À propos de l’homme providentiel

Amis et lecteurs, prenez ce texte comme un prolongement du précédent. Je crois comprendre que mes références au destin de De Gaulle ont pu troubler certains. Je m’explique donc un peu mieux. Suis-je devenu un adepte du fameux « homme providentiel » dans les bras duquel il fait si bon se blottir ? Pas exactement.

Personnellement, intérieurement, définitivement, je vomis toutes les hiérarchies et commandements, le pouvoir, en fait l’Autorité elle-même. Mais je dois ajouter que je ne fais pas de ce sentiment si net une politique. Non – hélas, mille fois hélas -, je ne pense pas que les sociétés humaines puissent vivre d’une manière telle que les structures autoritaires en deviendraient sans objet.

Concernant de Gaulle, je constate d’abord les faits. En juin 40, la presque totalité des courants politiques, estomaqués par la violence de la défaite, ont accepté de facto la fin de la République. Et si j’écris la presque totalité, c’est parce que les staliniens – que je honnis, Dieu sait -, demandaient eux la reparution légale de l’Humanité aux nazis pour la simple raison que Staline et Hitler avaient fait accord en 1939 sur le dos de la liberté. Le fameux pacte germano-soviétique rendait l’URSS et l’Allemagne nazie alliées. Au reste, alors que les plans d’invasion de l’URSS avançaient à grand pas dans le plus grand secret – d’août 40 à juin 41 – le pays stalinien exportait massivement des matières premières en Allemagne, qui lui permirent de parachever ses conquêtes depuis la Pologne jusqu’à la France. Et de réussir dans un premier temps l’écrasement de … l’Union soviétique.

Il n’y avait donc, à l’été 1940, aucune structure appelant à la résistance et à la guerre au fascisme. Sauf de Gaulle, ridicule en son petit clocher londonien. Qui avait osé défier l’ordre qui était le sien – il est très vite condamné à mort par Vichy et tous ses biens sont saisis – pour lancer la poignée de braves autour de lui dans une aventure sans esprit de retour. D’un côté, je rejette de mon âme le galonné, qui est tout de même à l’époque général de brigade. De l’autre, j’admire le rebelle.

Mais allons donc au-delà. Certaines des plus belles manifestations de la liberté humaine ont connu, elles aussi, cette personnalisation de leur gloire. C’est le cas de l’armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne, demeurée dans l’Histoire comme la Makhnovchtchina, du nom ce qu’il faut bien appeler son chef, Nestor Ivanovitch Makhno. Cette armée paysanne aurait atteint 50 000 combattants au plus fort de son action, en 1920, et on la tient généralement pour anarchiste. Anarchiste ? Avec un chef ? Eh oui. De même dans l’Espagne de 1936, où le mouvement libertaire, si puissant dans l’Aragon et en Catalogne, sera incarné – et de quelle manière ! – par Buenaventura Durruti.

Bien entendu, cela ne fait pas des membres de ces glorieux mouvements des marionnettes. Ni de Makhno et Durruti des autocrates. Et cela vaut également pour de Gaulle. À mon sens, il faut comprendre la relation entre ce dernier et la résistance sur le terrain sous l’angle de la dialectique. La résistance humaine, sur le territoire français, a grandement aidé de Gaulle, élevé dans l’antisémitisme ordinaire et le mépris de la République à changer. Le changement, voici le mot clé. De Gaulle, entouré dans un premier temps par des membres de l’extrême droite, acceptera ensuite près de lui des républicains sincères et divers gens de gauche. Comment se serait-il comporté à la Libération sans ce formidable élan de milliers d’êtres exaltés ? Je ne le sais, évidemment, mais je me pose la question. J’ai écrit ici, au reste, un article consacré à l’extraordinaire Daniel Cordier (ici), qui montre le destin d’un jeune fasciste – lui – vers la résistance la plus pure qui se puisse concevoir.

De son côté, de Gaulle aura représenté pendant des mois et des années l’espoir. Et je crois devoir écrire l’Espoir. La psychologie des humains, telle que je la comprend du moins, est comme dopée, en tout cas modifiée, lorsqu’elle peut projeter sur un être vivant le tableau infiniment divers de ses rêves et de ses attentes. L’impossible finit alors par devenir une vraie perspective. Dans le plus noir des trous, un frisson de lumière se glisse et fait espérer le jour. C’est ainsi, je crois. Je n’aime pas ça, mais je crois signaler un fait.

Charger l’homme du poids de la Providence, je crois que c’est fou. Abandonner son autonomie, sa volonté, sa liberté, je crois que c’est suicidaire. Mais accepter cette perpétuelle tentation des hommes, je pense que c’est sage. Pour ce qui concerne la crise écologique, je gage que nous gagnerons du temps – c’est l’élément décisif – si peut surgir une figure autour de laquelle agréger nos forces. Je me répète : sans abdiquer. Sans renoncer une seconde à défendre notre point de vue entier. Mais en jugeant sans levée de boucliers ce qu’apporte à tous le destin d’un seul.

Vous me direz ce que vous en pensez, j’imagine. Soyez certains, amis et lecteurs, que je serai toujours du côté de la liberté et de la révolte.

75 réflexions sur « À propos de l’homme providentiel »

    1. L’homme providentiel aurait été balayé tel un fétu si en juin 44 les armées américaines n’étaient venus dénazifier l’Europe avant de s’occuper des Japonais .
      Une autre posture de l’homme providentiel gaullien se révèle en 1958 lorsqu’en pleine crise algérienne , il commet ni plus ni moins un coup d’Etat pour tenter de sauver ce qu’il reste de l’Empire colonial , le second par son étendue après celui des Britanniques . Enfin , ce qui donne une touche de relief définitive à ce militaire de carrière jusqu’au bout des ongles et jusqu’à la fin de sa vie , est sa réaction face aux manifestations de rues et aux 9 millions de grévistes en Mai 68 en particulier quand il court rejoindre le général Massu à Baden le 30 mai de cette année , Massu qui , rappelons le , a été un tortionnaire avéré en Algérie ( lire les écrits de Pierre Vidal-Naquet à ce propos ) puis un soutien actif de l’OAS .
      De Gaulle incarne certes un certain providentialisme davantage au service des intérêts de l’Etat et du capital national plutôt qu’un défenseur des exploités .
      Si une révolte générale devait s’incarner dans un Messie , cette situation révèlerait une faiblesse générale plutôt qu’une force démocratique . L’autonomie tant souhaitée ne peut vouloir dire essentiellement que compter sur nous-mêmes pour régler nos problèmes sans aucune délégations auprès de soi-disant spécialistes et experts de tout poil .

      1. D’accord sur la dernière phrase, si « compter sur nous-mêmes pour régler nos problèmes » n’est pas simplement une attitude individualiste. Nous sommes tous dépendants les uns des autres, ce qui fait qu’il y a beaucoup plus de questions à régler en commun que d’affaires à traiter tout(e) seul(e). Ce qui nécessite de s’organiser collectivement et de se donner des repères de jugement et de comportement. Autrement dit, des valeurs et des règles.

        Cependant, jusqu’à maintenant, il n’a pas été possible de fonctionner dans la durée sans délégation de pouvoir(s). Parce qu’on n’est ni omniscient, ni informé de tout ce qui peut présenter une importance pour notre vie.

        Heureusement, nous disposons maintenant d’un outil qui pourrait peut-être nous tirer d’affaire, si nous arrivons à nous en servir pour nos gouvernances _ locales, régionales, nationales, mondiale : le net. Pour le dialogue, l’information, le débat, la gestion ouverts à chacun(e). Ce que nous commençons à faire ici même.
        Des sites s’ouvrent tous les jours. Il faut y croire.

  1. Ces 2 articles appellent à la réflexion, j’en conviens.
    Mais la lecture du premier m’a amené à penser ceci:
    Un homme providentiel? pour faire quoi? pour sauver quoi? Qui a t-il donc encore à sauver? Les champs de maîs ont envahis le monde, tes articles montrent l’ampleur du désastre en cours et le point de non-retour est déjà franchi au niveau climatique. C’est donc fini.
    Et puis un homme providentiel voulu par qui? La masse est agglutiné sur son téléphone. Elle ne sait plus vivre sans. Lors des 5 jours de ballade vélo, la semaine dernière, là où je me suis arrêté, autour de moi, ca ne parlait que de bagnoles. La bagnole, la bagnole et la bagnole!! Et puis dès que çà cessait de parler des tas de ferrailles, ca parlait de portables, de portables et de portables.
    Une gamine sur une terrasse avec ses parents (12 ans?) était illuminée de voir: un magasin séphora, un magasin jeniffer, un magasin fnac. C’était super. La ville était intéressante. Le reste, des bâtiments vieux de 200 ans, une architecture remarquable, elle en avait rien à foutre. Les parents, pas plus.
    Et un couple passe avec 3 enfants: tout le monde, une tablette à la main.

    Un homme providentiel pour un monde déjà foutu?

    Un homme providentiel? Pendant 5 jours, j’ai regardé les journaux papier locaux dans les bars où on s’arrêtait boire un verre de temps en temps. Les pénuries de pétrole ne sont pas encore là, on ne manque pas encore de matières premières, mais c’est déjà la jungle: un cyclotouriste agressé pour sa cb, la police ne veut pas prendre la plainte. Une écluse saccagée pour que certains puissent avoir de l’eau pour se baigner. Des voitures qui brulent même dans les petites villes.
    L’effondrement est déjà commencé.
    il nous faudrait peut-être un Caius Julius Caesar à qui Rome avait donné un mandat militaire, mais l’armée dans la rue, ça ferait bizarre.
    Ou un Makhno anarchiste mais dans un pays de 60 millions, çà ne marcherait pas. Dans une région, sans doute possible.
    Il n’y a plus qu’à attendre et courber le dos.

    1. Je réponds au commentaire d’Alain. Non, il n’y a pas qu’à attendre et à courber le dos, ni espérer qu’un « homme providentiel » (ou une femme) sauvera ce monde.
      Tout ce qui est décrit dans ce commentaire est factuel et juste et ça peut être bien pire. PMO (Pièces et Main-d’Oeuvre) dénonce le techno-fascisme, le transhumanisme, l’homme cyborg, le nanomonde, les nécro-technologies qui sont en marche, etc.
      Théophraste (mon alias) pense que la (les) prise(s) de conscience peuvent être rapides, voire fulgurantes et provoquer des bouleversements aussi inattendus, imprévisibles qu’indescriptibles… Ce n’est pas de l’espoir…

      « Se guérir de la peste* n’est pas retourner en arrière, c’est revenir à la santé. C’est se retirer du mal. L’intelligence est de se retirer du mal. »
      Jean GIONO, Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, 1938

      * et il faut s’improviser thérapeute, chaque fois qu’on le peut…

  2. Bonjour Fabrice, je lis vos articles sur votre blog depuis quelque temps déjà et apprécie grandement l’œuvre patiente que vous faites inlassablement.
    Mais ces 2 articles récemment publiés sur le thème entrelacé de feu la Résistance et celle à inventer aujourd’hui m’ont poussé à vous écrire un petit mot pour la première fois.
    Ils sont tout simplement magistraux ,à mes yeux du moins, tant sur le fond que sur la forme.
    Je partage entièrement votre analyse et vos rapprochements, entre passé et présent, ayant pas mal étudié cette période douloureuse et si étrangement fascinante à la fois que fut la Résistance. D’un côté la déshérence quasi totale à part certaines louables exceptions des institutions et des factions politiques, et de l’autre côté, l’alliance incroyable dans les réseaux de l’ombre de tendances politiques et origines sociales les plus éloignées qui puissent s’imaginer pour arriver parfois à de petits miracles collectifs de « création résistante ».
    Un livre aussi éclairant très bien ce sujet (sur la couardise et la médiocrité générale des partis et institutions d’alors) est celui d’un résistant à la fois connu mais « éclipsé » (du fait de ses prises de position controversées sur Jean Moulin) est « La nuit finira » d’Henri Fresnay. Je l’ai lu un peu plus jeune et j’ai été bouleversé par le parcours de cet homme et de ces compagnons. Ce fut typiquement un des personnages que vous décrivez, venant d’une famille historiquement de droite mais qui de par ces rencontres, la guerre et le contact avec tous ces anonymes « vaillants » de l’ombre en fut durablement transformé.. Ses pages à la fin de son livre sur le monde politique sont d’une actualité hélas redoutable.. Et pour finir sur ce Monsieur, résistant dès 40, pressentant la venue de la guerre dès 37, il part étudier l’histoire et la stratégie allemande dans la seule école dispensant cet enseignement alors en Alsace..
    A nous de continuer à nous indigner, mais aussi d’anticiper et d’imaginer les futures voies de résistance..
    Merci pour vos mots, et courage à vous, vous n’êtes définitivement pas seul !
    Amitiés de Toulouse,
    Nicolas

  3. J ai écrit un message la semaine dernière , pas une seule réaction, normal je parlais du capitalisme, des classes sociales et manifestement ce sont des mots que vous ne voulez pas entendre. C est pour cela que l’ on ressort du de Gaulle ( cela fera plaisir aux centaines de milliers de malgaches, indochinois, algériens massacrés par le colonialisme français sous de gaulle ) ou de l homme providentiel.
    Un homme providentiel ? Pour faire quoi, quelle politique ? Pourquoi ferait il une politique contraire aux intérêts de ceux qui dominent notre société et exploitent non seulement la nature, les animaux mais évidemment les hommes aussi.

    Serieusement sera t il possible de convaincre les pétroliers qu il n est pas bien de
    d’ extraire du pétrole ou l industrie automobile qu il faut cesser de produire des voitures ? Non personne ne peut le croire, et ce sont pourtant eux qui contrôlent la presse , l éducation, la politique etc… Donc je repose la Question : que faire ?

  4. J’avais écrit un long commentaire qui a disparu suite à une fausse manœuvre pour le copier -sauvegarder! Est-ce que je deviens gâteux ? Un tout cas je suis vieux (77 ans) et je fais plus court, par fatigue :
    D’abord bravo pour ton article, en résumé de ce que j’écrivais.
    Gaulliste, je l’étais tout môme en 1945, contre mon père pétainiste-demeuré et qui me traita de « graine d’ananar »… ce que je suis devenu sur le tard. Après avoir cru à l’homme providentiel René Dumont, que j’ai connu comme excellent prof-pédago, sans autoritarisme d’universitaire. Il m’a fait écolo-sans-parti, du fait de son échec électoral.
    Makno, Durruti et d’autres « chefs » anar je connais bien le sujet. La contradiction s’explique par l’urgence de la situation et SURTOUT leurs qualités de « meneur d’hommes » LIBRES, unis pour la défense de la Liberté. Et sans discipline-imposée par le système, celui de l’armée ou du parti…
    Je suis devenu anti-gaulliste du fait qu’il continua, à son retour en 58, à envoyer la jeunesse en ALGERIE, ce qui fut ma plaie ouverte, pour moi comme tant d’autres… et dont je me suis un temps vengé (pas assez!) en MAI 68 comme tant d’autres…

  5. J’ai une vraie admiration pour De Gaulle, et pour beaucoup d’autres personnes. Mais il faut se mefier de ce qu’on appelle « la psychologie », ou plutot des comportements que l’on excuse ou que l’on croit « expliquer » par ce mot. On peut admirer une personne sans adherer a tout ce qu’elle pense, a tout ce qu’elle a fait. C’est meme indispensable. D’ailleurs je serais extremement gene si quelqu’un m’admirait sans retenue. Je penserais: « Si tu savais… » Pour moi De Gaulle represente cette France non-raciste (malheureusement pas non-dominatrice, mais au moins, non-raciste) qui manque cruellement en ces jours de la montee des « neo-cons » de gauche et de droite. Alors, l’homme providentiel? Non, non, non. Il ne faut rien attendre, rien esperer d’un personnage a venir. S’aider les uns les autres. Se comprendre les uns les autres. Les Femmes et les Hommes Providentiels c’est nous! Meme parfois notre voisin, qui est souvent moins bete qu’il n’en a l’air.

  6. Je suis d’accord avec toi Végaby au sujet du capitalisme qui pourrit tout, l’argent pourrit tout, et je n’arrive pas à comprendre ces « gens » qui sont à la tête de fortune colossale et qui en veulent encore et toujours plus, surtout en exploitant les autres.
    Faut il qu’ils se croient à ce point supérieurs, pour laisser crever de faim d’autres humains, juste pour avoir encore plus de fric.
    Et, comme les publicitaires ont bien fait leur travail, la plus grande majorité raisonnent ainsi, avoir du pognon un maximum pour faire n’importe quoi, et bien sûr et surtout polluer.
    L’immense majorité ne veut pas regarder les problèmes en face et encore moins les solutions car cela voudrait dire perdre des habitudes et du « plaisir ».
    Peut on dire que l’on aime ses enfants et ses petits enfants en leur laissant une telle merde, je ne sais pas ce que l’on ferait si on ne les aimait pas.
    Je vous souhaite un beau mois d’août, mais n’oublions pas nos descendants et donc, ne prenons pas l’avion, une des pires inventions qui soit en matière de pollution.
    Je te salue Fabrice et te souhaite le meilleur, et merci pour ton blog, il permet de comprendre.

  7. Je rejoints le commentaire d’Alain. Même constat écœurant en ce mois d’août 2015, le grand mois des estivants consommateurs en tout, encore plus terribles qu’au mois d’août 2014.
    La raison de vivre de la grande majorité d’entre nous, c’est d’avoir le choix, entre tel ou tel smartphone, tel ou tel supermarché, telle ou telle bagnole. Le grand plaisir, c’est d’avoir l’illusion de la conso illimitée. Ces gens ne voudrait surtout pas d’un représentant providentiel qui viendrait les restreindredans leur frénésie de consommation. Ca virerait en guerre civile!
    Il y a un manque flagrant d’intelligence dans la population,( dans le sens faculté d’adaptation a une situation ) car la situation leur échappe (déni, inconscience etc…)

    Comme c’est au pied du mur que l’on voit mieux le mur, tout ce monde prendra une douche froide quand il n’y aura plus d’eau chaude. Plus le choix. Et plus de douche quand il n’y aura plus d’eau du tout. Nécessite faisant loi, j’ai peur de l’homme ou la femme providentielle qui se pointera à ce moment là.

    Par rapport à Amouroux et les 40 millions de pétainistes, je vous présente ma tante Gisèle, qui me semble être un exemple assez parlant .
    En 1940, elle avait 17 ans . Elle était « passeuse » entre la France et la Suisse. Il fallait bien gagner quelque sous et prendre des risques pour survivre. Par la suite, fervente gaulliste comme tous ses frères et sœurs. Et bien, n’empêche, pendant les décennies suivantes, elle précisait fièrement à qui voulait (ou devait) l’entendre qu’elle était diplômée de « l’Ecole Pétain » (pure fable)…

  8. Je vais m’efforcer d’être bref. Ma conviction est faite désormais que manque jusqu’à lors à l’écologie une dimension spirituelle. Pour répondre au constat suivant et à la vive interrogation qu’il porte : Si le mythe du progrès des sciences et de la technique, si l’illusion de la croissance infinie et de l’illimitation ne pouvaient plus constituer le cadre dans lequel l’humanité trouverait à justifier sa présence au monde… De quoi serait alors faite sa vie, de quoi la remplirait-elle ?
    Il faut donc se convaincre de renoncer à nos désirs, à mille besoins inutiles et à nos illusions. Au progrès. Cette réforme de la collectivité que nous appelons de nos vœux passe d’abord par des communautés restreintes au sein desquelles se développeront la bienveillance, la solidarité, le savoir, la création artistique etc…
    Ce n’est pas d’UN homme providentiel dont nous avons besoin mais de cent, de mille partout où s’organiseront ces nouvelles cellules sociales qui nous feront échapper à la fatalité du monde selon Mad Max.
    S’il nous fallait un modèle ? C’est le nom de Pierre Rabhi qui me viendrait à l’esprit.
    Je suis conscient d’avoir dit trop de choses sans les organiser…
    Salut à toi Fabrice, je t’embrasse.

  9. De Gaulle non mais… le grand Charles, l’instigateur du tout nucléaire ,civil et militaire (à l’heure de la commémoration d’Hiroshima ).Les événements tragiques de cette époque sont la responsabilité exclusive d’un peuple qui aujourd’hui nous sert de modèle économique,voir culturel.
    Parlez nous d’artistes, scientifiques, penseurs,philosophes, écrivains, pour étayer vos propos mais non pas lui.
    Et même si on comprend votre approche ,Google et les « cons » ne retiendront que votre titre .

  10. D’hommes providentiels, l’histoire en est truffée et plus souvent pour le pire que pour le mieux. Assez d’accord avec Vegaby. On ne pourra pas construire un monde respectueux de la nature et des autres dans le système actuel. Le croire c’est être naïf. Alors que faire ? Continuer à résister, individuellement, collectivement, localement. Je crois de plus en plus aux initiatives locales avec une réelle participation collective et citoyenne et non aux grandes messes internationales où l’on nous fait croire de possibles changements. On est dans l’ère des communicants qui ont pris le pas sur l’idéal politique qui nous abreuvent chaque jour et formatent la pensée via les médias et réseaux dits sociaux : domination de la forme sur le fond. Heureusement existent encore quelques îlots de résistance et de combat mais là point d’homme providentiel juste des hommes et des femmes de bonne volonté. Merci Fabrice d’être toujours présent et d’alimenter judicieusement le débat. Bonne journée à tous !

  11. Je partage hélas les constatations d’Anne J (ce n’est pas la première fois…) et Alain, car je fais les mêmes observations en ce moment, dans mon coin de campagne, élus locaux, citoyens ordinaires, même combat, tous vont droit dans le mur avec un enthousiasme et un aveuglement terrifiants. C’est moche, que dis-je c’est tragique, car porter la bonne parole ne suffit pas, et les initiatives individuelles du type je plante une haie, j’ai un potager bio, je circule à vélo, etc. etc. ne sont que des gouttes d’eau qui ne feront pas un océan avant longtemps. Et il sera probablement trop tard.
    Bises à toi.

  12. Bonjour à tous, et à toi Fabrice.

    La lecture de quelques-uns des commentaires des derniers billets m’a vraiment collé le blues. C’est pas possible que tout finisse comme ça, en eau de boudin. Le pire, c’est que les commentaires les plus pessimistes font écho à des sentiments que j’ai. Mais merde. Et puis il y a eu le billet « Electricien… »

    Je suis forgeron, depuis quelques années. Après avoir enseigné le français à des étrangers pendant une dizaine d’années. Ca a profondément changé ma façon de voir le monde.

    Un des aspects de mon nouveau métier est qu’il faut constamment fabriquer soi-même ses outils. Alors, comme je n’ai que mes mains et quelques machines peu coûteuses pour le faire, je fabrique des outils simples. Elégants dans leur fonction, mais simples techniquement en comparaison avec les immobrables machines qui nous entourent. Outre leur fonctionalité, j’essaie de les rendre les plus durables possible, les plus réparables possible et les moins coûteux en matériaux et en temps. Chaque outil me donne la banane quand je m’en sers et que les choses se passent en douceur. Je les bichonne tous comme s’ils valaient des fortunes. En fait, ils valent des fortunes. Il m’arrive même de les regarder par plaisir. C’est peut-être quelque chose d’évident pour certains qui me liront. Pour moi, ça a été une vraie découverte. Ou au moins c’était la première fois que j’en prenais conscience.

    J’ai éprouvé la même chose devant les petites carottes de mon potager, pourtant ni les plus belles ni même les meilleures au monde. Mais c’était des carottes qui venaient de moi. De l’attention que je leur avais portée. Même si au final, il s’agit seulement de les laisser faire la carotte, je sais bien. Je me suis vu en éplucher qui n’étaient pas plus grosses que mon petit doigt. Et pas peu fier, avec ça.

    C’est ça que j’aimerais voir partout. Prendre en charge une plus grande partie de ma vie. Voir la beauté dans les choses qui sont à ma portée. Apprendre à reconnaître, cueillir et utiliser les plantes sauvages. Construire une maison, en en récoltant moi-même les matériaux dans l’environnement immédiat. Donc une petite maison, pour éviter de faire un trou énorme comme un gros lourdaud. Et parce que je sais très bien ce que ça coûte réellement, faire le minimum en fer. Quelques haches, scies et ciseaux, quelques doloires pour équarrir les bois à plusieurs, quelques ferrures, des binettes pour jardiner un peu en chantant, des casseroles et surtout pas de serrures. C’est mon entrée bien à moi, mais je crois qu’elle vaut pour tous les domaines. Des outils simples, pas trop nombreux et dont on se sert avec le cerveau en marche. En faisant très attention à ne pas en abuser.

    Je me pose encore la question de savoir quelles techniques de quelle époque choisir. Qu’elles soient à la portée de quelques hommes et femmes, et pas seulement de tout un système technologique avec spécialisation à outrance et distance maximale entre tout et tous. Qu’elles soient source de joie quand on s’y livre. Qu’on puisse les transmettre simplement.
    Et par techniques, il me semble qu’il faut aussi entendre la partie sociale. Comment qui fait quoi ? Avec qui ? Comment en est partagé le fruit ? Comment prendre des décisions qui affectent plusieurs personnes ? Quelles barrières se mettre ?

    Je pense que plus la vie est immédiate, au sens étymologique, plus elle est belle et aimée, protégée. Simple aussi. Et que donc ces questions qu’on se pose trouveront d’elles-mêmes leurs réponses quand le moment sera venu.
    Quant au grand monde, il nous reste au moins l’espoir qu’un tout petit bout d’exemple peut éveiller des envies.

    La question maintenant, c’est où et avec qui.

    1. « En fait, ils valent des fortunes » passer le cap pour : En fait ils n’ont pas de prix. C’est évident. Cela permet, dans certains cas, de les… donner. Attention, toutefois, sur la bonne route, aux plantes dites sauvages. Reconnaître n’est pas suffisant. Il faut les connaître afin de savoir s’il est possible d’en prélever sans trop de dommages pour elles ou leurs hôtes habituels. Pour faire un peu plombier, je dirais, il y a la permaculture. 🙂

  13. Quelque chose qui j’en suis sûr ne sera pas pour te déplaire. Pour moi ils sont des exemples à suivre dans un autre combat que nous menons.

     » Aucun de ces hommes n’avaient la prétention d’écrire l’Histoire. Chacun d’eux, pourtant y participa comme combattant et témoin d’exception.  »

    http://www.24-aout-1944.org/

  14. Merci Karl de ce témoignage. Je fais partie de ceux et celles qui, depuis quelques mois, plombent, sans le vouloir, l’atmosphère de Planète sans visa. Ce n’est pourtant pas l’image que je voudrais laisser, mais bon, c’est comme ça. Et c’est pour ça aussi que j’interviens un minimum, pour épargner les autres lecteurs 🙂 Mais un message comme le vôtre, et ben ça fait drôlement du bien à lire 🙂

  15. Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’homme providentiel ?

    Ce n’est pas De Gaulle qui a libéré la France en 1944, mais ce sont bien les armées américaines et britanniques ! Des armées, des États, des machines de guerre industrielles… Certainement pas des pékins avec leurs petits bras, fussent-ils galonnés !

    De Gaulle n’est que le symbole, parfaitement faux et usurpé, qui prétend que les Français tenaient encore à cette époque quelques brins de leur destin entre leurs propres mains. Ce qui n’était pas le cas. Mais, rétrospectivement, les Français se plaisent toujours à croire ce mythe fondateur, encore aujourd’hui, même s’il faut tordre l’histoire pour ça…

    Contrairement à la thèse d’Amouroux, il n’y a pas eu 40 millions de pétainistes en 1940, et 40 millions de Gaullistes en 1944. De toute façon, leur avis comptait pour rien puisque le pays était… occupé par une force étrangère, et fut… libéré par une autre force étrangère.

    En réalité, il y a eu 5000 collaborationnistes et 5000 résistants, à tout casser, et pour solde de tout compte ! Le reste ? Un marais, un magma… 40 millions de gens désemparés, ne sachant plus à qui se vouer, dépossédés de leur propre destin, cherchant d’abord à manger et à protéger leurs enfants des bombes et des balles perdues.

    Evidemment, vu comme ça, ça fait une histoire moins plaisante à raconter à ses petits enfants.

  16. Dis, Fabrice, tu nous reparles du loup, de l’ours, des associations environnementales qui résistent sans aller se planquer à l’étranger…
    très cordialement

  17. C’est drole, j’ai justement lu un editorial sur ce sujet dans The Hindu (probablement le meilleur quotidien en langue anglaise en Inde) aujourd’hui meme:

    http://www.thehindu.com/opinion/editorial/democracys-essence/article7519144.ece

    qui fait reference a cet article:

    http://www.thehindu.com/data/a-global-survey-on-attitudes-to-democracy/article7511834.ece

    Il y a plusieurs observations interessantes. La premiere est inquietante, et une enquete semblable devrait etre menee en France, cela confirmerait peut-etre ce que certains ont deja dit et ecrit:

    – le desir exprime d’un pouvoir autoritaire est plus repandu chez les gens riches, a haut niveau d’education et ayant meilleur acces aux medias.

    La seconde surpendra peut-etre certains:

    – En Asie du Sud, le desir exprime d’un pouvoir autoritaire est plus fort en Inde, au Nepal et au Pakistan, plus faible au Bangladesh et au Sri Lanka, l’opinion dans ces deux pays etant plus favorable a la democratie. Oui, au Bangladesh. A mettre en relation avec l’interpretation fantaisiste et malveillante que fait, par exemple, le journal francais Liberation de l’assassinat de Niloy Neel au Bangladesh. Cet assassinat est un geste desespere d’une section du pouvoir manipulant les extremistes et qui se sent de plus en plus vulnerable, devant l’emergence de milliers et de centaines de milliers de Niloy Neel, qui ont de moins en moins peur, et non pas de plus en plus peur. Tout le contraire de la vision a la fois fataliste et paternaliste que Liberation voudrait suggerer…

  18. Karl,

    Moi, je suis réparateur vélo. Les gens débarquent quasiment tous avec des vélos de supermarché ou des trucs bons pour être recyclés chez un ferrailleur. Les premiers, c’est pour une question de prix, les deuxièmes « c’est parce que les vélos récents ne sont pas aussi bons que les anciens et puis j’aime pas jeter ». Mais tous sortent de leur poche des portable dernier cri, sans se préoccuper du prix de celui-ci et de son recyclage.
    Ils sont nombreux à pinailler les prix, à trouver les vélos du magasin trop chers, à ne pas vouloir un bon antivol et à se plaindre du vol de vélos.
    Peu de monde répondent à la question que je pose parfois: « pourquoi vous préocupper d’un vélo anti-recyclable (alu/acier)? Avez-vous une vieille voiture, un téléphone noir et blanc, et une télé non plate? Là est le gaspillage et la pollution.
    Aborder les pbs de pétrole et de matières premières, c’est avoir comme réponse « on trouvera bien quelque chose ».
    Vu qu’on prend pas la carte bancaire, ca irrite certains. Ca fait pas moderne (faut avoir un vieux vélo mais quand même… faut pas exagérer). Mais tous critiquent le système bancaire qui mène dans le mur. Va comprendre…

    Une toute petite minorité a conscience du pb. Les autres, ils s’en foutent. La jeune génération, c’est encore pire. Quand ils sont accompagnés de leur parents, ils ont le nez dans leur téléphone. Ils ne regardent même pas ce que tu montres, ils ne répondent pas non plus sauf pas des « oui » qui veulent dire « j’m’en fous ».

    On se croirait parfois entouré d’idiots et d’abrutis. Il y a un sens gêne qui frôle la politesse. Ca ne donne strictement aucun espoir.

    Dans une chambre d’hotes où j’étais cette semaine pour un soir, lorsque le propriétaire a abordé ma ballade vélo avec ma femme, on était des extra-terrestres. Vous pensez bien…300 kms en vélo sur plusieurs jours. Pour eux, c’était surhumain.

    1. Salut Alain,

      Du coup, tu conseillerais quoi, pour un achat de vélo ? Je pense en acheter un sur le long terme, mais je n’y connais rien. Et je n’ai pas trop envie de me faire embobiner par un vendeur de Décathlon. 🙂

      1. Cher François,
        C’est à Alain que la question s’adresse, mais je me permets d’apporter une réponse : un bon vélo d’occasion peut se trouver dans un atelier d’auto-réparation tel que les Cyclofficines, à Paris, ou tout autre atelier membre de l’Heureux Cyclage. Il peut même être construit à partir d’un cadre de vos propres mains, avec l’aide des bénévoles et/ou des salariés de ce type d’association. Vous vous sentirez peut-être aussi heureux que Karl à la fin, en tout cas, vous aurez la satisfaction d’avoir sorti un peu d’acier ou d’alu du circuit des déchets, tout en vous étant procuré un véhicule silencieux, simple, facile à garer, bon pour votre santé…
        Et si vous pouvez vous le permettre, allez chez un réparateur vélociste comme Alain, et faites lui confiance, on ne peut pas à distance, sans connaître votre corpulence, votre taille, votre âge, votre forme physique générale, vous conseiller un vélo, ce serait une sorte d’escroquerie, à mon avis, au fait, c’est peut-être la raison de son absence de réponse…

        1. Ok Anne-Lise, merci pour la réponse, par contre pour les Cyclofficines, comme je ne suis pas sur Paris… mais je vais me renseigner. 🙂

  19. Sur l’autorite:

    Comment concilier le rejet de l’autorite au niveau personnel et le fait de « ne pas en faire une politique »?

    Peut-etre en ceci: Si se soumettre a l’autorite est vil, attribuer de l’autorite est noble. Ou est la difference exactement? Pensons au respect des enfants devant leurs aines, a leur ecoute devant leurs educateurs. Noblesse, qui eleve a la fois l’enfant et l’aine (mais surtout l’enfant). Mais imposer son autorite par la colere ou la violence, abaisse a la fois l’aine et l’enfant (mais surtout l’aine).

    Comment traduire ce phenomene en democratie? Je ne sais pas…

  20. Je ne possède pas les connaissances nécessaires pour entrer dans le débat concernant le général de Gaulle, je m´abstiendrai donc de donner un avis qui ne pourrait être que sornettes. Mais je souhaiterais que, avant de parler de résistance, il faille s´entendre sur le sens que l´on donne à ce mot. Jeune et bête, je m´en gargarisais. Je ne prétends pas être aujourd´hui bien plus intelligente, mais ce que j´ai appris sur la résistance allemande au nazisme en lisant Hans Mommsen, m´a un peu ouvert les yeux. Mommsen est un historien allemand qui a remis en question la définition un peu glorifiée que l´on donnait, en Allemagne je précise, aux « pratiques » de résistance contre le nazisme. Les mouvements de « résistance » en France et en Allemagne ne sont sans doute pas comparables, mais je pense qu´une définition moins rigide de ce terme souvent galvaudé s´impose (je ne parle pas de la manière dont vous l´employez, Fabrice).

  21. Bah le voilà, l’homme providentiel (c’est de l’ironie, hein) : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/08/12/vincent-bollore-notre-methode-c-est-plutot-du-commando-que-de-l-armee-reguliere_4721862_3212.html

    Cette interview est assez instructive… par exemple :

    « Pour moi, c’est clair, le continent africain va devenir ce qu’est la Chine, mais en plus gros et moins énigmatique. Et c’est une chance. » (« Moins énigmatique », comprendre : on les a déjà colonisés une fois, on sait comment les exploiter tant que tant. Et pour la Chine, qu’on pense à la catastrophe écologique…)

    « Question : Comment est née cette idée de « grande boucle ferroviaire » entre Abidjan et Cotonou ?

    Réponse : C’est l’ancien premier ministre Michel Rocard qui m’en a parlé le premier, il y a une vingtaine d’années. Il me le répétait avec insistance : « tu devrais faire la boucle, tu devrais faire la boucle ». Il a dû me le rappeler 42 fois comme le fait Michel Rocard (rires). »

    Allez, encore une démonstration du pouvoir de nuisance de types comme Rocard.

    Et sinon, pour évoquer la façon dont se prennent les décisions dans son entreprise, voici ce que dit Bolloré :

    « C’est plutôt du commando que de l’armée régulière. On ne passe pas beaucoup de temps à discuter de ce qu’il faut faire, on agit. (…) On verra à l’autopsie si c’était une bonne ou une mauvaise idée. »

    On parle quand même d’un groupe d’au moins 10 milliards de chiffre d’affaires, hein. Qui se lance dans des tas de truc à travers le monde. Avec des impacts. Et le mec qui dirige tout ça, il lance tranquille que sa méthode, c’est foncer dans le tas et réfléchir après.

    Dire que par chez moi, tout le monde (ou presque) est à genou devant ce mégalo dévastateur !

  22. À Karl, découvrant les carottes « maison » ou plutôt « jardin »
    « Je me suis vu en éplucher qui n’étaient pas plus grosses que mon petit doigt. »
    Ah mais non, Karl, les carottes de ton jardin (j’imagine qu’elles sont bio?) ça s’épluche pas, quel massacre!!! ça se frotte, à la rigueur avec une brosse si tu es minutieux.

    Pour le reste, j’ai eu beaucoup de plaisir à lire ton commentaire. Plus qu’à un éventuel homme (femme?) providentiel, qui nous ferait « gagner du temps » mais peut être pour aller ailleurs que là où nous voudrions, je crois à la reprise en mains de nos destins individuels, puis à la mise en commun de ces compétences réappropriées.

    Je ne crois plus qu’on puisse changer « par le haut » cette société, je crois qu’il faut la reconstruire par le bas. Sachant que, dès que ça sera assez répandu pour devenir efficace et menacer les monopoles… ils vont contre-attaquer. Et là… j’ai pas encore la réponse.

  23. Sur les questions qui reviennent ici périodiquement, sur l’anthropocentrisme, la place de l’homme, le pouvoir, les philosophes français comme Foucault et Derrida ont débroussaillé, ont exploré les chemins, qui permettent d’avancer de manière sure, consciente et rationnelle.

    Ecoutons Michel Foucault debattre avec Noam Chomsky :

    « Je suis dans ma démarche beaucoup moins avancé, je vais beaucoup moins loin que Monsieur Chomsky, c’est-à-dire que j’avoue n’être pas capable de définir, ou à plus forte raison de proposer, un modèle de fonctionnement social idéal pour notre société scientifique ou technologique. En revanche, une des tâches qui me parait urgente, immédiate, avant même toute autre chose, c’est celle-ci : On a l’habitude, du moins dans notre société Européenne, de considérer que le pouvoir, il est localisé entre les mains des gouvernements, et il s’exerce, par un certain nombre d’institutions bien particulières, qui sont, l’administration, en France on appelle ça « préfectorale », je sais pas comment on dit ailleurs, qui sont, l’administration, la police, l’armée. On sait que toutes ces institutions-là sont faites pour transmettre les ordres, les faire appliquer, et punir les gens qui n’obéissent pas. Mais je crois que le pouvoir politique, il s’exerce encore, il s’exerce en outre, de plus, par l’intermédiaire d’un certain nombre d’institutions qui ont l’air comme ça de n’avoir rien de commun avec le pouvoir politique, qui ont l’air d’en être indépendantes, et qui ne le sont pas. On sait bien que l’université, d’une façon générale tout le système scolaire, qui en apparence est fait simplement pour distribuer le savoir, on sait que cet appareil scolaire est fait pour maintenir au pouvoir une certaine classe sociale, et exclure des instruments du pouvoir toute une autre classe sociale. Quelque chose comme la psychiatrie, qui en apparence aussi n’est destinée qu’au bien de l’humanité, et à la connaissance des psychiatres, la psychiatrie est encore une certaine manière de faire peser un pouvoir politique sur un groupe social. La justice également. Et il me semble que la tâche politique actuelle, dans une société comme la notre, c’est de critiquer le jeu des institutions apparemment les plus neutres et les plus indépendantes, de les critiquer, de l’attaquer, de telle manière que la violence politique qui s’exerçait obscurément en eux surgisse et pour qu’on puisse lutter contre elle. A vouloir tout de suite, si on cherche tout de suite à donner le profil et la formule de la société future, sans avoir bien fait la critique de tous les rapports de violence politique qui s’exercent dans notre société, on risque de les laisser se reconstituer, même à travers des formes aussi nobles, apparemment aussi pures, que celle du syndicalisme anarchiste. »

    Michel Foucault en débat avec Noam Chomsky, Débat en français et en anglais à la télévision néerlandaise enregistré à l’École supérieure de technologie de Eindhoven, novembre 1971. Disponible en vidéo et en retranscription plus ou moins éditée. (ici j’ai retranscrit strictement la version orale, sans corriger quelques fautes d’accord grammatical).

    Qu’avons-nous fait en pratique sur le chemin que Foucault nous invitait à emprunter, en 1971, de manière « urgente » et « immédiate » ?

    Il n’y avait pas que Foucault, d’ailleurs. Alors que Foucault justifiait par une approche historique des institutions de la société, son travail d’attaque des structures du pouvoir, Jacques Derrida s’était attelé essentiellement à la même tache, mais en se concentrant sur le langage et la pensée, leur travail est donc complémentaire.

    Mais tout indique que loin de les avoir écouté, notre époque est en train de régresser rapidement.

    – Le développement exponentiel de l’informatique fait que les structures du pouvoir existantes dans les formes de pensée dominantes se renforcent de plus en plus et acquièrent une séduction et s’exercent avec un niveau de violence sans précédent dans l’histoire humaine ; La pénétration de plus en plus totale de l’école garanti que ce durcissement, cette pérennisation des formes de pouvoir contemporaines prennent une ampleur peut-être inouïes dans l’histoire humaine, en neutralisant dans l’œuf les possibilités de nouvelles idées dont les nouvelles générations sont potentiellement porteuses.

    – La critique « sociale » s’exerce de plus en plus envers les sociétés qui ne sont pas la notre, et s’intègre de plus en plus avec la politique, suivant le schéma désormais connu sous le nom « néo-cons », résultant en une sorte « d’Orientalisme » généralisé, étendu a la planète entière et non plus seulement a « l’Orient », ou le pouvoir (on pourrait même dire « un sens aigu des rapports de force » selon la formule cruelle de Pascal Boniface) définit les conditions même de la connaissance (et non pas le contraire, ce que tous les philosophes ont défendu, parfois au prix de leur vie, depuis l’origine des temps).

    – L’intégration technologique a la même efficacité et la même séduction dans le domaine matériel que dans le domaine culturel, et la pollution et la destruction des écosystèmes et de ce qui reste des sociétés traditionnelles va s’accélérant, sorte de miroir de notre aveuglement.

    – La convergence de ces trois phénomènes est en train de donner naissance à une forme institutionnalisée, presque matérielle, en tout cas technologique et de plus en plus difficile à éviter au niveau individuel, de ce que Lucien Sfez a appelé brillamment le « tautisme » : Totalitarisme, Tautologie et Autisme réunis en une entité prodigieusement séductrice et efficace.

    A titre de comparaison, comptons le nombre de fois où Foucault prend la précaution de préciser « dans notre société » : quatre fois en 3 minutes. Cette humilité, ce sens des hiérarchies et du respect a presque complètement disparu de nos jours. De son coté, le travail de pionnier de Derrida permet de démonter l’anthropocentrisme, l’ethnocentrisme et même (voir ses textes sur les animaux) ce que certains appellent « le spécisme ».

    C’est comme si ces deux penseurs avaient préparé en avance les armes qui nous permettent de résister aujourd’hui contre la barbarie moderne, qui n’existait pas encore au meme point mais qu’ils avaient vu venir, et que personne ou presque ne les a écoutés.

  24. Merci pour vos commentaires qui me / nous donnent des mots bien précieux. Reconstruire par le bas et mettre en commun nos compétences réappropriées. Oui. Mille fois oui. Ce qui ne veut pas dire qu’on doive vivre dans sa bulle et fermer les yeux sur le rétrécissement du monde. Mais je crois que plus on est aux petits soins avec un endroit, attentif à ce qui s’y passe, plus on ouvre les yeux sur tous les autres endroits.
    Ca me fait penser à un livre. Je ne sais plus si c’est Fabrice qui l’avait conseillé ici. « Un an dans la vie d’une forêt ». Une vraie merveille qui colle à la mise en garde de Stan. C’en est presque intimidant tellement il y a à apprendre. Mais comme c’est bon d’y revenir et de découvrir ce qu’on avait absolument pas vu avant. Encore mieux quand c’est avec une personne chère.
    Promis je n’irai pas faire Atilla chez les plantes. Et je n’éplucherai plus jamais la moindre de mes carottes. Celles de l’année prochaine. Pas de jardin cette année pour cause de déménagement, mffff…
    Alain, je vois bien ce que tu dois ressentir. Ca m’arrive avec mes propres clients. Qui parfois vont pinaillant sur le (petit) prix de deux semaines de travail alors qu’avec les deux bagnoles équipées comme des avions de chasse garées devant chez eux, je pourrais m’acheter un petit bout de terrain constructible, peut-être même avec une source…
    J’y laisse de l’énergie à faire entrevoir que le travail peut être plus petit mais plus beau. Faire comprendre qu’un mastic, ça vaut toutes les cochonneries en cartouche, pourvu qu’on en prenne soin de temps en temps. Mais c’est là que ça blesse. Réapprendre à faire des choses soi-même. A porter attention au détail. Si on fait l’effort de demander, il y mille personnes prêtes à nous montrer comment faire.
    Mais il ne faut pas lâcher. Tous, ici. On doit continuer à montrer. Et se mettre ensemble. Toute forme d’entr’aide n’est pas seulement foncièrement une résistance au monde en marche vers le trou, mais aussi une source de bonheur sans pareille.
    Pour finir sur une note légère. L’autre jour, une chauve-souris s’est invitée dans ma chambre, j’imagine qu’elle m’a pris pour une mouche. Elle a bien mis trois minutes avant de retrouver la fenêtre par laquelle elle était entrée. Trois minutes à voler partout, Fffffft fffft fffttt, sans ne jamais rien toucher. Elle a juste déposé une belle fiente (on dit « fiente » pour les chauve-souris ??) sur un poster. C’était magique.

  25. Tout acte de résistance individuel est bon mais il il ne suffira pas. Je suis moi-même devenu végétalien, mais je suis conscient que cela aura un impact très faible sur l’exploitation animale et la puissance de l’industrie de la viande.
    Tout projet individuel ou local est sans doute utile mais ne changera jamais la société. Le capitalisme récupérera ces initiatives ou les brisera.
    Je sais qu’il y a une résistance parmi vous à revenir sur une critique globale du capitalisme car cela nous ramène à Marx et vous n’en voulez pas.
    Mais il n‘ y a pas d’autre solution à ce que la société, (l’immense majorité de la population) se réapproprie les moyens de production (les entreprises) et que nous établissions une économie rationnelle basée sur les besoins essentiels et utiles de l’humanité et non égoïstes d’une minorité.
    Il ne sert à rien de s’en prendre aux consommateurs qui utilisent des portables, ils sont conditionnés (comme vous et moi dans une certaine mesure) par la publicité, la propagande et l’éducation détenues par la classe dominante.
    Notre société est une société divisée en classes, basée sur l’exploitation, la concurrence
    et la recherche du profit individuel. C’est cela qu’il faudra abattre. Par la force malheureusement et non les élections qui ne mèneront jamais à la remise en cause du système.
    Et bien sûr il faudra apporter au marxisme l ‘écologie qui lui manque tant et que Marx ne pouvait prévoir à son époque. En tous les cas, la nature et les animaux, (que je chéris au plus profond de moi-même) ne pouvait être la préoccupation des socialistes au 19ème siècle.
    Il est essentiel de l’intégrer dans tout projet d’une nouvelle société. Il faut reconsidérer les animaux et la nature comme des êtres vivants et sensibles et les respecter. Y compris cesser de les manger … oui c’est très possible et j’en suis heureux chaque jour.
    Cela veut dire que même un barrage de fleuve est discutable car un fleuve il vit.
    Qu’une route est discutable car une route pollue et tue.
    Qu’exploiter une forêt est discutable car elle rend des services immenses et abrite des frères humains et nos cousins animaux.
    Tout ce qui semblait évident y compris dans une perspective marxiste dans la domination et exploitation de la nature doit être repensé et remis en cause.
    Même si je pense que le marxisme est indépassable dans sa critique du capitalisme et son projet de communisme, il doit absolument se refonder sur sa considération de la nature.

    1. Vegaby écrit : « (…)Je sais qu’il y a une résistance parmi vous à revenir sur une critique globale du capitalisme car cela nous ramène à Marx et vous n’en voulez pas. Mais il n‘ y a pas d’autre solution(…) »
      Plus loin, il ajoute : « Et bien sûr il faudra apporter au marxisme l ‘écologie qui lui manque tant(…) »

      GROSSE ERREUR. On ne peu « apporter un plus écologique » à une pensée, une doctrine FONDÉE sur le productivisme économique, la croissance, notions antinomiques à la sobriété écologique.
      Folle croissance, qu’elle soit bourgeoise (capitalisme libéral) ou ouvrière, en principe, mais en fait dirigé par un Parti-État (capitalisme dirigiste chinois, par exemple)…

      En conclusion, Vegaby écrit : « (…)je pense que le marxisme est indépassable dans sa critique du capitalisme et son projet de communisme(…) ».
      Et moi je SAIS, après avoir rejeté le carcan productiviste du marxisme, que cette pensée est dépassable, rejetable, nuisible car entraînant un dirigisme, une militarisation du peuple ouvrier-esclave… et ce dépassement-rejet c’est la voie libertaire, l’anarchie. On n’en est plus au temps – « historique mais dépassé » – de la querelle Marx-Proudhon, mais à celui, sociétal et vital, de La LIBERTÉ contre la CAPOLIRISATION de chacun-chacune, sous « Direction Éclairée » de l’Homme Providentiel, qu’il soit De Gaule, Staline, Mao, Obama… j’en passe !

  26. Vegaby: Entre la force et les election vous ne voyez vraiment pas d’alternative? Pourquoi etes-vous vegetalien? J’espere que c’est par libre choix et que ca vous fait plaisir! Dans ce cas, pourquoi supposez-vous que vous etes seul a etre capable de faire un choix conscient? Au fait, Marx etait probablement le plus ecologiste des economistes de son temps!

    1. Laurent fournier
      Entre révolution et elections, non je ne connais pas une autre alternative…
      Je suis végétalien par choix ethique et militant pour les animaux mon plaisir est secondaire,
      Je ne crois pas être le seul capable malheureusement les chiffres sont là et puis
      c’ est historique en dehors de périodes révolutionnaires l’immense majorité suit le modèle dominant, c’est pour cela que les bonds en avant se font avec des révolutions – et une révolution c’ est pas forcément tuer des gens, par contre sans révolutions des gens sont tués tous le jours…
      Marx écologiste ? Je pense qu’ il en était capable mais à part quelques correspondances avec Engels sur la dégradation de fertilité des terres agricole je ne suis pas au courant mais ne demande qu à l’ être je vous écoute !

  27. Je ne sais si ce blog est le lieu, je ne crois pas, mais tant pis l’info m’a semblé intéressante à relayer pour une fois que les citoyens ont l’occasion de faire (peut-être) quelque chose…
    http://www.francetvinfo.fr/economie/commerce/traite-transatlantique/wikileaks-et-yanis-varoufakis-s-attaquent-au-traite-transatlantique_1037775.html
    http://www.lepoint.fr/economie/wikileaks-offre-100-000-euros-pour-une-copie-du-traite-transatlantique-11-08-2015-1956143_28.php
    Rien trouvé dans la presse quotidienne libérale et gouvernementale (sites Web seulement) : Le Figaro, Le Monde, Libération.
    Étonnant non ?
    Et dans les deux sources citées ci-dessus l’info est au chapitre « Économie » (synonyme récent de politique)

  28. Salut à toutes et tous !

    Dans l’esprit (Saint, bien sûr !) de l’encyclique du pape François, les cathos se mobilisent aussi en province… et organisent le dernier week-end d’août à Saint-Etienne la deuxième édition des Assises Chrétiennes de l’Ecologie.

    Trois jours d’échanges, de conférences, d’ateliers autour des enjeux de la COP 21 et d’autres sujets tout aussi importants et passionnants…

    J’ai même lu ton nom, Fabrice dans la longue liste des invités. Pourras-tu t’y rendre ?

    Merci de faire passer l’info, si vous résidez dans la région 😉

    http://rencontres-ecologie-2015.assises-chretiennes.fr/assisces_chretiennes/Conferenciers.html

    Bien à vous. Sancho

  29. D’accord avec ça Fabrice, pour moi, c’est un fait à l’articulation du psychologique et de l’anthropologie :

    (…)La psychologie des humains, telle que je la comprend du moins, est comme dopée, en tout cas modifiée, lorsqu’elle peut projeter sur un être vivant le tableau infiniment divers de ses rêves et de ses attentes. L’impossible finit alors par devenir une vraie perspective. Dans le plus noir des trous, un frisson de lumière se glisse et fait espérer le jour. C’est ainsi, je crois. Je n’aime pas ça, mais je crois signaler un fait (…) . »

    Si je ne me trompe pas, certains anthropologues parlent à ce sujet d' »ontologie » lorsque cela concerne non plus seulement un être humain, mais aussi un animal ou une plante, voire même une roche ou une étoile. Pour ceux qui veulent creuser, il y a « La composition des mondes » que Descola vient de publier.
    Je dois avouer que je n’avais pas pensé à l’homme providentiel en lisant cela (Descola parle de plantes, d’animaux ou de roches) … mais il me semble que le lien est possible. A confirmer…

    Ainsi, ceci renforce cela :

    « (…) Charger l’homme du poids de la Providence, je crois que c’est fou. Abandonner son autonomie, sa volonté, sa liberté, je crois que c’est suicidaire. Mais accepter cette perpétuelle tentation des hommes, je pense que c’est sage. Pour ce qui concerne la crise écologique, je gage que nous gagnerons du temps – c’est l’élément décisif – si peut surgir une figure autour de laquelle agréger nos forces. Je me répète : sans abdiquer. Sans renoncer une seconde à défendre notre point de vue entier. Mais en jugeant sans levée de boucliers ce qu’apporte à tous le destin d’un seul. (…)

    Evidemment, cela ne doit signifier en rien un quelconque renoncement à notre autonomie personnelle, nous serons tous d’accord ici je crois.
    Mais, visiblement, c’est ainsi que fonctionne l’Homme. Peut-on se risquer à dire que… c’est notre nature ? Peut-être bien !
    Alors oui, il faut en tenir compte si on parle aux humains de ce monde !

    1. La « nature humaine » c’est la nature. C’est exactement en ce sens que la nature est parfois percue comme humaine. Voir les dessins de Hokusai, les gravures de Rembrandt, les peintures de Durer, des grands peintres, et finalement les oeuvres de tous les artistes. Et c’est pourquoi l’expression « non humain », si populaire en anthropologie, est paradoxale: Elle ne peut avoir de sens que s’il existait une « nature humaine » qui ne fasse pas partie de la nature, ce qui est auto-contradictoire. La nature c’est notre nature, aimer la nature c’est s’aimer.

    2. La « nature humaine » c’est la nature. C’est exactement en ce sens que la nature est souvent percue comme humaine. Voir les dessins de Hokusai, les gravures de Rembrandt, les peintures de Durer, de Robert Hainard, de la grotte de Lascaux ou de Francis Bacon: Lorsque l’attention artistique est poussee a son plus haut degre il est devient impossible de separer la nature (ce qui n’est pas « notre », ce qui est « exterieur », de l’humain (ce qui est « notre », ce qui est « interieur »). Et c’est pourquoi l’expression « non humain », si populaire en anthropologie, est paradoxale: Elle ne peut avoir de sens que s’il existait une « nature humaine » qui ne fasse pas partie de la nature, ce qui est auto-contradictoire. La nature c’est « notre » nature, aimer la nature c’est s’aimer.

  30. De Gaulle a été une catastrophe écologiste durant sa présidence (1959-1969) car il a été l’instigateur du remembrement agricole.
    Quant à 1940 on cache souvent (histoire officielle) qu’il n’est parti à Londres que parce qu’il n’avait pas été retenu dans le nouveau gouvernement formé par Pétain après la démission de Paul Reynaud.
    « C’est bon, ils ne veulent pas de moi ! Dans ces conditions, je fous le camp à Londres ! »
    J’ai les références, si vous le souhaitez.

    Un destin tient à peu de choses, s’il avait été pris au gouvernement il aurait été condamné comme collabo en 1944.

    1. Sophie,

      Je crois connaître cette époque et je dois vous dire que vous ne connaissez pas le de Gaulle qui part à Londres en juin 40. Je n’ai jamais rien caché de ses limites et de ses fautes – sa présidence 1959-1969 a en effet été une horreur de destruction, mais je ne vois pas pourquoi imaginer qu’il aurait pu devenir collabo. Pour de multiples raisons que je ne peux évidemment détailler, il s’agit pour moi d’une ineptie. Mille excuses.

      Fabrice Nicolino

    1. Sophie,

      Non, désolé, je ne marche pas. Je crois avoir lu une trentaine de livres sur le sujet, dont ceux de Lacouture, Bourdet, Ferro, Guillemin, et je récuse vos sources, qui sont de deuxième ou troisième main, voire davantage.

      Fabrice Nicolino

  31. Après le référendum grec et ses suites pas très reluisantes j’avais écrit sur un autre blog: « Quel De Gaulle aujourd’hui pour appeler à la résistance? Et surtout: Qui pour l’entendre? ». J’avoue que le personnage me fascine (Daniel Cordier peut-être davantage encore). Je parle de l’homme du 18-Juin. Celui qui a dit NON. Pas sûr que je serais sur cette Terre sans lui… Mais je repose mes questions. Et n’ai de réponse ni à l’une ni à l’autre. En tout cas je ne vois personne, mais vraiment personne de la stature de De Gaulle aujourd’hui. Mais Fabrice a peut-être une idée?

  32. Fabrice,

    Le De Gaulle qui a commencé à couvrir la france de béton, de centrales nucléaires, de deniers pour faire des avions Dassault était donc un homme providentiel.
    C’était un homme parfait avec une république qu’on a remaniée pour être à sa « hauteur ».

    De gaulle, quel homme providentiel qui nous a « libéré » de la folie des hommes pour nous faire entrer dans le monde moderne de la folie des hommes. Pas la même, mais quand même…

    « La civilisation mécanique, qui nous apporte beaucoup de malheurs, nous apporte aussi une prospérité croissante et des perspectives mirifiques. Seulement voilà, elle est mécanique, elle enlace l’homme dans une espèce d’engrenage qui est écrasant. Comment trouver un équilibre humain pour la civilisation ? Voilà la grande question du siècle. »
    livre de Marc Ambroise-Rendu, des cancres à l’Élysée, sous-titré « 5 Présidents de la république face à la crise écologique »

    Question du siècle? non résolue. Dommage!!!

  33. Au sujet de De Gaulle, il ne faut pas l’accabler de tout comme je l’ai vu dans des commentaires sur l’rticle précédent, il n’était pas au commande lors de la guerre d’Indochine et lors des massacres à Madagascar, par contre Jules Mosch et Robert Schumann, oui, au sujet du nucléaire, il estb responsaable des essais militaires avec quasimment aucune protection et des centaines de milliers d’irradiés, mais pour le développement du nucléaire civil, il faut regarder du côté de VGE qui a multiplier les réacteurs pour engraisser Schneider (dirigé par sa belle famille) Bouygues etc…

  34. Des hommes courageux, hors du commun il y en a un certain nombre dans l histoire.
    Par exemple les fondateurs du Fln algérien ou même Castro.
    Ceux là ont du prendre bien plus de risque que de Gaulle et se sont battus pour une vraie cause au moins aussi digne d’intérêt qui est l’indépendance contre l opppression colonialiste.
    Et pourtant cela ne suffit pas pour en faire des gens biens, irréprochables. Bien au contraire le FLN à peine né, ses dirigeants éliminaient physiquement le mouvement concurrent du Mna. Les mêmes méthodes ont prévalu et continué jusqu’à ce jour après l indépendance. En aucun cas ce n’ est excusable et justifiable. Mais ces combattants voir révolutionnaires avaient les méthodes de leur projet politique c’ est à dire établir un Etat de classe donc oppresseur. Alors même que le peuple algérien a combattu largement et durement pour l indépendance.

    A laurent fournier je serais intéréssé d’avoir votre réponse sur le précédent post

  35. « Je l’ai déjà écrit : nous devons grouper nos maigres forces. Échanger, fortifier les nœuds qui nous lient et nous rapprochent, préparer le terrain intellectuel, moral et psychique pour des épreuves qui seront d’autant plus dures qu’elles le sont déjà. Mais pour d’autres que nous, ailleurs, » a écrit Fabrice.

    En France, réforme de l’enseignement oblige, on vient de s’empoigner sur le maintien des langues anciennes en direction des jeunes générations. Les enseignants de mathématiques, en voie de disparition, de physique lancent des appels au secours. .. La théorie de l’évolution est contestée.. etc..

    On discute sur les méthodes d’apprentissage de la lecture, de l’histoire ( les dates ),
    la théorie du genre (quand je pense à tout le mal qu’on a eu lorsque l’éducation sexuelle est apparue: heureusement Pierre Perret nous a bien aidé au début ) etc…

    Que pensez vous de l’enseignement actuel des sciences et notamment de l’écologie scientifique en direction de nos jeunes enfants? Est il destiné à continuer de façonner une élite de décideurs politiques et économistes à l’ignorance aussi crasse actuellement dans ces domaines, devant une population qui ne dispose pas toujours de tous les savoirs nécessaires pour réagir, approuver ou contester ?

    Je n’ai pas entendu beaucoup de discussions dans la société française sur la manière efficace de faire prendre conscience au petit monde de nos successeurs de l’existence d’une crise écologique, qu’on consomme actuellement plus que nos réserves ne le permettent, que les déchets nucléaires vont empoisonner la Terre pour une très longue durée etc.. etc..

    Que l’avenir de la planète est lié aux activités de l’homme…

    Bref un homme providentiel … pourquoi pas… Devant une société préparée à l’écouter.. bien sûr. Et comment la prépare t-on ?

    1. La meilleure education a l’ecologie pour « nos successeurs » c’est d’abord de ne pas les prendre pour des cons, c’est a dire de s’efforcer d’etre ecologistes nous-memes, autant que nous en sommes capables, tout en se retenant, la aussi autant que nous en sommes capables, de leur « inculquer les valeurs »… ecologistes ou autres, que nous pietinons quotidiennement sous leurs yeux. En pratique, je confierais volontiers mes enfants a une ecole Steiner, ou s’il n’y en a pas dans le coin, a quelqu’un comme P.P. Les enfants ont un instinct pour s’approprier la substance des gens. Ayons de la substance!

  36. Vegaby,

    « quelques correspondances avec Engels sur la dégradation de fertilité des terres agricole », a l’epoque, ce n’est pas rien!!!

    Sur le rapport entre Marx et l’ecologie, ma connaissance est de seconde main car je n’ai pas lu Marx moi-meme (ou si peu). Ma source est essentiellement Debal Deb: « Beyond Developmentality, constructing inclusive freedom and sustainability » (2009).

    Je profite de votre question pour me re-plonger dans le bouquin de Deb et rafraichir un peu mes connaissances aussi! Grace a un index des noms propres d’une grande efficacite, j’ai reuni ici les principaux extraits ou le nom de Marx est cite:

    Selon Deb, la premiere description d’un phenomene ecologique a ete faite par Charles Lyell dans « Principles of Geology » (1853) ou il denonce la deforestation justifiee par le gouvernement pour detruire le refuge « des bandits et des loups » comme cause de perte de diversite des especes, l’exploitation du calcaire pour faire la chaux, etc. Juste pour resituer Marx dans son epoque…

    Base principalement mais pas seulement sur les travaux de Paul Burkett: « Marx and Nature: A Red and Green Perspective » (1999) et de John Bellamy Foster: « Marx’s Ecology » (2000), Deb affirme que Marx (et Engels) souscrivent bel et bien (et malheureusement selon lui) a la these « progressiste » « des lumieres », mais denoncaient le developement industriel comme la cause de l’alienation des travailleurs de l’humanite et de la nature en meme temps. En somme Marx se serait efforce de re-introduire la nature et la societe dans l’economie qui avait pris son autonomie sous les impulsions de Smith et Ricardo.

    Selon Deb, Marx fait preuve d’un certain cynisme en affirmant que la colonisation britannique en Inde a cree des miseres « d’une sorte infiniment plus intense que toutes celles que l’Hindustan a connu dans son histoire », mais que l’empire britannique etait malgre tout « la main aveugle de l’histoire » en rendant possible une « revolution sociale » qui « accomplira la destinee humaine » en eliminant l’ancienne societe Indienne « indigne, stagnante et vegetative », dominee par le despotisme et la superstition. Deb affirme, en s’appuyant sur ses travaux ainsi que sur ceux de nombreux chercheurs, que cette vision euro-centrique est fantaisiste, et un chapitre entier de son livre y est consacre.

    Mais Deb reconnait aussi que Marx s’est retenu d’appliquer aux societes non-Europeennes sa theorie des stades de developpement, du feodalisme au capitalisme, etc.

    Deb: « Marx pretendait que la degradation de la nature a un rang purement utilitaire en vue du profit capitaliste a resulte en l’alienation (distanciation, fin de l’amitie, « entfremdung ») des conditions de production, qui dans leur forme la plus simple sont les elements eux-memes ». (Marx 1862). « Le point central de l’analyse de Marx est que le mode de production capitaliste des-humanise a la fois les humains et la nature ».

    Enfin, le passage suivant: « Du point de vue d’une forme economique superieure de la societe, la propriete privee de la planete par des individus apparaitra aussi absurde que la propriete privee d’un etre humain par un autre. Meme une societe entiere, une nation, et meme toutes les societes existantes a un moment donne, ne sont pas les proprietaires de la planete. Ils sont seulement ses utilisateurs, ses ayant-droits, et comme bona patres familia, ils doivent la restituer aux generations suivantes dans des conditions ameliorees » (Marx 1894)

    Franchement… Qui sait, aujourd’hui, que c’est Marx qui a dit cette phrase?

    Enfin, encore une citation: « Tout progres dans l’agriculture capitaliste est un progres dans l’art, non seulement de voler le travailleur, mais de voler le sol; Tout progres dans l’accroissement de la fertilite du sol pour un temps donne, est un progres dans la destruction des sources constantes de la fertilite. (…) La production capitaliste, par consequent, developpe la technologie, et la combinaison de ces processus divers en un tout social, exclusivement en sapant les sources originelles de toute richesse – le sol et le travailleur. » (Marx 1887)

  37. La guerre des mots…
    Je me permets de vous signaler une pétition de l’association « Sauvons la Forêt ».

    « À l’ONU : les plantations ne sont pas des forêts !
    La forêt, c’est la vie, un lieu où s’entrecroisent une multitude d’espèces animales et végétales, un foyer pour des millions d’êtres humains. Pourtant, l’ONU considère aussi comme des forêts les stériles plantations industrielles d’arbres, un non-sens qui ouvre grand la porte à la destruction de la nature. Écrivons à l’ONU ! ».

    Pour lire la suite et éventuellement signer :
    https://www.sauvonslaforet.org/petitions/1013/a-l-onu-les-plantations-ne-sont-pas-des-forets?mtu=103478219&t=1081

    « Du 7 au 11 septembre prochain, la FAO accueillera le Congrès forestier mondial à Durban, une rencontre dominée par les représentants de l’industrie forestière. Au même moment se déroulera la contre manifestation Programme alternatif de la Société civile (CSAP). Sauvons la forêt y manifestera aux côtés d’ONG et de mouvements sociaux du monde entier contre les causes réelles de la déforestation et ses responsables.
    La pétition sera remise au cours du Congrès forestier mondial. »

  38. @ Jean Pierre, vous demandez :
    « Que pensez vous de l’enseignement actuel des sciences et notamment de l’écologie sscientifique en direction de nos jeunes enfants? »

    Et bien… proche du double zéro… foi d’enseignant du primaire ! Alors j’ai pris les choses en main et je fais du hors programme : on parle climat, effet de serre, écosystème un peu tous les jours autour des rituels de début de classe (la météo, la date…) et le reste du temps par la pédagogie de projet.
    Les enfants adorent et leurs remarques sont souvent très pertinentes.
    Fabrice parle souvent de la guerre et la compare à la crise écologique. Je suis bien d’accord avec toi, Fabrice.
    J’ajoute que les hussards noirs de la République ont aussi sur leurs mains le sang de la chair à canon qu’ils ont contribué à former pour « alimenter » la 1ère guerre mondiale.
    Ca a donné lieu après cette grande boucherie mondiale à une énorme remise en question sur l’endoctrinement à l’école.
    Et bien de mon côté, je ne veux pas grossir les rangs de ceux qui endoctrinent pour la société de consommation, du racisme et de la guerre (3 caractéristiques de notre société… et elles sont très liées…) ni du côté de ceux qui mentent par omission en oubliant d’enseigner l’essentiel : l’énormité de la double crise écologique actuelle (climatique et de biodiversité). Car cette dernière, je suis bien d’accord avec Fabrice, est encore plus grave que les deux guerres mondiales réunies…
    Plusieurs années de désobéissance civile dans la profession font que je prends désormais les devants (hors programmes) et je l’assume. Y compris face à ma hiérarchie tellement… soyons gentils ce soir… « transparente ».
    Les programmes de Sarkozy sont toujours en place et le PS ne les modifie que l’année prochaine… c’est vrai que le grand show des « nouveaux rythmes » était tellement prioritaire ! (même s’il fallait en finir avec la semaine stackanoviste des 4 jours…).
    Bonnes réflexions à tous 😉

  39. Laurent fournier
    Merci pour ces rappels , j’ ai beaucoup lu Marx lorsque j étais un jeune militant révolutionnaire. A la différence de beaucoup, et bien que je sois devenu un écologiste radical, je ne l’ ai jamais renié et je le considère comme un immense intellectuel et évidemment un immense révolutionnaire. Comme il doit se retourner dans sa tombe en voyant sa progéniture. Il n’ y a aucune autre perspective d’avenir pour l humanité que d’ abolir la propriété privée et donc les classes sociales. Mais je le répète il faut intégrer dans notre projet toutes les autres formes de vie.

  40. DEVINETTE .
    Qui a dit :  » Le mouvement écologiste n’est pas né initialement d’un souci de  » défense de la nature  » mais d’une résistance à l’appropriation privée et à la destruction de ce bien commun par excellence qu’est le monde vécu « . ?

    Réponse : André GORZ  » L’immatériel « 

    1. Pourquoi pas, mais pas trop d’accord avec les gens qui veulent donner « un bon pedigree » a l’ecologie, en lui deniant son cote « batarde », ils la reduisent a leur propre pedigree… Pas forcement mauvais, voire meme tres eleve, mais cette tentation de trouver apres-coup « une bonne origine » est un peu vaine, car elle risque de manquer ce qu’il y a de plus interessant, qui est l’evenement.

  41. Oui, Marx était un immense penseur. Mais pour moi, il n’a plus énormément de choses à nous apporter face à la crise écologique. Et surtout, pour démystifier le marxisme (si l’on peut dire), je conseille la lecture du très grand Castoriadis, notamment, « la société bureaucratique ».
    Je crois que la matérialisme du marxisme est l’une des raisons de mon absence d’adhésion à cette pensée qui a notamment produit l’une des pires productivisme qui soit.
    Du point de vue matériel, capitalisme et marxisme ont finalement le même imaginaire et se rejoignent bel et bien…

  42. La crise écologique vient d’où ? Elle vient d’une classe minoritaire dont l’ objectif est
    l’ enrichissement personnel sans aucune retenue et attention pour la planète, des gouvernements qui sont au service de cette classe et une majorité de gens qui sont soit dans la misère et vous pouvez toujours leur faire de la morale pour ne pas couper du bois ou ne pas braconner ou manger autrement …. Ou sans être dans la misère les autres survivent, travaillent du matin au soir, subissent la propagande et ont peu de temps disponible pour se préoccuper des éléphants , des forêts qui disparaissent ou du réchauffement climatique. Et je n’ insiste pas sur le fait que la planète est à feu et à sang, avec des guerres partout qui enrichissent les marchands d’armes et les autres.
    Et vous pensez qu’ on va résoudre la crise écologique sans devoir renverser cette folle, absurde et criminelle organisation sociale ? Ce serait bien qu’ on ait une baguette magique ou un homme providentiel ….. Mais je crois plutôt à un réveil et une radicalisation de la majorité de la population même si aujoud’hui rien ne le montre, mais n’ oubliez pas quelques mois avant 68 on disait la France morose, et on a vu que
    l’ homme providentiel est allé se réfugier de la chienlit en allemagne.

    1. Ce ne sont pas les patrons de multinationales ni de banque qui jettent à la poubelle une imprimante en parfait état de fonctionnement ( je viens de la tester ) mais des  » pauvres gens dans la misère  » , ces mêmes qui font le remplissage des déchetteries d’objets en parfait état que s’empressent de récupérer , dès la fermeture , un foule de pauvres , des vrais , sales et boutonneux , dans une course sans hésitation , preuve que ce n’est pas leur première , qui vers le bac des déchets informatiques , qui vers celui des ferrailles , qui vers le bois et ainsi de suite , course qui rappelle la ruée vers la scène dès l’ouverture des portes d’un concert de Madonna …

      Je vous écrit d’un confortable fautueil Art Deco ( 200 €), vêtu d’un chaud gilet ( 30 €), après une jolie promenade dont j’ai ramené quelques belles images grace à mon sac à dos Nike ( 45€ ) qui m’a permis d’emporter ma confortable veste imperméable Nike ( 60€) , pendant que le chat dort sur une des 6 chaises ( 22€ pièce ) de la maison , après avoir mis sur Leboncoin une partie des deux m3 de vêtements et quelques appareils éléctro-ménagers que j’ai , ainsi que tout ce qui précède , trouvé dans des poubelles , dans un état neuf pour certains , et quasi neufs pour d’autres . Poubelles des quartiers populaires , car je n’ai jamais habité ailleurs depuis que j’ai quitté le domicile familial .

      Vous pensez qu’il faudrait couper quelques têtes de salauds puissants pour que le Grand Soir arrive . Comme disait mon philosophe préféré :  » on nous dit que les pauvres c’est les gentils , et les riches les méchants . Tout le monde veut devenir méchant , quoi … »

      Végément vôtre tout de même ( je suis aussi de la secte )

  43. Au fait c ‘est drôle ! De Gaulle commence sa carrière providentielle à Londres contre les allemands et il la termine en Allemagne contre les français …

    Bon je taquine Fabrice, qui j espère se porte bien , en tous cas il a eu sa part de barbarie.
    J’ ai beaucoup avancé en écologie grâce à lui et à son remarquable travail journalistique , et merci pour ton blog !

  44. De Gaulle, c’était l’espoir, ou « un » espoir. Mais faut-il encore espérer? Deux liens pour comprendre d’où me vient cette réflexion estivalo-matinale:
    http://www.pauljorion.com/blog/2015/08/16/les-maitres-chanteurs-du-nucleaire-redemarrent-un-reacteur-au-japon-face-a-une-resistance-effroyablement-inoffensive-par-thierry-ribault/
    (pour la référence à Anders, tout à la fin) et:
    http://www.franceinter.fr/emission-le-79-jean-jouzel-lespoir-cest-que-le-climat-soit-stabilise-en-2100
    Faut-il préciser que je n’espère rien de cette sinistre farce que sera la Cop 21?

  45. L’Ecologie : une science biologique . L’Ecologie , terme crée en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel étudie les relations des êtres vivants avec leur environnement ainsi que les relations existant entre les organismes qui peuplent un même milieu.

    Citation au début de « l’Environnement par J.F. Beaux , éditions Nathan 2011
    http://www.nathan.fr/catalogue/catalogue_detail_enseignants.asp?ean13=9782091617251#fichetechnique

    @P.P. C’est un point de repére ; je l’ai repris hier pour le feuilleter. Je fais confiance à cette façon d’appréhender les problémes environnementaux qui me permet de suivre le travail des associations face à la réglementation. Ca me permet aussi de discuter avec des professeurs des écoles qui sont en train de construire un projet. Ils ont la chance, que je n’ai pas eu (j’ai fonctionné en collége) d’être en présence de leur enseignant pendant une durée suffisante pour dialoguer sur ces sujets sous différents aspects ( actualités, scientifique, etc).
    @) Laurent Fournier. Dans les écoles Steiner l’enseignant est aussi très présent donc disponible pour les élèves. Je suis très réservé sur l’enseignement scientifique pour les ados dans ces écoles. Passons…

    Lorsque j’étais professeur de collége (une heure et demie de présence en SVT,) je me suis toujours débrouillé pour sortir avec mes éléves pour leur faire rencontrer des espaces plus ou moins naturels ( dans une cour de récréation, grâce aux plantes, on peut découvrir la mondialisation à la rentrée: présence à coup sûr de l’Erigeron du Canada, de l’Erigeron de Sumatra etc… ) En association naturaliste, j’ai fait découvrir les plantes naturalisées en Zone commerciale.

    Le contact avec la nature permet donc de faire passer en peu de temps un certain nombre de faits scientifiques qui constituent un premier langage universel. La réflexion philosophique vient ensuite. J’ai l’impression parfois de voir ici certains commentateurs qui brûlent les étapes et philosophent tout de suite loin de la vie. Ce que j’aime bien dans le blog de Fabrice, c’est qu’il n’oublie jamais ce contact avec le vivant ( Beauté…) pour s’indigner des blessures infligées en essayant de cibler les causes?
    @ vegaby je ne voudrais pas être désobligeant; mais j’ai l’impression de rajeunir et d’entendre le langage de mes collègues des années 70, ceux qui avaient constitué une cellule du PC avec secrétaire, journal etc…

    Mon deuxiéme repére, que j’ai relu hier, c’est un ouvrage épuisé de Roger Cans « Petite histoire du mouvement écolo en France  » Delachaux et Niestlé 2006: premières phrases  » La prise de conscience écologique, en France, a été tardive et timide. Si on la compare à l’amour spontané de la nature manifesté par nos voisins anglo-saxons, germanique ou scandinaves, elle apparait comme une posture purement intellectuelle, suscitée par quelques scientifiques, relayée par des hauts fonctionnaires lucides et enfin prise en charge par l’Etat. Le souci de la protection de l’environnement n’est sorti du ghetto des spécialistes qu’avec l’apparition de l’écologie politique, née des soubresauts consécutifs à la grande secousse de Mai 1968
    Mais il aura fallu encore vingt ans de cheminement, jalonnés d’avancées et de reculs , pour que l’écologie s’installe en France, non seulement dans le paysage politique, mais dans la société tout entière. »

  46. Vegaby,
    je ne crois pas que la crise écologique soit dûe à une classe minoritaire défendant ses seuls intérêts personnels. Cette classe dominante est bel et bien là, on ne peut le nier, mais elle n´exerce ses pouvoirs que dans la mesure où nous, citoyens sous tutelle, lui en donnons toute la liberté. Tant que nous prendrons nos caprices pour des besoins, tant que nos envies infantiles, suggérées certes par cette fameuse classe minoritaire, seront immédiatement satisfaites, rien ne changera. Nous accepterons « avec délices » notre condition d´esclave. On peut même aller jusqu´à se demander si l´être humain est capable de vivre et d´agir autrement que sous la domination d´une minorité. Personnellement j´en doute de plus en plus. Enfin bon, je me trompe peut-être.
    Mais de toute façon, régime marxiste, société néo-libérale, c´est blanc bonnet et bonnet blanc. L´une règne par la terreur, franche et claire, l´autre procure l´illusion factice et débilitante de liberté, elle anesthésie ses citoyens. Mais dans les deux cas, ils sont dociles et « fonctionnent » !
    Et ne sommes-nous pas encore plus coupables de ne pas rejeter notre forme de société que les citoyens emprisonnés dans une dictature comme le fut la RDA et qui vivaient dans la peur et sous la menace de représailles terribles? Il n´y a pas ici de Gestapo ou de Stasi pour nous obliger à consommer comme des forcenés, nous pouvons sans risque saper ce système, le fragiliser de l´intérieur, refuser d´obtempérer aux oukazes grossières de la publicité. Ne sommes-nous donc pas capables de dire « non merci, je ne veux pas de ci ou de ça, vous pouvez le garder, je ne me laisse pas embrigader dans vos combines grossières et mal ficelées » ? Apparemment pas ! Cela semble être au-dessus, non de nos forces, mais de notre volonté.

    1. « Quand on pense qu’il suffirait que les gens ne l’achètent pas pour que ça ne se vende plus », Coluche.

      Je trouve comme Martine qu’ici en tout cas, nous prenons nos caprices pour des besoins. Pendant longtemps, j’ai envié ceux qui avaient plus que moi, je me prends à envier et admirer ceux qui savent faire avec moins, et qui semblent en tirer beaucoup de satisfaction.

      Les exemples ne manquent pas, finalement, autour de nous, il suffit de regarder, et de lire certains témoignages sur ce fil de commentaires (description humoristique d’Azer).

      Je suis bien persuadée aussi que c’est une question d’âge, plus on est jeune, plus on est malléable, influençable, et surtout, surtout, conformiste. Les publicitaires ne se privent pas d’en abuser.

      « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. », pour La Boétie, c’est tout simple, mais pour cela, il faut aussi réaliser que l’habitude est mère de la servitude (je ne mets pas de guillemets parce que ce n’est pas dit exactement comme cela dans le Discours de la servitude volontaire.)

  47. P.P, je m’en doutais un peu que Steiner n’est pas ta tasse de the, mais il me semble a te lire ici, qu’en tant qu’enseignant et educateur, tu prends l’entiere responsabilite de tes decisions pedagogiques, sans te cacher derriere le petit doigt « des programmes », des « directives officielles », etc. et c’est vers ce genre d’enseignant (et des ecoles qui les tolerent, et travaillent avec eux) que j’ai cherche a mettre mes enfants. Ensuite, qu’on soit d’accord ou pas avec tel ou tel choix, c’est secondaire, de toute facon on ne peut jamais etre d’accord sur tout, et il faut l’accepter sinon on ne mettrait jamais ses enfants a l’ecole! En fait c’est arrive assez souvent que je ne sois pas d’accord avec certains choix des enseignants de mes enfants (du peu que je sais vraiment, d’ailleurs!) mais lorsque je vois que c’est une personne qui aime son metier et qui fait ses choix de maniere consciente, je sais que ca ne peut pas etre mauvais pour l’enfant, en fait ca ne peut etre que bon. Moi-meme je fais surement tellement d’erreurs, de toute maniere!

    Il me semble que tous les grands enseignants furent des anarchistes. De Steiner a Tagore en passant par Gandhi, Celestin Freinet, Janusz Korcsak, Anil Sadgopal, le College Cevenol, etc, etc. la liste est longue, de ces gens magnifiques qui ont consacre leur vie a encourager d’autres qu’eux-memes, plus faibles et moins savants qu’eux, a faire croitre leur pouvoir.

    Eduquer=essence de l’anarchisme?

    1. Celestin Freinet : http://www.amisdefreinet.org/

      blessé en 1917 : http://amisdefreinet.org/blessure/index.htm

      https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9lestin_Freinet

      anarchiste … pourquoi pas… Je l’admire toujours.. depuis 1950 lorsque je découvrais les animaux aquatiques en lisant les B.T. Les épinoches de Coquelles ne sont plus qu’un très lointain souvenir lorsqu’on voit ce qui se passe de nos jours autour de l’entrée du Tunnel. Tout ce coin a été bétonné.

  48. Punaise, c’est crevant de lire tous les commentaires.
    La providence, sait-on au moins un peu de quoi on parle ? Bon, parmi les hommes, il y a des bons et des moins bons. Des gens qui eurent une haute idée de l’homme et du destin collectif, pour le moins plus lucides que d’autres, mais embarqués dans les contraintes, ils n’ont fait qu’adapter les conditions aux conditions imposées par le monde. Et puis, si le pouvoir est toujours nuisible, il est incontournable en l’état.
    On dirait un sort qui s’acharne sur cette terre. On est plombé par les siècles. Bigre, quel héritage ! Oh, possible qu’on puisse en sortir petitement dans son recoin, mais ce n’est pas certain que les évènements ne nous rattrapent pas.
    À la réflexion tout se passe comme un processus d’épuration, sacrément douloureux. Mais on peut se demander dans ce cas de quelle pureté il s’agit. Non, ce n’est pas l’idée de la raison pure, ni d’une race pure, ce serait plutôt cette idée émise par Zoroastre , du Verbe : pensée, parole et action pures qui sont toujours et encore lettres mortes. Mais qui dans tous les cas peuvent en chacun renaitre, et modifier les trajectoires hasardeuses, et nos erreurs. Là, on comprend un peu la providence. Elle n’est jamais pour nous tuer. ( entre parenthèses, il serait temps d’évacuer ces idées fausses sur la mort ) .
    Pourtant , ceci n’est pas entièrement exact. Il y a de plus en plus de vivants qui se manifestent , dans un mouvement lent assurément . La vie fragile, prend son temps.

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