Archives mensuelles : décembre 2007

Pause ultime (avant réouverture)

J’y suis allé. Je suis descendu au ruisseau, tentant d’éviter, vaille que vaille, les chemins d’homme. Et j’y suis parvenu, trouvant dans la pente de plus en plus raide les voies étroites par lesquelles les animaux circulent sans rendre compte, entre buis et roc. Bien entendu, j’ai glissé, et à de nombreuses reprises. M’arrachant une fois un bout de peau de la paume droite. Deux jolis bouts, en fait. Mais le soleil d’hiver était là, juste au-dessus des pins sylvestres, et j’ai continué. Au bas, le ruisseau coulait.

C’est un modeste et son cours est le plus souvent incertain, mais il coulait. Le dégel avait détruit la beauté des glaces, à peine si j’ai pu attraper une motte de cristal, que j’ai aussitôt jetée dans l’eau en pensant à quelque chose de beau et de grand.

Ensuite, j’ai traîné, écoutant sans relâche le silence froid. J’ai découvert plus haut les traces d’un drame antique, juste au confluent du ruisseau et du jet qui coule de la combe sauvage. Là où se cachent les cerfs. Un chevreuil avait péri, dont il ne restait que le crâne et la mâchoire supérieure, attachés à la colonne vertébrale, ainsi que des touffes de poil. L’œuvre était neuve encore, car il restait à prendre, à dévorer.

Mais qui l’avait tué ? S’était-il cassé une patte avant que le renard ne l’achève ? Avait-il simplement fait une mauvaise rencontre ? Avec le plomb d’un fusil, peut-être ? Je dois avouer que j’ai pensé au loup. C’est absurde, car le loup n’est plus depuis longtemps, par ici. Mais mon ami Patrick, qui vit là, me dit sans cesse qu’il va bientôt revenir, et au fond de moi, je sais qu’il a raison. Figurez-vous que le dernier des Mohicans de la contrée, un vieux paysan menant son troupeau comme il y a trois mille ans, se rappelle tous les lieux, tous les toponymes, le nom de chaque champ, dont certains ont été imaginés il y a dix siècles au moins. Or il y a un territoire, à deux kilomètres environ, à vol de circaète du moins, qui s’appelle Càntaloup. Là où chante le loup. Dans la langue occitane telle qu’on la parle ici, le loup, c’est le loup, qu’on prononce loupe. On dira, mais plus personne ou presque ne dit : Fo un frech d.loup. Pour signifier qu’il fait un froid de loup.

Quoi qu’il en soit, je crois qu’il suffit d’attendre. Je sais bien qu’on le recevra, dans ce pays de brebis, avec fusil et poison. Mais j’attends quand même, espérant. La langue espagnole espère et attend avec un seul mot : esperar. Hay que esperar. Seguro.

Le lendemain, je suis allé à la rivière. Elle se mérite, elle est la grande maîtresse, la vraie prêtresse du pays. Je suis allé la visiter, et je dois dire à quel point elle ne ressemble pas au ruisseau qui se jette pourtant en elle. Je suis allé la saluer, comme à chaque passage. Il faut marcher, descendre dans un bois de châtaigniers laissés dans le plus total abandon.

Beaucoup des arbres sont tombés ou se courbent, de même que les deux mazets de la pente, des cabanes dont les schistes se disloquent sans que jamais on ne soit là pour assister à l’événement. Il faut descendre, donc, et s’arrêter tous les dix mètres, parce qu’il y a à voir. Des troncs creux, emplis d’un terreau brun, pleins d’une décomposition dans laquelle on peut plonger la main, et sentir la vie. Des coussins de mousse, près desquels l’araignée a tendu ses pièges. Des tapis de feuilles, mortes l’an passé, il y a deux ans, trois ans et plus, et qui enguirlandent encore le sol de pierre.

On l’entend de loin. La rivière est une voix de basse intensité, qui prend le pouvoir doucement. Ce n’est pas un rugissement, bien sûr, ni même un grondement. C’est un avertissement, l’affirmation d’une force si supérieure qu’elle n’a pas besoin de hausser le ton. Un moment, on devine ses cisailles d’argent, qui coupent le monde en mille lanières. Le cœur se met à battre, c’est une pulsion des origines, la joie première. Et quand on approche enfin, lorsque le rideau des arbres se lève et s’écarte, on assiste à un second lever du jour.

Car la rivière est une lumière. Tout à l’heure, j’en ai été ébloui. La crue était passée et avait dispersé des troncs et des branches noueux, formant un Mikado d’aulnes et de saules. De là-haut, je croyais, navré, qu’il s’agissait des restes d’un feu de camp géant. Mais c’était la folie de novembre qui avait bouleversé la géographie des rives.

Je n’ai pas réellement le temps de vous parler de la falaise, ni de ses lichens gris, ou verts, jaune d’or parfois. Et donc de ces peintures de guerre, ou de fête, selon l’humeur. C’est affreux, car la muraille est ocre rouge, au soleil du moins, et ses arêtes coupent l’horizon en direction de l’Est. Elle forme une infinité d’angles droits, de cubes et de polyèdres, mais certains saillants ressemblent à des profils humains, et surtout fantastiques. Sur les corniches, sur les ressauts, sur la plupart des saillies, l’arbre est venu. Des hêtres dans les bas, des chênes blancs sur les hauts.

Je me demande où sont passés les têtards de l’été. Et la couleuvre vipérine. Et la chaleur. Et le rouge-queue noir, dont il reste pourtant le nid passé, au creux d’un énorme rocher du bord de l’eau. J’aimerais tout simplement guetter leur retour à tous.

Pause toujours

Bonjour à tous,

Je suis toujours assez loin de tout centre de décision, et c’est un pur bonheur. Je vous écris ces quelques lignes grâce à l’hospitalité de mon ami Patrick, dont il ne faut tout de même pas abuser. Dehors, sachez qu’il y a un vallon, juste au-dessous du hameau, et un ruisseau que j’irai visiter tout à l’heure.
Le gel aura-t-il saisi le flot ? Je le pense, je l’espère. Tout autour, le buis défie le chêne blanc, et plus bas, le châtaignier tient la pente. J’ai vu tout à l’heure cinq chiens de chasse qui traînaient leur docilité, l’air abattu. Avaient-ils perdu la trace d’un chevreuil ? D’un cerf, peut-être ? A main droite, précisément depuis le point d’où je suis, il y a une faille entre deux collines boisées, une combe sauvage, sans doute la plus sauvage des environs. Il y aurait au moins deux cerfs là, bien à l’abri, et des biches. Je les envie bien plus que je ne saurais vous dire.
Tout à l’heure, oui, je descendrai au ruisseau. Et si le gel n’est pas là, l’eau rebondira sur le schiste, ce qui n’est pas mal non plus. J’essaierai d’écouter le message fantastique de la vie sur terre, je sais que je serai heureux. Si je ne vous parle pas avant, un bon Noël. Je déteste cette fête, mais j’adore les enfants.

PS : Si vous avez des critiques à formuler sur la marche de ce blog, je vous le redis, n’hésitez pas. A mon retour, je regarderai avec la plus grande attention.

Une pause

Bonsoir à vous tous,

Nous sommes le 20 décembre au soir, et je dois partir pour quatre jours environ, mais j’essaierai d’écrire de là-bas, qui est un ailleurs. Mais si je n’y parviens pas, ne m’en voulez pas trop. Sachez que je ne suis nullement fatigué d’alimenter ce blog quotidien, et que je n’ai nulle intention de dételer. Ceci posé, et au bout de quatre mois, j’aimerais savoir comment vous appréciez, et si vous l’appréciez d’ailleurs, ce rendez-vous. Attention ! Si vous avez des idées, des commentaires, et même des critiques, je suis preneur. Pour de vrai. C’est donc le moment pour me dire quelque chose. Et peut-être à demain.

Bienvenue dans un monde meilleur (avec le mersa)

Les visites sur ce site vont encore chuter, après cette superbe envolée autour de Nicolas et Carla. Ce sera bel et bien de ma faute, ne craignez rien. Comble de tout, je ne dispose que de très peu de temps.

Ne finassons donc pas, et terrorisons à la seconde tous ceux qui oseront me lire ce 20 décembre : le MRSA – prononcez mersa -, ça craint. Mais commençons par rendre à Jean-Yves Morel ce qui lui appartient. Depuis des mois, ce grand connaisseur breton des arbres et de l’eau me tanne pour que je parle du MRSA. Et je ne fais rien, occupé par d’autres sujets. Et j’ai tort, à l’évidence.

Il vient de m’adresser la copie d’un article paru dans le New York Times (http://www.nytimes.com), et je m’y mets enfin, espérant qu’il n’y a aucun lien de cause à effet. Entre la réputation du grand quotidien américain, veux-je dire, et mon soudain empressement. Mais sait-on jamais ? Le MRSA, c’est le staphylocoque doré qui résiste à la méthicilinne. Une bactérie épouvantable longtemps confinée dans les hôpitaux, où elle tuait les plus faibles.

Attention, mon savoir est tout récent, et je ne serais pas vexé d’être remis à ma place. Il semble bien que le mersa d’antan ait laissé la place – ou ait été doublé – par une nouvelle souche incomparablement plus virulente. Selon le NYT déjà cité, qui livre des chiffres officiels de 2005, 100 000 Américains seraient touchés en une année, et 19 000 mourraient. Soit plus que la totalité des victimes du sida.

Étrange et confondant, n’est-il ? La cause générale du MRSA est très bien connue : c’est l’abus insensé des antibiotiques. Aux États-Unis, et je doute qu’il en aille autrement chez nous, 70 % de tous les antibiotiques sont utilisés dans les élevages d’animaux destinés à la boucherie. Sans cette profusion, jamais nous ne mangerions autant de viande. Allons plus loin : l’agriculture industrielle n’aurait jamais atteint ce point de concentration et d’inhumanité.

Poursuivons. Interrogée cet été sur le MRSA, la puissante agence fédérale Food and Drug Administration (FDA) a bien dû reconnaître qu’elle ne s’était pas encore intéressée à ce qui se passe dans les innombrables fermes concentrationnaires du pays. C’est d’autant plus dommage qu’un faisceau désormais concordant d’indices converge vers les porcheries industrielles. Je vous passe les études, souvent menées en Europe d’ailleurs. Un nombre considérable de porcs, un pourcentage important de porchers seraient les hôtes de cette funeste bactérie.

Tout paraît indiquer, même si la France demeure sourde et aveugle, que les innommables traitements, y compris antibiotiques, que nous faisons subir aux animaux, nous rapproche à chaque seconde d’un cauchemar sanitaire général. Je note, une fois de plus, que la presse officielle se tait. Soit elle ne sait. Soit elle ne peut. Soit elle s’en moque. Les trois rassemblés ne sont pas inconcevables. Bien entendu, c’est exceptionnellement grave, et vous admettrez avec moi – j’y reviendrai – qu’une société comme la nôtre devra tôt ou tard se doter d’une information digne de ce nom.

Au-delà, il faut se montrer vigilants, et responsables à la mesure de l’irresponsabilité de nos autorités. Considérez cela comme un appel, un appel de plus. Lisez tout ce qui vous tombe sous la main à propos du mersa et commencez à faire circuler ce que vous trouverez. Bien entendu, si l’alerte se confirme, elle mettra fatalement en question le système agricole en place, et tous les intérêts qui lui sont liés. Mais n’avons-nous pas l’habitude ?

Le grand bastringue du Medad (Borloo as a guest star)

Avis navré : cet article ne contient aucune allusion aux prouesses sexuelles de qui que ce soit. Mais faut pas croire, je pourrais.

Cette fois, attention les yeux, et défense de rire avant d’avoir arrêté de pouffer. L’État accouche d’un nouveau bébé joufflu à souhait : le ministère de l’Écologie, de l’Aménagement et du Développement durables (Medad). Je sais, c’est moins distrayant que les aventures pénibuildées de N et C (le mystère ne nuit pas à l’amour). L’intitulé complet du Medad est un peu étouffe-chrétien, mais quand on aime autant que moi les structures officielles et les hiérarchies, on est assurément comblé. Je le suis. Pas nécessairement de la façon souhaitée par le grand réformateur, tant pis.

Bon, je vais essayer de vous expliquer. Le Medad regroupe désormais en son sein 35 directions centrales d’administration, réparties auparavant dans plusieurs ministères distincts. Celui de l’Écologie, bien sûr, mais aussi celui de l’Équipement, des Transports et de l’Industrie. Ah la belle idée ! Enfin, enfin, l’écologie est prise au sérieux et prend sa place dans un ensemble cohérent. Qu’elle soit prise au sérieux ne souffre pas discussion – en fait, elle inquiète, elle gêne -, mais quant à occuper la place qu’elle mérite, tu r’passeras d’main, t’auras des berlouffes.

Cette dernière expression ch’ti – du Nord – était utilisée dans mon enfance, et on voit bien ce qu’elle veut dire : polope, balpeau, que dalle. Et voici pourquoi. Historiquement, l’ossature administrative de la France, au plan technique, repose sur trois grands corps d’ingénieurs d’État. J’ai nommé : les Mines, les Ponts et Chaussées, le Génie rural et les eaux et forêts (Gref). Beaucoup de ces ingénieurs intègrent les écoles liées à leur spécialisation après être passés par Polytechnique. C’est à eux et à quelques autres que Pierre Bourdieu pensait en forgeant il y a vingt ans l’expression Noblesse d’État.

Détaillons. Les Mines ? L’idée d’un corps spécifique est né au milieu du XVIIIème siècle, parce que la France manquait de grands gestionnaires et techniciens pour gérer les mines et la métallurgie. L’école des Mines a finalement ouvert ses portes en 1783. Tout au long de son existence, le corps des Mines a été au service de l’industrie et du ravage concomitant, étendant sans cesse son empire sur la machine, les machines, la vitesse, la puissance matérielle. Les Mines sont consubstantiels à la destruction écologique de notre petit pays.

Les Ponts et Chaussées ? L’acte de naissance remonte à 1716, et devait permettre – et a permis – le percement d’un réseau routier national. L’école a curieusement été ouverte un peu plus tard, en 1747. Les canaux, les barrages, mais aussi, plus récemment, les châteaux d’eau et les ronds-points, c’est eux. Les autoroutes qui lacèrent et morcellent à jamais des ensembles écologiques cohérents, aussi.

Le Génie rural ? En cherchant bien, ses premiers pas remontent à 1291 et à Philippe le Bel, inventeur des « maîtres des eaux et forêts ». Les ingénieurs du Gref, après la Seconde guerre mondiale, ont assuré la mise en oeuvre de la disparition de la paysannerie en France, et le remodelage radical du paysage et de la nature ordinaire. Le maïs, le remembrement, l’arasement des talus boisés et des haies, la transformation de la forêt en objet industriel, le « recalibrage » des ruisseaux et rivières, le drainage des zones humides leur doivent beaucoup.

Ces trois corps d’ingénieurs, l’aurez-vous remarqué ?, ont survécu à tout. Aux révolutions, aux guerres, aux changements de régime, aux plus brutales secousses sociales. Combien sont-ils au total ? Je n’ai pas le chiffre actuel sous la main, mais nous ne devons pas avoir plus de 2 000 grands ingénieurs en activité. Or ils tiennent des parts essentielles de la réalité, et ils exercent par la force des choses un monopole de l’expertise technique en France. Les conséquences en sont immenses. Quand on lance Superphénix, c’est parce que trois d’entre eux ont signé un rapport disant à quel point ce projet propulserait la France dans un avenir (ir)radieux. De même pour le canal Rhin-Rhône. Ou la dévastation de la Bretagne. Ou l’ouverture de décharges aussi exemplaires que celle de Montchanin. La liste n’a pas de point final.

Ces ingénieurs, dont le savoir technique peut être impressionnant – pas toujours -, commandent à la France, et à ses politiques. Un ministre passe et fait des risettes. Eux restent, et tracent les plans. Bien entendu, et ce n’est pas même une critique, seulement un constat, ils estiment être mieux armés que quiconque pour décider. En notre nom. À notre place. Voir la différence de moins en moins évidente, mais tout de même, entre oligarchie et démocratie. Il est vrai qu’ils savent que tout passe, et qu’ils demeurent.

Il y a de cela quinze ans, j’ai longuement rencontré Jacques Bourdillon, qui venait juste de quitter le service de l’État. J’avais rendez-vous avec lui dans des bureaux de la rue du Général-Camou, tout proches de la Tour-Eiffel, à Paris. Ingénieur général des Ponts et Chaussées, Bourdillon venait de prendre une retraite – publique – méritée, mais c’était pour mieux commencer une nouvelle vie dans le privé. Je fais durer le suspense, je suis sadique. Juste avant de quitter le ministère de l’Équipement et des Transports, notre ingénieur avait laissé un immense cadeau appelé : « Les réseaux de transport français face à l’Europe ».

L’heure était grave, vous pouvez m’en croire. Car la France était – en 1991 – menacée de marginalisation économique. Pardi ! L’Allemagne, l’Angleterre, le Bénélux, le nord de l’Italie même nous taillaient des croupières, creusant un insupportable retard sur nous. Par chance, Bourdillon veillant sur notre sort, il y avait des solutions. Il suffisait d’investir massivement dans de nouvelles infrastructures – ponts, ports, routes, rocades et autoroutes – et nous reprendrions sûrement la main. Combien ? Oh, pas tant : 1560 milliards de francs en quinze ans, soit plus de 100 milliards par an. Soit 15,38 milliards d’euros. Par an. Une paille. Où travaillait donc Jacques Bourdillon, en ce jour de gloire où je le visitai ? Plutôt, pour qui ? Scetauroute, bureau d’études commun à toutes les sociétés d’autoroute. Ne pas chercher le mal à tout prix. L’intérêt privé, l’intérêt commun, c’est tout un. Pour un Jacques Bourdillon en tout cas.

Revenons-en aux oignons du Medad. Le ridicule ministère de l’Écologie de papa est en train de sombrer sans gloire. Le plus drôle, dans un certain sens, c’est que la plupart de ses dignitaires appartenaient déjà à l’élite des trois corps. Lesquels se partageaient depuis des lustres, à l’ancienne, en féodaux, les postes de responsabilité dépendant du ministère, comme par exemple la direction des grandes agences régionales de l’eau. Néanmoins, et c’est l’évidence, il n’avait pas de moyens. Nul doute qu’il en aura dans l’avenir, mais ces moyens-là, venus de l’extérieur, sont à l’opposé de toute idée de préservation. Ils sont exclusivement au service de la croissance et de l’industrie. Ses tenants, éduqués dans des écoles où l’écologie est considérée comme un frein et parfois un obscurantisme, vivant par ailleurs en cercle fermé depuis des générations, vont tout dévorer, avant de digérer, en grands fauves qu’ils sont.

On en reparlera, croyez-moi. Mais d’ores et déjà, sachez que la microscopique Inspection générale de l’Environnement (30 personnes), qui rassemblait les hauts fonctionnaires de l’Écologie, souvent éclopés, disparaît. Elle sera intégrée au Conseil général des Ponts et Chaussées – une sorte de Comité central -, fort lui de 400 membres. Chemin faisant, les 35 directions regroupées dont je vous parlais en préambule, disparaissent aussi, refondues en 5. Simplification ? Amélioration de l’efficacité ? Encore quelques jours, et le Père Noël passera par le trou de la serrure, malgré sa bedaine. Non, sans rire, c’est assez moche.

Moche, car sont refondues trois directions centrales du défunt ministère, qui avaient tout de même quelque sens, malgré leur faiblesse historique. Un, la Direction de la nature et du paysage (DNP). Deux, la Direction de la prévention des pollutions et des risques (DPPR). Trois, la Direction de l’eau. Faut-il ajouter un dessin ? L’eau, la nature, la prévention seront au sens premier sous-traités. Les directions décentralisées de l’Environnement – les Diren – rejoindront de leur côté les Drire, les anciennes directions de l’Industrie. En un très bref résumé, on offre sur un plateau, à des ogres, deux ou trois morceaux de viande fraîche. Ce que j’appelle un face-à-face équilibré.

Évidemment, un tel bouleversement ruine à l’avance les chances – inexistantes, selon moi – du Grenelle de l’Environnement. Je précise : si j’avais cru à cette mise en scène, une telle réforme, régressive, m’aurait contraint à modifier mon discours public. Et c’est à cela, exactement à cela, que j’invite l’Alliance pour la planète, la Fondation Hulot, France Nature Environnement et tous autres. Ouvrez les yeux et fermez la télé de Son Altesse Sérénissime. Ouvrez les yeux, et parlez enfin pour dire quelque chose. Dans le cas contraire, que je n’espère nullement, il faudra bien se poser de nouvelles questions.