Archives de catégorie : Nucléaire

Pour jeter le nucléaire, c’est maintenant

Je squatte deux ou trois jours Planète sans visa pour une tournée personnelle de propagande promotionnelle. Il s’agit de vendre un hors série de Charlie-Hebdo à paraître ce mercredi. Si je m’autorise cette basse opération, c’est que j’ai abominablement contribué à ses 64 pages, et même au-delà. Aujourd’hui, je vous laisse en compagnie d’un communiqué qui annonce le lancement. Mais demain, je vous en donne plus, car je suis un roublard.

Regardez donc la couverture, pour commencer : charlie-nucleaire.pdf

Arnaud Montebourg, profession lilliputien

On n’a pas le droit d’insulter publiquement une personne. Je trouve cela tout à fait normal, mais j’ai mes contradictions. Et j’aimerais puissamment insulter le ministre lilliputien Arnaud Montebourg, en charge du Redressement productif. Vous le savez sans doute, il s’est avancé, tel l’effroyable nigaud qu’il est, jusqu’à déclarer que le nucléaire est une industrie d’avenir. Et que ceci, et que cela. Manuel Valls, l’homme qui se décrit comme le « premier flic de France », lui a aussitôt emboîté le pas. Valls n’est que le clone de Jules Moch, ministre de l’Intérieur – comme lui – de la Quatrième République, socialiste – autant que Valls – et fusilleur en chef de la misère humaine, mais chut ! Chut, car le changement, c’est maintenant.

Bon, le nucléaire. Sachez que paraît dans quelques jours – j’y reviendrai – un hors série de Charlie-Hebdo entièrement consacré à cette industrie de la mort. Il y a plein de dessins de Catherine, Cabu, Charb, Riss, Tignous et autres, mais il y a aussi des textes. Avec beaucoup d’informations et de révélations même sur le nucléaire made in France. Je le sais, car c’est moi qui m’y suis collé. J’y reviendrai – bis repetita -, mais je commence ici ce qu’il faut bien appeler de la promotion pour un 64 pages qui le mérite.

Et là-dessus, Montebourg. Il ne connaît rien du sujet. Rien. Mais comme il ne peut rien faire – ne le souhaiterait vraiment – contre les patrons, qui obéissent à des lois supérieures aux siennes, il se rabat, le sot, sur l’atome. Pourquoi ? Mais pour la raison évidente que le nucléaire est français, largement d’État encore, et qu’il peut donc, du moins le croit-il, en influencer le cours. Puis, Areva et EDF sont de très puissantes machines de pouvoir, ce que ne dédaignera jamais un politicien aussi quelconque que lui.

Ceci posé, n’oublions pas une seconde que Montebourg et Valls ne parlent pas pour rien. Ils sont les ventriloques des autres, de tous les autres du gouvernement, dont la ministre de l’Écologie Delphine Batho, Jean-Marc Ayrault, François Hollande. Ceux qui n’ont toujours pas compris – ne vous semble-t-il pas que les écologistes officiels sont bien embêtés ? – ne comprendront jamais.

Terra Nova, c’est quoi ? (Rappel sur la triste nature du pouvoir)

Les amis, rions d’abord, car cela peut toujours servir. Rions. Ces gens sont désespérément risibles et ne le sauront jamais. Car, soyons réalistes, jamais les critiques de ce monde à terre ne parviendront à imposer leur manière de rire. Je parle là des temps humains, ceux qui sont à ma portée. Pour les autres, on verra bien. Mais je risque de ne plus être présent pour admirer le spectacle.

En tout cas, Terra Nova. Cornelius Castoriadis, parlant de l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques), avait écrit en 1948, avec la majesté coutumière de son verbe : « quatre lettres, quatre mensonges ». Faut-il préciser ? Dans la Moscou stalinienne, il n’y avait en effet ni union, ni république, ni socialisme, si soviets d’aucune sorte. On était donc dans le mensonge global, archétype qui a ensuite triomphé partout dans le monde, y compris le nôtre. Je suis comme certain que tous les philostaliniens de notre temps, ceux qui adorent Castro, Chávez et Mélenchon, n’ont pas la moindre idée sur le sujet.

En tout cas, et je me répète, Terra Nova. Deux mots et deux mensonges. Terra ? Non, messieurs et dames, pas la Terre, seulement l’Occident. Et dans l’Occident, la France telle que vous l’imaginez. Nova ? Allons. Qu’y a-t-il de neuf dans les notes de synthèse qui ne servent qu’à vous propulser dans l’appareil d’État quand les affaires de la gauche gouvernementale reprennent ?

Il faut cette fois y aller. Terra Nova (ici) est un think tank. À ce stade, tout est déjà dit. Car le think tank est une sorte de boîte à idées permettant aux partis de parvenir au pouvoir et de s’y maintenir. Il est par conséquent bourré d’experts qui se branlottent sans relâche, qui de droite qui de gauche. Terra Nova est de gauche. Tellement de gauche que, le 10 mai 2011 – clin d’œil, trente ans jour pour jour après la victoire de Mitterrand en 1981 -, cette merveilleuse assemblée autoproclamée  mettait en garde le parti socialiste, son allié historique. Attention, bande de nouilles, il ne sert plus à rien de parler des prolos. C’est atrocement has been. Et même dangereux sur le plan électoral. L’avenir est désormais au combat sur les valeurs sociétales, permettant d’unir les diplômés, les femmes et les jeunes, les immigrés et les minorités (ici). Mais quel beau programme !

Outre qu’il est insultant pour le défunt « sel de la terre » de tous les soap operas prolétariens, il est si ridicule qu’il fait penser – mutatis mutandis – au programme maoïste des années 70 en France, qui réjouissait alors tant de grands noms. Faut-il citer Michel Foucault, Alain Geismar – qui a troqué l’adoration de Mao pour celle de Claude Allègre -, Serge July – passé de la défense du peuple à l’illustration de RTL -, André Glucksmann – jadis thuriféraire de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, aujourd’hui partisan de la guerre en Irak et de Sarkozy -, Philippe Sollers, amoureux fou de lui-même au point de se prosterner cent fois et mille fois devant la dictature totalitaire, etc.

Mille excuses pour cette embardée, qui m’est coutumière. Le texte de Terra Nova datant du 10 mai 2011 a pour titre sublime et délicieusement inquiétant : « Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ? »,  et commence ainsi : « En France, comme partout en Europe et en Amérique du Nord, l’électorat de la gauche est en mutation. La coalition historique de la gauche centrée sur la classe ouvrière est en déclin. Une nouvelle coalition émerge : “la France de demain”, plus jeune, plus diverse, plus féminisée. Un électorat progressiste sur le plan culturel. Une population d’outsiders sur le plan économique, variable d’ajustement face à la crise d’une société qui a décidé de sacrifier ses nouveaux entrants ».

Et dire qu’on les paie pour cela ! Combien de salaires de prolos usés par la vie et la machine faut-il pour obtenir le gain d’un petit ponte de Terra Nova ? J’avoue ne pas le savoir. En disant : beaucoup, je ne risque pas de me tromper. Avant la chute de ce papier, que je garde au chaud encore quelques lignes, un mot sur Olivier Ferrand, qui fut le président de Terra Nova jusqu’au 30 juin dernier, date de sa mort brutale. Cet homme avait cosigné la note évoquée ci-dessus, et il incarna mieux que quiconque ce si magnifique think tank. Mais bon, requiescat in pace, et je le dis sans hypocrisie. Ce type, devenu député des Bouches-du-Rhône en juin dernier, n’avait que 42 ans, une fillette de 12 ans, une épouse. La mort efface à peu près tout.

Quant à la vie, c’est une autre paire de manches. Vous verrez ci-dessous, dans le papier du Monde que je vous mets en copie, que Terra Nova emploie une demi-douzaine de salariés. Une majorité des hauts-cadres non salariés de la structure ont rejoint les cabinets ministériels et parlementaires. Je ne doute pas qu’ils sauront influencer les socialistes de la bonne manière, d’autant qu’il n’y a pas beaucoup de travail à faire. Ils sont déjà convaincus de l’essentiel : il faut et il suffit de dire et répéter que tout bouge, quand rien ne change en réalité.

Au fait, qui paie les festivités ? Ben oui, soyons prosaïque : de quelle manière les salariés de Terra Nova sont-ils rétribués ? Et les notes de frais, de secrétariat, de papier même ? Eh bien, et la surprise n’est pas colossale, les mécènes sont là. Et quels mécènes ! Air France, Microsoft, Areva, entre autres. Air France, donc le maintien de l’industrie aéronautique, dont le développement est contradictoire avec une lutte réelle contre le dérèglement climatique. Microsoft, symbole s’il en est de la déraison boursière et de l’aliénation de masse par l’écran. Areva enfin, le groupe nucléaire dont l’histoire entière est liée au secret militaire, à la bombe, à l’industrie criminelle de l’atome. Il n’y a rien à attendre de ces preux, car leur loyauté – à toute épreuve, je vous le garantis – ne va pas à la justice et au partage, mais aux maîtres véritables du monde. Terra Nova, deux mensonges mais une vérité.

L’article du Monde

Terra Nova cherche sa place aux côtés du pouvoir

LE MONDE |

Par Thomas Wieder

Marc-Olivier Padis et Jean-Philippe Thiellay, les vice-présidents de Terra Nova, mercredi 18 juillet, à Paris.

Son nom lui était tellement associé que la question se posait inévitablement : qu’allait devenir Terra Nova après la disparition d’Olivier Ferrand, son président et fondateur, mort brutalement le 30 juin à l’âge de 42 ans ?Une première réponse a été donnée, mercredi 18 juillet, lors d’une réunion – la première depuis le décès de M. Ferrand – au cours de laquelle se sont retrouvés les membres du bureau de ce think tank proche du Parti socialiste.

« L’aventure continue, différemment bien sûr, mais elle continue plus que jamais », ont assuré Jean-Philippe Thiellay et Marc-Olivier Padis, les deux vice-présidents de Terra Nova, désormais en première ligne.

UN DOUBLE DÉFI

Fondé en 2008, Terra Nova est aujourd’hui confronté à un double défi. Le premier, la succession d’Olivier Ferrand, avait d’une certaine façon été anticipé par l’intéressé, même si nul n’imaginait qu’elle se poserait si précipitamment.

Depuis sa victoire aux législatives, M. Ferrand entendait en effet « prendre du champ » : désormais, il passerait l’essentiel de son temps entre l’Assemblée nationale, où il avait rejoint la commission des finances, et la 8e circonscription des Bouches-du-Rhône, conquise de haute lutte. S’il souhaitait rester président de Terra Nova, M. Ferrand avait prévenu qu’il serait moins présent dans les bureaux de la fondation, voisins de celui de Michel Rocard, avenue des Champs-Elysées à Paris.

Lire aussi : Olivier Ferrand, itinéraire d’un jeune espoir du Parti socialiste

Le second défi est conjoncturel : quel rôle peut jouer un think tank dès lors que la famille politique dont il se réclame a conquis le pouvoir ? La question n’est pas que théorique.

Depuis la victoire de la gauche, plusieurs piliers de Terra Nova ont rejoint les allées du pouvoir : Romain Prudent, l’ancien secrétaire général, est désormais conseiller de la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem ; Fabien Duquesne, chargé des relations presse, est l’assistant parlementaire de Jean-Pierre Maggi, l’ex-suppléant d’Olivier Ferrand. Quant à Jean-Philippe Thiellay, il a rejoint le cabinet de Jean-Marc Ayrault pour s’occuper des institutions et de la décentralisation.

Cette nouvelle relation au pouvoir devrait conduire à quelques ajustements dans le travail produit par Terra Nova. Les notes d’actualité – plus de 500 ont été produites en quatre ans afin de nourrir l’argumentation de la gauche dans l’opposition – seront moins nombreuses. « On ne va pas passer notre temps à expliquer que la majorité à laquelle on est lié fait mal les choses », justifie M. Thiellay.

« IL FAUT PRÉPARER LA SUITE »

Si les rapports réalisés sous l’égide d’experts – une cinquantaine depuis 2008, sur des questions aussi diverses que la sécurité, le sport ou la compétitivité – continueront d’être encouragés, un autre outil sera développé : « L’idée est de faire le « benchmark » [expertise] des politiques régionales, pour réfléchir à la façon dont les expériences intéressantes peuvent servir au niveau national », explique M. Thiellay.

Piloté par une demi-douzaine de permanents, doté d’un budget annuel d’environ 500 000 euros, financé par des mécènes comme Areva, Air France, Microsoft ou la SNCF, Terra Nova se donne un objectif, qui rejoint celui des dirigeants du PS : « Il faut préparer la suite, ce que ni la gauche entre1997 et 2002, ni la droite ces dernières années n’ont su faire, et cela passe par l’activation permanente de la réflexion », veut croire M. Thiellay.

Plus libre de sa parole vis-à-vis du nouveau pouvoir, l’autre vice-président de Terra Nova, Marc-Olivier Padis, rédacteur en chef de la revue Esprit, voit les choses ainsi : « Il y a des sujets que la campagne électorale n’a pas vraiment traités : notre modèle de croissance, la place de la France dans la mondialisation. Il faut s’en emparer. »

Après un débat, fin août, lors de l’université d’été du PS à La Rochelle, un colloque d’hommage à Olivier Ferrand se tiendra à Paris fin septembre pour préciser le nouveau rôle de Terra Nova sur le flanc gauche de la scène politico-intellectuelle, que ses deux vice-présidents conçoivent ainsi : « Non pas un poil à gratter, mais un stimulus. »

Thomas Wieder

L’Appel de Heidelberg, Valtat, Rothmans, Rupert et le WWF

Je viens de lire le sensationnel article de Stéphane Foucart dans Le Monde, que vous trouverez en copie ci-dessous. Il se suffit, d’un certain côté. Mais je souhaite y ajouter ma pierre. Un, le cabinet Valtat, dont on parle, a joué un rôle clé dans la désinformation organisé à propos de l’amiante. En créant notamment un Comité permanent amiante (CPA), à partir de 1982 je crois, chargé de faire avaler la fable de « l’usage contrôlé de l’amiante ». Par ce crime social organisé, les patrons de l’amiante en France ont gagné dix ans avant l’interdiction de ce maudit minéral. Pas si mal. Et le pire est que le CPA réunissait patrons et syndicats « convaincus » par quelque mystérieuse manière de siéger à la table du diable. La CGT et la CFDT notamment ont AVALISÉ cette pure saloperie. Qui fera jamais le bilan de cette infamie ?

Autre ajout personnel. Vous verrez dans le papier de Foucart le rôle qu’ont joué les cigarettiers dans la si vaste combinazione de l’Appel de Heidelberg, à laquelle ont participé même des gens comme le sociologue Pierre Bourdieu. Eh bien, l’un de ces cigarettiers s’appelle Rothmans. Et le créateur de cette transnationale du tabac n’est autre qu’Anton Rupert, l’homme qui a fondé le WWF International. Oui. Comme je le raconte en détail dans mon livre Qui a tué l’écologie ?, Rupert, qui était né en 1916, a été un fervent soutien du régime raciste d’Afrique du Sud. Il a même été membre d’une abominable société secrète, le Broederbond, ou Ligue des Frères. Blancs, cela va sans dire. Parallèlement, Rupert devenait milliardaire grâce à la clope, devenant l’une des grandes fortunes sud-africaines. Savez-vous ? Il a même été quelque temps patron de Canal + ! Ohé, les Guignols !

Rupert, mort en 2006, a donc lancé le WWF International et créé pour cela le club des 1001 pour financer la structure. Un club international plus que discret de donateurs, parmi lesquels l’ancien dictateur du Zaïre Mobutu ou l’homme des bombardements massifs sur le Vietnam, Robert McNamara. Sans oublier, chez nous, l’ancien député du Front National Charles de Chambrun, mort en 2010. Toute cette histoire est dégueulasse. En tout cas, Rupert, l’apartheid, le WWF et donc Rothmans.

L’article de Foucart montre que pendant que Rupert faisait joujou avec le WWF, les sbires de sa boîte sabotaient les efforts pour tenter de sauver les équilibres de la planète. Si vous trouvez une morale à cette putain d’histoire, n’hésitez pas à me prévenir.

Voici l’article du Monde

L’appel d’Heidelberg, une initiative fumeuse

LE MONDE | 16.06.2012 à 20h45 • Mis à jour le 16.06.2012 à 20h45
Par Stéphane Foucart

Par son ampleur, par le nombre et le prestige des personnalités enrôlées à leur insu, par l’effet qu’elle a eu dans la structuration du débat public, c’est sans doute l’une des plus brillantes opérations de communication jamais menées. Qu’on en juge : des dizaines de Prix Nobel de toutes disciplines (Hans Bethe, Linus Pauling, Ilya Prigogine, Jean-Marie Lehn, Pierre-Gilles de Gennes, Elie Wiesel, etc.) aux côtés de centaines de scientifiques de premier plan, de médecins, d’intellectuels ou d’écrivains (Pierre Bourdieu, Hervé Le Bras, Marc Fumaroli, Eugène Ionesco, etc.) signant dans un même élan un appel solennel « aux chefs d’Etat et de gouvernement ».

Le 1er juin 1992, ce texte-massue est rendu public à la veille de l’ouverture du Sommet de la Terre à Rio (Brésil). C’est l’appel d’Heidelberg. Sitôt rendu public, il fait couler des tombereaux d’encre : il est présenté comme une grave mise en garde des « savants », enjoignant les dirigeants réunis à Rio à la plus grande méfiance face aux défenseurs de l’environnement animés par une « idéologie irrationnelle qui s’oppose au développement scientifique et industriel ».

« PSEUDO-SCIENCES »

La présentation et la médiatisation du texte – bien plus que son contenu stricto sensu – ont à l’évidence pour objectif de ramener les préoccupations environnementales et les sciences de l’environnement, qui émergent à Rio, à des « pseudo-sciences ». « Des scientifiques s’inquiètent du tout-écologie », titre Le Figaro. « Rio contre Heidelberg », ajoute Le Monde. « Rio : faut-il brûler les écologistes ? », s’interroge Libération à sa « une ». Initiative spontanée de la communauté scientifique ? L’appel d’Heidelberg est en réalité le résultat d’une campagne habilement orchestrée par un cabinet de lobbying parisien lié de près aux industriels de l’amiante et du tabac…

Le premier indice est un mémo confidentiel de Philip Morris, daté du 23 mars 1993 et rendu public dans le cadre d’une action en justice contre le cigarettier. La note interne présente l’appel d’Heidelberg, se félicitant qu’il « a maintenant été adopté par plus de 2 500 scientifiques, économistes et intellectuels, dont 70 Prix Nobel ».

A L’ORIGINE, L’INDUSTRIE DE L’AMIANTE

A quoi tient l’existence de cette « coalition internationale de scientifiques basée à Paris » ? Le mémo de Philip Morris l’explique sans ambages : elle « a son origine dans l’industrie de l’amiante, mais elle est devenue un large mouvement indépendant en un peu moins d’un an ». « Nous sommes engagés aux côtés de cette coalition à travers la National Manufacturers Association française [Groupement des fournisseurs communautaires de cigarettes], mais nous restons discrets parce que des membres de la coalition s’inquiètent qu’on puisse faire un lien avec le tabac, ajoute la note de Philip Morris. Notre stratégie est de continuer à la soutenir discrètement et de l’aider à grandir, en taille et en crédibilité. »
Pourquoi soutenir l’appel d’Heidelberg ? Comment ? « Un nouvel organisme, le Centre international pour une écologie scientifique [ICSE, pour International Center for a Scientific Ecology], a été fondé, à Paris, comme une continuité de l’appel d’Heidelberg, pour fournir aux gouvernements du monde entier des opinions sur ce qui constitue une science environnementale solide, à propos de certains problèmes », explique la note. « Certains problèmes », mais surtout ceux qui concernent les industriels du tabac et de l’amiante…

L’ICSE est domicilié avenue de Messine, à Paris, dans les locaux d’un cabinet de conseil aux entreprises, Communications économiques et sociales (CES), et n’en est qu’une émanation. Or c’est précisément CES qui organise et supervise, en France, le lobbying des industriels de l’amiante entre 1982 et 1996. Un lobbying qui permettra de retarder à 1997 l’interdiction de la fibre cancérigène, qui devrait causer, selon l’Inserm, environ 100 000 morts prématurées entre 1995 et 2025…

MINIMISER LES RISQUES

Pour promouvoir une « écologie scientifique », l’ICSE, cette « continuité » de l’appel d’Heidelberg, organise des conférences. La première se tient le 10 mai 1993, à Paris. Le thème est celui des risques réels associés à la présence de cancérogènes à faible dose dans l’environnement : pesticides, fibres d’amiante, fumée ambiante de tabac… Mais les intervenants sont soigneusement choisis pour minimiser le plus possible ces risques. L’examen de documents internes de l’industrie du tabac – déclassifiés par la justice américaine depuis le début des années 2000 – montre que plus de la moitié des douze scientifiques intervenant ont des liens financiers avec l’industrie cigarettière américaine, soit à titre de consultant, soit par le biais de crédits de recherche. Les autres sont liés à d’autres secteurs… Quant au seul Français présent, c’est le toxicologue Etienne Fournier, membre de l’Académie nationale de médecine et… du Comité permanent amiante – un groupe informel désormais célèbre, mis sur pied par CES pour appuyer le lobbying en faveur de la fibre minérale.

L’inféodation des conférences de l’ICSE à l’industrie va bien au-delà du choix des intervenants. Un courrier confidentiel du 10 juin 1993, adressé par un cadre de Rothmans International à sa représentante en France, montre que les responsables de l’industrie cigarettière américaine ont eu accès à la version provisoire de la déclaration de consensus prise à l’issue de la conférence de l’ICSE à Paris. « La semaine dernière, Sophie Valtat, de l’ICSE, m’a envoyé la version provisoire du consensus, écrit ce cadre de Rothmans. Cela convient pour la plus grande part. Cependant, la deuxième phrase pourrait conduire à condamner l’ICSE pour dogmatisme… » Rothmans suggère ensuite un changement de formulation de la phrase contestée.

« PAR DÉONTOLOGIE, JE L’AI REFUSÉ »

Le lien avec l’appel d’Heidelberg apparaît en toutes lettres dans les plaquettes de présentation de l’ICSE : « Notre but est de répondre à la requête de nombreux signataires de l’appel d’Heidelberg, dans l’objectif d’étendre son impact à l’examen de questions réelles, auxquelles est confrontée la communauté scientifique. » Le programme de la conférence de Paris est, de plus, annoncé comme ayant été préparé par « le docteur Michel Salomon, coordinateur de l’appel d’Heidelberg ». Comme le rapporte à l’époque la presse française, c’est en effet Michel Salomon, médecin et journaliste, éditeur de la revue Projections, qui réunit, en avril 1992 à Heidelberg (Allemagne), le petit noyau des premiers signataires de l’appel… Comment, avec les nombreuses et prestigieuses cautions du célèbre appel, pouvait-on suspecter l’ICSE d’organiser des fausses conférences scientifiques sous la tutelle des industries du tabac et de l’amiante ?

Pourtant, dès avant la publication de l’appel, de premiers soupçons se font jour. « Avant mon départ pour Rio, un certain Marcel Valtat est venu me voir au journal pour me proposer l’exclusivité de l’appel d’Heidelberg », raconte le journaliste Roger Cans, alors chargé de l’environnement au Monde. Patron et fondateur de CES, Marcel Valtat est alors connu pour ses liens avec les industriels de la pharmacie et de l’amiante. « J’ai lu le texte et j’ai tout de suite soupçonné qu’il y avait des intérêts économiques derrière, poursuit Roger Cans. Par déontologie, je l’ai refusé. Je savais que, si Le Monde le publiait en exclusivité, on penserait qu’il en épousait le point de vue. C’est Le Figaro qui a finalement eu le « scoop »… » Bien sûr, l’écrasante majorité des signataires ignore tout de l’origine du texte et des motivations de ses commanditaires.

Jean-Pierre Hulot, ancien collaborateur de Marcel Valtat (décédé en 1993) et actuel PDG de CES, confirme au Monde que « l’appel d’Heidelberg est bien parti de CES ». « Michel Salomon travaillait en free-lance pour nous », ajoute M. Hulot, qui a été mis en examen en janvier 2012 pour son rôle au sein du Comité permanent amiante. Cependant, M. Hulot assure que le texte n’a pas été commandé par une ou plusieurs entreprises, et qu’il était une « initiative bénévole née après des discussions tenues avec des membres de l’Académie des sciences ». Quant à l’ICSE, poursuit-il, « cela partait d’une volonté de diversifier l’activité de CES et d’organiser des congrès scientifiques ». Des congrès dont les documents sont relus et amendés par les cigarettiers ? « Je ne suivais pas cela personnellement, je ne suis pas au courant », répond M. Hulot.

Stéphane Foucart

Entartons les pompeux cornichons (le cas Geneviève Fioraso)

Je viens de rajouter (17h30, ce 25 mai) au bas de cet article un excellent portrait – vraiment d’une rare qualité – de madame Fioraso, tiré du mensuel de Grenoble Le Postillon. Dire que je ne l’avais pas vu ! Que Frédéric Boutet soit remercié.

Il y a de quoi dégueuler, purement et simplement. La nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, est une scientiste tragique, dans la veine de Claude Allègre. Certes, elle ne nie pas, comme lui, l’évidence. Mais elle est, comme lui, une détestable aventurière de l’esprit humain. En vrac, elle est pour les OGM et les biotechnologies, pour le nucléaire et les nanotechnologies. Elle a par exemple créé et dirigé une start-up du Commissariat à l’énergie atomique, le CEA, en 1989. Et elle est la présidente d’une société d’économie mixte appelée Minatec-Entreprises. Minatec est cette saloperie – 4 000 salariés – née de l’argent public et qui développe dans notre dos, à Grenoble, le cauchemar nanotechnologique.

Fioraso, qui ne s’arrête jamais, en tient aujourd’hui pour la « biologie de synthèse » (BS), nouveau champ délirant de la technoscience. Pour autant que je puisse résumer, cette BS entend développer, sans limite, une « ingénierie du vivant ». En manipulant, de manière à combiner les organismes réels et trucs et astuces de laboratoire. On peut de la sorte créer des génomes synthétiques. De nouvelles chimères, ouvrant la voie, évidemment, à la transformation commandée de l’homme. La voie est grande ouverte au transhumanisme, sans doute l’une des pires tentations de notre époque, qui n’en manque pas.

Madame Fioraso n’est pas une adversaire. C’est une ennemie de tout ce que je crois. J’assume ce mot. Il n’est pas pour autant question, je pense que c’est évident, de mener une action de force contre elle. Que ce soit juste – ce que je crois généralement -, que ce soit naïf – il m’arrive de douter -, je suis un non-violent. Ce qui n’empêche pas d’agir.  À destination de tous, et donc des gens de Pièces et Main d’œuvre (PMO), je suggère la création d’un collectif capable d’intervenir partout où cette dame interviendra ès-qualités. Il n’est pas possible, il n’est pas pensable que le mouvement de critique de la société n’intervienne pas. Ne serait-ce que sous la forme d’entartages à répétition (jets de tartes à la crème).

Vous trouverez ci-dessous une fiche du réseau Sortir du nucléaire consacrée à notre nouvelle ministre

Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, candidate PS sur la 1ère circonscription de l’Isère

Signe distinctif : Représentante du CEA

Membre de l’Office Parlementaire des Choix Scientifiques et Techniques, Geneviève Fioraso semble éprouver une grande fascination pour les technologies de toutes sortes : biotechnologies, nanotechnologies (elle est présidente de la SEM Minatec entreprises), et bien sûr le nucléaire, qu’elle considère comme une technologie « vertueuse ». Geneviève Fioraso est proche des milieux du nucléaire.

En 1988, elle participe avec Michel Destot à la création de Corys, une start-up spécialisée dans la réalisation de simulateurs industriels, notamment pour les centrales nucléaires, et résultant de la privatisation d’une activité développée au sein du Commissariat à l’Énergie Atomique autour du réacteur Siloette [1]. Avec son compagnon Stéphane Siebert (actuellement directeur délégué de la recherche technologique au CEA), elle codirigera Corys jusqu’au dépôt de bilan de la société en 1995.

Nommée directrice de cabinet de Michel Destot, elle restera très proche du CEA [2]. Ses rapports parlementaires [3] témoignent d’une confiance démesurée dans la technologie nucléaire. Dans son dernier rapport pour avis sur le budget 2012 de l’industrie et de l’énergie, elle affirme notamment que le réacteur EPR « peut supporter la fusion de son coeur sans danger pour quiconque » [4] et que « la durée de vie d’une centrale correctement entretenue est aujourd’hui de 50, voire 60 ans », alors qu’aucun réacteur dans le monde n’a encore atteint cet âge. Elle déclare également que le nucléaire est une énergie « nationale » [5], oubliant un peu légèrement que tout « notre » uranium est désormais importé… Depuis mars 2010, elle remplace Christian Bataille comme représentante des parlementaires au Conseil d’Administration de l’Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs [6]

> Voir sa page sur le site de l’Assemblée Nationale

[1] http://www.corys.fr

[2] http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=373

[3] http://www.genevieve-fioraso.com/documents/

[4] pourtant, dès 2003, une association allemande mettait en garde contre les risques d’explosion d’hydrogène en cas de fusion du coeur de l’EPR : www.atomenergie-und-sicherheit.de/epr_sicherheit_1.pdf

[5] http://www.assemblee-nationale.fr/13/budget/plf2012/a3807-tii.asp#P911_92457

[6] http://www.andra.fr/pages/fr/menu1/l-andra/qui-sommes-nous-r/membres-du-conseil-d-administration-6638.html

Ci-dessous, le formidable portrait tiré du Postillon, que je n’avais pas vu avant que Frédéric Boutet ne me le signale. C’est donc un rajout, ce même 25 mai, un peu plus tard.

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Geneviève Fioraso™, l’élue augmentée

Vous avez certainement déjà entendu parler de «  l’homme augmenté ». Ce vieux rêve de la science fiction, des eugénistes et des transhumanistes – augmenter les performances humaines grâce aux progrès technologiques – devient réalité dans les laboratoires du monde entier. Le jour où l’on verra des cyborgs dans la rue se rapproche. En attendant, on peut observer un prototype grenoblois : l’élue augmentée, plus connue sous le nom de « Geneviève Fioraso™ ». Actuellement au poste de députée, d’adjointe à la Ville de Grenoble (chargée de l’économie, l’emploi, l’université et la recherche), de première vice-présidente de la Métro (chargée du développement économique, universitaire, scientifique et de l’innovation), et de présidente de la SEM Minatec Entreprises, c’est une innovation développée par le Parti socialiste en partenariat avec le Commissariat à l’énergie atomique et les grandes entreprises de la région. La preuve de la réussite de ce produit ? Geneviève Fioraso™ a été chargée de l’« innovation  » dans l’équipe de campagne du candidat à la présidence de la République François Hollande.

Tous les jours, Geneviève Fioraso™ se dépense sans compter pour «  monter des projets  » et « faire aboutir des dossiers  ». Inlassablement, l’élue augmentée se dévoue avec le même élan pour la cause de l’Innovation, repoussant toujours plus loin les capacités de l’élu du peuple. La perfection du système est telle que Geneviève Fioraso™ ne s’arrête jamais, pas même pour penser : aucune réflexion ne vient retarder sa quête du Bien, c’est-à-dire du Progrès Technologique. Alors que Geneviève Fioraso™ se démène actuellement sur plusieurs fronts – de la ville intelligente à la promotion de la biologie de synthèse, de l’industrie innovante à sa réélection au poste de députée de la première circonscription de l’Isère –, partons à la découverte des fonctionnalités de cette post-élue.

«  Ils m’appelaient Miss dollar, s’amuse-t-elle. C’est vrai. Ça ne sert à rien de chercher à faire le top du top si on ne le vend pas. Il faut coller à un cahier des charges et dégager de la marge pour réinvestir dans la R&D…  »2. Ainsi parle Geneviève Fioraso™, alias Miss Dollar, surnom donné par ses collègues de la start-up Corys où elle a travaillé dans les années 1990. Chez elle, «  le style spontané est direct, rapide, efficace, sans formules de politesse  » et elle est « ‘‘à l’aise dans le monde du business, elle sait parler prix, profit…’’, note Guy Sarrey, de Grenoble Ecole de Management »3. Dans le monde d’aujourd’hui, savoir parler prix et profit plutôt que salaires et acquis sociaux est un réel atout pour les représentants du peuple.

Le langage fait partie des nombreux avantages que possède l’élue augmentée. C’est un point essentiel car il permet de multiples développements. Ainsi quand les élus 1.0 restent entre eux à cause de leur langage non-adapté au monde de l’entreprise, Geneviève Fioraso™ parle avec les patrons et «  œuvre depuis dix ans pour un rapprochement entre les milieux économiques et politiques  ». Elle proclame même fièrement : « Notre municipalité de gauche travaille étroitement avec la Chambre de Commerce et d’Industrie  »4.

Que ceux qui croient que son étiquette « socialiste  » implique un rapport avec la dépassée « lutte des classes » ou la délirante «  fin du capitalisme  » se rassurent tout de suite. L’époque où elle était, selon elle, « un peu ‘‘écolo gaucho’’ et vivait en communauté, style baba très coloré, en salopette rouge »5 est heureusement bien révolue. Aujourd’hui Geneviève Fioraso™ est plus que socialiste : elle est strauss-kahnienne. À l’occasion de l’injuste mise en cause de son mentor en mai dernier, elle déclarait : « J’aimerais que tout cela soit un cauchemar dont nous allons nous réveiller »6. Quelques mois auparavant, elle avait fait preuve de toute sa lucidité : « DSK est celui qu’il nous faut dans ce monde de zapping. DSK est stable et pas compulsif comme Sarkozy »7.

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En fidèle de DSK, Geneviève Fioraso™ a su développer des connexions solides avec les patrons grenoblois. De Frédéric Abbal (président de Schneider Electric France) à Jean Therme (directeur du CEA-Grenoble), en passant par André-Jacques Auberton-Hervé (PDG de Soitec), Bruno Cercley (PDG de Rossignol), Nicolas Samman (directeur R&D d’Eaton) et Michel Cosnard (président de l’Inria), on ne compte plus les photos côte à côte, les communiqués communs, les félicitations réciproques, les enthousiasmes partagés de la Geneviève Fioraso™ avec les patrons grenoblois. Mais cette proximité ne se contente pas des paroles et des flashs des journalistes, elle se traduit en actes. Geneviève Fioraso™ peut déclarer fièrement, à propos de Jean Therme, initiateur de Minatec (premier pôle européen pour les nanotechnologies), de GIANT (projet visant à transformer la presqu’île grenobloise en un «  campus mondial d’innovation  ») et promoteur de l’urbanisation intensive du Sillon alpin : « Le directeur du CEA nous fait courir, mais nous suivons  »8.

Les raisons de cette symbiose sont multiples. Penchons-nous sur son parcours professionnel. Titulaire d’une maîtrise d’économie et d’anglais, Geneviève Fioraso™, a été professeur d’anglais, « chargée d’information » à la Ville de Grenoble, attachée parlementaire d’Hubert Dubedout (ancien député-maire de Grenoble) puis a été incubée pendant six ans à Corys. Dans cette start-up du CEA crée par Michel Destot et spécialiste dans le domaine de la simulation nucléaire, elle a été « cadre de direction » et « directrice-adjointe en charge des projets européens et de recherche et développement  ». Cette expérience, débouchant sur un redressement judiciaire de l’entreprise (voir encart), lui a fait comprendre les énormes contraintes que doivent affronter chaque jour les cadres et les dirigeants. Après un nouveau passage à la mairie de Grenoble, à la direction du cabinet de Michel Destot, elle a été optimisée par son passage à France Télécom. Cadre marketing à temps partiel de 2001 à 2004, en plus de son poste d’adjointe à la ville de Grenoble, elle a pu intégrer là-bas, à son poste de «  chargée des marchés émergents dans le secteur social-santé  », les bienfaits du management, de la flexibilité, de la privatisation et de tout ce qui fait le bonheur des salariés de France Télécom.

Geneviève Fioraso™ est également parvenue à casser les frontières entre la vie publique et la vie privée. Les rares loisirs qu’elle se programme, elle les réalise avec des patrons : à l’Ekiden (marathon par équipe) de Grenoble en 2011, elle fait équipe avec Tristan Rousselle, qui dirige l’entreprise de biotechnologie Px’Therapeutic. En 2007, elle affirmait, pour ne pas perdre de temps, avoir «  ‘‘beaucoup de copains dans le milieu professionnel’’. Façon pragmatique de régler le problème. De même, elle travaille avec son compagnon, directeur général des services de la Ville, et affirme être ainsi épanouie dans sa vie hyperactive »9. Elle entretient en effet un partenariat conjugal avec Stéphane Siebert, qui est maintenant adjoint à la Ville de Grenoble au développement durable, en charge du projet Giant et – mais c’est un hasard – directeur délégué de la recherche technologique au CEA. Cette proximité de centres d’intérêts et de responsabilités permet d’optimiser les quelques repas et détails de la vie quotidienne qu’ils partagent dans leur luxueuse résidence de l’avenue Félix Viallet.

Car l’élue augmentée déteste perdre son temps à des choses inutiles. « Je suis incapable de lire une BD sur le canapé. Peut-être ai-je peur du vide ?  » Lire une BD ? Et pourquoi pas rêvasser ou réfléchir ? Cette strauss-kahnienne, qui se dit «  féministe depuis son entrée en politique »10, est parvenue à prouver que les femmes pouvaient faire de la politique comme les hommes. Qu’elles étaient également capables de toujours foncer et de ne jamais se poser de questions. Qu’elles pouvaient tout autant se mettre en avant et faire don de leur personne à la communication, comme le faisait perfidement remarquer Le Canard enchaîné (02/02/2011) : « Dans sa ‘‘lettre’’ distribuée à toute sa circonscription de l’Isère, Geneviève Fioraso est parvenue à faire apparaître seize fois sa photo en quatre pages. Notre concours ‘‘ma binette’’ partout continue  ».

Plutôt que penser, Geneviève Fioraso™ préfère se dépenser : «  Levée avant 7h30, elle lit les journaux, s’occupe de son blog, répond aux mails, enchaîne rendez-vous et réunions, puis finit par des dossiers… jusqu’à minuit. (…) Elle tire sur la corde jusqu’au surmenage. Parfois, ça craque. ‘‘J’ai du mal à me dire que j’ai des limites. C’est complètement infantile’’, lance-t-elle »11. Pas de limites. Pour elle, pour l’économie, pour le développement technologique, pour la ville, pour la cuvette grenobloise. Toute entière tournée vers la Croissance, Geneviève Fioraso™ est l’élue «  no limit  ». Une philosophie qui rejoint celle de l’homme augmenté, dont le but est avant tout de repousser toutes les limites (faiblesse physique, maladie, dépression, vieillesse) que doit affronter l’homme ordinaire.

Bien que l’élue augmentée concède n’avoir « jamais été très forte pour les dogmes »12, elle défend quand même avec une vaillante ardeur une valeur fondamentale : l’Innovation. Ainsi déclare-t-elle dans Le Métroscope de janvier 2012 : « nous ne vivons que de nos projets, et nos projets c’est l’innovation ». Dans une perspective augmentée, l’Innovation est en effet centrale. C’est même la valeur morale de base, sur laquelle repose tout le processus de l’augmentation. C’est elle qui permet de sans cesse regarder en avant et de comprendre que le Bien est à rechercher vers le Nouveau et jamais – non, jamais – vers le passé, le dépassé, le repassé. Impatiente car exigeante, elle est parfois un peu dure avec ceux qui ne comprennent pas ce postulat évident. Dans son numéro de février 2011, le magazine Acteurs de l’économie Rhône-Alpes déplore dans son éditorial qu’ « une députée de l’Isère ait fait interdire sine die les partenariats de la Ville de Grenoble en rétorsion à des articles qu’elle estime desservir l’image de l’agglomération  ». Mais elle travaille sur elle et selon Annie Deschamps, ancienne première adjointe à la Ville de Grenoble : «  Elle admet désormais que d’autres puissent penser différemment  »13. Son problème, c’est qu’elle a déjà tout compris. À l’excellent site Cleantech Républic (19/01/2011), elle confie : «  notre job, à nous les élus, c’est faire en sorte que ce mouvement [NDR : de l’innovation] ne s’arrête pas et faire en sorte que la dynamique s’accélère et s’enrichisse  ». Une philosophie résumée dans la maxime inscrite sur sa carte de vœux 2012 : «  la meilleure façon de créer l’avenir, c’est de l’inventer  »14.

Le rapport à l’industrie de Geneviève Fioraso™ est à ce titre exemplaire. Face à la crise que traversent de nombreux secteurs industriels en Isère, Geneviève Fioraso™ ne tombe pas dans la facilité d’accuser la mondialisation, le capitalisme ou le libéralisme. Elle ne cède jamais à la tentation du populisme, de la démondialisation et du protectionnisme. Exemple : quand Photowatt, entreprise de panneaux solaires du Nord-Isère actuellement en dépôt de bilan, doit « faire face à une concurrence par les prix venus d’Asie où les fabricants produisent dans des usines de capacités au moins dix fois supérieures et bénéficient de fortes économies d’échelle  »15, l’élue augmentée préfère accuser l’Etat et son « manque de vision industrielle à long terme  ». Surtout, elle propose de « ré-industrialiser par l’innovation  », titre d’une de ses tribunes dans le très socialiste journal Les Échos (9/12/2011). Sur ce tableau, elle ne se contente pas de phrases incantatoires mais cite également des réussites locales : «  L’exemple le plus frappant cité en exemple par Geneviève Fioraso est celui d’une petite entreprise industrielle dans le secteur de la plasturgie. Cette PMI spécialisée dans la fabrication de tuyaux en plastique et menacée par la concurrence venue pour l’essentiel des pays à faible coût de main-d’œuvre, ne doit son salut qu’au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). (…) C’est en proposant d’équiper les tuyaux de capteurs, autrement dit de donner au produit des fonctions nouvelles que le CEA a permis à la petite entreprise en question non seulement de survivre, mais de doubler ses équipes de production et de devenir un acteur majeur dans son secteur et à l’international  »16.

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Mettre des capteurs partout, dans les tuyaux comme dans les bâtiments : voilà l’idée centrale défendue par Geneviève Fioraso™. Une idée qui est, à n’en pas douter, promise à un bel avenir et qui pourrait bien sauver la Gauche et la France. Geneviève Fioraso™ en fait en tout cas l’alpha et l’omega de sa politique. À travers les projets de développement urbain de la caserne de Bonne, de Bouchayer-Viallet ou de Grenoble Presqu’île, elle veut faire muter Grenoble en une écocité intelligente. Pour construire cette ville augmentée, elle met tout en œuvre pour développer les « smart grids  », c’est-à-dire les réseaux intelligents, construits à base de puces et de capteurs. Les premiers à avoir la chance de tester cette « révolution urbaine » sont des habitants de la caserne de Bonne : «  Gaz et électricité de Grenoble ‘’recrute’’ actuellement 500 foyers de la ZAC de Bonne et de la Presqu’île, pour tester des ‘’smart grids’’, réseaux intelligents de gestion de l’énergie. (…) Chaque foyer testeur va être équipé d’un compteur Linky, dit ‘’intelligent’’, ainsi que d’une ‘’box’’ de gestion de l’énergie »17.

Mais ce n’est qu’un début. Sur le site Cleantech Républic (19/01/2011), elle annonce que « sur la presqu’île scientifique, on va un peu se déchaîner entre guillemets sur les démonstrateurs, avec une expérimentation de smart grids, (…) une expérience grandeur nature, (…) de nouvelles pratiques, de nouveaux usages et c’est bien entendu là où on intervient, nous les collectivités. C’est pour soutenir la recherche mais aussi pour faire le lien entre l’usager, consommateur et surtout citoyen (sic) et puis les technologies. Parce que si ces technologies ne sont pas appropriées par le citoyen, ça ne marche pas. (…) On est vraiment un pôle d’expérimentation dans le domaine des smart grids. On y réfléchit beaucoup ». À la base de ces smart grids, il y a les fameux compteurs intelligents Linky. Et ce n’est pas un hasard si Atos Origin, la firme qui conçoit Linky, a choisi d’installer ses nouveaux locaux et ses 700 collaborateurs grenoblois dans le nouveau quartier Bouchayer-Viallet (voir Le Postillon n°10). Car l’aménagement de ce quartier, en phase d’achèvement, a été mené par… Geneviève Fioraso™ !

Une des entreprises que Geneviève Fioraso™ affectionne particulièrement est la société Bull. Tous les trimestres, elle se rend dans ses locaux d’Échirolles pour «  faire le point sur les dossiers à venir ». Après sa dernière visite, elle a vanté sur son blog les mérites de cette entreprise : « Fournisseur de supercalculateurs parmi les plus puissants au monde, acteur majeur des systèmes numériques, Bull est un bel exemple d’une croissance renouvelée par l’innovation  ». C’est effectivement un bel exemple : la société a fait parler d’elle récemment dans les journaux car une de ses filiales, Amesys – qui possède également des locaux à Échirolles – avait vendu à feu Khadafi un système informatique baptisé Eagle de « surveillance massive  » de l’Internet, «  à l’échelle d’une nation  », ayant beaucoup servi au régime libyen pour traquer ses opposants. Exporter le savoir-faire français à l’étranger, voilà une des solutions prônées par l’élue augmentée pour avoir «  une croissance renouvelée par l’innovation ».

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Le 6 mai, à Grenoble, l’élue augmentée laisse libre cours à son enthousiasme.

Son désir de changer la vie ne s’arrête pas à la porte des appartements, ni aux fonctionnalités des ordinateurs. En 2011, à la demande du président de l’Assemblée nationale, elle réalise un rapport parlementaire sur la biologie de synthèse (voir encart), discipline considérée comme « une nouvelle révolution industrielle », visant à développer «  la modification rationnelle et maîtrisée du vivant » grâce aux «  convergences entre nanotechnologies, sciences de la vie et de l’information, appelées convergences NBIC (Nano-Bio-Info-Cogno) »18. En clair, grâce à ces « nouveaux OGM », l’émergence d’« hommes augmentés » sera accélérée et améliorée. Geneviève Fioraso™ pourra enfin se sentir moins seule dans ce monde pour l’instant tristement peuplé de personnes imparfaites, sensibles, réactionnaires.

Dans son rapport fait au nom de l’Office parlementaire de l’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) , l’élue augmentée prend les devants et tente d’éviter pour la biologie de synthèse les scénarios obscurantistes et rétrogrades qu’ont dû subir les OGM et les nanotechnologies : « du fait de ses nombreuses applications potentielles, la biologie synthétique est considérée comme une nouvelle révolution industrielle, même si les débats sur les enjeux sont encore actuellement limités à des cercles fermés. Dans ce contexte, je me félicite que l’Office s’en soit saisi très en amont, ce qui devrait permettre un débat responsable sur les risques et les avantages de la biologie synthétique et empêcher les dérives qui ont marqué les débats sur les OGM et les nanotechnologies ». Elle s’insurge – à juste titre – contre les prises de position de ceux qui osent en parler alors qu’ils n’ont pas reçu son autorisation : « S’agissant du rôle joué par l’association VivAgora, je dois déplorer certaines de ses déclarations qui, comme celles de Craig Venter, peuvent avoir des effets dommageables, même si, j’en conviens, à la différence de Pièces & Main d’Oeuvre, elle accepte de participer au débat ». Son rapport a débouché sur la création d’un site ministériel de promotion de la biologie de synthèse.

Ce n’est pas la première fois que Geneviève Fioraso™ vient apporter tout son savoir-faire au soutien des nouvelles technologies. Déjà en 2002, dans les réunions de la Métro, elle argumentait avec une admirable rhétorique : « Je ne comprends pas qu’on s’en prenne comme ça à Biopolis [NDR : pépinière d’entreprises], alors qu’à Minatec on fera des choses bien plus dangereuses  ». Et quand elle parle de santé, c’est avant tout pour s’émerveiller devant la niche économique que ce domaine représente : « On parle déjà de bioéconomie et les chiffres sont éloquents : le seul domaine de la santé humaine représente aujourd’hui 12% du PIB américain. Et, dans un contexte économique déprimé, l’industrie du médicament (premier poste à l’export avec la chimie pour la France !) a crû de 5% en Europe. Enfin, une récente étude évalue le coût des maladies du cerveau, pour les 514 millions d’habitants de l’Union Européenne, à 798 milliards d’euros pour la seule année 2010. »19

Voilà donc comment, au quotidien, Geneviève Fioraso™ invente le socialisme de demain. Un socialisme non-idéologique, où les élus n’ont plus peur de s’afficher avec les patrons et d’accéder à toutes leurs demandes. Un socialisme pragmatique où la quête de la justice sociale et de la protection de l’environnement sont portés par la fuite en avant technologique. Un socialisme moderne, où l’on accepte la compétition mondialisée entre les peuples et la guerre économique de tous contre tous. Un socialisme efficace, où la volonté d’améliorer le sort des hommes se résume au développement de prothèses technologiques en tous genres.

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Bonus

Combien ça coûte ?

L’élue augmentée jouit du salaire qui va avec : augmenté. Entre ses indemnités de députée (7 008,65 € bruts en plus de toutes sortes d’indemnités), d’adjointe à la Ville (1346,85 € bruts), de vice-présidente de La Métro (1533 € bruts), de présidente de la Sem Minatec (plafond mensuel net de 750 € et plafond d’avantages en nature de 100 €), de professeure à Sciences-Po Paris (chiffres non communiqués), Geneviève Fioraso™ touche plus de 10 800 € bruts, soit au moins 8000 euros nets mensuels. À bientôt 58 ans, elle assure n’être « pas du tout dans des relations de pouvoir »20. Mais – et alors qu’elle vise une seconde élection en juin prochain au poste de députée de la très bourgeoise première circonscription de l’Isère – elle peut déjà estimer avoir réussi sa vie.

Corys, l’entreprise qui a pris la ville

Michel Destot, Geneviève Fioraso™ et Stéphane Siebert. Tous trois travaillent actuellement à la Ville de Grenoble, respectivement aux postes de maire, d’adjointe à l’économie, et d’adjoint au développement durable. Tous trois mènent la plupart des grands projets de la municipalité (candidature ratée – aux Jeux olympiques, réaménagement urbain de Bouchayer-Viallet et de la presqu’île scientifique, campus mondial d’innovation GIANT, pôles de compétitivité, etc.). Tous trois sont passés par l’entreprise Corys, start-up issue du CEA créée par Michel Destot en 1989, présentée sur son site comme « un des acteurs mondiaux de référence dans le domaine des simulateurs  », tant dans le domaine du nucléaire que des transports. Destot aimerait faire aujourd’hui que le développement de cette entreprise soit « une belle histoire, une success story  » (Le Daubé, 01/04/2011). Ce n’est pas exactement l’avis du tribunal qui avait mis la société en redressement judiciaire en 1997.

Mandatés en 1998, des experts judiciaires avaient alors démontré que les comptes ont commencé à être dans le rouge quand Destot et sa bande étaient encore aux manettes : « compte tenu de tous ces éléments, on constate que la société se trouve dans une impasse financière dans le courant de l’exercice 1995. On peut de ce fait penser que la société CORYS SA se serait trouvée en cessation de paiement courant 1995, si elle avait respecté les règles régissant le financement des entreprises  » (Le Rouge et le Vert, 8/04/2011). Si on en entend encore parler aujourd’hui, c’est qu’elle a été rachetée par une filiale de la Lyonnaise des Eaux en 1997, et qu’aujourd’hui le géant du nucléaire Areva est son actionnaire principal.

Sa première circonscription

Ce n’est pas un hasard si la socialiste Geneviève Fioraso™ est députée sur la première circonscription : elle a été «  taillée pour la droite » par Charles Pasqua pour son ami Carignon. Elle comprend, outre quelques quartiers de Grenoble, toutes les communes les plus riches de l’agglomération : La Tronche, Corenc, Meylan, St-Ismier, Montbonnot, Biviers. Si Geneviève Fioraso™ l’a remportée en 2007 après un duel fratricide à droite entre Carignon et Cazenave, elle a encore de fortes chances de l’emporter en juin 2012. Le candidat investi par l’UMP est le président départemental Jean-Claude Peyrin, mais il devra faire avec une candidature dissidente, celle de la maire de Meylan Marie-Christine Tardy. Un suspense terrible.

La biologie de synthèse

La biologie de synthèse est un des nouveaux champs d’application de la fuite en avant technologique. Il s’agit ici ni plus ni moins de «  recréer la vie  » grâce aux «  convergences entre nanotechnologies, sciences de la vie et de l’information, appelées convergences NBIC (Nano-Bio-Info-Cogno) ». On peut avoir quelques idées des applications possibles en lisant des articles, comme celui d’Hervé Le Crosnier, paru sur blog.mondediplo.net le 21/05/2010, « La boîte de Pandore de la biologie synthétique » : «  Car les craintes sont importantes : développement d’armements biologiques ; conséquences pour les employés des laboratoires en contact avec des virus extrêmement pathogènes ; et risques d’un relâchement accidentel dans l’environnement d’organismes de synthèse (…). Aux journalistes qui lui demandaient s’il n’avait pas le sentiment de jouer à Dieu, Hamilton O. Smith, prix Nobel, actionnaire de Synthetic Genomic Inc., répond par sa blague favorite : « Nous ne jouons pas. » (…) Car au fond, c’est bien une logique prométhéenne qui se répand dans la recherche aujourd’hui : une volonté de « réparer la machine-terre », depuis sa structure globale par le « géo-engineering » jusqu’à la nanomatière, en passant évidemment par la « maîtrise » du vivant. La nature n’est plus le modèle unique et singulier que la science doit interpréter, mais un simple objet que les ingénieurs doivent améliorer…. et si possible au nom de la « liberté du chercheur », c’est-à-dire sans que les citoyens puissent s’emparer ni des décisions d’orientation de la recherche, ni de l’évaluation des conséquences tant sur l’environnement naturel que sur les fondements sociaux… ni même des conséquences philosophiques, avec cette quête extrême du pouvoir sur le vivant. (…) Car les technologies en jeu forment une épée de Damoclès excessivement tranchante. C’est en octobre 2004 déjà qu’un éditorial de la revue scientifique Nature précisait : « Si les biologistes sont sur le point de synthétiser de nouvelles formes de vie, l’étendue des désastres qui pourraient être provoqués volontairement ou par inadvertance est potentiellement immense ». »


1 Entretien millésime 2010 à lire ICI ; les anciens numéros sont consultables en ligne ICI.

2 Journal des entreprises – Isère, 2/10/2009.

3 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

4 Le Point, octobre 2009.

5 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

6 Blog de Geneviève Fioraso. http://www.genevieve-fioraso.fr/

7 Le Daubé, 31/03/2011.

8 Les Échos, 21/10/2008.

9 Le Point, octobre 2009.

10 Le Daubé, 31/03/2011.

11 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

12 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

13 Acteurs de l’économie Rhône-Alpes, mai 2007.

14 Blog de Geneviève Fioraso.

15 L’Expansion, 04/11/2011.

16 www.lepays.fr, 03/11/2011.

17 20 minutes, 28/11/2011.

18 Sur son blog.

19 Blog de Geneviève Fioraso.

20 Journal des entreprises – Isère, 2/10/2009.