Vite ! de l’argent pour un Parc d’Afrique

Un geste, les amis, et vite ! L’association du Vercors Mille-Traces (ici), l’une des plus belles de France, a lancé une souscription de 3000 euros pour une intervention en Afrique. Qui aime ce continent, fût-ce de très loin, et ses habitants, humains et non-humains, doit pouvoir trouver une trentaine d’euros au fond de sa poche. Attention, urgent. C’est ici.

Lutte contre le braconnage dans le Parc Régional du W - Mille Traces

Aidez-nous à préserver la faune d’Afrique de l’Ouest !

Ce projet a pour objectif de mettre en place une patrouille dont la mission sera d’assurer la surveillance d’une partie du Parc Régional du W, en Afrique de l’Ouest, qui s’étend dans une zone frontalière commune à 3 pays : le Bénin, le Burkina Faso et le Niger.

Ce parc naturel fait partie de la première réserve de biosphère transfrontalière d’Afrique reconnue par l’UNESCO. Il abrite lions, éléphants, hippopotames, cobbes, hippotragues, babouins, etc., toute une faune victime d’actes de braconnage de plus en plus fréquents en raison de la diminution des moyens financiers consacrés à sa lutte et au déclin du tourisme dans la région.

L’origine du projet

Le Parc W est le dernier refuge naturel protégé d’Afrique de l’Ouest présentant une aussi vaste superficie, puisqu’il s’étend sur plus d’un million d’hectares ! Dernier bastion pour la conservation de la faune sauvage dans cette région, il joue également le rôle de barrière naturelle face à la désertification au Bénin, Burkina Faso et Niger.

Malheureusement, cet espace riche en biodiversité est la cible d’un important braconnage. Lions, éléphants, antilopes, aucune espèce n’est épargnée.

Alertée par des proches travaillant dans le Parc W, Mille Traces a décidé d’organiser cette collecte de fonds afin d’aider à lutter contre cette menace en finançant une patrouille dont la mission sera de surveiller une zone représentant environ 380 km², tout au long de la saison des pluies au cours de laquelle le braconnage augmente considérablement. Après cette période, un organisation non gouvernementale déléguée à la gestion du parc devrait être mise en place, en collaboration avec les trois pays.

Mille Traces, en collaboration avec l’Association des Campements Touristiques pour l’Appui à la Gestion du Parc Régional W (ACTAG-PRW)

Depuis 2005, l’association Mille Traces, basée dans le Vercors drômois, soutient la préservation de la faune du Parc W. Ses missions consistent principalement en l’apport de matériel aux forestiers, éco-gardes et pisteurs des 3 pays du W en vue d’améliorer la lutte contre le braconnage.

Depuis 2016, Mille Traces s’est associée à un organisme local : l’Association des Campements Touristiques pour l’Appui à la Gestion du Parc Régional W (ACTAG-PRW). Créée le 1 janvier 2015 par les gestionnaires de quatre auberges touristiques situées au cœur du Parc W (l’auberge des Chutes de Koudou au Bénin, l’auberge du Point Triple au Burkina Faso, l’Hôtel de La Tapoa et l’Écolodge de l’île du Lamantin au Niger), cette association a vu le jour afin d’apporter un appui concret à la conservation durable des aires protégées et de motiver une réelle synergie des acteurs de la conservation de la nature en Afrique de l’Ouest en créant un solide réseau de partenaires compétents dans les domaines de la protection des aires protégées. 

A quoi servira l’argent collecté, les détails du projet

Comme nous le rappelle l’actualité, cette région du monde connaît une situation sécuritaire qui concentre les actions des États, ce qui conduit àdiminuer fortement les ressources financières disponibles pour le Parc W. En particulier, l’absence de moyens financiers et une présence humaine moins importante (liée à la forte diminution du tourisme) permettent au braconnage de se développer. La saison des pluies, qui s’étend de juin à octobre, augmente encore le risque de braconnage. Les gestionnaires du site des Chutes de Koudou sont témoins de coups de feu à répétition près de l’auberge.

L’argent récolté permettra d’accroître considérablement la surveillance de la faune de ce site remarquable et fragile, et de renforcer la sécurité des infrastructures et de leur personnel.

Grâce à cet argent, 8 gardes pourront procéder à une surveillance accrue sur une surface d’environ 380 km², allant de l’auberge de Point Triple à Sampeto au Bénin.

Cet argent couvrira l’ensemble des frais engagés : salaires, moyens de locomotion et carburant, nourriture et matériels divers (lampes, gourdes, tapis de sol, etc.) pour une période de 6 mois (soit 500 euros par mois de juillet à décembre 2019). Au-delà de cette période, début 2020, une organisation non gouvernementale devrait être mise en place.

L’argent récolté par Mille Traces sera reversé à l’ACTAG-PRW qui emploiera ces 8 gardes.

Notre équipe

De nombreux membres de Mille Traces ont eu l’occasion de rencontrer la faune du Parc Régional du W, ainsi que les personnes qui œuvrent pour sa protection sur le terrain. En particulier :

  • Véronique Thiery et Jean-Marie Ouary, respectivement scientifique et naturaliste, tous deux animateurs nature, ont fondé Mille Traces en 1992. Depuis 2004, l’urgence à aider les populations d’éléphants d’Afrique de l’Ouest les a conduits à développer des actions de protection dans différents pays et notamment dans la région du W, où Jean-Marie et plusieurs équipes se sont rendus en 2005 et de 2015 à 2019. L’aide aujourd’hui apportée à l’ensemble de la faune est la suite logique de leur engagement pour la nature.
  • Sylvie Thirion, présidente, s’est rendue sur le parc en 2005, 2015, 2017, 2018 et 2019. Au quotidien, elle entretient un lien chaleureux et efficace avec les personnes dédiant une partie de leur vie au W (conservateurs et directeurs du parc, guides, naturalistes, aubergistes, etc.).
  • Rémi Collange, administrateur, a récemment participé à deux voyages et a immortalisé ces moments forts en émotion à travers ses photos et vidéos, ce qui a permis d’aider l’association ACTAG-PRW à communiquer sur ses actions grâce à des supports représentatifs du milieu naturel et de sa faune.
  • Claude Juillard, membre très actif, naturaliste, a fait partie du voyage en 2017, 2018 et 2019. Son sens de l’observation et d’écoute, ainsi que ses connaissances naturalistes, ont permis à l’équipe de s’émerveiller devant le foisonnement d’espèces, animales comme végétales, que l’on peut rencontrer au W. Il a engagé un jumelage entre les écoles primaires de Sampéto au Bénin et de Tailly en Côte d’Or.

L’ensemble des administrateurs de Mille Traces participent à cette initiative et ont aidé à ce que se développe cette action pour la faune de l’Afrique de l’Ouest : Romain Ribeiro, Jacqueline Hache, Élisa Gouirand, François Morel, Ariane Ambrosini, Jean-Pierre Biscaye, Jacques L’Huillier, Pascal Maruejol, Patrick Mathiot, Lorène Pascal, Jörg Schleicher et Bernadette Sévère.
Ces collaborations n’auraient pas été possibles sans les militants et adhérents qui ont également participé à ces voyages et missions sur le W comme Melly Rava, Aude Phisel, Françoise et Alain Charras, Adeline Cuisinier, Adeline Soulier, Pablo Dasnias, Chantal Reymond, Coralie Aubry, Perrine Cochard, Fabrice Cappizano, Jacky Sylvestre, Laure et Guillaume Ruth, Frédérique Pécot, Didier Lerenard, Ludo Rouault, Gilles Jovet, Gabriel Gorraz, Jérôme Bonnardot.

Merci à tous les membres qui ont permis d’accompagner la faune du W, et merci à tous ceux qui nous rejoindront en apportant leur aide précieuse, chacun à la hauteur de ses moyens !

H Hichem MACHOUK 06/08/2019 Y Yvan BOICHARD 06/08/2019 J Jacques L’huillier 06/08/2019 Agir
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Méfiez-vous de tous

Encore un appel solennel à la révolte ? On ne se refait pas. Ce samedi soir, pas davantage qu’hier ou le mois dernier, je rumine. L’autre jour, passant à la gare du Mans, j’y ai vu le maire actuel, Stéphane Le Foll, donner une interview à Europe 1 sur le parvis. Je n’ai pas écouté, mais j’ai lu ce qu’il paraît penser sur le Nouvel Obs en juin. D’abord, rigolons gaiement : le porte-serviettes inusable de Hollande – il a été sa carpette de salon pendant 20 ans au siège du parti, rue de Solferino, puis ministre de l’Agriculture – y déclare que non, il n’est plus « hollandais ». Il a donc été « hollandais », c’est-à-dire rien, sans l’ombre d’une idée sur quoi que ce soit. Je rappelle que sur Planète sans visa, le 19 septembre 2010, j’ai écrit ceci :

« J’ai eu la curiosité malsaine d’aller jeter un regard sur le blog (ici) de François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste entre 1997 et 2008, date de l’arrivée de Martine Aubry à ce poste. Hallucinant reste un faible mot pour décrire mon sentiment. Ce machin est lamentable de la première ligne à la dernière image (il y en a beaucoup, évidemment). Si vous en avez le temps et le courage, tapez donc sur le moteur interne de recherche des mots comme écologie ou biodiversité. Vous ne serez pas déçu de ce court voyage. Hollande n’est au courant de rien. Cet homme de 56 ans – ce n’est pas le perdreau de l’année – aura donc passé au moins trente ans à faire de la politique sans se rendre compte que la vie sur terre, et donc l’avenir des sociétés humaines, et donc celui des désolants politiciens dans son genre, étaient désormais en question. Il ne sait foutre rien. Et il a commandé le principal parti de la gauche pendant onze années ».

Or donc, Le Foll a servi ce drôle qui espère, pauvre chou, revenir en politique. Demain, l’immense duel Sarkozy-Hollande ? Je galège, bien entendu, car tout de même, non. Il est nel et bien notre passé stérile. Mais Le Foll, qui n’a jamais que 59 ans, est enfin réveillé. Il en tient désormais pour la « social-écologie » et même la « croissance sûre ». Cette expression, Le Foll est allé la trouver dans la Bible de l’entourloupe, qui aura permis de lancer dans l’arène planétaire le si funeste « développement durable ». Elle est dans le rapport Brundland, du nom de la Première ministre norvégienne de la date de publication, 1987. Or un homme a joué un rôle-clé dans sa rédaction, le Canadien Maurice Strong. Vous pouvez en savoir beaucoup plus en cliquant ici-même.

En tout cas, Le Foll découvre ce si beau rapport 32 ans après son apparition, qui a tant aidé à la destruction continuée du monde. Ce pourrait être drôle, c’est sinistre. Du temps qu’il était ministre de l’Agriculture – 16 mai 2012-10 mai 2017 -, Le Foll aura évoqué de temps à autre l’agroécologie, mais surtout tapé la carton du matin au soir avec la FNSEA et bien entendu couvert la farce hénaurme du plan Ecophyto, censé réduire l’usage des pesticides tandis qu’il augmentait. Dis Stéphane, tu nous dis où sont passés les centaines de millions d’euros d’argent public du plan ?

N’insistons pas, car ils sont en réalité tous pareils. On voit même un Cazeneuve ces jours-ci – il est le dernier Premier ministre de Hollande – tenter de faire croire qu’il pourrait se présenter en 2022 à la présidentielle. Mais pourquoi pas ? Ces gens nous ont habitués à tout, jusqu’à faire semblant de croire – derrière Mitterrand – que le parti socialiste entendait terrasser le « système capitaliste ». D’eux tous et en bloc, oubliez, et tournez le regard.

Faut-il vous parler des anciens staliniens ? Je ne suis même pas sûr. Eux aussi, dépourvus de la moindre idée en propre, ils ne savent plus où ils habitent, ces pauvres gens. Oublions même l’époque glorieuse où ces salopards vantaient l’atome – les plus dégueulasses, à l’époque de Maville 1977, c’était eux, et Marchais en 1980 vantait encore la centrale nucléaire de Plogoff en projet -, les grands travaux, la chimie de synthèse, l’Union soviétique. Il paraît qu’ils ont changé. La preuve par Braouezec Patrick, ancien ponte de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). En 2010, ce glorieux apparatchik quitte le PCF pour créer une très improbable Fédération pour une alternative sociale et écologique ou Fase – comme c’est astucieux -, car le monsieur est devenu écologiste. Très.

En 2012, en compagnie du ministre de la Ville de Sarkozy Maurice Leroy – vendu depuis à Poutine, il y fait du lobbying, mais oui, pour le Grand Moscou -, il signe un label d’excellence au projet Europacity, cette bouse (lire ici) destinée à tuer 700 hectares de terres agricoles aux portes Paris. N’est-il pas le président en titre de Plaine Commune, la structure intercommunale du lieu ? En 2017, il reprend sa carte au PCF et surtout, car le vent a sérieusement tourné, il est devenu un opposant à Europacity. Très.

Je pourrais vous tenir des pages entières sur la décomposition accélérée des derniers anciens staliniens, car je vomis leur histoire en totalité. Croyez-moi, je connais cette tragédie comme bien peu. Ce n’est la preuve de rien, mais la garantie que je n’écris pas pour ne rien dire. Un mot sur Mélenchon ? Allez, pour la route. Avez-vous remarqué combien la question écologique, pourtant présentée – frauduleusement, selon moi – comme centrale il n’y a guère, paraît avoir disparu. Là encore, je pourrais me perdre dans le labyrinthe des fantaisies mélenchoniennes, et je rappelle aux oublieux qu’il existe en haut et à droite un petit moteur de recherche qui permet d’aller droit aux très nombreux articles que j’ai consacrés à un homme que je juge exécrable.

Ceci posé, quoi ? La droite, Macron compris. J’ai si peu à voir avec eux, leurs idées, leurs fantasmes, leurs réalités, que je me sens tout dépourvu pour parler d’eux. Notez que je l’ai déjà tant fait. Voyez donc le cas Macron tel que je l’ai décrit ici et . Quant à ceux du Rassemblement national, j’ai également assez dit ce que j’en pensais. Je les conchie et les maudis.

Que reste-t-il ? Ceux qui se réclament de l’écologie politique. Comme si l’écologie pouvait être autrement que politique, pour un humain en tout cas. Je n’ai guère le cœur d’insister ce jour sur cette génération qui s’est tant vautrée dans le cirque politico-médiatique. Tout de même ! Qui demande le moindre compte à Dominique Voynet et Yves Cochet, ministres de Jospin pendant son quinquennat de Premier ministre entre 1997 et 2002 ? Qui ? Les deux pouvaient et devaient – n’était-ce pas une injonction absolue ? – se battre contre le dérèglement climatique. L’ont-ils fait ? Non. Ils avaient trop envie de leur petit trajet sous les lumières de leur monde. Suis-je en colère contre eux ? Pas qu’un peu, beaucoup. Voynet a siégé près de trois ans au conseil des ministres en compagnie du criminel climatosceptique Claude Allègre. Sans moufter jamais. Et Cochet qui a pris sa suite en 2001, après le départ d’Allègre il est vrai, qu’aura-t-il tenté ? Rien non plus. Honte éternelle.

Ne croyez surtout pas que le silence régnait sur les faits. Le journal Politis, dont je faisais partie – ô combien – était lu tant par Voynet que par Cochet. Cet hebdo était tenu comme l’ami des Verts, ce que moi-même je n’ai jamais été. Eh bien, Politis consacrait sa couverture et un dense dossier au Grand flip climatique dès février 1989. Huit ans avant que Voynet n’entre au gouvernement ! Moi qui vous écris, j’ai constamment bataillé dans ces années-là, exprimant avec force dans mes articles publics, lus pourtant par la chefferie verte, que la crise climatique était la mère de toutes les batailles humaines.

Et j’ai attaqué publiquement Allègre dès le 4 décembre 1997 – in Politis – et récidivé tant de fois que je n’en ai pas le nombre. Les faits étaient sur la table et ces gens – Voynet, Cochet et toutes leurs troupes maigrelettes – s’en sont foutu. Voilà la vérité. Le 12 novembre 1998, il y aura bientôt 21 ans, j’écrivais : « Il n’y a pourtant aucun doute : sans le dynamitage de nos modes de vie, la température de notre globe augmentera irrésistiblement. On ne peut pas demander aux Français de consommer massivement – la croissance, la croissance ! – et défendre les grands équilibres écologiques. Du point de vue de Gaïa, il n’y a aucune différence entre Jospin et Chirac ».

Comme la génération socialiste de 1981, ridiculement couchée au pied de son maître et seigneur Mitterrand, celle des écolos – mot que j’abhorre fort justement – a montré qu’elle était incapable d’honorer le moindre engagement sérieux contre la crise écologique planétaire. Yannick Jadot, s’il voulait conquérir un peu d’un espace politique véritable, commencerait par interroger le passé de son parti. Car ce n’est pas dans l’aveuglement que l’on avance, mais dans la clarté du jour. Embourbé comme le furent les autres, il ne le fera pas, je le parie ici. Et son règne provisoire s’achèvera sans qu’aucune question fondamentale n’ait été posée. Les Verts, 34 ans d’histoire et de folles défaites, et pas une seule explication.

Vous me trouvez dur ? Eh bien, c’est ainsi que je suis et ce n’est plus l’heure de changer. Je l’ai écrit dix, peut-être cent fois : nous devons inventer des formes politiques neuves, adaptées aux défis que nous connaissons. Tous ceux qui rament aux côtés des barques et galères du passé perdent leur temps, et le nôtre. Avons-nous encore assez d’énergie ? Voulons-nous vraiment combattre les monstres qui nous assaillent ? Voilà à quoi devrait passer le mois d’août des gens studieux.

De Rugy à Borne et de Charybde en Scylla

Amis, je vous ai lâchés depuis un moment. Planète sans visa, où se trouvent environ 1500 articles exclusifs et gratuits, publiés depuis la fin de l’été 2007, ne parle plus guère. C’est que je suis occupé, très occupé à défendre, étendre et transmuter le divin mouvement des Coquelicots (nousvoulonsdescoquelicots.org).

Néanmoins, je lis comme vous la presse. De Rugy nous a quittés. Inutile de verser des larmes de crocodile sur un homme pareil, que j’ai tant critiqué et conspué ici même (huit articles à partir de https://fabrice-nicolino.com/?p=4658). Mon Dieu, il est peu d’exemples dans l’histoire humaine de causes à ce point supérieures représentées – officiellement – par des personnes aussi médiocres. Je n’annonce pas même qu’il coulera corps et bien, car comment savoir, avec des gens pareils ?

De Rugy n’avait aucun rapport discernable avec la crise écologique et ses très éventuelles solutions. Sa successeure Elisabeth Borne pose un cas général qui pourrait me faire rire, mais qui finalement m’attriste davantage. J’ai écrit maintes fois ici sur les grands corps techniques de l’Etat. Cette aristocratie d’ingénieurs coopte tous les postes décisifs, jusqu’en région, dans les vastes domaines de l’industrie, dont le nucléaire, le BTP, les campagnes. Tapez si vous le souhaitez dans le moteur de recherche en haut et à droite les expressions : Ingénieur du génie rural et des eaux et forêts, ou Ingénieur des Ponts et Chaussées, ou Ingénieur des Mines, et vous verrez apparaître un tableau. Celui de la destruction de la France, pendant de la destruction du monde.

Peu de phénomènes comptent plus que celui-là, mais la critique sociale, y compris bien sûr chez les écologistes officiels – Europe Ecologie -, est si évanescente que nul n’en parle. On ne sait rien, on n’avance rien, on est sourd, aveugle et muet. Madame Borne, nouvelle ministre de l’Ecologie, est ingénieure générale des Ponts et Chaussées et à ce titre, elle est comptable du désastre des routes, autoroutes et rocades, en partie de l’envol stoppé in extremis des gaz de schiste, et de tant d’autres. L’esprit de ce corps est définitivement dans ce cadre-là. En 1991, j’ai rencontré l’un d’un chers collègues de madame Borne, et si vous voulez en savoir plus, je vous recommande cette lecture : https://fabrice-nicolino.com/?p=1121). Bourdillon vaut Borne, et Borne vaut Bourdillon.

Mais je souhaite y ajouter cette autre anecdote : il y a près de trente ans, je conversais avec un ingénieur du Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), et celui-ci m’a soudain lâché quelque chose comme : « Etes-vous déjà allé en Angleterre ? ». Oui, j’y étais allé, et après ? Eh bien, il voulait savoir si j’y avais vu des châteaux d’eau, et bien sûr, je n’en savais rien. Peut-être, ou pas. Il insistait et finit par dire : « Non, vous n’en avez pas vu, car il n’y en a pas ». Poli comme je sais être, mais pas follement intéressé, je lui demandai pourquoi. Et il répondit qu’il y avait sur cette île un autre système, enterré, qui n’utilisait pas de béton armé, comme les grandes tours des châteaux d’eau, omniprésents dans le paysage rural français.

Pour quelle raison avait-on hérité ces horreurs verticales ? Parce que. Parce que les ingénieurs des Ponts et Chaussées, qui ont la haute main sur quantité de travaux publics, disposaient de deux sortes de revenus. D’abord leur salaire d’Etat. Ensuite ce qu’on nommait les rémunérations accessoires qui permettaient, par un système de péréquation, d’augmenter massivement la solde. Les ingénieurs des Ponts et Chaussées touchaient sur le volume de travaux publics qu’ils parvenaient à faire décider notamment auprès des élus.

Mon ingénieur du BRGM, devant ma stupeur, s’empressa d’ajouter : « Mais c’est fini. La France est suréquipée en châteaux d’eau. Pour cette raison, vous allez voir déferler en France des centaines et des milliers de ronds-points inutiles et coûteux ». Et il avait raison. Le déferlement a bien eu lieu. Combien de milliards concédés aux ingénieurs et au BTP ? Amis lecteurs, songez avec moi à madame Elisabeth Borne, nouvelle ministre de l’Ecologie, ingénieure générale des Ponts et Chaussées, et préparez vos mouchoirs ou vos tenues de combat. Ou les deux.

Frédéric Wolff n’aime pas le téléphone nouveau

Une nouvelle génération de téléphonie mobile est annoncée : la 5G. Elle est beaucoup plus qu’un simple aménagement des standards téléphoniques actuels. Le progrès qu’elle préfigure ? Un effroyable regrès sanitaire, écologique, démocratique et humain. Allons-nous laisser faire ? Résister ? Ni cobayes, ni machines, nous ne sommes pas négociables, pas plus que la vie sur Terre.

Des milliards d’objets connectés, des millions de stations de base terrestres, une antenne tous les cent mètres, 20 000 satellites supplémentaires, le Très-Haut débit accessible aux endroits les plus reculés du monde, mille fois plus de données transmises, des hologrammes à volonté, des véhicules sans conducteurs, des robots pour nous opérer à distance, pour remplacer les derniers paysans, des services publics dématérialisés, des données à foison sur nos comportements, sur nos déplacements et sur nos vies placées sous surveillance permanente, mieux encore, sous pilotage électronique, une planète ou tout devient intelligent : les villes, les routes, les maisons, les frigos, les brosses à dents… 350 000 ans d’Homo Sapiens pour en arriver là. Gageons qu’une innovation rendra la connerie universelle, elle aussi, intelligente.


Il est difficile de se représenter toutes les retombées de cette nouvelle fuite en avant tant elles sont colossales, obéissant à ce que Günther Anders nommait les « phénomènes supraliminaires » échappant à notre perception en raison de leur ampleur. Mais au moins peut-on essayer de penser ce qui se joue. Au moins doit-on tenter de relier ce qui, pris isolément, semble anodin et presque désirable si l’on s’en tient à la doxa progressiste.
Ce qui, souvent, s’impose lorsque l’on considère les technologies sans fil, ce sont les risques sanitaires. Les ondes 5G sont-elles nocives ? Cette question est d’autant plus préoccupante que l’on connait les effets délétères des radiofréquences du type 2G, 3G, 4G, wifi… Je ne suis ni physicien, ni biologiste, mais je sais lire. Et j’ai lu. Des études publiées dans des revues à comités de lecture, des alertes de scientifiques, de médecins, des témoignages de personnes électro-hypersensibles avec qui j’ai partagé le quotidien.

Combien de preuves accablantes du danger des ondes artificielles ? Des dizaines ? Des centaines ? Des milliers ? Des milliers. Je ne vais pas dresser la liste des risques sur la santé. Ils sont connus et mentionnés dans un appel international récent de scientifiques, de médecins et d’organisations. Et ils sont effrayants quoi qu’en disent les lobbies et leurs collabos. Ils ont beau jeu de répondre qu’il n’y a pas consensus scientifique et qu’il faut continuer à étudier tout en poursuivant l’emballement technologique et son cortège macabre, s’inscrivant ainsi dans la lignée des scandales sanitaires passés, du tabac à l’amiante, en passant par le dérèglement climatique, les pesticides, les perturbateurs endocriniens, les Ogm… A chaque fois, le même scénario, à quelques variantes près. Les conflits d’intérêt, la fabrique du doute, les autorités sanitaires et scientifiques complices ou aphones, les protocoles biaisés, la rédaction d’articles favorables par l’industrie signés ensuite par des scientifiques de renom… Tous les moyens sont bons pour gagner du temps, rendre la société dépendante, inverser la charge de la preuve, individualiser les responsabilités, dénigrer les lanceurs d’alerte, voire les victimes.


On me rétorquera qu’aucune étude sanitaire n’a été réalisée relativement à cette nouvelle génération d’ondes. Certes. Mais tout de même, trois choses à ce propos :
1. La 5G ajoutera une nouvelle source de pollution électromagnétique à celles déjà existantes. Comment ne pas craindre que ce cumul ne soit pas préjudiciable au monde vivant ? A force de poser des pièces les unes sur les autres, l’empilement finira par s’effondrer. La pièce qui aura provoqué le basculement ne sera pas foncièrement différente des précédentes. Poison chimique, rayonnement ionisant ou non-ionisant, nouvelle augmentation de la température moyenne, comment savoir ? La situation qui en résultera sera inédite et irréversible. Cela ne concerne pas seulement la santé, mais l’ensemble des écosystèmes naturels, sociaux, économiques, humains…


2. Il est tout de même extravagant de déployer une innovation sans s’être inquiété sérieusement de ses effets sur la santé publique. Rien de bien nouveau, hélas, mais quand va-t-on cesser de nous prendre pour des cobayes ? Si la 5G était un médicament, elle ne serait pas autorisée !


3. Pour autant, comment serait-il possible de conclure à une totale innocuité de cette technologie, quand un cancer peut mettre 30 ans à se déclarer, quand les effets cocktails – entre différentes fréquences, entre rayonnements artificiels et molécules chimiques de synthèse – sont quasiment infinis et laissent entrevoir le pire, quand les symptômes liés aux ondes sont asymptomatiques, quand on peut être vulnérable même à de très faibles doses – ainsi, pour les fœtus, les enfants, les personnes malades, épuisées, chimico et électro-hypersensibles ? Où pourront survivre ces dernières, quand il n’y aura plus aucun endroit vierge d’ondes sur la terre et sur la mer, alors que bon nombre d’entre elles endurent d’ores et déjà un enfer innommable ?


Le bon sens le plus élémentaire voudrait que l’on s’abstienne, que l’on s’en remette au principe de précaution, ou plutôt de prévention, étant donné le foisonnement de preuves scientifiques alarmantes.


Ce n’est là qu’une partie du problème. Quand bien même des réseaux filaires ou je ne sais quelle innovation seraient retenus et nous épargneraient les ondes toxiques, il y aurait lieu de refuser cette nouvelle génération de télécommunication qui aggravera la dévastation écologique en cours. Par quel miracle les fourmis, les abeilles, les oiseaux seraient-ils épargnés, alors que des études sérieuses prouvent les effets biologiques sur ces espèces ? Plus largement, à quoi faut-il s’attendre ? A des centaines de millions de téléphones 5G et de gadgets électroniques à venir, à de nouvelles infrastructures dispendieuses, à des extractions de minerais et de matériaux extrêmement polluants, à des déchets qui le sont tout autant, à des sols stérilisés, à des nappes phréatiques asséchées, à une gabegie d’eau potable et d’énergie. Pour mémoire, les data centers rejettent autant de CO2 que le transport aérien. Il faut croire que notre boulimie numérique importe plus que la vie sur Terre. Comment faut-il le formuler ? Ces technologies sont incompatibles avec un usage respectueux du monde. Las. D’un côté la déploration pour la planète, de l’autre la fascination pour la techno-science et la croissance. « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes », écrivait déjà Bossuet. Rien de bien nouveau, en somme, si ce n’est l’échelle inédite de la Catastrophe. Un nouveau pas vers l’abîme en toute connaissance de cause. Si notre civilisation était un humain, elle serait internée à vie comme n’importe quel psychopathe.


Combien coûtera ce petit caprice de technocrates ? 500 milliards d’euros sur 10 ans, selon l’estimation de la Commission européenne. Quand on sait qu’un Conseil Général refuse d’attribuer une aide qui pourrait alléger un peu les souffrances de personnes électro-hypersensibles, il y a de sérieuses raisons d’être révulsé, non ? Et ce n’est là qu’un exemple parmi des milliers d’autres tout aussi immondes les uns que les autres. Qui paiera les conséquences de ces nouveaux jouets inutiles et nuisibles, imposés, rappelons-le quand même, sans aucune délibération, sans la moindre consultation populaire ? Le coup d’Etat est magistral. Dans une société technicienne administrée par les experts, une seule solution : la plus efficace. Comme nous sommes une civilisation soucieuse de l’image, nos gouvernants s’attachent à combler notre besoin d’illusion, et quoi de mieux, pour faire diversion, que des élections qui ne changeront rien, un grand débat qui se gardera bien d’aborder les sujets majeurs ? Nucléaire, nanotechnologies, transhumanisme, innovations perpétuelles, industrialisation, marchandisation et enlaidissement du monde, armes de guerre massive, ethnocides… Et il faudrait en plus aller voter pour le parti unique de la société techno-industrielle et de l’abondance matérielle ? Il faudrait participer à son simulacre de démocratie et croire à ses sornettes selon lesquelles les avancées technologiques sont bonnes pour notre santé, pour notre sécurité et pour la planète ? Il faudrait s’agenouiller devant leurs égos bouffis d’orgueil et leurs hologrammes bêtifiants ? Sans moi.


A ces questions sanitaires, écologiques et démocratiques, s’ajoute un enjeu crucial : celui de notre liberté, de notre humanité dans le monde hyper-connecté de la planète intelligente. Des puces RFID aux smartphones, des compteurs Linky à la transition numérique, les dispositifs techniques s’accumulent pour édifier la Smart City. La 5G complétera ce bel ensemble dont les technophiles peuvent être fiers. Détruire le monde naturel ne leur suffit pas, il leur faut aussi s’attaquer à ce qui reste de notre humanité. Qu’est-ce qu’une ville intelligente ? Une ville morte, peuplée d’humains diminués, bientôt faussement augmentés grâce aux ennemis de l’humain, les transhumanistes. Des techno-mutants, amputés de leurs facultés déléguées aux machines, mutilés de leur mémoire, de leur pensée, de leur sensibilité, de leur concentration, de leur capacité de faire, de penser, de choisir, de résoudre des problèmes par eux-mêmes. Une humanité frappée d’obsolescence, réduite à une seule dimension, celle d’un rouage économique mis à nu, ciblé, traqué, surveillé, n’ayant pour seul guide que la maximisation de ses intérêts. Un troupeau standardisé et prédictible, compétitif et malléable, car dans l’univers surpeuplé de la mégalopole, sur une planète aux ressources comptées et aux besoins infinis, il importe d’optimiser les flux, de congédier le hasard et l’imprévu. La meilleure façon d’y parvenir ? Révoquer l’humain. Des guichets sans guichetiers, des caisses sans caissières, des métros, des bus et des voitures sans conducteurs, des écoles sans professeurs, une médecine sans médecin, des bibliothèques sans bibliothécaires, des services publics sans humain à qui s’adresser. Des applis, des bornes, des automates, des voix synthétiques, des algorithmes, des caméras de flicage avec reconnaissance faciale, des évaluations permanentes de chaque parcelle de nos vies, du prédictif et du coercitif… Voilà la planète intelligente et la grande convergence des technologies. « L’incarcération de l’homme-machine dans le monde-machine », ainsi que l’écrivent les auteurs inspirés de Pièces et main d’œuvre, ce groupe de réflexion critique grenoblois qui, à longueur de livres et d’articles, met au jour « l’enfer vert », « les gadgets de destruction massive » – nos téléphones portables – les puces RFID, le nano-monde, « les mouchards électroniques » au doux nom de Linky, la technologie comme fait majeur de notre époque…


La ville intelligente est sans doute le rêve des gestionnaires et des techniciens de tous bords, mais elle est un cauchemar pour tous les êtres épris de liberté et d’humanité. On n’habite pas dans une telle cité, on y fonctionne. L’humain n’y a pas sa place. Réduit à n’être qu’un accessoire du système technicien, et finalement qu’une série de chiffres, il est voué à disparaître dans son humanité même. Le compte à rebours a commencé, il est déjà bien entamé. La machine s’empare des esprits autant que des corps. A chaque problème, qu’il soit social, écologique ou politique, une solution : la technologie. A chaque geste, à chaque opération de la vie quotidienne, une prothèse. Comme il est bien connu que la fonction crée l’organe et la prothèse le handicap, comme les générations nées, élevées et éduquées avec le digital l’auront totalement naturalisé, je suis, pour ma part, plus que tourmenté, partageant avec Jaime Semprun cette interrogation obsédante : « […] quand le citoyen-écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : “ Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? ”, il évite de poser cette autre question, réellement inquiétante : “ A quels enfants allons-nous laisser le monde ? ” » (L’abîme se repeuple, éditions de l’Encyclopédie des Nuisances 1997). Les adultes ne sont pas épargnés par cette emprise numérique, pas plus les seniors et bien des écolos, soucieux avant tout de ne pas paraître conservateurs ou réactionnaires, et c’est avec effroi qu’il m’arrive d’assister, dans les espaces civilisés, à des scènes consternantes où les gens ne se regardent plus, ne s’écoutent pas vraiment, se parlent en continuant de pianoter sur leurs écrans tactiles ; comment avons-nous en arriver à ce si peu d’attention aux autres, ceux qui sont là à côté de nous, et les lointains, les sacrifiés de notre petit confort moderne ? Quel Hopper contemporain peindra la mélancolie de l’âge numérique, ses solitudes, ses cohortes de naufragés ? Les cloîtrés dans leurs cages de Faraday, les empoisonnés dans leurs villages du cancer, les délabrés dans les mines de métaux rares et les décharges électroniques, les esclaves dans les usines à nécro-phone, les ravis de l’aliénation électronique…


Malgré tout, des dissidents – et pas seulement des ermites ou des hommes des cavernes s’éclairant à la bougie – rejettent cette colonisation électronique, refusant le téléphone mobile, voire internet, car ces technologies sont climaticides, polluantes et asservissantes. Des éleveurs refusent de pucer leurs bêtes, des assistantes sociales boycottent le rendu des statistiques, des personnels de l’éducation nationale dénoncent l’école numérique, un réseau – Ecran Total – rassemble les personnes opposées à l’informatisation et à la gestion.


Y aura-t-il un sursaut pour faire barrage à la 5G ou allons-nous laisser faire comme nous avons, majoritairement, acquiescé à la soumission aux écrans ? Des collectifs d’opposition vont-ils se multiplier, plus nombreux encore que ceux qui se sont opposés aux compteurs Linky ? Verrons-nous des actes de désobéissance civile, des refus de collaborer, des boycotts massifs, des faucheurs d’une nouvelle génération, des convergences entre les défenseurs de la santé publique, des abeilles et des oiseaux, de la démocratie, des services publics de proximité, de la liberté et de l’humanité ? Des zones à défendre s’installeront-elles un peu partout sur nos territoires ? Des mouvements de type « Faut pas pucer » grandiront-ils dans les activités et les métiers menacés ? Des villes se déclareront-elles territoires hors 5G ? De nouvelles formes de combat verront-elles le jour, des alliances inattendues se noueront-elles avec pour mot d’ordre : Ni cobayes, ni machines ? En finirons-nous avec cet impensé qu’est la technologie, si répandu dans les milieux qu’on dit alternatifs ? Allons-nous comprendre enfin qu’elle est l’accélérateur majeur de la destruction du monde humain et non-humain ?


Bien malin qui le dira. Contre cet angle mort de la réflexion, il importe instamment de réhabiliter la Pensée. Je la tiens pour une force agissante, un point d’appui pour soulever le monde. « Ce que des idées ont produit, d’autres idées peuvent le détruire » (Pièces et main d’œuvre, Manifeste des chimpanzés du futur). Oui, il est urgent de lire les penseurs. L’un d’entre eux, justement. Jacques Ellul, écrivait en 1972 :
« S’intéresser à la protection de l’environnement et à l’écologie sans mettre en cause le progrès technique, la société technicienne, la passion de l’efficacité, c’est engager une opération non seulement inutile, mais fondamentalement nocive. Car elle n’aboutira finalement à rien, mais on aura eu l’impression de faire quelque chose, elle permettra de calmer faussement des inquiétudes légitimes en jetant un nouveau voile de propagande sur le réel menaçant. »


Cette pensée permet de tracer une ligne de partage entre les environnementalistes et les éco-gestionnaire du désastre d’un côté, les écologistes authentiques et les néo-luddites de l’autre côté. Le Président du parti des Verts en Suisse, Alberto Macchi, en offre une illustration parfaite, en déclarant ceci : « Nous n’avons pas d’opposition de principe à la 5G. Notre position est de dire qu’aujourd’hui, on n’a pas suffisamment de réponses en matière d’effets potentiels de cette technologie sur la santé ». Je ne connais pas cet homme, et peut-être est-ce une excellente personne qui se bat sincèrement pour son prochain. Mais tout de même, ceci. Qu’il se rassure. La technologie trouvera une solution. Grâce aux capteurs greffés sous la peau, des alertes nous seront envoyées en cas de dépassements des seuils de danger et une appli nous guidera – pour ne pas dire nous contraindra, mais comme c’est pour notre bien, soyons charitables, n’est-ce pas ? – dans les bonnes pratiques d’une santé optimale, car dans la nécropole, chacun est responsable de son bien-être. Grâce à la rhétorique du Progrès, la dépendance technologique c’est l’autonomie, l’aliénation électronique la liberté, le techno-totalitarisme la démocratie, la dévastation écologique la transition énergétique et numérique. De quoi se plaint-on ?

Frédéric Wolff

Retour sans fanfare

Amis, lecteurs, non-amis, adversaires sournois ou déclarés, Planète sans visa est de retour après des ennuis compliqués. Comme d’habitude, mon cher vieux – jeune – Alban est parvenu à rétablir la chose. Pas totalement ? Non. Mais on fera mieux plus tard. En attendant, des bises à Alban/