Archives de catégorie : Pouvoir et démocratie

Tuyaux crevés, dégueulis assuré

Presque rien, vraiment. Nous sommes à nouveau à Quimper, dans le Finistère. Le 31 octobre, une canalisation d’eaux usées casse d’un coup, obligeant à rejeter dans l’Odet, un petit fleuve côtier de 62 kilomètres de long, des centaines de m3 de dégueulasseries diverses.

On mobilise gaillardement des équipes, des techniciens, du matos lourd et l’on entreprend de creuser un trou à l’endroit du désastre, puis d’en évacuer l’eau par pompage avant de commencer à réparer. En urgence, on pose sur 36 mètres une nouvelle canalisation en fonte, et avant même d’avoir terminé, une autre canalisation majeure pète. C’est la merde, et des dizaines de milliers de m3 – qui saura jamais la vérité ? – partent peu à peu à l’Odet, puis à la mer proche.

Les autorités bricolent, en quoi elles excellent, et préviennent gentiment les industries en amont qu’il est désormais impossible d’envoyer les eaux usées dans la station d’épuration du Comiguel, et qu’il serait hautement civique de garder ses ordures sur place, en attendant que tout rentre dans l’ordre. Le font-ils ? On n’en sait rien.

Là-dessus, les braves d’Eau et Rivières de Bretagne décident de porter plainte, au moins pour connaître les conditions de l’accident (1). Car en effet, de nombreuses questions se posent. La tuyauterie en fonte avait semble-t-il été installée vers 1970. Était-elle de bonne qualité ? Était-il entendu que ces matériaux vieillissent et dureraient aux alentours de cinquante ans ? Et si oui, que n’a-t-on entrepris des travaux de rénovation plus tôt ? En somme et comme si souvent, a-t-on attendu le merdier avant de réagir ? L’addition sera de toute façon payée par le peuple de Quimper, car on ne connaît aucune autre règle.

La pollution de l’Odet est grave pour des milliers, des dizaines de milliers de vies non humaines, végétaux compris. Quant aux conchyliculteurs de l’Atlantique, à 20 km de Quimper, c’est à se flinguer, à un mois de Noël et du Nouvel an. Le préfet a en effet pris un arrêté qui interdit la pêche, et même l’utilisation de l’eau de mer depuis Quimper, sur l’Odet, jusqu’à un rayon de deux km en mer.

Les crevettes, les casiers, les huîtres, c’est râpé. Après la crise du norovirus, qui a ravagé moules et huîtres, après le premier confinement, qui a fermé des marchés entiers, cette pollution majeure risque d’entraîner la fin de nombreuses entreprises. Avis de Kevin Way, président du Syndicat des conchyliculteurs du Sud Finistère, interrogé par Le Télégramme : « Des réseaux vieillissants comme celui-là, il en existe partout ». Et en effet, partout.

Pour rester une seconde dans le turbide domaine de l’eau, on apprenait au même moment qu’en Guadeloupe, des milliers de foyers sont privés à tour de rôle d’eau au robinet, pour cause de conduites d’adduction percées de tout côté. À la rentrée, quarante écoles, deux lycées et un collège n’ont pu ouvrir, faute d’eau.

On peut multiplier les exemples par cent ou mille. Le réseau routier, dédié au culte de la bagnole, dépasse au total 1 million 103 000 km. Combien de temps encore faudra-t-il pour admettre que ce n’est pas tenable ? Que les ressources nécessaires à l’entretien d’une telle folie n’existent pas ?

La France est pleine d’un legs que personne n’entend accepter, comme si ce « confort » imbécile fait de portables, d’ordinateurs, d’écrans plasma, de facebook, de twitter avait été apporté dans la hotte du Père Noël. Nul n’entend payer le prix de nos vomissures dans l’eau que nous buvons ensuite. Ni celui des milliers de décharges, des centaines d’incinérateurs géants, pas davantage celui des centaines de milliers de toits et de lieux farcis à l’amiante. Arrêtons ici cette liste sans fin, et regardons au moins une seconde ce qui nous arrive : tout ce qui a été lancé dans l’euphorie psychopathologique des Trente Glorieuses réclame désormais la note, et elle est en vérité impayable.

Elle sera donc délayée, camouflée, et pour finir ignorée, car elle est la vérité quand tout nous pousse à (nous) mentir. Les craquements de Quimper annoncent bien d’autres déversements, capables de recouvrir le monde.

(1) eau-et-rivieres.org/pollution-odet-nov.2020

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La clé énergétique, c’est de ne pas consommer

Dans l’ensemble, tout le monde se fout du dérèglement climatique. Tout le monde, sauf quelques pékins, soutenus par une poignée de clampins. Et justement. Ceux de l’association Negawatt, créée – mazette – en 2001, cherchent des solutions. Attention, ce sont des chercheurs, des « spécialistes », des « experts ». Je ne suis pas forcément d’accord sur le fond, mais leurs calculs m’ont toujours apporté du réconfort. Voici donc.

D’abord, qu’est-ce qu’un negawatt ? Grossièrement, le watt qu’on ne produit ni ne consomme. L’équipe – Thierry Salomon, salut ! – produit régulièrement des scénarios énergétiques, et le petit dernier éblouit (1), car il déclare possible une réduction des gaz à effet de serre, en France, de 55% d’ici 2030. Dans dix petites années.

Comment fait-on ? C’est presque simple si l’on s’appuie sur le trépied sobriété/efficacité/renouvelables. Le levier principal, sans surprise, est la réduction de la consommation d’énergie. Qui pourrait réserver pour une fois de bonnes surprises, notamment dans les transports et le bâtiment. On l’oublie trois fois sur trois, mais 30% des émissions de gaz à effet de serre viennent du transport, et toutes les mesures proposées par Negawatt relèvent du simple bon sens.

Et de même pour l’habitat et le bâtiment, le secteur industriel, l’agriculture. Un point critique tout de même à propos de cette dernière : le choix de ne pas intégrer sa consommation d’énergie au bilan général fausse la perspective. Car le modèle de l’agriculture industrielle est l’une des clés de toute bagarre contre la crise climatique.

À part cela, un excellent boulot. Ne manque plus qu’un détail : la volonté politique, totalement absente. La France s’est engagée à une réduction de 40% d’ici 2030 – par rapport à 1990 -, mais d’évidence, elle n’y arrivera pas. D’autant que les émissions importées via le commerce mondial explosent : + 78% depuis 1995. Ici, insulte fortement intériorisée contre le président de la République. Et ses ministres. Et la droite. Et la gauche.

(1) negawatt.org/IMG/pdf/201130_objectif-55pourcent-de-reduction-de-ges-en-2030.pdf

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Nanoparticules, maxicrapules

C’est tellement délirant qu’on est bien obligé de le croire, tant cela ressemble à ce si beau monde. Présentons. D’abord l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses), notre grande agence publique en charge de notre sécurité, maintes fois essorée ici pour ses liens avec l’industrie des pesticides. Ensuite le registre R-Nano, que cette agence publie chaque année, sur la base des déclarations obligatoires des industriels.

R-Nano (1) analyse la consommation de nanomatériaux, dont on rappelle la taille : si le diamètre d’une bille était d’un nanomètre, alors celui de la Terre serait d’un mètre. Précisions qu’à cette échelle, la matière se comporte d’une autre manière, et qu’elle peut aisément franchir les frontières des organes et même des cellules. Or on en fout partout. Par exemple dans les sauces, sous la forme de nanoparticules de silice. Ou dans les cosmétiques. Ou dans les chaussettes. Ou dans les pesticides. Compter chaque année 400 000 tonnes, dont une partie importée.

Voyons maintenant le résultat, avec l’Anses, qui s’est fendu d’une analyse portant sur 52 000 déclarations enregistrées entre 2013 et 2017 (2). Ce qui suit est tiré du texte original, qui contient du gras. Attention les yeux : « 90 % des données de caractérisation des nanomatériaux telles que la taille, la surface spécifique, la charge de surface ne sont pas exploitables et 10 % seulement renseignent correctement leur usage. L’absence de données ou la mauvaise qualité de celles-ci impacte significativement les possibilités d’exploitation, notamment en matière d’évaluation des risques sanitaires potentiels ». Vu ?

(1) ecologie.gouv.fr/sites/default/files/Rapport%20R-nano%202019.pdf

(2) anses.fr/fr/content/nanomat%C3%A9riaux-evaluation-du-dispositif-national-de-d%C3%A9claration-r-nano

Les djihadistes de la pêche bretonne

Qui oserait écrire sur Facebook et sous son nom : « Ça fait que commencer ! Daech va venir vous voir, bande de bâtards ! ». Qui ? Un certain Emmanuel N., pêcheur breton de son état, qui glisse amoureusement ce complément : « Fdp [fils de pute], suceur de cailloux, enculeur d’arbres, allé acheter des dents pour manger du flippeur le requin et de la baleine, c trop bon à manger. A bonne entendeur bande de chien de fils de chien, ta mère la pute crevard, vaut mieux pas que je vs voit. Fdp, fdp et enfants de putin ».

Mignon. Un peu répétitif, un peu déjà vu, mais vraiment mignon comme tout, cher Emmanuel. Le monsieur semble mécontent, mais pourquoi, dites ? L’affaire commence début août. Une équipe de Sea Shepherd lance un zodiac semi rigide, le Clémentine, à l’assaut des vagues bretonnes. Rappelons que Sea Shepherd (seashepherd.fr) est une association de combat créée et présidée par le Canadien Paul Watson. Ses équipes, ses bateaux vont au contact des écumeurs des mers, prenant de grands risques pour la sauvegarde des requins et baleines, mais aussi des phoques, des thons, et bien sûr des dauphins.

Début août, donc, la Bretagne. Le 30 – et ce n’est qu’un exemple -, ceux du Clémentine filment à distance un navire qui remonte dans ses filets dormants cinq dauphins, tous morts bien sûr puisque ces mammifères ont besoin de respirer en surface. Selon les estimations de Sea Shepherd, 10 000 dauphins et cétacés seraient ainsi tués sur les côtes françaises. « Nous sommes les seuls témoins de cette tuerie à grande échelle perpétuée au large, à l’abri des regards », expliquent les activistes.

D’où ce léger courroux des pêcheurs de dauphins. Lesquels ont créé un groupe Facebook sobrement appelé « Contre Sea Shepherd ». Il n’y a pas que l’ami Emmanuel. Citons parmi les poètes Alex P., qui prévient ses amis : « Le zod [le zodiac Clémentine] est à port la forêt à côté de la gendarmerie maritime. Bon défoulement ». À quoi Jean-Christophe C. répond : « Fo les couler ». Damien F. renchérit : « Je vais aller le mettre au fond celui là » et le plus aimable de tous, Jacques T. prévient : « Le premier que je trouve à bord est décapité ». Que des beaux projets, que des saintes idées.

Est-ce tout ? Point. Les pêcheurs si sympathiques publient aussi une photo de Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd en France. Et d’origine marocaine. Commentaire de Miroslav Z., bon Français comme son nom l’indique : « A-t-elle son visa en règle quand même. Quand tu vois sa gueule… ».

Le Comité national des pêches, qui ressemble tant à une FNSEA des mers, a pondu un communiqué très éclairant sur lui-même : « Depuis trois ans, l’ONG Sea Shepherd harcèle les pêcheurs français dans le golfe de Gascogne, pour filmer des captures accidentelles de mammifères marins. Ce harcèlement continu, souvent de nuit, au moyen d’un zodiac se rapprochant très rapidement des navires de pêche est dangereux ».

Lamya : « Ces gens, qui nous ont traité d’abordeurs, terme lourd en mer, mentent comme des arracheurs de dents. Nous avons constamment respecté les règles maritimes, à commencer par les distances de sécurité. Et la gendarmerie maritime l’a d’ailleurs reconnu. La vérité, c’est qu’ils se sentent les propriétaires des mers. S’ils entendent privatiser l’océan, qu’ils le disent clairement. Ce que révèle hélas cette histoire, c’est que même les petits bateaux de pêche, qui sont des centaines dans le golfe de Gascogne, font partie du problème. Car ils ont le droit de placer des kilomètres de filets dans les zones d’habitats du dauphin, ce qui conduit nécessairement au massacre. Mais en Australie, non ».

Non ? Non. Sur les côtes de l’île-continent, le dauphin est réellement protégé, et les pêcheurs, sous risque de perdre leur licence, n’ont pas le droit de poser des filets dans les zones habitées par ces animaux. Sea Shepherd a déposé plainte pour diffamation contre le comité des pêches. Et pour apologie du terrorisme contre les braves pêcheurs du groupe Facebook. Sûr qu’on va leur tirer les oreilles.

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Le Sri Lanka veut plus de nos cadavres

Bien fait pour notre gueule à tous. Qu’est donc le Sri Lanka ? L’ancienne Ceylan aux senteurs de rêve est une larme posée sur l’Océan indien, face au continent asiatique, face à l’Inde. Un très, très beau pays de 23 millions d’habitants, hélas divisé jusqu’au crime le plus abject entre Tamouls – 18 % -, majoritairement hindouistes, et Cinghalais – 75% -, essentiellement bouddhistes. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit.

L’an passé, le Sri Lanka demande gentiment à l’Angleterre de reprendre une centaine de containers d’ordures diverses. Des déchets médicaux, des matelas, des plastiques, des rebus dangereux non identifiés. L’ensemble puait atrocement, ce qui finit par attirer l’attention, ballots que sont les envoyeurs.

Une plainte du Centre for Environmental Justice (CEJ) précisait (1) : « Also, population will be exposed to several health risks due to the pathogens in the clinic or other waste found in the imported waste. This could also have negative impacts on the biodiversity ». Sans surprise, risques pour la santé et la biodiversité.

Et tout repartit donc vers Boris Johnson, après des renvois similaires venus du Cambodge, des Philippines, d’Indonésie, de Malaisie à destination du continent américain. Cette fois, le Sri Lanka veut retourner, après décision de justice, 242 containers qui débordent de restes de morgues anglaises, y compris de corps humains, qu’on ne pouvait d’évidence cramer ou enterrer au Royaume-Uni, ce grand pays dépourvu de cimetières. Et nous là-dedans ? On préfère les grands espaces africains.

(1) indianexpress.com/article/explained/explained-why-sri-lanka-is-sending-back-waste-to-the-uk-6912941/

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Les vers de terre sont des Amish

Ça prend la forme d’une étude scientifique de plus, intitulée « Residues of currently used pesticides in soils and earthworms: A silent threat? » (1). Ce qui veut dire : « Résidus de pesticides couramment utilisés, dans les sols et dans les vers de terre, une menace silencieuse ? ».

Que dit-elle ? Trois fois rien, cent fois plus : ses auteurs ont travaillé sur une plaine céréalière proche de Chizé (Deux-Sèvres), qui se situe non loin d’une célèbre station du CNRS. Et recherché les restes de 33 pesticides dans 180 échantillons de sol et 155 vers de terre au total. Premier constat d’ambiance : 100% des sols analysés et 92% des vers de terre contenaient au moins un pesticide.

Beaucoup plus dérangeant : les espaces semi-naturels, les haies, les champs traités, les cultures bio étaient contaminés. Dans 40% des cas, les chercheurs ont retrouvé une mixture de plus de dix pesticides différents, et les quatre substances les plus présentes sont l’herbicide diflufenican, l’insecticide imidaclopride, les fongicides boscalid et époxiconazole.

Détaillons, cela vaut la peine. Il n’y a pas de données chez l’homme pour le premier, le diflufenican. Chez le chien et les rongeurs, il est toxique pour le foie. Et probablement pour leur ADN. L’imidaclopride est la matière active du Gaucho massacreur d’abeilles. C’est un néonicotinoïde. Le boscalid est un SDHI, extrêmement dangereux (2) et l’époxiconazole a été retiré du marché l’an passé à cause de ses effets de perturbation endocrinienne.

Au moment où ces mots sont écrits, l’Assemblée nationale, après un petit tour devant le Sénat, s’apprête à voter une seconde fois pour le retour des néonicotinoïdes interdits depuis une loi de 2016, à l’usage de la betterave industrielle. Si ces gens étaient autre chose que des idéologues, nul doute qu’ils s’intéresseraient aux études scientifiques (3). N’accusent-ils pas les protecteurs des écosystèmes d’être des obscurantistes ? Des Amish adorateurs de la bougie, pour reprendre le mot de ce pauvre président si peu savant ?

(1) sciencedirect.com/science/article/pii/S0167880920303534

(2) J’ai consacré au sujet « Le crime est presque parfait (LLL).

(3) cnrs.fr/fr/neonicotinoides-malgre-le-moratoire-de-lue-un-risque-persiste-pour-les-abeilles

Les filouteries de l’agence européenne

Les bureaucraties sont globalement les ennemies de la vérité. Ce qui s’appelle enfoncer une porte ouverte. On devait plutôt prendre ses gouttes, au lieu de quoi, on pique sa millième crise de rage depuis disons le mois de juin. Mais parlons plutôt, puisqu’on ne peut pas l’étrangler, de l’Agence européenne de l’environnement (AEE). Cette structure de l’Union européenne (1) a pour but proclamé de « fournir des informations fiables et indépendantes sur l’environnement ».

Bon, on se doute déjà que c’est une blague, car par quel miracle, avec un tel fil à la patte, pourrait-on se montrer indépendant ? Mais n’importe : l’AEE vient de publier un rapport que vous trouverez sur son site. C’est simple : en Europe, la nature va très mal. Certes, on le sait, mais ça s’aggrave. 81% des habitats naturels étudiés sont dans un état mauvais ou médiocre. La dernière fois, il y a une courte poignée d’années, c’était 77%.

Le Lituanien Virginijus Sinkevičius, commissaire européen à l’Environnement, interrogé dans le rapport, enfile trois perles, déclarant : « Cette évaluation de l’état de la nature est le “bilan de santé” le plus complet jamais réalisé dans l’UE. Elle montre très clairement que nous continuons à perdre notre milieu vital ». Bon, la logique élémentaire devrait conduire à abandonner sa bagnole, son chauffeur, ses petits fours, son salaire mirobolant, ses innombrables avantages de fonction, non ? Et d’annoncer, flamberge au vent, qu’on se lance dans une croisade pour la reconquête de notre « milieu vital ». Non ?

Non. Ces gens sont perdus à jamais et nous abreuvent de textes émollients, passant de litotes en euphémismes. La raison en est très simple : ils se contrefoutent du sens premier, synonyme de cataclysme. Qu’attendent-ils ? Que 100% des habitats soient foutus pour un siècle ou dix ? Le rapport n’emploie même pas le mot de pesticide, sans doute parce qu’un des rédacteurs, plaisamment pris en main par un lobbyiste, aura estimé que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.

Dans le détail, c’est pire. Ce pourcentage de 81%, qui est de loin l’information capitale, est noyée au beau milieu de développements grotesques. On lit par exemple dans l’introduction, texto : « Le rapport de l’AEE montre une évolution positive des efforts de conservation ». Avant de comprendre, mais c’est volontairement confus, que l’on parle des minuscules zones protégées sous l’appellation « Natura 2000 ».

Et tout à l’avenant. L’expression « situation désespérée » est remplacée par « avenir incertain ». Ces aveugles volontaires nous l’assurent, « sur le plan politique, il y a également de l’espoir grâce à la nouvelle stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030 et à la stratégie «De la ferme à la table», deux éléments essentiels du pacte vert pour l’Europe ».

Mais bien entendu, il faut des études. Beaucoup d’études. Quand vous entendez un expert, parlant de la crise écologique, qu’il faut encore d’autres travaux, vous pouvez être certain qu’il est là pour embobiner, consciemment ou non. Extrait : « Actuellement, de nombreuses lacunes persistent en termes de données, notamment en ce qui concerne les espèces et les habitats marins ».

Quant à lui, le paragraphe « Perspectives » commence par cette phrase d’anthologie : « Le rapport met en évidence certaines évolutions positives, principalement à l’échelle nationale ou régionale. Un certain nombre d’espèces et d’habitats ont connu des améliorations, comme la grenouille agile en Suède, les lagunes côtières en France et le gypaète barbu au niveau de l’UE ».

Ne nous y trompons pas, c’est de la canaillerie. Propre sur elle, estampillée Union européenne, mais canaillerie tout de même. Comme ces désinformateurs sont habitués à ce que leurs chefaillons les félicitent de leurs douteux exploits, ils n’imaginent pas que quelqu’un les chope au col et leur demande des comptes. En quoi ils ont parfaitement raison. Les opinions, la nôtre de même, sont inertes, amorphes, complices pour dire toute la vérité du grand mensonge.

(1) eea.europa.eu/fr/about-us

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Ce ministre qui me crache à la gueule

Cadeau. Le 15 septembre, j’étais reçu avec des amis par Barbara Pompili, ministre de l’Écologie, pour lui remettre 1 135 000 signatures en soutien de l’Appel des coquelicots, pour l’interdiction des pesticides. Mais pendant l’été, j’avais aussi demandé rendez-vous à Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture.

Le 31 juillet, j’adresse un mail au directeur de cabinet de Denormandie, Fabrice Rigoulet-Roze. J’écris : « Nous souhaitons vivement remettre ces signatures à monsieur Denormandie (…) Il nous semble que le grand mouvement démocratique que nous avons suscité doit pouvoir s’exprimer devant monsieur le ministre. Dans une atmosphère de respect mutuel ».

Le 6 août : « Je vous adresse à nouveau mon message du 31 juillet, qui se sera peut-être perdu en route ». Réponse : « Elle est en en effet bien parvenue et j’avais quelques urgences à gérer avant de vous répondre ». Le même jour, Victor Schmidt, chef de cabinet : « J’ai bien pris connaissance de votre message et de votre demande d’entretien, mais il ne m’est pas possible d’y accorder une suite favorable pour le moment ».

Je réponds : « Merci de votre réponse (…) Le mois d’août est en effet particulier, et c’est pourquoi j’ai pris soin de présenter ma demande de longues semaines à l’avance » Et puis silence total. Le 7 septembre, j’écris aux deux : « Je m’étonne beaucoup de ne pas avoir reçu de réponse à ma demande de rendez-vous avec M.Denormandie. Je vous rappelle que je suis le président du mouvement « Nous voulons des coquelicots », et que mon premier courrier date du…31 juillet ». Le 11, j’insiste : « Est-ce que la politesse républicaine ne commanderait pas, au moins, d’accuser réception de mes courriers ? Le mépris dont vous faites preuve à mon égard, qui représente 1 100 000 citoyens de ce pays, ce mépris n’est pas digne de ce pays. Du moins dans l’idée que je m’en fais ». Réponse de Schmidt : « Nous tâchons dans la mesure du possible de répondre à chacune des sollicitations, dans des délais aussi raisonnables que possible ». Et puis silence définitif.

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Le soleil au service de la destruction

Jusqu’où ira la malignité ? À Oradour-sur-Vayre, dans le Limousin – 40 km au sud-ouest de Limoges – une saloperie se prépare. Allons-droit au but : un proprio – il habite l’Aveyron – veut sacrifier 47 hectares où l’on produit du sarrasin bio. En y installant une immensité de panneaux photovoltaïques (1). Le mec qui les installerait, prenant sans doute les habitants pour de braves couillons (2) s’essaie à une grossière désinformation : « Le projet photovoltaïque va non seulement permettre la poursuite de la culture du sarrasin, mais va aussi permettre le développement d’autres pratiques agricoles ». Tu parles, Charles.

On préférera sûrement écouter Jean-Pascal Farges, de Vox Plebeia (3) : « Il n’y avait surement pas d’autres endroits que celui de ces champs (…), près d’un village de quelques dizaines d’habitants, dans une commune d’un peu plus de 1 500 âmes où même les GPS se perdent. L’industrie verte n’aime pas la campagne et se fout des bouseux qui y vivent encore. Mais le plus incroyable c’est que l’industriel prétend conserver voire sanctuariser la nature qu’il recouvre. En Haute-Vienne, l’agence de la transition écologique, l’ADEME, a identifié plus de 115 sites propices à l’implantation d’usines solaires (friches industrielles, parkings, etc.) Mais non, ce sont les cultures bio qui les branchent, c’est la dévastation des terres agricoles qui les font vibrer (…) Les habitants, les riverains, les associations, les agriculteurs ? Pas consultés ; ça serait sans doute trop démocratique ! ».

(1) On peut contacter, mais faut se magner, Oradour Défense Environnement. Tel : 06 08 17 63 56. vodeasso87@gmail.com.

(2) https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/au-pays-arbre-eau-panneaux-solaires-sont-ils-bienvenus-1876844.html

(3) youtube.com/channel/UCBp64IrWs6CRlLvIiEw003w

As-tu vu la barbe à Doudou ?

Édouard Philippe, plus populaire que jamais. Il écrase Macron dans les sondages, et doit commencer à se poser des questions le matin, quand il se rase. Sauf qu’il ne rase pas, et que sa barbe blanchit de jour en jour. Portrait d’un anarchiste méconnu de la vie politique.

Appelons-le Doudou, comme tout le monde. Faut pas croire tout ce qu’on entend depuis le confinement. À l’hôtel Matignon, où le Premier ministre se ronge les ongles dessous sa barbe blanchissante, on se marre. Doudou, c’est bien entendu Édouard-le-preux Philippe. Mais il ne faut pas oublier les copains. Darmanin, ministre des Comptes publics, c’est Darminan, parce que Juppé, le chéri de Doudou, s’était un jour trompé en l’appelant. Et Sébastien Lecornu, ministre des Collectivités locales, c’est « le cornichon », surnom trouvé par Sarkozy (http://www.leparisien.fr/politique/indiscrets-cornichon-et-doudou-les-petits-surnoms-des-constructifs-04-11-2017-7372005.php). Super poilade.

C’est pas tout ça. Bien que très grand – 1,94 m -, Doudou a été un mioche. Papa et maman profs de français, sœurette prof de français, de quoi désespérer de l’Éducation nationale. Grand-papa cégétiste, arrière-grand-papa premier communiste encarté du Havre, de quoi désespérer du mouvement ouvrier.

Il fait Jeanson-de-Sailly – lycée chic du 16ème parisien – via hypokhâgne et fera dans la foulée Science-Po et l’ENA. Sans faute professionnel. Mais bon sang ne saurait mentir, et voilà que se lève le vent de la révolte, enfin. À vingt ans, Doudou est pris d’un coup de folie : il devient rocardien et se met à jouer au baby-foot et à chanter des karaokés dans des soirées où tout le monde se tutoie. Nous sommes en 1990 et Rocard est – tiens donc – Premier ministre.

Il prend sa carte au PS, mais se ressaisit, comprenant in extremis combien Rocard est extrémiste. Il fait son service militaire, et y devient officier d’artillerie. Quand Chirac est enfin élu président, en 1995, il a cette belle révélation : « les valeurs cardinales les plus importantes pour moi, la liberté et l’autorité, me classent à droite » (https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/05/15/edouard-philippe-un-juppeiste-a-matignon_5127932_4854003.html). Il a 25 ans, et se fait prodigieusement chier, car hélas, l’ENA est très emmerdante, ainsi que le Conseil d’État où il atterrit ensuite. Va-t-il devenir neurasthénique ? Non, car il rencontre Antoine Rufenacht, baderne chiraquienne passée par l’ENA vingt ans avant Doudou, ancien secrétaire d’État de Raymond Barre. Rufenacht n’est pas seulement triste comme un bonnet de nuit : il tient les clés de la ville du Havre qu’il a piquées au parti communiste en 1989. Il fait entrer Doudou au conseil municipal, avant de lui laisser la place. Tête (de mort) de papy et pépé Philippe, qui se retournent dans leur tombe.

 Rufenacht lui fait rencontrer un certain Alain Juppé, autre bonnet de nuit bien connu, et ce dernier prend Doudou sous sa pauvre petite aile. Ils créent ensemble l’UMP, dont Doudou devient le directeur général des services. Nous sommes en 2002 et il faudra beaucoup lui pardonner, car le 17 novembre, il est à un demi-doigt de mettre un pain à Sarkozy, qui veut voler la vedette à Juppé au cours d’un congrès de l’UMP. Il faut comprendre Doudou : il est amoureux. De Juppé.

La suite est passionnante. Jusqu’à la condamnation de son grand homme dans l’affaire des emplois fictifs du RPR – 2004 -, il fait marcher le parti et se barre avec son maître. Il devient avocat pour un cabinet international qui arrange si bien les affaires des héros du CAC 40 et du Dow Jones, tout en grimpant les marches à la mairie du Havre, où il devient adjoint à Rufenacht. Le suspense est total.

C’est alors que tout s’emballe. En 2007, l’ennemi Sarko s’installe à l’Élysée, mais nomme au poste de ministre de l’Écologie – tout, dans ce papier, est authentique – Alain Juppé. Doudou bande ses muscles de Spartacus, brûle ses vaisseaux d’avocat et le rejoint comme conseiller. Merdouille : en juin, le bel Alain rate l’élection législative à Bordeaux et se voit contraint à quitter le gouvernement. La grande aventure a duré un mois.

Que faire ? Doudou-l’écolo, qui entretient son carnet d’adresses, entre chez Areva, le monstre national du nucléaire. Comme directeur des Affaires publiques. C’est un nouveau travail, quoique : lobbyiste. Un témoin privilégié : « Il avait le profil pour ce poste, qui est souvent occupé par des énarques ou d’anciens membres de la préfectorale. Il nous fallait un directeur des affaires publiques qui ait un bon réseau, qui connaisse bien le système UMP » (https://www.mediapart.fr/journal/france/250617/edouard-philippe-discret-directeur-d-areva).

De 2007 à fin 2010, Doudou invite à bouffer tous ceux qui sont à jour de cotisation, et monte des expos et des événements à la gloire du nucléaire made in France. Plus précisément ? On ne sait pas, car Doudou ne veut rien dire, ce grand pudique. Au cours de ces années décisives pour Areva, le fric aura en tout cas disparu dans le scandale Uramin, et le nouveau réacteur EPR de Finlande, dont le chantier engloutit des milliards sans pour autant avancer. Et ne parlons pas d’Areva au Niger, qui tient le pouvoir politique par les couilles pour cause de mine d’uranium (là, si on peut mettre en ligne une archive Charlie du 29 avril 2009 sur le lobbying Areva au Niger). Tout ça pour mourir bêtement – Areva, par un coup de baguette magique, est devenu Orano, après avoir obtenu de l’État une recapitalisation de 5 milliards d’euros.

Mais Doudou est déjà loin. Fin 2010, il est maire du Havre, et ô surprise qui doit bien vouloir dire quelque chose, il obtient d’Areva en 2012 la construction de deux usines de fabrication d’éoliennes, avec 700 emplois à la clé. L’écologie, c’est sa passion. Député, il vote contre la loi sur « la transition énergétique pour la croissance verte » et celle sur « la reconquête de la biodiversité ».

Notre-Dame-des-Landes, que toutes les droites et gauches rêvent alors d’évacuer par la force ? Sur France-Info, il a ce cri du cœur : « Il faut y aller ». Avec des souliers ferrés ? Il ne précise pas. Il se bat aussi comme un forcené pour éviter la fermeture d’une central au charbon au Havre, et y parvient (https://www.lejdd.fr/Politique/edouard-philippe-trois-accrocs-sur-son-cv-3331013). Après tout, la pollution par le charbon ne tue jamais que 1400 personnes par an en France.

La suite tient du roman de cape et d’épée. En 2014, il est épinglé par la Haute autorité sur la transparence de la vie publique (HATVP), car il refuse de livrer des renseignements réclamés par la loi. Il devient le porte-parole d’Alain Juppé pour la primaire de la droite. Va-t-il rester maire du Havre jusqu’à la Saint-Glinglin ? Eh non ! Macron le prend comme Premier ministre à la surprise générale. Et Barbe-Blanche se retrouve à Matignon, comme son héros de bande dessinée Michel Rocard.

Au plan havrais, ça va pas si fort. Doudou n’a obtenu que 43% au premier tour de mars 2020, et la gauche menace bel et bien de lui reprendre son bureau quand on revotera. La question que tout le monde se pose : est-ce que la barbe à Doudou va blanchir complètement ? Et si oui, va-t-il se raser ? Quelle vie ! Quel destin ! Quel formidable mystère !

Planète sans visa rouvre ses portes

L’événement est du genre mineur, mais enfin, c’est comme ça : je reprends du service. Moi, Fabrice Nicolino, qui ai créé en septembre 2007, il y a plus de douze ans, Planète sans visa. Depuis cette date – je n’ai pas compté -, j’ai écrit et publié ici environ 1500 articles, tous disponibles. Ce que j’ai dans la tête n’a rien d’un secret. Il suffit de se référer à cette déclaration d’intention, en date du 27 août 2007.

Pourquoi s’y mettre à nouveau ? Parce que. Parce que, comme tant d’autres, je suis confiné et que ces circonstances amènent fatalement à penser un peu. Si j’en ai le goût, si j’en trouve le temps, j’écrirai ici un journal incertain, irrégulier et sincère sur ces jours d’agonie d’un monde détestable. Notons dès avant cela que Planète sans visa annonce audacieusement à son frontispice : une autre façon de voir la même chose.

Ce premier épisode concerne tous les êtres vivants, humains compris. J’éprouve depuis le départ une gêne à observer ce qui est si visiblement une épidémie de riches. Attention ! je ne souhaite pas aggraver mon cas, car je sais que ce que nous vivons est une très lourde épreuve. J’éprouve une compassion que je crois sincère pour les milliers de malades de France, les centaines de milliers de malades ailleurs. Et ne parlons pas des morts qui partent à la fosse seuls, sans même que leurs amis aient pu les accompagner. L’épouse de l’un de mes frères a dû accepter la crémation d’un proche à l’étranger, sans pouvoir faire le voyage. Bref, inutile de me chercher sur ce terrain : je sais combien tout cela est triste, douloureux, funèbre.

Je sais aussi que notre monde malade du Nord se contrefout, en règle si générale, du sort des autres. Le choléra, oublié ici depuis le 19ème siècle, tue chaque année 100 000 humains, dont chacun vaut bien la peau de chacun de nous. Faut-il rappeler la dernière phrase d’un texte célèbre ? « Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui.» Dans ce même temps, 272 000 enfants de moins de cinq ans meurent du paludisme. 650 000 de la grippe, et pas que des petits vieux. 770 000 du sida, malgré la trithérapie. Autour de deux millions de gosses boivent une eau contaminée, eux-mêmes vivant au milieu de 1,6 milliard d’humains sans accès sécurisé à une eau de qualité. 96 millions sont frappés par la dengue. 800 millions sont des affamés chroniques et 9 millions en meurent. Mais deux milliards d’adultes sont en surpoids, dont 650 millions d’obèses. 140 millions seront réfugiés climatiques dans leur propre pays en 2050, selon la Banque mondiale. Ou peut-être 250 millions, comme le craint l’ONU. À moins qu’ils ne soient un milliard, selon d’autres sources.

Est-ce assez ? Cela ne le sera jamais. En quarante ans, 60% des populations d’animaux sauvages ont disparu et le rythme s’accélère. Voilà qu’on s’en prend – et peut-être y a-t-il une part de vrai – au pangolin et à la chauve-souris, accusés d’avoir propagé le coronavirus. Il y a près de 25 ans, la grippe aviaire avait été l’occasion d’un fantastique déni mondial. On accusait les oiseaux sauvages, ces salauds, de transporter le virus dans le monde entier, avant de s’interroger sur les routes majeures de la propagation, qui étaient celles du transport d’animaux de l’élevage industriel.

Qu’en sera-t-il demain ? Savez-vous qu’en Chine, d’où tout est parti, on lance des fermes de 100 000 vaches à la frontière avec la Mongolie ? Que l’on élève des porcs dans des immeubles spécialement conçus pour en accueillir des milliers ? Que la peste porcine africaine (PPA) a peut-être tué au moment où j’écris – le pouvoir totalitaire le conteste -, 200 millions d’animaux ? Que la Chine toujours, pensant mieux se protéger du fléau, élève désormais des porcs géants, aussi lourds que des ours ?

Or, il pourrait y avoir 10 milliards d’humains sur terre en 2050. Qui les nourrira ? Selon l’Atlas mondial de la désertification, 20% de la surface végétale a subi un déclin de sa productivité agricole. Maria-Helena Semedo, directrice générale adjointe de la FAO : « Si nous n’agissons pas maintenant, plus de 90 % des sols de la surface de la terre pourraient se dégrader d’ici 2050 ». Il faut entre 200 ans et plusieurs millénaires pour obtenir un centimètre de sol.

Pourquoi vous asséner ces chiffres implacables ? Parce qu’ils sont implacables. Ils sont le cadre, la contrainte, le paradigme dans lequel tout doit être repensé radicalement. Telle est la base morale et pour tout dire raisonnable de tout discours politique en ce mois de mars 2020. La crise terrible du coronavirus doit être considérée, Dieu sait. Mais en sachant ce que nous avons sous les pieds. Les innombrables pantins et paltoquets qui nous ont conduits là ne nous sortiront pas de ce cauchemar. C’est l’heure des vaillants. Sortez de la paille, descendez des collines.