Quelqu’un a pensé à moi

Ce qui suit est mélancolique. Et nostalgique. Et fort triste, ce qui va généralement avec. Il s’agit d’un message personnel d’un ami naturaliste. Un excellent naturaliste, au sens scientifique. Je le publie sans son accord explicite, et je l’appellerai donc Régis, qui est le nom d’un de mes frères. Vous le verrez, il y a de la souffrance, grande souffrance, à voir le monde d’antan, si proche encore, s’affaisser sous nos yeux. Vous le savez tout aussi bien que moi : les commentateurs de ce temps malade ne voient rien. Ne savent rien. Ne sentent rien, eux qui nous conduisent au tombeau en augmentant encore la vitesse du fourgon mortuaire.

Je me souviens, tous ceux de ma génération peuvent – pourraient – se souvenir des innombrables papillons et oiseaux qui nous entouraient. Un jour, avec des galopins de mon âge – 9 ans -, j’ai tiré d’une mare 104 grenouilles en une seule journée. Avec un bâton en guise de canne à pêche, un hameçon et un bout de chiffon rouge. C’était en été 1964, dans l’Yonne. Il y avait encore de tout. 104 ! Je regrette évidemment d’avoir pris leur jeune vie, mais c’est trop tard. Je regrette tant de choses que je pourrais vous ennuyer avec cela jusqu’à demain matin. Demain matin des années à venir.

La beauté. Quand tout s’effondre, il ne (me) reste plus que cela. La beauté. La beauté du monde. La lumière. Les horizons. La vague. Le poisson. L’oiseau. L’air libre qui vibre dans le ciel. Rien d’autre. Voici le court texte de Régis.

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Cher Fabrice,

Le temps passe. Le monde ne va pas s’améliorant. Chaque jour apporte son lot de désillusions politiques (s’il en restait) et d’indices alarmants d’une dégradation phénoménale de la nature et de la biodiversité. Même dans mon bout du monde dont moineaux et hirondelles ont déjà pratiquement disparu, où le déclin des populations de petits oiseaux devient effarant, où les abeilles, depuis deux ans, ne viennent plus polliniser mon pommier et se font rares, très rares, sur les bruyères du littoral, où l’on peut rester cinq minutes dans un chemin ensoleillé et fleuri sans voir un seul insecte, où ceux-ci ne s’écrasent plus sur nos pare-brise faute de combattants, où je n’ai pas vu un seul oiseau écrasé sur les routes depuis le printemps… J’en passe. Le vieux naturaliste que je suis est proprement atterré par l’accélération du rythme des dégradations.

Comme tu vas te ressourcer périodiquement en […] ou par là, je me retranche aussi souvent que possible dans la contemplation des lichens. J’y retrouve toujours un peu de la beauté du monde.

Je suppose que tu connais le site de […]. C’est en le regardant ce matin que j’ai pensé à toi.

35 réflexions sur « Quelqu’un a pensé à moi »

  1. La souffrance contenue dans ces quelques très belles lignes, beaucoup la ressentent de la même manière, quotidiennement. Mais ils ne sont pas encore assez nombreux pour faire le poids face à tous ceux qui se foutent éperdumment des souffrance que notre espèce inflige à la nature. Demandez autour de vous combien de gens attentifs à autre chose qu´à la satisfaction éphémère de besoins artificiels toujours renouvelés, remarquent les drames qui se jouent pour la faune et la flore ? Combien savent ce qui se passent réellement ? Une infime minorité ! Le reste s´en tamponne le coquillard et s´accroche à ses habitudes de consommation sans se poser la moindre question.
    Certes « les commentateurs de ce temps malade » sont sourds et aveugles, mais s´ils « nous conduisent au tombeau », c´est bien parce que nous les laissons docilement faire.
    M…. alors, il faudrait commencer à nommer les vrais coupables : nous tous !

  2. Avec mes frères, un jour on a grimpé dans les arbres de la haie pour attraper des nids .Il y en avait au moins un par tamaris, rempli de petits oiseaux sans plumes.On leur a donné à manger de la mie de pain avec du lait..Ce fut un carnage,on a été désolés, on voulait tellement les nourrir…On attrapait aussi les salamandres nombreuses dans les fossés, on jouait avec.Tous les gosses de la campagne on fait cela.
    Nous n’étions pas cruels, nous étions fascinés par ces animaux que nous pouvions toucher et regarder de très près.

  3. Ce n’est – hélas – pas qu’une impression…

    On sait que les oiseaux sont de bons indicateurs de l’état de la nature.
    Regardez le dernier graphique sur cette page du programme de suivi des oiseaux communs (STOC) :
    http://vigienature.mnhn.fr/page/produire-des-indicateurs-partir-des-indices-des-especes-habitat

    Résultat: seules les espèces d’oiseaux dites « généralistes » (les moins exigeantes sur le milieu naturel)ont une densité à peu près stables. Le déclin, comme par hasard, est spectaculaire chez les oiseaux des milieux agricoles.

    Et derrière ces courbes, c’est toute la beauté du vivant qui s’effrite.

  4. Je comprends (ou crois comprendre) et je partage. Dans le Drouais de mon enfance -années 1950 – 1960-, aux portes de mon village, plusieurs dizaines d’espèces de petits passereaux (je n’ose même plus le croire en regardant mes « coches » sur mon « Peter »). Aujourd’hui, c’est à peine si je les compte sur les doigts d’une main. Les plus grosses (merles, corneilles…), plus « opportunistes » depuis toujours, semblent mieux s’en tirer (ce que confirme le lien suggéré par FrédéricT). Bien mince consolation. Ne parlons pas des hirondelles: deux à trois couples d’hirondelles de cheminée et jusqu’à trois nichées envolées dans un bâtiment familial. Déserté depuis longtemps. Même chose pour les insectes en général, abeilles en particulier. Tout près, la culture industrielle du colza filière agrocarburant à grands renforts de roundupe fait des ravages. Effarant.
    Ma région d’adoption (frange cévenole) conserve encore de grands territoires « sauvages ». Le déclin brutal des abeilles n’y est pas moins manifeste. Un habitat relativement préservé, une moindre pression démographique, les mesures de protection depuis 1976 et l’évolution -malgré tout- des mentalités font que les populations de rapaces, surtout diurnes -aigle royal, faucon pèlerin, circaète jean-le-blanc, percnoptère, aigle de bonelli… notamment!- se portent plutôt bien. Ce devrait être le cas partout!
    Tous les jours, la nature, ou ce qu’il en reste, m’offre sans rien me demander son lot de beauté, inattendu, fugace, inouï. Elle m’apporte paix et sérénité. Alors oui, quelle souffrance de la voir et savoir disparaître.
    PS: Oui Fabrice, « ils » ont des yeux, mais sont aveugles. Terrifiant.
    @Martine: je ne me considère pas non plus comme un saint!

  5. les écosystéme sont tous inter reliés,pas d’insectes,pas d’oiseaux,plus de prédateurs,etc et ils s’écroulent,il suffit de zéro chasse,zéro gestion et zéro humain pour sauver tout du naufrage

  6. Dans ma campagne, je le vois chaque jour un peu plus. Cette année le pommier est presque vide de pommes et je n’ai aperçu que quelques abeilles, aucune guêpe. A part quelques espèces d’oiseaux très communs, idem.
    Seule consolation, un couple d’hirondelles rustiques qui a réussi à faire aboutir une ou deux nichées et un couple de chevêches qui a eu 2 petits.
    Pour le reste, plus grand-chose. Que le silence d’une campagne déserte entrecoupé du bruit d’un tracteur qui épand des pesticides, d’un engin qui broient les haies jusqu’à 6m. de haut sans égard pour les nids encore occupés, de chasseurs qui essaient de tuer le malheureux renard qui reste.
    Alors, oui, j’ai moi aussi cette angoisse au ventre devant l’effondrement de notre nature.
    Mais chut ! Il ne faut surtout pas contrarier ceux qui détruisent la planète.

  7. Pour ma part, ballade en vélo pendant 4 jours cet été (touraine/sologne), mais les forêts traversées étaient vides de bruit: aucun oiseau, pas d’insectes. Cela donnait l’impression d’être dans une nature morte.

    Idem, là où je vis (Tours), lorsque le soleil se lève, on entendait les oiseaux chanter, mais cela fait des mois qu’on entend plus rien (à part les voitures et les avions).
    Là, où je travaille, il y a une place avec une bonne quarantaine d’arbres. Aucun oiseau, aucun insecte ou si peu (sauf si l’on compte les frelons asiatiques). Les arbres perdent des feuilles quasi toute l’année.
    Le monde est mort!

  8. Je cite Martine: « Certes “les commentateurs de ce temps malade” sont sourds et aveugles, mais s´ils “nous conduisent au tombeau”, c´est bien parce que nous les laissons docilement faire.
    M…. alors, il faudrait commencer à nommer les vrais coupables : nous tous ! »

    Pas d’accord avec toi. Il y en a qui se laisse pas faire et j’en fait partie! Comme déjà dit 100 fois ici, quand on se donne les moyens de pratiquer une petite agriculture sans pesticides et le minimum de mécanisation, toutes les espèces citées dans l’inventaire proposé par FrédéricT sont là et c’est juste fabuleux à voir. Chez moi, les vanneaux huppés sont revenus nicher dans le pâturage(extensif évidemment) des brebis parce que les talus de marais pâturés est un habitat qui leur convient. En fait, bien que toute activité humaine ai un impact, lorsque l’on cesse d’agresser la nature, la nature se plait en notre compagnie parce que nous les humains, sommes aussi capable d’offrir « le gite et le couvert » à pas mal d’espèces qui apprécient et rappliquent bien volontiers dans les parages de ceux qui savent leur rendre la place en arrêtant de tout saloper. Ce sont des interactions positives.
    Evidemment, le triste constat de l’ami de Fabrice est exact. C’est pas moi qui vais dire le contraire.
    Cependant, battons nous pour la vie de ces merveilleuses espèces, par tous les moyens possibles! On peut encore faire des choses. Pour combien de temps j’en sais rien, mais comme on dit, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.
    Les gens crachent souvent sur l’élevage parce qu’ils confondent l’industriel et le paysan. Mais quoi qu’ils en disent et en pensent, en milieu rural, c’est bien en pratiquant une petite agriculture paysanne en polyculture élevage que l’on crée l’habitat de beaucoup d’espèces. Parce toutes ces espèces se sont accommodés de nos pratiques qui ont peu évoluées pendant 10 000 ans. Il y a 50 ou 60 ans, cette agriculture était encore majoritaire et c’est pour cela que ceux qui étaient mioches dans ces années là ont côtoyés ce que l’on appelle aujourd’hui la biodiversité parce qu’on est obligé de lui donner un nom pour comprendre qu’elle existe(ait).
    Alors allons-y, des interactions positives dans les villes, des interactions positives dans les campagnes, comme c’est nous qui avons raison, les autres finiront par comprendre (…)
    Bon, il faut que je m’arrête parce sinon, je suis intarissable sur le sujet.

  9. Fabrice

    Que tu as de la chance d’avoir des amis comme « Régis ».J’aimerai avoir quelqu’un qui pense à moi en regardant un paysage!Triste, mélancolique certes mais tellement touchant.Ici les moineaux et hirondelles sont encore là mais pour combien de temps car les poubelles nucléaires vont encore grandir….
    Amitiés
    Bises de Clara

  10. Afrique Togo, descente du fleuve Mono sur 60km, à travers deux forets classées, du maiis jusqu au bord de l eau des arbres énormes et magnifiques partout tombés sous les lames des tronçonneuses, des fumées de charbonnage, de la canne à sucre, des palmiers à huile, 2 singes en 3 jours, deux crocodiles de moins de 3m de long, 0 hippopotames, la nuit à part des bruits de moustiques, quelques chauves souris, des grenouilles, aucuns sons exotiques à part le chant des coqs le matin qu on aimerais pas de tout entendre dans ces parages supposés vides d humanité,  »Préservés » !? Tristesse totale, c’est pire que tout ce qu on imagine

  11. Je pense que chacun doit agir à son échelle et c’est une façon de résister. Dans mon jardin, en ville, que je refuse d’artificialiser en mettant des dalles partout comme si c’était une pièce sans toit, je plante ou laisse pousser des fleurs, aucun insecticide évidemment. Et bien, il y a des insectes et des abeilles. Et cette année j’aurai une récolte de pommes record, comme cela été aussi le cas pour les cerises un peu plus tôt. Mais c’est vrai que j’ai déjà eu des remarques désagréables de certains de les congénères, tous ces arbres, ça fait des saletés -sic- (les feuilles qui tombent en automne au gré du vent…) car mon jardin tient autant de la réserve de biodiversité que du potager ou verger traditionnel et c’est vrai que ce n’est pas toujours bien vu mais je m’en moque… Ce matin j’ai vu un écureuil, une autre fois un chevreuil… Ok tout n’est pas bien taillé à la bonne hauteur, à la bonne distance, mais je m’en moque aussi car il y a pleins d’oiseaux… c’est toujours mieux que tout cimenter ou tout goudronner et je n’ai pas de béton vert non plus…

  12. Tous les matins, quand on prend notre petit dej avec nos Zouzous, on voit de l’autre coté de la porte-fenêtre un couple de merles qui prend aussi son petit dèj sur la pelouse (des vers de terre). On les a surnommé Merlun et Merlune.
    Et on adore ce moment privilégié.
    c’est idyllique… mais jusqu’à ce que la radio que nous écoutons apporte son flot, son déversement d’insanités du monde dans lequel nous vivons, alors c’est parti pour une autre journée de fou dans lequel les pauvres Merlun et Merlune sont obligés de (sur)vivre.

  13. AnneJ. : bravo ! Via une AMAP, j’essaie de soutenir des gens comme vous.

    Patrick Pique : je fais de même – et je récolte souvent les mêmes remarques dont je me contrefous. Dans le jardin d’en face, il y a un hérisson et un écureuil… faux !

  14. Disparus de chez moi en 15 ans,j’ai plus de 2 hectares en Touraine,dont la majorité en friche et en herbe,arrêt des tontes,fauches deux ou une fois l’an,et vieille souche pour papillons,orties nombreuses car un nombre impréssionnant d’insectes se reproduisent sur les orties,ruches sans prendre de miel,des fruitiers partout,ronciers et lierre, et on laisse les 3/4 a la faune,on partage tout avec eux,nid de petites guêpes au sol,les oiseaux sont là ,mais 90% des hirondelles ont disparus car ils font tomber les nids restauration des baraques et ignorance crasse de la loi et de sa protection,j’ai un Circaete jean le Blanc qui vient nicher une fois l’an dans le haut de la maison,il se nourrit exclusivement de serpent,rarissime,des faucons,trois sous le toit,because j’ai des mulots a becqueter,et il ne reste que une chauve souris a cause des restauration et donc destruction habitat,j’ai abeilles sauvages et abeilles noirs en profusion chez moi,mais la faune ,lapin,un,fouine deux dans mon atelier,martre une,ecureuil 4 ,pic epeiche et pic verts resistent ,bouvreuil aussi,j’avais 8 geais,3 ,ramiers 6 avant 30,=chasseurs+piegeurs,20 merles,et divers oiseaux,etc,ils se réfugient dans les zones villages ou il n’y a pas de traitement et de quoi manger,noix,noisettes,souris,etc,aspics 30,couleuvres etc,ca y va,etc,donc ca baisse ,mais araignée épeire,carabes d’or,libellules et autres cela réapparait au potager,en 15 ans la faune a diminué de 80% pour moi a l’extérieur de chez moi,la foret tombe 6000 hectares coupés a blanc,il suffirait de laisser des lieux en friche zéro chimique ,zéro chasse ,zero piégeage,zéro nécroculteurs et cela revient vite,mais petitement,chaque insecte ayant une nourriture et un lieu de ponte spécifique,une plante attitrée,idem pour tous.Mais chimique ,plus restauration des maisons sans respect des habitats,dessouchages des arbres;tailles folles,tonte,et chasse et piégeage intensif et pesticides déciment tout ce qui bougent,quelle tristesse infinie. …………….

  15. Et oui Alain, je suis aussi à Tours. Je n’aime pas ce côté nostalgique du « de mon temps », mais force est de constater qu’à l’échelle d’une vie humaine, même des non spécialistes, en se donnant la peine de regarder et d’écouter, peuvent se rendre compte qu’il y a bien un effondrement des populations d’insectes et d’oiseaux. J’ai été opéré de l’appendicite à la fin des années 70 et, alors que j’étais en convalescence, le grand jeu des enfants dans le parc de la clinique Saint-Grégoire était d’attraper au filet (et de relâcher), les papillons nombreux et multicolores qui volaient dans ce parc situé quasiment en centre ville. Aujourd’hui, je me réjouie quand je peux montrer à mon fils un pauvre papillon blanc qui volette dans notre jardin…
    Il ne faut pas être catastrophiste, mais utiliser cette juste révolte pour essayer de construire autre chose. Mais vite.

  16. De l’espoir aussi :

    http://www.forets-sauvages.fr/automne_modules_files/pdocs/edited/r114_10_naturalite_14.pdf

    Mais tellement vrai que nous avons l’impression d’être bien seuls à constater les dégâts… dans une indifférence assourdissante.

    Une donnée, une seule : 98% de la biomasse animale sur notre planète est désormais constituée de nous seuls, êtres humains, avec nos animaux domestiques !

    Et notre ministre de l’écologie qui prétend niaisement favoriser le « pastoralisme » contre l’ours ou le loup… (j’utilise les guillemets car le pastoralisme, c’est lorsqu’on fait garder son troupeau par un pâtre, le berger. La plupart du temps, ce n’est même pas le cas… Notre ministre ne parlait donc même pas de pastoralisme, tout en utilisant le mot pour sa pitoyable com’ …).

    Nous nous battons pour sauver les 2% qui restent et c’est tellement difficile !

  17. idem chez moi. Je vois moins de bêtes au fil des ans, surtout à cause de la pression chasse et de la vitesse auto : sur une année, pas mal de cadavres d’animaux le long de la départementale qui m’amène jusqu’à mon lieu de travail.Autour de chez moi, des prés voués à l’élevage, vaches, moutons et un peu de chevaux. Côté pesticides et engrais, je suis donc relativement épargnée. Ce sont les communes et les particuliers qui en usent et abusent.
    Pas de dégâts du côté des insectes, j’ai la visite des abeilles, mais pour les oiseaux, je remarque moins de diversité. Pratiquement pas d’hirondelles. Je vois beaucoup de chevreuils. Il parait, selon les chasseurs locaux, que le sanglier pullule, de même que le renard. pourtant, j’en vois très rarement. Mais je vois beaucoup de chats abandonnés et livrés à eux-mêmes. On ne peut pas tout avoir…
    Sinon, les petits gestes comptent quand même. Une jachère au potager et les papillons rappliquent, et mon grand projet, recréer 50 m de haie qui séparait mes deux parcelles il y a 30 ans et qui fut détruite par l’agriculteur à qui nous avons acheté. Peut-être alors reverrai-je le hérisson, la belette, l’écureuil (bien trop discret chez moi) ou le lapin…

  18. 🙂

    Quelqu’un a pensé à moi

    Il n’est pas le seul. Mais …. les oiseaux ont pioupiouté, ne pas disturber.

    A force de ne voir que le noir, il s’amplifie et est contagieux. Cela fonctionne aussi avec le blanc.

    Tout ceux que vous cherchez, que vos oreilles n’entendent plus ou vos yeux ne voient point, sont chez « moi ».

    Optimisme lucide. La nature reprendra toujours le dessus.

    🙂

  19. L’accélération de la destruction a commencé aprés la dernière guerre. Les industries de guerre se sont reconverties et la chimie aprés avoir été au service de l’armée s’est mise au service de l’agriculture et c’est pas fini!
    Exemple :
    La fRance, ce « grand » pays vient d’être une fois de plus condamnée par Bruxelles pour non respect de la directive nitrates:
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/09/04/pollution-aux-nitrates-la-france-de-nouveau-condamnee-par-la-justice-europeenne_4481614_3244.html
    Ka celà ne tienne le nouveau maitre du pays ,le petit manu digne successeur du petit nicolas va aller au secours des nécrogriculteurs ,à Bruxelles pour plaider leur cause et demander une révision de cette directive trop contraignante
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/09/06/paris-veut-une-revision-de-la-directive-nitrates-a-bruxelles_4483196_3244.html
    La caste politique est de fait aux services de toutes les nécrotechnologies .
    Alors il faut diminuer les normes nitrates comme à Fukushima le pouvoir japonais a diminué les normes de radioprotection.
    Tant pis pour les générations futures .
    K’elles crèvent !
    Les enfants n’auront même plus le temps de nous accuser .
    Mais puisque la révolution n’est pas à l’ordre du jour continuons à contempler la progression du désastre !
    Logique de profit ,logique de mort !

  20. Le nouveau numéro vient de paraître, et c’est facilement lisible sur internet:
    http://www.forets-sauvages.fr/automne_modules_files/pdocs/edited/r114_10_naturalite_14.pdf
    En particulier pour la suite des réflexions de Jean-Claude Génot (« Naturalité et discernements », page 15). Les autres numéros sont également remarquables. Enfin, c’est mon avis! Bonne lecture.
    Autre lecture recommandée, si Fabrice accepte d’accueillir ce lien sur son blog:
    http://www.lesauvage.org/2014/09/un-entretien-avec-dmitry-orlov/
    Encore un « radical »?

  21. @Michel, dans la dernière livraison de « Forêts Sauvages », l’article sur le discernement est de Bernard BOISSON, pas de Jean Claude GENOT… qui reste un auteur très recommandé et d’ailleurs présent dans ce nouveau numéro.

  22. Pour ceux qui comme moi ne connaissaient Dmitry Orlov, on ne peut que les inciter à lire le lien de Michel « entretient avec Dmitry Orlov ».
    Ce type met des mots clairs sur nos intuitions…
    Merci Michel!

  23. La destruction continue et ce n’est pas l’austérité qui fait accepter n’importe quoi (gaz de schistes, autoroutes, installations polluantes…) au nom de « l’emploi » qui inverse la tendance.
    Des moyens d’actions existent comme apr exemple creuser une mare dans son jardin ou disposer un bassin qui permet le maintient d’amphibiens, attention toutefois à prévoir des sorties faciles pour des animaux qui tomberaient dedans comme des oiseaux ou des hérissons et des plantes refuges pour les grenouilles et tritons.

    @PP, ce n’est pas 98% de la biomasse animale, la plus grande partie étant des invertébrés du sol et des insectes mais probablement 98% des vertébrés, il est vrai que la surconsommation de viande est en grande partie responsable de ce résultat.

  24. Je suis en train de lire le petit bijou d’Yves Paccalet « 100 balades en France », écrit il y a 14 ans. Il y décrit une nature encore vivante pour qui sait OBSERVER dans certains endroits privilégiés…mais qu’en est -il aujourd’hui? est ce encore le cas ? tout va si vite…

  25. Cher Fabrice,

    Parfois, une âme complice me donne des nouvelles de Planète sans visa. Un titre, quelques phrases, un ressenti, N’étant plus connecté, je peux ainsi suivre de loin ce qui s’écrit sur le blog.
    Je me remémore les grandes heures où je participais aux échanges parfois vifs, parfois exaltants, parfois moins. J’en suis nostalgique, je l’avoue. Mais bon. Je me tiens à mon choix de déconnexion.
    Enfin, presque. Aujourd’hui, je déroge, le temps d’un commentaire envoyé, à la règle que je me suis fixée.
    En cause, ce texte sur ce qui disparaît : les abeilles, les oiseaux, les fleurs du pommier, les insectes dans les bruyères… Ce qui ne fleurira plus. Ce qui ne chantera plus.
    Et la beauté. Son visage rieur. Quand si peu le regardent, quand elle est au bord de périr. On lui préfère une copie aseptisée, un clone soumis. Place à la fabrique de la vie, écran total sur le monde. Il reste quoi ? Une vie plate, à l’image des écrans du même nom. Une planète sans visage.
    Son visage d’arbres, d’abeilles, d’oiseaux, est-ce qu’il nous fait trembler d’émerveillement et d’inquiétude ? Ses déchirures, ses ecchymoses, qui les voit vraiment ?
    Pas un frisson, pas une miette d’attention dans les conversations. Etre léger, ricaner, ne pas céder un pouce à la mélancolie. Ne pas se prendre la tête. Quant à la rumeur médiatique et politique, j’imagine. J’écoute de moins en moins. Mon cerveau n’est pas une poubelle.

    C’est triste à dire, mais nous ne sommes plus qu’une humanité de fleurs fanées.
    Un jour, on ne s’étonne plus. On passe devant un arbre et on ne le voit plus. Une grive casse une coquille d’escargot, on ne l’entend plus.
    Un jour, l’arbre disparait. La grive aussi. On ne le remarque pas. On a oublié le bruit du bec sur la coquille, on ne se rappelle plus le chant de l’oiseau. Ou on ne l’a jamais su. L’arbre ? Ah oui, c’est vrai. Il n’est plus là. Un autre sera planté plus tard, ailleurs. Quelle importance. La vie continue.
    On est tellement occupé. On n’a jamais été si occupé. Pas une minute pour penser. Alors on panse. On panse nos plaies avec de l’inutile que l’on entasse dans les chariots. On panse les moignons de nos vies misérables, des lieux qu’on n’habite plus, des voix sans visages, des liens sans présence, de la joie qui ne nous habite plus. Alors qu’on n’a jamais été aussi riches. Quel gâchis quand on sait ce qu’il en coûte de ces parodies de richesses qui sont les nôtres.

    Sapiens, l’homme qui panse. Colleur de pansements sur des langues de bois qui parlent de tout, sauf du vaisseau qui coule sous nos yeux, le vaisseau où nous sommes et qui s’enfonce sans que rien ni personne ne tente quoi que ce soit, ou si peu. D’ailleurs est-il encore possible de faire quelque chose ?
    L’âge de défaire, nous y sommes. Ça valait le coup d’y croire. Les lois de l’évolution, la flèche du progrès plantée dans nos yeux écarquillés d’admiration, le piédestal où nous avons perché notre suffisance, nous les cons descendant l’échelle de la vie que nous croyons gravir, massacrant ce qui gène, ce qui encombre, tout ce qui n’est pas le semblable, le même.
    L’âge du cœur de pierre.

    Alors oui, la beauté.
    Pas celle, fabriquée, des magazines, pas celle diluée dans le pasteurisé, le garanti sans germe, sans espoir de germination. La dilution du beau, à force, porte en elle la dilution des êtres. On dirait bien que Prométhée s’est emparé d’un pinceau gigantesque – appelons-le électronique, puisque nous n’avons plus que ça comme horizon – et prenait le monde pour sa palette nous laissant tâtonnant dans un non-lieu que nous ne reconnaissons plus et nous ne faisons plus que ça, chercher la lumière qui manque à nos vies, prenant l’image pour le réel, trop souvent, dilués que nous sommes à notre tour dans le grand bain fadasse du frelaté.
    Bientôt, il n’y aura plus que la mémoire du beau, j’en ai peur, à l’instar de la mémoire de l’eau où l’on ne retrouve plus trace de la molécule recherchée. Bientôt, on ne discernera plus l’élément-trace, même dans les parcs dédiés à la biodiversité, ce mot effroyable des gestionnaires de vies, expression tout autant terrifiante.

    Inaccessible, alors, la beauté ? Peut-être pas, pas encore, tant qu’il reste en nous un peu de la lumière des origines ; sans elle, comment espérer un seul instant entrevoir celle qui est là, sous nos yeux, la lumière d’un ciel, d’un arbre dans les saisons, le premier chant d’oiseau, quand tout recommence.
    Lui faire une place en soi pour qu’elle ait une chance d’en avoir une sur la terre. Devenir guetteur-cueilleur du si peu qui reste, des splendeurs de ce qui est hors de notre empire, celui du laid, du factice. Les entourer de notre bienveillance, de notre tendresse. Oui, notre tendresse, c’est bien de cela qu’il s’agit, me semble-t-il.
    Je me souviens d’une phrase de Romain Gary, la dernière, je crois, de son roman « La vie devant soi » :
    « Il faut aimer ».
    Nous n’avons plus la vie devant nous. Et aimer ne suffira pas. Et c’est difficile. C’est plein d’épines. On y laisse des lambeaux de soi sur les chemins. Même le beau, l’aimer, on n’y parvient jamais vraiment. Il nous emporte vers des contrées de nous proches des abimes. Un peu comme la pensée.
    L’amour est sans doute une utopie. Le tant aimé, la tant espérée, on sait si mal l’accueillir, qui que l’on soit. L’amour du beau, c’est-à-dire de la vie, la quintessence de ce que pourrait être une écologie digne de ce nom, nous ne l’atteindrons sans doute jamais. Mais nous pouvons cheminer vers lui. Y-a-t-il un autre sens à nos vies ?

    Avec mon amitié.
    Pensée aux fidèles de PSV.
    Frédéric

  26. Bonjour,

    Texte sublissime.

    Merci. Merci Frédéric de donner de vos nouvelles.

    Le grand respect du a la vie privée d’autrui ne me concède pas a y entrer, tant que la clochette « autorise » en tintinnabulant: Tu peux viendre! 🙂

    De tout coeur, meilleures pensées a vous.

    A tous ceux, celles qui ont la chance de croiser mon chemin.

    Non, je rigole! A tous ceux, celles, dont j’ai eu l’immense chance de croiser le parcours de vie.

    Prenez bien soin de vous toustes. Je n’oublie, n’oublierais personne. Soyez prudent. Entre le non attachement et l’indifférence, la marge est mince.

    Que Dieu vous garde.

  27. vu de sirius le 8 septembre 2014
    Je suis en train de lire le petit bijou d’Yves Paccalet “100 balades en France”, écrit il y a 14 ans. Il y décrit une nature encore vivante pour qui sait OBSERVER dans certains endroits privilégiés…mais qu’en est -il aujourd’hui? est ce encore le cas ? tout va si vite…
    ———————–
    Yves Paccalet prépare un livre pour cette automne.

  28. Michel le 7 septembre 2014
    Le nouveau numéro vient de paraître, et c’est facilement lisible sur internet:
    http://www.forets-sauvages.fr/automne_modules_files/pdocs/edited/r114_10_naturalite_14.pdf
    En particulier pour la suite des réflexions de Jean-Claude Génot (”Naturalité et discernements”, page 15). Les autres numéros sont également remarquables. Enfin, c’est mon avis! Bonne lecture.
    Autre lecture recommandée, si Fabrice accepte d’accueillir ce lien sur son blog:
    http://www.lesauvage.org/2014/09/un-entretien-avec-dmitry-orlov/
    Encore un “radical”?
    —————
    grace a jean-claude Génot , ils deux livres a lire a tout pris , aldo Leopold almanach d’un comté des sables,et la consience écologique, traduit par J-Claude-Génot.

  29. … Les hommes n’ont jamais su
    lire dans les fougères
    et ne connaissent pas
    le premier mot du grand traité
    d’auto-arboriculture
    que les ptérodactylographes
    tapaient vert sur blanc
    en pleine pierre
    de très nombreux siècles
    avant Jésus-Christ
    sous la dictée des branches
    dans la musique du vent
    de la sève et du sang

    Et seuls des amoureux des fous
    et des oiseaux
    peuvent encore de nos jours
    de nos nuits de nos rêves
    et de nos cauchemars noirs et vrais
    peuvent encore lire entre les lignes
    dans les feuilles des ormes
    des trembles et des charmes
    la suite passionnante
    du premier grand feuilleton

    Jacques Prévert Arbres (recueil)

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