Archives de catégorie : Morale

Quand la bagnole est un aussi un morceau de bidoche

Un grand merci à Stéphane, qui m’envoie cette pub sublime de 2003, dont je vous fais aussitôt profiter. La bagnole est aussi, aussi, un morceau de barbaque industrielle. Je me permets d’y voir un forme d’aveu, qui aura échappé aux concepteurs de cette image. Pour une fois que la pub, cette industrie du mensonge, dit une vérité de base ! La photo est petite, mais on peut cliquer dessus pour l’agrandir, comme vient de me le glisser Hacène. Vous aurez sans peine reconnu Renault. Notre chère Renault, champion national. Dieu que c’est beau !

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Paroles, paroles, paroles (bonbons et chocolats à Copenhague)

J’ai déjà largement dit ce que je pensais de la conférence sur le climat de Copenhague (notamment ici), et n’y reviens pas, sur le fond en tout cas. L’affaire, ce 16 décembre, tourne au carnaval, la fête en moins. Et l’on entend des bureaucrates français, pourtant largement responsables de ce qu’il faut bien appeler un bordel, et un bordel mal organisé, faire comme s’ils n’y étaient pour rien. Je pense à l’incomparable Brice Lalonde, ambassadeur – sic – de Sarkozy sur place, déclarant : « Je suis un tout petit peu soucieux, car il reste tellement de travail à faire. Je crains un nouvel incident, parce qu’alors on aurait du mal à conclure ». Je pense à Pierre Radanne, ancien patron de l’Ademe, officiellement écologiste mais grand admirateur de la criminelle voiture indienne Nano : « C’est plus que mal barré cette histoire. C’est vraiment parti en vrille total ».

Reste la forme prise par les événements, qui me stupéfie jour après jour un peu plus. De très nombreux représentants d’ONG s’obligent à prendre leur rôle au sérieux, comme si cela signifiait quelque chose que d’être physiquement proche des soi-disant négociateurs. Exceptionnellement, je ne vais citer personne, car je n’aurai bientôt plus aucun groupe à critiquer, au train où vont les choses.

Allons, parlons tout de même de l’un d’entre eux, et je m’en tiendrai là. Je peux me tromper, mais je crois que Greenpeace a joué un rôle éminent, voici plus de vingt ans déjà, dans l’émergence d’une culture très éloignée de la nôtre. Comment la définir ? Une culture boy-scout ? Le culte bon enfant de l’accord, fût-il éphémère et trompeur ? Le goût des belles photos et des sourires sur icelles ? Le besoin de justifier l’usage de fonds considérables récoltés par le désormais fameux fundraising ? Je ne sais. Je crois que cette soupe est épaisse, et qu’elle mélange de nombreuses influences. Le résultat est en tout cas évident : les ONG accompagnent désormais les conférences mondiales du début à la fin. Avez-vous remarqué ? Quel qu’en soit le résultat, elles repartent à l’assaut comme si de rien n’était. Chaque rendez-vous est décisif, et chacun est raté, mais cela ne doit pas entamer le moral des troupes, car une machine, aussi petite soit-elle, est une machine. Elle doit avancer.

Je songe à l’exemple donné par l’Union européenne ces derniers jours. En ce 16 décembre 2009, il reste le seul signe concret, tangible d’un engagement contre la crise climatique. Pour Sarkozy notamment, l’enjeu africain est de taille. Il lui faut montrer, quoi qu’il arrive, que la France est aux côtés des pauvres de ce Sud-là. Et on voit donc la diplomatie française se déhancher sans trêve pour faire accroire que nous serions prêts au moins à un accord entre le continent noir et l’Europe, poussée dans le dos par la France. Cela donne lieu à des promesses qui ne résistent pas à une minute d’analyse. Exemple, tiré du Parisien : « Voilà une annonce qui devrait faciliter les négociations au sommet de Copenhague (…) Les pays de l’Union européenne ont décidé vendredi de verser une aide aux pays pauvres de 7,2 milliards d’euros sur trois ans, en 2010, 2011 et 2012, pour les aider à faire face à l’impact du réchauffement climatique. La contribution globale de la France sera de 1,26 milliard d’euros, a précisé Nicolas Sarkozy (ici) ».

D’autres journaux ont raconté la même chose, rapportant ce qui n’est rigoureusement qu’une proclamation, visant un simple effet d’annonce qui aura atteint son objectif. 7,2 milliards d’euros. Mazette ! Seulement, de quoi s’agit-il vraiment ? Selon le blabla, de « mettre en place des économies faiblement polluantes ». Ça veut dire quelque chose ? Non, rien. D’abord, parce qu’il n’y a rien de plus vague. Ensuite, parce que « mettre en place » des économies signifie en creux qu’elles ne le sont pas. Et en tout état de cause, un projet aussi immense que celui-là commanderait des aides incomparablement supérieures.

Mais ce n’est pas tout. Car en réalité, ces 7,2 milliards d’euros sont un mélange d’aides déjà programmées et d’autres qui ne le sont pas. Le budget de l’aide au « développement », de longue date vicié par d’innombrables ruses comptables, sera pour partie pris en compte. Et ce n’est pas moi qui l’affirme, mais ce bon bougre de Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, qui préside pour le moment l’Union européenne. L’aide globale de 7,2 milliards d’euros, a-t-il déclaré, est « un mélange d’argent déjà programmé et d’argent frais ». Combien y aura-t-il, à l’arrivée, d’argent « frais » ?  Nul ne le sait, mais nul ne le saura jamais. Car enfin, pensez-vous sérieusement qu’en 2011 – par exemple -, un journal français accordera un titre de “une” au fait que l’Afrique n’a pas reçu l’argent promis à Copenhague ? Y croyez-vous ?

Reste la question sempiternelle de la corruption. Dans les systèmes kleptocratiques sans État qui sont majoritaires en Afrique, à quoi servirait de toute façon une aide passant par les canaux habituels du soi-disant « développement » ? À remplir les poches des ministres en place et celles de leurs clans respectifs. Ne pas écrire cette évidence serait manquer du respect élémentaire dû aux peuples d’Afrique, paysanneries en tête. Car ces dernières, qui seront fatalement soumises aux effets du dérèglement climatique, ne verront pas la queue d’un euro d’aide. Toute l’histoire postcoloniale le clame sur tous les tons, et l’heure n’est plus aux songe-creux. Ou l’on veut aider les peuples du Sud à lutter vraiment contre les désastres qui approchent, et en ce cas, il faut imaginer des coalitions sans aucun précédent chez nous, qui permettent de bousculer notre jeu politique délétère autant qu’impuissant. Ou il vaut mieux encore se taire.

Oui, se taire. Le spectacle lamentable offert à Copenhague par tant de gens pourtant estimables me lève le cœur. Quoi ? Continuer à croire dans la supercherie de mots cent mille fois répétés, aux effets cent mille fois constatés sur le terrain ? Il m’arrive de me demander si notre masochisme de petits-bourgeois du Nord a une limite. Et je dois avouer que je n’en suis pas sûr.

Sur la Très Grande Bibliothèque de l’écologie (vite !)

René m’adresse un mot pour me demander de faire le point devant vous sur le déménagement chaotique de la si belle bibliothèque de Roland de Miller, dont un pays comme la France devrait s’enorgueillir (ici). Il a bien raison, j’aurai dû le faire avant. Qu’il me permette de le remercier, lui et d’autres lecteurs de Planète sans visa, qui sont allés donner un coup de main concret à Roland pour la mise en cartons de la merveille. Comme vous verrez plus bas, il faut aussi trouver de l’argent. Vous n’en avez pas forcément. Mais vous en avez peut-être. Dans tous les cas, une pensée pour lui, génial bibliothécaire de la nature, à qui nous devons tant. Voici l’appel lancé par Roland :

 DÉMÉNAGEMENT DE LA BIBLIOTHÈQUE DE L’ÉCOLOGIE

APPEL À DONS

 Gap, le 7 décembre 2009

La Bibliothèque de l’ Écologie doit engager immédiatement des dépenses qu’elle a du mal à honorer, ce qui motive cet appel à votre générosité. En effet la Bibliothèque de l’ Écologie est contrainte, par une décision de justice, de déménager des locaux municipaux de Gap qu’elle occupait depuis sept ans.

Elle est constituée de près de 60 000 ouvrages anciens et modernes (du début du 19ème siècle à aujourd’hui), de plus de 1000 collections de périodiques, de 600 affiches sur l’histoire de l’écologie et d’un volume considérable de documentation. Sa réinstallation dans de nouveaux locaux et dans le cadre d’un projet global n’aura pas lieu dans l’immédiat. En revanche, il faut impérativement déménager avant le 18 décembre la totalité  (environ 250 m3) par camions vers un lieu de stockage gratuit. Notre fonds documentaire, d’une richesse unique en France, est vraiment en péril. Grâce à l’aide des bénévoles, la mise en cartons devrait être terminée pour le 11 décembre. Et l’évacuation aura lieu la semaine suivante.

Nous attendons actuellement des réponses par rapport à quatre pistes éventuelles et incertaines pour le lieu de stockage. Il s’agit d’entreposer environ 80 palettes (entre 1000 et 1500 cartons) et du mobilier abondant sur une surface totale d’environ 200 m2 durant une période qui ne devrait pas excéder un an.

Nous étudions les modalités de transport par camions, ce qui aura probablement un coût élevé. Nos recherches de financement du déménagement auprès des institutions se sont avérées vaines à  l’exception d’une. Donc, nous cherchons des personnes qui peuvent nous aider financièrement pour le transport et l’assurance du fonds documentaire.

Votre aide peut nous parvenir de deux manières :

-soit par chèque à l’ordre de l’ Association pour le Soutien de la Bibliothèque de l’ Écologie (ASBE), 8 cours du Vieux Moulin, 05000 Gap;

-soit par un virement directement sur le compte Banque Postale de l’ASBE : Marseille 20041 – 01008 – 1781719 R – 029 – 33

Nous vous remercions vivement !

MERCI DE DIFFUSER LARGEMENT

Roland de MILLER et l’équipe de la Bibliothèque de l’Écologie. 8, cours du Vieux Moulin 05000 GAP, Tél : 04 92 52 40 39, roland.demiller@free.fr, www.bibliecologie.com

Mésaventures du ROC (de Théodore Monod à Hubert Reeves)

Je vous prie de faire circuler ce texte dans tous les réseaux que vous connaissez, car l’ignorance est la pire des entraves.

Je pensais ne pas avoir de temps avant la semaine prochaine, mais il apparaît que ce temps rêvé n’existe pas. Ce sera pire qu’aujourd’hui, et je me dépêche donc de vous envoyer ce qui suit. Le Rassemblement des opposants à la chasse (ROC) a été créé en janvier 1976 par des militants – le mot signifiait quelque chose – du nom de Serge Boutinot, Jean-Claude Nouët, Théodore Monod, Bernard Groslier, Paule Drouault. En cette époque engloutie, le dessinateur Reiser, dans Charlie, ne manquait jamais une occasion de flinguer ces connards de viandards. Nul n’avait encore peur d’appeler un chat un chat. Et un chasseur un tueur de vie.

Théodore Monod, un homme que j’ai toujours chéri, écrivait ceci : « Je n’aime pas la chasse parce qu’elle est devenue un passe-temps, un divertissement, un jeu : on continue, hélas, à tuer, et avec des armes de plus en plus efficaces, mais désormais par simple plaisir, pour s’amuser…

On souhaiterait ne plus voir ressassée indéfiniment l’objection banale : avant de secourir les animaux, il faudrait songer aux hommes… Comme s’il s’agissait, parce que l’on veut mettre fin à des massacres de baleines, de jeunes phoques, de panthères ou d’orangs-outangs, d’oublier la détresse des enfants, les pauvres maisons écrasées par les bombes ou les cris des torturés…Il ne s’agit pas de ceci ou de cela, et l’on voudrait être bien certain que les infatigables ressasseurs de ce misérable et si commode argument, s’ils refusent la pitié pour les bêtes au nom d’une priorité, se trouvent bien eux-mêmes aux avant-postes dans le combat pour l’homme. Ce n’est pas évident. Pour beaucoup d’entres eux, ce n’est pas, on peut le craindre, l’un ou l’autre mais bien : ni l’un ni l’autre ». Et le professeur Jean-Claude Nouët : « L’homme n’a aucun droit naturel d’utiliser la biosphère selon sa fantaisie, au gré de son profit et de son divertissement; le faisant, il abuse d’un droit qu’il s’est attribué à lui-même et qui s’apparente au “droit du plus fort”, c’est-à-dire au plus abominable des droits ».

Puis l’eau a coulé sous les ponts. Puis est arrivé à la présidence du ROC un certain Hubert Reeves, qui a imposé un changement de nom. Il était déjà l’heure de po-si-ti-ver. Le ROC est ainsi devenu la « Ligue ROC pour la préservation de la faune sauvage et la défense des non-chasseurs (ici) ». J’ai eu l’occasion de dire mon sentiment sur cette évolution (ici), qui est navrante en tout point. Cette Ligue, jadis association vivante, aujourd’hui très proche des dirigeants de FNE, dont elle est d’ailleurs membre, marche dans les arrangements du Grenelle de l’Environnement sans jamais regarder derrière elle. Et c’est rude.

Je rappelle rapidement mon point de vue. Sarkozy et Borloo ont monté une formidable machine de guerre politique appelée Grenelle de l’Environnement. Il s’agissait, il s’agit toujours d’apparaître comme de véritables écologistes, et pour cela d’intégrer pratiquement à la machine étatique le plus grand nombre possible d’associations écolos. En échange de clopinettes, celles-ci ont accepté, à des degrés très divers, il est vrai, de légitimer ce processus politicien. Lequel n’a qu’un but : permettre à Sarkozy,  au premier tour des présidentielles de 2012, de siphonner des voix écologistes très précieuses pour creuser l’écart avec l’adversaire principal, qu’il s’appelle Bayrou ou qu’il soit socialiste.

Bien entendu, il y a nécessairement un peu de sincérité des deux côtés de la table, faute de quoi rien ne marcherait. Mais l’essentiel est calcul, médiocre, comme tout ce que touche ce pouvoir. Une association comme la Ligue Roc, pour cause de bonne conduite, a désormais toutes ses entrées dans les ministères, et jusqu’à l’Élysée. Pensez ! Quel tableau de chasse ! La Ligue Roc à fond dans le jeu présidentiel, mais cela vaut de l’or. Pendant ce temps, l’association a été soigneusement vidée de toute substance. Elle n’est même plus l’ombre de ce qu’elle fut. Elle en serait plutôt le fantôme, et je n’exclus pas que le grand Monod revienne un jour secouer ces lamentables joueurs de bonneteau. Car il y a du bonneteau, dans cette façon de parler de biodiversité et de nature sans que jamais aucune vraie victoire contre la destruction ne soit annoncée.

En tout cas, pour la première fois à ma connaissance, la Ligue nouvelle manière craque enfin aux yeux de tous. Dans une lettre ouverte cinglante, cinq administrateurs de l’association en démissionnent avec fracas. Il s’agit de Michèle Barberousse, adhérente depuis 1977; de Francis de Frescheville, adhérent depuis 1988; de Pierre Jouventin, démissionnaire depuis février 2009; de Viviane Laurier, adhérente depuis la création en 1976; de Jean-Paul Péronnet, adhérent depuis 2000. Leur texte est sans appel, et vous pourrez le lire (un peu plus tard ) dans la partie Commentaires ci-dessous, en son intégralité.

Disons calmement que c’est grave. Ou ces gens-là disent vrai, ou ils mentent. Mais s’ils disent vrai, ce que je crois bien entendu, il faut oser parler de captation d’héritage. Est-il seulement concevable que dix personnes, dont deux salariées de l’association, puissent, dans le cadre d’une Assemblée générale, représenter les deux tiers du vote des membres ? Lisez donc cet extrait : « À la demande d’Hubert Reeves, la Ligue Roc ne s’oppose plus. Elle sert de caution aux ministères. Malgré les revers et les affronts subis, elle persiste à rencontrer autour d’une table ronde les représentants des chasseurs, de plus en plus favorisés par les pouvoirs publics ». Un autre : « La Ligue Roc n’est plus, comme avec Théodore Monod, une association militante d’opposition à la chasse ou à ses méfaits, mais de plus en plus une fondation suiviste qui a renoncé à promouvoir des idées non politiquement correctes et qui rend plus de comptes à ses sponsors qu’à ses adhérents. Ce grand tournant s’est fait à l’insu de ces derniers, les démissions précédentes ayant été discrètes. Les anciens adhérentes du ROC doivent tout particulièrement être informés ».

Enfin : « La vice-présidente, Nelly Boutinot, contrôle totalement le fonctionnement de l’association : les administreurs ne peuvent correspondre avec leur président [Hubert Reeves] que par son intermédiaire. Les administrateurs ne peuvent pas correspondre avec le comité d’experts qu’elle a mis en place, ni réciproquement. Les administrateurs ont interdiction de correspondre entre eux sans en informer le directeur salarié [Christophe Aubel]. Bien qu’il ne participe pas aux Conseils d’administration, Hubert Reeves en impose l’ordre du jour, sans que les administrateurs puissent y faire inscrire tous les sujets qu’ils jugent importants, par exemple la politique suivie ». Les choses sont-elles assez claires comme cela ? Je le crois. Je suis même sûr que vous trouverez un usage idoine pour ces informations très dérangeantes, et même un petit peu davantage. Je le dis pour la énième fois : le mouvement de protection de la nature en France, disons le mouvement écologiste, est à repenser de fond en comble. Première nécessité : un vrai bilan, aussi délicat à tirer qu’il puisse être. Deuxième ardente obligation : inventer quelque chose de neuf. Et de mieux. Vite.

Le WWF est-il vraiment avec nous ? (une question douloureuse)

Ce sera un peu bâclé, faute de temps, mais cela vaut la peine. Il existe en Amérique du Sud un réseau d’une centaine d’associations d’une petite dizaine de pays appelé Iniciativa Mercosur (ici). Pour connaître l’un des responsables de ce regroupement, je puis vous dire que ce sont des gens infiniment sérieux. Le réseau rassemble des mouvements de femmes, des communautés indiennes, des associations paysannes ou de pêcheurs. Ayant cassé leur tirelire, ces gens ont envoyé en Europe, dans la perspective de la conférence sur le climat de Copenhague, une petite caravane itinérante qui les représente tous. Allez savoir pourquoi, ils relient dans leurs textes la crise climatique et le commerce mondial. Parler de l’une sans évoquer au premier chef l’autre serait stupide. Je les soupçonne de critiquer la marche du monde.

 

En tout cas, la caravane latina était ce matin même à Gland (Suisse), devant le siège du WWF International. J’ai eu l’occasion, plus d’une fois, de dire mon désaccord total avec certaines orientations clés de cette ONG, notamment sur le soja prétendument durable (ici notamment). Ceux de la caravane, furieux contre ce même WWF, sont venus protester sous les fenêtres de la douillette bureaucratie suisse de l’ONG. Je vous livre ci-dessous quelques extraits de leur critique. Car ces informations-là n’arrivent (presque) jamais jusqu’à vous. Or, Dieu sait qu’elles sont importantes.

« Ces dernières années, le WWF a initié différentes tables-rondes de “production durable” avec des entreprises multinationales sur des sujets très controversés sur les plans social et environnemental, comme le soja, la palme africaine, le sucre, le coton, l’aquaculture et les agrocarburants. Ces espaces de dialogue multisectoriel sont rejetés par les mouvements sociaux de base, parce qu’ils dévient l’attention de la gravité de la réalité. Dans bien des cas, ces modèles de production sont la cause de violations des droits de l’homme. Le WWF est accusé de couvrir les impacts environnementaux et sociaux des multinationales sous de soi-disant projets de conservation de la nature.

« Javiera Rulli, d’Argentine, a expliqué que la “table-ronde du soja responsable”, promue par le WWF, n’était qu’une plateforme entre l’industrie et les latifundistes [grands propriétaires terriens] (…)

 « Jorge Galeano, leader paysan du Mouvement agraire et populaire du Paraguay, s’est clairement opposé à la certification du soja transgénique comme culture durable (…)

 « Elisangela Araujo, coordinatrice générale de la Fédération de l’agriculture familiale du Brésil (Fetraf) a dénoncé la concentration de multinationales qu’implique le soja au Brésil (…).

Voilà. Les gens du WWF International, vitupérés au mégaphone par cette caravane venue d’ailleurs, ont fait semblant de ne pas comprendre qu’ils étaient les accusés. Selon les participants à l’action, un responsable serait même venu féliciter les manifestants. Le seul représentant de « la société suisse » qui fera partie de la délégation officielle de la Confédération à la conférence de Copenhague sera un membre du…WWF.