Ce type est trop génial, et je voulais vous offrir son visage en partage. Son nom, qu’il signe à la pointe de son stylo, n’est certes pas Zorro, mais plus modestement Gilles Carrez, rapporteur UMP du budget de la France, mazette. Vous savez probablement que la taxe carbone voulue par le couple de l’année 2009 – Sarko-Borloo – a été purement et simplement envoyée à la poubelle par le Conseil constitutionnel.
Je rappelle que cette taxe ridicule avait été fixée par notre Sarkozy en septembre, sur un coin de table (ici). Au doigt mouillé. Après avoir écouté tous les lobbies. Le montant dérisoire de 17 euros la tonne avait été arrêté par notre Seigneurie, sans que cela ait le moindre rapport, bien sûr, avec la gravité de la crise climatique. Mais, en septembre, pardi, il fallait bien annoncer un chiffre quelconque, car l’on s’approchait alors de la conférence de Copenhague sur le climat. Et, pour le cas où elle aurait annoncé autre chose que son échec si prévisible, il fallait bien que la France, après tant d’autres pays d’ailleurs, fasse mine de taxer le carbone. Ohé, braves écologistes de cour du Grenelle de l’Environnement, vous souvenez-vous ? En octobre 2007, c’est l’annonce indécente de cette taxe qui avait permis de clore les soi-disant débats et d’en sortir, de part et d’autre, la tête haute. Haute, tu parles !
Nous voici le 30 décembre 2009, et Sarko a désormais tout faux. Copenhague a été un désastre complet, et sa maigrelette taxe sur les émissions de carbone national est jetée aux oubliettes. Notez qu’il s’en fout. Notez qu’il cherche déjà un autre truc pour ensorceler ses nombreuses et si conciliantes dupes. En tout cas, marrons-nous ensemble, une seconde, en lisant les propos désabusés, presque épouvantés, de ce malheureux Carrez, celui de la photo, oui (ici). Dans un entretien au journal Le Point, il n’est pas très loin de pleurer sur notre épaule, ce brave garçon. Extraits :
« J’ai beaucoup de mal à comprendre la logique du Conseil constitutionnel. Je pensais que les Sages s’attacheraient plutôt à remettre en cause telle ou telle exonération concernant l’industrie. Mais en réalité, ils vont bien au-delà. Le Conseil constitutionnel remet en cause la taxe carbone dans son ensemble et en particulier son articulation avec le régime des quotas d’émission de gaz à effet de serre dans l’Union européenne ».
« Le gouvernement va avoir beaucoup de difficultés à écrire un nouveau projet. Si on nous laisse le choix entre taxer tout le monde ou ne rien faire, cela devient compliqué. Dans la première hypothèse, si l’on taxe notre industrie, on va être les seuls en Europe à le faire ! Et puis comment taxer notre industrie alors qu’elle est déjà soumise au système des quotas ? C’est une solution impensable ! Je ne vois pas comment – au nom de la compétitivité et de l’emploi – on peut taxer deux fois l’industrie française. On a déjà une hémorragie des emplois industriels ! ».
« Je suis stupéfait. Avec la taxe carbone, près de trois milliards d’euros partent en fumée. La taxe carbone devait rapporter quatre milliards d’euros à l’État. Les deux milliards payés par les ménages devaient être reversés. Mais l’autre moitié payée par les entreprises devait rester dans les caisses de l’État et compenser la baisse de la taxe professionnelle. Or, si on garde la baisse de la taxe professionnelle, l’État ne peut plus compter sur les deux milliards de recettes de la taxe carbone. Donc, le coût net pour les finances publiques est de deux milliards. Mais à cela il faut ajouter les 900 millions d’euros qui correspondent – dans le cadre de la réforme de la taxe professionnelle – à l’alignement sur le droit commun des professions libérales de moins de cinq salariés. Bref, la décision du Conseil constitutionnel pèse assez lourd en termes de budget ! Je suis étonné que les sages ne prennent pas compte de cet aspect-là ».
Ce n’est pas que je déborde d’amour pour le Conseil constitutionnel, qui comprend notamment Chirac, Giscard et Jean-Louis Debré. Mais en ce 30 décembre, et je jure que je ne recommencerai pas de sitôt, je les embrasse tous. Oh mes amis ! si vous ne savez pas quoi faire le 31 décembre, c’est moi qui régale. Champagne pour tout le monde. Et bio, vous pensez bien.