Nos loups sont leurs éléphants

Je suis toujours à l’hosto. Bien sûr. Une kiné formidable – Hélène – a eu ce jour une idée purement magique. Grâce à un appareillage très simple, elle a immensément amélioré ma vie quotidienne. Il s’agit d’un équipement que j’installe sur mon pied droit pour compenser des pertes occasionnées par les balles du 7 janvier. Et en plus, j’ai vu le soleil.

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Vous trouverez ci-dessous un papier de Sciences et Avenir, basé sur un reportage de l’AFP au Botswana, pays africain comparable au nôtre par la taille. On se doute que les ressemblances s’arrêtent vite, mais il n’est pas interdit de faire un rapprochement. On verra – vous verrez peut-être – comme il est dur de cohabiter des éléphants capables de ravager un champ de maïs en un quart d’heure.

Quand on est pauvre, il est inconcevable de préférer la liberté des éléphants à la pitance de ses gamins. Sûr. Pourtant, si l’on veut sauver au moins une partie de la si grandiose diversité des espèces vivantes, il faudra bien trouver quelque chose. D’autant que l’éléphant est une espèce parapluie. Cette expression est utilisée en écologie scientifique pour désigner des animaux dont la protection entraîne peu ou prou celle de beaucoup d’autres qui vivent sur leur territoire. Sauver l’éléphant, c’est certainement protéger des milliers d’autres formes vivantes, y compris d’ailleurs végétales.

Donc, aucun doute : il faut se battre avec les paysans pauvres, ceux que le marché mondial pulvérise chaque jour un peu plus, et pour les éléphants. Le rapprochement – un simple rapprochement, j’y insiste – avec la France permet de se poser des questions bien plus proches de nos existences. Pourquoi un pays riche, qui possèdes des millions d’hectares de forêts et de friches, est-il incapable de supporter la présence de 300 loups ? Je ne vous en parle pas – j’ai tort -, mais une sorte de petite guerre – malsaine et sordide – est en train de s’emparer des Alpes et de l’Est, et bientôt des Cévennes, voire de Fontainebleau.

Indiscutablement, le Loup progresse chez nous, après 70 ans d’absence. Pas un politique n’est capable de dire que les envolées lyriques au sujet de la biodiversité – celles des tribunes de l’Unesco, par exemple – doivent s’appliquer, en priorité, au Loup. Le Loup, cet éternel mal-aimé qui réunit contre lui la droite, la gauche et une partie notable du mouvement dit altermondialiste.

C’est tragiquement simple : si nous reculons à propos de 300 loups, il ne se trouvera aucun raison de se battre pour les requins, les phoques, les tigres, les éléphants bien sûr. Et ne parlons pas de ces sales bêtes de vipères et de guêpes.

PS : Défendre le Loup comme je le fais depuis tant d’années est d’une facilité totale. Je ne risque rien. Sauf quelques vrais désagréments. Ainsi, une journaliste radio que je tenais pour une amie depuis plus de quinze ans, et qui m’invitait pour la sortie de mes livres, a-t-elle décidé que je n’existais plus. Ma foi, c’est comme cela.

Éléphants du Botswana : quand intérêts humains et conservation s’affrontent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’interdiction de chasser l’éléphant d’Afrique ne met pas tout le monde d’accord. Et ses premiers opposants sont les Botswanais eux-mêmes, qui dénoncent ses conséquences désastreuses sur l’économie et l’agriculture.

Les pachydermes du Botswana, au sud de l'Afrique, représentent plus d'un tiers de la population totale d'éléphants d'Afrique (Loxodonta africana). © Alexander Joe/AFP

Les pachydermes du Botswana, au sud de l’Afrique, représentent plus d’un tiers de la population totale d’éléphants d’Afrique (Loxodonta africana). © Alexander Joe/AFP

DISPARITÉS. La population des éléphants d’Afrique connaît une situation paradoxale. Au centre et à l’est du continent, les troupeaux deviennent de plus en plus petits, victimes d’un braconnage intense. Au sud et à l’ouest, ils grandissent, à raison de 4% par an. Au sud, pour poursuivre cet effort de conservation jusque-là payant, le Botswana a adopté une mesure radicale. L’état qui abrite plus d’un tiers des pachydermes africains, a interdit en janvier 2014 la chasse de ces animaux. Problème : les conséquences économiques sur la population rendent la mesure très impopulaire tout en faisant des locaux des ennemis de la conservation de l’espèce.

Des conséquences économiques terribles

Le village de Mabele est l’un des plus impactés par l’interdiction. Situé entre plusieurs réserves ouvertes, il est souvent la cible des incursions des pachydermes. Debout au milieu de son champ de maïs ravagé par les éléphants, Minsozie, mère de sept enfants, témoigne de sa lassitude auprès de l’AFP : « Quand on pouvait chasser les éléphants, ça n’arrivait pas. Les éléphants ont tout mangé, nous n’aurons pas de récolteJe ne sais pas ce que nous allons faire. L’argent que gagne mon mari, ça ne suffit pas. Et l’État compense trop peu. » Avant l’interdiction, les villages regroupés en communautés disposaient d’un quota d’éléphants qu’ils pouvaient abattre, principalement des vieux mâles. Ces permis de tuer étaient rachetés par des agences de safari spécialisées, générant des revenus substantiels pour les habitants et les fonds de conservation. « La chasse nous rapportait plus de 400.000 euros par an. Nous avions investi dans des services pour la population, (en achetant) notamment six tracteurs pour l’agriculture » raconte Amos Mabuku, président du fonds de conservation de l’Enclave de Chobe, qui administre Mabele et quatre autres villages.

Les safaris photographiques apportent un revenu aux habitants. Malheureusement, il n’est pas encore suffisant pour égaler celui découlant de la chasse.© Tim Sloan/AFP

Trouver un compromis

Le gouvernement, qui a déjà mis en place des aides financières, souhaite avant tout trouver un accord. Pour lui, l’écotourisme est la solution. Il souhaiterait en effet voir se développer dans des villages jouxtant les réserves comme Mabele des lodges, des safaris photographiques et autres services touristiques. « La chasse ne fournit des emplois que pendant la saison désignée, c’est une forme de revenus fondée sur la consommation« , explique Tshekedi Khama, ministre de l’Environnement. « Nous préférons des formes de revenus durables, qui permettent de préserver les espèces. » Malheureusement, si plusieurs villageois sont déjà employés dans le secteur du tourisme, leurs revenus sont loin encore de compenser ceux apportés par la chasse. Et les habitants attendent du gouvernement une solution immédiate. Ce que promet justement la ré-autorisation de la chasse, contrôlée par des quotas promet des retombées immédiates, bien plus perceptibles que les bénéfices lents mais durables d’un écotourisme, qui a pourtant fait ses preuves ailleurs.  « L’attitude des gens a changé. Avant, on leur disait ‘protégez, et vous en tirerez un profit’. Aujourd’hui, ils nous demandent : « Protéger ? Pour quoi faire ? » Le message est brouillé« , déplore Amos Mabuku.

 

21 réflexions sur « Nos loups sont leurs éléphants »

  1. Remercié votre kiné de notre part, quel bonheur qu’elle arrive à vous faciliter votre quotidien.
    ça y est, en Lozère le loup est la, et bien sur,les chasseurs ne pensent qu’à une chose, le tuer !Au Pont de Montvert à quelques km de chez moi, il a tué (soi disant) 4 brebis. On ne dit pas combien de brebis sont tuées par l’éleveur http://www.midilibre.fr/2015/05/04/les-premieres-attaques-de-l-annee-imputables-au-loup-ont-eu-lieu,1157019.php
    une famille a photographié un loup dans leur jardin,(à proximité de Mende (48).http://france3-regions.francetvinfo.fr/languedoc-roussillon/2015/01/28/rencontre-unique-avec-un-loup-saint-etienne-du-valdonnez-en-lozere-642189.html.
    Donc chez nous le débat fait rage.
    Prenez bien soin de vous et bon courage.
    Merci de continuer d’écrire, vous lire est un plaisir pour moi.
    Cordialement Armelle Vieljeuf

  2. Merci Fabrice de Rappeler ça :

    « C’est tragiquement simple : si nous reculons à propos de 300 loups, il ne se trouvera aucun raison de se battre pour les requins, les phoques, les tigres, les éléphants bien sûr. Et ne parlons pas de ces sales bêtes de vipères et de guêpes. »

    Et il ne servira plus à rien de se battre pour les hommes non plus, pour moi c’est complètement lié…

    C’est bien de tout cela qu’il s’agit avec le loup. Une paille !
    J’ai détesté « le dernier loup » de JJ Annaud (pas grave, vraiment ! histoire de goût !) mais je ne peux m’empêcher de faire le parallèle : en détruisant le loup en Mongolie, parallèlement, les troupes de Mao détruisaient l’Homme avec une force et une brutalité inouïe.

    Et … vivent les idées d’Hélène, donc.
    C’est quand même ce qui restera toujours merveilleux ça, Fabrice : on peut traverser la pire des tragédies, il restera toujours des personnes formidables, c’est pour cela aussi que la vie mérite d’être vécue, ça fait partie de l’émerveillement du monde 😉

    Et pour le reste… ? Je continue à faire mon « Guardian » : après quelques bidouillages vaguement informatiques dans lesquels je déteste pourtant m’insinuer, j’ai désormais une signature de courriels qui est la suivante (un peu long mais tant pis !) :

    « ECOLOGIE : la crise écologique est une bombe à retardement qui a commencé à exploser. Elle est double : changement climatique ET EXTINCTION MASSIVE DE LA BIODIVERSITE. Ses dégâts potentiels et durables sont plus graves que ceux des deux guerres mondiales réunies et nous en sommes tous responsables. Comment penser et agir pour se tourner rapidement vers une civilisation durable, respectueuse de tous les Humains et enfin accordée aux écosystèmes ? »

  3. Merci Fabrice de nous rappeler inlassablement l’echelle des choses! Si le Botswana essaye courageusement de cohabiter avec les elephants (et un elephant, ca pese des tonnes et ca tue regulierement, meme des vilageois tres avertis!) que valent nos petits problemes avec les loups?

    P.P., le texte est absolument parfait a mon avis!

  4. Bonjour Fabrice,
    Heureux pour toi que ton quotidien avance de manière efficace. Tu vas vers des jours meilleurs.
    Oui, battons-nous pour le loup, le lynx, l’ours, le renard,l’abeille, … en France mais aussi pour la baleine,le dauphin,…, l’éléphant, le rhinocéros, … et tous les animaux en danger !
    L’humain est désespérant d’imbécilité, il veut tout « réguler »… à son image.

  5. Arggghhh, j’ai oublié ma signature !

    “ECOLOGIE : la crise écologique est une bombe à retardement qui a commencé à exploser. Elle est double : changement climatique ET EXTINCTION MASSIVE DE LA BIODIVERSITE. Ses dégâts potentiels et durables sont plus graves que ceux des deux guerres mondiales réunies et nous en sommes tous responsables. Comment penser et agir pour se tourner rapidement vers une civilisation durable, respectueuse de tous les Humains et enfin accordée aux écosystèmes ?”

  6. Hélène… m’étonne pas, les z’Hélènes sont belles, intelligentes et astucieuses…

    Merci à Hélène la kiné

    Une LN

  7. De tout cœur avec vous et vos idées .. Malheureusement l’ignorance et la haine peuvent faire beaucoup de dégâts …comme vous avez pu en faire l’amère expérience. Bonne rééducation, bon courage et garder la force de vos convictions .

  8. Il y a un parallèle évident entre le loup et le requin, les mesures imbéciles imposées par l’administration en métropole pour l’un, à La Réunion pour l’autre. On aura encore du boulot pour longtemps…
    Tu me manques. Porte-toi au mieux, bises aussi à Hélène !

  9. Eh bien bises à Hélène… et à toi aussi, Fabrice !

    Moi aussi, je me réjouis du retour du loup, mais n’est-il pas un peu trop simple de se réjouir devant les dégâts sur les troupeaux ? La question est complexe, elle est celle de la cohabitation entre l’homme et l’animal « sauvage » dont les territoires s’amenuisent de plus en plus, hélas.

  10. Quand ce n’est pas le loup, c’est le renard qu’on dégomme à tout va. Ce qui conduit à des situations ubuesques. En Lorraine, des élus locaux répandent des produits chimiques dans la nature pour tenter d’éliminer les campagnols qui pullulent… Vu qu’on a tué leur principal prédateur : le renard ! Le sommet de la bêtise.

    Plus d’infos ici :
    http://www.aspas-nature.org/11537/moselle-la-nature-empoisonnee-pour-le-loisir-des-chasseurs-laspas-et-mirabel-lne-interpellent-le-prefet/

  11. Ce n’est pas l’humain qui est bête, c’est le triomphe d’une vieille idée, qui remonte au moins aux Grecs anciens: celle de voir dans la nature un espèce de supermarché gratuit où les gens peuvent se servir à gogo. Au lieu de sentir que l’homme est tout simplement un des êtres vivants et qu’il a à partager avec les autres, nous avons pour beaucoup été élevés dans l’idée que ce qui nous gêne est « nuisible » donc à détruire, et ce qui nous nourrit est « domestique » donc fait partie de la maison, du matériel à disposition.
    C’est en remettant en question cette vieille idée bien ancrée que l’on peut parvenir à sauver de la gabegie généralisée quelques espèces encore assez vigoureuses. L’idée de la valeur d’autres vies, animales, végétales ou minérales, fait son chemin lentement, le problème, c’est que la destruction va très vite. La lucidité aura-t-elle le temps de gagner suffisamment de terrain avant que ça ne tourne très vilain pour tous? Il y a plein d’animaux en voie de disparition, on sauve quelques condors, par exemple, et on les libère, mais en même temps, les compagnies minières détruisent leur habitat (entre autres, elles détruisent des pays entiers).

  12. Le loup et que dire de l’ours, si un pays qui claque des milliards d’euros dans des co… type aéroports…, qui euthanasie des millions de têtes de bétail (vache folle, fièvre aphteuse…)comment faire la leçon à un Africain, tenté par la vente de défenses d’éléphant qui lui rapportera plusieurs années de salaire.

    @Stef L’empoisonnement des campagnols au bromadiolone est probablement en grande partie responsable des diminutions d’effectifs de nombreux rapaces dont le milan royal.

  13. Au sujet des cormorans, il ne faut s’en tenir à l’existence ou non de quotas de tirs, mais s’attaquer aux causes du transfert de ces populations maritimes vers es eaux douces de l’intérieur et notamment la dégradation du littoral.

  14. mon fabrice je penses bien souvent a toi ( et tu sait que tu peux compter sur touts les milletraceux bises. Pour le reste !!! (nous rentrons du benin/burkina et du maroc dans la continuite de se que nous faisons ,je penses vraiment creer des brigades internationnale (bizarre) vertes

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