Ce nucléaire qui nous tant menés en bateau

Le nucléaire ruine la France après lui avoir constamment menti. On cherche en ce moment un remplaçant au P-DG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, et on ne le trouve pas, car la place ressemble désormais à une bombinette. Oh, Dieu du ciel, quelle arnaque. En mars 1974, ce grand corniaud de Pierre Messmer, Premier ministre d’un président mourant – Pompidou -, responsable de tueries de masse jamais dénoncées au Cameroun à la fin des années Cinquante, annonce un vaste plan. Il s’agit d’investir 100 milliards de francs de l’époque en dix ans, de manière à construire un parc unique au monde de plus de 50 nouveaux – il en existe alors 6 – réacteurs nucléaires.

Qui a décidé dans notre dos à tous ? La (presque) secrète commission PEON, farcie d’ingénieurs des Mines, qui savaient construire du pouvoir concentré, qui leur appartiendrait pour une relative éternité. Ces gens-là promettaient la Lune, une énergie surabondante, pratiquement gratuite à terme, qui ferait de la France, comme l’annonça Giscard d’Estaing dans ces termes, une Arabie saoudite de l’électricité.

Le temps a passé et la totalité de ces salauds a échappé à tout jugement, tout procès, aidés par une presse servile, achetée par des centaines de pages de publicité payées par Cogema, puis Areva, puis Orano, sans oublier bien sûr EDF. L’échec est si vaste, si irrémédiable que l’État français, ultralibéral pourtant, vient de renationaliser EDF, perdant cette fois 10 milliards d’euros de notre bas de laine, après l’annonce d’une perte colossale de 5,3 milliards d’euros au premier semestre 2022. Si EDF était privée, les amis, cela fait beau temps que la clé aurait été placée sous le paillasson. On parle d’une dette qui approcherait pas à pas de 50 milliards d’euros que l’entreprise n’a aucune chance de rembourser avant la saint-glinglin. D’autant que les essais d’EPR – les réacteurs de nouvelle génération – sont un puits sans fond, tant à Flamanville (Normandie) qu’en Finlande. Ce qui n’empêche le lobbyiste Macron de lancer, dans une fuite en avant totale, la construction de six nouveaux réacteurs EPR en France. L’aventure, c’est l’aventure. L’aventure, c’est fun, quand c’est la société qui paie contre sa volonté.

Il faut vraiment que la société soit en catalepsie pour accepter de tels désastres annoncés. Cela durera-t-il ? Mystère. En 2011, j’ai eu le bonheur d’écrire 40 articles sur le nucléaire dans Charlie. Pour un hors-série que je vous joins ci-dessous. Je n’ai pas tout relu, et il est probable qu’il y a des scories et des erreurs. Mais tel qu’il est, ce document disait la vérité pendant que tant d’autres, savants comme tout, répétaient boniments, approximations et mensonges. Vous, je ne sais, mais moi, ça me fait réfléchir un peu.

PS du 1 août 2022 :

Dans ma précipitation à finir ce texte avant d’aller me coucher – tout arrive -, j’ai oublié bien des choses. Car je n’ai pas parlé de la situation actuelle des réacteurs nucléaires de France. La moitié d’entre eux – sur un total de 56 – sont à l’arrêt. Pour cause de maintenance ou…de sécheresse, qui abaisse le débit des fleuves et empêche le refroidissement des centrales.

Ce n’est pas tout. Le parc actuel est une ruine. On avait promis une durée de vie des réacteurs de trente ans, mais évidemment, on a changé d’avis en route. Plusieurs fois. D’abord trente et même vingt-cinq ans. Ensuite un peu plus. Puis quarante ans. Puis cinquante. Et l’on parle désormais de soixante. Or ces si vieilles choses se fissurent et posent problème. L’hiver prochain sera rude, à cause du gaz jusqu’ici importé de Russie, mais aussi, bien qu’on ne le dise pas, de l’incurie crasse des responsables du nucléaire.

Dans l’état de panique qui est le leur – le gouvernement ne TROUVE pas de successeur au patron d’EDF Jean-Bernard Lévy, touché par la limite d’âge -, il faut avant toute chose camoufler l’état des lieux. Opportunément, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) vient d’accorder à EDF un surprenant blanc-seing pour « gérer » les graves phénomènes de corrosion constatés dans les centrales les plus vieilles.

Et ce n’est pas tout. Le démantèlement des centrales débranchées est une farce macabre, de Brennilis – réacteur « d’essai » dans les monts d’Arrée (Bretagne) – à Superphénix, dans l’Isère. C’est une bombe à retardement technique, économique, écologique, politique. Qui pèse son poids de dizaines, voire de centaines de milliards d’euros. Les nucléocrates au pouvoir s’en tapent, ils ne seront plus là pour assumer les conséquences de leurs actes.

Et ce n’est pas tout : la question des déchets n’est nullement réglée. Ces pauvres ingénieurs, si minablement ingénieux, entendent imposer leur loi à des menaces qui brilleront de leurs mille feux pendant des centaines de milliers d’années.

Bon, cette fois, stop.

N’oubliez pas le cadeau ci-dessous.

3 réflexions sur « Ce nucléaire qui nous tant menés en bateau »

  1. Et le relèvement des seuils de température pour les eaux rejetées, on en fait quoi Fabrice, la fatigue, hmm ? Golfech entre autres a eu sa petite autorisation par l’ASN complice… jusqu’à ce que l’exception devienne norme cocorico.
    Et c’est ça qu’ils appellent une énergie verte, se foutre des éventuels impacts sur l’environnement à ce point par cette pollution thermique suplémentaire ? Qu’en pense l’autre Jancovici, à part un beau progrès pour assurer la transition avec un monde dévasté ?
    Mais quelle blague ! Misère.

  2. « ON avait promis une durée de vie des réacteurs de trente ans ».
    Ce « on » ne saurait désigner EDF, qui avançait tout au plus une durée d’amortissement (passée en effet officiellement de 30 à 40 ans en 2004), et non une durée de « vie ».

    La responsabilité des prolongations d’exploitation est donc largement partagée depuis la fin des années 90 avec les supposés écologistes Verts et autres promoteurs de scénarios type negaWatt de sortie progressive du nucléaire en 20 ans ou plus, qui aboutiss(ai)ent de fait à prolonger sine die la durée de fonctionnement des réacteurs existants.

    Tout ça par refus d’admettre que, dans le pays le plus nucléarisé de la planète par rapport à son nombre d’habitants, des constructions massives de centrales à gaz en transition eussent tout de même été moins pires que des bouilloires radioactives.
    Ou que, même en remettant temporairement en service en 1986, après Tchernobyl, le parc français de centrales au charbon, qui faisait alors doublon avec le parc nucléaire, on aurait à coup sûr aujourd’hui beaucoup plus d’électricité renouvelable et une moindre gabegie de courant qu’actuellement.
    Ne serait-ce que parce que les centrales thermiques brûlant des fossiles ne sont pas obligées, elles, de produire jour et nuit, et qu’il eût été beaucoup plus facile de répercuter par une baisse progressive de leur production toute économie d’énergie et toute construction de moyens de production électrique moins polluants.

    Mais je crains qu’aujourd’hui, au point d’impasse où nous en sommes rendus, tant du fait de l’état du parc, encore fragilisé par les hausses de températures, que des slogans catégoriques et hors sol sur le zéro fossile ici et maintenant, il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer…

    Sur ces calendriers et l’illusion plus ou moins sincère que les réacteurs à eau sous pression allaient s’arrêter spontanément à 25 ans (voire être fermés par l’autorité dite de sûreté nucléaire…) lire notamment cet échange de lettres de 1998 entre des membres de la commission énergie des Verts (dont l’un tient toujours sensiblement le même discours en tant que porte-parole de negaWatt) et le comité Stop Nogent :
    https://www.dissident-media.org/infonucleaire/stopnogent_lim_11_1_2000/ni_ici_ni_lettre.html

  3. Roger et Bella Belbeoch demontraient dans des petits livres publies dans les annees 1990 que la demolition des centrales a charbon (ce qui etait facile a faire, contrairement aux sites nucleaires qui sont impossibles a demonter et sont donc avec nous pour toujours), avait pour but, a un moment ou la question se posait serieusement, de rendre impossible l’arret de la production des dechets. A l’epoque il etait encore possible, grace a la capacite charbon, d’arreter immediatement toutes les centrales nucleaires. On a « attendu le solaire ». Maintenant le solaire est la, le solaire est l’energie la moins chere, et on s’apercoit qu’elle est tout aussi polluante. Nous avons toujours cru les boniments des batteleurs.

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