L’Inde entre les mains d’un fou de Dieu

Cet article a paru dans l’hebdo Charlie Hebdo le 21 mai 2014

Tragédie probable en Inde, où un hindouiste d’extrême droite vient de prendre le pouvoir. Modi serait l’un des responsables des pogroms antimusulmans de 1992, et son élection ne peut que surexciter le Pakistan voisin. Voisin, musulman, et nucléaire.

Claquons des dents. La victoire de Narendra Damodardas Modi aux élections générales de l’Inde, proclamée le 16 mai 2014,  est l’une des pires nouvelles de ces dernières années. On ne peut décrire un sous-continent en trois lignes, mais retenons que l’Inde est un pays de près de 1,3 milliard d’habitants, en conflit latent avec le Pakistan voisin, en conflit possible avec la Chine proche.

Modi, c’est l’archiponte du Bharatiya Janata Party (BJP), un parti nationaliste hindouiste, qui a été au pouvoir une première fois en 1996, et jusqu’en 2004. Mais Modi n’a rien à voir, ou si peu, avec l’ancien chef du BJP, Atal Bihari Vajpayee, car il ressemble fort à un fasciste. Et même à un nazi si l’on en croit Salman Rushdie, l’auteur des Versets Sataniques. Le 15 novembre 2012, l’écrivain déclare à Libération : « À la tête de l’opposition, le Parti du peuple indien fait les yeux doux à Narendra Modi, qui est l’homme qui s’apparente le plus à un nazi en Inde. Il est tout à fait possible que ce type devienne Premier ministre un jour et, là, il y a de quoi avoir peur pour la démocratie indienne ».

Or on y est. Modi, qui dirigeait l’État du Gujarat depuis 2001, va désormais gérer le sort de presque 20 % des habitants de la planète. Et Rushdie exprime un point de vue largement répandu chez les intellectuels du pays. Dans un article titré « Modi est-il un fasciste ? », l’universitaire très connu Apoorvanand écrivait sans trembler en avril dernier : « Modi rassemble pratiquement toutes les caractéristiques que les psychiatres, les psychanalystes et les psychologues associent, sur la base d’années de travaux, aux personnalités autoritaires ». De son côté, le spécialiste des affaires sino-indiennes, Kanti Bajpai, décrit dans The Times of India  (29 mars) la montée d’un fascisme soft appuyé sur les transnationales. Cerise faisandée sur le gâteau électoral : le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) soutient de toutes ses forces Modi. Or le RSS a été créé en 1925, sur le modèle des fasci, les faisceaux mussoliniens de la Marche sur Rome, en 1922. Avec une singularité indienne : la lutte au couteau contre le « séparatisme musulman ».

Tel est le véritable enjeu historique de l’élection de Modi. La question musulmane est en effet au cœur de toutes les politiques indiennes depuis l’indépendance de 1947, car près de 15 % de la population, soit 150 millions de personnes, se réclament de l’islam. Les heurts avec la majorité hindoue n’ont jamais cessé, et pour la seule période entre 1947 et 1963, au moins 7,5 millions de musulmans d’Inde ont été simplement déportés dans la partie Ouest du Pakistan. Et pour ceux qui sont restés, pogromes à volonté.

Le 6 décembre 1992, des hindouistes rasent une mosquée de la ville d’Ayodhya, et les affrontements qui suivent font 2 000 morts. En 2002, rebelote : prenant prétexte d’un accident de train, les hindouistes du BJP zigouillent des centaines de musulmans, dont beaucoup sont cramés dans leurs propres maisons. Où ? Au Gujarat, État dirigé par Modi soi-même, toujours considéré par une partie de l’opinion indienne comme le grand responsable des massacres.

Résumons. Un extrémiste religieux vient de s’emparer du pouvoir dans un pays clé de l’avenir commun. Ce qui ne peut qu’exacerber les tensions déjà si fortes avec le Pakistan voisin, musulman et propriétaire comme l’Inde d’un copieux arsenal nucléaire. Les deux pays ont déjà été plusieurs fois au bord de l’étripage final. La situation avec la Chine pourrait, elle aussi, se durcir, car Pékin rêve de détourner une partie des eaux descendant de l’Himalaya, qui sont vitales pour des centaines de millions d’Indiens.

Rien de tout cela n’empêche les affaires. Au Gujarat, Modi est un adepte résolu de l’hyper-libéralisme. Exemple entre 100 : en octobre 2008, il réussit à convaincre le constructeur de bagnoles Tata de s’installer au Gujarat. Au Bengale occidental, où Tata espérait construire une vaste usine, les petits pedzouilles locaux, expropriés, avaient reçu le soutien du gouvernement local, aux mains des partageux du « Left Front », un coalition de gauche. Faut-il un autre dessin ?

16 réflexions sur « L’Inde entre les mains d’un fou de Dieu »

  1. La pour le coup, il semble que l’article ne soit pas le résultat d’une veritable enquête. Dommage.

    1. Les massacres ou Modi est suspecté d’être impliqué ont eu lieu en 2002. Elles n’ont pas duré aussi longtemps et n’ont pas fait autant de victimes que celles de 1992, du même parti, (mais pas Modi), qui elles mêmes ne furent pas aussi terrifiantes que celles de 1984, organisées par le Congres, et si l’on remonte a l’origine on trouve que finalement ca s’est beaucoup calmé depuis les émeutes « inaugurales » (si l’on ose dire) de la partition, qui s’inscrivent dans le contexte d’un génocide, impliquant une variété de techniques, et ayant fait des millions de victimes entre 1943 et 1947. Organisé cette fois, par les Anglais… Dans tous les cas le but est similaire, c’est « Shock and Awe » comme disent aujourd’hui les Américains. Mais le consensus apeuré de la majorité « fasciste » a constamment diminué, et contrairement a ses prédécesseurs, dont le confort n’a guère été affecte, Modi a échappé de justesse à la justice, et plusieurs organisateurs des massacres de 2002 sont en prison, dont une ministre condamnée a mort. La situation est donc complexe et sur le long terme, le risque du fascisme semble plutôt s’éloigner. Ou peut-être, n’a tout simplement pas pris racine… malgré bien des tentatives !

    2. La plupart des gauchistes en Inde ne voient aucune différence entre Modi et Vajpayee, alors dire qu’ils sont le contraire l’un de l’autre… Je ne connais personne qui dit cela !

    3. De nombreux commentateurs ont remarque que les relations entre l’Inde et le Pakistan n’ont jamais été aussi bonnes que sous le gouvernement Vajpayee. Et tout le monde a remarque la rapidité avec laquelle Modi a invité Sharif, la rapidité de celui-ci a accepter l’invitation, et le sérieux de leurs discussions malgré la tentative ratée de prise d’otages a Herat en Afghanistan, qui avait pour but d’empêcher une rencontre Modi-Sharif mais auquel gouvernement (et la police) de Karzai ont adroitement mis fin. Comme dit Mehmal Sarfraz un journaliste Pakistanais (les Pakistanais sont souvent plus fins que les Indiens en politique), « Sharif et Modi ont tous les deux l’avantage d’appartenir a un électorat essentiellement de droite, donc l’accusation de se laisser aller a des compromis anti-patriotiques ne les affecte pas ». Nombreux sont ceux, en Inde comme dans les pays voisins, qui partagent l’avis de Sarfraz, et pensent que les relations entre l’Inde et ses voisins va certainement s’améliorer. En tout cas j’en suis persuadé, et la raison est simple : un gouvernement qui a une majorité absolue et n’a pas besoin de donner des gages de patriotisme est insensible aux pressions intérieures comme extérieures.

    http://www.telegraphindia.com/1140525/jsp/frontpage/story_18379804.jsp#.U4bms3Z29VU

    4. Les questions religieuses ont nettement moins d’importance dans la politique Indienne que dans la politique occidentale. Dire qu’elles sont « au cœur » de la politique Indienne est assez étonnant.

    5. Malgré les violences qui leur ont été faites, comme a de nombreuses autres minorités, ni les Musulmans ni aucune autre communauté n’a été « déportée » de l’Inde.

    6. L’usine TATA de Singur et le complexe chimique géant de Nandigram (et la centrale nucléaire de Contai) étaient imposés par la force par le gouvernement de gauche du Bengale Occidental. Ce sont précisément ces deux grandes crises (Nandigram et Singur) et la grande violence gouvernementale et policiere qui les a accompagné, qui ont permis au Bengale Occidental de se débarrasser du front de gauche, continument au pouvoir depuis 1977. Et comme décidemment rien n’est simple, le gouvernement « de droite » actuel au Bengale Occidental est a la tête de l’opposition a Modi, malgré des avances appuyées de sa part.

    Il y a ici une remarquable lettre ouverte de Gopal Krishna Gandhi à Narendra Modi, qui donne quelques indications sur le niveau auquel se situe la politique Indienne, qui est loin d’être aussi caricaturale qu’une lecture rapide de la presse occidentale le laisse entendre :

    http://www.thehindu.com/opinion/lead/an-open-letter-to-narendra-modi/article6022900.ece

  2. Je precise que mes copains musulmans (et moi) ne sont bien sur pas tres contents de l’arrivee de Modi au pouvoir, mais ils ne sont pas vraiment inquiets. Ni moi.

  3. @Laurent Fournier au sujet de votre point 4

    Bonjour,

    Pour avoir vécu en Inde pendant près de 2 ans, je peux vous affirmer que les questions religieuses sont d’une importance non négligeable puisqu’il s’agit du quotidien des habitants de ce pays. Le consensus qu’apportait Manmohan Singh comme Premier ministre sikh était bien réel. On pourrait parler uniquement des compétences de la personne à occuper ce rôle (enfin ça reste à discuter), mais il était surtout sikh, et en tant que tel, il ne risquait pas de s’exprimer en faveur des hindous ou des musulmans.

    Le clivage entre la classe moyenne et le reste de la population qui augmente, les conflits inter-religieux, la corruption, la misogynie, l’économie fragile (fortement dépendante des moussons), la présence des Naxalites dans la moitié du pays etc.. ne laissent rien présager de bon.

    Souhaitons simplement que Modi fasse attention à la politique qu’il mènera au niveau de la république (on passe tout de même à une autre échelle) en respectant les communautés mais surtout son pays (les grands projets industriels pour relancer l’économie n’apporteront pas nécessairement prospérité et bonheur, les catastrophes humaines et environnementales sont si vite arrivée là-bas…).

    Bonne journée,

    Pierre

  4. Cher Laurent Fournier,

    Je ne vais pas polémiquer avec toi, ce serait absurde. Tu vis en Inde, et de mon côté, ici. Je veux juste te dire que j’aurais préféré faire un travail approfondi, mais la règle, dans le cadre de Charlie, c’est 4000 signes, ce qui est en la circonstance dérisoire. Si je l’ai fait néanmoins, c’est parce que l’indifférence au sort des peuples lointains me rend malade. Bien sûr, cela n’y changera rien. Disons que j’en avais besoin.

    Au-delà, tout ce qui est contenu dans ce pauvre papier est appuyé sur des sources indiennes, à priori fiables. J’admets sans peine qu’on puisse avoir un autre sentiment – le tien, par exemple -, mais cela ne change rien à ce fait brut : une partie des Indiens considère Modi comme un fasciste. Et en tout cas, un antimusulmans primaire.

    Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

  5. Pierre, Manmohan Singh tout le monde s’accorde a dire que c’etait un technocrate competent et un homme tres honnete et humain sur le plan personnel, et si on peut lui reprocher d’avoir conduit la « liberalisation » (vente a l’encan) du pays, comme tous les gouvernements qui l’ont precede malheureusement, il est absolument impossible de dire qu’il favorisait les Sikh au depend des Hindous ou des Musulmans, meme ses pires detracteurs ne diraient pas cela. Je maintiens que les questions religieuses sont moins importantes en Inde que par exemple en France, et qu’il est en general bien plus facile a un Musulman de trouver un emploi ou un logement en Inde qu’en France, ca ne veut pas dire que certaines communautes comme les musulmans, les dalits, les chretiens, les gens du Nord-Est… ne sont pas victimes d’un communautarisme parfois agressif, mais cette lecture « religieuse » de la politique Indienne est un cliche occidental qui malheureusement vient probablement de la politique anglaise et persiste de nos jours (lire « Orientalisme » de Edward Said) et ne correspond pas a la realite.

  6. Ce que j’ai à dire sera nécessairement général et forcément biaisé : je ne sais rien (ou presque) des faits, hormis ce que tu dis Fabrice à travers ton article et la réplique de Laurent et de Pierre. Il faudrait donc examiner davantage et dialoguer à partir de là. Je m’abstiendrai pour le moment d’en parler, qu’on veuille bien m’en excuser.
    Juste une remarque générale donc. Ce que pointe et craint Fabrice me paraît sérieusement à prendre en considération, à méditer. Je crois qu’il y a en effet des dynamiques potentiellement destructrices et inimaginables, sur fond de catastrophes déjà en cours, qu’elles soient écologiques, humaines, sociales, politiques, culturelles. Bien sûr, il ne faut pas négliger les complexités de chaque situation, les résistances à ses dynamiques, leurs limites, l’hétérogénéité des situations, mouvements. Tout ne va pas dans un seul sens. C’est le moment de crise, de basculement qu’il faut anticiper, prévenir, combattre, celui où tout finit par converger vers la destructivité, la guerre totale, le génocide. Après ce moment, la tragédie commence et, comme on sait, après ce nœud tragique, c’est presque irréversible. Je crois que nous en sommes là, pour beaucoup de choses. En Inde comme ailleurs.
    Il n’y a pas de solution miracle, de sauveur suprême, de parti enfin bon qu’il faudrait suivre. Il y a chacun de nous et ensemble, comme le répète Fabrice, quelques exigences et du courage dont il faut faire preuve : la lucidité, la prudence (au sens grec) et l’examen des faits (ceux du présent mais aussi ceux du passé, ce que c’est que la modernité, ses dynamiques d’anéantissement comme ses dynamiques d’autonomie, ses dynamiques de « maîtrise » « rationnelle » folle comme ses dynamiques d’autolimitation, de convivialité), la critique des illusions aveuglantes et mystificatrices qui empêchent de voir et d’agir, la remise en cause radicale des formes aliénantes d’organisation (partis notamment – critique faite depuis longtemps, en acte (expériences politiques innombrables) et par écrit (de Simone Weil à Castoriadis notamment)), la transformation de soi et de tous, ce changement de culture évoqué souvent ici, cette auto-transformation de l’humanité vers un monde digne, plus sobre et frugale, dans et par la beauté, la liberté, l’égalité (si ces mots résonnent encore au cœur, si, comme beaucoup d’autres choses ils n’ont pas été presque entièrement corrompus par les mensonges réellement existants…). A petits pas, ou par de grands sauts, par des brèches qui s’ouvrent avec éclat et beauté, par une nouvelle manière de créer des « liens qui libèrent ».
    Bien à vous,
    Leyla

  7. @ Laurent

    Bonjour,

    On est d’accord sur le fait que Manmohan Singh n’a pas du tout joué la carte des communautarismes lorsqu’il était au pouvoir, c’est ce que je disais justement dans mon message.

    En revanche,je n’ai pas forcément les mêmes retours que vous sur la vision d’amis indiens au sujet de l’arrivée au pouvoir de M. Modi. Concrètement, ils n’ont pas oublié ce qu’il s’est passé en 2002…Ils sont inquiets. Petite parenthèse pour ceux qui liraient ce commentaire, un très beau film qui met en contexte les émeutes de 2002: Firaaq.

    J’ai l’impression qu’il y a bien 3 Indes « économiques », les pauvres qui constituent la majorité, la classe moyenne qui s’est largement accrue depuis une dizaine d’années et les personnes riches et plus éduquées (au sens qu’ils ont fait des études longues et parfois à l’étranger). Les pauvres resteront les laissés pour compte (qui sont achetés à coup de roupies ou d’alcool pendant les élections…je l’ai vu concrètement dans l’UP), la classe moyenne vise essentiellement un accroissement de son niveau de vie (livre très bon et riche d’enseignements de Pavan Varma – The Great Indian Middle Class). Veuillez m’excuser de ne pas aborder le dernier groupe mentionné ci-dessus.
    Donc en effet, je vous l’accorde dans cette course à l’enrichissement personnel, la religion n’existe plus. La politique vise donc à offrir du rêve, la croissance (dont l’Inde à besoin certes)… des roupies pour un logement, une moto, voire une voiture, un écran plat, un smartphone etc… Bien entendu il s’agit de mon ressenti, votre quotidien vous fait voir probablement d’autres choses et par ailleurs je n’habite plus là-bas!

    Pour ce qui concerne le prétendu « miracle » économique du Gujarat et le maquillage des « externalités négatives », je vous invite à lire le très bon article de Cléa Chakraverty parue dans le numéro de Mai 2014 du Monde Diplomatique.
    On y apprend comment les musulmans on été ghettoïsés à Amhedabad,les concessions faites aux industriels pour qu’ils s’installent dans l’Etat, la mort des syndicats et le nom respect de droits fondamentaux des travailleurs…

    J’espère simplement qu’avec toutes les belles énergies qu’on peut voir en Inde, le pays ne sera pas miné par de mauvais choix faits par le nouveau gouvernement.

    Bonne journée,

    Pierre

  8. Bonjour Pierre,

    On est d’accord.

    En fait ce qui me rassure -pour le moment- c’est justement que cette fameuse classe moyenne, cette maniere de vivre « reposant sur la protection des libertes individuelles et sur le droit de la propriete privee », comme disent doctement nos inspirateurs anglo-saxons (en matiere de politique ce sont biens nos inspirateurs a tous, dans le monde entier, non?), et bien elle est encore minoritaire en Inde.

    C’est cette meme classe moyenne qui a mis Hitler, Pinochet et leurs avatars au pouvoir, c’est elle qui juge que les drones sont un moindre mal pour defendre ses « valeurs », et c’est elle qui reve d’un regime « fort » (fort envers les faibles s’entend, et faible envers les forts) pour mieux faire ses affaires.

    Mais cet assujettissement de la culture et du pouvoir a l’argent n’est pas encore bien en place en Inde, ou les coutumes locales, familiales, communautaires, religieuses, sectaires, de caste, et regionales… sont encore largement etanches au pouvoir de l’argent.

    En gros ce sont les possedants qui ont appuye Modi et ce sont ceux qui se voient (ou qui se verraient) bien dans cette vision de classe moyenne « moderne » qui ont vote pour lui.

    Soit 31% des votants seulement, comme le rappelle Gopal Krishna Gandhi, dans cet article qui meriterait d’etre traduit entierement:

    http://www.thehindu.com/opinion/lead/an-open-letter-to-narendra-modi/article6022900.ece

    Il nous reste a esperer que Modi se hisse a la hauteur de sa tache et le mieux est de citer Gopal Krishna Gandhi:

    …[par consequent] « Soyez Maharana Pratap dans votre combat personnel, mais soyez un Akbar dans votre posterite. Soyez un Savarkar dans votre coeur, mais soyez un Ambedkar dans votre esprit. Soyez dans vos genes, si vous ne pouvez l’eviter, un croyant de l’Hindutva a la maniere du RSS, mais soyez le Wazir-e-Azam de l’Hindustan, que les 69% qui n’ont pas vote pour vous, voudraient que vous soyez ».

    (note: « Wazir-e-Azam » signifie « premier ministre » en Urdu, c’est le titre du premier ministre au Pakistan)

  9. Ce qui me frappe toujours, en tant que Francais vivant en Inde, c’est l’absence de proletariat au sens de personnes qui travaillent poussees par la peur du lendemain, par la peur de manquer. L’Inde n’a pas eu son Malthus, qui croyait en « la misere » comme moteur indispensable a la prosperite nationale (on dirait aujourd’hui la croissance economique), et par consequent n’a pas eu non plus son Marx. Les ouvriers du batiment qui gagnent 3 a 5 euros par jour, s’absentent sans prevenir pour une semaine, parcequ’ils ont un « puja » (une offrande elaboree et souvent couteuse a une divinite) a faire chez eux, ou parceque leurs amis ou famille au village ont besoin d’eux pour un cousin malade ou une maison a reparer, et mes amis capitalistes sont sincerement desempares, souvent meme exasperes, devant l’insouciance de ceux qui travaillent pour eux, (insouciance qui leur manque si cruellement) et sont constament a la recherche du sesame, de la baguette magique, qui leur permettrait de mettre ces travailleurs au pas, lorsque l’argent, son abondance ou sa rarete, semble avoir si peu d’effet sur leur ardeur au travail.

    Bien sur c’est cette petite classe possedante, assistee par tous ceux qui revent d’en faire bientot partie, qui a mis Modi au pouvoir, en esperant « qu’il mette l’Inde au travail », avec son air mechant qu’il a toujours l’air de tenir un baton, comme les policiers…

    Mais y arrivera-t-il? Ou l’Inde continuera-t-elle son travail d’elle-meme, d’une maniere inattendue, non controlee par le capitalisme destructeur de l’ecologie et des peuples?

  10. Merci Fabrice, désolé de n’être pas venu plus tôt j’aurais sans doute été le seul à réagir alors (sourires)

    Il est bon de lire ou relire Tarun Tejpal (l’adieu à Chandigar etc…)

    et dommage c’est en anglais mais cet article reportage dit tout : http://www.outlookindia.com/article/Walking-With-The-Comrades/264738

    l’un des articles les plus lumineux sur ce que sont les « maoistes » en guerre pour la défense de leurs territoires et ressources contre les multinationales… Je n’ai toujours pas trouvé de traduction française désolé

  11. Elle est gentille Arundhati Roy et elle ecrit tres tres bien… Mais la, son article il est fou. « Moonwalking with the comrades », a ironiquement commente un journaliste a l’epoque!

    Parceque les maoistes sont les complices de l’Etat dans le processus de transformation des regions tribales en zones de guerre.

    Il est presque impossible legalement d’exproprier des tribaux. Mais cet etat de guerre a opere une expulsion de fait, qui est a l’immense avantage des grandes multinationales Indiennes.

    Les maoistes en Inde contribuent a la mise en place du fascisme, et certains le font consciemment.

  12. Un bon article qui remet sobrement quelques pendules a l’heure concernant l’economie Indienne:

    http://www.straitstimes.com/news/opinion/more-opinion-stories/story/the-rich-are-always-us-20140616

    L’Inde a 70 milliadaires en dollars US (plus que le Japon, l’Allemagne, la France ou la Suisse), et l’un d’eux a le privilege douteux d’habiter la residence privee la plus chere du monde: 27 etages, 3 helipads, 600 domestiques. Alors que pres de la moitie des 22 millions d’habitants de Mumbai vivent sur le trottoir ou dans un slum.

    Les dernieres elections ont vu une quantite sans precedent de candidats millionaires (en dollars US). Leur poids moyen est 1 million de dollars US.

    Les riches Indiens ont environ 500 milliards de dollars US dans des comptes a l’etranger.

    Certains affirment que environ 70 pour cent de la population vit sous le seuil de pauvrete, si l’on definit ce seuil comme le minimum permettant de se nourrir, se soigner, eduquer ses enfants.

    Alors meme que l’Inde vient de prendre la troisieme place au Japon en termes de « pouvoir d’achat corrige » (Purchasing Power Parity, pouvoir d’achat compare, corrige des differences de taux des devises).

    Fait interessant aussi: L’article est signe du redacteur en chef de Business India, journal d’affaires tres en vue a Mumbai.

  13. Bonjour, des nouvelles recentes du gouvernement Modi en Inde:

    – Hier, Modi a seduit l’assemblee Nepalaise par son eloge appuye du processus democratique au Nepal et particulierement des Maoistes « qui ont abandonne Juddha (la guerre) pour Buddha, et Ashtra (les armes) pour Sashtra (la constitution).

    – La semaine derniere, l’Inde a refuse d’amender sa loi sur l’indemnisation des accidents nucleaire, que les companies nucleaires Americaines trouvent trop risquee pour faire leurs affaires en Inde.

    – Avant-hier, l’ecrivain Taslima Nasreen, expulsee de sa maison par le gouvernement precedent de centre-gauche, a obtenu un rendez-vous avec le ministre de l’interieur et la promesse d’un visa d’un an et le droit de retourner vivre a Kolkata.

    – Jeudi dernier, l’Inde a refuse un plan de mille milliards de dollars US, en refusant la condition de l’OMC d’abandonner son programme de nourriture subventionnee et son programme de lutte contre la speculation alimentaire par le stockage de grains.

    – La semaine derniere, l’Inde a aussi refuse de se joindre aux sanctions anti-Russie, et a vote aux Nations Unies en faveur d’une enquete sur les crimes Israeliens a Gaza, en depit d’une attente du contraire.

    Jusqu’a maintenant, le gouvernement Modi n’est ni « fou » ni « de dieu »… Touchons du bois!!!

    Bon c’est pas tout rose, le vieux plan de « liaisons inter-rivieres » a ete ravive. Mais ce plan est tellement naif et debile qu’il ne verra jamais le jour de toute facon…

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