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Michelin se fout du monde et de l’Inde (suite sans fin)

Je vous parlais hier d’un article du Parisien et d’un reportage de France 3 consacrés à la construction de cette maudite usine Michelin en Inde. Eh bien, ce n’est pas terminé. Ce matin, au journal de 7 heures de France-Inter, il y avait un reportage à Clermont-Ferrand sur le même sujet. Le quotidien 20 Minutes publié de même un (bon) article (ici) et un journal local a également porté la voix des Intouchables du Tamil Nadu (ici).

Ce n’est pas un triomphe, non pas, et je ne peux hélas vous faire part des rebuffades subies auprès d’autres journaux, très connus. Néanmoins, mettez-vous à la place des villageois de Thervoy Kandigai. Lorsqu’ils sauront, bientôt, que des inconnus d’un autre monde les soutiennent, que pensez-vous qu’ils éprouveront ? J’en profite pour dire un mot à ceux qui tenaient et tiennent la pétition pour chose négligeable. Ils ont raison, mais surtout tort. Car si la pétition n’est rien, elle peut servir de levier de vitesse, permettant d’accélérer le mouvement. C’est exactement ce qui s’est passé. On appelait cela jadis de la dialectique, cet art antique de casser des briques.

Au fait, faisons les comptes. La pétition se décompose en trois parties, qui au total a réuni au moins 35 000 signatures. Celle que vous avez lue ici. Celle proposée par Cyberacteurs (ici) et surtout celle portée à bout de bras par Sylvain Harmat, responsable à Hambourg de la belle association allemande Rettet den Regenwald e.V.  (Sauvons la forêt, en français). Je tiens à chaleureusement remercier Sylvain, qui a mis tout son savoir-faire dans cette histoire, avant de mettre en ligne et en français une pétition qui a recueilli près de 30 000 signatures en quelques jours (ici). Ça c’est l’Europe, la vraie !

Je vous remercie tous, sincèrement, intensément, de votre engagement.

Michelin se fout du monde et de l’Inde

Donc, comme je vous l’ai signalé ces derniers temps, Michelin, chantre historique du catholicisme social – mais oui -, construit une usine en Inde, dans le Tamil Nadu. Les natifs ces sots, de la caste des Intouchables, ne veulent pas. Je ne reprends pas tout, que vous pouvez retrouver en utilisant le moteur de recherche interne à Planète sans visa. Qu’y a-t-il de nouveau ? Aujourd’hui, mes amies chères Annie Thébaud-Mony et Josette Roudaire, en présence de l’Indienne Madhumita Dutta, ont tenu une conférence de presse à Clermont-Ferrand, siège de Michelin, soutenus par le syndicat CGT de l’entreprise.

Gloire à eux, bien entendu. Et le combat continue, bien entendu. Vous pouvez lire un papier du Parisien, ici ou regarder un reportage de France 3, ici. Dans ce dernier, le petit ponte de Michelin est pathétique.

Édification (sur Michelin et sur l’Inde)

Je vous ai invités voici quelques jours à signer une pétition contre la construction d’une usine de pneus Michelin au Tamil Nadu (Inde). Bien que vous sachant, dans l’ensemble, éclairés sur ces sujets, je me permets de vous signaler deux choses. Un, Michelin, comme vous verrez plus bas, a réagi par la voie d’un communiqué. Ce texte est d’une indigence, d’un ton, d’une langue de bois, d’une manipulation dignes des grands spécialistes de la chose. Je ne sais s’il faut en féliciter les auteurs. Je ne crois.

Deux, je vous invite à regarder un film tourné sur place, qui dure vingt minutes, avec des sous-titres anglais. Désolé pour qui ne lit pas cette langue. On y voit un village, quantité de visages, des animaux, de la dignité, de la souffrance, du désespoir. En ce sens, j’oserais dire que ce petit documentaire renferme plus de vérité sur l’état du monde que des centaines et milliers de péroraisons. Je regrette amèrement de ne pas savoir faire plus pour les villageois de Thervoy Kandigai, que je salue comme des frères.

Le film est ici : http://vimeo.com/20166574

Le communiqué de Michelin, sans commentaires :

Date : 13/01/2012
A PROPOS DES ALLÉGATIONS A L’ENCONTRE ?DE LA CONSTRUCTION DE NOTRE USINE EN INDE

A diffuser : à partir du 13/01/2012 avant le 16/01/2012
Périmètre de diffusion : Groupe     Publication Intranet : Oui ( 13/01/2012)
Destinataire final du document : jusqu’au niveau tout le personnel ?Utilisation du document : Pour votre information

En réponse aux pétitions qui circulent sur Internet appelant à l’arrêt du projet de construction de notre usine près de Chennai en Inde, le Groupe souligne qu’il n’y a pas de conflit entre Michelin et les villages localisés aux alentours du site que nous louons à l’Etat de Tamil Nadu. ??Cette usine de production de pneus poids lourds, qui représente un investissement de 600 millions d’euros sur sept ans pour le Groupe, entrera en production début 2013 et elle emploiera à terme 1 500 personnes. Notons qu’il ne s’agit pas d’une délocalisation, mais d’une implantation visant à servir les marchés régionaux.

A propos de l’implantation par Michelin d’une nouvelle usine

Le Groupe a prouvé par le passé, lors de l’installation de précédentes usines en Europe, en Amérique ou en Asie par exemple, qu’il agissait de façon responsable envers les habitants et leur environnement. Il n’en est pas autrement en Inde. Michelin n’y a détruit aucune forêt, aucun pâturage. Au total, et bien que l’usine n’entre pas en production avant un an, Michelin aura investi en 2011 plus d’un million d’euros pour participer à l’amélioration des conditions de vie des villageois.

A propos de notre implication dans la vie locale

L’objectif de Michelin est de vivre en harmonie avec son environnement, partout où l’Entreprise est implantée. Dans le cas présent, alors que l’usine n’est pas encore sortie de terre, nos réalisations en cours, élaborées en allant au contact des villageois, consistent à : favoriser l’emploi des habitants de la région, former des adultes des 31 villages alentours à des disciplines aussi variées que les langues, la mécanique, l’informatique, la plomberie, la charpenterie, la boulangerie, la conduite, etc. afin d’améliorer leur employabilité, faire dispenser un soutien scolaire aux enfants ; organiser des soins et des opérations ophtalmologiques (plus de 2 000 personnes déjà suivies), des soins de médecine générale, de pédiatrie ou encore de gynécologie (plus de 1 000 personnes déjà suivies) ; ne rejeter aucun déchet et préserver l’environnement et les ressources en eau de la région, installer des unités de production de bio-gaz, désensabler des lacs et canaux d’irrigation de rizières.

A propos de l’opposition entre les protestataires et le gouvernement de l’Etat du Tamil Nadu?

Quelques dizaines de personnes s’opposent depuis le début du projet à la création d’une zone industrielle par le gouvernement de l’Etat du Tamil Nadu dans la région. Ces réclamations doivent être adressées au gouvernement de l’Etat du Tamil Nadu, propriétaire des terrains et seul décideur concernant cette zone industrielle. Si Michelin est le premier industriel à avoir démarré la construction d’une usine dans cette zone, d’autres entreprises sont en train ou vont également s’y installer prochainement parmi lesquels Bekaert India (production de câbles), Harsha Glass (verre), etc.

Une signature vaut mieux que rien (Michelin en Inde)

ATTENTION, LES SIGNATURES DOIVENT ÊTRE ENVOYÉES ici

Je vous prie tous, amis lecteurs, de relayer la pétition ci-dessous, que j’ai signée bien entendu. J’ai pu d’ailleurs écrire un article sur le sujet, qui me tient au cœur. Il ne s’agit plus du lointain et méchant Monsanto. Il s’agit de Michelin. Il s’agit bien de nous. Prenez le temps de lire. Prenez le temps de signer, et de diffuser. Merci.

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Bonjour à toutes et tous,
Toute une région du Tamil Nadu est actuellement mobilisée contre l’implantation d’une usine Michelin, ruinant la survie de milliers de villageois. Toute la population, hommes et femmes, s’est mobilisée. Il y a eu plusieurs grèves de la faim. Des militants ont été mis en prison. Nous vous demandons de diffuser largement cet appel à signatures et de nous adresser votre signature ici.

En soutien aux initiatives citoyennes indiennes, nous lançons un appel à tous ceux et celles qui refusent la loi du plus fort

                                     Michelin ne doit pas construire cette usine en Inde !

Le mouvement social ne peut plus se contenter de dénoncer abstraitement la délocalisation de l’économie. Non seulement cette dernière ruine l’emploi chez nous, mais elle détruit souvent à la racine les conditions de vie des plus pauvres au Sud. En Inde, un conflit terrible oppose un village d’Intouchables – les plus méprisés de ce pays de castes – et Michelin, notre grande transnationale du pneu.

Thervoy Kandigai est un bourg du Tamil Nadu, État du sud de l’Inde. Il compte environ 1500 familles, qui vivent depuis toujours des pâturages et forêts proches de Thervoy. Tel est leur territoire, que Michelin s’apprête à détruire pour l’éternité avec cette usine. Non seulement la forêt, espace indispensable à la survie de cette population sans terre, est confisquée mais elle a déjà commencé à être détruite, risquant par la même de tarir les lacs approvisionnant les villages locaux en eau. Notre transnationale a en effet réussi à convaincre les autorités fédérales, et entend bâtir une usine ultramoderne de pneus en lieu et place de la forêt des Intouchables. L’espace est déjà clôturé, des bâtiments déjà en construction, le centre de formation déjà ouvert.

Les villageois se battent seuls depuis deux ans, multiplient les actions, grèves de la faim. En retour, ils subissent la répression : coups, présence policière, emprisonnement, certains depuis février 2011. Ils viennent d’élire un Panchayat – sorte de maire – ouvertement opposé à l’installation de Michelin. Et ils appellent à l’aide internationale. La France est en première ligne, et les signataires de cette pétition demandent, comme les habitants de Thervoy Kandigai l’annulation du projet. Michelin India proclame sur son site internet : « Une des valeurs essentielles de Michelin, c’est le respect des personnes ». Le moment est venu de prouver que ces paroles ne sont pas que de la propagande commerciale. Ne touchez pas à la forêt des Intouchables de Thervoy Kandigai !

Les  soussignés exigent :
L’annulation de ce projet de construction d’une usine Michelin à Thervoy Kandigai
la restitution des terres aux villageois
l’indemnisation des villageois pour les terres détruites
la libération des 8 emprisonnés, l’amnistie pour les 61 en attente de jugement et l’arrêt de toute violence contre la population !

Premiers signataires

Thébaud-Mony Annie, sociologue, présidente de l’association Henri Pézerat, santé – travail – environnement, Fontenay-sous-bois

Nicolino Fabrice, journaliste, association Henri Pézerat, Fontenay-sous-bois

Roudaire Josette, présidente du Comité Amiante Prévenir et Réparer, Auvergne, association Henri Pézerat

Roca François, CGT Michelin, Clermont Ferrand

Souzon Thierry, CGT Michelin

Chevalier Michel, CGT Michelin

Gascuel Jean-Sébastien, hebdomadaire Paysan d’Auvergne

Serezat Jean-Pierre, Université populaire, Clermont Ferrand

Panthou Eric, Historien,Syndicaliste FSU, Clermont-Ferrand
Quinson Laurent, Bibliothécaire, Syndicaliste FSU, Lyon

Védrine Corine, ethnologue, Saint-Etienne

À ceux qui nous préparent des lendemains atroces (à propos du climat)

Il se tient en ce moment à Durban (Afrique du Sud) une énième conférence mondiale sur le climat. Je ne regarde que de loin, car je sais l’essentiel : il n’en sortira rien. Rien. Certains, y compris peut-être chez les écologistes officiels, jugeront bon de faire accroire qu’un pas a été accompli. Mais ce sera faux, bien entendu. Je ne dis pas cela pour décourager qui que ce soit de croire au Père Noël. J’ai toujours aimé le Père Noël. Mais je crois préférable, chez un peuple d’adultes, de laisser cette noble croyance aux plus jeunes d’entre nous.

Je ne vous ferai pas la liste des conférences précédentes, toutes effroyablement gâchées. Celle de Copenhague, à la fin de 2009, peut être considérée comme un archétype. On palabre, on applaudit, on conspue, on se congratule pour finir, sur fond de désastres de plus en plus évidents. Officiellement, la France est vertueuse, et se promène du reste toujours auréolée de grands discours creux, dont ceux de Sarkozy donnent une image assez juste. Officiellement, la France comme l’Europe sont vertueux, et prétendent en conséquence faire les gros yeux à ces vilains Américains et à ces affreux Chinois, qui ruinent tous nos si magnifiques efforts. Que vous dire ? Oui, c’est une supercherie totale, mais dont tout le monde se contrefout – je vais y revenir – au long de ce fameux axe politique droite-gauche, qui inclut je le précise tout de suite Europe-Écologie-Les Verts.

Quelle supercherie ? Je vous renvoie à Jean-Marc Jancovici, polytechnicien et néanmoins formidable vulgarisateur de la question énergétique. Ceux qui voudraient me chercher à son propos doivent savoir que je l’ai constamment critiqué pour ses positions très favorables au nucléaire. Il reste que cet homme pense, et souvent des choses passionnantes. Au nom de quoi devrait-on l’oublier, dans ce monde pétrifié ? Jancovici, donc, a publié un calcul remarquable, et je dois ajouter : incontestable. Si. Je maintiens : incontestable. Selon ce travail (ici), chaque Français émet 13 % de gaz à effet de serre de plus en 2010 qu’en 1990. 1990, telle était la date retenue au sommet de Kyoto – 1997 -pour jauger et juger les efforts de réduction des émissions de gaz des uns et des autres. Le protocole prévoyait ainsi que les pays développés s’engageaient à réduire leurs rejets de 5 % en moyenne à l’horizon 2012 par rapport à 1990. 2012, nous sommes bien d’accord ? c’est dans un mois.

C’est dans un mois et les charlatans qui nous gouvernent prétendent que, notamment grâce au nucléaire, notre pays serait au rendez-vous de Kyoto, qui soit dit en passant n’était déjà rien, RIEN, en égard des véritables enjeux climatiques. Mais tel n’est pas le cas. Et si nous émettons 13 % de gaz à effet de serre en plus, par rapport à 1990, c’est que les calculs ministériels oublient un détail. La consommation hystérique de biens matériels fabriqués ailleurs. Eh oui ! C’est simple comme bonjour : à qui diable attribuer les saloperies made in China, made in India, made in partout ailleurs, qui arrivent par milliers de tonnes dans nos ports, pour satisfaire une fringale sans but ni fin ? On refile les émissions liées à leur fabrication aux autres, et pas à nous ! De la sorte, nous pouvons dormir tranquillement. Les joujoux, les cotonnades, les ordinateurs, les télés, les téléphones ? C’est pas nous, c’est les barbares de tout là-bas !

Et voilà pourquoi votre fille est muette. Voilà la vérité à peine cachée de notre monde réel. Et le fondement d’une unité nationale qui ne dira jamais son nom. Mélenchon, par exemple, qui se prétend écologiste quand il n’est jamais qu’un politicien mollettiste (1) de plus, réclame une augmentation de la consommation des biens matériels en France, ce qui le rend complice – qu’on se rassure, il ne sera jamais jugé – de l’aggravation si prévisible de la situation climatique. Il n’est pas le seul. Tous continuent de danser sur le pont du Titanic, et les Verts, qui se battent au couteau pour des places de députés, ne font évidemment pas exception.

Des organismes qui pourtant soutiennent la marche folle de ce monde assassin, comme l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le Programme des nations unies pour l’environnement (Pnue), l’Agence internationale de l’énergie (AIE), notent avec une grande force que, sans un sursaut qu’on peine à imaginer, la température moyenne du globe s’apprête à devenir incontrôlable. La barrière des 2° d’augmentation – digue ridicule s’il en est – sera sous peu pulvérisée. Nous allons vraisemblablement vers 4 ou  5 degrés de plus, voire 6 à l’horizon 2100. Ce que nous promettent ces perspectives, si elles devaient se réaliser, c’est la fin des civilisations humaines. Attention !  Je ne parle pas là de la disparition des hommes, mais d’une régression sans précédent depuis qu’existent des sociétés civilisées. Et j’en profite pour vous rappeler ce truisme : sans l’exceptionnelle stabilité du climat que nous connaissons depuis des millénaires, pas de Pharaons, pas de Phéniciens, pas d’Athéniens ni de Spartiates, pas de pax romana, pas de cathédrales, et pas même de Révolution française. Nous devons tout, absolument tout à l’extrême bonté d’un climat favorable.

4, 5 ou 6  degrés de plus, c’est la fin concrète des agricultures productives, la migration forcée de centaines de millions d’êtres, et peut-être davantage, c’est la guerre sous toutes ses formes, le massacre, l’ensevelissement de l’idée humaine, et pour longtemps. Je vous renvoie à un article de l’historien du climat Emmanuel Le Roy Ladurie (ici), qui n’a rien d’un écologiste. Le dérèglement du climat, historiquement – à des niveaux dérisoires par rapport à ce que nous vivons -, signifie l’affrontement entre les hommes. Et pourtant, nul ne met cette question au centre de la discussion publique chez nous, à quelques mois d’une élection présentée comme importante. Que la droite veuille poursuivre cette marche forcée à l’abîme, soit. Elle semble née pour nous entraîner au chaos. Mais la gauche, mais les gauches, mais ces écologistes estampillés ? Ils font exactement pareil. Mutatis mutandis, ces gens me font penser à ceux qui couraient sur le terrain d’aviation du Bourget à la rencontre de l’avion de Daladier, retour de Munich. On s’en souvient, Édouard Daladier, Président du Conseil en cet automne 1938, était allé vendre la Tchécoslovaquie à Hitler, dans le fallacieux espoir de sauver la paix. De retour en France, il redoutait, apercevant la foule sous les ailes de l’avion, d’être lynché par des antifascistes révulsés par sa couardise. Au lieu de quoi, il fut acclamé par une foule d’imbéciles.

Eh bien, sachant dès l’avance que je vais choquer des lecteurs fidèles, je fais un rapprochement avec la situation présente, dont j’ose écrire qu’elle est pire, incomparablement. Ceux qui soutiennent des partis indifférents au chaos climatique qui vient, et qui s’apprêtent à voter pour eux, ressemblent à ceux qui apportaient des fleurs au Bourget à ce damné connard de Daladier (2). Il y a des moments, et nous en sommes là, où la rupture mentale est une nécessité absolue. Je ne voterai pas en mai 2012, car tous, TOUS nous préparent des lendemains atroces.

(1) Mollettiste renvoie à Guy Mollet, ancien dirigeant de la SFIO, qui donna naissance au parti socialiste. Mollet avait commencé sa carrière politique en 1945, tonnant du haut des tribunes et maniant une langue souvent plus « à gauche » que celle du parti stalinien (communiste). Sa spécialité fut donc d’apparaître comme une sorte de révolutionnaire de pacotille. Ce qui n’empêcha pas son parti, dès 1947, de réprimer les grèves par la violence étatique, sous la conduite de Jules Moch. Et à Mollet lui-même de couvrir et même encourager la torture de masse en Algérie lorsqu’il devint président du Conseil en 1956.

(2) Rappelons que Daladier fut un personnage-clé du gouvernement de Front populaire en 1936.