Je ne peux pas en dire plus (sur le gouvernement)

Ce qui suit n’est pas une action publicitaire, mais une explication. Je dois rendre à Charlie-Hebdo – à paraître, donc – un papier sur les écolos, le gouvernement, et la nouvelle ministresse de l’Écologie, madame Nicole Bricq. Je ne peux par conséquent m’étendre ici, j’espère qu’on me comprendra. Je tiens tout de même à préciser qu’à mes yeux, les vieux renards socialos ont tendu un piège à plusieurs détentes, dont j’aurai l’occasion de reparler, c’est l’évidence.

Concernant madame Bricq, aussi écologiste que ma voisine de palier – que vous ne connaissez pas, hélas pour vous -, deux ou trois mots. Elle a fait toute sa carrière au parti socialiste depuis qu’elle y est entrée en 1972. Elle avait alors 25 ans, et elle était chevènementiste. Je ne peux raconter, faute de temps, ce que le Ceres (Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste) – le courant d’alors de Chevènement – aura apporté à la France et au monde. On peut s’en faire une idée à distance. Ce fut grand. Madame Bricq a dirigé la fédération socialiste de Paris pour le compte de Chevènement entre 1981 et 1983. Elle n’a quitté le grand homme, après avoir été sa conseillère quand il était ministre de la Défense, qu’à l’extrême fin de 1990. Au moment où Chevènement démissionnait de son poste pour cause de guerre du Golfe.

Évidemment, il me faut rappeler que Chevènement a toujours été l’ennemi – je dis bien : l’ennemi – de l’écologie. Partisan de l’industrie lourde et du nucléaire, patriotard comme on n’en fait plus, chantre du progrès et de la technoscience, il n’a pas toujours fait rire. Madame Bricq a ensuite fait partie du courant Démocratie et Socialisme, celui de DSK, lui aussi grand partisan – et d’ailleurs lobbyiste appointé par EDF – du nucléaire. Je n’insiste pas sur le reste. Madame Bricq a quitté le courant DSK quand ce dernier est parti diriger le FMI en 2007. Y serait-elle encore si DSK était resté à Paris ? On ne le saura pas. Ensuite, elle rejoint Hollande. En 2009.

A-t-elle eu un mot pour la nature, la biodiversité, le massacre des forêts tropicales et des mers ? A-t-elle seulement évoqué la tragédie biblique du dérèglement climatique ? À ma connaissance, non. Tout indique donc que le ministère de l’Écologie et de l’Énergie est en de bonnes mains. D’ailleurs, les écologistes officiels, de France Nature Environnement (FNE) au WWF, sont ravis. Un signe qui ne trompe pas.

25 réflexions sur « Je ne peux pas en dire plus (sur le gouvernement) »

  1. Ils ont bâillonné Cécile Duflot en la nommant Ministre de l’Égalité des territoires et du Logement.

    Dommage.

  2. @ lionel

    pfff….Cécile Duflot n’est pas une écologiste, c’est un transfuge du PS, une arriviste que sa pulsion de pouvoir a fait aller là où elle avait l’intuition qu’elle pourrait être assouvie….Intuition juste !
    Hollande a enterré l’écologie politique….C’était couru d’avance !
    A nous de continuer individuellement et parallèlement à oeuvrer dans les marges.

    Merci Fabrice pour vos analyses, justes et éclairantes qui sont un soutien de poids en cette période morose pour l’écologie politique.

    Orian

  3. @ Lionel;
    « Ils » ont bâillonné Cécile Duflot !
    Et bien tant mieux, on n’entendra plus sa voix de crécelle insuportable !
    Un personnage arriviste, s’il en est !

  4. Eh bien moi je l’aime bien.

    C’est la plus pertinente que j’aie entendu s’exprimer dans les média concernant l’écologie et c’est la seule qui voulait remettre en question la durée du temps de travail pour le diminuer à 30 ou 32 heures hebdo. (et Y.Cochet 28 h).

    Après, les institutions sont les institutions qui correspondent à notre forme de vie travailliste capitaliste-marchande, on ne peut pas attendre grand chose, je suis d’accord.

    Mais c’est le sujet du billet donc je dis mon avis : c’est la plus radicale en ce qu’elle critique la racine des tous nos maux : le travail, c’est tout.

  5. A Lionel,

    « Ils ont bâillonné Cécile Duflot … Dommage. »

    Je suppose que c’est une boutade.
    Si seulement Cécile Duflot pouvait avoir autant d’ambition pour l’écologie que pour sa personne ….

  6. Baillonnée, Cécile Duflot? Ma foi, elle était consentante je suppose. J’imagine pas qu’ils l’ont nommée contre son gré. J’imagine même le contraire, qu’elle l’a voulu, demandé, exigé son strapontin.

  7. Bricq, Duflot, c’est les mêmes que Voynet sous Jospin … on les met dans la vitrine, si possible juste avant les législatives, et on leur glisse à l’oreille  » si tu veux durer, tu baisses le son, ou mieux tu fermes ta gueule … »

    De toutes façons, pour Duflot, Placé et tous les petits chefs écolos encartés, le pb. n’est la planète, encore moins la disparition de la biodiversité ou la pollution définitive de l’eau douce, mais uniquement de s’inscrire dans le système tout en laissant croire aux pauvres adhérents, eux par contre sincères, qu’ils vont changer les choses.

    Il n’y a que 2 moyens pour sauver cette planète:

    1/ convaincre, avec beaucoup d’amour, les milliards de petits travailleurs des systèmes capitalistes qui n’ont comme perspective de survie que la Bourse qu’ils considèrent comme leur caisse de retraite, qu’on peut se contenter de peu en respectant les hommes, la nature et ses lois,

    2/ enfin refuser la fuite dans le soi-disant progrès, qui n’est qu’une illusion d’optique, et la source de tous nos maux.

    Pour faire encore plus simple:

    1/ comme en Inde, ou en Chine, la tenue Mao ou saris pour tous,( le vêtements dont la fonction première est de protèger le corps…), un accès gratuit (financé par les Etats) à la nourriture, au logement et à la culture, et un objectif commun à toute l’humanité: préserver cette planète pour que les générations à venir puissent y vivre.

    2/ Pour arriver à cela: convaincre les peuples que seule une révolution pacifique et non-violente de tous les travailleurs nous conduira vers la survie.

    Je sais, c’est pas gagné.

  8. Bonsoir,

    Merci.

    Y aura t’il autant d’empressement pour le respect de la vie que pour un bon poste?

    Bien a vous,

  9. encadrer les loyers une façon démagogique de se faire mousser?! car les petits propriétaires sont toujours les boucs émissaires de ces politiques: mal vu de ceux qui n’ont rien et pas assez organisés pour se faire entendre; à part cela bien bien bien fiscalisés : le petit immobilier : comme la voiture : une bonne vache à lait et un sujet fédérateur: tout le monde peut leur « taper » dessus.

  10. Duflot n’est pas une écologiste,just verdâtre consommedurable et le PS,ses ambitions ont fait capoté EELV et la présidentielle avec Joly,son débinage systematique de Joly avec les tenors des verts,minable,alors Caffin est mieux,le reste les com’s des verdatres durables,………………….

  11. Merci pour ce rappel bibliographique Fabrice car ce que l’on rapporte dans la presse (en général) sur Mme. Bricq ne permet pas de se faire une idée de qui elle est.
    Ce qui me paraît également assez clair, c’est qu’il n’y a aucune volonté de faire de l’environnement une priorité nationale. Fini le super ministère transversal et surtout fini le choix d’une personnalité de premier rang pour l’incarner. De plus la distribution de hochets ministériels et de strapontins parlementaires aux Verts va certainement permettre de livrer une pleine cargaison de couleuvres dès le début de la session parlementaire.
    Il faut en particulier suivre le débat sur le renforcement des peines applicables en cas d’intrusion dans les centrales nucléaires réclamé par EDF.

  12. Coucou,

    Ai je dit une bêtise?
    Plus partie de la « maison »?
    Snif … 🙂

    LBL le 18 mai 2012
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    Bonsoir,

    Merci.

    Y aura t’il autant d’empressement pour le respect de la vie que pour un bon poste?

    Bien a vous,

  13. La biodiversité ‘ la vie’ a du souci a se faire.
    Mais je rassure la ministre dit de l’écologie, les vrais associations de protection de la nature ne lacherron pas les dossiers en cours.Chasse, G-prédateurs,…

  14. Fabrice,

    Plus j’en apprends sur le passé de Mme Bricq, plus j’ai envie de savoir ce que ta voisine de palier peut nous dire sur l’écologie… 😉

  15. A Lionel,

    Vous dites « c’est la plus radicale en ce qu’elle critique la racine des tous nos maux : le travail, c’est tout. ». Ca me fait sursauter, et pas seulement que parce-que vous défendez Mme Duflot.
    Je suis choqué par ce genre de propos qui assimile l’écologie à la culture du moindre effort. Le parti écologiste, outre tout un tas de défauts largement explicités ici, a un discours foncièrement malhonnête consistant à faire croire qu’on va réussir à continuer à exister à 7 milliards d’individus et plus en gardant intact notre niveau de vie et en se tournant les pouces.
    La mise en œuvre d’activités à la fois respectueuses du vivant, faiblement consommatrices d’énergie et peu polluantes passe inévitablement par beaucoup de travail, intellectuel et manuel. Le travail manuel (évidemement pas de production industrielle) artisanal, agricole, utilisant peu d’énergie et de matière est la seule voie possible pour diminuer les ravages causés à la nature. Il s’agit de travail difficile, certainement bien plus que 32 h par semaine, il ne faut pas se mentir, mais bien plus supportable et valorisant que celui que nous impose la société industrielle. Le travail intellectuel pour d’une part refonder nos postulats sur la manière d’exister et de gérer, pour d’autre part être intelligents et économes dans la façon de faire, de coopérer, de partager, de communiquer, de soigner.
    Outre le rentier, un des modes de vie les plus « sobres » en termes de travail est le chasseur-cueilleur. Le premier est éthiquement impossible, le second est condamné par le ratio ressources/population. Reste à travailler, sereinement, solidairement, pour un modeste salaire, mais un bénéfice global. Utopie ou calamité ?

  16. @Daniel,

    Entre nous, je pense qu’il vaut défendre Cécile Duflot que le travail.

    Je ne suis pas écologiste, je suis contre le capitalisme.

    Il se trouve que c’est le capitalisme la racine de la crise multidimensionnelle qui nous secoue (dont la crise écologique).

    Mais là où nous divergeons c’est que pour vous le capitalisme c’est les banquiers, les industriels, les traders, les hommes politiques et qu’il existerait un bon travail des gens honnêtes, le bon capital productif (agricole, artisanal, auto-géré, de PME, d’Ardelaine ou autre).

    Avec une telle analyse, pourtant partagée par le plus grand nombre à gauche, on est condamné à toujours la même chose, un anti-capitalisme tronqué, fenêtre grande ouverte open-view sur le mur de l’alter-capitalisme.

    Je soutiens, avec d’autres, que le capitalisme est une totalité aliénée dépassant l’individu et ses choix ou les groupes sociaux. (Vous savez ces abstractions qui ne mène qu’à désigner des boucs-émissaires).

    Il n’est analysable qu’à partir de la forme des rapports sociaux qu’entretiennent les individus sous le capitalisme.

    Les catégories de base du capital, historiquement et socialement constituées, sont le travail, la valeur, la marchandise, l’argent et l’État.

    Le travail est un rapport social automédiatisant ; il est la forme générale de l’activité humaine sous le capitalisme, consistant à produire des marchandises qui ne nous sont pas destinées et avec lesquelles nous allons nous rapporter les uns aux autres en les échangeant contre le l’argent. -Ça paraît évident tellement on en est imbibé pourtant c’est le nerf !-

    Je vous dispense le détour pourtant essentiel sur le double caractère du travail sous le capitalisme (sa face concrète et sa face abstraite -comme simple dépense d’énergie, de temps permettant de rendre les choses commensurables-, tout comme la forme-marchandise et ses deux faces, dont la face abstraite est la valeur, véritable fétiche social d’aliénation collective, et la face concrète la valeur d’usage.

    C’est l’ensemble de la société qui est soumise à ses propres lois abstraites et impersonnelles, nous produisons le capital par nos milliards d’action collectives de travail, tout comme ses catégories de base, et en retour il nous domine et détruit tout sur son passage : la nature dont l’homme.

    Sans théoriser tout cela, le moyen le plus court de rompre ces fétichismes du travail et de la marchandise est de travailler beaucoup moins pour trouver d’autres formes de cohésion sociales que le travail et la marchandise.

    C’est sur ce point que je rejoins Cécile Duflot. (comme moins pire).

    Après c’est sûr que les gens qui font de la politique sont ambitieux, sinon ils ne seraient pas là.
    Si on attend qu’un abstenso élise un autre abstenso on en sortira pas.

  17. A Lionel,

    Il ne me semble pas avoir défendu le capitalisme, évidemment pas défendable, pas plus que son alter ego collectiviste qui a prouvé une capacité équivalente de nuisance partout où il a été mis en œuvre.
    Je me place seulement sur un plan très pragmatique : vivre, manger et se loger en marquant la nature le moins possible de notre empreinte, ne se fera que par, j’insiste, un travail employant peu de moyens techniques. Par travail, j’entends la réalisation de tâches pour assurer subsistance, éducation, culture. C’est incompatible avec la facilité et le moindre effort.
    Mes grands-parents furent de petits paysans dont l’empreinte écologique a été extrêmement modérée. C’est avant tout à leur travail soutenu et leur ingéniosité qu’ils ont dû de mener une existence décente mais modeste. On ne peut ni les ranger dans le clan des capitalistes ni les taxer d’avoir alimenté les circuits de la consommation.
    Les « solutions locales », en accord avec la nature, ne peuvent être mises en œuvre que par le travail manuel, intellectuel, pédagogique d’une part, par la sobriété et la solidarité d’autre part. C’est à ce prix que l’on peut héberger sur cette planète sainement et à peu près équitablement plus de 7 milliards d’humains.
    Quand vous parlez de «… travailler beaucoup moins pour trouver d’autres formes de cohésion sociale… », je vous encourage si ça n’est déjà fait à quantifier une partie du « beaucoup moins » en tentant de cultiver naturellement et manuellement suffisamment grand et longtemps pour assurer une quantité minimale de nourriture au quotidien à une famille de 4 personnes, par exemple.
    Mais je vous rejoins si on parle du « travail-carburant » de la machine industrielle productiviste accro à la croissance, contre laquelle EE-LV ne s’élève pas plus que les autres partis.

  18. Daniel,
    Vous ne me comprenez pas, et la tendance à vouloir naturaliser le travail dans l’histoire est tenace et chez la plupart des gens, même de historiens ou des sociologues.

    Le travail dont je parle est le travail pour un salaire contre la production de marchandise, quand cette activité productive de marchandises dépasse la moitié du temps d’activité, est dominante.

    Vous écrivez :
    « Il s’agit de travail difficile, certainement bien plus que 32 h par semaine, il ne faut pas se mentir, mais bien plus supportable et valorisant que celui que nous impose la société industrielle »

    J’ai laissé passer ça hier soir car c’était tard et je voulais me concentrer uniquement sur le côté critique de la société capitaliste (au sens marxien – critique de la valeur) en rupture avec le (et au-delà du) marxisme traditionnel qui fait tout pour réaménager la cage-travail, se satisfaire d’un capitalisme pour tous.

    Je suis désolé mais je ne suis pas d’accord là non plus.

    On se demande qui veut garder notre mode de vie pour travailler autant ?

    Nombre de société précapitalistes (néolithique mais aussi du Moyen-Age où un jour sur 3 était chômé, l’hiver (1)) ou non capitalistes n’ont qu’en moyenne 2 heures par jour / 20 h par semaine d’activité (et non travail, à un moment faudra être clair, l’économie et le travail sont des inventions historiques) productive non contrainte pour assurer les conditions d’existence.

    (1) cf Serge Latouche qui dit que vu les gains de productivité, on pourrait se satisfaire de 12 h par semaine.

  19. Erratum :
    Je tiens à modifier ce passage de mon commentaire précédent.
     »
    Nombre de sociétés précapitalistes (néolithique mais aussi du Moyen-Age où un jour sur 3 était chômé, ainsi que l’hiver où l’activité diminuait grandement ) ou non capitalistes n’ont qu’en moyenne 2-3 heures par jour / 20 h par semaine d’activité (et non travail, à un moment faudra être clair, l’économie et le travail sont des inventions historiques) productive non contrainte pour assurer les conditions d’existence. »

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