L’American way of life n’est pas négociable

Publié en mars 2021

Quoi de neuf chez Biden ? Rien. L’autre cinglé a été balancé par la porte et projette de revenir par la fenêtre. John Kerry, envoyé spécial du premier pour le climat assure désormais que son pays devra « montrer l’exemple ». Qui se souvient du 8 décembre 1997 ? Ce jour-là, le vice-président américain Al Gore prenait la parole devant la première conférence mondiale sur le climat (1). Et s’engageait, oh ! s’engageait follement, précisant : « Our fundamental challenge now is to find out whether and how we can change the behaviors that are causing the problem ». Oui, il fallait changer les comportements qui causaient ce menu problème d’un climat déréglé. Mais comme on n’a rien tenté, on n’a pas non plus réussi, et le monde a simplement perdu un quart de siècle.

Quoi de neuf chez Biden ? Prenons ensemble le cas édifiant d’un homme qui porte bien son nom. Jim Justice est le 36ème gouverneur de Virginie occidentale, État américain qui a longtemps regorgé de mines de charbon. Cette précision a sa petite importance, car Jim a hérité de terres grâce auxquelles il aura percé plein de mines avant de devenir milliardaire. C’est un patron modèle, épinglé de multiples fois pour des entorses à la sécurité au travail de « ses » mineurs, et il oublié plus d’une fois de payer ses taxes et impôts.

Couleur politique ? Pastel tirant sur le noir. Il abord la carte du parti républicain mais en février 2015, quand il veut devenir gouverneur, il devient Démocrate et c’est sous la bannière du parti de Biden qu’il s’empare en 2016 de la Virginie occidentale. Au détriment d’un Républicain. En janvier 2019, il se lance dans la course pour sa réélection, mais entre-temps, séduit – qui ne le serait ? – par Trump, il est reparti chez les Républicains et l’emporte contre un Démocrate. Ce qui n’empêche pas les ennuis : une nouvelle tuile vient de tomber du toit, car l’administration fédérale cherche à récupérer une amende de 3 millions de dollars pour violation d’une loi sur la pollution de l’eau (2). Bon courage.

Récapitulons, ce sera rapide : Al Gore, Démocrate fervent, n’a rien foutu quand il était au pouvoir et l’ami Justice oscille d’un parti à l’autre, car tantôt c’est bon pour lui de ce côté, et tantôt c’est plutôt ailleurs. Comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’on apprend avec une totale surprise qu’un autre État américain, le Colorado, a été dévasté par l’exploitation gazière et pétrolière.

Sur le papier, qui ne vaut guère plus que celui qu’on trouve dans les chiottes, l’industrie doit nettoyer derrière elle. Mais voilà, pas question. Après avoir siphonné un puits, il faudrait le refermer. Ce qui signifie des travaux lourds, de manière à ne pas polluer les nappes souterraines ou les sols alentour. Quand on est bien élevé, on coule de grosses quantités de ciment, on enlève nombre de tuyaux pour éviter toute dispersion des polluants, en bref on colmate pour rendre l’installation inerte.

Mais ça rapporte quoi ? Un puits convenablement obturé coûte, selon les sources, entre 82 500 et 140 000 dollars. Or des puits à l’abandon, il y en a 60 000 dans le seul Colorado, ce qui représente jusqu’à 8 milliards et 400 millions de dollars. 7 milliards d’euros. Malgré tant d’évidences, il y a comme en France des gogos toujours prêts à rempiler. Citons sans méchanceté un certain Josh Joswick (3), de l’ONG Earthworks (earthworks.org) : « Maintenant, nous avons un gouvernement qui veut agir contre ça ».

En 1992, George Bush père avait déclaré pour l’ouverture du Premier sommet de la Terre : « Le mode de vie américain n’est pas négociable ». De Kennedy à Reagan, de Clinton à Bush Junior, d’Obama à Trump, puis Biden, rien n’a réellement changé.

(1) clintonwhitehouse2.archives.gov/WH/EOP/OVP/speeches/kyotofin.html

(2) propublica.org/article/this-billionaire-governors-coal-companies-owe-millions-more-in-environmental-fines?ct=t(RSS_EMAIL_CAMPAIGN)

(3) hcn.org/issues/53.4/south-energy-companies-have-left-colorado-with-billions-of-dollars-in-oil-and-gas-cleanup

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Rugy, Placé, Duflot, trio perdant

Faut-il vraiment parler de ce pauvre de Rugy ? D’un côté, non. L’ancien membre d’Europe-Écologie, le traître de comédie de la primaire de la gauche – il avait juré de voter pour le vainqueur avant de rallier Macron -, l’ancien président de l’Assemblée nationale amateur de homards, l’ancien ministre insignifiant, même mis ensemble, n’ont pas le moindre intérêt. Mais patience.

Il vient de donner un génial entretien au Point, où il vomit sur plus d’un quart de siècle d’adhésion à l’écologie politique. Comme on lui demande comment il est passé de sa position de 2017 – 100 % d’énergies renouvelables en 2050 – à son soutien déchaîné au nucléaire, il ose tranquillement : « J’ai regardé au fond des choses et j’ai approfondi les dossiers. J’ai pu vérifier que l’enjeu de sécurité nucléaire (…) était extrêmement maîtrisé en France ». Et à peu près idem sur les OGM ou la science, dont il ne sait visiblement rien.

Rugy n’est rien dans la réalité, mais il reste une excellente illustration de ce qu’était le parti des Verts jusqu’à ces dernières années. Son petit copain Jean-Vincent Placé, qui en fut le grand chef jusqu’en 2015 ? Il vient d’être condamné à une amende pour avoir lourdement dragué une gendarme, après avoir chopé une peine de prison avec sursis pour violences et outrages. En 2006, alors que Cécile Duflot était sa compagne, il déclarait à un député socialo (2) : «T’as vu qui est secrétaire nationale ? Ma meuf ! C’est moi le patron maintenant ». Ce grand amoureux de Napoléon (3) a demandé, après être sorti du gouvernement en 2017, à devenir colonel de réserve d’une unité hautement spécialisée, le 13ème régiment de dragons parachutistes, qui fait dans le renseignement militaire (4).

Quant à Cécile Duflot, qui a abandonné en flammes un parti qui semblait perdu – en 2017 -, elle est devenue depuis directrice générale d’OXFAM-France, association humanitaire. Elle semble regretter, car elle occupe ses loisirs à saboter la candidature de Yannick Jadot, vieil ennemi s’il en est. Question : où est le bilan de ces turpitudes ?

(1) lepoint.fr/politique/francois-de-rugy-il-faut-en-finir-avec-les-tabous-de-l-ecologie-13-03-2021-2417551_20.php

(2)lemonde.fr/politique/article/2008/05/20/jean-vincent-place-le-rad-soc-des-verts_1047283_823448.html

(3)lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2011/12/07/jean-vincent-place-un-requin-chez-les-ecologistes_1614258_1471069.html

(4)lopinion.fr/edition/politique/jean-vincent-place-colonel-dans-forces-speciales-103029

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Quand l’AFP devient une idéologie

C’est bien triste de s’en prendre à l’Agence France Presse (AFP), qui rend tout de même de signalés services, mais c’est comme ça. Une dépêche du 12 mars 2021 titre : « Climat : et si ça basculait… dans le bon sens ? », et aussitôt, tous les journaux reprennent. Geo, Arte, Ouest-France, la télé belge, L’Express, quantité d’autres. La presse, mes enfants, c’est comme ça : la caution de l’AFP autorise à publier, souvent à recopier.

Que contient la dépêche ? Des informations qui, prises séparément, sont légitimes. Tel économiste a dit ci. Tel chercheur a publié ça. Le Royaume-Uni interdit les voitures thermiques en 2030. La Chine opte pour la « neutralité carbone » d’ici…2060. Le plus dérisoire est certainement dans cet extrait : « L’inquiétude sur l’urgence climatique est bien plus prégnante qu’avant », relève Stephen Fisher, professeur de sociologie politique à l’université d’Oxford, qui a piloté une enquête pour l’ONU, sondant 1,2 million de personnes dans 50 pays. Plus de 60% se disaient inquiètes, dont « la grande majorité veulent des actions urgentes et d’envergure ».

Qu’est-ce qui justifie de titrer une dépêche de la sorte ? Rien. Rien d’autre qu’un bon vieux trip idéologique, appuyé sur la mortelle croyance qu’on a le temps, et que des mesures cosmétiques pourraient suffire.

Le pire est qu’il suffit de lire jusqu’au bout pour que tout disparaisse en fumée : « Les énergies fossiles représentent encore 85% de l’énergie consommée dans le monde, subventionnées à hauteur de 500 milliards de dollars chaque année, selon l’OCDE ». Faut-il parler de désinformation ? Oui.

Macron, le référendum et le journalisme

Publié en mars 2021

Avouons qu’on ne sait pas comment ils font. Macron, jamais élu avant 2017, réussit des numéros d’escamotage dignes d’Houdini, qui parvenait à se libérer d’un coffre empli d’eau après avoir été menotté.

Le coup de la Convention citoyenne pour le climat, c’était vraiment bien. 150 naïfs tirés au sort proposent des mesures pour faire face au drame, et Macron assure devant les caméras qu’il reprendra « sans filtre » leurs propositions avant de les écrabouiller.

Et voilà qu’il récidive avec son projet de référendum. Il veut, il prétend vouloir que la Constitution intègre la « protection de l’environnement » comme un principe. Et l’Assemblée fait semblant de discuter l’affaire, quand chacun sait que cela n’ira jamais au bout.

Soit en dernière instance, le Sénat bloquera, et ce sera l’occasion pour Macron de triompher. Du côté des électeurs écologistes – voyez comme j’aime la planète – tout en affaiblissant la droite, cette droite qui règne sans partage sur le Sénat. Soit, si ce référendum ridicule devait aboutir, il ne se passerait rien quand même. La Charte de l’Environnement de Chirac en 2O05 n’aura servi à rien, et ne serviront à rien les moulinets électoralistes.

Les journalistes politiques sont très souvent des cons, incapables de relier un point avec un autre. Leur monde se réduit à la psychologie des egos, petits ou grands. La plupart ne lisent rien d’autre que des livres inutiles, racontant des histoires insignifiantes sur des destins lilliputiens.

Si tel n’était pas le cas, ils confronteraient Macron-l’écologiste à la liste rouge établie par deux autorités peu discutées : l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le Muséum national d’histoire naturelle. Patiemment, au long de 13 années de collectes et d’analyses, leurs spécialistes ont évalué 13 842 espèces animales et végétales présentes en France. 2430 sont menacées d’extinction sur notre sol, soit 17%. Et plus de 30% des oiseaux (1). Si des yeux autres qu’aveugles regardaient cela en face, un seul mot s’imposerait, bien qu’aucun ne convienne : celui d’Apocalypse.

En France donc, tandis que péroraient entre 2008 et 2021 Nicolas Sarkozy – « L’environnement, ça commence à bien faire (2011) -, François Hollande – création d’un secrétariat d’État à la biodiversité – et notre cher Emmanuel Macron, tout s’est accéléré. C’est l »organisation profonde de la France, qui est en cause. Ses modes de production, d’exportation, de consommation, ses façons d’habiter, de bouger, de se soigner. Le reste n’est que bullshit, motherfucker, comme on dit les séries américaines.

Veut-on souffrir encore plus ? Ce ne sera pas trop difficile, car ce cirque obscène dure depuis des lustres. Toute parole politique est corrompue. En mars 2018, Nicolas Hulot, alors ministre de l’Écologie, monte à la tribune de l’Assemblée nationale. Il vibre, il est au bord des larmes, et le pire de tout est qu’il est sincère. Il demande au députés qui s’en tapent « un sursaut d’indignation ». Il déclare dans le vide : «  Il y a des tragédies invisibles et silencieuses dont on s’accommode tous les jours, eh bien je vous le dis, tout seul, je n’y arriverai pas (…) Oui je vais vous présenter un plan biodiversité dans les semaines qui viennent, qui va succéder à la stratégie de la biodiversité, mais très sincèrement, tout le monde s’en fiche, à part quelques-uns ».

Vains Dieux ! En 2016, Barbara Pompili, alors secrétaire d’État à la biodiversité de François Hollande, arrache l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes, ces massacreurs d’abeilles. Elle déclare même, toute fiérote de sa réussite : « Ils sont dangereux pour notre santé, pour notre environnement, ils contaminent les cours d’eau, la flore, y compris la flore sauvage. Ils restent dans les sols très longtemps […] Nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos enfants, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ».

Et là-dessus, elle autorise en septembre 2020 leur retour. Sur les betteraves pour commencer. Rien ne bouge, car nul ne bouge.

(1) https://uicn.fr/liste-rouge-france/

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Une nouvelle manière de faire une enquête

Se passerait-il quelque chose dans le journalisme ? On sait depuis longtemps que des centaines de journalistes plutôt jeunes tentent l’aventure, les aventures. Mais le projet Disclose donne envie de connaître la suite.

On résume vite fait. À l’été 2015, notre bon ami Bolloré veille. Devenu patron de Vivendi, il règne donc sur sa filiale Canal+. Or un documentaire doit y être diffusé, qui raconte de belles choses sur les magouilles du Crédit Mutuel, banque qui a aidé Bolloré dans sa marche triomphale. Il censure.

Le doc de Geoffrey Livolsi et Nicolas Vescovacci finira par passer sur France 3, mais pour Livolsi, c’est la goutte d’eau fatale. Avec quelques amis et confrères, dont Jean-Pierre Canet – tu vas bien ? -, il lance en 2018 Disclose (disclose.ngo/fr) après une levée de fonds auprès de simples citoyens.

Le principe de fonctionnement est simple : plus les donateurs ouvrent leur porte-monnaie, plus les journalistes travaillent. On paie pour permettre des enquêtes au long cours. En deux ans, Disclose a déjà reçu quelques grands prix, dont le Sigma Awards.

Signalons deux enquêtes qui ne peuvent que plaire dans cette page : l’une sur l’élevage intensif, l’autre sur les conséquences réelles des essais nucléaires français à Moruroa et Fangataufa. J’y reviendrai après avoir lu le livre qui accompagne, dont l’un des auteurs travaille avec Disclose.

On peut filer des infos à Disclose de manière discrète en ouvrant un compte mail sécurisé, via Proton. Ça a l’air compliqué, mais c’est simple comme tout (1). On peut aussi utiliser l’application gratuite Signal, qui paraît-il garantit la confidentialité des échanges.

Bien que si jeune, Disclose a déjà un petit frère breton, Splann (splann.org), d’un mot qui veut dire « Clair ». Et c’est en effet limpide. Le groupe autour de Splann, basé à Guingamp (Côtes d’Armor), entend regarder derrière la carte postale, genre rochers et côte sauvage. Et la cible principale, sans surprise, c’est l’empire agro-alimentaire qui a transformé la Bretagne en une infâme décharge à cochons et à déjections.

(1) https://disclose.ngo/fr/page/devenez-une-source

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Martine et les jardins ouvriers d’Auber

C’est une bagarre entre deux mondes irréconciliables. Bien que prévenu, j’avais laissé filer les jours et les semaines. Et voici que Martine Rousseau-Oger, amie lointaine mais chère, m’envoie ce qu’elle a écrit pour son blog si délicieux (1).

Ça se passe à Aubervilliers, ville historique des prolos, de l’espoir, du Front Popu, mais aussi de cette canaille de Pierre Laval, qui y fut maire. « En sortant du métro Fort-d’Aubervilliers (direction La Courneuve), Seine-Saint-Denis, et avant d’arriver à quelques hectares de verdure, on passe devant ça », commence Martine. Et ça, ce sont des immondices, des centaines de canettes, un ignoble parking. Le lieu est délaissé, certainement sur décision politique.

C’est ici, ajoute Martine, que « le Grand Paris Aménagement (GPA) compte fermement installer une piscine d’entraînement (coût estimé : 40 millions d’euros) pour les Jeux olympiques 2024 ». Or juste à côté ont poussé bien avant guère des jardins ouvriers, loués pour une somme modique. Il y a 86 parcelles, mais un projet contigu à la piscine prévoit un solarium et une terrasse de 4000 m2. Le tout engloutirait 19 parcelles, pour commencer.

Pour commencer. On parle aussi d’une gare, d’hôtels, de logements et de bureaux.Chacun sent bien que le Grand Paris, les JO de 2024, la marche à l’abîme sont tout un. Dans le monde des Excellences, y compris Hidalgo, qui aura tant fait pour les Jeux Olympiques, il n’y a pas de place pour un jardin ouvrier de pauvre. Si vous êtes dans le coin, allez-les voir, et bougez-vous le cul (jardinsaubervilliers.fr). On sait jamais.

(1) lemonde.fr/blog/correcteurs/2021/03/07/aux-vertus-dauber/

Un canard laqué, la taxe et l’addition

Faut ce qu’il faut : ce sera un article chiant. Le 12 novembre 2014, le journal Le Monde publie un article dont le titre est : « Accord décisif sur le climat entre la Chine et les Etats-Unis ». Le sens du mot décisif, pour les oublieux que nous sommes tous, c’est que cela doit régler un débat, résoudre un problème. Ainsi donc, cette désinformation majeure annonce qu’on vient de venir à bout de la plus grande question humaine, celle du dérèglement climatique.

Depuis, le gaz carbonique a continué sa marche en avant triomphale, et voici qu’on apprend une autre nouvelle fantastique, qui se trouve être le prolongement du supposé accord de 2014. Dans un article fiable – la Chine n’est-elle pas la plus grande nation totalitaire de la planète ? – le Quotidien du peuple chinois publie un article annonçant l’ouverture d’un immense marché du carbone (1).

Qu’est-ce qu’un marché du carbone ? Dans cet exemple, il s’agit d’une décision politique, qui consiste à définir un niveau maximum d’émissions de gaz à effet de serre, et à diviser ce tout en quotas à ne pas dépasser, entreprise par entreprise. À la fin d’une année, on fait les comptes et les vertueux – qui sont sous la jauge – vendent aux pécheurs – qui sont au-dessus – ce qui a été « économisé ». Au prix d’un marché fluctuant entre l’offre de carbone et la demande. Ces gens, parmi lesquels de nombreux économistes, jugent que donner un prix au carbone est le meilleur moyen, sinon le seul, de limiter sa présence dans l’atmosphère.

Avant de revenir sur le fond des choses, quelques infos. Ce n’est pas en soi un argument, mais ce beau système a conduit à des fraudes portant sur des milliards d’euros en Europe. La plus grande des escroqueries jamais réussie en France. Mais plus sérieusement peut-être, est-il bien raisonnable de confier l’avenir du monde au système même qui l’a mené au bord du gouffre ?

Ne parlons même pas des facéties chinoises, habituelles dans un pays où tous les chiffres sont politiques. On apprenait ainsi en novembre 2015, un mois avant la grande farce appelée COP21, que les statistiques chinoises de production de charbon étaient bidonnées. Pour la seule année 2012, il fallait ajouter la bagatelle de 600 millions de tonnes. Chaque année, la Chine envoyait dans les cieux 1 milliard de tonnes d’un gaz carbonique qui n’avait été enregistré nulle part. Mais oublions ces détails encombrants.

En quoi consiste concrètement ce marché du carbone chinois, célébré par les marchands transnationaux d’un bout à l’autre de la planète ? On parle de 4 milliards de tonnes de gaz à effet de serre encadrés par ce système. De milliers d’entreprises concernées, avant dix ou cent fois plus.

La réalité à peine cachée est burlesque. Comme le rapporte Valéry Laramée de Tannenberg dans un papier très détaillé (2), cette annonce « devrait éviter aux produits exportés vers l’Europe d’être frappés par le futur mécanisme d’ajustement [carbone] aux frontières européennes », que la Chine tient pour une lourde entrave possible à ses exportations.

Est-ce donc du flan ? En partie, sans l’ombre d’un doute, car il s’agit d’abord d’un plan commercial servant la politique expansionniste de la Chine. Mais même si le marché du carbone se mettait à fonctionner d’une manière radieuse – on en est très loin -, il ne réglerait évidemment rien. Dans le meilleur des cas, il permettrait de réduire la quantité de carbone rejetée dans l’atmosphère par unité de production.

Entre 2005 et 2019, pour fabriquer 10 000 yuans de marchandises, les Chinois sont passés de 3,2 tonnes de C02 émises à 1,6. Une division par deux. Mais dans le même temps, par la grâce d’une croissance qui « tire » la nôtre et nous inonde de colifichets, les émissions globales de CO2 de la Chine sont passées de 6 à 11 milliards de tonnes. Autrement dit, il faudrait les baisser très vite d’au moins 80%, mais on les double.

Tout le monde est complice de ce jeu de bonneteau, à commencer par Macron et le système mondialisé qu’il défendra jusqu’à la fin. Et nous sommes des petits cons.

(1) http://french.peopledaily.com.cn/n3/2021/0107/c96851-9807021.html

(2) journaldelenvironnement.net/article/la-chine-ouvre-le-plus-grand-marche-du-carbone-du-monde,113048

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L’eau de Javel, cet excellent cancérogène

Qui ne connaît l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes ? Cette AFPA délivre, comme son nom le laisse deviner, des diplômes professionnels dits « qualifiants ». Cela couvre un peu tout, du tourisme au bâtiment, passant par la cuisine, la direction d’une PME, la ferronnerie, etc. C’est du lourd : 145 000 stagiaires en 2018 et 8200 salariés.

Or v’là-t’y pas que ces gens déconnent salement, au moins sur ce point précis que je vais détailler. Précisons d’abord qu’un Massive open online course est un MOOC, c’est-à-dire un cours, en l’occurrence une formation, dispensé sur le net. Par ces temps légers de pandémie, cela semble utile, et l’AFPA fait les choses en grand.

Dans son MOOC consacré à la cuisine, je lis dans le chapitre consacré au « traitement des légumes » (1) ceci : « Tous les légumes doivent être impérativement et soigneusement lavés. Les légumes souillés et insuffisamment lavés peuvent contenir des œufs de vers parasitaires embryonnés ou leurs larves, (ascaris, oxyures, larves de mouches, grande douve du foie, etc.). Des traces de produits chimiques utilisés en culture, (pesticides, fongicides, engrais, etc.) ».

Premier commentaire inutilement vachard : l’AFPA ne sait pas qu’un fongicide est un pesticide. Les distinguer signifie qu’on ne sait pas grand-chose dans le domaine, ce qui n’est pas encore grave. La suite l’est, car il est écrit : « Il est possible d’améliorer considérablement la qualité microbiologique des légumes en ajoutant à l’eau de lavage de l’eau de javel à 1/1000 ».

Les auteurs de ce texte, sans s’en douter, se livrent à une désinformation de première. Le chlore contenu dans la Javel est en effet un très grand poison chimique, qui peut créer jusqu’à 600 sous-produits appelés SPC dès lors que ses molécules rencontrent le moindre fragment lilliputien de matière organique. Or, de cette dernière, il en est évidemment beaucoup sur des légumes sortis de terre. Parmi les SPC, une mention sur les très redoutables trihalométhanes et acides haloacétiques, cancérogènes. En salade ou dans la carotte râpée, c’est excellent.

  1. Désolé, c’est très long : mooc.afpa.fr/assets/courseware/v1/7589b10bc3c9e88312d013afe1212265/asset-v1:afpa+Les101techniquesdebase+MOOCCUISINEAFPA+type@asset+block/400415_-_Le_traitement_des_legumes-V2.pdf

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Journal de l’Environnement, de profundis

Je regarde en ce moment le Journal de l’Environnement (JDLE) en ligne (journaldelenvironnement.net), avec une pointe d’incrédulité. Dans quelques jours, ce sera fini, ce qui ne fera pas même une ride à la surface de cette machine infernale qu’est le net. Né en 2004, et d’abord gratuit, il était devenu payant en 2010 et balayait d’un geste vif tout le terrain : l’air, les déchets, l’eau, le droit, le climat, la biodiversité, la mer, l’énergie, les sols, etc.

Je connais son rédacteur-en-chef, Valéry Laramée de Tannenberg, qui n’est pas un ami, mais une connaissance que j’apprécie. Et Romain Loury qui, depuis Montpellier, déniche quantité d’histoires, d’études et de faits éclairants. Avec Stéphanie Senet, ils form(ai)ent une belle équipe, certes éloignée souvent de ma manière de considérer la crise écologique, mais efficace sans l’ombre d’un doute. Le malheur de ce trio, c’est d’avoir été la propriété d’un groupe surpuissant de la presse professionnelle, Infopro Digital, qui possède des dizaines de médias spécialisés – L’usine Nouvelle et Le Moniteur sont dans la besace – et emploie 3300 salariés. Les trois du JDLE représentent donc un millième des effectifs globaux. Un millième, une misère.

Le patron, Christophe Czajka ne sait rien. Son but, avec sa petite bande de diplômés de Sciences Po, de l’ESSEC, de la London Business School, de HEC, c’est de grossir, et il y parvient. De devenir toujours plus puissant dans un monde d’aveugles, et il y réussit chaque année un peu plus. Pauvre garçon.

Mais d’où vient ce salopard de virus ?

Tout le monde en a marre, non ? Des milliers d’heures sur les radios et télés, des kilomètres de signes dans les gazettes auront été consacrés au coronavirus. Pour dire et répéter les mêmes choses dans un sens puis dans l’autre, et retour. Non ?

En mars 2020, quand nous n’en étions qu’au début, l’infectiologue Didier Sicard, pas plus con que tant d’experts de TF1 ou de France-Inter, s’interrogeait (1). Très au fait du sujet, il réclamait un examen en urgence des causes animales de la pandémie. Et comme il connaissait fort bien une partie de l’Asie, il ajoutait : « Ce qui m’a frappé au Laos, où je vais souvent, c’est que la forêt primaire est en train de régresser parce que les Chinois y construisent des gares et des trains. Ces trains, qui traversent la jungle sans aucune précaution sanitaire, peuvent devenir le vecteur de maladies parasitaires ou virales et les transporter à travers la Chine, le Laos, la Thaïlande, la Malaisie et même Singapour. La route de la soie, que les Chinois sont en train d’achever, deviendra peut-être aussi la route de propagation de graves maladies ». 

La nouvelle Route de la soie, qui fait se pâmer tant d’économistes et autres crétins, reliera à terme la Chine – on y achève une quatre-voies de 5000 km –, l’Asie centrale et même l’Europe où un Viktor Orbán, clone hongrois de Trump, est en train de vendre son pays à Pékin. Précisons à l’attention des grincheux que je ne suis spécialiste de rien. Je vois, car je lis, qu’une affaire mondiale comme celle-là recèle d’innombrables mystères. En fera-t-on le tour ?

Mais cela ne doit pas empêcher de parler de ce que l’on sait avec une raisonnable certitude. Et nul doute que la crise écologique planétaire est le responsable principal de l’émergence de tant de virus menaçants. La logique en est dans l’ensemble connue : les activités humaines remettent en circulation des organismes vivants neutralisés par des relations biologiques stables depuis des millénaires, parfois des centaines de millénaires.

L’incursion des humains – braconniers suivant la piste des bûcherons – dans les forêts tropicales les plus intouchées ne pouvait manquer d’avoir des conséquences. Et ce n’est qu’un petit exemple. Quantité de virus dits émergents sont en effet des zoonoses, des maladies ou infections qui passent de l’animal à l’homme. Tel est le cas d’Ebola, des hantavirus, du SRAS, de la fièvre du Nil occidental, probablement du sida. Ce n’est qu’un aperçu, car l’on compte environ 200 zoonoses, dont beaucoup sont bactériennes.

Dès le 17 avril 2020 – il y aura bientôt un an -, 16 responsables d’autant d’organismes scientifiques différents écrivaient (2) : « La pandémie de Covid-19 est étroitement liée à la question de l’environnement : c’est bien, encore une fois, une perturbation humaine de l’environnement, et de l’interface homme-nature, souvent amplifiée par la globalisation des échanges et des modes de vie, qui accélère l’émergence de virus dangereux pour les populations humaines ».

Et les mêmes posaient une question qui devrait pétrifier nos responsables : « À la lumière de la crise sanitaire que nous traversons, il est paradoxal de constater que les études de médecine et de pharmacie continuent d’ignorer largement la biologie de l’évolution, et que celle-ci est récemment devenue facultative pour les deux tiers d’un parcours scolaire de lycéen ».

En clair, tout le monde s’en tape. Pourquoi ? Parmi les nombreuses raisons en cause, j’en retiens deux. Un, nos chefaillons actuels, qui incluent les écologistes officiels, sont d’une inculture monumentale. Ils ne savent pas, obsédés que sont la plupart par leur sort personnel et leur place dans l’appareil d’État. Deux, les rares qui entrevoient une lueur n’ont pas le courage de remettre en question le monde qui est le leur, son organisation, ses buts.

Il y faudrait la force d’un Gandhi et nous n’avons à notre disposition qu’une classe politique et administrative plus bas-de-plafond que le dernier des nains de jardin. Voilà pourquoi votre fille est muette.

(1)franceculture.fr/sciences/didier-sicard-il-est-urgent-denqueter-sur-lorigine-animale-de-lepidemie-de-covid-19

(2) lemonde.fr/idees/article/2020/04/17/la-pandemie-de-covid-19-est-etroitement-liee-a-la-question-de-l-environnement_6036929_3232.html

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Jean-Louis Beffa, héros méconnu de l’amiante

Le coût de l’amiante est tel qu’il ne sera jamais calculé vraiment. L’industrie en a longuement profité, et maintenant la société paie les dégâts, les milliers de morts chaque année, les vies disloquées. Des braves se battent depuis 25 ans devant les tribunaux, et parfois gagnent, et souvent perdent, et continuent pourtant.

En 2017, une expertise judiciaire estimait qu’on ne pouvait pas connaître la date précise d’une contamination par l’amiante, menant droit à un non-lieu en 2018. Les magistrats jugeaient alors impossible de retenir la responsabilité pénale de tel ou tel dirigeant d’une entreprise. En l’occurrence, il s’agissait de l’usine Everite située à Dammarie-les-Lys, en Seine-et-Marne. Gros soupir de soulagement patronal.

Mais la cour d’appel de Paris vient d’infirmer ce non-lieu, et renvoie le dossier à des juges d’instruction. Selon eux, en effet, et il s’agit de citations tirées de son arrêt, « c’est toute la période d’exposition qui contribue à la maladie et/ou au décès ». Du même coup, « chaque dirigeant successif peut avoir participé, à son échelle de responsabilité, à l’exposition des salariés aux fibres d’amiante ».

C’est déjà beaucoup moins drôle pour certains, car Everite était une filiale de Saint-Gobain, ce qui nous rapproche fatalement d’un certain Jean-Louis Beffa. Ce personnage central du capitalisme français est entré à Saint-Gobain en 1974, dont il a été le P-DG dès 1986, quand il était encore légal d’empoisonner le prolo avec l’amiante.

Le cas est d’autant plus intéressant qu’un Beffa, dans notre sainte république, semble intouchable. Ingénieur des Mines, un temps membre du club Le Siècle, il a été aussi des conseils d’administration ou de surveillance de GF Suez, de Siemens, de la Caisse des dépôts, de BNP-Paribas, etc.

Cerise amiantée sur le gâteau, Beffa fait partie dès 1994 du conseil de surveillance du journal Le Monde, qu’il préside depuis 2017. En Italie, travaillant des années sur des milliers de pièces, un tribunal d’appel à condamné en 2013 l’industriel de l’amiante Stephan Schmidheiny à 18 ans de taule. Beffa, quelle chance.

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Les Tartarin veulent la peau du Loup

Comment va le Loup en France ? Pas bien. Je rappelle qu’il est revenu naturellement d’Italie il y a une trentaine d’années, après avoir été totalement exterminé. Pas bien, donc, et c’est l’Office français de la biodiversité (OFB) qui le détaille dans un rapport, avec le CNRS (1). Attention, l’OFB, c’est pas les Naturalistes en lutte : les chasseurs, pour s’en tenir à eux, siègent à son conseil d’administration.

Il n’empêche que le texte est limpide. S’appuyant diplomatiquement sur des « points de vigilance », ses auteurs constatent qu’entre 2014 et 2019, la mortalité atteint 42%, toutes classes d’âge confondues, contre 26% avant 2014. Ce qui rapproche l’espèce du point au-delà duquel la population commence à décliner.

En ajoutant d’autres signes préoccupants, les rédacteurs de la note sortent un peu plus du bois, et ils écrivent : « Plusieurs signaux vont dans le sens d’une dégradation de la dynamique de la population ». Et appellent entre les lignes, mais sans détour, à une révision de la politique actuelle, qui vise, ça c’est Charlie qui le dit, à contenir les oppositions et satisfaire quelques clientèles électorales.

Il n’y a aucun mystère : depuis 2014, des centaines de loups ont été butés « légalement », malgré leur statut de protection. Ils seraient 580 et en cette année qui commence, l’État donne le droit d’en abattre 121. Courons donner des leçons aux paysans africains sur la cohabitation avec les éléphants. Et aux gueux de l’Inde sur la sauvegarde des tigres, si mignons à la télé.

(1) https://www.loupfrance.fr/mise-a-jour-des-effectifs-et-parametres-demographiques-de-la-population-de-loups-en-france-consequences-sur-la-viabilite-de-la-population-a-long-terme/

Pourquoi le vote est-il une sombre connerie ?

Prévenons gentiment que ce sera un article simpliste. Sur la question climatique, qui devient sous nos yeux une tarte à la crème politicienne. Quelles sont les nouvelles ? 2020 a été probablement l’année la plus chaude depuis…très longtemps, à égalité avec 2016 (1). Mais c’est pire en fait, car en 2020, La Niña, phénomène climatique et océanique provisoire, a refroidi la Terre pendant une courte période. Qui l’établit ? L’Agence onusienne Organisation météorologique mondiale (OMM).

Dans la foulée, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé : « Nous nous acheminons vers une augmentation catastrophique de la température de 3 à 5 degrés au cours du 21ème siècle ». Rappelons que la foutaise acclamée jusque dans les rangs écologistes – les Accords de Paris – prétend toujours maintenir l’augmentation moyenne de la température sous la barre des 2 degrés, et pourquoi pas autour de 1,5 degré. Jo Biden, qui vient de s’installer à la Maison Blanche, réintègre du même coup les États-Unis dans ces accords, sous les nombreux applaudissements de ceux qui firent un triomphe à Daladier à la Toussaint de 1938. N’avait-il pas sauvé la paix en trucidant la Tchécoslovaquie ?

Du côté des combattants, c’est pire. Car des combattants, il n’y en a pas. Sauf à faire entrer dans la catégorie, et de vive force, l’initiative de l’Affaire du Siècle. On le sait, quatre ONG (2) ont lancé une pétition en ligne qui aurait atteint deux millions et demi de signatures. Que réclame-t-elle ? Exactement ceci : « Saisissons la justice pour que la France respecte enfin ses engagements sur le climat ».

Est-ce sérieux ? Oui. Est-ce déplorable ? Oui. Pour commencer, penser que la justice pourrait modifier le cours d’une société – et de quelle manière fondamentale – relève du baroque le plus achevé. Cela ne s’est jamais vu ni ne se verra jamais. Ensuite et sur le fond, il faudrait donc que la France tienne ses promesses, lesquelles sont incluses dans ces Accords de Paris, cette sombre billevesée.

La vérité, dans ce qu’on peut espérer en connaître, est ailleurs. Le climatologue Jean-Pascal van Ypersele, ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat  (GIEC) « Le travail et la vie dehors vont devenir insupportables dans des régions de plus en plus vastes et une part de plus en plus grande de la planète sera inhabitable ». Ipso facto, des centaines de millions d’humains se mettront en route vers les zones les moins insupportables. Pour commencer. Cette perspective n’est pas (tout à fait) certaine, mais elle est (hautement) probable. Dans ces conditions bien sûr, il fau(drai)t rompre radicalement avec ce monde, ses innombrables colifichets, ses portables, ses 5G pour la raison évidente qu’ils sont le moteur de l’emballement climatique.

Si nous étions autrement qu’imbéciles et aveugles volontaires, nous formerions en ce moment même une coalition sans précédent contre la bagnole électrique, qui est infâme moralement, infernale climatiquement, et dont l’essor signifie simplement que nul n’entend changer son mode de vie avant sa mort. Car la bagnole individuelle c’est aussi une vision de l’espace, de la vitesse, du déplacement, des villes, et une contamination du psychisme. Sans compter qu’elle est le prolongement de la domination de ceux qui roulent avec – nous, au Nord – sur ceux qui les regardent passer, fardeau sur les épaules – eux, au Sud.

Et pendant ce temps, tous les journaux parlent du matin au soir de masques, de vaccins, de tests, sans seulement parler des causes profondes et documentées de l’émergence de virus dangereux : la dévastation écologique planétaire. Lisez donc Le Grand Saut (Flammarion), bande d’ignares ! Si nous étions tant soit peu lucides, nous ne voterions plus pour les habituels pantins, qui parlent des miettes de pain sur la table tandis que l’immeuble s’effondre irrémédiablement. Autant dire que nous ne voterions plus du tout. Ce que je fais sans gloire, mais sans aucun sentiment de culpabilité. Que tous les prétendants aillent se faire foutre.

(1) https://public.wmo.int/fr/medias/communiqu%C3%A9s-de-presse/2020-est-l%E2%80%99une-des-trois-ann%C3%A9es-les-plus-chaudes-jamais-enregistr%C3%A9es

(2) Greenpeace, Oxfam-France, la Fondation Hulot, Notre Affaire à tous.

(3) lemonde.fr/planete/article/2021/01/15/il-faut-arreter-cette-machine-infernale-du-rechauffement_6066361_3244.html

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Un certain Robert McNamara, criminel de guerre

Quand vous lirez ces lignes, le procès d’Évry sera peut-être terminé, et comme je n’en connais pas le résultat, passons vite. Une admirable Vietnamienne, Tran To Nga, poursuit les transnationales de l’agrochimie qui ont fabriqué l’Agent orange, dont Monsanto et Dow Chemical. Cet herbicide persistant, épandu par Américains sur la forêt à partir de 1962, a empoisonné des millions de Vietnamiens, et des milliers de gosses naissent encore avec des malformations, cinquante ans après.

Bref, disons deux mots d’un des plus grands salopards de l’histoire récente, l’Américain Robert McNamara. Né en 1916 – et mort en 2019 -, il mène des études, pour partie en philosophie, puis joue un rôle militaire important après 1941. Il est tenu pour le grand stratège du bombardement non-nucléaire de Tokyo, le 10 mars 1945, qui tue en une nuit 100 000 personnes.

Redevenu civil, il dirige Ford, mais quand Kennedy arrive au pouvoir en 1961, il devient secrétaire à la Défense, équivalent de notre ministre des Armées. Au Vietnam, ce criminel de guerre continuera sa route par des bombardements sur les digues le long du Fleuve Rouge, pour noyer les paysans du Nord, lancera plus largement l’opération Rolling Thunder – des bombardements de villes – et bien sûr l’opération Ranch Hand, celle de l’Agent Orange.

En 1971, la publication des Pentagon Papers par le New York Times montre que McNamara savait dès 1966 que la guerre américaine au Vietnam était perdue. Et alors ? Quittant son poste en 1968, notre crapule devient président de la Banque Mondiale, où il poursuit sous d’autres habits sa mission de destruction du monde et de ses écosystèmes.

Mais faut pas croire, cet homme avait aussi une âme. Travaillant il y a dix ans sur un livre, j’ai pu mettre la main sur un document disons discret – et même secret – du WWF, cette si curieuse association « écologiste ». Datant de 1987, intitulé « Le club des 1001 », il dressait la liste des plus grands donateurs du WWF. Et parmi eux, l’ancien dictateur africain Mobutu. Et parmi eux, Robert McNamara.

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Laurent Wauquiez, l’homme qui aime claquer le fric des autres

Y a-t-il politicien plus lamentable que Laurent Wauquiez ? Comme le concours est très relevé, réservons la réponse. Mais enfin, il serait en toute hypothèse sur le podium. Détesté unanimement par son camp – son invraisemblable arrogance passe mal -, il a été président de l’UMP en 2017, et après en avoir été lourdé, il s’est replié sur la présidence du conseil régional AURA, pour Auvergne-Rhône-Alpes.

L’une de ses dernières lubies consiste en une déviation routière entre deux villages de Haute-Loire, Saint Hostien – moins de 750 habitants – et Le Pertuis, moins de 500. Soit 10,5 km qui nécessiteront 13 ouvrages d’art dont un viaduc de 300 mètres de long, Le Roudesse, pour un coût au départ de 260 millions d’euros. Qui paiera ? Le conseil régional de Wauquiez, à hauteur de 198 millions, car dit notre cher ami, « L’État n’a plus d’argent et sans la Région, il n’y aurait pas cette mise à 2×2 voies ». Ajoutant : « C’est un effort énorme de solidarité que fait la Région à l’égard de la Haute-Loire ».

On te croit, mon gars, surtout quand tu prétends que ça diminuera les accidents et que ça rendra la tranquillité aux villages. Ce qui est d’ailleurs vrai, mais qui en France mettrait 260 millions d’euros sur la table pour faire plaisir à 1200 personnes ? L’autre argument de Wauquiez est encore plus drôle : cela ferait gagner du temps. Selon les calculs du quotidien local L’Éveil, entre 2’40 » et 3’50 ». Les travaux sont en cours, les opposants sont sur le pont, Wauquiez se moque d’eux sur tous les tons.