Aimez-vous les crachats ?

Encore LUI ? Pas de ma faute. Sarkozy est un cas. Vous savez aussi bien que moi ce qu’il vient de déclarer à New-York, depuis la tribune de l’ONU. Il est prêt en notre nom à vendre du nucléaire à qui aura assez de dollars pour l’obtenir. Tout le monde en aura. Tout le monde, du moins, pourra faire gonfler le chiffre d’affaires d’Areva, dirigée – tiens – par une ancienne collaboratrice de Mitterrand.

Tout le monde. Charles Taylor, s’il était encore au pouvoir au Liberia, y aurait droit. Dans ce pays radieux, du temps où cet excellent Charles régnait sur les ruines, on arrêtait les gens sur les routes, et on les tuait sans autre forme de procès. Pour rire, quoi. Dans la Sierra Leone voisine, chez le grand ami de Taylor Sam Bockarie, on avait inventé un jeu original : « manches longues » ou « manches courtes » ? Il ne fallait pas se tromper. Celui qui disait « manches courtes » se voyait couper le bras à hauteur de l’épaule. Celui qui préférait les manches longues conservait un moignon, jusqu’au coude.

Bien entendu, il serait resté un problème. Comment ces gens-là auraient-ils payé notre bel atome « civil » ? Eh bien pas d’inquiétude pour Areva : Taylor et Bockarie avaient des diamants plein les poches. Et Sarkozy est assez pragmatique pour comprendre qu’on prend ce qu’on trouve. La France éternelle aurait troqué. Et voilà.

Tout le monde. Les satrapes. Les cinglés. Les assassins. Les monstres de Bosch. Les Inquisiteurs. Les ayatollahs. Les djihadistes. Les staliniens. Les hyènes et les chacals. Tout le monde, doté par Son Altesse Sérénissime Sarkozy de réacteurs made in France. Lisez, si vous n’êtes pas en train e vomir, les propos de notre président. Cet homme ignorant et inculte croit ce qu’il dit, cela ne fait aucun doute.

Or donc, pour lui, le nucléaire pour tous, c’est de la croissance « propre », et un moyen sûr de lutter contre le réchauffement climatique. Si. Il le croit. Cet homme crache au visage des martyrs de Tchernobyl. Et au-delà, de tous ceux qui, en France et dans le monde, croient encore pouvoir sauver ce qui reste de vie sur terre. Lui, il s’en fout, car il est heureux. D’être là, à la tribune. Sur la photo. Avec Christian Clavier ou Johnny. Eh, les gars du Grenelle de l’Environnement, pas de regrets ?

Par ailleurs, ce matin, je suis en deuil. André Gorz, et Dorine son épouse chérie, se sont donné la mort. Je les comprends sans peine. Gorz ne pouvait vivre sans elle. Elle était malade. Ils sont donc partis ensemble. Comme je comprends ! Mais Gorz était par ailleurs un puissant intellectuel. Raffiné, pénétrant, écologiste de surcroît. Je reparlerai de lui. En attendant, je le pleure.

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