Charlie Hebdo et le racisme

Comme certains d’entre vous finissent par le savoir, je signe des papiers dans Charlie Hebdo. Pour des raisons qu’on comprendra vite, j’ai signé la tribune qui suit, parue dans Le Monde daté 21 novembre 2013.

Non, « Charlie Hebdo » n’est pas raciste !

LE MONDE | |

Charb (Directeur de publication « Charlie Hebdo ») et Fabrice Nicolino (Journaliste

Le dessinateur Charb, dans les locaux de Charlie Hebdo, en septembre 2012.

Charlie, notre Charlie Hebdo a mal aux tripes et au cœur. Car voilà qu’une incroyable calomnie circule dans des cercles de plus en plus larges, qui nous est rapportée chaque jour. Charlie Hebdo serait devenu une feuille raciste.

Un jour, un chauffeur de taxi arabe exige de l’un des collaborateurs du journal, reconnu par lui, qu’il descende aussitôt, au motif de dessins moquant la religion musulmane. Un autre jour, un éditeur connu nous refuse un entretien pour la raison qu’il « ne parle pas à un journal de gros racistes ». Et, quand le crapuleux Minute s’en prend de la manière que l’on sait à Christiane Taubira, il se trouve des imbéciles, jusque dans les télévisions, pour accoler des couvertures de notre journal à celles de ce torchon raciste.

PROCÈS EN SORCELLERIE

Mais où est passée la conscience morale, si toutes les vilenies deviennent à ce point ordinaires ? Nous avons presque honte de rappeler que l’antiracisme et la passion de l’égalité entre tous les humains sont et resteront le pacte fondateur de Charlie Hebdo.

Bien entendu, le procès en sorcellerie que tant d’esprits faibles nous font ne peut être mené qu’en secret, loin de la lumière, en l’absence de toute défense. Car la lecture de notre journal est la preuve définitive de ce que nous affirmons ici. Ceux qui osent dire le contraire ne nous lisent pas, et se contentent de se délecter d’une abominable rumeur.

Pour les autres, qui respectent encore des valeurs élémentaires, voici en quelques phrases notre histoire. Créé après l’interdiction d’Hara Kiri hebdo par le ridicule pouvoir gaulliste de 1970, Charlie Hebdo est fils de Mai 68, de la liberté, de l’insolence, et de personnalités aussi clairement situées que Cavanna, Cabu, Wolinski, Reiser, Gébé, Delfeil de Ton…

Qui oserait leur faire un procès rétrospectif ? Le Charlie Hebdo des années 1970 aura aidé à former  l’esprit critique d’une génération. En se moquant certes des pouvoirs et des puissants. En riant, et parfois à gorge déployée, des malheurs du monde, mais toujours, toujours, toujours en défendant la personne humaine et les valeurs universelles qui lui sont associées.

L’un des drames des calomniateurs, c’est que Cavanna, Cabu, Wolinski sont toujours là, fidèles au poste chaque semaine, sans avoir  jamais renié une once de leur passé. Contrairement à tant d’autres, qui ont eu le temps, en quarante années, de changer plusieurs fois de costume social, l’équipe de Charlie continue sur la même route.

Nous rions, nous critiquons, nous rêvons encore des mêmes choses. Ce n’est pas un secret : l’équipe actuelle se partage entre tenants de la gauche, de l’extrême gauche, de l’anarchie et de l’écologie. Tous ne votent pas, mais tous ont sablé le champagne quand a été battu en mai 2012.

NOUS AVONS CHOISI NOTRE CAMP

Aucun d’entre nous ne songerait à défendre la droite, que nous combattrons jusqu’au bout. Quant aux fascismes, quant au fascisme, nous considérons évidemment cette engeance comme un ennemi définitif, qui ne s’est d’ailleurs jamais privé de nous devant les tribunaux.

Ouvrez donc ce journal ! Jean-Yves Camus y suit avec la rigueur qu’on lui connaît l’activité des extrêmes droites. Laurent Léger dévoile les turpitudes des réseaux si étendus de la corruption. Bernard Maris décortique l’économie et le capitalisme comme aucun autre. Patrick Pelloux raconte avec douceur les horreurs des urgences hospitalières. Gérard Biard ferraille contre le sexisme et la pub. Zineb el Rhazoui critique – oui, et de belle manière – les insupportables manifestations de certain islamisme. Fabrice Nicolino regarde le monde en écologiste radical, mais humaniste. Sigolène Vinson détaille le quotidien absurde de tant de tribunaux. Luce Lapin défend avec une opiniâtreté sans borne les animaux, ces grands absents du débat. Antonio Fischetti raconte la science, les sciences avec drôlerie et impertinence. Philippe Lançon proclame chaque semaine la victoire de la littérature sur la télé. Et puis tous les autres ! Quant aux dessinateurs, qui ne connaît leur trait ?

De Charb à Riss, de Luz à Willem, de Riad Sattouf à Tignous, en passant par Honoré, Catherine et bien sûr Wolin et Cabu, ils font rire chaque semaine ceux qui n’ont pas renoncé à être libres.

Où seraient cachés les supposés racistes ? Nous n’avons pas peur d’avouer que nous sommes des militants antiracistes de toujours. Sans nécessairement avoir une carte, nous avons choisi dans ce domaine notre camp, et n’en changerons évidemment jamais. Si par extraordinaire – mais cela n’arrivera pas – un mot ou un dessin racistes venaient à être publiés dans notre hebdomadaire, nous le quitterions à l’instant, et avec fracas. Encore heureux !

Reste dans ces conditions à comprendre pourquoi. Pourquoi cette idée folle se répand-elle comme une maladie contagieuse ? Nous serions islamophobes, disent nos diffamateurs. Ce qui, dans la novlangue qui est la leur, signifie racisme. Où l’on voit combien la régression a gagné tant d’esprits.

La

NOUS CONTINUERONS, BIEN SÛRIl y a quarante ans, conspuer, exécrer, conchier même les religions était un parcours obligé. Qui entendait critiquer la marche du monde ne pouvait manquer de mettre en cause les si grands pouvoirs des principaux clergés. Mais à suivre certains, il est vrai de plus en plus nombreux, il faudrait aujourd’hui se taire.Passe encore que Charlie consacre tant de ses dessins de couverture aux papistes. Mais la religion musulmane, drapeau imposé à d’innombrables peuples de la planète, jusqu’en Indonésie, devrait, elle, être épargnée. Pourquoi diable ? Quel est le rapport, autre qu’idéologique, essentialiste au fond, entre le fait d’être arabe par exemple et l’appartenance à l’islam ?Nous refusons de nous cacher derrière notre petit doigt, et nous continuerons, bien sûr. Même si c’est moins facile qu’en 1970, nous continuerons à rire des curés, des rabbins et des imams, que cela plaise ou non. Nous sommes minoritaires ? Peut-être, mais fiers de nos traditions en tout cas. Et que ceux qui prétendent et prétendront demain que Charlie est raciste aient au moins le courage de le dire à voix haute, et sous leur nom. Nous saurons quoi leur répondre.>Toute la rédaction de Charlie Hebdo se joint aux auteurs de cette tribune.

Charb (Directeur de publication « Charlie Hebdo ») et Fabrice Nicolino (Journaliste)

59 réflexions sur « Charlie Hebdo et le racisme »

  1. Que Charlie Hebdo doivent se livrer à telle explication de texte est plus qu’affligeant et en dit long sur le degré de débilité de notre époque… Castoriadis l’avait bien dit : « la montée de l’insignifiance » et… « nous vivons une basse époque »…

  2. Perso, je n’ai rien à dire sur la critique de l’islam. Ça entre dans la logique antireligieuse qui a toujours animé ce journal (qu’on songe à la Une « Bienvenue au Pape de merde ! »). Ce qui me dérange le plus avec Charlie, c’est cet espèce de déni pudique du personnage de Choron (que l’on peut découvrir en visionnant le documentaire « Choron dernière », et l’éviction, plus récente, de Siné.

    Derrière cette éviction, il y a aussi le personnage peu sympathique de Philippe Vals.

    Après, en tant que lecteur de province, j’ai l’impression que beaucoup de querelles qui ont explosées entre Charlie et le récent « Siné Hebdo » sont davantage des querelles d’égo que d’idéologie. Des espèces de luttes entre édioralistes-humoristes parisiens. Mais je dois me tromper… ça doit être un ressenti erroné.

  3. Bonjour à tous,
    Les deux sites que je fréquente le plus sont Planète sans visa et LMSI (http://lmsi.net). L’un et l’autre m’aident à apprendre à respecter la vie sous toutes ses formes, y compris humaine et entre autres la vie des humains croyants, dont je ne suis pas, et notamment des musulmans. Tout le monde ici connaît évidemment le premier site.
    Sur le second, la recherche «Charlie Hebdo» donne septante-trois articles, qui ne traitent pas tous spécifiquement de cette publication (il y est parfois seulement fait allusion). Beaucoup portent bien sûr sur le personnage contesté de Philippe Val et sur l’affaire Siné et ce n’est pas ceux qui nous intéressent directement ici. Beaucoup d’autres peuvent être utilement lus pour alimenter le débat. Celui-ci particulièrement me paraît poser de bonnes questions : http://lmsi.net/Censure-droit-au-blaspheme-et. Beaucoup d’autres sont à lire attentivement, si toutefois on n’est pas convaincu par avance. À noter que tous ces articles sont signés.

  4. Keizer,

    Et c’est censé prouver quoi ? Le dessin de Charb est une dénonciation des fascistes, explicitement surmonté de : Rassemblement bleu raciste. Qui est un détournement du fourbi Le Pen, Rassemblement bleu marine. Il est clair que vous avez envie, pour des raisons qui vous regardent, de croire à l’ignoble rumeur décrite dans la tribune. Il est tout aussi manifeste – et c’est bien votre droit – que vous ne lisez pas Charlie. Charb, avec qui je suis en profond désaccord politique, est proche du parti communiste – il dessine pour L’Huma – et de Mélenchon et a consacré des dizaines de papiers – car il écrit aussi – à pourfendre les racistes et les fascistes. Bah, je ne vous convaincrai pas, car rien ne peut s’opposer à ce qui a germé dans votre tête.

    Un dernier point. Coluche, que vous vénérez peut-être – qui sait ? – était adoré des beaufs racistes, au moins d’une bonne partie d’entre eux, qui le félicitaient de s’en prendre sans détour aux juifs, aux noirs et aux arabes. Ce que vous remettez en cause, c’est le principe même de l’humour, qui signifie notamment distance.

    Fabrice Nicolino

  5. Un extrait d’un texte de Monat Chollet qui a travaille dans ce canard;
    Quand il défend les Femen ou les dessinateurs de Charlie Hebdo, le religiophobe fait valoir qu’ils ne peuvent pas être racistes, puisqu’ils s’en prennent autant aux cathos ou aux orthodoxes qu’aux musulmans : CQFD. Inutile d’aller lui expliquer que les religions ne sont pas de simples systèmes métaphysiques flottant dans la stratosphère, et qu’elles sont indissociables des populations qui s’en réclament ou qu’on y associe, de la culture, de la politique, de l’histoire, des rapports de domination entre groupes sociaux. Inutile de lui expliquer que s’en prendre à l’islam, religion pratiquée par des gens qu’il connaît mal, dont les ancêtres ont été colonisés par ses propres ancêtres, et qui sont discriminés dans la société française, ce n’est pas exactement la même chose que de critiquer la religion catholique, depuis toujours liée au pouvoir en France, et dont il a pu expérimenter à ce titre la nocivité dans sa propre histoire (idem pour la religion orthodoxe en Ukraine, patrie des Femen).
    Voici le lien:http://www.peripheries.net/article335.html
    Apres lecture vous conviendrez que votre defense ne tient pas la route et Sebastien Fontenelle a tout a fait raison.Et si Charb pouvait verser la somme qu’il doit a Sine apres sa condamnation sa serait sympa!!!

  6. Encore d’autres extraits significatifs:
    A l’époque où je travaillais à Charlie Hebdo, autour de 2000, un dessinateur un peu plus malin que les autres m’avait un jour glissé : « Cette façon qu’on a de se moquer des Afghans parce qu’ils portent des chapeaux qui ressemblent à des galettes, ça fait quand même un peu les types qui ne sont jamais sortis de chez eux, non ? »
    Dans Charlie, récemment, Bernard Maris rendait hommage à Amina Sboui, la Femen tunisienne, et à l’ensemble des Femen, dont il saluait le « courage ». Est-il plus cocasse d’entendre Maris parler de courage ou de féminisme ? Mon cœur balance. Quoi qu’il en soit, son engagement tout neuf en faveur de la liberté des femmes semblait lui procurer une forte émotion politique au niveau de la braguette : « Montre tes seins, Amina, montre ton sexe (2)… » Ah, l’excitation d’embrasser une cause juste. C’est quand même trop sympa, ce truc de féminisme ; c’est à regretter de ne pas s’y être intéressé plus tôt. Il parlait aussi — et c’est là que le paravent craque sérieusement —, à propos des hommes dont Amina Sboui était censée susciter la fureur, de « cochons du désert », et écrivait : « Ton corps nu est d’une pureté absolue en face des djellabas et des niqabs répugnants. » (La djellaba, cet instrument bien connu d’oppression religieuse.)

  7. Je ne lis plus Charlie depuis environ septembre 2001. La couverture du journal suite aux actes terroristes du 11 septembre m’avait legerement gene, sans a l’epoque m’expliquer pourquoi. Avec le recul, il est clair que l’image du trader s’ecriant « vendez tout » devant l’avion se precipitant sur lui avec de feroces barbus dans le poste de pilotage, etait plus une repetition du discours du pouvoir qu’une illustration ou un commentaire de celui-ci. (Et il n’etait pas drole, d’ailleurs. Si quelqu’un a rit en le voyant, j’aimerais bien le rencontrer).

    Et reproduire les dessins Danois, notamment celui avec la bombe dans le turban, peut difficilement s’apparenter a de l’humour, encore moins avec de la distance.

    On peut rire de tout, oui, mais il y a la maniere. Rire AVEC les racistes et AVEC le pouvoir, ce n’est pas rire DES racistes et DU pouvoir. C’est meme le « contraire », si l’on peut dire.

    Je crois que Charlie a bel et bien flirte avec le racisme, a un moment donne. J’admet qu’il n’est pas facile de dresser les contours exacts, la limite. Tout est dans l’intention.

    Il est d’autant plus difficile d’en dresser les contours qu’aujourd’hui le racisme n’est plus guere une affaire de « beaufs » justement. C’est surtout (mais probablement depuis tres longtemps en fait, voire meme depuis toujours) une affaire d’esprits aiguises, cultives, et tres fins.

    Jacques Ranciere appelle cela le « racisme froid »:

    http://bougnoulosophe.blogspot.in/2010/09/le-racisme-populaire-nest-quun-mythe.html

    Il ne suffit pas de faire montre d’equilibre en insultant « a egalite » toutes les religions, c’est plus difficile que cela.

    L’humour a toujours ete contre le pouvoir. C’est probablement le critere de base. Il ne peut jamais etre avec le pouvoir. Si l’on decouvre un beau matin que le pouvoir ricane avec ce que l’on croyait etre irreverencieux, c’est qu’il faut se resaisir.

  8. J’aimerais placer mon commentaire non sous le signe de l’agressivité (internet en contient déjà trop) mais sous celui de la réflexion.

    Il me semble qu’il y a effectivement un problème avec Charlie. Et je ne veux pas parler du dessin de charb sur Taubira, mais plutôt des dessins passés sur l’Islam et de l’opinion -qui se répand- que Charlie est raciste. Je crois que le problème réside votre incapacité ou votre refus de faire une distinction entre deux sens du mot racisme.

    1- Vous êtes choqués d’être accusé de « racisme » et vous montez immédiatement sur vos grands chevaux de papier pour annoncer bien fort que : « non, vous n’êtes pas racistes ». De votre côté, le mot « racisme » signifie : une théorie de l’inégalité entre les races et la volonté de répandre cette « théorie ». Bref, c’est une croyance, quelque chose qui se trouve dans la tête des gens.

    2- Maintenant -attention deuxième sens du mot- quand les militants anti-racistes nouvelle vague (Indigènes, LMSI, Backchich, etc.) vous accusent de « racisme », ils ne parlent pas d’une théorie de l’inégalité des races. Ils ne parlent pas d’une croyance dans la tête des gens. Ce qu’ils entendent par « racisme », c’est : des rapports sociaux inégalitaires de race. Le mot clé, c’est « social ». Ce qu’ils veulent dire, c’est que le racisme, c’est une certaine forme d’organisation inégalitaire de la société. Le racisme, par exemple, structure les relations sociales à l’école, dans la justice, dans l’accès au travail, dans les relations avec la police, etc, etc. Le racisme, c’est l’équivalent de la classe, sur un axe racial.

    Et ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’on peut très bien ne PAS être raciste au sens 1 (ne pas croire en l’inégalité des races) et tout de même être un puissant relais du racisme au sens 2. Personne ne vous accuse d’être raciste au sens 1. Par contre, on vous accuse d’être aveugle à la race au sens 2.

    Pour être sûr que vous ayez saisi, je vous propose une analogie avec la classe (qui vous est plus familière) :

    Imaginons un monde alternatif dans lequel un journal (Charlie Bis) publie régulièrement des dessins humoristiques ciblant en particulier une pratique courante des prolétaires (par exemple religieuse). Supposons aussi que dans ce monde, le classisme est une réalité à laquelle on ne peut échapper.

    Imaginons encore la situation suivante : des militants anti-classistes reprochent à Charlie bis d’être « classistes ». Les journalistes de Charlie Bis sont choqués, ils n’ont jamais pensée que les prolétaires sont des êtres naturellement inférieurs (classisme au sens 1), leurs propos ne concernerait « que » la religion. Or, ce n’est pas ce que les militants reprochent aux journalistes, ils leur reprochent d’être aveugles aux rapports sociaux de classe et de les renforcer, de les valider par leurs dessins ciblant les prolétaires et les caricaturant.

    Pour en revenir à la réalité, je m’inquiète un tout petit peu de que vous n’ayez pas fait la démarche par vous-mêmes de mettre ces distinctions au clair. N’est-ce pas votre responsabilité de comprendre les critiques avant de les repousser ? Je pense que oui.

    Pour bien enfoncer le clou, je rappelle l’essentiel : on ne vous reproche pas de croire à l’inégalité entre les races, on vous reproche d’être aveugles aux rapports sociaux de race et de les entretenir.

  9. Mon cher Fabrice, je lis Charlie depuis certainement plus longtemps que vous n’y écrivez ! Charlie première mouture n’a plus rien à voir avec celui d’aujourd’hui ! Bien que j’apprécie particulièrement ce que vous y écrivez, vous, et Patrick Pelloux, chacun dans votre domaine propre. Quant au reste, désolé, je ne parviens pas à faire de différence entre le racisme raciste et le racisme antiraciste. C’est trop fort pour moi ! Charlie est donc forcément bien intelligent et tout en subtile nuance et moi probablement très bête et trop schématique…

  10. Keizer,

    Dont acte. Vous lisez Charlie depuis longtemps. En ce cas, je serais ravi que vous expliquiez dans le détail ce que vous voulez dire. Car accuser quelqu’un de racisme est d’une extrême gravité, et commande des exemples et une démonstration. Peut-être le ferez-vous, et je le souhaite sincèrement. Peut-être ne le ferez-vous pas, et je me demanderai fatalement si cela (vous) est possible.

    Fabrice Nicolino

  11. Baptiste,

    Mais où en sommes-nous ? Où est passée l’universalité de la pensée émancipatrice ? Certes, cette universalité atteignait vite ses limites – la gauche a le plus souvent été abominablement colonialiste -, mais en tout cas, l’ambition était là.

    Voilà qu’il faudrait en rabattre, et ne plus considérer la condition humaine, mais la totalité de ses particularismes. La religion ne serait plus (aussi) une forme idéologique agissant sur les sociétés humaines, qu’on peut et qu’on doit parfois mettre en question, mais une identité. Et quelle identité ! Une identité de race d’un genre nouveau ! Eh bien, pardon, mais je ne suis pas d’accord du tout.

    Les « militants antiracistes » dont vous parlez me paraissent incarner une incroyable régression de l’esprit critique. Ils assignent en effet à des populations entières – les Arabes, par exemple – une identité religieuse qui a tous les aspects d’une prison. Mais qui dit cela ? Et surtout, qui le prouve ? Il y a sur cette Terre des millions d’Arabes chrétiens ou agnostiques ou même athées, mais il leur serait donc assigné une identité musulmane malgré qu’ils en aient. Mais c’est odieux ! Par ailleurs, où est passée l’analyse concrète de l’exercice d’une religion concrète sur la vie concrète des sociétés qu’elle domine ?

    Dans un pays comme la France, il aura fallu mener un combat historique contre l’emprise catholique, nécessaire et même indispensable pour faire émerger des perspectives émancipatrices. Et il ne faudrait pas le faire au sujet de la religion musulmane, qui sert de ciment à des pays aussi autoritaires que l’Arabie saoudite ou l’Iran des mollahs ? Au secours !

    Je ne souhaite pas aller trop loin, car je sais trop la facilité de l’injure, mais en tout cas, on peut se demander pourquoi tant de gens manifestent une telle indulgence pour l’islam, supposée religion des opprimés. Pourquoi faudrait-il dénier à tant de peuples le droit d’être libres, éventuellement en acceptant leurs traditions religieuses – je respecte profondément le fait religieux -, mais aussi en critiquant éventuellement les pouvoirs séculiers qui en sont issus ?

    Au-delà, comment oser une critique aussi radicale d’un journal sans citer un seul article ? Franchement, c’est un peu facile ! Vous ne citez, en vrac, que des « dessins sur l’islam ». Un peu court. On a bien le droit de ne pas aimer une caricature, mais pourquoi s’y arrêter de la sorte quand des centaines d’articles et de dessins montrent un engagement universaliste constant de Charlie ?

    Il est gravissime de jouer avec le sens des mots, surtout quand il s’agit de ceux-là. Le racisme est un crime, les racistes sont des criminels, et Charlie est un journal antiraciste, qui croit, à tort ou à raison, à la validité de l’esprit critique s’appliquant à toutes les créations de l’esprit humain.

    Fabrice Nicolino

  12. Non, tu n’as pas compris. Je ne crois pas qu’il sera possible pour toi -ou tous les autres- d’aborder cette question sans poser par terre ce qu’on a déjà pensé et prendre le temps de repenser à nouveau. Vous voulez juger sans avoir compris. Ton texte est très intéressant, mais il est à côté de ce que je voulais transmettre. Vous ne comprenez pas de quel racisme il est question.

    Une autre analogie :
    A la fin du XIXème, Galton, cousin de Darwin et épris d’une certaine conception de l’évolutionnisme a formalisé « l’eugénisme ». Pour Galton -en gros- être prolétaire, c’était une condition naturelle, déterminée par ce qu’on appellerait plus tard le gênes. Il y avait une inégalité de nature entre bourgeois et prolétaire résidant dans les « gênes » du prolétaire.

    Puis Marx (entre autres) arriva et on sait ce qu’il dit du prolétariat comme produit social (et non naturel).

    Mon point : personne ne vous reproche d’être des Galton. On sait que vous ne l’êtes pas. On vous reproche de ne pas avoir lu Marx !

    Je ne suis pas spécialiste de la question et je ne saurais faire mieux que te renvoyer vers ce texte (http://fr.scribd.com/doc/99221728/Said-Bouamama-les-discriminations-racistes)qui est très pédagogique. Rien que la préface de Delphy dit déjà beaucoup : ce n’est pas le racisme comme croyance mais le racisme comme rapport social dont il est question.

  13. Baptiste,

    Mille excuses, mais j’en ai autant à ton service : tu n’as pas compris ! Quand on s’avise de changer le sens de mots aussi surchargés que celui de racisme, il faut avoir des raisons autrement impérieuses. Le fait est – pour moi en tout cas – que ceux qui confondent religion, race, racisme et critique rendent un signalé service aux ennemis de l’homme et de la liberté. Et pour moi toujours, ce sont des cousins proches de ceux qui interdisent de critiquer Israël au motif que cela relèverait de l’antisémitisme. Dans un cas, on essentialise l’appartenance à une religion, pour en faire un signe ethnique objectif, alors qu’elle n’est qu’une détermination contingente. Et de l’autre, on essentialise un État en traçant un trait d’égalité entre celui-ci et des citoyens de tant de pays et de tant d’opinions.

    Le résultat, c’est le recul dramatique de la pensée, et son retour vers un relativisme porteur de lourdes menaces collectives.

    Fabrice Nicolino

  14. Le fait est que « racisme » a un sens plus clair que celui de « race ». Une indication assez evidente en est que le racisme est puni par la loi, alors meme que le concept de race est recuse par cette meme loi.

    Baptiste n’a donc pas tord de des-associer le concept de racisme de celui de race (qui est, rappelons-le, on ne peut plus obscur), et je n’y vois pas une tentative de confusion mais plutot de clarification.

    Donc, le racisme n’est pas necessairement lie aux genes (qui, rappelons-nous, n’est pas non plus un concept tres clair, puisque cree au depart de maniere abstraite comme ce qui determine l’heredite – donc la race – on trouve, lorsqu’on a enfin trouve le support physique de ces « genes », qu’il est determine par l’environnement et par la biographie – donc retour a la case depart) mais tout autant a la geographie, ou peut-etre a « la communaute de destin ».

    Cette conception non genetique du racisme peut expliquer que la Russie, ennemie de l’Occident pendant des decennies pour la raison qu’elle etait « communiste », est aujourd’hui toujours l’ennemie de l’Occident meme sans etre communiste. (Voir par exemple la condition imposee a l’Ukraine de renoncer a tout accord commercial avec la Russie, comme condition prealable a tout accord commercial avec l’EU).

    Ceci peut aussi expliquer l’interet ancien et soutenu de l’Occident pour le « fanatisme Musulman », selon les mots deja de Sylvestre de Sacy, Orientaliste et conseiller de Napoleon, qui recommandait des 1806 de les « exciter contre l’orthodoxie Russe » (1) comme arme de guerre.

    Interet toujours d’actualite puisque l’Occident fait la guerre, l’un apres l’autre, et parfois plusieurs a la fois, a tous les pays non religieux et societes pluri-religieuses de l’Asie Occidentale, en utilisant l’argent des pays religieux de la region, guerre soit directe comme en Irak soit indirecte comme au Liban et en Syrie soit un melange des deux comme en Afghanistan et en Libye.

    Les guerres d’aujourd’hui sont de plus en plus ouvertement racistes. L’article de Huntington de 1993 avait pour but de sonder la reception de ces idees dans l’opinion, et apres son succes il en a fait un livre. Seul Edward Said, a ma connaissance, a denonce Huntington pour ce qu’il est. Said qui, dans son oeuvre majeure, Orientalisme, a montre comment tout un corpus de connaissances « universitaires » peut etre deliberement oriente et mis au service de la guerre. (Ce n’etait pas son but de montrer cela mais c’est un des resultats de son travail, qui en possede bien d’autres et qui reste a comprendre completement).

    Finkielkraut avait deja distingue deux formes antagonistes de racisme dans « la defaite de la pensee » (1987): Le racisme universaliste et le racisme particulariste, suggerant que la verite se trouve quelquepart en equilibre a egale distance de ces deux poles.

    Aujourd’hui l’Etat jongle habilement avec ces deux concepts, prenant hypocritement la posture universaliste pour mieux emprisonner les gens dans leur particularisme. Ranciere (« racisme froid ») et Badiou (« racisme intellectuel ») expliquent cela brillament.

    Ainsi, les petits soldats de la « laicite », amis des « femen », sont les soutiens necessaires des petits soldats du fanatisme en Syrie, Afghanistan, Pakistan, et d’une maniere qui est de moins en moins discrete (voir un Fabius ou un Juppe, et dans un style different, Hubert Vedrine).

    A sa maniere, Nancy Huston met a jour le racisme des « femen » (meme si elle ne les mentionne pas, et d’ailleurs je n’affirme pas que toutes les « femen » sont racistes, mais qu’elles se mettent au service, consciemment ou non, de forces motivees par le racisme):

    « Si certaines femmes portent le voile en France, il ne s’agit peut-être pas que de soumission. Pour beaucoup, cela signifie le refus de se soumettre aux diktats d’une société qui a décidé de tout montrer. Si certaines femmes désirent montrer une distance par rapport à ça, je les respecte ; je ne vois pas en quoi elles sont plus opprimées que nos mannequins squelettiques, refaites de la tête aux pieds, immobiles, figées dans des positions grotesques. Pour reprendre les mots de Nelly Arcan, la « burqa de chair » ne vaut pas mieux que la « burqa de tissu ».(2)

    Le diagnostic de Nancy Huston concernant la vie sexuelle s’applique au racisme en politique:

    « Comment voudrions-nous en parler, y réagir ? Impossible d’aborder cette question, puisque, selon l’idéologie officielle, « l’un est l’autre ». Ainsi ce sont les réponses les plus sauvages – prostitution, jeux vidéo et films violents – qui perdurent et prolifèrent ».(2)

    Dans le domaine du racisme, ce sont precisement les societes qui se projettent comme « non-racistes » qui mettent en oeuvre avec le plus de sauvagerie et avec le plus de determination les politiques les plus racistes, a l’interieur et a l’exterieur de leurs frontieres.

    (1) Edward Said, Orientalisme, chapitre sur Sylvestre de Sacy et Ernest Renan
    (2) Nancy Huston http://www.lepoint.fr/culture/la-burqa-de-chair-ne-vaut-pas-mieux-que-la-burqa-de-tissu-19-07-2012-1487158_3.php

  15. Fabrice,

    bête et schématique, voyez, vous me le concédez bien volontiers… À l’issue de cela je ne vois décidément pas ce il me serait possible de davantage démontrer. L’esprit simple que je suis a horreur des circonlocutions emberlificotées et filandreuses pour expliquer en 18 feuillets ce que j’ai avec tant de niaiserie si bien formulé en quelques mots accessibles !

    K.S.

  16. L’article 225–1 du code pénal incrimine comme discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques, notamment à raison de leur origine, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une RELIGION déterminée.

  17. Zobi,

    Je crois que vous remporterez la palme, sans discussion. L’article que vous citez note explicitement « les personnes physiques ». Où sont-elles dans les questions dont nous discutons ? Et si vous essayiez plutôt de trouver des arguments ?

    Fabrice Nicolino

  18. Nous vivons sous un véritable terrorisme intellectuel où l’on nous impose ce que l’on appelle le « politiquement correct », malheur à celui qui entend encore s’exprimer librement, s’il s’écarte de la pensée unique il sera immédiatement traité de raciste.

    Heureusement que les corridas ne sont pas une tradition musulmane, sinon nous les antis serions poursuivis en justice par les officines professionnelles de l’antiracisme (MRAP, LICRA, SOS racisme)

    C’est ce qui se passe avec l’aid el kebir et plus généralement tout abattage rituel, s’indigner contre ces pratiques barbares c’est s’exposer à l’indignation des « bien-pensants » et à d’éventuelles poursuites devant les tribunaux (Brigitte Bardot en sait quelque chose et elle n’est pas la seule)

    On notera que les antiracistes hystériques sont les pires spécistes, la souffrance des animaux est leur dernier souci !

    [bip]

    Tout écologiste se doit de lutter contre ce retour aux ténèbres, c’est pourquoi je suis surpris de certaines réactions plus haut.
    Nous nous sommes débarrassés depuis le siècle des lumières de l’emprise catholique sur la société, et ce serait pour le remplacer par un autre obscurantisme, encore plus virulent ?

  19. « Montre tes seins, Amina, montre ton sexe à tous les crétins barbus habitués des sites pornos, à tous les cochons du désert qui prêchent la morale à domicile et se payent des escorts dans les palaces étrangers, et rêvent de te voir lapidée après t’avoir outragée… Ton corps nu est d’une pureté absolue en face des djellabas et des niqabs répugnants… » (Bernard Maris, Membre du Conseil général de la Banque de France et collaborateur à Charlie Hebdo)

  20. Pince sans rire à l’humour noir, j’aime :

     » De la dérision et du rire. De la polémique. Et peut-être un peu d’espoir.  »

    🙄

  21. Ne peut comprendre a celui qui veut bien entendre.(victor hugo).Allez un effort Fabrice et vous compendrez que Charb est un digne heritier de VAl.

  22. Bonjour Monsieur Nicolino,

    Racisme : théorie de la hiérarchie des races, ce qui n’est pas, de mon point de vue, la cas de Charlie.

    Partisan : je crois hélas indiscutablement car toute les religions ne sont pas moquées de la même manière.

    Maladroit : car reprendre des caricatures de Mahomet d’un journal de droite danois, ancien thuriféraire de l’extreme droite n’était sans doute pas la meilleure chose à faire.

    Je lis ponctuellement Charlie en citoyen éclairé, conscient de son intérêt et n’occultant pas ses partis pris parfois très agaçants. Mais Charlie un journal raciste : certainement pas.

    Cordialement

  23. « Et, quand le crapuleux Minute s’en prend de la manière que l’on sait à Christiane Taubira, il se trouve des imbéciles, jusque dans les télévisions, pour accoler des couvertures de notre journal à celles de ce torchon raciste ».

    Tu n’as pas choisi de la reproduire ici, leur caricature de Taubira (pas osé?). Tu as eu raison, parce que si elle n’est pas raciste, c’est sacrément bien imité: on aurait pu t’associer à ça, et TOI tu ne le mérites pas.

  24. Cultive ton jardin,

    Mais de quoi diable parles-tu ? Du dessin de Charb ? Il était explicitement surmonté du titre « Rassemblement bleu raciste », car il visait tout aussi explicitement le Front National, ainsi que des centaines de textes et de dessins publiés dans ce même journal. Qu’est-ce que c’est que cette nouvelle rumeur ?

    Bien à toi, comme tu le sais.

    Fabrice Nicolino

  25. Je ne parle pas d’une rumeur, mais de l’effet que ça fait, cette Taubira-guenon. Charb s’est fourvoyé: face à la force d’une image, les mots ne font pas le poids. j’ai bien lu « Rassemblement bleu raciste ». Mais l’image de Taubira en guenon reste la plus forte. Bizarre que ce soit un dessinateur qui l’ait oublié.

  26. Cultive ton jardin,

    Je suis bien désolé, car je n’ai aucune envie de t’embêter, mais il s’agit bien d’une rumeur. Celle selon laquelle « il n’y a pas de fumée sans feu ». Car autrement, quoi ? Moi, si tu veux tout savoir, je n’aime pas ce dessin, et si j’avais dû en décider, je ne l’aurais pas publié. Mais de Dieu ! Moi, j’y vois un dessin raté, et toi bien autre chose. Pourquoi ?

    Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

  27. C’est même pas que je « vois » autre chose: c’est que je ressens autre chose. Comme une violence qui me serait faite à moi.

    Tu n’aimes pas ce dessin: pourquoi? Il est possible que, avec une (nette) différence d’intensité, tu ressentes quelque chose du même genre. Parce que le dessin lui-même est loin d’être raté: il est même très bon. Ce qui le rend encore pire.

  28. Le 20 novembre, est publié dans le monde « Non, Charlie Hebdo n’est pas raciste ».
    Le 25 novembre, toujours dans le monde, Charlie Hebdo fait part de son effarement découvrant les paroles d’une chanson liée à un film.
    Dans cet incroyable synchronisme médiatique n’y a t-il pas la main de dieu ?

  29. @ Baptiste  » 2- Maintenant -attention deuxième sens du mot- quand les militants anti-racistes nouvelle vague (Indigènes, LMSI, Backchich, etc.) vous accusent de “racisme”, ils ne parlent pas d’une théorie de l’inégalité des races. Ils ne parlent pas d’une croyance dans la tête des gens. Ce qu’ils entendent par “racisme”, c’est : des rapports sociaux inégalitaires de race. Le mot clé, c’est “social”. Ce qu’ils veulent dire, c’est que le racisme, c’est une certaine forme d’organisation inégalitaire de la société. Le racisme, par exemple, structure les relations sociales à l’école, dans la justice, dans l’accès au travail, dans les relations avec la police, etc, etc. Le racisme, c’est l’équivalent de la classe, sur un axe racial.  »

    Cette « nouvelle vague » militante n’est pas anti-raciste, elle est communautariste, ce qui en est une négation. Partant de là je partage complètement l’avis de Fabrice Nicolino (j’en profite pour le dire, car ce n’est pas toujours la cas) qui l’exprime mieux que je le ne pourrai.
    Et en mélangeant ethnie, religion, classe (comme vous dîtes), les racistes ils en font partie (au sens 1 du terme)

    @Fabrice Vous vous demandez  » Où est passée l’universalité de la pensée émancipatrice ? « . Elle a du plomb dans l’aile. L’universalisme est aujourd’hui vu, notamment par ces mêmes militants dont nous parlons et dont l’idéologie gagne du terrain, comme une pensée colonialiste d’occidentaux etc. C’est même devenu un gros mot. Même chose pour l’anti-cléricalisme.
    Et il est affligeant de voir cela repris dans une certaine gauche, que je ne saurais qualifier autrement que par son manque de colonne vertébrale idéologique, et que l’on retrouve des libertaires au NPA (dont la dérive a été parfaitement illustrée par la présence de Poutou au côté des « bonnets rouges » par exemple), qui se met à défendre l’islam, supposée religion des opprimés (selon eux).
    Quel renversement de valeurs…

  30. Hector, j’ai longtemps ete « universaliste » – ou du moins je me le figurais ainsi. C’etait une position que je pensais confortable pour un Francais vivant en Inde. Devant un « haute caste » je me disais, « ce type se rend sa vie bien compliquee, ca le regarde ». Devant un « basse caste » mon raisonnement ne tenait pas aussi bien la route mais, etant « universaliste » je considerais qu’il valait dans tous les cas, « dans l’abstrait » pour ainsi dire. Je me considerais moi-meme comme « hors du systeme », c’est a dire « non concerne ».

    Un jour un ami m’a fait remarquer que ma position n’a rien de surprenant, elle est exactement celle des hautes castes. Devant ma surprise (un peu offusquee), il m’a dit:

    « tu ignores les castes parceque tu peux te le permettre. »

    C’etait il y a 2 ans. Depuis, mon « universalisme » n’est plus aussi arrogant, plus aussi dogmatique qu’avant.

  31. Pour certains , la seule critique qui ne soit pas honteuse car suspecte de nous ramener  » les heures les plus sombres de notre Histoire  » est celle des blancs hétérosexuels catholiques , précisément car ces heures les plus sombres ont été amenées par des blancs hétérosexuels catholiques ( orientation sexuelle non vérifiée scientifiquement … )
    Que certains s’idéalisent en vertueux admirables en refusant d’écouter Wagner au motif qu’ Hitler l’appréciait est consternant .
    Qu’ils refusent de critiquer tous ceux qu’Hitler haïssait – noirs , juifs , homos , arabes etc … – de peur d’être pris pour d’affreux fachos est affligeant .

  32. Azer, vous touchez du doigt un point effectivement important. Vous avez oublie, d’ailleurs, « de sexe masculin » dans votre liste des criteres « d’ouverture a la critique politiquement correcte ». Point d’autant plus important que lorsqu’on veut nous faire gober une connerie nos fins communicants essayent de mettre une femme au premier plan, pour devier d’avance au moins une partie de la critique, et rendre le reste moins aise.

    Mais au dela de l’ironie, le point est effectivement important. Lorsque j’etais etudiant, une amie critiquait un de nos profs ainsi: « Ce genre de juif bidon qui croit avoir un point de vue profond sur tout »… Devant mon regard etonne elle retorqua: « Quoi ? Je peux le dire, je suis juive! »

    Je n’ai pas sur quoi repondre. En tant « qu’universaliste » rigide (que j’etais a l’epoque!) j’aurais du lui reprocher son « anti-semitisme, mais quelquepart j’ai senti que dans son cas cette critique serait tombe a plat…

    Bref, « qui » parle, et « d’ou » l’on parle, est effectivement aussi important que ce que l’on dit. C’est un fait de base, plus fondamental que la question du racisme.

  33. (Pardon pour le post-scriptum, mais je suis un peu choque)

    Je viens de regarder la double video de Charb et de Disiz sur le site de Liberation. En Inde, une telle chanson invitant a bruler des gens dans un « autodafe » aurait ete interdite. Surtout si l’auteur surencherit en ecrivant qu’il est pret a « couper des mains ».

    C’est curieux et tres inquietant, ce retour a la periode noire de l’eglise catholique, qui a invente la « persuasion par la terreur » en brulant les livres, les bibliotheques et les gens qui les lisaient et les ecrivaient, depuis lynchage d’Hypatia jusqu’a la chute de Tolede (ou pour la premiere fois les autorites catholiques ont ose lire et meme traduire des livres non chretiens au lieu de les bruler).

    Aujourd’hui ces incitations verbales a la violence, pas seulement chez les rappeurs mais aussi en politique, sont de plus en plus frequentes. Si Disiz eclate de rire en disant qu’il ne fait que de l’humour et n’a pas l’intention de bruler ni de couper les mains a qui que ce soit, verra-t-on demain Fabius eclater de rire et declarer que lorsqu’il a declare, 2 jours avant l’attentat-suicide au conseil des ministres de la Syrie, que « J’ai conscience de la gravite de ce que je vais dire, Assad ne merite pas d’etre sur la terre », ce n’etait que de l’humour?

    Charlie Hebdo n’a jamais appele a la violence, mais a toujours denonce la violence, par l’humour le plus souvent.

    Il est sinistre et pathetique de voir Disiz, avec une mine dedaigneuse, se reclamer de l’heritage de Charlie Hebdo pour appeler a un « autodafe » contre Charlie Hebdo et contre des gens qu’il traite de « chiens ».

    Le jour ou vos sbires bruleront Charlie Hebdo, Disiz, n’oubliez pas ma bibliotheque, ni le « chien » qui sera dedans. Avec des hauts-parleurs qui hurleront du rap ou la « chevauchee des walkyries », pour l’humour bien sur. Et la tradition. Et ensuite, faites attention a ne pas vous faire avaler par le feu que vous aurez declenche, car ceux qui le controlent ne font pas grand cas des rappeurs.

  34. Gavroche,

    J’ai répondu à Cyran, et je n’ai rien à ajouter ici. Sauf ceci : puisque tu es d’accord avec lui, que viens-tu faire sur Planète sans visa ?

    Fabrice Nicolino

  35. Davesnes,

    C’est si agréable, de calomnier. Pas vrai ? J’ai écrit autre chose, mais comme vous avez envie de me prendre en flagrant délit, il vous paraît plus simple de dire autre chose à ma place. Au cas improbable où vous l’ignoreriez, c’est un procédé, et il a marqué les époques au cours desquelles il a régné au sommet.

    Bon, à part cela ? Je me répète : j’ai posé une question à Gavroche, et je la repose sans problème. Que vient-il faire ici ? Il dit son accord avec Cyran, qui me traite de raciste, ce qui, dans ma culture, est une injure extrême. Et il ajoute, pour faire bon poids, que j’aurais trahi. Si ce n’était si con, ce serait au moins drôle. Mais je me répète à nouveau : que vient-il faire ici ? Et j’ajoute, pour aggraver mon cas, que je n’ai jamais cherché de lecteurs. Que je n’ai jamais tenté la moindre initiative publicitaire en faveur de Planète sans visa. Les 1500 articles gratuits publiés ici depuis 2007 parlent pour moi, ainsi que mes livres et toutes mes expressions publiques depuis qu’elles existent, et cela fait un bail.

    Pour le reste, je veux que cela soit clair. Je dis merde, et j’emmerde définitivement tous ceux qui pensent que je pourrais collaborer à un journal raciste. Et voilà.

    Fabrice Nicolino

  36. Ça ne répond toujours pas au fait que Charlie Hebdo préfère taper de préférence sur la religion des « bougnoules », sous les encouragements des bas du front. Le glissement depuis l’arrivée de Val, le rapprochement avec les néocons (ah la belle équipe avec Daniel Leconte et BHL sur les marches à Cannes !) le recrutement de Fourest, est incontestable.
    Mais c’est tellement plus facile de traiter Cyran de con que de répondre sur le fond.

  37. Davesnes,

    Vous dites rigoureusement n’importe quoi. Pour continuer comme vous aviez commencé, vous attribuez à Charlie un mot ignoble qu’il n’emploie jamais, pour mieux lui enfoncer la tête dans la merde. C’est si lamentable que je ne commente pas.

    Pour le reste, pareil. Fourest n’est plus dans ce journal que nous ne lisez visiblement jamais, depuis des années. Et que viennent foutre Leconte et Cohn-Bendit dans votre fatras ?

    Franchement, les mots me manquent.

    Fabrice Nicolino

  38. Selon Cyran ( que j’avais la joie de ne pas connaître il y a encore quelques instants ) , Charlie est raciste car s’attaque trop , voire exclusivement , à l’ Islam .
    Fabrice , je te suggère d’encourager Charb et cie à se moquer du prophète juif Moïse . Rappelons à tous ceux qui parlent des monothéismes sans avoir jamais lu ni le Coran , ni la Bible , que ce brave Moïse cherchait une brebis avant de trouver l’entrée de la fameuse grotte où Dieu allait lui parler , grotte devant laquelle brûlait un buisson , sans toutefois se consumer ( ou bien il se consumait sans brûler , je ne sais plus , et même les plus grands exégètes discutent encore de ce délicat problème , en filigrane duquel se dessine celui de l’influence du climat sur les états de conscience , ou bien de la qualité des hachichs orientaux ) . Un homme dans le désert ( depuis trop longtemps ) , et une brebis … Si nos légionnaires enculaient les chèvres , pourquoi Moïse n’aurait pas enculé des brebis ? Je ris d’avance au dessin de Charb . Qui pourrait aussi dessiner Moïse en type assoiffé de sang . Je rappelle les faits , tels qu’écrits dans la bible : Moïse part dans la montagne , où Dieu va lui donner les commandements ( petite question très simple pour savoir qui à lu la bible et qui en parle seulement d’après ce qu’on leur en a dit : quel est le premier commandement ? Ceux qui ont répondu  » tu ne tueras point  » – 99% des réponses – sont les seconds ) . Moïse rentre ensuite parmi les juifs et constate que ceux-ci , inquiets de ne pas le revoir , ont représenté une divinité sous la forme d’un veau en or . Or ( pognon quand tu nous tiens …) , dieu avait bien dit à Moïse ( et même écrit de son doigt divin dans la pierre ) qu’il était le seul dieu ( jaloux de surcroit ) et qu’il interdisait qu’on le représente de quelque façon que ce soit ( c’est le premier commandement ,  » tu ne tueras point  » étant le second ) . Moïse , voyant le premier commandement transgressé par les siens tînt , de mémoire , ce langage :  » A moi les fidèles de l’Eternel , sortez les épées , entrez dans les maisons , et tuez ici un père , là un frère  » . Conclusion laconique :  » Et il y eu trois mille morts  » . Eh oui , le brave Moïse n’est pas seulement le gentil des films hollywoodiens ou d’animation , mais aussi un leader d’expéditions punitives efficaces . Un caricaturiste pourrait se régaler :  » Moïse : alzeihmer ne date pas d’hier  » ,  » préférez les putes aux brebis si vous ne voulez pas devenir serial killer  » , et les dessins qui vont avec . Et j’en passe …
    Ainsi , après cela , Charlie ne sera plus seulement raciste , mais se vautrera aussi dans la fange antisémite , nous dirons doctement les Cyran et cie . A moins que l’antisémitisme n’annule le racisme . La thèse est osée , mais ceux qui ont peur de ne pas être reconnus oseront !

    Dernier point , à l’attention de ceux qui jugent les religions selon ce qu’en disent bhl , fourrest et tartempion :
    – le Coran n’est pas un reniement de la Bible , mais au contraire le cri de colère d’un homme , Mahomet , qui constate que les hommes ne respectent pas les injonctions de la Bible (il y a une sourate qui dit – de mémoire toujours – : » nous vous avons envoyé des prophètes – Jonas , Michel , Elie , Dieudonné , Jesus , et vous ne les avez pas écouté  » ).
    – Or , la Bible dit aussi que Dieu ordonne à Moïse de prendre possession de la terre promise , c’est à dire l’actuelle Palestine , et concernant les sept tribus qui la peuple ( des noms en ittes , si si …) de  » tu les extermineras et tu ne leur fera pas grâce  » ( c’est dire pas de pitié ). C’est dans le deuxième livre de la bible , dont les Cyran , Gavroches et cie n’ignorent pas que son nom n’est pas sans rapport avec un  » philosophe  » très connu , surtout pour ses chemises blanches ouvertes sur son torse qui gagnerait pourtant à rester caché ).
    – Donc , un bon musulman respecte la parole du prophète , qui respecte la parole de dieu dans la bible , et doit donc se jeter de lui-même sous les chenilles des chars de Tsahal , en laissant un mot d’excuse pour les salissures que son sang d’être inférieur aux juifs occasionnera .
    Telle est la volonté de Dieu .

  39. C’est dommage que le débat s’envenime car c’est un sujet important et qui mérite réflexion. Bien sur, traiter quelqu’un de « raciste » est une insulte et en dit souvent plus sur le piédestal sur lequel est juché celui qui la profère, que sur celui qui est visé. En revanche, on peut peut-être s’inspirer de la description un peu provocante, mais profondément sincère, que faisait Michel Foucault du livre de Deleuze et Derrida, l’Anti-Œdipe : « une introduction a la vie non-fasciste ». Foucault ne faisait pas mystère que lui le premier, ainsi que les auteurs du livre, n’en étaient qu’a leurs tout premiers débuts de leur découverte de « la vie non-fasciste ». De même, je crois que plus on essaye de comprendre le racisme et plus on se découvre raciste, et se croire « anti-raciste » par principe, ou pire encore, par définition, est un bon moyen de s’y enfoncer sans le savoir.

    Il y a bien entendu infiniment plus de racisme, et infiniment plus corrosif, dans les hautes sphères de la géopolitique que chez ceux « qui se bidonnent au café du commerce », qui ont au moins le mérite de rendre leur racisme visible donc identifiable. Il faut porter la lumière dans ces zones, sinon on risque de se faire le collaborateur inconscient de ces forces. Il est intéressant de comparer, par exemple, Huntington et Saïd. La maniere dont les guerres Europeo-Americaines en Asie Occidentale sont menees aujourd’hui, la maniere dont tout le monde y participe, montre que Huntington avait « raison » en un sens, au sens ou Hitler avait « raison » de fonder, dans les années 1930, la guerre sur la notion de race : Ce qu’il écrivait et disait, décrivait correctement la politique qu’il menait, et qui était encouragée par plus de gens, dans bien plus de pays, qu’on préfère le croire, et donc qui en un sens décrivait « correctement » l’état du monde. C’est le racisme dans un langage raciste. En revanche, Saïd qui dans son œuvre majeure, « Orientalisme », a comme par avance pourrait-on dire, ou par prescience, déconstruit ce langage contemporain du racisme, ouvre des horizons qui vont infiniment au-delà de « l’anti-racisme ». Le travail de Saïd est une des premieres pierres (pas la seule, heureusement!) a une « introduction a la vie non-raciste ».

  40. Laurent Fournier,

    Je t’en prie, avec l’estime que je te porte. Il n’y a pas débat. Il y a éructation. Au reste, je ne débattrai jamais avec des gens utilisant ce type de procédés. D’une part, bien entendu, parce que cela n’a pas de sens. Pour discuter, il faut un minimum d’échange, et les coups de matraque ne le permettent pas. D’autre part, et c’est plus personnel, parce que je n’ai jamais tendu la joue droite après avoir reçu une injure sur la gauche. Encore une chose : j’arrête ici de m’exprimer sur le sujet. Il y a d’autres lieux pour cela. C’est un avis pour tous.
    Fabrice Nicolino

  41. « ( petite question très simple pour savoir qui à lu la bible et qui en parle seulement d’après ce qu’on leur en a dit : quel est le premier commandement ? Ceux qui ont répondu ” tu ne tueras point ” – 99% des réponses – sont les seconds ) . Moïse rentre ensuite parmi les juifs et constate que ceux-ci , inquiets de ne pas le revoir , ont représenté une divinité sous la forme d’un veau en or . Or ( pognon quand tu nous tiens …) , dieu avait bien dit à Moïse ( et même écrit de son doigt divin dans la pierre ) qu’il était le seul dieu ( jaloux de surcroit ) et qu’il interdisait qu’on le représente de quelque façon que ce soit ( c’est le premier commandement , ” tu ne tueras point ” étant le second ) »

    le cinquième…

  42. @ Fabrice Nicolino
    Vous avez raison. Ça ne sert à rien de discuter avec quelqu’un qui n’a pas vu la dérive de Charlie Hebdo depuis que Val est arrivé aux manettes. Les néocons, ça n’existe pas. Les drôles de soutien de Charlie Hebdo ? Bah, comme disent les politicards, on n’est pas responsable de son électorat. Continuez à rester dans le déni, c’est tellement plus confortable…

  43. Davesnes,

    Vous êtes si prompt à vous ériger en Grand Inquisiteur que j’ai pu voir – sans grande surprise – l’un de vos commentaires au papier de Cyran sur Article 11, et je vous cite : « Au passage, quelle a été votre position pendant l’affaire Siné ? Est-ce que vous avez défendu votre collègue lorsqu’il a été viré ? ».

    Sur ce point, vous vous surpassez, car non seulement vous n’avez, et pour cause, aucun exemple non biaisé à proposer à l’appui de vos sinistres accusations, non seulement vous ne lisez aucune ligne – Charb a écrit des dizaines d’articles explicitement antifascistes et antiracistes – du journal que vous traînez dans la boue, mais en outre, vous n’êtes pas même capable de lire ce qui est SOUS votre nez !

    En effet, trois commentaires plus haut que le vôtre, il y a ma réponse à Cyran, dont j’extrais ceci : « Afin de redresser au moins un fait étrangement estropié par ta plume délicate, je précise que je travaille avec Charlie depuis la fin de 2009 ». Et vous, fier de votre trouvaille, de vous demander quelle a été mon attitude en face du départ de Siné en…2008.

    Je m’honore d’avoir combattu toute ma vie consciente le stalinisme et le fascisme. Quel que soit le masque que vous portez, je vois que vous appartenez à la première de ces catégories. Par chance pour moi, j’ai d’autres valeurs morales, humaines et politiques que les vôtres. Cela se voit, je crois.

    Fabrice Nicolino

  44. Mon dieu, quelle affaire ! J’avais oublié que ça fait déjà 5 ans que Siné a été viré de Charlie à la suite d’accusations immondes. Quel crime impardonnable. Et en plus je me fais traiter de stalinien. C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Jamais vous ne répondez sur le fond. Vous ne savez qu’insulter.
    Toujours rien à dire sur la dérive de Charlie Hebdo et ses drôles de soutien ? Pourquoi tant d’anciens lecteurs font le même constat que moi. Ce sont eux (et moi) qui serions passé de l’autre côté ? Bien entendu, ça ne vous questionne pas…

  45. Davesnes,

    Prenez-le comme vous voulez, ô Phare de la Pensée, mais j’arrête ici, en bon despote, les commentaires sur le sujet. Pour vous, pour moi, pour tous. Inutile donc de rien envoyer de plus.

    Fabrice Nicolino

  46. à tyuiop

    Va pour le cinquième ! Il y a plusieurs dizaines de phrases , et tout dépend lesquelles on met ensemble . Souvent , les catéchismes placent le repos dominical après , en deuxième position , l’interdit du meurtre , alors qu’il me semble qu’il est avant , dans la Bible . Et je ne sais plus quel rang occupe l’interdiction de représenter toute créature vivante , mais c’est ce qu’ont appliqué les talibans en Afghanistan , alors qu’il me semble ( à vérifier )que ces injonctions sont spécifiquement adressées aux juifs .
    Et aussi , le lévitique n’est pas le second mais le troisième livre de la bible .

  47. Bonne nuit.
    Je viens de lire toutes les réflexions, questions, provocations, réponses etc. et je suis fatigué. Cela vole trop haut ou trop bas même si l’on tient compte du point de vue où l’on se place par rapport à l’idée qu’on s’en fait. Être raciste(?)est fatigant, ne pas l’être est fatigant et se battre pour en débattre afin de chercher à savoir qui l’est qui l’est pas c’est perdre beaucoup de temps pour arriver à rien. Moi, je dirais que c’est celui qui le dit qui l’est, réflexion enfantine, mais la vérité ne sort-elle pas de leur bouche ? Je suis un sale raciste car je déteste le gratin de courge, n’en déplaise à la LICRA, machin truc et autres associations (quel vilain mot) imbéciles qui pourrissent la vie de braves gens qui ne demandent qu’à ne pas aimer ce qu’ils n’aiment pas. Le racisme, c’est vilain, bouh, caca, na ! Mais la dictature des défenseurs de tout et son contraire : C’est ignoble ! D’ailleurs ne dit-on pas « association de malfaiteurs » ? Je suis un vieux, je me suis régalé avec Cavanna, un ami virtuel, et toute la bande de Hara-Kiri. Je me souviens et j’ai suivie l’histoire de « Colombey », quel désastre. Je viens de relire, pour le fun, Hara Kiri Journal etc.. D’ce temps,Il n’y avait pas internet, mais les cons étaient là, de quelque bords qu’ils soient. D’ailleurs les cons sont toujours là où on les cherche, c’est là que réside leur vraie force, et leur différence d’avec les plombiers, qui, eux , plus tu les cherche moins tu les trouve. Aujourd’hui, Ils sont de plus en plus présent (les cons, pas les plombiers) et essayer de séparer le bon grain de l’ivraie relève du suicide intellectuel ou de l’entonnoir sur le cigare. Mais l’univers et la terre s’en foutent car c’est eux qui auront le dernier mot. A moins, à moins que l’homme, (cet animal qui se dit (et croit être intelligent)), déconne un tout petit peu plus et fasse sauter les théières humaines avec tous leurs accessoires. Les couleurs resteront, mais racistes ou pas cela ne se remarquera plus. Bon sang, j’te dit pas la tranquillité. Comme disait Desproges : « Étonnant ? Non ? »
    Aller, bonne nuit et longue vie à CHARLIE et à votre équipe.

  48. Cher Fabrice,
    Je ne lis plus Charlie Hebdo depuis bien longtemps et c’est la principale question que je me suis posée à propos de cette polémique sur le racisme et l’antiracisme supposé ou réel de ce journal.
    Bien sûr la direction de Val et l’éviction de Siné, la reproduction dans ses pages de dessins d’extrême-droite danois y est pour beaucoup, mais surtout pour un journal qui se dit satirique et drôle, le problème est qu’il n’est plus satirique et plus drôle du tout ! La « mère Mecquerelle » ne me fait pas rire, « Charia Hebdo » ne me fait pas rire, imiter l’appel du muezzin au moment du bouclage sur une vidéo ne me fait pas rire, « les djihadistes du sexe ne me font pas rire », « Mon frère ! Tu vas pas payer 40 euros une passe alors que pour le même prix tu peux acheter une épouse ! » ne me fait pas rire, « Les frites seront-elles bientôt toutes halal en Belgique ? Quelques barbus s’y activent, et combattent la démocratie qui leur permet d’exister » ne me fait pas rire, le dessin de Charb sur le tournage du film sur Mahomet ne me fait pas rire du tout.
    Et pourquoi cela ne me fait pas rire ? Tout simplement parce que cela me fait penser, m’évoque de façon d’abord « brumeuse » puis transparente : l’humour de Dieudonné, l’humour des rouges-bruns , l’humour de Basile de Koch :), l’humour de L’Idiot International et de Edern-Hallier qui ne m’a jamais fait rire, à Pierre Cassen et Riposte laïque, bref à tous ces gens de gauche qui sont passés à l’extrême-droite ! (sauf pour Basile de Koch qui a toujours été de droite !). Je ne dis pas que Charlie en soit arrivé à ce degré de dérive, mais il s’en rapproche très dangereusement avec cette obsession à propos de l’islam.
    Moi qui suis profondément athée, je sais que les cathos peuvent produire des intégristes et des progressistes comme dans toutes les religions et je n’en pas fait pas une généralité, mais si les humoristes de Charlie continuent de patauger dans cet humour nauséabond… les chauffeurs de taxis arabes (intéressant le fait qu’il soit arabe !) pourraient bien leur cracher à la gueule et ils l’auront un petit peu cherché.
    Amicalement
    Jean Tortrat

  49. Cher Jean,

    Ton propos me désole, mais je commence à avoir l’habitude. Je vois que tu ne t’interroges guère sur le sens des mots si graves que tu emploies, et je vais le faire à ta place. Un, un journal que tu ne lis pas, de ton propre aveu, ne te fait pas rire. N’est-ce pas un poil bizarre ? En effet, tu pourrais dire : je le lis, mais il ne me fait pas rire. Ou : je ne lis pas, mais quand je le lisais, il ne me faisait pas rire. Mais pourquoi diable affirmer en même temps que tu ne lis pas et qu’il ne te fait pas rire ? Sans doute pour mieux préparer la suite. Note que l’humour est une affaire personnelle, et que pour ma part, tout ne me fait pas rire dans Charlie. Et alors ?

    Donc, tu ne lis pas ce journal, et il ne te fait par rire. Soit. Ensuite, tu extrais de leur contexte des mots dont nul ne peut reconnaître l’origine. Je suis sûr que tu nous apporteras un éclairage sur cette question importante. En tout cas, tu uses donc de cette bonne vieille méthode qui consiste à extraire de son contexte des bouts de phrase dépourvus de sens au premier abord. Mazette ! Toi ?

    Je rappelle aux gens de bonne foi qu’une campagne de dénigrement de Charlie s’appuie sur un dessin de Taubira en singe surmonté d’une flamme FN et de l’explicite « Rassemblement Bleu Marine ». Si on oublie le contexte, c’est raciste. Mais il s’agit, d’évidence, de dénoncer les fascistes. L’humour est du deuxième degré ou ne l’est pas tout à fait. Tel est mon sentiment.

    Le pire, Jean, c’est le passage honteux – je suis désolé, mais c’est honteux – que tu opères entre ces mots extraits de leur sens, Dieudonné et consorts. Je ne supporte pas, pour la raison évidente qu’il s’agit d’une insulte gravissime. Je ne supporte pas, surtout venant de toi, car il s’agit d’un amalgame insupportable, dont je ne t’aurais pas cru capable. Toute personne honnête, lisant Charlie, est OBLIGÉ de constater l’évidence que ce journal est bien ce qu’il prétend être. C’est-à-dire un titre engagé en faveur des valeurs universelles d’égalité entre tous les êtres humains. Il est lamentable à mes yeux que tu te sois fait le messager de l’infamie. Je pensais que ton passé politique et moral t’interdirait de pratiquer cet art si constamment peaufiné par tous les Vychinski de la planète.

    Lorsque l’on reconnaît ne pas lire un journal, on n’a simplement pas le droit de l’accuser du pire. J’espère me tromper, mais je vois dans ta lettre la dérive de courants entiers qui, ayant perdu leur classe ouvrière mythologique, pensent l’avoir retrouvée avec les musulmans, abusivement assimilés avec les Arabes, dont nombre sont athées, voire chrétiens.

    J’arrête ici, car cela n’a guère de sens. Ou tu te reprends, ce que j’aimerais sincèrement, ou je te demande d’oublier que nous avons été amis. Car dans ce domaine, je ne connais pas de compromis. Si tu penses que je travaille pour un journal « nauséabond », alors, je te le dis, passe ton chemin. Mais je veux croire que tu ne penses pas ce que tu écris.

    Bien à toi (?),

    Fabrice Nicolino

  50. Cher Fabrice,

    Tout d’abord, afin d’éviter les faux débats, une précision s’impose : à aucun moment je n’ai mis en question ta probité, ton excellent travail de journaliste ou tes engagements écologistes. Ton travail (que je respecte profondément) n’est pas l’objet du débat. Je te lis et j’achète régulièrement tes livres et tes articles dans la presse depuis que l’on se connaît. Donc l’amitié à ton égard, que tu évoques, n’est pour ma part aucunement remise en cause !
    Je ne te considère pas comme un raciste ou un fasciste et à aucun moment je ne l’ai écrit. De plus je n’ai pas qualifié Charlie Hebdo de journal d’extrême-droite et trouve assez stupide, sinon crapoteux ou dégueulasse (je ne trouve pas de mots assez forts !) de le mettre en face de Minute. Là-dessus, pas d’ambiguïté. Je n’ai pas parlé de « journal nauséabond » dans son ensemble, mais plutôt d’humour nauséabond sur certains dessins. C’est comme cela que je le ressens.
    En revanche, mea culpa, à propos du rapprochement avec Dieudonné. C’était idiot de ma part de le citer – en fait, tous les glissements des progressistes vers l’extrême-droite m’inquiètent beaucoup et de plus un très proche ayant dérapé dans l’admiration pour cet ignoble personnage et le courant qu’il représente m’a un peu aveuglé dans mes rapprochements – Je te demande donc de m’excuser pour cela. (On pourra en reparler si tu le souhaites !) Sans être un petit Vychinski (ce que j’espère ne pas être devenu ! Léon m’en préserve !:)) je reconnais avoir dérapé sur cet apparentement!
    Ceci étant dit j’aurais dû être plus précis dans mes propos : quand je dis que je ne lis pas Charlie Hebdo, cela veut dire que je ne l’achète plus en kiosque toutes les semaines (comme je le faisais avant !) depuis la direction de Philippe Val. Ce journal dans sa grande époque m’a construit, fait rire et éduqué !) Cela ne m’empêche pas de le feuilleter de temps à autre, d’en parler avec des amis(es) qui le lisent encore, ou d’en avoir des échos par Internet et les réseaux sociaux et même de le trouver encore pertinent certaines fois !
    A propos des mots extraits de leur contexte, il faudrait plus de temps et pouvoir ouvrir le journal ensemble pour en juger plus précisément. Impossible dans un blog où je ne sais même pas si on peut intégrer une illustration… et dans un cadre de questions-réponses sur le mode polémique. Mais je pense que tu sais parfaitement de quel cadre il s’agit, je pense que tu as accès plus facilement que moi à la collection complète de Charlie !
    La perte de la classe ouvrière mythologique n’est en revanche vraiment pas un problème pour moi. Tu le sais, je n’ai jamais mythifié cette fameuse classe ouvrière, et je n’ai jamais fait partie des courants dits ouvriéristes (j’ai dit d’autres conneries, mais pas celle-là !) Pour être clair, par ailleurs, je n’ai aucune fascination pour Tariq Ramadan ou pour le Hamas par exemple comme certains !
    Dans le dernier Siné mensuel, Siné évoque dans son édito (que tu as sûrement lu !) l’affaire Charb et cela rejoint en partie mon propos. Juste un extrait : « A « Charlie », question religion, il y a trois poids, trois mesures : l’islamisme qu’on conchie, le catholicisme qu’on brocarde et le judaïsme qu’on ménage. Il n’est donc pas étonnant que certains de leurs lecteurs finissent par se demander si leur aversion ne concernerait pas tous les Arabes, croyants ou athées, et que leur « islamophobie » ne serait pas plutôt de « l’arabophobie » comme c’est le cas chez beaucoup »
    Tous ses propos (que j’ai dû réécrire deux fois, car le texte s’est perdu sur le blog !) auront, j’espère, clarifié mes propos. Et je te le redis, mon amitié à ton égard n’est absolument pas remise en cause et j’espère la conserver après ce courrier et mes explications.
    Avec toute mon amitié et espérant, si tu le souhaites encore pouvoir échanger cordialement devant un bon verre (je m’engage à te l’offrir, je te dois bien ça)

    Jean Tortrat (qui reste malgré tout ton ami !)

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