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Ce que nous ferons tous le 11 mai 2013 (à Notre-Dame-des-Landes)

Les gars, les filles, les filles, les gars, je ne fais que transmettre. Il se prépare un énorme événement sur le territoire de Notre-Dame-des-Landes et alentours, là où cet exécrable monsieur Ayrault entend imposer son projet d’aéroport. Comme vous verrez (ici), il est question de réunir au moins 100 000 personnes pour réussir trois chaînes humaines concentriques. Ayrault sera depuis longtemps oublié que l’on parlera encore de la mobilisation contre cette saloperie. Je ne dis pas ça en l’air. Je le crois. Je crois que quiconque sera présent le samedi 11 mai 2013 pourra légitimement se sentir fier. Ce n’est pas tous les jours que l’on sait où être, et quoi faire. Le 11 mai, là-bas.

Je précise qu’il faut s’engager à venir et payer à l’avance une obole de deux euros, ce qui permettra de mieux réussir encore ce rendez-vous (peut-être) historique.

Une Chaîne Humaine contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes

affiche-chaine-humaine-mini

17 novembre 2012, tournant historique,40 000 personnes
à Notre Dame des Landes !

 

45 ans de lutte pour faire sauter les verrous régionaux et donner un éclat national et symbolique à l’opposition au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.

45 ans pour que 40 000 personnes se lèvent contre le gaspillage d’argent public, la destruction de terres nourricières et l’inutilité du projet aujourd’hui techniquement dépassé.

45 ans pour que de nombreux journalistes s’emparent de ce sujet brûlant.

 
2013 année décisive pour enterrer le projet !

L’État a repoussé le début des travaux de 6 mois. Saisissons cette opportunité.

Tous, nous pouvons faire de cette chaîne humaine un moment historique !


Rendez-vous le 11 mai 2013 sur la ZAD
pour la constitution de la chaîne à 14h00.

Le rassemblement sera suivi par des concerts de soutien.

 

jour-j-heure-h

94 Jours

18 h : 57 m : 57 s

 Prochaîne AG le 22 février 2013  cliquez ici

 

Fleur Pellerin, ministre électromagnétique (et follement socialiste)

Le parti socialiste est arrivé au bout de sa course. On le voit mal beaucoup évoluer encore, car il exprime aujourd’hui, comme jamais, le soutien total au monde comme il va. Le destin des créations humaines est de dégénérer. Disons pour ne point fâcher, de s’institutionnaliser. Jadis parti de classe, au temps de Jaurès, ce mouvement a peu à peu pris la place politique qu’occupait, sous la Troisième République, le Parti radical. Une manière comme une autre de reconnaître le vrai pouvoir, celui de la propriété, qui s’incarne aussi bien dans les patrons français que transnationaux.

L’un des exercices les plus épuisants consiste à demander à une structure ou à un être ce qu’il leur est impossible de donner. Réclamer du parti socialiste, dirigé en totalité par une caste au service du monde réel et de sa destruction, qu’il défende les peuples, les espèces, les espaces, est pleinement absurde. Le temps où cela demeurait concevable a disparu depuis si longtemps que, personnellement, je ne l’ai pas connu. Et pourtant, il m’arrive encore d’être surpris. Mais il est possible que cela ne soit que niaiserie. Vous allez juger.

L’Assemblée nationale discute aujourd’hui d’une proposition de loi d’Europe Écologie-Les Verts au sujet des ondes électromagnétiques. Ou dois-je dire devait ? À l’heure où je vous écris – 18 heures – une rumeur me parvient : la discussion n’a pas eu lieu, et le projet est enterré au profond d’une Commission. Ces gens sont de parfaits croque-morts. Mais je n’entends pas insister aujourd’hui sur la dangerosité plus que probable des ondes, notamment celles du téléphone portable. Non, je voulais évoquer la personne de Fleur Pellerin, sous-ministre à l’Économie numérique (et aux PME, et à l’Innovation [sic]). On lui doit en bonne part le caviardage du projet de loi évoqué plus haut. Car bien qu’escamoté, apparemment et au dernier moment, ce projet avait au préalable été vidé de ses mesures les plus significatives. À savoir la limitation du wifi dans les crèches et les écoles.

À ce sujet, la déclaration la plus belle de madame Pellerin, mais il y a concours dans ce singulier domaine, condamne tout projet de loi qui inscrirait « dans le dur des choses qui correspondent à des peurs un peu irrationnelles, et qui consisteraient à donner un poids juridique à la dangerosité des ondes radioélectriques alors que cette dangerosité n’est pas scientifiquement étayée ». Quelle est cette langue stupéfiante ? La sienne.

Reprenons. Fleur Pellerin. Elle aura 40 ans en août prochain, et elle a fait une belle carrière dans ce qu’il faut appeler, après Bourdieu, la « noblesse d’État ». Essec, puis Sciences-Po, puis l’ENA, enfin la Cour des Comptes et les différentes babioles professionnelles qui vont de pair. Socialiste par surcroît ? Exact, par surcroît. Elle entre au PS en 2006, à l’âge intéressant de 33 ans. On a connu des engagements plus fulgurants, sans aucun doute, mais il faut faire avec. Donc, socialiste. Mais quelle ? Eh bien, cette même année 2006, madame Pellerin devient membre de la Fondation Royaumont (ici).

Cette philanthropique institution fonctionne comme un centre culturel,  accueille des concerts, éduque à la musique médiévale et baroque, forme au chant. On applaudit. Mais il n’est pas interdit de rappeler que le fondateur lui-même, Henry Goüin, décrit ainsi la philosophie de sa si charmante créature (ici) : « C’est bien l’étude de l’homme dans le temps, et dans l’espace, sous ses aspects physiques et moraux, dans ses relations avec sa famille, son milieu social, son milieu de travail, avec les peuples d’autres nations et d’autres races, qui peut faire découvrir les remèdes aux états de tension, manifestations d’un désaccord, souvent irraisonné, avec soi-même, avec le prochain, avec la société, qui se traduisent par le déséquilibre mental, les haines, les fanatismes, les luttes de classe, les révolutions et les guerres ».

Ma foi, le programme est joli : il faut extirper par le clavecin ces basses idées propagées par tant d’abrutis. C’est celui de toutes les droites rances, éventuellement catholiques, depuis deux siècles. S’agit-il d’une calomnie ? Sincèrement, je ne le crois. Dans un entretien récent au Parisien (ici), madame Pellerin énonce tranquillement, montrant combien elle a retenu la leçon : « À une logique de lutte des classes, je préfère une stratégie où tout le monde ressort gagnant ». Entendons-nous : ces propos n’ont rien de criminel. Mais ils démontrent, si besoin était, que cette dame n’a rien à voir, de près ou de loin, avec ce fil rouge qui court l’histoire souvent héroïque de ce qu’on appela jadis le mouvement ouvrier. Ce magnifique effort de civilisation assassiné par la guerre mondiale de 1914, puis le stalinisme.

Elle est parfaitement dans son rôle quand elle explique, ces derniers jours : « Je n’ai aujourd’hui aucune preuve que le Wifi est mauvais pour la santé ». Elle n’en aura jamais. Ou quand les morts se ramasseront à la pelle mécanique. Elle n’en aurait pas eu davantage à propos de la clope, de l’amiante, du DDT et des pesticides, de la dioxine, et du reste. N’oublions pas qu’elle est notamment ministre de l’Innovation. Le téléphone portable est une superbe innovation, et ce qui vient sera encore mieux. Fleur Pellerin est socialiste. Et le socialisme est désormais l’ennemi de l’écologie. Libre à chacun de croire le contraire. Il n’y a pas d’âge pour espérer le Père Noël.

PS : J’ajoute pour mes amis de Montreuil que Fleur Pellerin envisage, après bien d’autres, de se présenter aux élections municipales de 2014 dans leur ville. Cela promet.

Sur quoi (se) repose l’inertie générale (et le journal Le Monde)

L’inertie. Il ne vous a pas échappé que les humains, dont nous sommes, ne foutent rien. Ils acceptent massivement, et chaque jour, des nouvelles apocalyptiques, et puis ils passent à autre chose. Un autre chose qui ressemble furieusement au déni pur et simple. Lequel va fort loin, comme on a pu voir chez ces femmes accouchant sans avoir (vraiment) su qu’elles étaient enceintes. D’un côté, des commentateurs souvent indifférents, au fond, annoncent et radotent que la planète elle-même est en danger, et que l’humanité pourrait du même coup être menacée en son existence. De l’autre, TF1, le supermarché, le dernier téléphone portable, et la torgnole au gamin qui vient de passer devant l’écran. Il me faut ajouter que nous sommes tous ainsi, certes à des degrés heureusement différents. Mais tout de même : ainsi.

L’un des soutiens – massif en l’occurrence – accordé à l’indolence générale s’appelle simplement la croyance. Cette bonne vieille croyance dans la magie et la divination. Ceux qui pensent et prétendent que la Raison aurait constamment gagné depuis les Lumières, c’est-à-dire à peu près 250 ans, se trompent lourdement. Deux courtes lectures, dont vous trouverez l’intégralité au bas de ce papier, en disent long sur le sujet. La première est un article paru dans Le Monde daté 24 janvier. Le journaliste Bruno Philip, envoyé spécial en Indonésie, rapporte les propos extraordinaires de Joko Widodo, gouverneur de Djakarta. Précisons que la capitale indonésienne a subi autour du 17 janvier de nouvelles inondations, qui ont entraîné l’évacuation de 18 000 personnes. Le pire est que le centre-ville a été atteint et que l’on a vu le chef de l’État, Susilo Bambang Yudhoyono, les pieds dans l’eau et pantalon retroussé au beau milieu du jardin présidentiel.

Que faire ? Restaurer les vasières et autres zones humides, les forêts, qui pourraient servir à tamponner – limiter – les crues ? Impossible, car ont poussé en lieux et places des centres commerciaux et des résidences immobilières. Sauvegarder ce qui reste de mangroves, ces forêts qui poussent sur les marais littoraux, et qui sont de formidables moyens de lutte contre les tempêtes et la montée des eaux ? Impossible, car les promoteurs veulent la fin des mangroves, de manière à urbaniser totalement le front de mer. Mais dans ces conditions, quoi faire ? Eh bien, lancer des fusées contre ces foutus nuages, pardi. Leur écraser la gueule, à ces ennemis de l’homme ! Le gouverneur de Djakarta, splendide con des Tropiques, a son idée : « J’ai donné des instructions pour que les nuages soient poussés vers la mer, au nord ». Vous avez bien lu. Des instructions pour dégager le ciel. Concrètement, il s’agirait d’envoyer là-haut des bombinettes chargées, par exemple, de sel, pour absorber l’humidité des nues.

Le deuxième article est une tribune parue dans le supplément Sciences et Techno du même quotidien, Le Monde, daté du même jour, le 24 janvier. Le titre en est affriolant : Allons-nous devenir débiles ? L’auteur, un chirurgien appelé Laurent Alexandre, nous en apprend de belles, mais inutile de paraphraser, vous lirez. Ou non. En un mot, les capacités intellectuelles de l’espèce – la nôtre – pourraient s’effondrer. 80 % des variants génétiques « négatifs » présents dans notre héritage auraient entre 5 000 et 10 000 ans, pas plus. Le recul d’une sélection naturelle stricte, sur fond d’humanisation des sociétés et de refus de l’eugénisme, conduirait droit à un appauvrissement massif et continu de notre patrimoine génétique commun. Jusqu’à ce point, rien à dire en ce qui me concerne. Cette hypothèse, car c’en est une, est recevable.

Tout autre est la suite. M.Alexandre a décidé de tout miser sur la technologie, comme le gouverneur de Djakarta, cette fois d’une manière futuriste. Il est un moyen de sauver notre richesse génétique commune, et la voici : « Dès 2025, les thérapies géniques nous permettront de corriger les mutations génétiques qui menacent notre fonctionnement cérébral. La fin de la sélection darwinienne va nous pousser à pratiquer une ingénierie génétique de notre cerveau qui pourrait bouleverser notre avenir ». Notez que ce délire passe comme lettre à la Poste. Notez que Le Monde s’en bat l’œil et le flanc gauche. Notez qu’on a ainsi le droit d’appeler au règne d’un eugénisme aussi terrifiant que le fut le nazisme sans courir le moindre risque d’être ennuyé.

Et pour conclure, notons ensemble que les hommes inventeront d’autant plus de fadaises technophiles que la situation deviendra plus dure. Dure, elle l’est, certes. Mais ce n’est encore rien à côté de ce qui vient. L’avenir prévisible appartient aux géniaux ingénieux ingénieurs.

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Le papier sur Djakarta

Djakarta face au défi des inondations

LE MONDE | 24.01.2013 à 13h13 Par Bruno Philip r

Attaquer les nuages à la roquette pour chasser la pluie ? C’est l’une des hypothèses envisagées par le gouverneur de Djakarta, Joko Widodo, afin de prémunir la capitale indonésienne contre de nouvelles inondations.

Jeudi 17 janvier, des quartiers entiers de la ville ont été recouverts par les flots. Le bilan s’élève à 15 morts et 18 000 habitants évacués. Le centre-ville n’a pas été épargné : on a vu, dans la presse, des photos du chef de l’Etat, Susilo Bambang Yudhoyono, les pieds dans l’eau dans le jardin du palais présidentiel, pantalon retroussé jusqu’aux genoux… « J’ai donné des instructions pour que les nuages soient poussés vers la mer, au nord », a déclaré, mardi 22 janvier, le gouverneur devant un groupe de journalistes réunis à la mairie. M. Widodo n’a pas précisé les détails de l’opération, se contentant d’indiquer qu’il était possible de contrôler les nuages par des moyens « technologiques ».

Selon le météorologue indonésien Armi Susandi, il est en effet possible d’envoyer dans le ciel une fusée « remplie de substances hygroscopiques », qui, tel le chlorure de sodium, absorbent l’humidité. L’expert reste cependant sceptique quant aux chances réelles de réussite : « La pluie risque de retomber quand même sur la ville. »
Les inondations dans Djakarta sont un problème récurrent. En 2007, la capitale avait fait face à une montée des flots encore plus meurtrière : 50 morts et 300 000 personnes déplacées. Selon les spécialistes, il faudrait canaliser les treize rivières qui irriguent la cité, construire des canaux et des tunnels d’évacuation et installer des pompes dans le nord de la ville, sur le front de mer.

« CEINTURE VERTE »

Le gouverneur Jokowi Widodo a reconnu, mardi, que lutter contre les inondations était une tâche des plus ardues : « C’est un problème très compliqué. Les Hollandais avaient construit trois cents barrages et lacs, mais il n’en reste plus que cinquante aujourd’hui. Les marécages, les forêts et autres zones vertes du nord de la ville ont laissé la place à des complexes immobiliers et commerciaux. Vous ne pouvez pas les démolir, tout a été construit légalement.  »
Alors que les météorologues redoutent d’autres pluies diluviennes d’ici à la fin de la mousson en mars, la lutte contre la montée des eaux reste donc un problème systémique dans cette ville engorgée, surpeuplée et au trafic infernal.

Un expert en « écologie de la mangrove », Sukristiono Sukardjo, a publié, mercredi, une tribune très pessimiste dans le quotidien The Jakarta Post, confirmant les craintes du gouverneur : « Au nord, la ville abrite une concentration exceptionnelle d’une dizaine de millions de personnes très vulnérables à la montée du niveau de la mer. Et ce n’est qu’une question de temps avant que les mangroves n’aient complètement disparu de la carte. » L’expert pointe du doigt la contradiction entre « l’industrialisation et l’urbanisation effrénée initiées par le gouvernement qui, en même temps, se dit préoccupé par l’équilibre écologique ».

Le gouverneur sera-t-il à la hauteur de sa réputation ? Elu en septembre 2012 à ce poste, cet homme de 52 ans s’était vu attribuer, la même année, le prix du « troisième meilleur maire mondial » par le World Mayor Project « pour ses performances en tant qu’ancien maire de la ville de Solo », au centre de Java. La mise en place d’une « ceinture verte » à Solo aurait empêché que de nouvelles inondations affectent la ville, comme cela avait été le cas en 2005. Mais Djakarta représente un défi beaucoup plus considérable.

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La tribune sur le patrimoine génétique

 Allons-nous devenir débiles ?

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 24.01.2013 à 16h30 • Par Laurent Alexandre

Un article récemment paru dans le journal Cell a fait l’effet d’une bombe. L’auteur démontre que nos capacités intellectuelles vont chuter dans le futur, du fait d’une accumulation de mutations défavorables dans les zones de notre ADN qui régulent notre organisation cérébrale. En fait, deux tendances contradictoires sont à l’oeuvre. La première est positive : le métissage de l’espèce humaine permet le mélange – porteur d’innovations biologiques – des variants génétiques. L’espèce humaine s’est, en effet, séparée il y a 75 000 ans en différents groupes qui ont chacun connu des variations génétiques. Le mélange actuel assure un brassage génétique entre les différents rameaux qui étaient séparés avant les transports modernes.

La seconde tendance est beaucoup plus inquiétante et contrebalance la première. Les variants génétiques défavorables s’accumulent dans le génome humain. Cette accumulation récente est déjà perceptible : une étude publiée dans la revue Nature fin novembre 2012 révèle que 80 % des variants génétiques délétères dans l’espèce humaine sont apparus depuis 5 000 à 10 000 ans seulement.

 A chaque génération, 70 bases chimiques de notre ADN sont mal recopiées par la machinerie cellulaire, lors de la fabrication des spermatozoïdes et des ovules. Ces fautes de copie sont les interstices où naît le changement. Si le taux d’erreur avait été nul, aucune évolution des espèces ne se serait produite, et nous serions toujours des bactéries ! Les mutations négatives étaient éliminées par la sélection naturelle : les génomes concernés ne se transmettaient pas, faute que leur propriétaire atteigne l’âge de la reproduction.

En faisant émerger notre cerveau, l’évolution darwinienne a cependant créé les conditions de sa propre éradication : nous avons considérablement adouci les rigueurs de la sélection en nous organisant en société humaine solidaire. L’effondrement de la mortalité infantile est la traduction de cette moindre pression sélective. Elle touchait environ 20 % des enfants au XVIIe siècle, aujourd’hui autour de 0,3 %… Beaucoup des enfants qui survivent de nos jours n’auraient pas atteint l’âge de la reproduction en des temps plus sévères. La sélection aboutit finalement à se supprimer elle-même : il n’y a notamment – et fort heureusement – plus d’élimination des individus qui ont de moins bonnes capacités cognitives.

La médecine, la culture, la pédagogie compenseront cette dégradation, pendant quelque temps. Mais notre patrimoine génétique a vocation à se dégrader continûment sans sélection darwinienne. Cela veut-il dire que nos descendants vont tous devenir débiles en quelques siècles ou millénaires ? Evidemment pas ! Les biotechnologies vont compenser ces évolutions délétères.

A court terme, le séquençage de l’ADN du futur bébé est révolutionnaire. Il est possible de réaliser un bilan génomique complet du foetus à partir d’une prise de sang chez la future mère. Cette technique va étendre le champ de l’eugénisme intellectuel que l’Etat promeut déjà avec le dépistage de la trisomie 21 (97 % des trisomiques dépistés sont avortés). Puis, dès 2025, les thérapies géniques nous permettront de corriger les mutations génétiques qui menacent notre fonctionnement cérébral. La fin de la sélection darwinienne va nous pousser à pratiquer une ingénierie génétique de notre cerveau qui pourrait bouleverser notre avenir.

Paul Watson fout la zone à l’Élysée

Cet article a paru le 9 janvier 2013 dans Charlie-Hebdo

Le pirate Paul Watson ne se contente plus d’éperonner en haute mer les navires baleiniers. Pourchassé par les flics du monde entier, il veut maintenant obtenir l’asile politique en France. Pour Hollande, c’est la merde.

Hollande cherche les emmerdes, c’est pas possible autrement. La scène se passe dans le bureau du président il y a quelques semaines, comme le raconte à Charlie un participant. On fait semblant de parler de la planète entre deux bâillements, en compagnie des écolos de service. Soudain, Hulot s’enflamme à propos de Paul Watson, magnifique défenseur des baleines. Hulot considère que le sort fait à Watson est dégueulasse – il a raison -, et essaie de secouer Hollande. Le président, les yeux écarquillés : « Mais qui est ce Watson ? ». Delphine Batho, présente à la réunion en tant que ministre de l’Écologie, se penche alors vers notre grand homme et lui glisse : « Je vous expliquerai, monsieur le président ». Elle a intérêt à se magner, car Watson a décidé d’obtenir l’asile en France.

Mais reprenons dans l’ordre. Watson est un Canadien de 62 ans, fondateur en 1977 de l’association Sea Shepherd, ou berger des mers si on préfère causer français. Ce type en a simplement eu marre des blablas, y compris ceux de Greenpeace, d’où il a été viré. Pour lui et sa bande, sauver les baleines, les requins, les phoques et tous les poissons de sous les mers passe par l’affrontement avec les salopards qui pêchent illégalement. Ce qui fait du monde. Comme on peut pas raconter tous les éperonnages, abordages et sabotages, contentons-nous de l’exemple du Sierra, qui est le premier de l’épopée.

Début 1979, Watson parcourt les océans à bord d’un bateau qu’il a acheté, traquant un navire baleinier qui fait des ravages, le Sierra. Après bien des aventures (2), il coince le Sierra devant Porto, et l’éperonne à deux reprises, toutes machines chauffées à blanc. Esquinté, le Sierra parvient à grand peine à atteindre le port. Les flics portugais saisissent le bateau de Watson, et un juge le refile en dédommagement aux types du Sierra. Et c’est ainsi que Watson est grand : avec un copain rappelé d’Écosse, il monte clandestinement à bord de son propre navire, et décide de le couler plutôt que de le savoir à la poursuite des baleines. End of story.

Ou plutôt, début de 35 ans de poursuites homériques, au cours desquelles Watson et ses potes courent des risques on ne peut plus réels, car il arrive qu’on leur tire dessus. Ou qu’on les blesse en plein Antarctique à coup de lances à eau et de tiges de bambou. Le 13 mai 2012, Watson est arrêté en Allemagne, à la suite d’une plainte du Costa Rica pour des affrontements datant de 2002. Libéré sous caution, il finit par se planquer, car il redoute qu’une extradition vers le Costa Rica ne le conduise en fait dans les prisons japonaises, où l’on veut sa peau.

Où est-il en ce début d’année 2013 ? À bord du Steve Irwin, un bateau de Sea Shepherd, au milieu de l’océan Antarctique. Watson attend l’arrivée d’une flottille partie dans le plus grand secret des ports japonais pour aller buter des centaines de baleines. Rappelons que ces artificieux Nippons prétendent respecter le moratoire de 1986, qui interdit la pêche commerciale à la baleine. S’ils tuent par centaines chaque année des rorquals, c’est « à des fins scientifiques », faut pas confondre.

En résumé, ça ne va pas tarder à chier sur les mers. Du côté de Watson, quatre navires, un hélicoptère, trois drones et  une centaine de personnes sont sur le pied de guerre. Malgré ces apparences, Sea Shepherd défend les principes de la non-violence, et n’a jamais blessé – a fortiori tué – quiconque, ce qui n’est pas le cas des baleiniers. On va tâcher de suivre. Quant à notre pauvre Hollande, voici ce qui l’attend. Dès la fin de son périple antarctique, Watson redevient un fugitif international. Le petit doigt de Charlie lui a dit qu’il compte venir chez nous, et y rester. Des amis très actifs veulent que la France fasse de lui le premier réfugié politique écologiste de la planète. Ce qui aurait de la gueule. Mais pour Hollande, c’est le cauchemar : ou il accepte la présence de Watson, et il se fâche tout rouge avec les Japonais. Où il le balance aux harponneurs. Bonne année quand même, monsieur le président.

(1) www.seashepherd.fr/
(2) Racontées dans le délicieux livre Capitaine Paul Watson (Entretien avec un pirate), par Lamya Essemlali, Glénat. À déguster à la petite cuiller.

Le New York Times et la question écologique (une leçon universelle)

Il est des nouvelles qui disent beaucoup de l’état du monde. Ainsi de la disparition brutale du service Environnement de l’un des plus grands journaux de la planète, le New York Times. Lancé en 1851, le NYT (ici) a reçu près de 100 prix Pulitzer (ici) au long de son histoire, et malgré quelques retentissantes boulettes, il reste une référence mondiale. Publiant 1 600 000 exemplaires pendant la semaine – dont plus de la moitié en ligne -, il atteint les deux millions le dimanche, qui voit les rues des grandes villes de l’Est envahies de lecteurs ployant sous les poids de leur journal. Ce jour-là, le NYT pèse presque un kilo. Essayez donc de trimballer un journal d’un poids pareil.

Est-ce un bon journal ? Qu’est-ce qu’un bon journal ? J’y ai lu, sans être aucunement un habitué, de remarquables articles. Vraiment. Mais dans le même temps, comment ne pas voir ce qui n’y figure pas ? Ainsi que la totalité de la presse occidentale, le NYT est incapable de rendre compte de l’événement le plus important de tous les temps humains, qui est la crise écologique. Visiblement, cela ne va pas s’arranger, car les sept journalistes et les deux éditeurs du service Environnement viennent d’être dispersés dans d’autres rubriques (ici) du quotidien. Plus de service Environnement au NYT !

Dans l’article du Guardian que je signale dans la phrase précédente, l’un des chefs du NYT tente d’expliquer pourquoi. Avant de lui donner la parole, deux mots sur ce type, Dean Baquet. C’est un Black. Un type visiblement sympa qui a grandi à La Nouvelle Orléans, où il a commencé sa carrière de journaliste. Si je dis sympa, c’est parce que tout indique que cet homme appartient à la gauche morale américaine, celle qui se préoccupe des minorités, des violences policières, de la corruption (ici). La manière dont il justifie dans The Guardian le démantèlement du service Environnement est à lire dans ce contexte-là. Un chef du Monde ou de L’Obs sortirait les mêmes conneries. Qui commencent par une ruse habituelle : « To both me and Jill [Abramson, son big boss], coverage of the environment is what separates the New York Times from other papers ». Pour lui et pour Jim Abramson, son patron, la couverture des questions d’environnement est ce qui différencie le NYT de ses concurrents . C’est sans doute pour cela qu’on s’en sépare !

Mais non. Baquet est un gars malin, a smart guy. Il arrête la rubrique au motif que c’est tellement, tellement important – et complexe – qu’il faut réintégrer les compétences des sept journalistes et des deux éditeurs dans la rédaction générale. Quel splendide jésuitisme ! On noie ceux qu’on vient de naufrager en toute conscience, mais on prétend ainsi qu’ils parviendront à traverser l’Atlantique à la nage. Oui, splendide manœuvre. Je peux vous dire, par expérience, qu’il s’agit d’une défaite, d’une retraite et même d’une déroute en rase campagne. Quand un journaliste intéressé par l’écologie se retrouve dans un service où sont suivis les affaires sérieuses du monde – on les connaît depuis que nous sommes nés -, il n’a pas une chance sur 100 de faire passer ses sujets à des places autres que subalternes. Ce n’est pas même une question de pouvoir, mais de culture.

La quasi-totalité des cadres de la presse ignorent et veulent continuer à tout ignorer de la crise écologique. Ils vivent – bien – dans un monde qui disparaît, mais ils s’en foutent, car ils sont aussi efficaces dans le déni que ces femmes enceintes qui parviennent à (se) cacher leur grossesse jusqu’à son terme. Ce qui arrive aujourd’hui au NYT peut aisément se produire demain au Monde ou ailleurs. Dans tous les cas, la disparition du service Environnement du NYT est une annonce en clair : pour savoir ce qui se passe sur Terre, il va falloir réinventer la presse. Tout le reste aussi, j’en suis bien d’accord. Mais la presse avec.

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The Guardian le 11 janvier 2013

New York Times dismantles environment desk

Nine-person team created in 2009 to be disbanded in move described as ‘worrying’, but journalists expected to retain jobs

New York Times

The New York Times will close its environment desk in the next few weeks and assign its seven reporters and two editors to other departments. The positions of environment editor and deputy environment editor are being eliminated. No decision has been made about the fate of the Green Blog, which is edited from the environment desk.

« It wasn’t a decision we made lightly, » said Dean Baquet, the paper’s managing editor for news operations. « To both me and Jill [Abramson, executive editor], coverage of the environment is what separates the New York Times from other papers. We devote a lot of resources to it, now more than ever. We have not lost any desire for environmental coverage. This is purely a structural matter. »

On Dec. 3 the Times announced that it was offering buyouts to 30 newsroom managers in an effort to reduce newsroom expenses. But Baquet said the decision to dismantle the environment desk wasn’t linked to budgetary concerns and that no one is expected to lose his or her job.

Instead, Baquet said the change was prompted by the shifting interdisciplinary landscape of news reporting. When the desk was created in early 2009, the environmental beat was largely seen as « singular and isolated, » he said. It was pre-fracking and pre-economic collapse. But today, environmental stories are « partly business, economic, national or local, among other subjects, » Baquet said. « They are more complex. We need to have people working on the different desks that can cover different parts of the story. »

The environmental reporters were told of the decision on Wednesday. Baquet said he will meet with each of them to discuss their next assignments and the future of their beats. No decision has been made about the fate of the Green Blog, the online site for the Times’ daily coverage of energy and environment news.

The paper did a similar restructuring of its education desk a few months ago. Baquet said editors are also considering whether religion reporting could benefit from this type of change.

News that the New York Times is closing its environmental desk comes just a week after The Daily Climate reported that worldwide coverage of climate change continued a three-year slide in 2012—and that among the five largest U.S. dailies, the Times published the most stories and had the biggest increase in coverage. Times managing editor Glenn Kramon told The Daily Climate that « climate change is one of the few subjects so important that we need to be oblivious to cycles and just cover it as hard as we can all the time. »

« I ask myself, ‘In 20 years, what will we be proudest that we addressed, and where will we scratch our head and say why didn’t we focus more on that?' » Kramon said.

On Thursday, Kramon responded to questions from InsideClimate News in an email. « Fortunately, we still have those reporters who cover climate change so well, and we expect to cover the subject just as aggressively going forward, » he said.

Beth Parke, executive director of the Society of Environmental Journalists, said that while solid environmental coverage doesn’t always require a dedicated team, the Times’ decision is « worrying. »

« Dedicated teams bring strength and consistency to the task of covering environment-related issues, » she said. « It’s always a huge loss to see them dismantled … It’s not necessarily a weakening to change organizational structure, but it does seem to be a bad sign. I will be watching closely what happens next. »

Dan Fagin, a longtime science journalist and director of the Science, Health and Environmental Reporting Program at New York University, said the Times’ decision was « disappointing. » He said the environmental desk « has done a terrific job and produced outstanding work » in large part because its editors and reporters could make covering the environment their sole responsibility.

« The New York Times has too much editorial integrity to abandon its environmental coverage completely, » said Fagin, who serves on the InsideClimate News advisory board. « But if you don’t have the editorial structure to support the kind of commitment needed to do both daily coverage and deeper investigative and explanatory work, it is hard to imagine that you could keep the same level of intensity. »

Baquet said it’s up to him to make sure the Times’ environmental coverage doesn’t falter. « My goal is to make sure we’re producing the same level of work, » he said. It « is too important of a topic to let it slip. »

Bill Keller, the Times’ former executive editor, created the environmental desk in 2009 and hired Sandy Keenan as its editor. Under Keenan, who still holds the job and is being reassigned, the desk has tackled complex and controversial subjects. In 2012, Justin Gillis won the John B. Oakes Award for Distinguished Environmental Journalism with a 10-part series, « Temperatures Rising, » showing the consequences of global warming. A few months before Hurricane Sandy devastated parts of New York City, a story by Mireya Navarro warned that the city was moving too slowly in its preparations for rising seas and increasingly severe storms. After the storm, Gillis and Felicity Barringer wrote a story questioning the wisdom of rebuilding coastal areas that are repeatedly destroyed by natural disasters.