Archives de catégorie : Morale

Oui, elle l’est (Élisabeth Badinter)

Ainsi donc, on a bel bel et bien fait disparaître du compte personnel d’Élisabeth Badinter, chez Google, un article que je lui avais consacré le 8 janvier (ici). Je veux dire, du compte qu’elle considère comme sa propriété personnelle. Google ne serait donc pas le supermarché planétaire de la liberté. Madame Badinter ne serait pas seulement cette haute figure morale amoureuse de D’Alembert, la fougueuse admiratrice du Siècle des Lumières et des joutes intellectuelles, l’indomptable adepte de la liberté.

Un court résumé, les amis. Le 8, donc, mon article, désagréable il faut le reconnaître. Je me moquais de notre héroïne sans état d’âme, il est vrai. Mais à ma connaissance, nulle diffamation. Aucune atteinte à l’honneur. Pas la moindre injure. Simplement un article moqueur et insolent, tout comme j’aime être. Tout comme j’accepte (plus ou moins facilement) que l’on soit avec moi.

Eussé-je diffamé, je devais illico être poursuivi. C’est la règle, et je l’accepte sans l’ombre d’un problème. Mais madame Badinter, bien que je ne sache rien des coulisses, semble bien être intervenue – directement ou par le biais d’un avocat – auprès de Google pour que l’article du 8 n’apparaisse plus lorsqu’un internaute tape simplement « elisabeth badinter » dans sa recherche. Bien entendu, l’article existe encore sur ce blog, mais confiné à son espace. Quiconque taperait badinter accolé à nicolino le retrouverait aussitôt. Mais dites-moi, qui aurait cette idée saugrenue, à part une poignée de personnes ?

En revanche, un internaute lambda ne saura pas, ne saura plus en faisant des recherches sur madame Badinter que je lui ai consacré un article critique. Il existe donc un moyen, pour les puissants, de contrôler l’image qu’en leur munificence ils acceptent d’offrir au monde. Madame Badinter ne voulait pas qu’on sache que j’avais rapproché son comportement de celui des Précieuses ridicules de ce bon Molière. Et pourquoi ? Parce que mon article, en deux jours seulement, apparaissait à la quinzième place des 40 000 occurrences « elisabeth badinter » de Google (en passant par Firefox).

Il y avait donc inquiétude. Il y aurait peut-être – qui sait ? – danger à laisser s’exprimer la liberté. Et madame Badinter a donc aussitôt réagi en me censurant froidement, par des méthodes adminisratives et policières qui lui feraient horreur si elles étaient utilisés ailleurs et par d’autres qu’elle-même. Car, réfléchissez avec moi.  Ma liberté d’expression sur le Net n’a pas disparu, et madame Badinter reste une grande démocrate. Elle n’a pas disparu, mais elle est simplement reléguée à l’espace, jugé marginal par madame Badinter, de mon blog. On appelle cela une démocratie contrôlée. Je vous avouerais que, spontanément, cela ne m’évoque pas le vent du large et les féroces empoignades des années 1750-1789 dont madame Badinter prétend être si friande.

Voilà, tout est dit. Il ne faut pas embêter la grande dame. Vous me direz ce que vous en pensez ? N’hésitez pas faire circuler ce qui est une véritable information.

PS : Je vous livre le mode d’emploi ci-dessous. Sur la page d’accueil Google, cliquer sur recherche avancée. Puis glissez « elisabeth badinter » dans le capuchon « cette expression exacte ». Ensuite, précisez la date. Par exemple, depuis 7 jours. Ou 31. Google est censé vous donner tous les articles dans lesquels « elisabeth badinter »figure au cours de cette durée. J’ai fait l’expérience plusieurs fois, et mon article du 8 a bien disparu, Google indiquant sans précision : « En réponse à une demande légale adressée à Google, nous avons retiré 1 résultat(s) de cette page. Si vous souhaitez en savoir plus sur cette demande, vous pouvez consulter le site ChillingEffects.org. ».

Cette mention, dont j’ai fait une copie d’écran, semble avoir depuis disparu de Google, où elle ne sera restée que 24 heures. Quelle délicate discrétion, hein ? Dans l’écran qui suit, que j’ai capturé pour vous montrer que mon article avait été proprement évacué, ne vous trompez pas. Celui qui apparaît en premier – pour combien de temps ? -, c’est celui que j’ai écrit hier, et qui est beaucoup moins gênant pour cette chère madame Badinter. Encore bravo pour cette remarquable démonstration politique et morale.

Web Images Maps Actualités Vidéo Gmail plus ?

Groupes Livres Blogs YouTube Agenda Photos Documents Reader Sites et encore plus »

Connexion

Recherche avancéePréférences

Rechercher dans :

Web

 Résultats 110 sur un total d’environ 875 pages en français pendant 7 derniers jours pour « elisabeth badinter ». (0,12 secondes)

Liens commerciaux

  1. Elisabeth Badinter

    Découvrez tous ses livres à priximbattable sur PriceMinister.com !www.priceminister.com

  2. Elisabeth Badinter

    Des milliers de titres en stockLivraison gratuite (voir cond.)Amazon.fr/livres

Résultats de recherche

  1. Il y a 23 heures

    Planète sans visa » Élisabeth Badinter est-elle furieuse (contre

    Il y a quelques jours, j’ai écrit ici un article très désagréable à l’encontre de madame Élisabeth Badinter. J’ai eu la curiosité deux jours plus tard de fabrice-nicolino.com/index.php/?p=476 – Pages similaires

  2. 7 jan 2009

    Fiche de lecture sur XY, de l’identité masculine, d’Elisabeth Badinter

    Fiche de lecture de l’ouvrage d’Elisabeth Badinter sur la socialisation des hommes et sur l’identité masculine. Ecrit en 2006; 1040 mots; 3,95 €. Résumé: www.academon.fr/Fiche-de-lecture-XY-de-l’identité-masculine-d’Elisabeth-Badinter/1479 – 19k – En cachePages similaires

  3. 6 jan 2009

    Recherche : badinter elisabeth – Livres – Comparez les prix

    Livres – – L’amour en plus (Histoire de l’amour maternel XVIIème-XXème… Genre : Sciences humaines. Sous-genre : Sociologie Auteur : Elisabeth Badinter www.prixdunet.com/s/1/307/badinter-elisabeth.htm – 30k – En cachePages similaires

  4. 11 jan 2009

    eBay.be: L’UN EST L’AUTRE – Elisabeth BADINTER (objet 310112855904

    Acheter l’objet L’UN EST L’AUTRE – Elisabeth BADINTER dans la catégorie Livres BD , Livres Toutes Disciplines FR , Psychologie sur eBay.be.cgi.befr.ebay.be/LUN-EST-LAUTRE-Elisabeth-BADINTER_W0QQitemZ310112855904QQcmdZVi… – 83k – En cachePages similaires

  5. 11 jan 2009

    Elisabeth Badinter : L’un est l’autre (hommes/femmes) en vente sur

    eBay, c’est vous! Achetez Elisabeth Badinter : L’un est l’autre (hommes/femmes) dans la catégorie Livres, BD, Revues, Sciences, Culture, Sciences humaines, cgi.ebay.fr/Elisabeth-Badinter-:-L’un-est-l’autre-(hommes%2Ffemmes)_W0QQitemZ120361252812QQcmdZVi… – 81k – En cachePages similaires

  6. 11 jan 2009

    CONDORCET – Elisabeth et Robert Badinter – 1989 en vente sur eBay

    Elisabeth Badinter, Robert Badinter. Année de publication:. 1989. ISBN:. –. Particularités:. –. ISBN-13:. –. Langue:. Français. Format:. Cartonné cgi.ebay.fr/CONDORCET—Elisabeth-et-Robert-Badinter—1989_W0QQitemZ140293845409QQcmdZVi… – 97k – En cachePages similaires

  7. 6 jan 2009

    Cathcartes, catégories en boîtes | Défi 999 (999 Challenge en

    Je sais que cette absence d’instinct maternel est très à la mode depuis qu’ Elisabeth Badinter a écrit L’Amour en plus : histoire de l’amour maternel mais www.librarything.com/topic/54077 – 19k – En cachePages similaires

  8. 12 jan 2009

    Vive le Roy :: Voir le sujet – L’Infant de Parme

    Je suis en train d’écouter Élisabeth Badinter sur RTL (entrevue du En revanche, en évoquant l’échec de l’éducation de Ferdinand, Elisabeth Badinter forum.royaliste.org/viewtopic.php?t=2748&start=0&sid=45ffe05e5f619ebf170efc3240618307 – Pages similaires

  9. 11 jan 2009

    [France 5] La grande librairie : L’émission du 20 novembre 2008

    Cette semaine, François Busnel recevra sur le plateau de « La Grande Librairie » : Elisabeth Badinter, Alice Ferney, Claire Castillon et Nina Bouraoui. www.telleestmatele.com/article-24944285-6.html – 64k – En cachePages similaires

  10. 5 jan 2009

    Amazon.fr : Commentaires en ligne: Lettres à l’archiduchesse Marie

    Les clients ayant consulté cet article ont également regardé. L’infant de Parme de Elisabeth Badinter (Broché – 13 mars 2008) www.amazon.fr/review/product/2847345086 – 122k – En cachePages similaires

robert badinter elisabeth badinter l’un est l’autre

 

Rechercher dans ces résultats | Outils linguistiques | Conseils de recherche

Accueil GoogleProgrammes de publicitéSolutions d’entrepriseConfidentialitéÀ propos de Google

Élisabeth Badinter est-elle furieuse (contre moi) ?

Avant toute chose, cet aveu : je suis ignorant de bien des choses. Et peut-être n’est-ce qu’une alerte imbécile de ma part. En ce cas, et à l’avance, toutes mes excuses à qui me lira. Mais enfin, il se passe quelque chose de curieux sur le Net, le grand réseau de la liberté mondiale, comme chacun sait.

Il y a quelques jours, j’ai écrit ici un article très désagréable à l’encontre de madame Élisabeth Badinter. J’ai eu la curiosité deux jours plus tard de regarder si ce texte était référencé par Google, l’ami de l’homme, lorsque l’on tapait sur le clavier : « elisabeth badinter ». Et cela m’a fait rire, au point que j’y suis retourné. Le texte ne cessait de grimper, figurez-vous ! Il était environ dans les quinze premiers quand on cherchait à se renseigner sur la dame. Diable !

Et puis je suis passé à autre chose, car j’ai des occupations réelles, il ne faut pas croire. Mais ce matin du 12 janvier, j’ai recommencé, et là, surprise. Ô surprise ! Le texte avait disparu. Zou. Qui cherche des renseignements sur notre grande philosophe ne saura pas que je me suis moqué d’elle. Hasard des rencontres entre constellations ? Peut-être. Mais il y a cette mention au bas de la page Google, qui n’y figurait pas, et que je recopie : « En réponse à une demande légale adressée à Google, nous avons retiré 1 résultat(s) de cette page. Si vous souhaitez en savoir plus sur cette demande, vous pouvez consulter le site ChillingEffects.org. ».

En l’état, rien ne prouve qu’il s’agisse de mon article. Mais enfin, que penseriez-vous à ma place ? Je précise que nul ne s’est attaqué à l’article lui-même, que vous pouvez lire ou relire ici. Non. Simplement, il semble bien que Google, dûment avisé, ait décidé de ne plus associer une demande concernant madame Badinter et ma critique de sa pensée. Voilà qui pourrait faire réfléchir. Notre philosophe des Lumières aurait-elle des problèmes à régler avec la liberté de penser et de s’exprimer ? N’hésitez pas à m’aider, car j’en ai besoin.

Et au risque de me répéter, si je me trompe, mes excuses dès maintenant.

Rachida Dati la barbare (et ses chers amis)

Vous savez quoi ? La gerbe. On appelle cela vulgairement et justement la gerbe. Quand les aliments mal digérés remontent irrépressiblement et que tout finit à vos pieds. J’y suis, exactement. L’accouchement de Rachida Dati n’a rien à voir avec la crise écologique ? Il me semble que si. Je suis sûr que oui, à la réflexion.

Donc, la dame accouche par césarienne, selon un plan média particulièrement affûté. Et après cinq jours, laisse sa petite à une domestique – je doute qu’il faille écrire un – et puis s’en va comme si de rien assister au Conseil des ministres. Après avoir déclaré au journal Le Parisien : « Je reviens, mais avec pour moi une priorité qui est aussi ma fille ».

Je crois qu’il n’est pas injuste de souligner l’inventivité de madame Dati dans le domaine de la rhétorique. Paraissant dire quelque chose, elle nous livre son contraire en une seule et même phrase. Car qu’est-ce qu’une priorité ? Justement ce qui passe en premier. Or la ministre évoque deux priorités, sa charge et sa fille. Cette dernière, notez avec moi est “aussi” une priorité. Donc une affaire seconde.

J’ajouterais de manière peut-être injuste : seconde et infime. Voilà une femme de 43 ans qui donne naissance à une minuscule mouflette qui n’a rien demandé et commence pourtant sa vie avec le poids sur elle des pages les plus noires de Balzac. Nous sommes dans La Comédie humaine, pour sûr. Vautrin, alias l’abbé Herrera, rôde dans les parages de ce qui se transformera, tôt ou tard, en drame. Imaginez seulement, dans quinze ans, la petite Zohra découvrant par la lecture de la presse de ces jours les conditions folles de sa naissance. La question du père, dont tout porte à croire qu’elle n’est, pour madame Dati, qu’une affaire de pouvoir parmi d’autres. Imaginez.

Au-delà, cette fuite hors de la maternité – dans tous les sens du terme – est la négation même de la vie, du lien, du bébé, de la mère. Du corps des deux – pensez à ce qu’est une césarienne -, de cette relation qui ne se fera pas. Elle est la proclamation provocatrice de l’individu, qui aurait donc tous les droits. Dont celui de rembarrer l’histoire de l’espèce, l’amour pour ses petits, les règles sociales les plus élémentaires. Madame Dati est une barbare. Et il est donc logique qu’elle se trouve en poste dans un gouvernement barbare désigné par un chef barbare, inculte, insignifiant et pourtant puissant, monsieur Sarkozy.

On ne peut rien attendre de gens qui, comme eux, ne considèrent que l’instant, la microseconde, la parade, le reflet dans le miroir, le téléphone portable allumé en toute occasion, même au cours d’une audience papale (ce fut le cas pour notre président l’an passé). Je me souviendrai longtemps de la petite histoire suivante : il y a dix-huit mois, quand Cécilia s’appelait encore Sarkozy, madame Dati trompettait dans tout Paris que la femme du président était sa « soeur ». Avant de la jeter aux chiens dès que le maître courut à d’autres fantaisies.

Je plains de toute mon âme la petite Zohra. Je lui souhaite le meilleur, tout en craignant le pire. Le rapport de tout cela avec la crise écologique ? Mais voyons, vous le savez tout comme moi. Pour affronter l’incroyable destruction de la vie sur terre, il faut tresser sans relâche. Entre individus, tribus, peuples et sociétés. Il faut du temps, de l’altruisme, de l’amour, de la tendresse, de l’attention, de la réflexion, il y faut, il y faudra, il y faudrait tout le génie de l’homme, et davantage encore. Les tristes sires qui règnent sur notre monde malade n’ont pas cela en rayon. Tout ce qu’ils ont à nous offrir, c’est eux. I don’t buy it. Et je les maudis.

PS : Madame Dati est une grande amie de notre sous-ministre à l’Écologie, madame Kosciusko-Morizet, celle qui fait des bises à Bové, lequel le lui rend bien. Extrait d’un article récent du journal Le Monde : « C’est l’acte de naissance du « G2 ». Cette appellation a surgi lors d’un entretien croisé donné par les deux femmes au quotidien Sud-Ouest à la faveur de l’université d’été des jeunes UMP à Royan, à la fin de l’été. Au journaliste qui leur demandait si elles n’étaient pas déçues de ne pas appartenir au « G7 » qui réunit chaque semaine sept ministres autour de Nicolas Sarkozy, les deux femmes ont répondu en substance : « On s’en moque, nous on fait notre G2 ! » Dont acte. Une fois par mois, les deux femmes partent ensemble pour une demi-journée « sur le terrain » à la rencontre de leurs électeurs ». Tellement chou.

Sebben che siamo donne ed uomini

Je l’ai écrit ici l’autre jour, et je le répète : ce monde mérite d’être beau. Il le mérite, car il lui arrive de l’être. Que 2009 soit une noble pierre sur le chemin qui est le nôtre. Et qu’elle nous serve à faire nombre de ricochets. Sebben che siamo donne ed uomini. Bien que nous soyons des femmes et des hommes. Malgré cela.

Tout bouge mais rien ne change (sur la petite tribu du climat)

Il ne faut pas dire, il ne faut surtout rien dire. Les conférences sur le climat, désormais innombrables, drainent des petites foules sages qui se retrouvent à chaque fois dans les mêmes hôtels. Des bureaucrates internationaux, des techniciens de la chose, des militants appointés d’associations diverses, des journalistes. Ce qui les relie sans conteste, c’est l’euphorie d’appartenir au monde envié des spécialistes.

Eux seuls – le pire est que c’est vrai – maîtrisent la novlangue justement imaginée au cours de ces charmantes conférences. Tous ces sigles, ces acronymes, ces mystérieux mécanismes compensatoires par lesquels une forêt peut être comparée à la fumée d’une cimenterie. Néanmoins, pas de malentendu entre nous : tous ne pensent pas la même chose. Certains parlent clair ou écrivent sans trembler. De temps en temps même, ils font les deux.

Il ne s’agit donc pas de tous les mettre dans le même sac. Mais une étude psychosociologique de cette petite tribu reste à faire. Car globalement, elle produit de la désinformation. À propos de la crise climatique, c’est évidemment un drame, planétaire. Ces braves gens font circuler l’idée que les choses avancent, ce qui n’est pas vrai. Ils s’en tiennent à des chiffres dont tout indique qu’ils sont dépassés par la réalité et les faits. Et comme dans toute tribu, celui qui sortira des rangs prendra ses risques. En voyez-vous un seul qui nous fasse un signe authentique ? Je ne crois pas.

La désinformation est un phénomène complexe, qui suppose normalement une volonté de manipulation. Or là, les auteurs de tant de bluettes sur le sujet s’intoxiquent eux-mêmes avant que de nous empoisonner tous. Ceux qui confisquent la parole publique sont ceux-là mêmes qui, il y a seulement quelques années, ne croyaient pas au réchauffement. Ils n’y croyaient pas, car leur monde étant immortel, comme eux d’ailleurs, le climat ne pouvait pas devenir un problème. Forcés par l’évidence, ils ne peuvent plus nier. Mais ils peuvent édulcorer. Mais ils peuvent systématiquement choisir les informations les plus lénifiantes. Mais ils peuvent miser sur quelque truc technologique qui finirait par tout sauver, et tout rétablir.

Vous connaissez peut-être ces vers de Rimbaud, jetés sur le papier en mai 1871, quand la valetaille armée de monsieur Thiers fusillait gaiement par milliers dans les rues de Paris. Le roi Arthur écrit dans L’Orgie Parisienne :

« – Société, tout est rétabli : – les orgies
Pleurent leur ancien râle aux anciens lupanars :
Et les gaz en délire, aux murailles rougies,
Flambent sinistrement vers les azurs blafards ! »

C’est le mot rétabli, bien sûr, qui m’a fait penser à ce poème. Et j’achève : une caste consanguine maîtrise en partie le discours sur la crise climatique, minorant tant qu’elle peut ses effets, qui nuisent à son humeur et à ses entreprises. Ce n’est pas drôle. Son dernier  gimmick consiste à clamer que l’Europe a été follement courageuse à Poznan, et que tout se règlera pour le mieux à la grande conférence de Copenhague, en 2009. Foutaises, bien entendu. Pures foutaises. Je viens de retrouver une chronique écrite il y a plus de neuf ans (in Politis, 4 novembre 1999). Je vous la recopie. Le moins que je puisse penser, c’est que cela ne me rajeunit pas. Bon dimanche quand même.

Bonn, mais franchement mauvaise

L’écologie contre la démocratie ? Peut-être. Il devient chaque jour plus manifeste que notre système politique usuel ne permet pas d’affronter les menaces globales qui pèsent sur les grands équilibres naturels. En témoigne de façon caricaturale la conférence de Bonn  sur le changement climatique. À l’heure où cette chronique est écrite, elle est loin d’être terminée, mais on peut déjà en parler sans grand risque d’être démenti.

Les États-Unis et l’Europe s’y opposent dans un pesant jeu de ruse médiatique et de faux-semblants. À main gauche, les Américains, qui refusent toute mesure contraignante, notamment contre la sainte-bagnole, et entendent tout régler par le marché, la Bourse, l’argent. À main droite, une Union européenne qui profite de cet épouvantail pour nous faire croire qu’elle au moins est décidée à tenir les engagements pris à Kyoto voici deux ans, soit une diminution de 8 % des émissions de gaz à effet de serre en 2010 par rapport à 1990.

La vérité est tout autre : selon l’Onu elle-même, l’augmentation des émissions continue et pourrait atteindre 18 % en 2010 par rapport à 1990. Dans ces conditions, le sabotage américain et l’inertie européenne se rejoignent dans ce qu’il faudra bien un jour appeler un crime contre l’humanité.

La démocratie dans tout cela ? Le protocole signé à Kyoto n’est toujours pas appliqué pour une raison simple : seule une poignée de pays a voté sa ratification. Aux États-Unis, le congrès bloque et bloquera tant que ses dispositions “dures” n’auront pas été au moins tournées. Puis, comme on est entré en période électorale, chacun sait ce que cela veut dire : il faudra attendre, pour que le dossier soit seulement considéré, le printemps 2001.

L’Europe ne vaut guère mieux : imagine-t-on un Jospin – ne parlons pas de Chirac ! – prendre la tête d’une croisade contre la croissance et ses inévitables corollaires, alors que 2002 se profile à l’horizon ? Il faudra bien que le débat sur les impasses tragiques de nos modèles dits démocratiques voie le jour. Et il serait plus sage qu’il soit lancé par des démocrates et des amis de l’homme plutôt que par quelque brute dopée par les malheurs à venir, désormais si probables.