Élections poils au menton

Que vous dire de sincère ? Macron a dissous l’Assemblée nationale et court ainsi le risque de voir la France dirigée par l’absurde Jordan Barbella, ignorant de tout, partisan pathétique de l’Europe des nations à l’heure où les écosystèmes flambent. Ce n’est pas seulement un protofasciste, c’est un adversaire, un ennemi même de toutes les causes défendues depuis 2007 sur Planète sans visa. Arriverait-il au pouvoir qu’il ferait pire encore que Macron, ce qui semble impossible, mais demeure vrai. Il est climato-sceptique, il est pour l’industrie, il est pour toutes les pollutions chimiques, il se moque du sort des bêtes et des plantes. Ce qu’il veut, c’est gagner. Le reste est sans importance.

Macron ne vaut guère mieux. Cet homme que j’ai tant de fois conspué, mérite notre mépris. Il s’est cru puissant alors qu’il n’était que paltoquet. Faites l’effort de le comparer mentalement aux quelques grands hommes authentiques que vous connaissez, et je crois que vous comprendrez. Sa nullité est d’un ordre supérieur. On ne fera pas mieux. Hollande, que je tenais pour indépassable, paraîtrait presque, à ses côtés, présentable.

Or donc, des élections générales. Dans quelques jours. Elles m’indiffèrent passablement, car elles se déroulent dans un cadre forclos. C’est reparti pour un tour, quel que soit le résultat. Pendant des mois, sinon des années, avant que ne débute le formidable – humour – combat pour les municipales de 2026, on parlera retraites, pouvoir d’achat, insécurité. Tout plutôt que d’admettre l’évidence d’une crise inédite dans l’histoire des hommes, qui commanderait une levée en masse, et des héros. Oui, des héros.

Le cadre de leurs pensées – à tous – nous contraint à ne pas considérer la réalité. Ce qu’ils disent, tous, n’est pas la réalité. C’est pure foutaise. J’ai déjà évoqué ici un petit livre bancroche, celui de la campagne Dumont de 1974. Le texte en était mauvais. Les pages en étaient faibles. Et pourtant, au moment où Giscard, Chirac, Mitterrand, Marchais péroraient et occupaient l’espace, Dumont disait la vérité essentielle de ce monde sur l’eau, le climat, la biodiversité, accessoirement la bagnole.

Telle est la situation en ce printemps 2024. Telle devrait-elle être si les pseudo-écologistes du parti officiel avaient joué leur rôle historique. Mais ce n’est pas le cas. Le point de vue écologiste sur le monde dit le vrai, mais il n’est pas entendu. Et quand je parle de « point de vue écologiste », je veux parler de tout autre chose que des pantomimes habituelles. Je veux parler d’un point de vue révolutionnaire. Je veux parler du souffle de 1789, le seul capable encore de poser les vraies questions. Sommes-nous trop vieux ? Sommes-nous trop riches ? Sommes-nous mille fois trop gavés ? C’est bien possible. Mais il n’existe aucune autre voie.

14 réflexions sur « Élections poils au menton »

  1. Merci Fabrice, un soulagement à vous lire de trouver écrit ce qu’on pense silencieusement. Car avec qui en parler? Voilà quelques années maintenant que je lis ce blog. Existe t il une communauté Planète sans visa? Les idées des personnes qui y écrivent convergent elles? Avons nous vraiment le même sentiment (et je voudrais pourvoir écrire ce mot en italique)? Et puis, communiquer derrière ces écrans, quelle plaie. Combien sommes nous, au diapason, clairvoyants à des degrés divers sans doute, mais isolé ?

    1. Je crois qu’il y a des gens du monde entier qui lisent ce blog (Fabrice a peut-être des statistiques), et si nous sommes tous Francophones bien sûr, Francophiles probablement, je ne suis pas sûr que nous soyons tous Français. Qu’est-ce que ça veut dire être écologiste, de droite, de gauche, en France, en Inde, en Russie, au Brésil, en Iran ou au Nigeria ? Dans les rapports économiques et sociaux dans lesquels nous vivons, travaillons, pensons, aimons ? C’est forcément très différent. Mais c’est remarquable que Fabrice a trouvé une parole qui soit réellement « sans visa », mais en même temps dénuée de condescendance, cette plaie qui prolifère en Occident. Moi ce blog me donne des raisons d’avoir confiance en ce que je fais, de travailler avec confiance. C’est beaucoup.

  2. La question dont aucun media-à-la-con ne parle c’est de quelles bases aériennes vont décoller les F-16 et Mirages pilotés par des Ukrainiens et équipés de bombes Françaises, Anglaises, Allemandes et Américaines ? Les Américains feront tout pour qu’ils décollent de bases aériennes nationales, et en aucun cas d’une des 31 bases militaires Américaines en Europe. 31 bases = 31 ou 62 « kinzhals »… Les centres de commandement de Gladio pourraient tous disparaître en une seule journée. Lorsqu’on voit les liens historiques et encore vivants de Gladio avec le Nazisme et les extrême-droites Européennes, ont doit s’inquiéter de l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite en France. Les Russes ne comprennent pas la politique. Ils croyaient en 1941 que l’Allemagne ne les attaquerait pas, car c’était suicidaire pour elle. Mais c’était nécessaire pour la Standard Oil et la Chase Bank. Le fascisme étant « l’alliance de l’état et du capitalisme » selon Mussolini qui savait de quoi il parlait, on voit bien qui pousse à la guerre aujourd’hui et qui sont les idiots utiles d’extrême-droite qui se portent volontaires pour la faire, en Ukraine et en Palestine.

  3. Mais à quoi ça sert, ces commentaires de 1km? Chacun semble vouloir rivaliser de clairvoyance et d’érudition sur le monde. Et alors? A quoi sert ce blog sinon peut-être à se reconnaître dans des idées, à sortir de l’isolement ?

  4. La tâche de fond c’est la dépossession de l’état et de toute forme d’autorité. Cela peut sembler dangereux à ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas comprendre la nature de l’état et des autorités, car ils sont incapables d’imaginer autre chose qu’un jeu à somme nulle, un transfert de pouvoir d’un point A à un point B. Mais la liberté opère une véritable destruction du pouvoir, pas un transfert. On peut renverser les termes exacts de Klaus Schwab et du WEF, « Personne ne sera en sécurité tant que tout le monde ne sera pas vacciné », de la manière suivante : « Seulement lorsque tout le monde sera libre, pourras-tu être en sécurité ». Cela correspond à l’expérience de toute personne regardant en arrière, les événements de sa vie. C’est fondamentalement la position des médecins qui ont choisi de soigner et sauver la vie de leurs patients durant le covid, au lieu d’obéir aux autorités qui demandaient de ne rien faire « en attendant les vaccins », et d’achever très rapidement les gens gravement malades qui se sont retrouvés à l’hopital -volontairement ou non- avec la ventilation mécanique invasive sous sédation.

    Mais la question de l’autorité est complexe car nous ne pouvons pas nous en passer. C’est une grande leçon de la guerre de Syrie, lorsque les gens ont compris qu’il valait mieux un gouvernement, même incompétent et corrompu, que de devenir les esclaves et les boucliers humains des mercenaires de l’OTAN sous drapeau « islamiste » d’opérette.

    Donc on en vient à des actions extrêmement pratiques que chacun peut faire dans la vie professionnelle et privée : A chaque fois qu’il y a un choix entre une action officiellement certifiée d’une part, et une action non reconnue, non certifiée et dont nous devons par conséquent endosser l’entière responsabilité, préférer cette dernière.

    Chacune de ces actions vide l’autorité de sa substance, d’une manière qu’elle est incapable de percevoir sauf quand c’est trop tard.

    Ces actions libres, comme toute action, ne peuvent pas être entièrement individuelles. Mais elles exigent une responsabilité entièrement individuelle.

    Nous devons nous aider les-uns-les-autres à faire ce genre d’action. Toute relation de confiance et de respect mutuel construite de cette manière, littéralement vide l’autorité de sa substance. Il s’agit véritablement d’une destruction et pas d’un transfert d’autorité. C’est de l’alchimie, ça doit être fait consciemment, délibérément.

    La relation avec la nature est évidente : C’est une relation qui échappe à toute forme d’autorité. Cultiver un lien personnel et actif avec la nature, que ce soit soigner des arbres, un ruisseau, s’occuper des animaux sans les empoisonner ou préserver une tradition artisanale respectueuse des gens et de la nature, ou développer une médecine qui comprend que le corps humain mérite le même respect que toute la nature, c’est aussi détruire l’autorité.

  5. Je cité l’auteur de ce blog dans son ouvrage « Qui a tué l’écologie », LLL, 2009: « …ils suggèrent de discuter le bout de gras autour d’une table, comme si nous disposions de dix mille ans pour changer. » P. 130. Et: « la cohésion sociale du groupe est assurée pour les siècles des siècles, car aucun ouvrier, aucun paysan, aucun artisan ne figure parmi ses membres » p. 127. Et: « …tous ces mots on été abondamment écrits depuis des decennies. » P. 126. Planète sans visa ne serait-il pas en train de ressembler peu à peu à ce que disent ces phrases?

  6. Je lis le blog de Fabrice Nicolino pour m’informer. Je découvre des gens, des faits qui ne sont, parfois, nulle part ailleurs. Je lis aussi ses livres, dont je cite parfois des passages dans mes conférences pour les étudiants et architectes. J’aime aussi beaucoup les commentaires, qui me font souvent découvrir des choses inconnues. Même (et surtout, d’ailleurs) lorsque je ne suis pas d’accord. Ca me force à réfléchir, à clarifier, et il y a plusieurs sujets sur lesquels j’ai changé d’avis depuis 2007, et Planète sans visa a été une partie de mon auto-éducation. Se renseigner, lire ce qu’on a la chance de rencontrer, ce n’est pas de l’érudition, ce n’est même pas un devoir de citoyen, c’est un respect élémentaire qu’on doit à soi-même et à ceux qu’on aime. (Qu’on aime ou pas, d’ailleurs. Qu’on doit à tous). J’attends souvent le prochain billet de Fabrice avec impatience, et je suis inquiet lorsqu’il reste longtemps silencieux. Et parfois je parle de ce que j’apprends ici, avec ma famille, mes amis et mes collègues.

  7. Comme en Italie, où Meloni après avoir longtemps émis des bruits un peu flous sur l’Union Européenne, s’est révélée être une « Mario Draghi au carré », comme en Ukraine,
    ou Zélenski a longtemps laissé planer l’espoir de la paix au Donbass, Bardella sera un « Macron au carré ». Il ne tirera plus sur les manifestants avec des balles en plastique. Ce seront des balles en acier. Et les patrons de Macron et Bardella ne seront pas mécontents de pouvoir ainsi mettre les points sur les i. La guerre a déjà son chassis, son carburant et son moteur, il lui manque encore un ou deux acteurs pour prendre le volant. Peut-être un seul. Un Français, pays de Jaurès, Simone Weil et De Gaulle, serait « idéal » pour ceux qui travaillent jour et nuit sur le châssis, le carburant et le moteur.

  8. Merci Fabrice de nous transmettre envers et contre tout l’énergie de l’indignation. Je n’étais pas retourné depuis un bon bout de temps sur ton blog (pardonne-moi, je suis comme Prévert, « ne m’en veux pas si je te tutoie, Je dis tu à tous ceux que j’aime
    Même si je ne les ai vus qu’une seule fois ») ; c’est en revenant en vélo ce matin, de Paris vers ma banlieue, que la vision de coquelicots m’a rappelé ta présence chaleureuse. J’en faisais partie, quelques rassemblements devant des mairies, et puis le mépris et le silence, toutes ces signatures à mettre à la poubelle. Je me rappelle d’un colloque un soir d’intense canicule sur Paris, dans une salle surchauffée où vous aviez pris la parole, tes amis et toi…
    Le soir j’ouvre la fenêtre de ma cuisine et j’entends encore le chant des oiseaux -pour combien de temps ? Je n’ai pas leur sagesse, j’ai appris à me taire. Je vois d’autres oiseaux dans le ciel, chargés de touristes, longs panaches de fumée déchirant le ciel ; même mes proches, non dénués de conscience politique, partent à l’autre bout du monde. Cette ignorance -je ne parle pas de celle d’un livre que l’on n’aurait pas encore lu, mais de l’ignorance volontaire- a eu raison de mon courage.
    Merci d’exister , »envers et contre tout ».

    1. C’est très beau, cette idée de l’ignorance « du livre qu’on a pas encore lu » ! Ca donne envie de vivre, de se battre !

      Le covid a été une grande découverte pour moi, m’a aidé à lier entre elles des idées qui attendaient de l’être, depuis des dizaines d’années.

      Paradoxalement, la découverte de la gravité de la situation m’a donné plus de confiance, et constater un fait de base : La nature nous aime.

      https://media-et-terrorisme.blogspot.com/2023/07/ce-que-le-covid-ma-appris-sur-lecologie.html

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