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Le point de vue d’un électeur du Front de Gauche sur Chávez

Je ne peux résister à vous offrir cette tribune de Marc Saint-Upéry parue dans Le Monde avant la mort du glorieux Chávez (le 4 octobre 2012). Saint-Upéry est un altermondialiste bien connu dans ce milieu. Journaliste, traducteur, éditeur, essayiste, il habite en Équateur depuis longtemps et connaît très bien les gauches latino-américaines. Ce qui ne signifie évidemment pas qu’il a raison. Mais le propos ci-dessous mérite d’être lu, éventuellement une fois de plus.

Un antimodèle à gauche

LE MONDE | 04.10.2012

Par Marc Saint-Upéry, essayiste et traducteur

Présenter aujourd’hui l’expérience chaviste comme une inspiration pour la gauche européenne est tout simplement une escroquerie intellectuelle. Si l’on prétend débattre du Venezuela, mieux vaut ne pas substituer à une analyse sérieuse des demi-vérités propagandistes glanées lors de visites guidées dans les villages Potemkine du cirque bolivarien.

Observateur et militant sur le terrain des processus politiques et sociaux sud-américains depuis quinze ans, je suis aussi électeur du Front de gauche. C’est à ce double titre que je souhaite apporter mon point de vue. Bénéficiaire de la plus abondante manne pétrolière de son histoire, le Venezuela a engagé à partir de fin de l’année 2003 une politique de réduction de la pauvreté méritoire mais très problématique dans ses méthodes comme dans sa substance.

Elle se heurte depuis cinq ans à des limites intrinsèques tandis que persistent ou s’aggravent des problèmes aigus d’insécurité, d’inflation, de logement et de sous-emploi. Quant à la marche vers le « socialisme », signalons simplement que la part du secteur privé dans la formation du PIB vénézuélien a en fait augmenté sous les mandats d’Hugo Chavez.

Parallèlement à la décadence avérée des « missions » bolivariennes – brièvement revitalisées à coups de pétrodollars avant chaque élection -, ce qui fait défaut, c’est une véritable politique sociale articulée à une réforme cohérente de l’appareil d’Etat. Le social, au Venezuela, ce sont des opérations de commando extra-institutionnelles, sans horizon soutenable défini, parfois militarisées, ou bien directement gérées par un Etat étranger en échange de cadeaux pétroliers.

Nul besoin de prêter l’oreille à la propagande de la droite locale pour comprendre comment cette politique velléitaire s’inscrit dans la logique perverse du pétro-Etat vénézuélien. Dans un document datant de 2011, le Parti communiste vénézuélien, allié discrètement réticent d’Hugo Chavez, signale que non seulement « le modèle de capitalisme dépendant rentier et improductif dominant dans notre pays se perpétue, mais qu’il se renforce ».

On ne constate « aucun progrès en matière de diversification de l’économie » mais au contraire un grave approfondissement de sa dépendance – technologique et alimentaire en particulier – et le triomphe d’une bourgeoisie importatrice parasitaire. Les communistes vénézuéliens soulignent en outre que les initiatives économiques de type coopérative ou « entreprise de production sociale » promues marginalement par le régime ont « très peu de succès » – un euphémisme poli vu les désastres observables sur le terrain.

Dénonçant les dégâts de l’hyperprésidentialisme et l’absence totale « d’instances de direction collective « , ils décrivent l’Etat bolivarien comme « hautement inefficace », constatent une « intensification de la corruption » et déplorent, à côté d’avancées sociales partielles et fragiles, une véritable « régression en matière de planification, de coordination et de prestation d’une série de services publics fondamentaux ». Conclusion : « On ne peut plus occulter le fossé entre le discours « socialiste » de certains acteurs gouvernementaux et la pratique concrète du gouvernement, et la tension qui en résulte atteint un point critique. »

C’est le même diagnostic qu’émettent les nombreuses organisations politiques et sociales de gauche et les dizaines de milliers de militants progressistes honnêtes qui, ces dernières années, ont pris leurs distances à l’égard du processus bolivarien. Aussitôt traités de « traîtres » et d' »agents de l’Empire » par les sbires du régime, ils ont pourtant cent fois raison de dénoncer ses contradictions criantes et la culture politique ultra-autoritaire constamment réaffirmée par la voix de son maître : « J’exige la loyauté absolue envers mon leadership. Je ne suis pas un individu, je suis un peuple… Unité, discussion libre et ouverte, mais loyauté… Tout le reste est trahison. » (Hugo Chavez, janvier 2010.)

Résumons. Sur le plan social, aux efforts redistributifs des années 2004-2006 – passablement erratiques mais ayant eu le mérite de mettre la question sociale au centre du débat politique – a succédé une phase de stagnation liée aux gravissimes dysfonctions d’un Etat rentier colonisé par la boliburguesía (la « bourgeoisie bolivarienne »).

Sur le plan économique, on constate l’approfondissement vertigineux d’un modèle parasitaire, dépendant et corrompu que Chavez n’a pas inventé, mais dont il a porté à l’extrême tous les traits les plus néfastes. Sur le plan international, il y a longtemps que tout le monde sait en Amérique latine que, du fait de ses incohérences et de son histrionisme stérile, Chavez a perdu la bataille du leadership régional.

Le discours « anti-impérialiste » du régime, dont les relations pétrocommerciales avec les Etats-Unis sont excellentes, se résume à un soutien indéfectible et tonitruant à Mouammar Kadhafi, Bachar Al-Assad, Mahmoud Ahmadinejad ou Alexandre Loukachenko. Qui plus est, Chavez est pathétiquement dépendant des multinationales brésiliennes et mange dans la main de son « meilleur ami », le président colombien Juan Manuel Santos, allié crucial de Washington.

Au niveau des pratiques institutionnelles, le gouvernement de Chavez n’est certes pas une dictature, mais, pour prendre une comparaison européenne, sur un gradient d’autoritarisme manipulateur qui irait de Silvio Berlusconi à Vladimir Poutine, il est très proche dans ses méthodes et son esprit d’un régime comme celui de Viktor Orban en Hongrie.

Justice aux ordres, criminalisation des mouvements sociaux et du syndicalisme de lutte (les « affaires Tarnac » de Chavez se comptent par dizaines), incarcérations arbitraires, interdictions professionnelles, confusion systématique du parti et de l’Etat, mépris des mécanismes et des garanties définis par la Constitution bolivarienne, tolérance complice de la corruption dans les rangs du pouvoir et protection éhontée des nouveaux riches au service du régime, la liste des abus et des violations est copieuse.

Enfin, en termes d’éthique militante, Chavez et son parti croupion incarnent un modèle hyper-caudilliste caractérisé par ses tendances mafieuses et son charlatanisme idéologique. Malgré une érosion électorale constante depuis 2007, Chavez conserve suffisamment de capital charismatique pour gagner les élections, et les Vénézuéliens ont le droit de choisir leurs dirigeants sans ingérences extérieures ni campagnes de diabolisation. Mais sur le fond, le « modèle » bolivarien est exactement le contraire de ce à quoi devrait aspirer une gauche digne de ce nom.

© Marc Saint-Upéry

Marc Saint-Upéry est l’auteur du « Rêve de Bolivar : le défi des gauches sud-américaines » (La Découverte, 2007)

Trois mots sur Hugo Rafael Chávez Frías

Chávez, président du Venezuela, est mort le 5 mars, et je n’ai pas souhaité commenter ici. J’ai parlé bien des fois sur Planète sans visa de ce caudillo, et l’ai abondamment conspué. Inutile d’en rajouter au moment de sa mort. Le certain, c’est que je ne le pleure pas. Mais comme je ne voulais pas m’associer au chant oligarchique planétaire qui fête sa mort, j’ai préféré le silence. Et d’autant que je ne voulais pas m’associer davantage à ceux qui, comme Hervé Kempf (ici), saluent un homme « libre ». Libre ? Malgré la réelle amitié que je porte à Hervé, je dois bien constater que nous ne sommes pas d’accord, mais vraiment pas d’accord du tout sur le sens du mot liberté.

L’incroyable facilité avec laquelle une partie des écologistes, notamment altermondialistes, a versé dans le soutien à un chef militaire comme Chávez tient bien sûr à l’Histoire, à l’éternelle psychologie des humains confrontée aux sables mouvants des événements courants. Je ne reprends pas ici ce que j’ai écrit 100 fois. Par une insupportable légèreté de la pensée, la gauche française a refusé de tirer le vrai bilan des stalinismes, dans lequel j’inclus évidemment Castro et Cuba. Chávez est une queue de comète de ce grand phénomène monstrueux. Qui mêle des traces évidentes de caudillisme à la sauce latino à une conception du pouvoir qui doit beaucoup à ce qui s’est passé en Union soviétique entre 1926 et 1991. Les morts « de gauche » ne comptent pas davantage à gauche que les morts « de droite » à droite.

Chávez aura fait perdre des années précieuses à ceux qui cherchent une sortie humaine à la crise historique de notre aventure commune. Je vous l’ai dit, je n’insiste pas. Dans les quelques textes que j’ai retrouvés et que je vous signale ci-dessous, il y a de quoi réfléchir me semble-t-il. Mais je dois constater que jamais les thuriféraires de Chávez en France – mélenchonistes en tête – n’ont accepté le moindre débat. Je le comprends, car la discussion est à leurs yeux close. À l’inimitable manière stalinienne – je les entends rigoler d’ici : “Encore ces vieilles histoires !” -, il y a ceux qui avalent toutes leurs balivernes, qui sont des frères. Et puis les autres.

Bah ! je n’y peux évidemment rien. Encore un mot : dans les textes ci-après, classés du plus ancien au plus récent, on verra peut-être que j’aborde aussi la question écologique. Car de toutes les contrefaçons qui auront entouré la personne de Chávez, c’est bien sa réputation d’écologiste qui m’aura le plus choqué. Un bon week-end à tous.

https://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=298

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L’élevage industriel, combien de morts ?

Publié dans Charlie Hebdo du 27 février 2013

Ne pas se laisser impressionner par la propagande, qui a découvert un joli bouc émissaire dans le scandale de la bidoche. Derrière le rideau de scène, le vrai responsable du massacre est l’élevage concentrationnaire.

C’est un peu Au théâtre ce soir, défunte émission de la télé où les décors étaient de Roger Harth et les costumes de Donald Cardwell. Le scandale en cours de la bidoche de cheval fait revivre les belles heures du théâtre Marigny, mais en plus ringardos, ce qui n’est pas à la portée du premier metteur en scène venu.

Dans le rôle du gogol, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture. Dès  le 11 février, alors que le feu gagne la plaine, il déclare sans s’étouffer : « Je découvre la complexité des circuits et de ce système de jeux de trading entre grossistes à l’échelle européenne ». Le gars est petit-fils de paysan breton, il a un BTS agricole et il a même enseigné plus tard l’économie dans un lycée agricole. Mais il ne sait pas que la viande circule d’un pays à l’autre. Stéphane, même pas drôle.

Mais changeons plutôt de sujet, car on se contrefout que des marlous aient décidé de mettre du cheval dans un plat de bœuf. Dans un monde où Findus appartient à un fonds de pension qui exige 8 à 10 % de rentabilité financière par an, tous les maillons de la chaîne sont appelés à truander pour remplir leurs obligations. Parlons plutôt de ce qui est planqué dessous le sang des bêtes. Pour bien comprendre ce qui va suivre, il faut commencer par un point d’Histoire.

En 1961, Edgard Pisani devient le ministre de l’Agriculture du général de Gaulle. Dans le droit-fil du comité Rueff-Armand, qui entend dynamiter le cadre économique ancien – le libéralisme, déjà – une poignée de technocrates, soutenus par Pisani, décident en toute simplicité une révolution de l’élevage.

L’idée est de profiter de l’avantage comparatif français – 20 millions de bovins et de grandes surfaces de pâturages – pour produire massivement de la viande, laquelle sera exportée dans le Marché commun naissant, et permettra en retour d’investir dans des industries d’avenir. Le plus con, c’est que ce projet va marcher. En février 1965, Pisani est en Bretagne, et sous les vivats, il annonce que la région doit devenir « l’atelier à viande et à lait » de la France. En 1966, une grande loi sur l’Élevage est votée, et tout le monde s’embrasse sur la bouche : l’animal est pleinement devenu une marchandise.

Mais un produit industriel est là pour cracher du flouze, par pour faire plaisir aux amis des animaux. Un système se met en place, à coup de sélection génétique, d’alimentation « scientifique » – une partie viendra des Amériques sous la forme de soja -, de hangars concentrationnaires, de barres métalliques de contention pour interdire au capital de bouger son cul, et bien sûr de produits chimiques. La chimie est au cœur de l’aventure industrielle de la viande.

Vaccins, anabolisants, hormones de croissance, antiparasitaires, neuroleptiques pour calmer les nerfs des prisonniers, et bien entendu antibiotiques sont utilisés chaque jour. Les antibiotiques, dans la logique industrielle, ne sont pas là pour soigner, ou si peu : on a découvert dans les années Cinquante qu’en gavant les animaux avec ces médicaments, on obtenait comme par magie une croissance accélérée de leur poids, et donc des profits.

L’utilisation d’antibiotiques comme facteurs de croissance a été interdite en Europe en janvier 2006, mais cela n’a pas changé grand-chose au programme des réjouissances chimiques. La liste officielle des médicaments vétérinaires autorisés (1) contient des dizaines de substances dont aucune autorité ne connaît les effets combinés. La seule certitude, c’est que certains sont violemment toxiques et rémanents. Ce qui veut dire qu’ils sont stables longtemps, et peuvent, pour certains, entrer dans la chaîne alimentaire.

Par ailleurs, signalons que des études (2) montrent que des restes de médicaments vétérinaires sont retrouvés dans la viande de petits pots destinés aux bébés. C’est affreux ? D’autant que la toxicologie connaît ces temps-ci un ébouriffant changement de paradigme. Pour de multiples raisons impossibles à résumer, il devient hautement probable que d’infimes doses de résidus peuvent avoir un effet délétère sur la santé humaine. Et des mioches encore plus.

Autre folie consubstantielle à l’élevage industriel : les antibiotiques. Au plan mondial, la moitié des antibiotiques produits seraient utilisés dans l’élevage. On ne peut plus s’en passer si l’on veut faire du chiffre. Mais les conséquences sont lourdes, car les bactéries que flinguent les antibiotiques font de la résistance. Au bout de quelques années, elles mutent, et ne sont plus éliminées par l’antibiotique. L’antibiorésistance fait flipper tous les spécialistes, car on ne parvient plus à découvrir de nouveaux antibiotiques au même rythme que mutent les bactéries. Résultat : ça meurt, mais grave. Les infections nosocomiales, celles qu’on chope dans les hostos, font des milliers de morts chaque année en France.

Et l’élevage réclame sa part dans le bilan. Un article hallucinant publié fin 2007 dans le New York Times (3) rapporte que 19 000 Américains sont morts en 2005 d’une infection au SARM (Staphylocoque doré résistant à la méticilline). Plus que le sida, sans déconner. Le SARM compte plusieurs souches, dont une est animale, et prospère dans les élevages industriels de porcs. Elle touche nombre d’éleveurs, ainsi que des vétérinaires. Comme les autorités n’ont pas envie d’un nouveau scandale du sang contaminé, elles ont gentiment diligenté une enquête européenne, en 2008, sur le SARM animal, sous la forme CC398 qu’on retrouve dans les porcheries.

Le résultat des courses fait plaisir à voir. L’Allemagne a retrouvé le CC398 dans 43, 5 % des échantillons analysés. La Belgique dans 40 %. L’Espagne, dans 46 %. L’Italie dans 14 %. Autrement résumé, la France est entourée de voisins chez qui le SARM animal est une grave menace. Mais la France n’annonce que 1,9 % des échantillons contaminés.

On est loin de la viande de cheval ? Très près, au contraire. Tandis qu’on anime le spectacle d’un côté, on compte les morts de l’autre. Vive l’élevage industriel !

(1)    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000432020&dateTexte=&categorieLien=id
(2)     Food Chemistry, 15 juin 2012, Pages 2171–2180
(3)    http://www.nytimes.com/2007/12/16/magazine/16wwln-lede-t.html?_r=0

Pourquoi n’y a-t-il pas de Michael Bloomberg en France ?

Bloomberg est un businessman à l’américaine. Il a donc fait fortune en détruisant le monde, en investissant là où la destruction du monde lui laissait prévoir du profit. Né en février 1942, il vient d’avoir 71 ans, et il possède la dixième fortune des États-Unis. Quelque chose dans sa besace qui tourne autour de 25 milliards de dollars. Ponte de la banque d’investissement Salomon Brothers, il s’en fait lourder au moment de sa vente, en 1981, et part avec un petit chèque de 10 millions de dollars. Qu’il investit dans une société de conseil financier aux entreprises, Innovative Market Systems. C’est le début d’une success story comme on aime là-bas. La boîte devient Bloomberg L.P en 1987, et installe jusqu’à 310 000 terminaux dans le monde entier, qui abreuvent les transnationales, à la vitesse de l’électronique, de précieuses informations sur les bons coups à faire, surtout financiers.

Il est bien clair que Bloomberg est un ennemi déclaré des valeurs qui sont les miennes. Et pourtant, il m’intéresse. Car le zoziau, devenu maire de New York en 2002 – il l’est toujours -, prend très au sérieux la crise écologique. Vous vous souvenez que l’ouragan Sandy, en octobre 2012, a durement frappé New York, qui a évacué 375 000 de ses habitants de peur qu’ils ne soient noyés par la montée des eaux. Bloomberg y a vu le signe, après beaucoup d’autres, que le dérèglement climatique était déjà là. Et lui, ancien démocrate, ancien républicain, « indépendant » désormais, au sens américain, a appelé à voter Obama pour la raison qu’il annonçait un plan destiné à lutter contre le réchauffement climatique. Citation : « Because we now know beyond a doubt that global warming is a reality.  And the question we must all answer is, « What are we going to do about it? » ». La question à laquelle répondre, face à un changement climatique devenu réalité, est : “Qu’allons-nous faire ?”.

Il pourrait s’agir de rhétorique, de moulinets médiatiques, mais non. Je lis ce matin (ici) que Bloomberg et le Sierra Club – une vieille association écologiste – annoncent ensemble ce qu’ils nomment une victoire. Ils s’attribuent la fermeture d’environ 15 % des centrales au charbon – très émettrices de gaz à effet de serre – par une série d’actions publiques, premier pas vers un objectif de 30 % – au total – d’ici 2015. Bloomberg a donné 50 millions de dollars au Sierra Club pour sa grand campagne Beyond Coal – au-delà du charbon – et annonce que le gaz naturel pourrait avantageusement remplacer le charbon dans le mix énergétique américain.

Bloomberg reste un ennemi. S’il combat le charbon, c’est parce que le réchauffement lui fait craindre pour l’avenir du business. Il est d’ailleurs, et c’est logique, un grand partisan de l’exploitation des gaz de schistes. C’est un ennemi, mais lui du moins a bougé. Sa pensée a reconnu l’existence d’un danger majeur, qui l’entraîne à des actes tournés contre le monde qu’il a si puissamment aidé. Il veut ainsi interdire dans les rues de sa ville, dans les fast food, les supérettes, la vente de sodas dans des gobelets de plus de 470 ml. Pour lutter contre l’obésité. On peut certes en rire, mais aux États-Unis, une telle intervention publique est rarissime.

 

Bon, on m’aura compris, je l’espère. Et pourquoi n’avons-nous pas un seul politicien, en France, capable de tels mouvements ? Un Jean-Marc Ayrault, qui croit pouvoir imposer par la matraque son aéroport de Notre-Dame-des-Landes ? Un Fabius, foutriquet de l’écologie, qui encensait dès 1992 l’agronome Lester Brown pour mieux l’oublier ensuite ? Un Rocard, expert-branleur (ici), ignorant à pleurer ? Un Mélenchon, spécialiste du discours enflammé, mais défenseur dans les faits de la bagnole ? Je viens d’aller voir sur le site du Parti de Gauche, où les communiqués sur Science Po, la Russie, l’austérité abondent. Mais au moment où le gouvernement envisage une prime à la casse pour relancer l’industrie automobile, pas un mot sur le dossier, crucial pourtant. Le mot Diesel – ces moteurs et leurs poussières tuent massivement – est même inconnu du moteur de recherche. Et ne parlons pas des communistes amis de Mélenchon, qui bien sûr sont pour la bagnole individuelle, symbole pourtant d’un monde en perdition.

Non, ne parlons pas d’eux. Et encore moins de cette lamentable droite farcie de ces « climatosceptiques » qui nous entraînent au chaos. De Copé à Fillon, de Jacob à Dati, de Juppé à Gaudin, tous, à des degrés divers, sont des soutiens de Claude Allègre, et surtout de fichus crétins. J’eus pu citer, de gauche à droite, et même de l’extrême gauche à l’extrême droite, dix fois plus de personnes. La vérité, c’est qu’aucune ne s’intéresse pour de bon au phénomène politique le plus important de l’histoire humaine, qui est la crise écologique. Il va de soi que cela les disqualifie en totalité.

Bloomberg est ce qu’il est – Dieu sait ! -, mais il est au moins sorti de ce néant dans lequel se complaît notre classe politique.

Un avis de la CGT à chialer (sur Notre-Dame-des-Landes)

On me dira que ce responsable de la CGT ne représente pas son syndicat. Polope, comme je disais souvent dans ma jeunesse banlieusarde. Yves Tual est un bonze de la CGT des ports, et il s’exprime au nom de sa confédération. La commission de dialogue dont il est question est la foutaise imaginée par Ayrault et ses amis socialos pour calmer le jeu. Elle a écouté une série d’acteurs, et rendra un avis avant la fin mars, dont il n’y a rien à attendre. Ayrault veut. Hollande ne sait pas comment sortir du merdier. Mais en attendant, la tradition productiviste de la CGT s’exprime ci-dessous avec une vigueur inentamée. Oui, on peut en chialer.

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Syndicat CGT                     Donges le 28/02 /2013

G P M

NANTES SAINT NAZAIRE

RENCONTRE AVEC LA COMMISSION  DU DIALOGUE AEROPORT
NOTRE DAME  DES  LANDES

Mercredi 27 Février 2013, à ma demande, j’ai été auditionné par Mrs Chéreau et Kbaier, membre de la commission de dialogue.

Au cours de cette audition, j’ai rapellé mon attachement à la réalisation de cet équipement structurant pour le Grand Ouest de la France. Au cours de mon activité syndicale j’ai toujours défendu les projets économiques porteur d’emplois et  et rappelé que dans le contexte d’un accroissement du chomâge, nous ne pouvons laisser une minorité torpiller et remettre en cause un tel chantier.

J’ai fait part à la commission que nous pouvons faire un parralèle entre les projets de développement portuaire et aéroportuaire, ils sont tous encadrés par des  cadres juridiques, des réglementations et des directives trop lourdes qui sclérosent leur realisation. En atteste actuellement l’élaboration des plans de PPRT Donges et de Montoir qui bloquent tous les projets sur le port de Nantes Saint-Nazaire.

J’ai aussi fait remarquer à la commission, que le port a déjà subi de graves entorses dans sont développement avec Donges-Est et qu’il risque encore d’avoir des difficultés sur ses projets Aval, nous ne pouvons plus addmettre cette telle décroissance.

Concernant la réalisation de ce nouvel équipement à Notre Dame des Landes, j’ai rappelé à la commission la nécessité de le relier aux réseaux routiers et ferroviaires dès sa  mise en service et notamment à la liaison train  tram  en réalisant une bretelle de raccordement à la ligne Nantes Chateaubriant.  Prenant exemple sur les ports ou leurs développements sont toujours conditionnés par  des infrastructures routières, ferroviaires et fluviales.

D’autre part, la réalisation d’une liaison train tram permettrait une meilleure fluidité de  circulation des résidants  de toute cette zone aux heures d’embauches et de débauches.

Sur les incidences du déplacement de l’aéroport de Château Bougon à Notre Dame des Landes, j’ai rappelé la nécessité de conserver la piste pour les activités d’AIRBUS Nantes, de nombreux emplois en découlent.

Enfin j’ai insisté sur :

?    Le fait qu’il faut absolument savoir marier Ecologie et Economie. En tant que responsable syndical, j’ai toujours lutté pour la place de l’homme au cœur de la société, mais il faut toujours trouver des compromis entre l’économie, l’écologie et le sociale.

?    Qu’il est nécessaire de mettre en place des mesures environnementales de  grandes qualités et concertés pour la réalisation de la nouvelle plate forme aéroportuaire

?    Qu’opposer l’économie à la préservation de l’environnement est aussi ridicule que de voir aujourd’hui le dogmatisme soit disant écologique opposer l’environnement avec la vie du territoire

?    Que la réalisation  de cet équipement indispensable au développement économique, social et culturel du Grand Ouest ne prenne aucun retard, cela augmenterait d’autant son coût de réalisation

YVES TUAL
Ex  secrétaire général syndicat CGT Port Autonome NANTES SAINT NAZAIRE