Vrai coup de blues

Cela va passer, du moins je l’espère. Mais la vérité est que j’ai le blues. La faute à deux points douloureux, parmi des centaines d’autres. Le premier concerne un livre, Points de rupture, du journaliste britannique Fred Pearce (Calmann-Lévy). Je ne sais aucun livre plus essentiel que celui-là. Pearce est un homme solide, et sérieux hélas, que je suis à la trace depuis une bonne quinzaine d’années. Dans son nouvel ouvrage, il rapporte scrupuleusement ce qu’on sait aujourd’hui, en mars 2008, du dérèglement climatique en cours.

Eh bien, c’est insupportable. Car le coup est parti, comme je le sais depuis des lustres. Simplement, je parvenais à garder cette conscience-là en lisière. Tel n’est plus le cas ces jours-ci. Et le silence de la presse française sur ce travail essentiel, comment le qualifier ? Et le silence des ONG – de Hulot à Greenpeace -, comment l’accepter ? Si Pearce dit vrai, et il dit vrai, nous devrions cesser à l’instant d’être qui nous étions. Nous devrions tout (ré)inventer. Mais est-ce concevable ? Je ne le crois pas.

Autre sujet : le déferlement du bioéthanol aux États-Unis. La ruée vers le maïs destiné aux biocarburants provoque fort justement une nouvelle révolution des sols et des eaux du pays. Une équipe scientifique vient de publier une étude qui fait froid dans le dos (www.tv5.org). En extrême résumé, le surcroît de pollution qui sera charrié par le Mississipi a toutes chances de provoquer une catastrophe écologique majeure dans le golfe du Mexique, zone déjà meurtrie par les rejets industriels et agricoles.

Si vous avez envie de m’envoyer un quelconque message de réconfort, sachez que je suis preneur. Car pour l’instant, oui, franchement, le blues recouvre tout. Excusez.

21 réflexions sur « Vrai coup de blues »

  1. PARIS (AFP) – Une Fondation lancée par Jacques Chirac a reçu dimanche son agrément officiel, ce qui va permettre à l’ex-président français, qui s’était retiré de la vie politique l’an dernier, de se consacrer au développement durable et au « dialogue des cultures ».
    Nous sommes donc sauvés ! Bon, sérieusement, partageant si souvent ce même blues, à part envoyer, via ce blog, de l’amitié, quoi d’autre ?
    Peut-être une issue : que les choses se détériorent si vite (c’est d’ailleurs le cas) que la prise de conscience et, surtout, que les changements de comportement s’accélèrent aussi – ce que Bernard Langlois appelait la « pédagogie des catastrophes »… Mais la leçon n’est pas encore assez rude pour l’Occidental moyen gavé de tout !

  2. en Suisse, en regardant les Monts, je rêvais que je m’étais trompée, que j’avais mal lu, mal compris . oui, tout va changer . ce qui me console, c’est que la vie a survécu à des erruptions de yellowstone, peut-être à des météorites de taille, des rayons gama , l’humain, je ne sais pas s’il pourra, finalement, c’est peut-être lui qui possède le moins de capacités d’adaptation, vu sa lenteur de raisonnement et de réaction . et puis, le problème avec l’humain, c’est que c’est un être nourri de peurs, en mode « survie » . Il ne sait pas profiter simplement de ce qui l’entoure et fait des réserves « au cas ou » tout au long de son existence .il doit apprendre à se libérer de ses peurs ancestrales, et c’est un fait, il manque de temps pour cela . la vie, sublime, perpétuellement changeante, innovante, j’ai confiance en elle . cher fabrice, ressource toi auprès d’elle, pars à l’aube, à l’orée d’une forêt,au bord d’un ruisseau, l’écouter, la regarder, la sentir.et continuons à apprendre à nous serrez les coudes, c’est ce qui servira le plus à l’avenir , je crois .
    ps : sur youtube, il ya l’eclosion d’une petite fleur jaune en temps réel

  3. et demain sur Arte, il y a un documentaire intitulé « Le monde selon Monsanto ». Il y a toutes les chances pour que le moral n’en soit pas vraiment ragaillardi, mais il vaut mieux toujours chercher à savoir la vérité, quitte à voir s’éteindre les quelques lueurs d’espoir qui persistaient, n’est-il pas?

  4. L’orsqu’un Ornitho Anglais dit , en Français ,avec son savoureux accent : j’ai assé mangé….c’est…c’est quoi ?……c’est le  » Puffin des Anglais  » . Ne pas dire  » halt o saxo « pour le Blues ! Toujours pas mieux ???..Election : voter Afflelou le seul verre qui voit net

  5. Au moyen-âge, la peste ravageait les populations mais rien n’était fait pour la combattre. Il a fallut que les classes bourgeoise soit elle-même touchées pour que des actions soient mises en œuvre pour éradiquer ce mal.
    Tout est histoire aujourd’hui de prise de conscience et tu fais vraiment un travail formidable dans ce sens.
    Tout est maintenant a réinventer, décidons du meilleur.
    Merci de toute ton énergie et courage a toi.

  6. Gandhi disait (quel sage homme) qu’il fallait « être le changement que l’on veux voir dans le monde ».

    simple phrase mais parfois dure à respecter, petit à petit, j’essaye de rester optimiste, petit barrage contre un flot de mauvaises nouvelles, mais petit barrage deviendra grand j’espère, il s’endurcit peu à peu avec toutes les volontés humaines que je capte, et l’énergie que tu (je me permet de te tutoyer, même si tu es plus âgé que moi et que j’ai beaucoup de respect pour toi le temps n’est plus aux chipotages) l’énergie donc, que j’ai accueillie via ce blog, donnant des informations et de l’espoir, j’ai envie de te la redonner, pour qu’elle circule à nouveau et palpite encore comme une étincelle de vie.

    je me suis demandé un jour pourquoi la nature aurait eu besoin de créer l’homme, lui qui la détruit. seule avec des animaux et des plantes elle était bien et tranquille …
    et là m’est venue l’idée (en regardant le ciel, beauté gratuite) que l’homme était là pour s’émerveiller, contempler, inonder de louange sa créatrice (créateurs même, en incluant la dualité terre/ciel) … et ça m’a redonné confiance en l’humanité !

    un message un peu long qui j’espère te fera un peu sourire et t’apporteras un peu de chaleur, si c’est le cas alors je considèrerais une de mes nombreuses missions d’écoguerrière comme accomplie. remonter le moral des troupes ça fait partie du boulot de notre grand combat pour la vie ! ouais! 😉

    et continue à dispenser via ce blog toutes les connaissances utiles qui nous enrichissent !

  7. Naissance du Blues selon stan : « Dieu dit a son fils vas sur terre car je crois que j’ai raté l’homme »

  8. J’aime cette terre

    Même si j’étais un oiseau
    avec mon gosier enroué je chanterais
    cette terre fouettée par les tempêtes
    ces fleuves où déferlent nos colères et nos peines
    ce vent furieux qui n’en finit pas de souffler
    et cette aube infiniment tendre venue de la forêt…
    Enfin avec la mort
    je laisserais mes plumes se décomposer dans la terre
    Ah! pourquoi mes yeux sont-ils toujours embués de larmes
    Parce que j’aime cette terre d’un amour très profond…

    17 novembre 1938
    Ai Qing
    Traduit par Zhang Yunshu
    sinon, la décroissance, c’est une bonne évidence, qui fait partie d’un mouvement de libération de la personne . se libérer de l’avoir pour pouvoir contempler , et avoir le temps de respirer à pleins poumons. comme dit un poème sud américain, le pied d’un enfant ignore qu’il est pied, mais pense qu’il est peut-être né pour être pomme ou papillon, seulement, enfermer dans la peau d’une chaussure jusqu’à sa fin, il devient terne, opaque et se reptilise .

  9. J’espère que le site ecolopo ne m’en voudra pas de ce copier-collé
    oui, ça vaut le coup de continuer à se battre !!battons nous !!!!
    SYDNEY, 11 mars 2008 (AFP). Une association écologiste en mission depuis plusieurs mois en Antarctique contre la pêche à la baleine par des navires japonais a estimé mardi avoir sauvé plus de 500 cétacés.

    “Nous avons fait tout ce que nous avons pu pour cette saison et cela a été un très gros succès. Je pense que nous avons sauvé la vie de plus de 500 baleines”, a indiqué Paul Watson, responsable de l’organisation Sea Shepherd (Berger de la mer) sur le site de l’association.

    A court de carburant, le navire de l’organisation, le Steve Irwin, faisait route mardi en direction des côtes australiennes. “Nous n’avions d’autre choix que de quitter l’Antarctique. Il nous restait juste assez d’essence pour rentrer au port”, a précisé M. Watson.

    Le Steve Irwin a mené deux missions au cours des derniers mois en Antarctique pour harceler les baleiniers nippons.

    Réputé pour ses méthodes coup de poing, Sea Shepherd est allé à la confrontation à plusieurs reprises avec les baleiniers nippons.

    En janvier, deux militants se sont lancés à l’abordage de l’un d’eux et ont été retenus pendant deux jours par les pêcheurs japonais avant d’être récupérés par un bâtiment militaire australien.

    Les procédés de l’association ont été condamnés la semaine dernière à Londres par la Commission baleinière internationale (CBI), qui a mis en garde contre “des actions dangereuses qui mettent en péril la sécurité en mer”.

    Le Japon, sous couvert de programmes scientifiques, continue de pêcher des baleines à des fins commerciales, malgré le moratoire international en vigueur depuis 1986.

  10. Fabrice,
    tiens bon, nous avons besoin de toi, pour savoir que tout va mal sur cette Terre; mais gardons espoir et continuons cette « lutte » de fourmis contre les mastodontes. Le dernier jour, tu pourras au moins te dire: j’ai essayé!
    Alors continue, continuons à nous émerveiller des couchers de soleil et tâcher d’ouvrir les yeux de nos congénères qui ne les voient plus, à cause de leurs Ray-Ban…

  11. même s’ils ne me sot pas adressés ces commentaires me font chaud au coeur aussi 🙂
    c’est ce soir le documentaire sur monsanto ! enfin !
    j’ai essayé et j’essaye encore d’en informer le plus de monde possible autour de moi, pour une fois qu’il sera bon pour la planète qu’on allume la télé!

    et beaucoup de soleil à l’auteur de ce blog et à ses lecteurs !!!

  12. fabrice, en cliquant à nouveau sur le blog ce soir, je suis retombée sur ta déclaration d’intention publiée le 27 Aout, ne la perdons pas de vue , à quand cette déclaration des devoirs de l’homme ?

  13. Bonjour

    la semaine prochaine, c’est …
    le Printemps !
    ca ne mange pas de pain, mais c’est toujours ca de pris niveau remontage de moral !

    bon courage

  14. C’est vrai que ce n’est pas du côté des élections qu’il va falloir chercher de quoi se remonter le moral: certes, notre droite UMP pleine de morgue, d’inconscience, de vulgarité et de mépris s’est pris une taule quoiqu’elle en dise.

    Mais ceux qui en ont profité sont à 1000 lieues des préoccupations vitales qui nous rassemblent ici grâce à Fabrice et son blog… MODEM, PS et même VERTS … mais de quoi parlent-ils ???? Mais où sont-ils ? Où vivent-ils pour gaspiller toute leur énergie dans ces luttes dérisoires pour des strapontins ?

    Je crois que c’est cette phrase citée ci-dessus que l’on devait mettre en application et comme le dit un autre copain, « cesser d’agir pour enfin accomplir » :

    « être le changement que l’on veux voir dans le monde »…

    je crois que tout est là et ce n’est pas facile.
    C’est cela la « rupture » dont tu parles, Fabrice ? Avec mes amis écologistes dans ma ville natale, on s’est toujours demandés s’il fallait changer les choses de l’intérieur, ou bien en mettant nos idées en application à l’extérieur, en se rendant aussi appétissants que possible au reste de nos concitoyens…

    Au point où nous en sommes, la rupture doit être aussi forte que ce que fut le christianisme à l’époque romaine (je ne parle là que d’histoire et pas de religion). Des communautés chrétiennes ont essaimées partout et on changé la face du monde. Pour le meilleur et pour le pire, mais les romains en terme de pire n’étaient pas mal aussi et dans cet élan du christianisme, c’est justement cet élan de changement profond et sa relative rapidité qui est intéressante. (je ne suis nullement chrétien et là n’est pas mon propos !).

    Voilà à quoi me fait penser le désespoir passager de Fabrice qu’une ballade dans les gorges de la Loire en ce printemps naissant ravira à nouveau… même si le réchauffement climatique a tendance à gâcher tout l’enchantement de la chose…

    Juste un truc pour terminer : si nous réussissons à ébranler le « système », ne nous berçons pas d’illusions non plus… le système nous déclarera la guerre. Une vraie guerre, une guerre de l’alliance de la finance, de l’industrie et du militaire. Voilà aussi le problème… j’en suis persuadé.

    Bon, désolé mais je ne contribue pas à relever le moral. Je l’ai néanmoins car toujours il existera des hommes aux idées et au comportement de grande valeur. Toujours. Enfin… tant qu’il y aura des hommes !

  15. Il y a de l’espoir ,
    science et vie junior mars 2008 ;cucaracha.petite bd épisode 65: la zominite.
    Après une longue incubation 2 millions d’années et puis un jour la crise s’est déclenchée.La phase aîgue n’a pas duré très longtemps,deux bons siècles.
    Et un beau jour les zoms et la zominite ont disparu pour toujours!
    http://www.cucaracha.fr
    Trêve de rigolade « le monde selon Monsanto » quand pensez–vous?
    Comme disait ce bon jacques Brel ,chez ces gens là on ne pense pas, on compte.
    Et le plus amusant c’est que mon assurance vie et mes investissements pour mes vieux jours doivent participer au bazar ambiant.

  16. A propos d’OGM et d’action :
    Soutien aux LANCEURS d’ALERTE – Clôture de signatures le 20 mars
    ************************************************************************
    **
    Les pétitions de soutien à Pierre Méneton, à Christian Vélot et à
    Véronique Lapides seront très probablement remises la semaine du 24
    mars, soit juste avant le colloque que nous organisons le vendredi 27
    mars au Sénat sur la question de la protection des lanceurs d’alerte :
    http://sciencescitoyennes.org/spip.php?article1680

    Continuez donc à diffuser l’appel à signature des 3 pétitions qui se
    clôturera le *vendredi 20 mars* pour nous laisser le temps de les
    traiter avant la remise.

    – Christian VELOT
    http://sciencescitoyennes.org/spip.php?article1638

    – Pierre MENETON
    http://sciencescitoyennes.org/spip.php?article1641

    – Véronique LAPIDES
    http://sciencescitoyennes.org/spip.php?article1659

  17. Regarder les choses en face, c’est dur, très dur et parfois trop dur. On oscille toujours, avec un équilibre fragile, entre tout balancer et agir, entre l’envie d’oublier, faire comme si et l’énergie (du désespoir ?) pour agir ou l’activisme thérapeutique…

    Ah si je ne savais pas ! Mais je sais ». Heureuses les autruches !

    MH

  18. Un grand merci, Fabrice, pour nous avoir évoqué le dernier livre de Fred Pearce. Je ne le connaissais pas. Je suis allé l’acheter. Je l’ai lu, non… je l’ai dévoré. Et tu as diablement raison : ce livre est essentiel. Il nous présente une situation dont nos consciences étriquées de consommateurs ne parviennent que difficilement à prendre la pleine mesure. Fous que nous sommes. A lire toutes affaires cessantes !

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