Je n’ai guère de temps ce 11 décembre, pardonnez. Juste un mot sur Lafarge, puissant groupe français de matériaux de construction (plâtre, béton, ciment). Cette entreprise a au moins deux particularités : elle est traditionnellement dirigée par un catholique, elle est « écolo ».
J’ai eu l’occasion de rencontrer l’ancien PDG, Bertrand Collomb. Il était, il est probablement resté un catholique fervent. Et un partisan déclaré du « développement durable ». Sur ce point, j’émets quelques réserves, car j’ai pu discuter avec lui sur le sujet, et la chose flagrante, c’est qu’il en ignorait tout. Le développement durable, pour lui, c’était avant toute chose un développement appelé à durer. Éternellement, de préférence.
Il y a quelques années, j’ai lu avec passion un livre qui le mérite, Chronique d’une alliance, de l’Écossais Alastair McIntosh (paru chez Yves Michel). McIntosh y relate un combat fabuleux mené sur une île d’Écosse, Harris, pour empêcher l’ouverture d’une vaste carrière. La lutte, homérique, semble perdue à l’avance. Mais Alastair parvient à rassembler – c’est une clé d’or, croyez-moi – les considérations écologiques et la culture profonde des habitants du cru. Et il gagne, après être passé près du gouffre plus d’une fois (http://www.alastair).
L’adversaire des îliens, le monstre protéiforme qui veut tant dévorer l’espace porte un nom : Lafarge Redland Agregate. Une filiale, comme vous vous doutez. Autrement dit, il y a loin de la coupe aux lèvres. Et loin – si loin, vraiment ? – des coquettes subventions accordées par Lafarge au WWF à un comportement réellement écologique et responsable.
Je lisais hier une information qui risque de passer inaperçue, ce qui serait dommage. Lafarge, jusqu’ici numéro deux mondial de son secteur, (re)devient le numéro 1. Voyez comme la France gagne, de temps à autre. Oui, mais Lafarge doit ce bond en avant à un rachat, plutôt préoccupant. Car la transnationale d’origine française, catho et presque « écolo », vient de payer 6 milliards d’euros pour s’emparer du groupe égyptien Orascom Construction. Devinez donc où, comment, pourquoi le ciment va se mettre à couler.
Dubaï, Abu Dhabi, l’Arabie Saoudite, qui ne savent quoi faire de l’argent du pétrole – selon moi un bien mondial commun et inaliénable -, vont le claquer. Dans des palais, dans des routes traversant le désert, dans des quartiers neufs et déjà craquelés par l’infernal soleil de là-bas. À elle seule, l’Arabie saoudite prévoit de bâtir six villes nouvelles de 1 à 3 millions d’habitants chaque.
Lafarge prend pied dans ces Eldorados du ciment que sont le Proche et le Moyen-Orient. L’Égypte, qui vit sous perfusion, et dont la situation écologique – la seule qui vale sur le long terme -, est apocalyptique, l’Égypte elle aussi va donc cracher du ciment Lafarge sur les ruines du Caire. Si je parle de ruines, c’est parce que cette ville est défunte, comme le delta du Nil qui fut son immense richesse. Oui, le ciment Lafarge, durable ô combien !, va recouvrir un peu plus les plaies ouvertes de notre si petite planète. Si c’est une bonne nouvelle, expliquez-moi pourquoi.
Edifiant, sinon tu ne pourrais pas causer dans le poste? Préparer et proposer une émission ou participer dans une, qui traite un peu de tout celà, car des infos comme çà, çà mérite une grande… diffusion.
Il faudra quand même m’expliquer comment WWF peut justifier la caution environnementale qu’ils apportent à Lafarge…
Il y a beaucoup à rigoler ou à pleurer, c’est selon, si l’on creuse le partenariat Carrefour / WWF. Un exemple, parmi tant d’autre, Carrefour annonce l’année dernière l’arrêt de la commercialisation de teck et de keruing dans ses magasins. Super! Mais en creusant un peu on voit que cela ne concerne que les magasins en France et en Belgique, les marchés dit écosensibles! Carrefour a gardé ses usines au Vietnam et continue de commercialiser du teck et du keruing sur les marchés moins écosensibles (reste du monde)…
Ca n’empêche pas le panda de claironner haut et fort que Carrefour protège les forêts: http://www.carrefour.fr/etmoi/developpement_durable/avec_wwf/#construire
je peux non seulement confirmer l’aspect catho mais même afformer que certains directeur (membre de l’opus dei) ont des méthodes de management on ne peut plus inquiétantes….