Archives de catégorie : Morale

Martine Aubry, Jean-Christophe Rufin, François Hollande, Bernard Tapie

Précision fatiguée : les socialistes sont bien ce qu’ils semblent être. Commençons par l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. Un apparatchik nommé Jean-Marc Ayrault – Dieu du ciel, il existe vraiment ! – rêve de poser sa crotte au milieu d’un bocage préservé comme bien peu d’autres en France. Des centaines d’hectares, peut-être près de 2 000 seraient sacrifiés pour que des navions puissent atterrir sur un nouvel aéroport, creusant à coup certain les finances locales, qui n’ont peut-être pas que cela à faire. Ayrault, c’est la négation concrète de la crise écologique. Pas d’idées, mais des projets, coûteux. Martine Aubry et François Hollande, chacun de leur côté, donnent raison au Nantais (ici). Ô vous qui allez voter pour eux, comme vous êtes mignons !

Deuxième information menue. Martine Aubry a décidé, avec un sens de l’imagination inouïe, de mêler, dans son staff de campagne, politiques de son camp et personnages « vus » à la télé. C’est sublime et il y en a 82 au total. Je ne vous parlerai pas d’Axel Kahn et de sa position si compréhensive à l’égard des OGM. Si, quand même un mot : après avoir rendu un avis favorable aux OGM dans le cadre de sa fonction à la Commission du génie moléculaire – en 1997 -, il devient pour deux ans directeur scientifique de Rhône-Poulenc – 1997-1999 -, qui se lance alors avec vigueur dans l’industrie des OGM. Comme M.Kahn est un homme moral, sa démarche ne peut manquer de l’être.

Continuons, sans aucun souci d’exhaustivité je le précise. Je n’ai pas le temps de regarder de près. Mais tout de même : qui va s’occuper chez madame Aubry des relations avec le Sud ? Jean-Christophe Rufin. Vous l’aimez peut-être, moi pas. Médecin humanitaire, romancier – je passe -, il a fait une longue carrière politique à droite. On l’oublie volontiers, mais il a servi dès 1986 le regretté Claude Malhuret – je blague -, François Léotard, Sarkozy lui-même. Je n’ai ni le goût ni le temps d’insister. Rufin était ambassadeur au Sénégal jusqu’en juin 2010, ce qui fait de lui un expert des relations justes entre le Nord et le Sud, n’en doutons pas. J’ajoute qu’une rumeur constante lui attribue des relations de grande confiance avec nos services les plus secrets, dont la DGSE n’est qu’un élément. Je ne dispose d’aucune information sérieuse, mais je crois intéressant d’aller lire ceci.

Un dernier pour la route : Tapie. Il y a peu de gens publics que je déteste autant. J’avoue. Quand cet homme brillait de tous ses feux socialistes, il y a vingt ans et plus, je pensais toujours aux prolos des sociétés qu’il reprenait pour le franc symbolique, avant d’en lourder un paquet. Je ne pousserai pas le masochisme jusqu’à retracer toute sa carrière, qui mène de Mitterrand à Sarkozy, en passant par la télé la plus vile, les matchs de foot truqués, Séguéla, l’amitié de trente ans avec Jean-Louis Borloo et Michel Coencas (ce dernier point est détaillé dans Qui a tué l’écologie ?).

Pourquoi évoquer ce type ? Parce que Le Canard Enchaîné de cette semaine raconte que Claude Bartolone, ancien ministre socialiste, a fêté ses 60 ans le 7 juillet dernier à Saint-Denis, dans les merveilleux locaux audiovisuels d’AB Productions (son patron, Claude Berda, a la 52ème fortune de France). Avec qui ? Martine Aubry et une centaine de valeureux, parmi lesquels quantité de cheffaillons socialistes. Mais qui était le monsieur Loyal de ce cirque ? Qui attendait à l’entrée, accueillait, animait plus tard ? Tapie, oui. Ce Tapie soupçonné d’avoir passé un accord politique avec la Sarkozye pour empocher des centaines de millions d’euros d’argent public dont il aurait été privé par le défunt Crédit Lyonnais.

Vous vous en foutez ? On peut. Mais en ce cas, il vaudrait mieux ne pas se plaindre d’ici deux ans et plus, si les socialistes l’emportent, de l’état de la société française. Vous avez envie de gerber ? Moi aussi.

Décadence au programme (Lauvergeon à Libération)

Est-ce que le nom de Flavius Romulus Augustus vous dit quelque chose ? Romulus Augustule, de son nom francisé, fut le dernier empereur romain. Pendant des siècles, Rome parut la puissance majeure du monde connu par nos lointains ancêtres. Et puis le désastre, étendu sur des dizaines d’années au moins. Le recrutement massif de mercenaires « barbares » pour tenir lieu de fières Légions autochtones, des défaites et massacres, le sac de Rome à trois reprises, et puis la fin. Ce que l’historien britannique Edward Gibbon décrivit dans son célébrissime essai L’Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, paru entre 1776 et 1788.

Au total, tout a une fin. L’histoire de Rome, terminée dans sa phase impériale en l’an 476 de notre ère – date de l’abdication de Romulus Augustule – aura duré environ douze siècles. C’est beaucoup. L’empire industriel auquel nous nous sommes soumis ne tiendra pas aussi longtemps. Même si beaucoup refusent de voir, ce qui est l’habitude générale, les signaux de la décadence sont pourtant innombrables. J’ai appris dans la nuit, et par hasard, un fait certes minuscule, mais qui dit à quel point de sénescence nous sommes.

De quoi s’agit-il ? De la nomination de madame Anne Lauvergeon à la tête du conseil de surveillance du journal Libération (ici). C’est effarant. Lauvergeon, de gauche à la sauce Mittterrand, dont elle fut une très proche conseillère, a dans la suite été une patronne. D’abord à la banque Lazard frères, spécialisée dans ces fusions-acquisitions qui sont la marque de fabrique du capitalisme le plus actuel. Dégraissage, chômage de masse, stock-options, destruction de la nature. Elle a ensuite rejoint Alcatel, fier symbole de la dérégulation générale des activités économiques planétaires.

Mais c’est comme grand Manitou du nucléaire français qu’elle est réellement connue, et ce sera pour longtemps. En 1999, un certain Dominique Strauss-Kahn la nomme PDG du groupe Cogema. Lauvergeon annonce sans rire, et comme un bandeau publicitaire collé en travers du corps : « Nous n’avons rien à vous cacher ». Cette phrase est textuelle, je n’aurais osé l’inventer. En 2001, elle crée Areva, dont elle prend la tête. Sarkozy vient de l’en éjecter il y a quelques jours. Mais pendant douze années, Lauvergeon aura incarné le nucléaire, de gauche comme il se doit. Ingénieur des Mines, elle a poussé une irresponsabilité abyssale jusqu’à lancer le nouveau réacteur nucléaire EPR, qui est un désastre financier et bien entendu une menace atroce. Sans état d’âme, elle a vendu du nucléaire à qui voulait bien en acheter. Sans tenir compte – il n’y a pas marqué La Poste sur son front – le moins qu’il fût de la stabilité politique des clients ni des risques de dissémination de savoir-faire technique dans un monde chaque jour plus dangereux.

En bref, cette femme est une ennemie. Pas un adversaire. Je connais le sens des mots. Elle est une ennemie, car aucun compromis n’est envisageable avec ce genre d’ego boursouflé par la puissance perpétuelle. Elle est du monde de la mort, malgré toutes les apparences qu’on voudra bien lui donner. Et voilà donc que le journal Libération, laissant là le peu d’honneur qui lui restait, va donc la nommer à la tête de son conseil de surveillance. Je rappelle que Libé est mort depuis des lustres et que son propriétaire, Édouard de Rothschild, est banquier d’affaires, comme le fut Lauvergeon. En somme, on s’aime. Entre soi. Et contre tous les autres.

Décadence, donc. Oui, et nous n’avons pas touché le fond. Un sursaut est-il en l’occurrence possible ? L’année de Fukushima, un seul trouverait grâce à mes yeux : une démission collective de l’équipe du journal, emmenée par Nicolas Demorand, le directeur de la rédaction. N’est-il pas de gauche ? Mais n’est-il pas de gauche comme l’a été et le reste probablement Anne Lauvergeon ? Tous les empires, aussi picrocholins qu’ils paraissent, sont mortels. C’est presque le titre (Tout empire périra) d’un livre de Jean-Baptiste Duroselle, que j’ai lu il y a une trentaine d’années. Quand Libération était. Le temps passe.

Un autre bouquet de fleurs pour Nicolas Hulot

Ceux qui auront regardé le papier précédent de Planète sans visa comprendront mieux mon état d’âme après lecture de l’article paru ce jour dans Le Figaro. Je vous en prie, chaque phrase a sa douce saveur. Je ne vois pas bien ce que je pourrais ajouter. Ça commence :

 Nicolas Hulot : un retour TV en sursis

L’ex-animateur d’Ushuäia pourra revenir présenter une émission télévisée s’il prend ses distances avec Europe Ecologie et ne soutient aucun candidat.

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Nicolas Hulot : un retour TV en sursis

Le 12/07/2011 à 17:34

 

L’ex-animateur d’Ushuaïa pourra revenir présenter une émission télévisée s’il prend ses distances avec Europe Ecologie et ne soutient aucun candidat. En revanche, il peut redevenir immédiatement président de la Fondation pour la Nature et l’Homme et percevoir 65 000 euros de droits d’auteur et droits dérivés.

Depuis sa déclaration officielle de candidature à l’élection présidentielle le 13 avril dernier, Nicolas Hulot aura perdu 33 000 euros de salaires mensuels que lui versait TF1. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel avait considéré que sa fonction d’animateur était incompatible avec son action politique, son temps de parole devant être intégré dans les comptes de campagne. En pratique, TF1 aurait pu continuer à diffuser Ushuaïa, l’émission de Nicolas Hulot mais la chaîne aurait été alors contrainte d’offrir le même temps de parole, aux mêmes horaires, à tous les autres candidats !

TF1 n’a donc pas eu d’autre solution que de placer Nicolas Hulot en congé sabbatique et de suspendre la diffusion sine die des quatre numéros de 90′, déjà tournés. Le groupe TF1 avait également demandé à Nicolas Hulot de ne plus être présentateur de la chaîne câblée Ushuaïa TV, et donc d’abandonner Ushuaïa Nature et Opération Okavango qui occupaient onze cases hebdomadaires. Cependant, si Nicolas Hulot prend ses distances avec Europe Ecologie Les Verts et se refuse à soutenir Eva Joly, qui a largement remporté les primaires de l’écologie, il pourra reprendre toutes les fonctions qu’il occupait à TF1. Si la chaîne le lui interdisait, il serait alors en droit de demander des dommages et intérêts.

Jean-Paul Besset, son bras droit, a d’ailleurs été assez clair sur son avenir politique et son soutien éventuel à Eva Joly: « Ne comptez pas sur Nicolas pour venir parler des papillons et des baleines pendant dix minutes avant de redescendre de l’estrade… » Nicolas Hulot ne prendra pas part à la campagne même s’il continue à faire de la politique. Il pourra donc revenir à la télévision, après probablement un temps de réflexion.

L’ancien candidat à l’élection présidentielle préfèrera faire le point sur sa situation présidentielle et décider éventuellement de reprendre la présidence de la Fondation pour la Nature et l’Homme qu’il avait abandonnée au profit de Pierre Siquier avant de revenir dans les médias. Il faudra, en effet, convaincre Pierre Siquier, ancien publicitaire, totalement investi dans le développement durable, de reprendre la place de vice-président de la Fondation qui était encore la sienne il y a trois mois. Ce qui ne devrait pas poser problème.

Le retour de Nicolas Hulot à la tête de cette association d’utilité publique interviendrait à point nommé car si les hôtels Ibis ont cessé de la soutenir, L’Oréal et EDF sont restés grâce à son intervention. Sa présence reste indispensable pour convaincre les partenaires de soutenir la Fondation. La sauvegarde de cette dernière devrait donc être la priorité de Nicolas Hulot. Celui-ci pourra y consacrer d’autant plus d’énergie que sa situation personnelle ne pose pas problème. L’animateur perçoit, en effet, 65 000 euros par mois de droits d’auteur et de droits dérivés, comme le révèlent les comptes publics de la société Eole Conseil. Lorsqu’il était candidat à l’élection présidentielle, Nicolas Hulot avait, en effet, décidé d’être aussi transparent que possible sur ses revenus et son patrimoine.

Ce qui est insupportable au WWF (sin límites)

On peut en rigoler – sait-on jamais -, mais ce qui suit est une page de l’histoire du mouvement écologiste mondial, même s’il faut pour l’occasion utiliser de pesants guillemets. Vous n’êtes pas obligé de lire, mais ne venez pas vous plaindre plus tard que vous n’étiez pas au courant. Car ce qui suit est une vérité en marche, qui cherche encore son chemin, et qui le trouvera si vous agissez vous-même. Un grand merci à Christian Berdot pour son irremplaçable coup de main.

On peut prendre cela pour une pub. Mais comme elle serait en faveur du site Arrêt sur images, de Daniel Schneidermann, excellent à mes yeux même quand on n’y parle pas de moi,  je crois que l’on peut aussi parler d’information. Voici ce que je découvre ce jour, et que je vous donne à lire (l’original est ici). Mais avant cela, un ajout dont ne parle pas Arrêt sur images, ce qui est très dommage. Dans le film de la télé allemande ARD sur le véritable WWF, le reporter interroge l’Argentin Jorge Rulli. Un homme valeureux, dont je connais le travail, et qui a perdu un oeil et un rein sous les tortures de la junte militaire fasciste qui a régné là-bas entre 1976 et 1983.

Commentaire de la télé allemande  :  « Le Prince Bernhard [le premier président du WWF] créa aussi le « Club des 1001 », une sorte de comité de soutien au WWF. Parmi les membres, on  trouve de grands entrepreneurs comme Henry Ford, Friedrich Flick ou Giovanni Agnelli ; ou aussi des terroristes d’État, comme Mobutu Sese Seko, le dictateur du Zaïre ; ou bien José Martinez de Hoz, numéro deux de la dictature militaire argentine, grand propriétaire foncier, grand chasseur d’animaux sauvages, fondateur du WWF-Argentine. En tant que ministre de l’économie, Martinez de Hoz ouvrit son pays à l’agrobusiness international ».

A la recherche de pistes à Buenos Aires. Nous avons rendez-vous sur la Place San Martin, avec Jorge Rulli. Il a combattu 5 ans contre la dictature militaire. Il a perdu sous la torture, un œil et un rein. Dans l’immeuble vit son ennemi juré d’alors, José Martinez de Hoz. Il est en résidence surveillée pour crimes contre l’humanité. De l’autre côté de la place, se trouve l’immeuble de Monsanto, la plus grande entreprise de biotechnologies au monde ; pour Jorge Rulli, le dirigeant secret de l’Argentine.

Jorge Rulli : « Monsanto et le WWF sont les deux bras d’un seul et même corps. Un bras, Monsanto, a imposé en Argentine son modèle de production dans le pays. L’autre bras, le WWF, essaye de rendre ce modèle présentable en société. Il veut nous convaincre que le soja GM est bon et qu’on peut même le produire de manière durable. Le WWF fait en sorte que nous et l’opinion publique en Europe acceptions le soja de Monsanto. » Fin du texte allemand.

Je reprends la parole. Ceux qui défendent la politique mondiale du WWF devront tôt ou tard s’expliquer devant un jury d’honneur. J’en lance l’idée avec solennité. Ou c’est vrai, et nous devons tourner le dos à la canaille. Ou c’est faux, et les diffamateurs doivent être traînés devant un tribunal. Ou, ou. Il n’est pas de troisième terme à l’alternative. J’ai moi-même écrit des choses gravissimes dans Qui a tué l’écologie ?, sans provoquer le moindre début de réponse. N’est-ce pas, je vous prends à témoins, une forme évidente d’aveu ?

J’ajoute un autre extrait du documentaire allemand. Citation de l’Américain Jason Clay, responsable premier du WWF au plan international, qui est au centre des relations entre l’industrie transnationale et cette association prétendument écologiste : « Nous devons geler l’empreinte écologique de l’agriculture. Pour cela, nous proposons 7 ou 8 mesures que nous devrions discuter. Premièrement : les biotechnologies. Nous devons produire plus, avec moins de moyens. Les manipulations génétiques ne doivent pas se limiter aux céréales que nous devons replanter chaque année. Nous devons les utiliser aussi avec les fruits tropicaux mais aussi avec les plantes à tubercules et les plantes à racines. Ces fruits doivent produire plus de calories à l’hectare. Nous devons décider : quels aliments sont nécessaire et où. Il faut au moins 15 ans pour qu’un procédé génétique atteigne le marché. Si on calcule à partir d’aujourd’hui, c’est en 2015. La pendule tourne, le temps presse. »

C’est grave ? C’est dramatique. Et maintenant, lisons ensemble le papier d’Arrêt sur images.

 L’ARTICLE D’ARRÊT SUR IMAGES

Vite Dit Les « vite dit » sont tous les contenus des médias français et étrangers qui nous semblent dignes d’être signalés. Si nécessaire, ils feront l’objet d’un traitement approfondi dans nos articles payants. La page des « vite dit » a pour fonction de donner aux non-abonnés une impression des centres d’intérêt du site. La page des « vite dit » est très fréquemment actualisée au cours de la journée.

17h01 lu

« Pacte avec le Panda », le film allemand qui égratigne le WWF
Par la rédaction le 06/07/2011

Rien ne va vraiment plus au WWF. Au moment-même où des salariés de WWF France réclament le départ du directeur général de l’ONG, un reportage de la télévision allemande ARD mettant gravement en cause l’association (internationale, et pas seulement son antenne française) connaît une deuxième vie sur internet. Diffusé le 22 juin dernier, le documentaire tente de démontrer qu’il y aurait un décalage entre le discours de l’association et la réalité de son action sur le terrain.

« Le pacte avec le Panda – que cache le WWF ? » C’est le titre du documentaire diffusé sur l’ARD (et actuellement disponible sur Youtube en allemand). Pendant un an, l’auteur du documentaire Wilfried Huismann est allé sur le terrain pour vérifier l’action du WWF. Et le résultat de son travail n’est passé inaperçu en Allemagne (le journal Süddeutsche Zeitung en a fait un long compte-rendu). En France, il faut chercher sur internet pour trouver des retours sur ce film : sur le blog de Fabrice Nicolino (qui a lancé l’alerte sur les gaz de schiste) ou sur Agoravox et Alterinfo.

Que montre de documentaire ? D’abord que l’association donnerait un peu trop facilement des « certificats de développement durable » à des entreprises douteuses. « Le WWF semble travailler avec des entreprises de génie génétique comme le géant Monsanto, ou la multinationale Wilmar et cautionne ces dernières en assurant qu’elles produisent respectivement du soja et de l’huile de palme durables », selon le journal Süddeutsche Zeitung.

Deuxième reproche du documentaire : il y aurait un décalage entre les engagements de l’association et ce qui est effectivement fait sur le terrain. « Exemple en Indonésie : le WWF fait des collectes pour l’orang-outan de Bornéo, espèce menacée. Sur place, l’équipe de télé de la première chaîne allemande (ARD) ne trouve aucun projet de protection du WWF, en faveur des orang-outans. Au contraire, le WWF coopère avec une grosse entreprise qui détruit les dernières forêts de Bornéo pour mettre en place des plantations de palmiers à huile, ce qui est fatal aux orang-outans », indique le résumé publié sur le blog de Nicolino.Dans une logique de recherche de fonds, l’ONG n’hésiterait pas à se compromettre, comme l’a relevé Agoravox qui cite la voix off du documentaire : « Le WWF a toujours été proche des milieux financiers. (…) En 1967, des milliers d’oiseaux de mer sont morts, suite à un accident de tanker sur les côtes françaises. La direction du WWF a alors interdit toute critique. Raison invoquée : «Cela pourrait mettre en danger les fonds que nous recevons de l’industrie.» »

WWF sur Agoravox

Les réponses apportées par WWF

Face à ces critiques, le WWF a répondu point par point sur son site. D’abord, sur ses liens avec des entreprise de génie génétique : « Le WWF ne coopère avec aucun groupe actif dans le génie génétique, Monsanto compris. Le WWF est en revanche membre de la Table ronde pour un soja responsable (RTRS), un forum ouvert auquel tous les acteurs de la chaîne de production du soja peuvent participer, du petit agriculteur au grand groupe d’entreprises. Monsanto en fait également partie. Ce n’est pas pour autant que le WWF collabore avec Monsanto ».

A propos de l’huile de palme, l’ONG reconnaît avoir « formé gratuitement des collaborateurs de certaines sociétés productrices d’huile de palme (…) [mais afin] d’analyser et d’identifier les zones forestières précieuses dans le but d’empêcher la déforestation ». Elle semble tout de même entretenir des relations étroites avec les producteurs de cette industrie, puisque l’association confirme qu’elle « a créé la Roundtable on Sustainable Palm Oil (RSPO) en 2004 avec des entreprises du secteur de l’huile de palme, des entreprises de l’industrie alimentaire et des banques, dans le but de rendre la production d’huile de palme plus durable ».

La réponse du WWF France

S’agissant de la protection des orang-outans de Bornéo, le WWF assure qu’il n’a pas accepté d’accorder une certification durable à une plantation au détriment d’une réserve d’orang-outans. « La plantation PT Rimba Hararpan Sakti montrée dans le film n’est pas encore certifiée et ne peut donc de ce fait pas être qualifiée de durable, indique le site. Une surface de seulement 0,5% de forêt vierge serait parfaitement insuffisante en vue d’une certification ». L’association reconnaît tout de même qu’il est bien prévu « de faire certifier la plantation (…). Le projet prévoit une protection d’environ 4000 (et non 80!) hectares, soit environ un tiers de la superficie totale de la plantation ».

Enfin, sur les liens étroits entre les industriels et l’ONG, le WWF assume : « Les entreprises dominent les affaires. Sans leur implication, nous n’atteindrons jamais notre objectif qui est de préserver les habitats menacés, tant pour l’homme que pour la nature. C’est la raison pour laquelle nous essayons d’influencer positivement les entreprises par des discussions et des partenariats. ».

L’occasion de revoir notre émission ligne j@une dans laquelle Fabrice Nicolino contestait l’action de grandes ONG comme WWF.

Un rapide hommage à Christine Lagarde

Je n’ai pas le temps d’écrire un portrait de Christine Lagarde, nouvelle directrice du Fonds Monétaire International (FMI), qui est l’un des quartiers généraux de la destruction accélérée du monde. Elle remplacera donc le socialiste DSK, sans que personne ne puisse deviner la moindre différence entre les deux politiques. Pardi ! il s’agit de la même.

Je rappelle que les socialistes français, y compris Martine Aubry, très grande amie de DSK et des patrons, avaient souhaité publiquement l’élection de cette libérale de choc au sommet du FMI. Libérale, de choc ? Elle a fait l’essentiel de sa carrière chez Baker & McKenzie. Exceptionnellement,  je pique à Wikipédia une partie de la fiche que ce site consacre à la dame : « Baker & McKenzie est un cabinet d’avocats d’affaires international, fondé à Chicago en 1949 par Russell Baker et John McKenzie. Il emploie plus de 3750 avocats et compte 69 bureaux répartis dans 41 pays à travers le monde. C’est aujourd’hui l’un des plus grands cabinets d’avocats au monde, le premier aux États-Unis ».

Les affaires, selon vous, c’est quoi ? Construire des barrages, extraire du manganèse et du cuivre, fourguer du nucléaire, arracher les forêts tropicales, sortir par millions de tonnes ciment et parpaings. Rien d’autre. Je vous fais au même prix cette phrase d’anthologie prononcée à l’Assemblée nationale française le 10 juillet 2007. Par notre héroïne, cela va sans dire : « Que de détours pour dire une chose au fond si simple : il faut que le travail paye. Mais c’est une vieille habitude nationale : la France est un pays qui pense. Il n’y a guère une idéologie dont nous n’avons fait la théorie. Nous possédons dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C’est pourquoi j’aimerais vous dire : assez pensé maintenant. Retroussons nos manches ».

Ne plus penser. Ne plus penser à elle, au moins. Au moins un jour, un mois, et même une seconde. Lagarde. Et Tapie, qui n’est jamais très loin derrière. Merci qui ?