela peut provoquer la hausse des prix alimentaires et une aggravation des risques de bouleversements climatiques. »

Des études menées par la Banque Mondiale et d’autres organisations montrent que près de 60 millions d’ha, soit la surface de la France, ont été achetés ou louées par des compagnies étrangères en Afrique, ces trois dernières années.

Toujours d’après le rapport, « La plupart de ces accords sont caractérisés par leur opacité, malgré les implications profondes que pose une consolidation du contrôle qu’exercent les compagnies financières sur les marchés alimentaires mondiaux et les ressources agricoles. »

Frederic Mousseau, le directeur des politiques de l’Oakland Institute, ajoute : «  Nous avons vu des spéculateurs s’emparer de terres agricoles et traiter les petits paysans comme des squatteurs que l’on expulse de force, sans compensation. Cela provoque une insécurité sur le système alimentaire mondial qui pourrait être une menace pour la sécurité mondiale, bien plus importante que le terrorisme. Plus d’un milliard d’humains vivent avec la faim au ventre. La majorité des pauvres de la planète dépendent toujours de petites fermes pour leur subsistance et les spéculateurs les leur prennent en leur promettant un progrès qui ne vient jamais ».