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Robert Redford en version française (sur Obama)

L’ami Jean-Paul Brodier m’envoie la traduction, en français, de l’article en anglais de Robert Redford, publié ici hier. Vous pourrez donc lire directement ce que l’acteur reproche à Obama. Le ton est désespérément – à mes yeux – américain. Redford soutient le système, mais condamne ses excès. Ma foi, je n’y peux rien. Pour le reste, c’est intéressant. Merci à toi, Jean-Paul.

La tribune de Redford a été publiée dans le journal en ligne The Huffington Post.

Robert Redford

Acteur, metteur en scène, militant de l’environnement

Le gouvernement Obama fait-il passer les profits des entreprises avant la santé publique ?

L’une des raisons pour lesquelles j’ai soutenu le Président Obama est qu’il a dit que nous devons protéger la propreté de l’air, de l’eau et des terres. Mais à quoi bon dire des choses justes si des actes ne suivent pas ? Depuis le début d’août, trois décisions administratives — sur les forages dans l’Arctique, l’oléoduc Keystone XL et l’ozone qui produit le smog — ont toutes été rendues en faveur de l’industrie polluante, à l’encontre de la santé publique et d’un environnement propre. Comme tant d’autres, je commence à me demander où en est au juste cet homme.

Depuis des mois, L’Agence de Protection de l’Environnement était prête à édicter de nouvelles règles sur l’ozone en vue de réduire le smog qui provoque des crises d’asthme et d’autres maladies respiratoires. Nous avons un besoin criant de ces nouvelles normes qui, selon les estimations de l’agence, pourraient éviter douze mille morts prématurées par an.

Pourtant, vendredi, la Maison Blanche a gelé les nouvelles règlementations. Le résultat : ces protections vitales seront retardées au moins jusqu’à 2013 — comme par hasard, après la prochaine élection présidentielle. La semaine précédente, le ministère de Affaires Étrangères [State Department] a donné un feu vert préliminaire au projet Keystone XL, un oléoduc qui amènerait le pétrole brut des sables bitumineux canadiens jusqu’aux raffineries texanes.

Si cet oléoduc obtient dans les prochains mois l’approbation définitive du gouvernement, il va marier l’avenir de notre énergie au pétrole le plus sale de la planète. Il va plonger notre pays dans une des pratiques minières les plus destructrices qu’on ait jamais imaginées. Et il mettra en danger les agriculteurs, les éleveurs et les terres arables au travers des grandes plaines du cœur de l’Amérique. C’est pourquoi le gouverneur républicain du Nebraska s’est élevé contre lui cette semaine.

Et juste le mois dernier, le ministère de l’Intérieur a donné un accord conditionnel au plan de la Shell Oil pour lancer, dès l’été prochain, le forage de quatre puits exploratoires dans les eaux de l’Arctique au large du versant nord de l’Alaska. Le Congrès n’a pas encore adopté la moindre loi pour renforcer les garde-fous contre les forages en mer, à la suite des épanchements de BP l’année dernière, mais voilà que nous autorisons Shell à forer dans une des zones de pêche les plus riches de la nation, dans des eaux qui sont gelées huit mois chaque année, à un endroit situé à cinq jours de bateau de la station des gardes-côtes la plus proche.

Que se passe-t-il ici ?

Dans chacun des trois cas, les décisions administratives sont arrivées à la suite d’une campagne méprisante de lobbying de l’industrie, basée sur le mélange habituel d’exploitation de la peur et de mensonges. Avec notre économie chancelante et le chômage à 9,1%, quelques-uns des plus gros pollueurs industriels du pays et leurs alliés du Congrès se mettent tout d’un coup à parler d’emplois.

Les lobbyistes de la Chambre de Commerce des E.-U., la National Association of Manufacturers et d’autres puissants intérêts industriels ont passé l’été à harceler la Maison Blanche pour ôter de leur chemin les nouvelles normes anti-smog. Si nous devons nettoyer nos saletés — disent-ils — nous n’embaucherons pas de nouveaux travailleurs.

Vraiment ? Les entreprises américaines ne pourraient embaucher des travailleurs que si elles sont autorisées à polluer notre air au point que les gens tombent malades, cessent de travailler et meurent ? Ça ne tient pas debout. Les entreprises embauchent des travailleurs pour honorer des commandes de leurs produits et services. Nettoyer leurs saletés a un coût qui fait partie de l’activité, et c’est un coût nécessaire. Ce n’est pas une question d’emplois, c’est une question de profits.

Le fait est que les garde-fous fédéraux pour la santé publique, la sécurité au travail et notre environnement ont dégagé jusqu’à 665 milliards de dollars de bénéfices économiques mesurables au cours de la seule décennie passée, avec un coût pour l’industrie de 62 millions — tout au plus — selon le bureau de la Maison Blanche pour la gestion et le budget.

Même selon une analyse économique stricte, en d’autres termes, les bénéfices nationaux des garde-fous fédéraux dépassent les coûts de plus de dix fois.

Je veux que nos niveaux de smog s’abaissent pour que davantage de nos enfants et de nos anciens puissent respirer un air propre. Faire passer les profits des industriels avant la santé publique est inadmissible, Il serait outrageux qu’un président le supporte, celui-ci ou un autre.

Quant au Keystone XL, c’est une idée terrifiante pour le pays. Il faut l’arrêter. C’est le message que plus de mille Américains inquiets ont adressé directement à Obama, par des manifestations devant la Maison Blanche au long des deux semaines passées. Parce que l’oléoduc traverserait notre frontière avec le Canada, c’est un projet international qui ne peut pas avancer sans que le président ait déterminé que c’est dans notre intérêt national.

Ce n’est pas le cas. C’est dans l’intérêt des grandes compagnies pétrolières. Si vous vérifiez, pourtant, vous constaterez qu’elles se portent fort bien. Elles ont accumulé des profits, à hauteur de 67 milliards de dollars rien que pour les six premiers mois de cette année. Je suis favorable aux profits, mais pas quand ils viennent de quelque chose d’aussi destructeur que les sables bitumineux.

Déjà dans les forêts boréales de l’Alberta, la production des sables bitumineux a transformé en mine à ciel ouvert une surface de la taille d’Orlando, en Floride. Elles est écorchée et polluée, peut-être pour toujours. Le Keystone XL couperait à travers des parties du Montana, du Dakota du Sud, du Nebraska et de l’Oklahoma, sur son trajet vers les ports de Houston et Port Arthur au Texas. Il exposerait le cœur de notre pays aux sortes de ruptures et d’épanchements qui ont provoqué des désastres pas plus tard que l’année dernière   dans la Yellowstone River, la Mer du Nord et le golfe du Mexique.

Ces désastres se sont rappelés à moi il y a trois semaines, quand le gouvernement a donné un accord conditionnel au projet de Shell de forer dans l’Arctique. Au lieu d’aller au bout du monde pour sacrifier à notre addiction au pétrole, et de mettre en danger des eaux irremplaçables, l’habitat et même le pain des Américains, nous avons besoin d’investir dans les stratégies des énergies propres de demain. C’est la façon de remettre les Américains au travail, de développer les sources renouvelables d’énergie et de combustible, de construire les voitures, les maisons et les ateliers de la prochaine génération pour un usage efficace de l’énergie.

Le Président Obama a fait beaucoup pour la protection de la santé publique et de notre environnement. Il a encouragé les investissements dans l’énergie propre, les chemins de fer à grande vitesse et la réduction des émission de carbone qui réchauffent notre planète. Il a promu l’amélioration du rendement des appareils domestiques et industriels, ce qui nous économisera à tous des milliards de dollars chaque année. Et l’accord qu’il a obtenu cet été sur la consommation des véhicules réduira notre consommation de pétrole de rien moins que trois milliards de barils par jour d’ici à 2030.

Tout cela est positif et fort. Mais nous devons continuer d’avancer. Ce n’est pas le moment de nous détourner des progrès dont nous avons besoin. Je veux croire que le Président Obama sait toujours qu’il est important de protéger la propreté de l’air, de l’eau et des terres. Comme tant d’autres, j’attends de lui qu’il se batte pour tout cela. J’attends de lui qu’il se batte pour notre avenir. Mais nous ne pouvons pas attendre indéfiniment.

Obama se fout du monde (une affaire entendue)

L’acteur Robert Redford vient de publier une tribune contre Obama, qu’il avait publiquement soutenu pendant la campagne électorale de 2008.

Vous souvenez-vous de l’Obamania qui déferlait sur le monde il y a près de trois ans ? Sûrement. On n’avait pas vu cela depuis Kennedy, et quantité de beaux esprits, y compris dans les cercles écologistes, se prenaient à rêver d’une présidence authentiquement différente. On pourra me reprocher bien des choses, mais pas celle-là. Je renvoie ceux qui en ont le temps à trois articles publiés ici, en temps réel. Ce temps réel change tout, car s’il est facile de parler après coup, il est moins facile d’écrire quand les événements se déroulent. Vous jugerez donc sur pièce (ici, ici et), et pour les âmes pressées, cet extrait : « Obama, sympathique,  talentueux, et même Noir si je ne me trompe, est évidemment l’homme du système. Où pensez-vous qu’il aura récolté les 650 millions de dollars réunis depuis janvier 2007 ? Cette somme énorme vient en grande partie de fonds privés, car Obama a refusé, comme la loi le lui permet, toute aide publique. De la sorte, il est libre de recevoir ce qu’il veut, autant qu’il veut.

Je vous le dis sans détour : on ne trouve pas 650 millions de dollars en faisant la manche dans le métro. Seule l’industrie peut engager de tels frais, qui appellent à coup certain un retour sur investissement. On en reparlera, mais gardez cela dans un coin de votre tête. Pour le reste, je ne vais pas détailler la vision qu’a Obama de la crise écologique. Ce serait d’ailleurs vite fait, car à ses yeux, elle n’existe pas. En excellent Américain qu’il est, il pense qu’il n’existe pas de vrais problèmes, seulement des solutions.

Dont les biocarburants, cette idée atroce qui consiste à utiliser des plantes alimentaires pour faire rouler des SUV, les 4X4 de monsieur Schwarzenegger. En ce domaine, Barack Obama est un militant, qui a promis de créer la première station essence permettant de transformer l’éthanol, venu du maïs, en hydrogène. Vive les énergies renouvelables ! Il est vrai que l’Illinois, État où Obama est sénateur, fait partie de cette Corn Belt – la ceinture de maïs – où l’on produit beaucoup d’éthanol ».

Fin de l’extrait, et je reprends la parole ce 7 septembre 2011, quatre jours avant les émotions pré-enregistrées du dixième anniversaire du 11 septembre 2001. Robert Redford, cet acteur qui fut l’ami du grand Ed Abbey, vient de publier une tribune contre Obama. Écologiste sincère – à sa façon -, Redford a soutenu Obama, et se rend compte, mais un peu tard, qu’il a été floué. Cela rappelle des souvenirs bien de chez nous, notamment pour ceux de l’an 1981.

La tribune de Redford a été publiée dans le journal en ligne The Huffington Post (ici), mais je n’ai pas le temps de la traduire. Le titre : L’administration Obama fait-elle passer le profit des entreprises avant la santé publique ? Ma foi, j’ai mon idée.Redford aussi, qui détaille trois décisions publiques prises dans les dernières semaines. L’une concerne l’ozone, cause majeure du smog urbain; la deuxième des forages dans l’Arctique; la troisième un oléoduc qui conduirait droit le pétrole venu des sable bitumineux de l’Alberta canadien jusqu’aux raffineries du Texas. Évidemment, c’est une honte totale, nationale et mondiale. Une manière directe de conchier ceux qui alertent sur l’imminence des périls écologiques les plus graves. Mais Obama s’en fout, si vous souhaitez mon avis.

Ci-dessous, pour ceux qui lisent l’anglais, le papier de Redford.

Is the Obama Administration Putting Corporate Profits Above Public Health?

Robert Redford

For months, the Environmental Protection Agency has been poised to issue new ozone rules to reduce the smog that causes asthma attacks and other respiratory ills. We badly need these new standards, which the EPA estimates could prevent 12,000 premature deaths a year.

On Friday, though, the White House put the new rules on ice. The result: these vital protections will be delayed until at least 2013 – conveniently after next year’s presidential election.

The week before, the State Department gave a preliminary green light to the proposed Keystone XL, a pipeline that would carry crude oil from Canadian tar sands to Texas refineries.

If this pipeline wins final approval from the administration in the coming months, it will wed our energy future to the dirtiest oil on the planet. It will invest this country in one of the most destructive mining practices ever devised. And it will put farmers, ranchers and cropland at risk across the great plains of the American heartland. That’s why the Republican governor of Nebraska came out against it this week.

And just last month, the Interior Department gave conditional approval to Shell Oil’s plan to begin drilling four exploratory wells in the Arctic waters off of Alaska’s North Slope as early as next summer. Congress has yet to pass a single law strengthening offshore drilling safeguards in the wake of last year’s BP blowout, and we’re giving Shell the go-ahead to drill in some of the nation’s most fertile fishing grounds, in waters that are iced in eight months each year and in a location a five-day journey by ship from the nearest Coast Guard station.

What’s going on here?

In all three cases, the administration’s decisions have come in the face of a withering industry lobbying campaign based on the usual mix of fear mongering and lies.

With our economy staggering and unemployment at 9.1 percent, some of the biggest corporate polluters in the country and their allies in Congress are suddenly talking about jobs.

Lobbyists from the U.S. Chamber of Commerce, the National Association of Manufacturers and other powerful corporate interests have spent the summer pressuring the White House to kick new smog standards down the road. If we have to clean up the mess we make, they say, we won’t hire any new workers.

Really? American companies can’t hire workers unless they’re allowed to make our air so dirty our people get sick, miss work and die? That’s nonsense. Companies hire workers to fill orders for their products and services. Cleaning up after themselves is a cost of doing business, and it’s a necessary cost. This isn’t about jobs; it’s about profits.

The fact is, federal safeguards for public health, worker safety and our environment generated up to $655 billion in measurable economic benefits over just the past decade, at a cost to industry of $62 billion — at most — according to the White House Office of Management and Budget.

Even on a strict economic analysis, in other words, the national benefits of federal safeguards outweigh costs by more than 10 to 1. Read the report for yourself.

I want our smog levels to come down so more of our children and seniors can breathe clean air. Putting corporate profits above public health is unconscionable. It’s outrageous that it would be countenanced — by this president or any other.

Similarly on Keystone XL, this is a terrible idea for the country. It needs to be stopped. That’s the message more than 1,000 concerned Americans have delivered directly to Obama, through White House demonstrations over the past two weeks. If you want to help, click here.

Because the pipeline would cross our border with Canada, it’s an international project that can’t go forward without a presidential determination that it’s in our national interest.

It’s not. It’s in the interest of big oil companies. When you check, though, you find they’re doing okay. They piled up profits topping $67 billion in just the first six months of this year.

I’m all for profits. But not when they come from something as destructive as tar sands.

Already in the Boreal forests of Alberta, tar sands production has made a strip mine of an area the size of Orlando, Fla. It’s scarred and poisoned, perhaps forever.

The Keystone XL would cut through parts of Montana, South Dakota, Nebraska, Kansas and Oklahoma en route to the Gulf ports of Houston and Port Arthur, Tx. It would expose our heartland to the kinds of ruptures and blowouts that just in the past year have brought disaster to the Yellowstone River, the North Sea and the Gulf of Mexico.

I was reminded of those disasters three weeks ago, when the administration gave a conditional go-ahead to Shell’s plan to drill in the Arctic. Instead of going to the ends of the earth to feed our national addiction to oil, and putting irreplaceable waters, habitat and even the American breadbasket at risk, we need to invest in the clean energy strategies of tomorrow. That’s the way to put Americans back to work, developing renewable sources of power and fuel and building the next generation of energy efficient cars, homes and workplaces.

President Obama has done a lot to protect public health and our environment. He’s championed clean-energy investments, high-speed rail and cuts in the carbon emissions that are warming our planet. He’s promoted efficiency gains in home and commercial appliances that will save us all billions of dollars each year. And the agreement he reached earlier this summer on vehicle gas mileage goals will cut our oil use by a breathtaking three million barrels a day by 2030.

Those are all positive steps and strong.

But we have to keep moving forward. This is no time to turn back from the progress we need.

I have to believe that President Obama still knows it’s important to protect clean air, water and lands. Like so many, I’m waiting for him to stand up for all that. I’m waiting for him to stand up for our future. But we can’t wait forever.

Evo Morales me fait mal au coeur (on the road again)

Avez-vous entendu parler de la route du malheur ?

Fût-ce de loin, j’aime cet homme. Mais devrais-je mieux dire que je l’aimais ? Evo Morales est un Amérindien, descendant donc de ces peuples mythologiques et pourtant réels qui m’auront tant fait rêver. Les barbares, en cette histoire d’outre-Atlantique, n’étaient pas les Huns ou les Goths, mais de fiers catholiques. Espagnols, Portugais ? Nous autres, assoiffés d’or et de puissance, n’aurions pas fait mieux,  et détruit comme eux la beauté grandiose de ce monde.

Morales. Un fils de paysan qui aura connu la dèche dont parle si bien Orwell. Morales a été peintre en bâtiment, maçon, boulanger, entre autres. Et trompettiste. Syndicaliste paysan, il a incarné dans ce pays indien le refus radical de la politique criminelle des États-Unis, partisans d’une éradication des cultures de coca, cette plante qui cohabite avec l’homme depuis des millénaires. Lorsqu’il a été élu président en décembre 2005, j’ai pensé aux peuples déchus des Andes, qui voyaient l’un des leurs enfin arriver au sommet. Sur les 10 millions de Boliviens, au moins 55 % sont Indiens, et 30 % métis.

Certes, Morales ne parlait ni l’aymara, la langue de sa région d’origine, ni le quechua. Mais il se sentait investi d’une responsabilité historique, sachant que le moment était venu de prendre et reprendre la parole. Les naïfs, dont j’étais, croyaient qu’il n’en avait qu’une. En janvier 2010,  alors qu’il commençait un second mandat présidentiel de cinq ans, il s’était rendu au temple pré-inca de Tiwanacu, où des religieux aymaras lui avaient remis deux sceptres. Le premier représentant la dimension rationnelle du pouvoir. Le second son usage spirituel. Un tel homme semblait avoir compris l’essentiel.

Mais il est une autre face du personnage. Morales, bien que d’une manière très singulière, appartient aussi à cette détestable tradition castriste de certaine gauche latino-américaine. Il n’a cessé de soutenir par le mot – et la présence sur place – le vieux tyran de La Havane. Et il est l’ami de Chávez, qui appuie aussi bien Kadhafi que Mahmoud Ahmadinejad, qu’on ne présente plus. Ainsi va la tragédie des idées, qui ne vont jamais assez vite pour les besoins des hommes.

Ce que je viens d’apprendre m’atteint absurdement au plus profond. Absurdement, car ne s’agit-il pas d’une route de plus, dans ce monde imbécile qui roule à tombeau ouvert vers le vide et la mort ? On peut la voir ainsi, mais cette route-là déchire en deux la pieuse photographie d’un Morales aux côtés de ses peuples indiens. En deux mots, le président bolivien a donné son accord à la construction d’une route de 306 kilomètres reliant Villa Tunari à San Ignacio de Moxos, toutes deux en Bolivie. Elle permettrait, à terme, de « désenclaver » – un mot universel, un mot universellement haïssable – le pays par une liaison routière avec le Brésil, au beau milieu du vaste pays amazonien. Vous lirez les détails dans le texte ci-contre.

Le seul menu problème est que les Indiens qui habitent là ne veulent pas. 50 000 d’entre eux, des moxenos, des yurakarés, des chimanes, vivent dans un parc national de plus d’un million d’hectares, Isiboro-Secure. Parc national et territoire indien reconnu par la loi après des batailles terribles. Évidemment dans ces régions, toute la zone abrite une biodiversité d’exception. La route éventrerait le territoire, et l’on comprend donc sans peine pourquoi 600 Indiens, devenus 1200 le lendemain, ont commencé le 15 août une marche de protestation qui doit leur permettre de rejoindre La Paz – la capitale – en une quarantaine de jours. Morales a peur, et propose de négocier au moment où j’écris. On verra, mais j’ai pour ma part compris. Si vous entendez la langue espagnole, allez donc sur la BBC, qui donne un petit reportage d’une grande clarté (ici).

Héctor Bejarano Congo, sous-gouverneur indien de San Ignacio de Moxos, y proclame un point qui me semble décisif. Je ne connais pas cet homme, mais il n’est évidemment pas de la race des activistes. Et pourtant, il déclare sereinement que l’une des raisons principales du refus de la route tient à la défense de la culture indienne. Poursuivez encore sur la BBC, et vous pourrez entendre l’ambassadeur brésilien à La Paz, Marcel Biato. Encravaté, enregistrant dans un bureau assurément climatisé, il reprend l’antienne du « développement », cette atroce manière de détruire ce qui reste du legs de dizaines de millions d’années d’une vie foisonnante. Le voilà, le point de clivage avec la gauche tendance Morales, comme avec la gauche tendance Dilma Rousseff, qui a remplacé Lula à la direction du Brésil. Ce qui sépare un écologiste de combat de ces gens-là ne saurait s’expliquer ni s’écrire vraiment, car qui cherche y trouvera la culture profonde, la vision chamanique du temps et de l’espace, le sentiment de la beauté et de l’harmonie. Voilà bien qui est irréconciliable.

Et voilà bien ce pour quoi je me bats. La culture des hommes. Leur art parfois si émouvant de vivre ensemble, inventant des formes, des rites, des langues, des rêves. Les gauches, toutes les gauches décidément, sont encore plongées dans le désastreux paradigme de la vitesse et de la puissance matérielle. De la croissance et de l’économie. Des routes et des engins. C’est vrai là-bas, c’est identique ici. Et contre cela, nous ne pouvons, pour le moment du moins, rien. Il nous faut être plus forts. Plus grands. Plus unis. Plus magnifiques. Cela ne sera peut-être pas si difficile que cela. Car, par Dieu, qu’ils sont laids.

Quand Borloo adorait le Front National

J’ai attaqué au bazooka Jean-Louis Borloo dans mon livre Qui a tué l’écologie (LLL). Pour quantité de raisons que ceux qui me liront connaîtront. Mais j’avoue que je ne m’attendais pas à une telle saloperie. Nous sommes en 1993, et Borloo vient de rater de peu la présidence de la région Nord/Pas-de-Calais, qu’il guignait depuis qu’il était devenu maire de Valenciennes en 1989.

Vous lirez, je l’espère, l’article ci-dessous de L’Express, ainsi que l’interview que Borloo accorde alors au torchon hebdomadaire Minute. C’est à ce politicien – Borloo – que les associations écologistes ont offert un tremplin électoral qui lui permet, en cet été 2011, de se prétendre écologiste. Nul doute pour moi qu’il sert en toute lucidité la cause de son ami Sarkozy. Je ne fais pas partie de ces journalistes qui pensent, avec une terrible naïveté selon moi, qu’il aurait une stratégie personnelle pour l’élection présidentielle de 2012.

Mais qu’importe ! Borloo, dans tous les cas, est minable. Qui a prétendu, comme vous verrez, refuser le poste de président de la région Nord/Pas-de-Calais pour des raisons morales alors qu’il avait déjà accepté le principe d’un soutien du Front National. Ce dernier, en 1993, était certes le même que celui dirigé aujourd’hui pas Fifille. Mais le contexte était autre. Je rappelle qu’en ces temps déjà enfuis, Le Pen parlait de sidaïques pour désigner les sidéens, rapprochant ainsi le sida des judaïques chers au vocabulaire du régime fasciste de Vichy. Je rappelle, de même, que Le Pen, en ces temps, faisait d’agréables jeux de mots tels que : « Durafour-crématoire », Durafour étant le nom d’un homme politique d’une droite qui irritait El Jefe. En somme, Borloo l’écolo était prêt à tout pour conquérir un peu de pouvoir. A-t-il changé ? Ceux des écologistes de salon qui le tutoient et trinquent avec lui n’ont-ils vraiment aucune explication à nous fournir ?

Ci-contre, l’adresse de l’article de L’Express : ici. Et ci-dessous, l’article lui-même.

Quand Borloo et Estrosi étaient prêts à s’allier au FN

Par , publié le 28/07/2011 à 09:45

Quand Borloo et Estrosi étaient prêts à s'allier au FN

Borloo dans une interview au journal Minute, en février 1993.

Minute

Jean-Louis Borloo et Christian Estrosi se présentent aujourd’hui comme des opposants résolus au FN. Mais, comme s’en amuse Jean-Marie Le Pen, ils n’ont pas toujours été aussi fermes.

« Nous sommes la force anti-Front national. » A Epinay-sur-Seine, ce dimanche 26 juin 2011, Jean-Louis Borloo lance devant 3000 partisans son nouveau mouvement, l’Alliance républicaine, écologiste et sociale (Ares). Le président du Parti radical légitime une candidature centriste indépendante en 2012. « Si on laissait s’affronter le vainqueur de la primaire socialiste et l’UMP actuelle (…) je vous garantis que le Front national serait en tête du premier tour », menace l’ancien ministre de l’Environnement.

Borloo, l’anti-Le Pen? Il n’en a pas toujours été ainsi. Dans une interview parue le 10 février 1993 dans l’hebdomadaire Minute, « Jean-Louis Borloo avec Le Pen, pourquoi pas? », celui qui est alors maire de Valenciennes est interrogé sur ses alliances. « Personnellement, j’ai des rapports corrects avec les gens du FN de ma région, et je ne serais pas contre, répond Jean-Louis Borloo. Mais s’il devait y avoir des alliances, il faudrait que toute la droite suive. Celui qui prendrait cette initiative tout seul se ferait descendre politiquement. »

Tout à sa volonté de se démarquer de  »l’ambiguïté de l’UMP vis-à-vis du Front national« , Jean-Louis Borloo aime rappeler ces temps-ci qu’il « avait refusé de devenir président de la Région Nord-Pas-de-Calais grâce à l’appui d’une voix FN en 1992 ». Le conseiller régional du Nord, Jean-Pierre Gendron, conteste cette version. « Nous avions passé un accord avec Jean-Louis Borloo, alors sans étiquette, pour lui donner nos voix afin que la présidence de la région ne bascule pas à gauche, explique l’élu FN. L’accord a achoppé à cause d’un maire RPR de la région, mais Borloo était d’accord sur le principe. » Après avoir quitté Génération Ecologie, Jean-Louis Borloo cherchait à se repositionner au sein du jeu politique afin de préparer les élections législatives de 1993.

Contacté par LEXPRESS.fr, le président du Parti radical n’a pas souhaité répondre à nos questions. Il n’est pas le seul dans ce cas.

Estrosi, un autre chevalier anti-frontiste

Autre figure de la majorité à critiquer la droitisation de l’UMP, Christian Estrosi se présente lui aussi comme un chevalier anti-frontiste. Le maire de Nice vient de décider d’organiser un contre-meeting lors des journées d’été du FN, qui se tiendront dans sa ville les 10 et 11 septembre prochains.

En mars 1998, le futur ministre de l’Industrie de Nicolas Sarkozy plaidait pourtant pour une alliance entre le RPR et le FN en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). L’ancien maire frontiste de Toulon, Jean-Marie Le Chevallier, raconte: « Christian Estrosi avait participé aux négociations et aurait été mon vice-président en cas d’entente. » Mais Jean-Marie Le Pen a finalement rejeté les conditions de la droite et l’accord a capoté.

La droite a toujours été très divisée sur l’attitude à tenir à l’égard du Front national. Malgré la stratégie du cordon sanitaire édictée dès les années 1980 par Jacques Chirac, de nombreux accords locaux ont été signés. Selon le politologue Erwan Lecoeur, les régionales de 1998 sont un moment particulier dans la relation entre la droite et l’extrême droite. « Lors des législatives de 1997, le FN avait réussi à se maintenir dans 133 circonscriptions et avait provoqué de nombreuses triangulaires. En 1998, l’idée d’une alliance avec le Front apparaissait comme l’unique alternative pour que les régions ne basculent pas toutes à gauche ». Dans cinq d’entre elles, défiant la consigne nationale, la droite pactise alors avec les élus frontistes.

« Une perméabilité idéologique nouvelle »

Le départ du FN de Bruno Mégret, le plus ardent défenseur de ces alliances, met fin à la discussion en 1999. « Le FN a réussi à introduire ses thèmes dans la société (immigration, insécurité), mais n’est pas parvenu à faire bouger les clivages politiques traditionnels pour réorganiser la droite autour de ses idées », analyse Erwan Lecoeur. « Alors que le PS a réussi à réaliser une union de la gauche, le FN a toujours été ostracisé au sein de la droite. Ceux qui ont accepté une alliance avec le Front ont toujours été châtiés par leurs formations », regrette, de son côté, Jean-Marie Le Pen, interrogé par LEXPRESS.fr.

En 2007, le siphonage des électeurs frontistes par Nicolas Sarkozy laisse croire à la réussite de la stratégie d’endiguement. Quatre ans plus tard, les difficultés de la majorité et la poussée de Marine Le Pen amènent certains UMP à se reposer cette question brûlante. En octobre 2010, le député Christian Vanneste et le maire de Montfermeil Xavier Lemoine plaident sans succès pour une union de toutes les droites.

Avec l’essor de la Droite populaire au sein de l’UMP, c’est la fin d’une certaine imperméabilité idéologique, selon l’historien Stéphane François. « Au nom d’un combat contre le politiquement correct, un grand classique de l’extrême droite, la frange réactionnaire de l’UMP fait tomber certains tabous, rendant floues les frontières entre la droite de gouvernement et l’extrême droite. » Autant de revirements qui font sourire Jean-Marie Le Pen. Le président d’honneur du FN se fait un plaisir de citer Edgar Faure: « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. »

Sarkozy et moi, sans oublier le WWF et la forêt

Franchement, il y a quelque chose de pourri dans ce royaume délabré de l’écologie. J’ai écrit, certains de vous le savent, le livre Qui a tué l’écologie (éditions LLL), paru le 16 mars 2011. J’y ai révélé quantité de choses, parfois très graves, sur les collusions entre les associations écologistes principales et l’État, ou les transnationales. J’ai donné pour la première fois des informations précises sur les modes de financement de telle ou telle, sur l’histoire à mes yeux abominable du WWF. Et ? Rien. Silence de mort. Aucun procès – pardi ! tout est vrai -, seulement un silence organisé.

Car ce silence a été organisé entre cheffaillons de la « Bande des Quatre », comme j’ai appelé le WWF, Greenpeace, la fondation qu’on appelait Hulot et France Nature Environnement (FNE). Jacques Thomas, qui organise chaque année à Paris le festival du livre et de la presse d’écologie, a tenté d’organiser un débat entre eux et moi. Cela devait se passer en juin. Puis en septembre. J’avais prévenu Jacques qu’il aurait le plus grand mal à réussir. Et cela n’a pas manqué : ils se sont défilés. Et ils se sont défilés parce qu’ils ont peur du débat et de la liberté. Lesquels peuvent se rapprocher dangereusement de la vérité.

Une anecdote pour rire. Je tiens d’un témoin on ne peut plus fiable le récit d’une saynète qui m’a beaucoup réjoui. Nous sommes à l’Élysée, en mai dernier, et Nicolas Sarkozy reçoit des associations écologistes officielles pour continuer son habituel travail de manipulation. Tous les preux que je dénonce sont là. L’un d’eux, soudainement, comme un pauvre gamin pleurnichard, se tourne vers notre président, et lui lâche à peu près :  « Monsieur le président, c’est insupportable. Nous sommes pris à partie dans un livre qui vient de paraître sous le nom de Fabrice Nicolino…». Sarkozy, à ce moment-là, et sursautant : « Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire …? ». Selon mon témoin, Serge Orru, directeur du WWF-France, aurait alors couru à mon secours, en deux temps. D’abord en tançant celui qui venait de me « dénoncer ». Ensuite, en vantant ma personne et mon travail. Si tel est le cas, et je le crois vrai, je dois à mon tour remercier Orru, car j’ai proprement assassiné dans mon livre l’association qu’il dirige.

La suite. Vous trouverez ci-dessous deux articles. Le premier vient de Courrier International. Le second, signé Laurence Caramel, a été publié dans Le Monde. Vous apprécierez comme je l’ai fait l’état des lieux. Voilà où en est le WWF. Mais valons-nous – collectivement – bien mieux, nous qui ne faisons rien pour déclencher enfin le scandale planétaire que cette situation exige pourtant ?

D’abord Courrier International

WWF accorde trop facilement son label
25.07.2011?|?The Guardian

Il y a du laisser-aller au WWF… C’est du moins ce qu’affirme un rapport publié par Global Witness, une ONG qui lutte contre le pillage des ressources naturelles dans les pays en développement. Selon ce document, cité par The Guardian, plus de 70 grandes entreprises spécialisées dans l’exploitation forestière battent aujourd’hui pavillon écolo : elles ont obtenu le label « exploitation équitable » accordé par WWF, pour leur bonne gestion des ressources forestières et leur lutte contre l’exploitation illégale. Mais ce réseau d’entreprises n’est pas aussi respectueux des bonnes pratiques qu’elles veulent bien le laisser croire, assène le rapport.

Elles suppriment des pans entiers de forêt primaire afin de récupérer le bois et d’y planter leurs propres essences. C’est le cas notamment en Malaisie, dans la forêt de Bornéo, l’une des plus riches du monde en terme de biodiversité, qui est par ailleurs inscrite dans les programmes de conservation du WWF. Dans cette forêt sévit l’entreprise Ta Ann Holdings Berhard, qui supprime l’équivalent de 20 stades de foot par jour en tailladant dans la forêt vierge, et détruit l’habitat naturel des léopards et des orangs-outangs. Une entreprise pourtant labellisée WWF.

Le WWF, qui fête cette année ses cinquante ans, est très critiqué par d’autres ONG pour ses liens avec les entreprises minières, forestières… Et les industries d’exploitation et de transformation des matières premières en général, rappelle l’article. « Nous ne faisons que poursuivre le dialogue », rétorque quant à elle l’ONG au panda.

Et maintenant Le Monde

WWF est accusé de servir de couverture à des sociétés peu scrupuleuses

édition du 28 juillet 2011

Le réseau  » forêts et commerce  » de l’ONG entretient la déforestation, selon Global Witness
L’organisation non gouvernementale (ONG) Fonds mondial pour la nature (WWF), connue dans le monde entier pour sa défense du panda, sert-elle de caution à des entreprises qui participent à la destruction des dernières forêts primaires ?

C’est l’accusation portée par Global Witness contre le WWF, avec la publication, lundi 25 juillet, du rapport  » Encourager les bûcherons « . Il est rare de voir des ONG se critiquer entre elles. A fortiori quand les deux protagonistes jouissent d’une notoriété aussi établie.

Or la charge menée par Global Witness n’est pas légère. Elle met en cause le Réseau international forêt et commerce (RIFC), l’un des programmes phare du WWF, initié il y a vingt ans et destiné à garantir une production durable du bois en encourageant les exploitants forestiers ou les traders du secteur à entrer dans des démarches de certification.

Ce réseau associe aujourd’hui près de 300 entreprises à l’origine d’environ 20 % du commerce international du bois et de la moitié du bois certifié FSC (Forest Stewardship Council). Il bénéficie du soutien financier du gouvernement américain et de la Commission européenne notamment.

Or, dénoncent les auteurs du rapport, ce programme dont l’objectif est d’éliminer les mauvaises pratiques du secteur forestier manque de transparence. Il fournit peu d’informations sur les performances de chaque membre ou sur l’impact du programme entier.

Les règles d’adhésion au RIFC sont insuffisantes et permettent à certaines entreprises d’en abuser systématiquement. « Alors qu’une grande partie du budget annuel de ce projet est payée par les contribuables, ceux-ci ont le droit d’avoir la garantie que leur argent ne sert pas à financer du « greenwashing » « , affirme Tom Picken, directeur de la campagne Forêts de Global Witness, et réclame une évaluation indépendante.

 » Vingt terrains de football « 

Le rapport pointe en particulier trois entreprises. La société forestière malaisienne Tan Ann, qui détruit  » de la forêt pluviale à un taux équivalent à vingt terrains de football par jour, y compris dans les zones d’habitats d’orangs-outans « . Le fournisseur de matériel de construction britannique Jewson, qui continue, selon Global Witness, à s’approvisionner en bois illégal. Enfin, en République démocratique du Congo, la société Danzer, qui  » possède une filiale impliquée dans des conflits avec les communautés locales, causant des violations des droits de l’homme « , alors que  » le groupe Danzer continue de profiter de son adhésion au réseau « .

Sollicité par Le Monde, George White, responsable du programme au WWF, réfute catégoriquement les allégations de Global Witness.  » Les entreprises partenaires sont évaluées chaque année. Si elles ne font pas de progrès ou si elles ne respectent pas les règles, nous suspendons ou mettons un terme à nos contrats, justifie-t-il, en regrettant que Global Witness ait choisi de se concentrer sur des détails au lieu de regarder le chemin parcouru depuis vingt ans pour améliorer la transparence du projet. « M. White précise que WWF a lui même engagé une enquête sur les agissements de la filiale de Danzer et qu’aucun nouvel engagement ne sera pris avant que les conclusions soient remises.

Laurence Caramel