Connaissez-vous Michel Folco ?

[Je me maintiens à un bas niveau de forme et d’activité. La douleur ne lâche pas]

Un jour déjà ancien, je suis tombé comme par hasard sur un roman intitulé Un loup est un loup. Dans la suite, je l’ai prêté à plusieurs proches, qui toutes et tous ont été proprement emballés. Et même ficelés jusqu’à ce que lecture s’achève. Dans ce livre, Michel Folco – je ne connaissais pas même son nom ! – restitue la vie très aventureuse d’une fratrie de cinq gosses nés vers 1760. Des quintuplés, donc, grandissant au milieu du village rouergat de Racleterre, situé, je crois me souvenir, sur la route entre Rodez et Millau.

La suite n’est qu’une série de merveilles et de trouvailles, jusqu’à la rencontre de l’un des gamins, Charlemagne Tricotin, avec des louveteaux. Je ne sais plus si c’est avant ou après avoir zigouillé toute la famille répugnante – le père, la mère, les deux enfants – qui règne sur la forêt de Saint-Leu. Où l’on voit, au passage, à quoi peuvent servir une arbalète et du verre concassé. En tout cas, Charlemagne sauve les louveteaux, et finit par suivre – je ne l’ai pas dit, mais c’est un fuyard, car il a semé une zone considérable derrière lui – la rivière appelée le Dourdou. Exténué, il s’installe dans un lieu retranché de la grande forêt, La Sauvagine.

De nouvelles cabrioles l’y attendent, dans lesquelles les loups jouent un rôle essentiel. Et il va répétant, lui qui parle aux animaux, que ce sont des « bêtes moins mauvaizes qu’on le dit ». S’il dit mauvaizes, c’est qu’il zézaie, pour cause de blessure à la langue. Je crois. Bien que ne disposant pas du livre auprès de moi, je vous jure que je pourrais écrire des pages entières sur ce que je tiens pour un livre miraculeux, dont il est à peu près impossible de se lasser. Dont il semble impossible que je parvienne, moi, à me lasser.

Mais je ne voulais pas vous parler de ce livre, mais d’un autre de Folco, dont je viens de relire quelques pages loufoques. Dans Même le mal se fait bien, on retrouve Charlemagne général napoléonien. Pendant quelques pages seulement, car il lui arrive des choses. Son fils Carolus meurt quelques dizaines d’années plus tard, entraînant par testament son propre fils, Marcello – oui, cela se passe essentiellement en Italie – dans des voyages on ne peut plus hasardeux.

Je vous passe l’extrême saveur des passages sur un bordel chic, sur un certain Sigmund Freud – Marcello a finit par atteindre Vienne – ou encore sur la parentèle d’Adolf Hitler. Je passe, car j’en arrive enfin à ce que je voulais vous dire. Marcello Tricotin est maître d’école et entomologiste. Mieux encore, c’est un formidable naturaliste dont l’une des joies les plus pures est de voir revenir chaque année, au même endroit, des grues en migration. Oui, mais dans le village piémontais de San Coucoumelo, il y a aussi une horrible horde de cons. Vous me direz qu’il y en a partout, et je vous le concéderai aussitôt : assurément, et partout.

Ceux de San Coucoumelo chassent aussi et décident un jour de buter toutes les grues. Pas une ne survit. Et c’est alors que Marcello est grand. Je ne vous dévoile pas la fin, mais sachez que la vengeance du naturaliste est à la hauteur du crime. Je ne saurais absoudre Marcello, car ce qu’il entreprend est d’une grande cruauté, mais je dois avouer que j’ai jubilé. Enfin ! Enfin cesser de baisser la tête et de quémander deux ou trois loups de plus ! Enfin la revanche sur tous ces ennemis des bêtes ! Enfin respirer l’air des cimes et admirer la beauté sans craindre l’imbécile présence des barbares !

23 réflexions sur « Connaissez-vous Michel Folco ? »

  1. Bonjour Fabrice,

    Ton article tombe à pic, après avoir dévoré un loup est un loup, je suis en train de lire « en avant comme avant » et je te rejoins sur l’effet jubilatoire que provoque ces multiples revanches que prennent les animaux avec l’aide du trublion Tricotin. C’est un rustre et un sans-gêne pour ces contemporains, et il en faudrait décidément beaucoup plus des comme ça aujourd’hui !
    J’ai hâte de me mettre au suivant.

    Bonne lecture et courage.

  2. Ooooh! Comme je te comprends Fabrice ! Cesser de baisser la tête devant ces ennemis des bêtes !
    Mais attention, parfois c’est subtil, certains ennemis voudraient se faire passer pour des amis …
    J’ai eu il y a deux semaines, une belle conversation avec deux hommes de 70 ans passés.Chasseurs.Viticulteurs à la retraite.Chacun de leur fils est passé à la viticulture en bio .L’époque change !
    Nous étions au bord de cette belle Gironde, et comme à chaque fois, l’un m’a apostrophée pour titiller l’écolo qui vit en moi…cela les fascine qu’on puisse aimer la nature à ce point …!
    Il m’a montré deux oiseaux blancs qui voguaient au loin, pour savoir si je les connaissais.., des cygnes !
    Effectivement, des cygnes sur la Gironde, c’est nouveau , gamine, je n’en avais jamais vu en liberté, sauf au jardin public.Et je le leur ai dit, tout comme les hérons cendrés, les aigrettes garzettes, les cigognes blanches, qui aujourd’hui sont revenus et sont communs dans le marais.
    Alors, là, j’ai eu droit à la description du nid de cigognes qu’ils avaient posés près de leur tonne de chasse, et à leur très grande émotion d’attendre leur retour chaque année, leur joie de voir les petits prendre leur envol, etc ., etc.
    Ma revanche a été splendide,ce fut pour moi un grand moment de jubilation ,lorsque je leur ai asséné cette vérité que tout le monde semble oublier, à savoir, que si des écolos, il y a trente-quarante ans n’avaient pas fait des pieds et des mains, militer, lâchons le mot, pour imposer une protection, et interdire la chasse de ces espèces qu’ils admirent maintenant,il n’y aurait plus rien, tous ces animaux auraient complètement disparus.Qu’ils avaient beau critiquer les écologistes,ce n’est pas les chasseurs qui auraient bougé le petit doigt pour les protéger. Ils ont protesté mollement, leurs femmes, plus perspicaces ont enfoncé le clou en soutenant mes propos…oh lala,Ce que j’aime renter dans le lard des chasseurs ….!
    Voilà, n’oublions jamais le travail déjà réalisé par les écologistes, soyons-en fiers,défendons le en toutes occasions.
    Merci Fabrice pour Folco, je vais le lire.
    Porte toi bien.

  3. Et puis… la nature nous le rend bien ! :

    http://www.ferus.fr/actualite/actualite-ferus/pyrenees-naissances-rejouissantes-bien-que-linaction-du-gouvernement-hallande-ruine-toute-possibilite-de-se-rejouir-durablement

    Pour l’ours des Pyrénées, on ne quémande rien, on exige une population VIABLE 😉

    Voyez vous que nous pourrions dans 3 ans maximum voir la population d’ours augmenter de façon significative et ce naturellement ?
    Restera à lâcher au moins 6 individus de plus (le mieux serait 17)en 2-3 ans… et l’espèce serait définitivement (on y veillera!) sauvée en France..
    Ces lâchers sont INDISPENSABLES pour enrayer les risques de consanguinité que les études scientifiques mettent clairement en évidence. (cf étude MNHN de sept 2013).

    Et si vous voulez nous aider à disposer d’outils pour réussir tout cela, n’hésitez pas :

    http://fr.ulule.com/paroledours-2015/

  4. Ce livre si merveilleux, si drolatique, si tout, a dû vous faire tant de bien que je n’en l’aime que plus et même que je vais le relire !! Je vous aime vraiment Fabrice Nicolino pour tous vos livres, tout ce que vous avez écrit, et portez-vous vite bien !

  5. Vous m’avez donné envie de découvrir Folco! Je m’empresse de me procurer ses livres!
    Tendre pensée.Merci.Force et courage.

  6. A qui le dis-tu!!
    Mouais, je verrais bien moi aussi des expéditions punitives des expéditions punitives…mais dans notre sens, pour une fois, et contre les hordes de cons!
    En tout cas, dès que possible, je lirai Michel Folco. Tu es souvent de bon conseil pour les bouquins!

    Sinon: Exprimons-nous jusqu’au 21 juin contre le classement des espèces « nuisibles » !
    http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=forum&id_article=1023#mon_ancre

    ps: Tellement désolée pour toi, Fabrice, pour toutes ces souffrances que tu endures. Il parait que les blessures aux jambes, c’est toujours assez long à soigner. Tiens bon.

  7. Bonsoir,

    Merci Fabrice,

    Désolée pour tes douleurs.
    De gros bisous dessus comme pour les enfants.
    De tout coeur avec toi. Je t’embrasse.

    ——-

    Connaissez-vous Michel Folco ?

    Non! Pas le temps de lire. Prépare le monde d’après. Pour tes petits enfants, les miens et tout les autres.

    Peut pas être partout! Faudrait savoir! Lire ou faire!

    Quelle chieuse! 😉 😉

    Bien a vous toutes,

  8. Je me disais aussi :
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/06/17/le-nutella-nouveau-cheval-de-bataille-de-segolene-royal_4655730_3244.html

    Evidemment, une des solutions serait de porter plainte en masse contre nos gouvernements pour la déconsidération de la santé publique au profit de l’économie de marché pour des produits comme :
    L’huile de palme, les pesticides, les perturbateurs endocriniens, le diesel, et toutes les mises régulières sur le marché de nanoproduits , de particules de synthèses, etc par milliers ; Les politiques osant agir parfois se sentiraient alors peut-être plus soutenus et auraient, qui sait, le courage d’assumer leurs déclarations publiques, mais on voit bien les nombreuses réactions du public face à ce genre de propositions (on a vu d’ailleurs ici récemment, puisque nous avions été quatre à réagir sur le sujet du diesel).C’est une simple constatation .

    A part cela, merci pour cette suggestion de lecture Fabrice, je ne savais que lire en ce moment , et bravo pour tes articles dans Charlie sur:
    – l’encyclique papale à venir dédiée à l’environnement, qui est en effet un évènement historique (je sais ça date, je n’ai pas eu le temps de réagir avant)
    – le sort des pygmées face aux écolos de WWF en Afrique . Ce qui se passe est ignoble et devait être dénoncé .Merci .

  9. Bonjour Fabrice,

    Merci pour ces références. J’ai encore quelques livres en réserve, mais je vais chercher ceux-ci, qui seront lus après. Je m’impose de suivre un ordre, sinon je me retrouve avec des piles de bouquins non lus à la maison.

    Je suis désolé de lire que tu vas si mal. En même temps, malheureusement, je pense que c’est un état normal. Si on cumule l’usure du combat quotidien pour la nature, le choc psychologique de la tuerie de Charlie Hebdo et les douleurs physiques… je suis toujours étonné de voir que tu trouves la force de publier ici. Et qui plus est, de publier des articles rationnels, bien construits, solides. Bravo. La lutte continue.

    D’ailleurs, as-tu signé la pétition d’Élise Lucet ? (https://www.change.org/p/ne-laissons-pas-les-entreprises-dicter-l-info-stop-directive-secret-des-affaires-tradesecrets) Je ne sais pas ce que ça vaut, mais cette directive « Secret des affaires » fait froid dans le dos. Si ça se met en application, le journalisme d’investigation est mort.

  10. Salut Fabrice,

    Une anecdote personnelle, littorale et automnale, pour t’exprimer ma profonde empathie sur ce sujet:

    De retour d’une immersion dans l’océan forestier des Alpes dinariques, sur les traces des mammifères sauvages, l’heure est venue de me replonger dans le bain littoral du Massif armoricain, sur la route des oiseaux migrateurs. Première balade, première déconvenue : des assassins en campagne s’apprêtent à lâcher leurs chiens, puis à tirer sur tout ce qui bouge, dans la moindre broussaille épargnée par la civilisation. Le corps tendu mais la tête basse, les poils hérissés et les yeux rouges, je m’éclipse sur la grève au bord d’une filière dans l’espoir d’échapper aux cors, aux cris et aux plombs. Bien m’en a pris : en guise de consolation, un grèbe à cou noir compatissant (ou mal en point ?) accepte ma compagnie, parfois à quelques mètres, quelques heures durant. Avant de partir, je le salue de la main, en signe de reconnaissance… Je ne peux m’ôter de l’esprit, l’idée répugnante que le premier détenteur du permis de tuer en série venu l’aurait pulvérisé à bout portant, rien que pour le plaisir ! Honte à cette société où la barbarie organisée est un loisir revendiqué par les plus hautes sphères !

    Bien à toi,

    Xavier

  11. Moi je dis que les errances hallucinées de Ségolène Royal ne vont pas tarder à faire réagir Fabrice, en tous cas ce serait à mourir de rire si ce n’était pas aussi terrifiant de voir à qui l’on a confié le ministère de l’écologie…
    Merci Fabrice pour ces conseils avisés de lecture, et merci aussi à vous tous qui prenez de votre temps pour lui remonter le moral…
    La lecture de ces pages est à elle seule une vraie bouffée d’oxygène, je souris souvent, je finis par imaginer certains dans leur lieu de vie, PP dans sa forêt pyrénéenne, Porcinette la binette à la main, tout cela est bien réconfortant, je comprends que Fabrice puisse y trouver énergie et réconfort.
    Continuons tant qu’il en a besoin.

  12. Un chef d’État se met au vert, « Laudate si » est téléchargeable en français, demandez le programme !
    I. Pollution et changement climatique
    ♦ Pollution, ordure et culture du déchet
    ♦ Le climat comme bien commun
    II. La question de l’eau
    III. La perte de biodiversité
    IV. Détérioration de la qualité de la vie humaine et dégradation sociale
    V. Inégalité planétaire
    VI. La faiblesse des réactions
    VII. Diversité d’opinions
    Un certain Fabrice N., journaliste à Charlie-Hebdo écrivait récemment que, si le pape continuait dans cette pente, il était sur le point de demander une audience…

  13. çà vaudrait bien mieux que d’aller voir hollande! perdu pour la cause…sauf si un jour il est saisi d’une illumination

  14. Bonjour à tous;

    je souhaitais réagir à cet article et aux commentaires:
    je comprends tout à fait l’idée de pouvoir enfin imposer nos propres vues, d’obtenir enfin gain de cause et victoire dans la défense de l’environnement, de la santé, de l’humanité…
    Cependant je ne peux mettre en avant le fantasme d’une revanche violente; que vaudrions-nous si nous devenions bouchers à notre tour? Serions-nous des « écoterrorristes » comme les américains aiment à désigner les militants écologistes? Quelle crédibilité, quelle fierté y aurait-il à bâtir le monde de demain sur un rapport de force? Ce serait construire une nouvelle forme de tyrannie, avec ses propres dérives, que d’imposer par la force la dictature verte… Ô combien tentante fut-elle!
    Le combat de Ghandi en Inde a été remporté par la patience, le dialogue, l’obstination. Ne nous laissons pas emporter par des méthodes qui ne feraient que tranformer un système oppressif en un autre.

  15. @ Florian Stoker, bien d’accord avec vous . D’ailleurs, Fabrice n’a jamais prôné la violence comme solution, bien au contraire ,
    et ainsi qu’on peut le lire sur son blog .

  16. Merci de nous avoir signalé le livre de Folco. Je viens de le lire. Emprunté à la bibliothèque de Villefranche de Rouergue et dédicacé par l’auteur aux lecteurs de la bibi!! J’ai beaucoup aimé et je vais chercher les autres…
    Je vous souhaite une meilleure santé (et aussi à Claude Allègre…)

  17. dire si possible à Michel Folco de m’appeler de la part d’un autre Michel (Flao celui- là!) son adresse mail sur Yahoo n’est + bonne !
    étions compagnons de route … à découvrir la planète en stop !
    rencontrés en Bolivie (années 70 ) mon tél : 0675725016 Merci !

  18. Bonjour,
    Je ne vous connais pas (j’avoue^^), suis tombée sur votre blog en cherchant des infos sur Michel Folco que je viens de découvrir -décidément, allez-vous penser, je ne connais pas grand chose ! Peu importe. Ce qui me pousse à venir écrire quelques lignes ici, c’est la similitude de votre ressenti avec le mien à propos de Folco en général ainsi que de ‘Un loup est un loup’ et sa suite, « En avant comme en avant’. En vérité, ça m’a rassurée : je n’étais pas la seule à être passée à côté de ces ouvrages ! Parallèlement et forcément, comment ne pas s’interroger sur l’aspect plutôt confidentiel de la célébrité d’un pareil auteur ! Mais vieux motard que jamais, et moi, je saute sur toutes les occasions pour parler de lui dans mon entourage. Et même au-delà, fût-ce sur un billet de blog datant déjà un tantinet. Merci !

Répondre à Anne J. Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *