Un colloque sur la biologie de synthèse

Je reproduis ci-dessous un tract relayé par le groupe grenoblois Pièces et Main-d’œuvre (PMO). Il a été distribué ce matin à Paris, au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers, 292 rue Saint-Martin), qui accueille jusqu’à 18 heures un colloque consacré à la biologie de synthèse, ouvert par notre sinistre ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso (ici). Faut-il insister ? Non.

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« Avec la biologie de synthèse, vous avez un avantage,
c’est que le grand public pour le moment ne connaît pas. »

D. Raoul, Sénateur, Vice-président de l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Techniques
Annexe au Rapport de février 2012, Les enjeux de la biologie de synthèse

« LA BIOLOGIE DE SYNTHÈSE ENTRE SCIENCES ET SOCIÉTÉ »

Préparer l’acceptabilité des « OGM de demain », dès aujourd’hui au CNAM

Aujourd’hui, 4 décembre 2012, se tient au CNAM une conférence organisée par le Génopole®, centre de recherche en génomique qui vise à « favoriser l’essort des biotechnologies », et l’Institut Francilien Recherche Innovation Société (IFRIS), qui réunit plus de 1000 chercheurs en sciences sociales qui étudient les sciences, les technologies et leur contestation.

Cette bande de tristes lurons passera la journée à mijoter le prochain ravage bio-industriel : la biologie de synthèse. Ce mariage transgénique entre monde biotech et sciences sociales profitera du soutien de Geneviève Furioso, « Miss(nistre) Dollars »[1] de la recherche. La pasionaria du nucléaire et des nanotechnologies ajoutera toute son ardeur personnelle à ces cogitations de synthèse qu’ils nous régurgiteront d’ici peu. Mais, à 120 euros l’entrée, la recette est encore bien gardée.

« Biologie de synthèse », de quoi s’agit-il ?

On sait qu’avec les OGM, l’industrie a appris à intervenir sur le code génétique d’un organisme existant pour le doter d’une fonctionnalité donnée – rendre un maïs résistant à un pesticide par exemple. On sait qu’avec les développements conjoints de l’informatique et des nanotechnologies, elle se dote de moyens toujours plus puissants pour agencer la matière, construire des objets et traiter des informations à l’échelle du nanomètre. La suite logique, pour aller vite, c’est la biologie de synthèse, soit rien de moins que ce que son nom indique : par croisement de l’ingénierie génétique, des nanotechnologies et de l’informatique, ingénieurs et techniciens peuvent maintenant synthétiser ex-nihilo un code génétique entièrement nouveau.

Autrement dit : programmer un ordinateur pour donner vie à des choses artificielles, des organismes vivants qui n’ont rien à voir avec ce que crée la nature. Et puisqu’ils le peuvent, ils le font. Oublions la référence romantique au monstre de Frankenstein. Ceux du XXIe siècle seront innombrables et minuscules, et sans doute bien plus réels : virus synthétiques, bactéries-machines, nano-robots à hélice d’ADN[2]. Avec les promesses d’un « progrès » techno-écolo, les profits seront juteux et les ravages certains. Arrivent les nouveaux OGM et la privatisation du vivant, les bactéries génétiquement modifiées relâchées dans la nature comme pseudo-solution environnementale aux saccages industriels, et le tout avec des codes ADN nouveaux pour nous assurer que ces organismes-machines ne se mélangeront pas avec les autres êtres vivants.

« Et si ça se mélange quand même ? », demandez-vous. Oui, ça fait peur. Mais, comprenez la logique : les dégâts, c’est la ressource du progrès de demain. Vous ne connaissez pas encore la biologie de synthèse ? C’est normal, ses promoteurs nous y préparent très en avance. N’ayez crainte, ils sont quelques dizaines réunis aujourd’hui à veiller à votre ignorance. Car si ces machines-vivantes n’ont pas encore envahi nos vies biologiques et politiques, les sociologues de l’IFRIS préparent déjà leur acceptabilité sociale. Parce qu’ils ont échoué avec les OGM, cafouillé avec les nanos, il serait terrible pour nos techno-furieux de reculer à nouveau sur la biologie de synthèse. Et, c’est bien pourquoi le gratin techno-scientifique se réunit aujourd’hui : l’anticipation facilite l’acceptation, affaiblit les résistances et prépare l’invasion de la dernière innovation dont nous n’avons ni besoin, ni envie.

Cette canaille interdisciplinaire étudie les précédentes oppositions aux technologies, afin de repérer leurs failles et de les exploiter pour nous faire avaler le poison. Ils nous préparent une fois de plus des pseudo-débats publics dans le seul but de nous acclimater à la biologie de synthèse. Ils nous diront évidemment qu’il n’y a pas de risque-zéro (mais, bien sûr, « sans risque, pas de progrès ») et nous barbouilleront d’éthique. Avec un peu de chance, ils nous offriront même un atelier de « biologie de garage » : des bactéries synthétiques ludiques et participatives pour nous faire oublier que demain, c’est celles de Monsanto qui nous seront imposées.

Vous, là-dedans ! Nous n’avons ni question, ni incertitude. Notre position est déjà figée : nous n’acceptons pas.

John Kaltenbrunner

Paris, 4 décembre 2012

[1] La ministre confiait au Journal des Entreprises en octobre 2009 : « À un moment, ils m’appelaient Miss dollar, s’amuse-t-elle. C’est vrai. Ça ne sert à rien de chercher à faire le top du top si on ne le vend pas ». http://www.lejournaldesentreprises.com/editions/38/actualite/rencontre/genevieve-fioraso-la-star-de-la-mise-en-reseau-02-10-2009-78224.php

[2]  Je tire cette présentation d’un texte récent de Frédéric Gaillard, à lire pour qui voudrait en savoir plus : « Innovation scientifreak : La biologie de synthèse ». http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=395

11 réflexions sur « Un colloque sur la biologie de synthèse »

  1. Tous ce gratin de la nuisibilité réuni au CNAM, allez savoir pourquoi ça me met en tête La Java des bombes atomiques de Vian…

    Voilà des mois et des années que j’essaye d’augmenter la portée de ma bombe
    Et je n’me suis pas rendu compte
    Que la seule chose qui compte
    C’est l’endroit où c’qu’elle tombe
    (…)
    Et quand la bombe a explosé
    De tous ces personnages il n’en est rien resté
    (…)
    Au tribunal on l’a traîné
    Et devant les jurés le voilà qui bafouille
    « Messieurs c’est un hasard affreux
    Mais je jure devant Dieu
    Qu’en mon âme en conscience
    En détruisant tous ces tordus
    Je suis bien convaincu
    D’avoir servi la France »

    On était dans l’embarras
    Alors on le condamna
    Et puis on l’amnistia
    Et l’pays reconnaissant
    L’élut immédiatement
    Chef du gouvernement

  2. Pour une lecture intégrale du texte de PMO :
    Aujourd’hui le nanomonde #18 – Spécial Biologie de synthèse
    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=396
    La question de la mise en danger de l’humanité par la banalisation des nécrotechnologies est prioritaire, l’objectif étant de nous mettre dans une situation de non-retour.
    Pour rappel, l’arrivée des organismes mutés n’est pas couverte par la loi, ils ne sont pas considérés comme GM !
    Qu’en sera-t-il des organismes de synthèse ?
    Comme les OGM il est impossible de garantir leur non dissémination puisque le principe est une application industrielle donc hors champ confiné !
    Quoique quelques échappées ont pu avoir lieu des laboratoires militaires…
    La course folle s’accélère, la pente s’accentue et la planche est de plus en plus lisse.
    Amis, réagirons nous trop tard cette fois encore ?

  3. C’est abyssal et je n’entrevois qu’une part infime de ce que tout cela signifie.
    On a inventé les biocides, les chimères hybrides et génétiques, les poussières mortelles, les camps de la mort, les nécro-ondes pulsées, les bombes atomiques et climatiques…
    Mais ça ne suffisait pas. Peu ou prou, le vivant continuait à naître gratuitement, à se reproduire sans frais, à posséder en lui une force colossale d’auto-guérison. Insupportable pour notre civilisation industrielle.
    Alors on va produire du vivant qui est mort et comme c’est nouveau, on appellera ça le progrès et on le fera payer, et à quel prix. On appellera vivre « fonctionner » et au moindre dysfonctionnement, on inventera une machine à fonctionner et à dysfonctionner en même temps, deux opérations en une, l’apothéose.
    J’avoue que je suis un peu perdu. Mon cerveau a du mal à suivre. J’en étais resté à la java des bombes atomiques et j’en souriais. J’en souris de moins en moins, à vrai dire et le premier degré de cette chanson prend le pas de plus en plus, sauf que ces bombes qui commencent à exploser, c’est à la gueule de tout le monde qu’elles sautent, y compris celles et ceux qui n’ont rien demandé, qui se contenteraient bien de vivre simplement.

  4. Ce sont des grands malades,cela est très risqué,car dés la dissémination ,les dangers seront astronomique,quelle honte de faire subir cela aux gens;il faut en parler autour de nous,car ces créatures peuvent enter dans le corps humain,et même s’adapter a lui comme parasite, le corps ne peux se protéger avec ce qui n’existe pas ds la nature.c’est une bombe grave!!l’etre humain est trop arriviste,et n’as sans doute aucune sagesse,

  5. Un équivalent du « Terminator » de Monsanto pour les PGM sera certainement au RdV pour ces nouvelles chimères et la question se pose de l’intelligence. À partir de quelles notions d’expressions de cette intelligence est-on en droit d’en programmer la mort ?
    Si certaines des applications concernent le champ médical, les prothèses dont nous serions affublés seraient-elles à mort programmée ?
    Il est possible ( tout au moins sur ordinateur ) de créer des nano-robots auto-reproductibles, en serait-il de même et quels pourraient en être les moyens de contrôle ?
    Les questions sont infinies et portent sans doute sur les fondements mêmes de l’humanité.

  6. « les prothèses dont nous serions affublés seraient-elles à mort programmée ? ».

    Pire que cela, on ne dit simplement pas que ces prothèses sont aussi piratables à distance. Ce qui n’était pas le cas avec les prothèses classiques ou en bois.

    Je ne vois pas où est l’augmentation, le progrès, de quoi que ce soit lorsque le programme -in fine-est de transformer l’humain en marionnette manipulable à souhait (implants dans le cerveau), le privant de son libre arbitre et le rendant transparent électroniquement.

    « Votre propre course avec jambes artificielles vers une défenestration ? L’étranglement avec votre main artificielle d’un camarade qui manifeste avec vous et qui venait de s’attaquer a un policier… »(1)

    (1) exemples pris sur le blog de bug-in :
    http://triplebuze.blogspot.fr/2012/11/transhumanisme-commentaires-rapides-sur.html

  7. Woaooo ! Merci lionel pour le lien, le com donne un autre lien à tomber sur le cul :
    http://resistance-2031.arte.tv/#
    En compagnie des indispensables J. Testar qui ose mettre en discussion sa raison d’être et D. Robert-Dufour parmi tant d’autres, avec une présentation de cinglés qui donne l’impression d’être brutalement envahi de virus.
    Excellent, allez voir vous ne serez pas déçus !!!

  8. Finalement, tous ces gens sont de grands démocrates. Ils vont nous créer une commission du dialogue pour nous expliquer que nous n’avons rien compris, nous les « contre tout », qu’il y va du progrès et de la santé, que ce grand programme se fera de toute façon…

    J’aimerais qu’un jour, ils nous expliquent de quel droit ils décident de manipuler ainsi le vivant au point de risquer un désastre intégral et irréversible. Qui leur donne l’autorité ? Sur quelles bases fondent-ils leur légitimité ?

    Je crois qu’il n’y a rien à attendre d’un « dialogue », d’un « débat » ou de questions de ce type. Tout simplement parce que nous ne nous comprenons pas. Nous ne parlons plus la même langue. Les mots n’ont pas le même sens de part et d’autre. Ils ne veulent pas renoncer et nous non plus.

    Les zones à défendre ne cessent de s’étendre, partout. Aurons-nous la force et la conscience de tenir ? Ferons-nous le poids ?

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