Archives de catégorie : Politique

L’incroyable crime des biocarburants (encore, encore et encore)

Vous lirez plus bas la traduction en français d’un article du Financial Times, que m’adresse l’ami Christian Berdot, que je salue fraternellement, une fois encore. Comme ils doivent avoir peur ! Comme les puissants doivent redouter de futures émeutes de la faim ! Prenant le contre-pied de l’épouvantable politique sarkozyenne sur le sujet, les grandes institutions libérales de ce monde libéral osent dire tout haut ce que tant savent depuis des années : il faut arrêter les subventions à l’industrie des biocarburants. Tout de suite !

J’en bous de rage impuissante. Si je pouvais exprimer ce que je ressens, il y aurait du dégât chez quelques salauds, je vous le jure. Âmes sensibles, ne lisez pas. Je rappelle – car bien des lecteurs de Planète sans visa l’ignorent, que j’ai publié en 2007 chez Fayard un livre dénonçant les biocarburants (La faim, la bagnole, le blé et nous). Je rappelle le principe de ce procédé : on change en carburant automobile des millions de tonnes de plantes alimentaires comme le maïs, la canne à sucre, le manioc, l’huile de palme, le blé, le colza, etc. Dans un monde où un milliard des nôtres souffrent d’une faim chronique, c’est un crime de masse.

Inutile de protester contre l’emploi du mot biocarburant, que j’assume pleinement. Je déteste – désolé pour vous tous – l’usage écologiquement correct du mot agrocarburant, qui permet à tant de cauteleux de se dédouaner à très bon compte. Je ne dis pas, et je ne crois pas que c’est votre cas. Je dis que j’ai rencontré nombre d’hypocrites qui, ne voulant pas agir, se réfugiaient dans le vocabulaire. Merde ! Le mot juste est bien entendu nécrocarburant, mais je préfère encore affronter la bête avec celui des marchands, qu’au reste tout le monde comprend. Avez-vous essayé, en dehors des cercles avertis, d’utiliser agrocarburant ? Soyez sincères.

Après ce livre de 2007, j’ai alerté toutes les grandes associations écologistes – WWF, Greenpeace, Hulot, notamment – et rien n’a été lancé, ce qui est un déshonneur complet à mes yeux. Le résultat de leur lamentable inertie – je mets de côté les valeureux Amis de la terre, qui ont agi -, c’est que le patron de la filière biocarburants en France, le céréalier Xavier Beulin, est devenu en décembre2010 le président du syndicat de l’agriculture industrielle, la FNSEA. Shame on you !, vous les gens du WWF, de Greenpeace, de France Nature Environnement (FNE) et de l’ex-Fondation Hulot. Shame on you !

L’ARTICLE DU FINANCIAL TIMES (ici), TRADUIT PAR LES AMIS DE LA TERRE (j’y ai remplacé le mot agrocarburants par celui de biocarburants)

Un rapport demande instamment l’arrêt des subventions pour les biocarburants

Par  Joshua Chaffin à Bruxelles. Publié le 9 juin 2011 dans le Financial Times

Un groupe d’organisations de premier plan conclut, dans un rapport exposant les moyens de réduire la volatilité des cours mondiaux des produits alimentaires, que les subventions gouvernementales pour promouvoir l’utilisation des biocarburants devraient être éliminées. Le rapport a été préparé par 10 organismes dont la Banque Mondiale, l’Organisation Mondiale du Commerce et les Nations-Unies et sera présenté ce mois-ci aux ministres du G20 qui l’a commandité.

Nombreuses sont parmi ces organisations celles qui ont déjà exprimé des inquiétudes quant aux conséquences des biocarburants. Ce rapport se différencie toutefois des précédents par son fort caractère institutionnel et par son langage direct. On peut y lire que « Les gouvernement du G20 devraient supprimer les dispositions de leurs politiques nationales actuelles qui subventionnent (ou rendent obligatoire) la production ou la consommation des biocarburants ». Et un peu plus loin que si les gouvernements ne procèdent pas à un retrait pur et simple, ils devraient au moins développer des plans d’urgence pour suspendre temporairement leurs mécanismes de soutien lorsque les prix alimentaires sont élevés et que les ressources se font rares.

Le rapport confirme une hostilité grandissante à l’égard des biocarburants.  S’ils furent à une époque salués comme les sauveurs d’une économie basée sur les énergies fossiles, ils sont aujourd’hui de plus en plus tenus pour responsables de la poussée des prix alimentaires, car ils détournent du maïs et d’autres plantes alimentaires des assiettes vers les réservoirs.

D’après le rapport, les biocarburants ont consommé  en moyenne 30% des récoltes de canne à sucre entre 2007 et 2009 et 9% des oléagineux. « Il n’est pas surprenant que les cours mondiaux de ces produits (et de leur substituts) soient considérablement plus élevés qu’ils ne le seraient si aucun biocarburant n’était produit » peut-on lire dans ce rapport qui note une corrélation de plus en plus forte entre les prix alimentaires et les prix du pétrole. Ces conclusions vont soumettre l’Union européenne à une pression accrue afin de réviser un de ses règlements qui oblige à ce que 10% des carburants utilisés dans l’Union pour les transports proviennent de sources renouvelables – essentiellement des biocarburants – d’ici 2020.

Les états membres de l’Union des 27 ont arrosé de milliards d’euros les producteurs d’éthanol et d’agrodiesel, sous forme de subventions. Un groupe à but non-lucratif, le Global Subsidies Initiative, estimait que le total des subventions dépassait en 2008, les 3 milliards d’euros. Les Etats-Unis, le Brésil, la Chine et l’Australie lui ont emboité le pas. Les groupes écologistes et l’industrie des biocarburants attendent impatiemment l’examen à venir par la Commission européenne – l’Exécutif de l’Union européenne- des effets des changements d’affectation des sols indirects, causés par les biocarburants.

Bien que les biocarburants soient censés émettre moins de gaz à effet de serre que des carburants fossiles traditionnels, selon plusieurs analystes ils sont souvent plus polluants, si l’on tient compte du fait que des terres doivent être défrichées et replantées ailleurs pour compenser la perte de cultures alimentaires.

Copyright The Financial Times Limited 2011

Chirac en superforme (sur les chasseurs)

Je viens d’attraper ce qui suit sur le site de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Allain Bougrain Dubourg, son président, rapporte une anecdote hallucinante concernant Jacques Chirac. Jacques Chirac et les chasseurs. Je vous le dis, les gars et les filles, ça va sévèrement buzzer. Ce type aurait-il l’intention de déconner pour de bon ?

Le papier de Bougrain Dubourg :

Jacques Chirac : les chasseurs en question

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L’échange d’amabilités entre Jacques Chirac et François Hollande, en Corrèze, a généré des interrogations de la part des observateurs : humour ou acte manqué ?

Chasseur - Crédit : FotoliaCe doute me ramène au 13 décembre 2010. Ce jour-là, suite à la proposition de Nelly Olin, ancienne ministre de l’environnement du gouvernement Villepin, nous rencontrons le Président à sa fondation. Au cours de la conversation, nous abordons le dossier chasse. Le Président se montre alors brusquement, disons vindicatif.

N’ayant pas souhaité prendre de notes lors de cet entretien, c’est de mémoire que je rapporte ses propos :

« Ceux-là, ils finissent par m’agacer. Comment peut-on tuer une bête sans défense ? Lors d’un accident de chasse quand l’un a tiré sur l’autre, je me dis que ça en fait un de moins ».

Nelly Olin tempère alors immédiatement le Président : « Monsieur le Président, vous ne pouvez pas dire une chose pareille ! ».

Et le Président d’enchaîner : « Non seulement je le dis mais je le répète et vous pouvez le dire à qui vous voulez ! ».

Le Président faisait-il de l’humour ou révélait-il un acte manqué ? L’actualité du moment m’amène à me poser la question.

Allain Bougrain Dubourg
Président de la LPO

Propuestas de los indignados (España en marcha)

PRÉAMBULE  : je souhaite ajouter mon grain de sel au débat naissant sur Planète sans visa. Certains semblent penser – déjà – du mal du mouvement de Los indignados. Mon Dieu ! Tout de même ! Certes, et je l’ai dit, je déplore la place ridicule laissée à la crise écologique – la seule qui vaille, in  fine – par les révoltés espagnols. Mais ce serait commettre une erreur de taille que de juger une entreprise de cette nature à ses toutes premières apparences. À ce compte-là, disons franchement que le mouvement naissant du printemps 1968 était ridicule.

À Nanterre, en mars de cette année magnifique, on réclamait la mixité des résidences universitaires. On, c’est-à-dire les futurs barricadiers. Bonjour la folle audace, hein ? Et comment oublier que la jeunesse de ce temps se leva – pour partie – au nom d’épouvantables despotes comme Mao ou Joseph Staline ? Comment oublier que les gazettes de ce temps englouti étaient emplis d’articles à la gloire d’une jeunesse sans autre idéal que de voir Johnny Halliday casser sa guitare au Golf Drouot ?

Si l’on ose le rapprochement, il ne fait aucun doute à mes yeux que el movimiento español de los indignados est d’ores et déjà mille fois plus intéressant. Mon sentiment est donc limpide : faisons confiance. Attendons, comme disent les Castillans, c’est-à-dire espérons. L’immobilité d’une société est sa mort. Le mouvement est sa chance. Esperamos, y también eso, de Rafael Gabriel Juan Múgica Celaya Leceta Cendoya : « ¡ A la calle ! que ya es hora ?de pasearnos a cuerpo ?y mostrar que, pues vivimos, anunciamos algo nuevo ».

Et maintenant, la suite. Élise m’envoie ce petit mot – merci ! – pour proposer une traduction du texte espagnol que j’ai mis en ligne l’autre jour. Je n’ai hélas pas le temps de vérifier l’exactitude du travail, mais je fais confiance à Élise. Voici donc :

Bonjour,
voici une proposition de traduction des propositions
POUR UNE DÉMOCRATIE RÉELLE, mise en ligne sur le site rebebellyon.

 PROPOSITIONS (texte revu par Renaud, merci à lui)

Voici quelques-unes des mesures, qu’en tant que citoyens, nous considérons essentielles à la régénération de notre système politique et économique. Donnez votre avis et proposez vos mesures dans le forum !

1. Suppression des privilèges de la classe politique :

* Un contrôle strict de l’absentéisme des élus. Sanctions spécifiques pour manquement à leurs devoirs.

* Suppression des privilèges dans le paiement des impôts, les années de cotisation et le montant des pensions. Égalisation des salaires et des avantages des élus avec le salaire moyen espagnol.
* Suppression de l’immunité des élus. Imprescriptibilité des crimes de corruption.

* Publication obligatoire du patrimoine des élus.

* Diminution des postes acquis par nomination.

2. Contre le chômage :

* Réductions du temps de travail et meilleure conciliation entre travail et vie familiale pour éliminer le chômage structurel (c’est à dire jusqu’à ce que le chômage tombe en dessous de 5%).

* La retraite à 65 ans et aucune augmentation de l’âge de la retraite supplémentaire afin d’éliminer le chômage des jeunes.

* Des bonus pour les entreprises de moins de 10% des contrats temporaires.

* La sécurité de l’emploi: interdiction des licenciements collectifs pour les grandes entreprises qui font des bénéfices, taxer les grandes entreprises qui embauchent des travailleurs temporaires sur des emplois qui pourraient être en CDI.

* Rétablissement de l’allocation chômage de 426 € pour tous les chômeurs de longue durée.

3. DROIT AU LOGEMENT :

* Expropriation par l’État des logements construits et qui ne trouvent pas preneurs pour les proposer en HLM.

* Aide financière au logement des jeunes et à toutes les personnes ayant de bas revenus.

* Permettre de rendre son logement à la banque pour payer les hypothèques (actuellement le bien est vendu aux enchères ce qui ne couvre pas la valeur de l’hypothèque).

4. SERVICES PUBLICS DE QUALITE :

* La suppression des dépenses inutiles dans l’administration publique et l’établissement d’un contrôle indépendant des budgets et des dépenses.

* Recrutement du personnel de santé afin d’éliminer les listes d’attente.

* Recrutement d’enseignants pour assurer un nombre d’élèves par classe décent, le travail en petits groupes et les classes de soutien.

* Réduction des frais de scolarité dans tout l’enseignement universitaire, diminuer les frais de scolarité des troisièmes cycles jusqu’au niveau des 1ers cycles.

* Financement public de la recherche pour assurer son indépendance.

* Des transports publics bon marché, de qualité et respectueux de l’environnement, rétablissement des lignes de train classiques qui ont été remplacées par des TGV, rétablissement de leur prix d’origine, les abonnements d’autobus moins cher, restreindre la circulation des voitures privées dans les centres urbains, construction de pistes cyclables .

* Ressources sociales locales : mise en œuvre effective de la loi sur la Dépendance (des personnes âgées, des handicapés…), des réseaux municipaux de soins, des services locaux de médiation et de tutorat.

5. Contrôle des banques :

* Interdiction de tout sauvetage ou injection de capital pour les banques : les institutions en difficulté doivent faire faillite ou être nationalisées pour former une banque publique sous contrôle social.

* Augmenter les impôts des banques à proportion des dépenses sociales causées par la crise provoquée par leur mauvaise gestion.

* Remboursement au Trésor public des aides publiques reçues par les banques.

* Interdiction de l’investissement des banques espagnoles dans des paradis fiscaux.

* Sanctions sur la spéculation et les mauvaises pratiques bancaires.

6. FISCALITE :

* Augmenter le taux d’imposition sur les grandes fortunes et les banques.

* Suppression des SICAV.

* Récupération de l’impôt sur le patrimoine.

* Le contrôle réel et efficace de la fraude fiscale et la fuite des capitaux vers les paradis fiscaux.

* Promouvoir l’adoption internationale d’une taxe sur les transactions internationales (taxe Tobin).

7. Démocratie participative et libertés citoyennes :

* Pas de contrôle de l’Internet. Abolition de la Loi Sinde (Hadopi espagnole).

* Protection de la liberté de l’information et du journalisme d’investigation.

* Référendums obligatoires et contraignants sur les grandes questions qui changent la vie des citoyens.

* Référendums obligatoires pour toute introduction de mesures dictées par l’Union européenne.

* Amendement de la loi électorale afin d’assurer un véritable système représentatif et proportionnel qui ne discrimine aucune force politique ou sociale, les bulletins blancs et nuls sont également représentés à l’Assemblée législative.

* Indépendance de la magistrature : réforme du ministère public afin d’assurer son indépendance, suppression de la nomination des membres de la Cour constitutionnelle et du Conseil judiciaire par l’exécutif.

* Mise en place de mécanismes efficaces pour assurer la démocratie interne dans les partis politiques.

8. Réduction des dépenses militaires

La caste se rebiffe (au sujet de DSK)

Badinter ! Silence dans les rangs. Total respect. Abolition de la peine de mort. Bon, je ne joue pas le jeu une seule seconde. Sur Inter ce matin, Robert Badinter se dit « bouleversé et indigné » par cette « mise à mort médiatique volontaire » de DSK, qui est son ami. Et il ajoute : « Pourquoi n’a-t-il pas été mis en liberté sous caution? Parce qu’il est Français ? Parce qu’il dirige le FMI? ». Je me contenterai d’un mot : Badinter n’est pas que l’icône que l’on sait. Il aura consacré une bonne part de sa vie professionnelle à défendre, comme avocat d’affaires, de grands ou plus petits capitalistes. Pas de malentendu ! Je défends évidemment le principe que tout homme, fût-il le pire, doit pouvoir se défendre dans des conditions dignes, et choisir pour cela un avocat de qualité.

Simplement, il faut raconter les histoires jusqu’au bout. Badinter a défendu des hommes comme Marcel Boussac, le baron Empain, l’Aga Khan, ou encore Hubert Flahaut, directeur de la société Givaudan, productrice du talc Morhange (200 enfants morts, plongés dans le coma ou victimes de séquelles neurologiques). Encore une fois, un tel métier est nécessaire, essentiel même. Mais ne rapproche-t-il pas spontanément d’un DSK, lui-même avocat d’affaires une vingtaine d’années plus tard ? Et que dire à ce compte de l’épouse féministe de Robert Badinter, Élisabeth, grand héritière de l’empire Publicis et présidente de son conseil de surveillance ? Ne semble-t-elle pas très proche, socialement, culturellement – et politiquement – d’Anne Sinclair, épouse de DSK et grande fortune elle-même ?

Autre élément que vous connaissez aujourd’hui forcément : l’affaire Banon. Dans l’émission « 93, Faubourg Saint-Honoré », diffusée en 2007 sur Paris Première (ici), Tristane Banon raconte comment DSK l’aurait agressée sexuellement. À l’heure où j’écris, il n’y a aucune plainte, et nul ne peut en toute certitude se prononcer sur le fond. Mais. Mais il y a le reste, qui est considérable. Regardez si vous avez le temps ce bout de film. Autour de la table de Thierry Ardisson, il y a Jacques Séguéla, Thierry Saussez, Jean-Michel Aphatie, Roger Hanin, Gérald Dahan, Claude Askolovitch et Hedwige Chevrillon. Je n’ai pas même le goût de tous vous les présenter. Notez cependant qu’il y a là deux des plus « grands » pubeux de Paris, qui tutoient tous les grands chefs de la politique. Ils appartiennent aujourd’hui à la Sarkozie, corps, âme et porte-monnaie inclus.Il y a là également le beauf de Mitterrand, qui connaît la moitié du microcosme. Il y a là deux des principaux journalistes politiques de la place. Le très ambitieux Claude Askolovitch d’une part, et Jean-Michel Aphatie de l’autre.

Réunis, ces êtres peuvent en une heure ou moins sonner le tocsin d’une manière telle que toute la France sorte sur le pas de sa porte. Or, rien. Ou plutôt, écoutez la réaction dominante. Nul ne vole au secours de DSK. Ardisson confirme qu’il sait, et les autres, en ne s’indignant de rien, démontrent qu’ils en ont aussi entendu parler. Mais surtout, je pense aux rires gras qui se font entendre. Je n’ai pas souhaité regarder de près, et je n’accuserai personne en particulier. Le seul qui se marre ouvertement, c’est Ardisson. Pour les autres et dans le détail, je ne sais. Tel ou tel s’est peut-être tu, accablé. Cela reste possible. Ce qui est certain, c’est qu’aucun n’a bougé ensuite. Aucun. Pas la moindre enquête, pas la moindre suite.

Réfléchissons ensemble, car c’est réellement dramatique. Ou Tristane Banon ment, et il faut organiser la défense démocratique d’un homme politique injustement accusé. Ou elle dit vrai, et la responsabilité morale de ces grands personnages devrait les mener plus loin, ne serait-ce que pour informer la nation qu’elle pourrait, un jour, avoir comme président de la République un prédateur sexuel. Mais rien de tout cela. On se marre un bon coup. Et on passe au rendez-vous suivant. C’était la rubrique « Un pour tous, tous pour un ». Une histoire d’Ancien Régime. Une histoire de caste, qui sera détruite tôt ou tard, de gré ou de force. Tel est en tout cas mon espoir le plus véridique.

« Cela ne lui ressemble pas » (sur DSK et les femmes)

ATTENTION : les commentaires, pour je ne sais quelle raison technique,  ne me parviennent plus sur ma boîte aux lettres électronique. Je suis obligé d’aller les pêcher sur le serveur, ce qui retarde et complique tout. Avant que cela soit réglé, patience s’il vous plaît.

Je ne sais à qui distribuer la palme d’or, car tous se battent pour l’obtenir. Madame Royal, monsieur Hollande, qui disent penser, « avant tout » à DSK ? À Manuel Valls, qui vient de déclarer avoir eu les larmes au yeux en voyant à la télé son héros menotté ? À Jean-Marie Le Guen et Jean-Christophe Cambadelis, clamant sur les ondes que cette affaire de viol présumé ne ressemble en rien à ce cher homme ? Je précise que ces deux derniers personnages ont été salariés par la Mutuelle des étudiants MNEF à l’époque où les copains et coquins liés au mouvement trostkiste-lambertiste y faisaient la loi, et les comptes. Relisez donc avec moi, car cela reste instructif  (ici). DSK, cet ami des étudiants pauvres, avait empoché 600 000 francs de l’époque (valeur 1999).

Oh oui, ces braves gens font plaisir à entendre et à voir. Ils n’ont jamais eu un mot contre la politique criminelle du FMI. Ils n’ont jamais protesté quand DSK, après avoir créé le Cercle de l’Industrie dès 1993 avec ses copains patrons, est devenu un lobbyiste du nucléaire appointé par EDF. Il est on ne peut plus logique qu’ils n’aient aujourd’hui pas une pensée pour une bonniche qui – peut-être, oui, en effet, peut-être – est la victime d’une tentative de viol.

Vous savez quoi ? Ces gens finiront par me faire douter de leur moralité profonde. Et en attendant, je vous refile ci-dessous – merci à Emmanuel de m’avoir rappelé ce texte ! – un billet écrit sur Planète sans visa il y a près de deux ans. On devrait me lire plus souvent.

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Cet étrange DSK et ces curieux journalistes (du cul au FMI)

Je vais être direct : je déteste DSK. L’un des premiers papiers de Planète sans visa lui était consacré (ici). Il est inouï que nul n’ose attaquer celui qui a osé – oui, je le répète : osé – devenir le directeur du Fonds monétaire international (FMI). Cet organisme a joué un rôle crucial dans la dévastation des terres et des cœurs, dans les mortelles atteintes à la beauté et à la diversité du monde et de ses habitants.

DSK démontre là, mais toute sa carrière le clame, qu’il est l’homme de la destruction, des claques dans le dos aux grands patrons, du mépris définitif pour les gueux, mes frères. Je le déteste. Même en face d’un Sarkozy, je ne voterai jamais pour lui. Et je suis encore assez vivant pour rêver d’épisodes historiques où l’on pourrait enfin demander des comptes politiques et moraux à des hommes comme lui.

Sur tout autre plan, il y a la question de sa vie privée.Un livre récent affirme que Frédéric Lefebvre, l’aboyeur de l’UMP et le toutou de Sarkozy, détient des photos de cul de DSK, qui pourraient lui être fatales (ici). J’écris de cul, car c’est de cela qu’il s’agit. Et qu’en penser ? Et faut-il en penser quelque chose ? Je crois que oui. Quand Berlusconi drague des jeunesses de 18 ans et baise des putes – ou l’inverse, je ne sais plus -, la presse de gauche française, Nouvel Obs en tête, s’indigne, pousse les hauts cris, et note cette évidence que le président du Conseil italien a perdu les pédales.

Mais sur DSK, chut ! Or, je vais vous révéler ce qui est un secret de Polichinelle : le microcosme sait parfaitement à quoi s’en tenir. Moi-même, qui ne vais ni aux conférences de presse, ni dans les soirées, je sais depuis des années. Un mien ami, journaliste dans un titre de gauche fort connu, m’a rapporté une scène à laquelle il avait assisté chez des noceurs et partouzards. Il y a bien six ou sept ans. Je n’insiste pas. Sauf qu’ayant fait une allusion aux faits dans son article – car il était là en reportage -, ledit titre l’a secoué, à la suite d’un coup de fil de protestation.

Chacun fait semblant de croire qu’un tel comportement est possible chez un éventuel président de la République. Moi pas. Pour deux ordres de raisons. D’abord, parce qu’il signale une vision des relations entre l’homme et la femme qui sont à l’opposé des valeurs auxquelles je crois. Ensuite, parce qu’un homme qui se met constamment en danger dans des situations limites, met en danger les institutions dont il a la charge.

Vous n’êtes pas d’accord ? C’est bien votre droit. Mais je ne confierai ni ma petite sœur ni le feu nucléaire à quelqu’un qui ne sait pas respecter les femmes ni retenir ses pulsions. C’est moral ? C’est aussi moral.