Comment arrêter la main cruelle et stupide d’Emmanuel Macron ? Comment paralyser l’action des flics à Notre-Dame-des-Landes ? Je n’ai pas l’outrecuidance de le savoir, mais je lance néanmoins un appel à Duflot, Mélenchon, Bové et tous les autres. Il faut de toute urgence appeler à une MARCHE pacifique en direction de la ZAD. Sans bâtons ni cocktails Molotov. Et ceux qui disposent d’une écharpe tricolore doivent mener ce défilé avec cette petite chose en sautoir. Oubliez donc une seconde les télés et les micros, et toutes ces activités virtuelles qui empoisonnent tant notre vie réelle. Il n’y a pas que les séances aux différentes Assemblées ! Montrez donc à quoi vous pouvez aussi servir !
Attention ! il ne peut s’agir d’une action symbolique. Il faut avoir le but de vraiment rejoindre la ZAD par milliers, et faire le serment de ne pas reculer. Ni contre l’intimidation ni même contre les gaz. À cette condition, je gage que le moteur de cette répression pathétique s’arrêtera. Et que l’occupation légitime des lieux pourra reprendre. Bien entendu, j’en suis, avec ma béquille s’il le faut.
Je viens de relire un texte du grand Pasolini paru en février 1975 dans le quotidien Corriere della Sera. Dans sa version française, cela s’appelle Le vide du pouvoir ou l’article des lucioles. Cela parle de l’Italie de la démocratie chrétienne à l’époque de la stratégie de la tension. Et on peut ne pas être d’accord avec certains aspects de l’analyse. Mais quelque chose d’essentiel demeure, qui nous concerne au premier chef. Oui, les lucioles ont disparu, et avec elles, tant d’autres bêtes qui charmaient nos vies : les papillons, les abeilles, les grenouilles, les oiseaux. En face de cette incommensurable tragédie, oui, en 1975 comme en 2018, malgré les canons à eau et les hommes casqués – à cause d’eux, précisément -, il faut parler d’un cauchemardesque vide du pouvoir. Dans le sens évident que les pauvres gens qui gouvernent n’ont pas l’ombre d’une idée pour sortir les sociétés humaines de leur crise totale.
Lisez, relisons ensemble Pasolini :
“Au début des années 60, à cause de la pollution atmosphérique et, surtout, à la campagne, à cause de la pollution des eaux (fleuves d’azur et canaux transparents), les lucioles ont commencé à disparaître. Le phénomène a été fulminant, foudroyant. Au bout de quelques années, c’en était fini des lucioles. (Elles sont aujourd’hui un souvenir quelque peu poignant du passé : qu’un vieil homme s’en souvienne, il ne peut se retrouver tel qu’en sa jeunesse dans les jeunes d’aujourd’hui, et ne peut donc plus avoir les beaux regrets d’autrefois).
Ce « quelque chose » survenu il y a une dizaine d’années, je l’appellerai donc « disparition des lucioles ».”
Et puis ceci :
« En Italie, il est en train de se passer quelque chose de semblable : avec une violence d’autant plus grande que l’industrialisation des années 60/70 constitue une « mutation » décisive même par rapport à celle de l’Allemagne d’il y a cinquante ans. Nous ne faisons plus face, comme tout le monde le sait maintenant, à des « temps nouveaux », mais à une nouvelle époque de l’histoire humaine, de cette histoire humaine dont les échéances sont millénaristes. Il était impossible que les Italiens réagissent de pire manière à ce traumatisme historique ».
Enfin :
« Quoi qu’il en soit, en ce qui me concerne (si cela représente quelque intérêt pour le lecteur), soyons clair : moi, et même si c’est une multinationale, je donnerai toute la Montedison pour une luciole ».