Pourquoi je vote (parfois)

Juste trois mots, entre deux portes. Certains lecteurs de ce blog ont été frappés par l’annonce faite ici que je ne vote pas. Je le comprends, bien entendu. Et même si je persiste, je me dois d’être plus précis que je ne l’ai été.

En fait, j’ai déjà voté. Jusqu’en 1981, il me semble. J’avais 25 ans. Puis non, car je ne voyais réellement plus à qui donner mon modeste vote. J’ai désappris l’acte civique par excellence. Par la suite, cette abstention est devenue un refus de vote, appuyé sur cette évidence : ce système de représentation ne mène nulle part où nous puissions aller ensemble.

Je ne vais pas détailler ici, mais j’aurai bien l’occasion d’y revenir. La totalité de la classe politique, y compris donc les Verts et l’extrême-gauche, vit dans un monde qui n’est plus le mien. Leurs propos me parviennent d’un au-delà de plus en plus lointain, qui non seulement ne disent plus rien d’utile, mais pis encore répètent les sornettes les plus pénibles qui soient.

Tous, au-delà de leurs divergences, font comme si le temps ne nous était pas compté. Comme si nous pouvions discuter de la couleur des murs quand l’édifice entier menace de s’écrouler sur nos têtes. Selon moi – et si je me trompe, sachez que je me soûlerai au champagne – ils sont perdus et nous perdent. Tout le temps passé à faire semblant que le cadre ancien sert encore les intérêts humains est gaspillé.

Il n’y a qu’une urgence, et ce n’est pas celle de voter. Ce qu’il faut, c’est construire une pensée et tracer des perspectives. Je vous renvoie à deux textes que j’ai écrits ici. Non pas qu’ils règlent quoi que ce soit – hélas – mais cela m’évitera provisoirement de faire plus long (fabrice-nicolino.com) (fabrice-nicolino.com).

Cela va finir à ressembler à confesse, mais je dois pour finir admettre que j’ai voté au second tour des présidentielles de 2002. Contre Le Pen et donc pour Chirac. Quelle ironie ! Mais je ne regrette rien, et je recommencerai même à l’occasion. Car le vote, dans la situation où nous sommes, garde à mes yeux une importance réelle. Celle de contribuer, si peu que ce soit, à la lutte contre la régression, menace permanente. C’est une chose de ne plus miser un centime sur les élections en général. C’en est une autre de ne pas participer au refus du pire.

Sarkozy, au fait ? Je dois reconnaître qu’une nouvelle question pourrait bien surgir autour du personnage drolatique, foutraque et angoissant que le destin nous a offert. On en reparlera.

15 réflexions sur « Pourquoi je vote (parfois) »

  1. toujours pas d’accord . Rejeter un acte civique proposé par un état fratricide (notre abondance n’est-elle pas dûe à l’extrême misère de beaucoup ?), je le concède, c’est tentant et même , ça peut paraitre légitime . mais le vote, tu le dis toi-même , reste un mur contre le pire et nous sommes deux à avoir voté contre Lepen en 2002 ! Là , il s’agit des municipales, de l’orientation économique de nos communes . il suffit de regarder la municipalité de Robert Hue , ses autoroutes, ses tours et son Ikéa, ou l’Ouest parisien , son chic, sa désertification des services sociaux et ses impôts locaux…Dans quelles villes voulons nous vivre ? Quel espace laissé à la nature ? Quelle équité entre les habitants ? oh, je ne suis pas naïve, mais entre deux trois équipes, je vais simplement voter pour éviter le pire .
    par ailleurs, j’ai un grand respect pour les femmes qui ont su se battre pour que je puisse voter un jour, et je tiens à défendre ce droit (bien aléatoire, nous sommes d’accord) d’abord pour les honorer .
    Quand à Sarkosy, il n’est pas drôle . On pourrait le chanter à la manière de Boris vian, il est bourré de complexes . Et donc, je m’en méfie terriblement .

  2. Est ce que j’ai bien compris?
    Vous dites fabrice, que vous ne votez pas car aucun parti, aucun représentant politique partage vos idées?

    Dans ce cas, pourquoi ne pas faire la démarche de voter Blanc?

    Pour ma part je trouve cette solution plus adaptée, au lieu de ne pas faire la démarche.

    je trouve facile de contester sans rien faire, c’est le seul moyen que l’on a, certes ce n’est pas terrible mais c’est mieux que rien.

    Qd je vois Avignon, entre 2 maires, les chagements sont flagrants et la ville s’en porte bcp mieux.

    D’autre part, si un condidat n’est pas apprécié mais élu et que les gens ne votent pas alros il peut devenir député, puis ministre….
    Alors qu’en montrant son mécontentement dès le départ ses chances sont amoindries…

    Donc j’en déduis, que l’on doit voter et je regrette qu’il n’y ait pas plus souvent des référendums

  3. @ Olivier, je me suis obligée , hier, à regarder l’émission d’hodelatte sur Outreau , afin de mieux cerné le personnage . Sujet on ne peut plus à la mode, mise en scène parfaite calculée au millimètre , deux reportages suivi d’un débat en plateau avec les victimes qui ont bien voulu venir , l’audimat a du grimper , c’est sûr . Alors, bien-sûr, ralentis , musique d’ambiance, descriptions maximum des faits avec une pudeur qu’on semble vouloir conservée, mais que l’on semble également contraint de quitter au nom de la vérité , et puis la présence d’un éminent député qui sourit beaucoup et ne qui dira que ce qu’il maitrise sur le sujet, c’est à dire rien, comme il l’a répété toute la soirée . Vous savez quoi ? La relève de Pierre Bellemare est née ! arrrh ! Nos conteurs à la française ! Hondelatte ? Un rouleau compresseur de plus .

  4. j’ai oublié l’essentiel, le principal protagoniste de l’affaire : le juge burgau, était absent du débat . Il fait actuellement l’objet de poursuites, plus de quatre heures où les français entendent clamer sa culpabilité (le député de sa région dira qu’il ne peut se prononcer sur le sujet , mais dira-t-il, quand même…), alors que l’affaire avait pris des proportions internationales, que l’on parlait de partouezs régulières en belgique entre enfants, adultres et vaches (je reprends les propos tenus dans l’émission) et d’assassinat d’enfants belges, à aucun moment, le jeune juge n’est déssaisi du dossier . Son comportement a certainement contribuer à briser des vies et il doit rendre des comptes, mais tout seul ?
    La france entière à juger, la justice n’a plus qu’à estampiller , ouf .

  5. Sauf que le pire n’est pas que Le Pen, non ? Le petit VRP du nucléaire dans le monde entier n’est pas mal non plus dans son genre, non ? Alors, faut-il laisser un boulevard électoral à ces gens-là, même si, en face (si je puis dire !), l’offre est peu alléchante ?

  6. Je ne suis pas complètement d’accord, Fabrice. Il existe en fin de compte la possibilité de voter blanc ou nul. C’est la seule façon de dire « non » à cette « classe » qui est à côté de la plaque.
    Si on ne vote pas, comment peuvent-ils entendre cette sanction ?
    Comme le disait Castoriadis (je fait souvent référence à lui), c’est un cercle vicieux. La participation baisse; donc les politiciens disent qu’ils n’ont pas besoin d’apprendre à penser et à gouverner au peuple; donc le peuple le comprend et voit que son vote ne sert à rien, et s’abstient de plus en plus.
    Si le vote blanc ou nul dépassait 50%, y’aurait comme un séisme…
    Il est vrai que le système représentatif est complètement biaisé. La façon la plus expresse de l’incendier est de voter blanc ou nul.
    Bon, on peut aussi essayer de changer les choses plus directement en se présentant ou en secouant les élus, mais je ne développe pas.

    En bref, le vote ne sert PRESQUE à rien.

    *****

    Des infos sur la Beste de Neuilly ? Qu’a-t-il fait encore comme grosse bêtise ?
    De toutes façons, il va ravager ce qui reste de notre pays. Et du monde aussi.

  7. Dans une démocratie, le droit de vote est un grand privilège. Ne pas s’en servir est une faute, jeune Jédaille.
    Hobbie Ouane

  8. Michael Moore dit :
    « N’allez pas voter, ça les encourage »
    (Dans son patois, bien sûr)

    Plutôt que de voter blanc, je vote nul avec un bulletin Besancenot (j’ai un petit stock) à toutes les élections, y compris municipales.

  9. d’accord avec Olivier. Le Pen est une baudruche il me semblait ridicule de choisir entre un escroc et un facho (pour faire vite). Il n’y avait qu’à voir la levée de bouclier de tous ces grands démocrates que sont les journalistes télé, même la campagne du centre d’éducation civique (ou quelque chose dans ce genre là) qui alertait tous les citoyens sur le danger Le Pen pour être sûr que Chirac allait être élu. Et donc, là refuser de prendre part à cette mascarade avait un sens, tout comme voter blan. Par contre, laisser passer Sarkozy est criminel à mes yeux. Les français ont élus un dingue. C’est incroyable. Je ne suis qu’à moitié française mais et je n’ai jamais été fière d’être française mais pour la première fois de mon histoire contemporaine j’en ai honte !

  10. Autre chose : les bulletins nuls sont analysés par les services compétents (préfectures, RG, que sais-je…). Une masse de bulletins nuls ne passe pas inaperçue.

  11. Je déteste ce genre de discours de Suzan, si vous en avez honte de ce pays, Ok mais alors rien ne vous empéche d’allez voir si l’herbe est plus verte ailleurs.

  12. et bien la réflexion de jean-paul m’a fait réfléchir . sauf que pour les municipales, on a la possibilité de voter non pas pour un parti, mais pour une équipe menée par une personalité, donc le débat est autre . attention de ne pas tout mélanger . d’ailleurs, la liste qui m’interesse chez moi est a-politique et à réaliser toutes les srtuctures sociales de la ville . et l’environnement les interesse (dans quelle mesure ? je suis d’accord…).
    sinon, la france est le troisième pays exportateur d’armes et notre président n’est pas des plus reluisant . Mais je ne ressens pas de honte , pas plus que de fierté .
    je suis née là , j’y ai certainement quelques chose à faire . pour le reste , inutile de se prendre la tête et si je n’ai pas voté pour ces gens, justement, j’ai voté ! Dommage que nous n’ayons pas été plus nombreux…par ailleurs, Lepen est une baudruche, mais son électorat est là ( qui s’est en partie retranché sur sarko d’ailleurs…)

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