Mon papier d’hier consacré à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et au maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, m’a valu ce matin un commentaire que je qualifierai de courroucé. Il émane d’un monsieur Michel Fontaine, dont j’ignore tout. Mon petit doigt me dit qu’il ne déteste pas monsieur Ayrault. Je laisse le commentaire à sa place, mais le mets également ici, en article, car j’ai finalement décidé d’y répondre après qu’un ami de passage eut estimé que cela pourrait valoir la peine. Je ne sais pas trop, vous jugerez. Or donc, la lettre 1 est celle de cet excellent monsieur Fontaine. La lettre 2, si brève, est une moquerie de votre serviteur. La lettre 3 est une moquerie, plus longue, et toujours du même. Bien à vous.
Lettre 1 : De Michel Fontaine à Fabrice Nicolino
Votre “papier” est bourré d’inepties, de contre vérités, de désinformation, de mauvaise foi et de méconnaissance flagrante… Sans parler de la ligne jaune de la diffamation qui est à deux doigts d’être franchie. C’est là votre habitude, prêcheurs de décroissance, défenseurs du repli sur soi et de l’autosuffisance (et de la suffisance, vous en avez à revendre!).
1.vous parlez d’un deuxième aéroport. C’est faux. C’est un déménagement, point.
2. vous parlez de 2000 hectares. C’est n’importe quoi. Ce sont 1000 hectares qui ont été acquis depuis 35 ans pour le projet d’aéroport, 1000 hectares qui sont à mettre en perspective avec les 900 hectares d’espaces naturels à protéger acquis par le département.
3. “bocage d’une qualité exceptionnelle” : laissez-moi rire! Le choix du site de Notre-Dame des Landes a été très largement fait à cause de son faible potentiel agricole. Le terrain est caractérisé par l’acidité des sols et leur pauvreté minérale, la basse végétation composée de bruyères et d’ajoncs…
4.”Ce territoire semi-naturel abrite de vrais paysans, de vrais oiseaux – dont la chevêche d’Athéna, l’engoulevent, le busard Saint-Martin -, de vrais mammifères, d’authentiques insectes, tels le pique-prune et le lucane cerf-volant” dites-vous. Et le lac de Grand-Lieu, dont vous ne connaissez probablement pas l’existence, en bout de piste de l’aéroport actuel, survolé par 23000 avions chaque année, vous y pensez? Est-ce à moi de vous informer que ce lac est présent depuis l’ère quaternaire, classé Natura 2000, réserve régionale ET réserve nationale, et que son survol quotidien relève proprement du scandale?
5.Les attaques personnelles: doit-on rappeler que ce projet a été initié et est porté par l’Etat, et pas Jean-Marc Ayrault, au demeurant excellent maire de Nantes (au passage, vous feriez bien de vous informer: groupe socialiste et groupe radical et citoyen, c’est… le même)? Que la gauche comme la droite, l’Etat, le conseil général, le conseil régional, le soutiennent? et que cela fait 35 ans, 35 ANS que les terrains sont réservés à cette fin?
6. Les fameux “pilotes anonymes”: et la déontologie journalistique là-dedans? sont -ils si ignorants qu’ils doivent se cacher dernière l’anonymat? car leur “témoignage” est, lui aussi, bourré d’erreurs tellement énormes qu’on peut aller jusqu’à douter de leur existence! exemple: Il n’y aura pas 2 pistes à Notre-Dame des Landes pour des raisons de trafic, mais pour ne pas survoler de bourgs. Car oui, figurez-vous que l’aéroport de Nantes actuel est dangereux. 13000 avions survolent chaque année le centre-ville à très basse altitude, une minute seulement avant de toucher la piste. Il y a un gratte-ciel, la Tour Bretagne, dans l’alignement exact de la piste. A une minute de la piste. Et cela empêche, contrairement à ce que disent les “pilotes”, l’installation d’un ILS. Il y a quelques années, un avion s’est perdu, et a rasé des immeubles. Il avait confondu la piste avec l’Erdre, rivière qui traverse la ville!
7. Pour finir, Nantes n’est pas “chef-lieu de la Loire-Atlantique”. C’est la 6ème ville de France. Une des villes les plus attractives et dont la population explose. La préfecture de la région Pays de la Loire et, avec le duo qui est en train de se mettre en place avec Rennes, l’indéniable, irréfutable moteur du Grand Ouest .
Non monsieur, tout le monde ne souhaite pas revenir aux peintures rupestres, chier dans des copeaux et ne pas voir plus loin que le fond de son potager. Oui monsieur, le déménagement de cet aéroport dangereux et inadapté est une bonne chose, pourvu que des garanties environnementales soient données pour le nouveau. Et c’est justement le cas!
Lettre 2. De Fabrice Nicolino à Michel Fontaine
Cher monsieur Fontaine,
Vous êtes presque aussi drôle que monsieur Ayrault. Presque. Ne me dites pas que vous faites un concours, surtout ! Bonne journée,
Fabrice Nicolino
Lettre 3 : de Fabrice Nicolino à monsieur Fontaine
Cher monsieur Fontaine (bis),
Un ami de passage chez moi me recommande de vous répondre en détail, et je me laisse tenter. Allons-y donc !
1/ Vous faites très fort ! Construire un deuxième aéroport ex nihilo ne serait pas construire un deuxième aéroport, au motif que l’on abandonnerait – éventuellement – le premier. Je ne vous présente pas Ferdinand Lop, je pense que c’est inutile.
2/ L’emprise du projet est de 1650 hectares, compte non tenu de divers aménagements, notamment routiers. Dans ces conditions, ai-je eu à ce point tort de parler de 2 000 hectares quand vous-même, par extraordinaire, en restez à 1 000 ? Une expérience ancienne m’a conduit, allez savoir pourquoi, à constater que les aménageurs, une fois en place, ont une tendance irrépressible à s’étaler. Mais les vôtres doivent être différents.
3/ Votre ignorance en matière de biologie entrouvre des portes sur l’inconnu. La vie dans sa diversité restera, croyez-moi, indifférente à vos savoureuses considérations sur l’acidité supposée des sols. Et je vous invite charitablement à vous informer sur ce qu’est un bocage préservé. Il n’en reste que peu de cette taille dans la partie Ouest de la France. Est-ce bien de ma faute ?
4/ Quel magnifique argument ! Si je vous ai bien compris, parce que Grand-Lieu, lac auquel j’ai consacré de nombreux articles, est survolé par quantité d’avions, il faudrait en faire autant à Notre-Dame-des-Landes ? Vous pensez bien que je vais de ce pas noter cela dans mon carnet à citations.
5/ N’y touchez pas, il est à moi ! Eh, je vous laisse volontiers votre député-maire, savez-vous ? On n’aurait plus le droit d’attaquer des hommes politiques qui nous plongent dans le délire prévisible du chaos écologique ? Mais vous rêvez éveillé, savez-vous ? Toute l’histoire du mouvement démocratique réel est faite d’attaques contre les responsables politiques, et vous voudriez les arrêter ? Bon courage, monsieur Maginot ! Si monsieur Ayrault se juge diffamé, qu’il m’attaque en justice, cela ne me pose aucun problème. Soyez certain qu’en ce cas, le spectacle sera magnifique, et comptera de nombreux personnages, dont certains inattendus.
Par ailleurs, voyez que ma mauvaise foi n’est pas totale. Je vous donne raison. Comme si souvent, et c’est un tort, je suis allé trop vite. La vérité est que votre monsieur Ayrault a été président du groupe socialiste à l’Assemblée de 1997 à 2007, puis président d’un groupe plus vaste incluant notamment les radicaux. Quel homme !
6/Ah ! battez-vous avec eux, pas avec moi. Incapable que vous êtes de discuter les évidences proférées par ces pilotes, vous préférez croire à leur inexistence. Vous savez quoi ? Je pense qu’un complot se trame contre votre ami Ayrault, qui inclut Ouest-France, brûlot bien connu et agitateur de l’anti-France. Portez plainte ! Portez plainte !
7/ Emporté par votre élan patriotique, voilà-t-y-pas que Nantes ne serait plus chef-lieu de la Loire Atlantique. On voit bien comme ce terme vous chagrine, vous qui rêvez développement, Europe, infrastructures, explosion et moteur(s). Eh bien, redescendez une seconde parmi nous. Chef-lieu de la Loire Atlantique, mais oui.
Enfin, ô étrangeté radicale, vous l’homme pondéré, vous vous mettez à vitupérer et à insulter tel un Nicolino. Ne pensez-vous pas à la peine que vous faites aux écologistes dans mon genre et à leur famille ? Les peintures rupestres, passe encore ! Je vous félicite même pour ne pas avoir utilisé cette image galvaudée de la bougie. L’important n’est-il pas que nous soyons relégués dans les cavernes, en compagnie des bêtes sauvages avec lesquelles nous copulons dans l’ivresse ? Chier ? Vous avez dit chier ? Autrement dit, vous avez le droit d’être grossier pour la raison éclatante que vous incarnez tout à la fois la gauche et le progrès humain. Et je devrais m’excuser, moi, de m’être moqué publiquement de votre héros ? Eh bien, cher monsieur Fontaine, je crois bien que vous allez devoir attendre un moment. Les chiottes sont au fond de la cour. Bien à vous,
Fabrice Nicolino