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Le camarade Lin et le ciment (aux ordres du colonel Kadhafi)

Ces gens sont fous. Évidemment. J’entendais tout à l’heure, à la radio, ce pauvre Bernard Kouchner. Toréant avec le journaliste, pirouettant sans jamais craindre le ridicule. Il est vrai qu’à ce stade, à quoi bon s’en faire encore ? Bon, Kadhafi. Le dictateur libyen est à Paris, et va donc offrir à la France de SAS (Son Altesse Sérénissime) Sarkozy quelques milliards d’euros venant du pétrole qu’il a volé à son peuple et à l’humanité du futur.

Est-ce bien le problème ? Qu’un satrape soit un satrape n’étonnera guère. En revanche, qu’un grand pays riche, supposément responsable, se couche de la sorte pour quelques contrats pose davantage de problèmes. Le pire est indiscutablement la vente de technologies nucléaires à ce bon monsieur, au pouvoir depuis tout de même 1969, à la même époque que Georges Pompidou chez nous.

Qui succédera à Kadhafi, et dans quelles conditions ? Personne ne le sait ni ne peut le savoir. Y aura-t-il un coup d’État, une guerre civile, un accord avec les islamistes locaux ? Mystère. Mais on vend du nucléaire à un vaste château de sable du désert. Tenez, je crois que je vais vous distraire tout de même. En Chine aussi, la France d’Areva et d’Anne Lauvergeon – encore une grande socialiste à la sauce Kouchner-Attali-Allègre -, a promis des réacteurs nucléaires à qui voulait bien faire un chèque.

Le soir du 21 novembre dernier (http://www.shanghaidaily.com), dans la ville de Yangjiang (province de Canton), on bâfre. 200 convives fêtent l’accession à la propriété – un très bel immeuble – d’un de leurs amis. Quand 500 policiers et militaires venus de la capitale débarquent au milieu des agapes, il y a là l’un des chefs politiques de la province, Lin Guoqin, député à l’Assemblée du peuple de Pékin. Mais aussi Xu Jianqiang, pote de banquet et chef incontesté des gangsters locaux. En fait, tous, y compris le député, appartiennent à une Triade, groupe criminel équivalent en Chine à la vieille Mafia sicilienne.

Que ne font-ils pas ensemble ? On cherche, en vain. Ils enlèvent, séquestrent, rackettent, assassinent, ouvrent des casinos illégaux, et vendent du ciment, de gré ou de force. Lin contrôle 99 % du ciment produit à Yangjiang, qui compte tout de même 2,5 millions d’habitants. Et ce qui devient hilarant, c’est que les centrales nucléaires, en Chine comme ailleurs, ont besoin de quantités industrielles de ciment. À Yangjiang, quatre centrales – chinoises, il est vrai – sont en projet. Et dans le reste du pays, trente réacteurs devraient voir le jour d’ici 2020, en partie grâce à l’exceptionnel savoir-faire d’Areva et de nos chers ingénieurs français.

Et puis ? Et puis, notre ami Lin, bien entendu, fourguait depuis des années un ciment d’extrême mauvaise qualité, y compris aux installations nucléaires. Mais chut ! Secret d’État, il ne faut surtout rien dire, cela nuirait aux affaires. Question banale : combien y a-t-il de Lin en Chine ? Combien de corrompus, de ripoux, de fournisseurs de matériaux de bas étage ? Et quelle est la fiabilité qu’on peut accorder, dans ces conditions, à la fabrication de monstres capables de vitrifier un pays en quelques heures ?

Sarkozy, irresponsable pour toujours et à jamais, couvert comme il le mérite par les minauderies d’un Kouchner, Sarlozy vend. Et passe le grand frisson de l’histoire. Car c’est cela qu’oublient les marchands : l’histoire des hommes. À La Hague, dans le Cotentin français, le Centre de Stockage de la Manche accueille une décharge de déchets nucléaires banals, parmi les moins radioactifs. Il faudra attendre 300 ans pour que 90 % d’entre eux aient perdu l’essentiel de leur activité.

300 ans. Il y a 300 ans, nous étions en 1707, sous le règne de Louis XIV. Imaginez un peu que le nucléaire ait alors existé. La gestion des sites et décharges aurait-elle été maintenue pendant la Révolution, l’Empire, les guerres ? Pensez-vous que monsieur Sarkozy soit immortel, et qu’il ira, inflexible, surveiller les descendants de Kadhafi et ceux de Mohammed VI le Marocain, à qui l’on a aussi offert notre nucléaire ?

Et que dire à ce compte de l’Algérie des généraux, elle aussi destinée à acheter nos réacteurs ? Il y a seulement 15 ans, les militaires, qui tiennent le pays depuis 1962 et y ont enfermé un peuple entier, supprimaient les élections, avant de se lancer dans une guerre de l’ombre contre les islamistes du FIS, massacres et manipulations en sus. Faut-il aussi leur faire confiance ? Comme à Lin, comme à tous ceux qui, inévitablement, préféreront toujours le profit du jour à la sécurité collective ? Franchement, je n’aime pas Nicolas Sarkozy.

Pouvoir d’acheter (et de se vendre)

J’écoutais hier le bon François Hollande faire semblant de s’énerver. À la radio. De quoi s’agissait-il ? De pouvoir d’achat. Enfin, enfin le Parti socialiste avait trouvé la faille dans le dispositif de Son Altesse Sérénissime (SAS) Sarkozy. Ce dernier avait failli, faillissait à propos de « la question la plus essentielle » – je cite -, qui serait celle du pouvoir d’achat des Français.

Là-dessus, ce matin, à en croire les revues de presse, la France entière se retrouve ébahie devant le triomphe sarkozien à Pékin, où il termine un voyage historique, peut-être même légèrement hystérique. 20 milliards d’euros de contrats ont été signés, si j’ai bien enregistré. Par des entreprises aussi exemplaires qu’Areva, Airbus, Alstom. Entre autres.

Areva va donc pouvoir exporter massivement sa bimbeloterie nucléaire high tech. On en reparlera lorsque la Chine se cassera en deux, en trois, en dix, sur fond de krach écologique et social, désormais probablement inévitable. La Chine des années 30 et 40 du siècle passé – voyez, je ne remonte pas à Mathusalem, ni à la dynastie Ming – était un pays en guerre permanente, y compris civile. Et les tensions inouïes qui y règnent, dont on parle si peu, n’annoncent pas le printemps des peuples. On reparlera du nucléaire made in France.

Airbus ? L’A380 est une bombe climatique volante, qui ne sort des hangars que parce que ses promoteurs misent sur un doublement des transports aériens mondiaux en vingt ans. Mais chut, il ne faut pas gâcher la fête. Officiellement, la France comme la Chine sont lancées dans une lutte décidée contre le dérèglement climatique. Décidée et même vigoureuse.

Alstom ? La belle entreprise, chère au coeur de M.Chevènement – elle a longtemps fait vivre Belfort, défunte place-forte du monsieur -, a fourni des turbines géantes pour les barbares placés aux commandes du barrage des Trois-Gorges, cette monstruosité écologique.

Bref, nous sommes heureux. Madame Buffet, monsieur Hollande, monsieur Bayrou, SAS Sarkozy. Ce dernier nous a offert, sur la fin de son voyage en Chine, un cadeau sublime, dont il est, soyons sport, coutumier. Il s’agit d’un discours (http://afp.google.com). Grand Guignol pas mort ! Sarkozy a proposé aux gérontes chinois un New Deal écologique, façon Roosevelt de banlieue. Et évoqué même la perspective de voir Pékin réaliser un Grenelle de l’environnement à l’échelle du pays.

Ce n’est pas une blague, en tout cas pas seulement. Je puis vous l’assurer, ce propos n’est nullement destiné aux Chinois. À moins que, n’ayant un sens de l’humour encore plus délicat que celui que je leur prête, ils ne se passent la cassette le soir venu, entre amis. Non, la Chine est lancée, grâce à nous tous, et ne s’arrêtera pas. Et ce n’est pas un fanfaron, venu d’un pays loitain autant qu’impuissant, qui leur indiquera une autre voie possible.

En revanche, le verbe sarkozien est clairement destiné à TF1 et aux gogos, hélas nombreux, de la galaxie écolo française. Il d’agit de montrer une cohérence, ou plutôt de l’afficher, ce qui est quand même plus simple. La réalité est qu’il existe un consensus national pour fourguer aux Chinois tout ce que nous pouvons fourguer. À n’importe quel coût écologique, social, humain. Telle est la condition pour maintenir chez nous un niveau de vie matériel démentiel, artificiel, insupportable.
Là-dessus, tous les compères sont d’accord. François Hollande a donc bien raison : le pouvoir d’achat est « la question essentielle ».

PS : Une sécheresse terrible frappe depuis deux mois le grenier à riz de la Chine. Les pluies d’automne ont chuté de 90 % d’une année sur l’autre. Bah, ils mangeront du pain Poilâne.

Le Pakistan et la nappe phréatique (Et Attali en prime)

À peine revenu du pays des bois – je vous raconterai, mais plus tard -, voilà que je tombe sur un coup d’État. Où ? Mais là-bas, voyons, du côté des Afghans et des Indiens, quelque part en bas à droite, quand on considère l’Europe comme le centre du monde.

Je veux parler du Pakistan, pour sûr, et de cet excellent allié de l’Occident dans la lutte contre le terrorisme, notre ami à tous Pervez Musharraf. Il est vrai qu’il s’agit d’une pure ganache, d’un militaire professionnel, vif partisan de la violence et de la dictature. Mais avons-nous bien le choix ?

Donc, un général. Qui ne supporte les élections que lorsqu’elles lui sont favorables. Et qui les abolit d’un mouvement de chars au moment qu’elles menacent sa toute-puissance. Un véritable ami, comme on n’en fabrique plus assez. Je n’entrerai pas ici dans le détail quotidien des choses, qui réserve comme de juste son lot de surprises. Je n’y ai pas ma place.

En revanche, regardant la scène d’un peu plus loin, je m’autoriserai à vous livrer quelques éléments qui feraient réfléchir si une telle activité avait encore cours sous nos admirables cieux. Et pour commencer, un souvenir personnel. Au début de 1990, je travaillais pour l’hebdomadaire Politis, né deux ans plus tôt. C’était assez rigolo : rue Villiers-de-l’Isle-Adam, dans l’ancien quartier prolétaire parisien de la place Gambetta, il faisait froid. Mais froid. Nous occupions un ancien atelier dépourvu de chauffage, il fallait disperser de maigres calories dans l’air, grâce à de pauvres bouteilles de butane, et la vérité, c’est qu’on vivait couverts. Comme c’était bien !

En cette superbe préhistoire, le journal s’appuyait, entre autres, sur des pigistes méritants. C’est-à-dire des journalistes capables de travailler sans être sûrs de rien, et surtout pas d’être payés. Parmi eux, l’Allemand Mycle Schneider, qui s’imposait dans ces années disparues comme un bon connaisseur des affaires nucléaires du monde. Un jour de janvier 1990, il est arrivé avec une histoire exclusive. Au moment même où le président Mitterrand débarquait à Islamabad, capitale du Pakistan, pour une visite officielle, Mycle (prononcez Mickael) déballait l’histoire de la bombe pakistanaise.

Je viens de relire ce papier, et il est toujours aussi formidable (Politis, 93, page 50). Mycle racontait par le menu le rôle de la France socialiste dans la possession, par un État que je qualifierai, sans crainte d’être contredit, d’instable, de la bombe nucléaire. N’y insistons pas, ici du moins : cette politique, imbécile autant que criminelle, signe la faillite de l’ère Mitterrand davantage que bien d’autres abandons.

En ce début d’année 1990, Jacques Attali ne prêchait pas encore l’ultralibéralisme, la liberté totale du grand commerce, la fin du principe de précaution et la création de nouvelles cités dispendieuses en énergie. Non, il se contentait de rêvasser, pour le compte de son maître, sur l’endiguement des trois grands fleuves du Bangladesh – partie du Pakistan jusqu’en 1971 – et de refuser l’ancêtre du Vélib, ce grand succès vélocypédique attribué au maire de Paris.

Je m’éloigne ? Certes, mais j’ai bien le droit de rire. Attali, qui n’aime rien tant que se présenter comme un homme bouillonnant d’idées et de projets, perpétuellement en marche vers un avenir qui court encore plus vite, Attali est un humoriste. En octobre 1989, comme le rapporte Courrier International ( n° 887, page 12) l’inventeur argentin Pedro Kanoff obtint un rendez-vous à l’Élysée avec Jacques Attali, noble conseiller du Prince. Kanoff avait imaginé un plan de déplacement urbain qui, trait pour trait, décrivait ce que serait vingt ans plus tard le Vélib.

N’était-ce pas une occasion unique, pour un homme au service grandiloquent de la prospective ? Si. Mais non. Attali éconduisit l’importun au bout de quelques minutes, sur ces mots d’anthologie : « Nous souhaitons changer, mais nous ne sommes pas fous…ce que vous proposez va contre l’industrie de l’automobile et du pétrole. Et nous ne pouvons pas le faire ».

Passons. En 1990, donc, Mycle pointe les écrasantes responsabilités de la France dans la fabrication de la bombe pakistanaise. En 1995, Attali publie un livre, que j’ai lu en son temps, intitulé Économie de l’apocalypse (Fayard). Il y décrit un monde plongé dans le chaos du nucléaire, notamment militaire. J’en retiens cette phrase, aussi amusante qu’elle est foldingue sous la plume d’Attali : « Lorsque le Secrétaire Général de l’ONU m’a demandé de préparer un rapport sur la prolifération et le trafic nucléaires, je ne m’attendais pas à tirer des conclusions aussi terrifiantes ».

Toujours avec moi ? Eh bien, nous voici en 2007, et le Pakistan a encore la bombe. Laquelle risque de tomber demain matin dans les mains de l’ISI, les services secrets militaires pakistanais, qui mangent depuis des lustres dans la même assiette que les preux chevaliers d’Al-Qaïda.

Je lis ces jours-ci un livre d’Éric Laurent, Bush, l’Iran et la bombe (Plon). Si vous êtes pressé, rendez-vous pages 119 et suivantes. On y voit comment le Pakistan de M.Khan – un expert mis au premier plan par Mycle en 1990 – a constamment aidé l’Iran des mollahs à fabriquer la bombe nucléaire. Si demain, et je prie qu’il n’en soit pas ainsi, une guerre a lieu entre les États-Unis – avec la France sarkozyste dans le rôle du caniche ? – et l’Iran, qui osera rappeler les vraies responsabilités du drame ?

Qui mettra en parallèle la prolifération, prélude aux guerres atomiques, et l’absurde promesse de notre président à tous les États du monde de leur vendre notre technologie nucléaire supposément civile ? Peut-on compter sur Jean-Pierre Elkabbach et Patrick Poivre d’Arvor ? Je l’espère bien, au moins autant que vous.

Enfin, un mot sur le Pakistan réel, assez éloigné de l’imagerie journalistique ordinaire. Ce pays est à l’agonie, et pour des raisons qui n’intéressent personne. Cette nation agricole compte 160 millions d’habitants, et elle a perdu ces dernières années sa précieuse autonomie alimentaire. Le Pakistan est désormais contraint d’importer des céréales. Or sa production actuelle est tout ce qu’il y a d’artificiel, car il a dilapidé en quelques décennies ses réserves souterraines d’eau, qui n’ont aucune chance de se renouveler dans des délais compatibles avec l’appétit de ses habitants. Le niveau des nappes phréatiques dans la plaine du Pendjab, décisif en toute hypothèse, baisse de 1 à 2 mètres chaque année depuis au moins vingt ans. Une ville comme Quetta (http://www.irinnews.org), proche de l’Afghanistan des taliban, sera bientôt à sec. Et bientôt, très bientôt, le Pakistan verra sa production céréalière baisser. Il n’y pas l’ombre d’un doute.

Autrement dit, un pays surpeuplé, tenté par l’islamisme radical, va connaître la faim. Et il aura été doté par nos soins d’une arme épouvantable, face à l’Inde, elle-même équipée de missiles nucléaires. Question qui n’appelle pas de réponse : des responsables aussi irresponsables que les nôtres méritent-ils notre confiance ?

Aimez-vous les crachats ?

Encore LUI ? Pas de ma faute. Sarkozy est un cas. Vous savez aussi bien que moi ce qu’il vient de déclarer à New-York, depuis la tribune de l’ONU. Il est prêt en notre nom à vendre du nucléaire à qui aura assez de dollars pour l’obtenir. Tout le monde en aura. Tout le monde, du moins, pourra faire gonfler le chiffre d’affaires d’Areva, dirigée – tiens – par une ancienne collaboratrice de Mitterrand.

Tout le monde. Charles Taylor, s’il était encore au pouvoir au Liberia, y aurait droit. Dans ce pays radieux, du temps où cet excellent Charles régnait sur les ruines, on arrêtait les gens sur les routes, et on les tuait sans autre forme de procès. Pour rire, quoi. Dans la Sierra Leone voisine, chez le grand ami de Taylor Sam Bockarie, on avait inventé un jeu original : « manches longues » ou « manches courtes » ? Il ne fallait pas se tromper. Celui qui disait « manches courtes » se voyait couper le bras à hauteur de l’épaule. Celui qui préférait les manches longues conservait un moignon, jusqu’au coude.

Bien entendu, il serait resté un problème. Comment ces gens-là auraient-ils payé notre bel atome « civil » ? Eh bien pas d’inquiétude pour Areva : Taylor et Bockarie avaient des diamants plein les poches. Et Sarkozy est assez pragmatique pour comprendre qu’on prend ce qu’on trouve. La France éternelle aurait troqué. Et voilà.

Tout le monde. Les satrapes. Les cinglés. Les assassins. Les monstres de Bosch. Les Inquisiteurs. Les ayatollahs. Les djihadistes. Les staliniens. Les hyènes et les chacals. Tout le monde, doté par Son Altesse Sérénissime Sarkozy de réacteurs made in France. Lisez, si vous n’êtes pas en train e vomir, les propos de notre président. Cet homme ignorant et inculte croit ce qu’il dit, cela ne fait aucun doute.

Or donc, pour lui, le nucléaire pour tous, c’est de la croissance « propre », et un moyen sûr de lutter contre le réchauffement climatique. Si. Il le croit. Cet homme crache au visage des martyrs de Tchernobyl. Et au-delà, de tous ceux qui, en France et dans le monde, croient encore pouvoir sauver ce qui reste de vie sur terre. Lui, il s’en fout, car il est heureux. D’être là, à la tribune. Sur la photo. Avec Christian Clavier ou Johnny. Eh, les gars du Grenelle de l’Environnement, pas de regrets ?

Par ailleurs, ce matin, je suis en deuil. André Gorz, et Dorine son épouse chérie, se sont donné la mort. Je les comprends sans peine. Gorz ne pouvait vivre sans elle. Elle était malade. Ils sont donc partis ensemble. Comme je comprends ! Mais Gorz était par ailleurs un puissant intellectuel. Raffiné, pénétrant, écologiste de surcroît. Je reparlerai de lui. En attendant, je le pleure.

Es lebe Deutschland (Vive l’Allemagne) !

Un deuxième petit papier ce dimanche. Notre excellent ami Sarkozy est allé en Allemagne, il y a quelques jours, pour convaincre Angela Merkel de ne pas renoncer au nucléaire à l’horizon 2020, comme c’est entendu là-bas. Je l’ai écrit ici, quel pied de nez insolent au Grenelle de l’environnement ! Je n’y reviens pas.

En revanche, cet ajout concernant la politique allemande réelle, qui ne semble pas consommer autant de colifichets que la nôtre. Lisez, si vous avez un peu de temps, ce document (en français) passionnant (1). Cela date de quelques mois, mais il n’y a aucun doute : nous sommes loin des miasmes élyséens. Il s’agit d’un résumé de la politique énergétique menée en Allemagne. Que d’idées, que d’audace (relative) !

Deuxième info, récente elle, car elle date de fin juillet (2). L’ambassade allemande à Paris annonce que Merkel travaille sur un vaste plan, qui sera annoncé cet automne. Il concerne également l’énergie et vise, de manière cohérente, à diminuer la consommation et à multiplier l’offre d’énergies renouvelables. Là-encore, c’est diablement intéressant.

Je peux me tromper, ce ne serait pas la première fois, mais je crois que Son Altesse Sérénissime Nicolas Sarkozy risque d’avoir fait chou blanc à Berlin. Et tandis qu’il amuse (mal) la galerie avec ses moulinets, d’autres, avec qui je partage pourtant si peu, agissent. Et dans le bon sens. Misère, où vais-je ainsi ?

(1) http://eole.over-blog.net

(2) http://www.lessourcesdelinfo.info