L’évidente solution de la crise climatique

J’aime beaucoup Poe, et j’ai toujours adoré La Lettre volée. J’ai du reste souvent cité cette nouvelle dans divers articles, au fil des ans, car elle contient une vérité universelle. Elle commence ainsi : « J’étais à Paris en 18… Après une sombre et orageuse soirée d’automne, je jouissais de la double volupté de la méditation et d’une pipe d’écume de mer, en compagnie de mon ami Dupin, dans sa petite bibliothèque ou cabinet d’étude, rue Dunot, n° 33, au troisième, faubourg Saint-Germain ».

Ah, comme cela commence bien ! Dupin, détective de la race des plus grands, d’Holmes à Fandorine, doit retrouver une lettre dérobée, dont la publication pourrait provoquer une guerre européenne. Les flics savent où elle se trouve – chez le voleur -, et cherchent pendant des semaines. Dès que le voleur est dehors, ils entrent chez lui, et passent au crible chaque millimètre. Mais rien. Dupin change de perspective, ce qui soit dit en passant nous rapproche du sous-titre de Planète sans visa : « Une autre façon de voir la même chose ». Et il lâche aux flics éberlués : « Peut-être est-ce la simplicité même de la chose qui vous induit en erreur ? ».

Dupin retrouve rapidement la lettre, qui était en évidence sur la table du voleur. Seulement, elle « était fortement salie et chiffonnée. Elle était presque déchirée en deux par le milieu, comme si on avait eu d’abord l’intention de la déchirer entièrement, ainsi qu’on fait d’un objet sans valeur ». Bien joué, Dupin ! Bien joué, le voleur ! On pense aussi au célèbre œuf de Colomb. L’histoire n’est peut-être pas (tout à fait) vraie, mais la voici. L’explorateur défie des invités de faire tenir debout un œuf dans sa coquille. Nul n’y réussit. Alors Colomb écrase un bout de cette coquille et assoit sur les brisures l’œuf . Il aurait même conclu ainsi : « Il suffisait d’y penser ! ».

De même avec la crise climatique ? À vous de juger. Le moteur nucléaire du grand désastre, c’est la production, la consommation, l’accumulation sans fin de milliards d’objets matériels dont nos aïeux se sont constamment passés. J’y inclus, et tant pis pour ceux qui se sentiront visés – j’en suis – le téléphone (insup)portable, internet, la bagnole – thermique ou électrique – et l’essentiel de ce que l’on trouve dans les logements et maisons. Telle est la base, et le tout est aggravé dans des proportions effarantes par un commerce mondial qui suit sa route et la suivra jusqu’à la mort de tout et de tous.

Dans les années 70, qui charrièrent aussi bien des inepties, une expression était souvent utilisée par la critique sociale. Celle d’aliénation. En l’occurrence par les objets, qui nous rendent extérieurs à nous-mêmes, et pour tout dire étrangers. Nul n’en parle plus. Tous les partis agissent comme si cette frénésie de possession était légitime. Or, elle ne l’est pas. Elle creuse une tombe comme les sociétés humaines n’en ont encore jamais connue. Qui se remplira tôt ou tard de millions, de centaines de millions de victimes.

Ma révélation du jour est donc aussi simple que la fausse énigme de La Lettre Volée. En deux parties. D’abord cette affirmation qu’il serait impossible de démentir : les objets proliférants sont devenus les ennemis de la vie. Ensuite deux questions. Pourquoi nul ne s’attaque à la dissémination démentielle des objets ? Pourquoi aucune force politique n’entend mener le combat, en priorité, contre ces inventions du diable ? N’hésitez pas à m’éclairer. J’en ai besoin.

PS : Voyez cette information toute fraîche : l’Europe – et la France, encore bravo – relance la production de charbon, combustible parmi les pires existants. Effet (de serre) garanti. Et pour quelle raison ? Pour maintenir la place désormais illimitée des objets, et leur consommation, pierre tombale des sociétés humaines. Or donc, mourir plutôt que de renoncer aux choses. Ma foi, cela ressemble fort à la psychose la plus extrême.

16 réflexions sur « L’évidente solution de la crise climatique »

  1. oui, je partage vos impressions mais à quoi bon ? On ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer ! Car personne, absolument personne ne veut changer quoi que ce soit ! D’ailleurs dans la vraie vie, vous avez du constater comme moi-même que les gens ne veulent pas en parler et vous tournent immédiatement le dos lorsqu’on rentre dans le vrai « le dur » du sujet !
    Bien cordialement.

    1. Cher Christian,

      Eh bé non ! La tâche est herculéenne, défie l’esprit humain, paraît définitivement hors de portée. Ça, c’est vrai. Mais l’espèce humaine semble exister – entre autres bizarreries – pour nous surprendre. Il y aura toujours une différence de nature entre un Iossif Vissarionovitch Djougachvili – Staline – ou un Adolf Hitler et disons, car je viens de la relire, Simone Weil, celle des grèves de 36, de la guerre d’Espagne et plus tardivement, de…la foi.
      Commençons donc par nous compter. Puis lançons quelque chose qui paraîtra dérisoire, mais qui finira par emporter toute la scène maudite que l’on nous sert matin et soir. Dites, en juin 1789, combien de Français pensaient donc que le système féodal allait disparaître ? Je sais ce qui a suivi, mais n’empêche : il faut tenter, tenter jusqu’à l’ultime minute. Ainsi serons pleinement humains, comme le fut Simone Weil et quelques autres.
      Bonne soirée,

      Fabrice Nicolino

      1. Vous savez, j’ai 72 ans, je me suis battu toute ma vie, mais il arrive un moment où on n’en peut plus, où on n’y croit plus !

        1. Chers Christian et Fabrice, vos courts échanges sont nourrissants, on voudrait en lire plus sur vos ressentis au sujets de ce « grand truc » écologique qui nous emporte toutes et tous. Je vous rejoins Christian, on ne voit pas qui autour de soi, qui peut entendre, qui a réfléchi un minimum et surtout qui SAIT. Entre ceux qui s’en foutent, ceux qui font fausse route (creationnistes, croyants façon « l’homme est la mesure de toutes choses », positivistes et tranhumanistes, hédonistes « oh moi je suis optimiste », réactionnaires passéistes, ceux qui pensent que « toutes les époques ont eu leur problème », etc. Etc. Ceux qui avalent les contre vérités, qui se nourrissent à des sources d’infos sans effort, et encore les conspirationnistes, et tu us ceux qui sont un peu de ci et de ça, et « au fond qu’est-ce que ça change, on n’y peut rien », etc. Vers qui se tourner? Se compter ? J’ai croisé une personne de votre âge Christian, dans une antenne de Nature et Progrès. Il était très désabusé, et me méprisait presque dans mes espoirs de voir qq chose se lever, et d’y contribuer. C’était après 2007 et tout le foin du Pacte écologique de Hulot. Depuis, j’ai fleurte avec d’autres assos et tente de lancer la discussion avec toutes sortes de personnes. Mais je ne vois pas. Fabrice je comprends aussi votre volonté tenace de désirer encore un sursaut. Et j’admire la chose compte tenu de tout ce que vous savez sur l’écologie, la politique, l’histoire, etc. J’admire aussi compte tenu de votre âge qui doit avoisiner celui de Christian. J’ai 42 ans. Parti de rien, sur cette question, je ne sais par quel chemin j’ai suivi le fil, livre après livre, pour comprendre, m’extraire, passer du pot de Nutella à la conscience de ce qu’est l’agriculture, passer du « tourner le bouton » à savoir ce qu’est l’énergie produite par l’homme, etc. Il m’a fallu plus de dix ans de lectures, et de déverrouillages successifs de mes repères mentaux et intellectuels pour avoir ce sentiment d’y voir clair, de sentir ce qui se passe, sans tout maîtriser mais suffisamment pour voir la lettre sur le bureau, comme vous disiez Fabrice. Je la déchiffré à peine mais je crois la voir maintenant clairement sur cette table, qui est notre futur commun. Alors, voici ma question, combien de parcours comme le mien, dans cette société de l’addiction ? Quelle est la probabilité pour trouver le chemin (pardon pour cette formulation aux accents religieux)? Car j’aurais très bien pu me perdre moi aussi, dans tous ces courants de pensées contradictoires qui circulent. J’aurais pu aussi ne pas Vouloir comprendre, parce ce que le saut émotionnel, intellectuel, moral, est si grand… J’aurais pu je pas avoir la disponibilité (temps, recul, tranquillité de vie…) Pour me renseigner convenablement sur tout cela (ne serais ce que lire Mal de Terre de Reeves, c’est l’enfance de l’art certes… Mais si on a le temps, ou si on veut bien le prendre, ou si un petit qq chose nous pousse à « se prendre la tête » avec des livres comme ça, somme toute assez fastidieux à lire – alors, ne parlons même pas d’un Or noir de Auzanneau ou que sais je encore). Oui, qu’elle est la probabilité pour qu’un pingouin lambda (paix aux pingouins) comme moi, bien biberonne au « système », à la fois matériellement et culturellement, voire même spirituellement, trouve la libération, si j’ose dire? (Je laisse le mots aller comme ils viennent). Nous compter? Parfois je me dis gratuitement, bof, ça doit être du 0.01% de la population, je sais pas. En tous cas – et ce n’est pas la première fois que je l’écris ici – autour de moi, année après année, je ne vois personne. Même d’âges et de conditions différentes, personne. Pire même, les bribes de conversations volontairement lancées avec les uns et les autres sont TOUJOURS desesperantes, l’interlocuteur rabachant des âneries, des contre vérités, et cela même – et souvent a fortiori – avec des personnes possédant une grande culture ou éducation aux exercices du discours et de l’esprit (profs, médecins, artistes etc). Je répète : je ne vois pas. Quant à se rapprocher des acteurs dans les assos, là aussi, il y aurait bcp à dire. J’ai croise des quasi survivalistes à Terre et Humanisme, ou bien des ésotériques de grande classe. Les plus concrets, partaient se former à l’agriculture, et c’est encore peut-être là, dans les magasins de producteurs ou amap, qu’on se sent un peu moins seul… Et encore, mieux vaut parfois ne pas trop creuser la conversation, sur l’énergie, l’industrie, les échelles de grandeur, le changement climatique ou autre, car les idées avancées sont parfois très, très surprenantes dans un tel milieu où l’on attendrait plutôt une convergence facile et évidente, non seulement sur les constats, l’analyse, mais aussi sur les attitudes à adopter et les solutions peut-être parfois musclées à déclencher. Non, je répète, on est seul, c’est le vide. Et la vie quotidienne, la bagarre pour le boulot, les courses, etc, continue, n’en déplaise à ceux qui font la litanie de « moi j’ai pas de smartphone, moi je prends pas l’avion, moi je fais tout bien parfait alors vous voyez bonjour en que c’est possible ? ». Paroles que tout ça. On oublie de comparer ce qui est comparable. Je me souviens, alors célibataire et plus jeune, d’avoir vanté à une jeune mère de famille  » que si, le végétarisme c’est largement possible, et quant à manger bio, ah mais si on se débrouille bien c’est moins cher, etc ». Quel bruit j’ai pu faire pour la convaincre. Maintenant je me souviens de son regard incrédule, et je dis que lorsqu’on est chargé de famille, et qu’on est dans un certain « engrenage », et qu’on a des moyens limités – environ 35000€/an pour je pas parler dans le vide avec le niveau de vie, comme on le fait trop souvent, ce qui fausse route la discussion, encore devrais je ajouter, sans patrimoine a côté, un enfant à charge- déjà donc un niveau de vie moyen mais pas à plaindre, si ceci veut dire qq chose, et bien je dis que sortir de l’engrenage, en faisant tout bien comme il faut, c’est pas si simple. Une fois de plus j’en reviens à la question de volonté, ou de Probabilité de volonté d’en sortir. Car si on est nombreux, une famille entière, un quartier, un groupe, un ville, ça donne du baume au coeur, on s’entraide, on boycotte, on s’extrait, ok. Mais je le redis une dernière fois: de mon expérience, sur une quinzaine d’années à chercher cette convergence, dans la conversation, dans le regard des autres, mais aussi en la cherchant dans des assos… Rien au bout du fil, surtout de l’incompréhension, de l’incrédulité, de l’agressivité parfois. Même pas, ou si rarement, le plaisir d’une référence commune, d’un constat, d’une idée clairement convergente. « Notre époque est caractérisée par la profusion des moyens, et la confusion des intentions », citation de Einstein je crois, reprise souvent par Hulot. Je veux bien le croire. Il y a aussi « tout ce que l’on peut faire, il faut le faire »(Monod). Mais franchement, c’est lassant. Et il y a tous ces jeunes à qui il faudrait expliquer le pot aux roses et qui ne VOUDRONT PAS, au sens psychologique, l’admettre. On leur demande comme à une plante de s’arracher de ses propres racines. Nous ne participons pas à la société de consommation, nous sommes ce qu’elle est. Les jeunes d’autant plus. Et ceci rejoins vos propos, Fabrice, sur l’incapacité d’un homme comme Macron a pouvoir réaliser cette sorte de hara-kiri mental, si je puis dire. Mille excuses pour ce long message. Mais, vous, les anciens – pardonnez moi l’expression- disons les aînés, quels mots pouvez vous trouver devant mon témoignage, qui, j’en suis sûr, existe sous des formes apparentées, ici ou là ? pourquoi y a t il si peu de personnes mobilisées,ne serait ce qu’interieurement? Et surtout, raisonnablement au courant, renseignées a des sources connues, discutées, fiables, précises, etc?

        2. J’avais délaissé votre blog, que j’apprécie depuis longtemps. En lisant cet article, et le commentaire de Christian, il me vient une question : quel est votre rapport avec le mouvement des décroissants (casseurs de pub) ?
          Et une réflexion : J’ai tendance à penser comme Christian que les carottes sont cuites (je le dépasse de près de 8 ans), mais que pour autant comme vous et lui, je ne baisse pas totalement les bras pour autant, mais à notre âge, on lève simplement le pied en laissant les plus jeunes appuyer sur l’accélérateur.
          Excusez-moi, ce n’est pas une comparaison décroissantiste, mais elle vous aidera à mieux comprendre.
          Bien amicalement

      2. J’avais délaissé votre blog, que j’apprécie depuis longtemps. En lisant cet article, et le commentaire de Christian, il me vient une question : quel est votre rapport avec le mouvement des décroissants (casseur de pub) ?
        Et une réflexion : J’ai tendance à penser comme Christian que les carottes sont cuites (je le dépasse de près de 8 ans), mais que pour autant comme vous et lui, je ne baisse pas totalement les bras pour autant, mais à notre âge, on lève simplement le pied en laissant les plus jeunes appuyer sur l’accélérateur.
        Excusez-moi, ce n’est pas une comparaison décroissantiste, mais elle vous aidera à mieux comprendre.
        Bien amicalement

  2. « Commençons donc par nous compter », dit Fabrice Nicolino.
    Je suis d’accord:
    je n’ai toujours pas de téléphone portable et n’ai nullement l’intention d’en acheter un. J’ai lu dans son livre « le capitalisme raconté à ma petite-fille » que Jean Ziegler lui aussi refuse d’avoir un téléphone portable. Nous sommes déjà 2…
    Je n’ai pas de carte bancaire et n’ai nullement l’intention d’en acheter une.
    Pas d’imprimante non plus.
    Je ne suis évidemment sur aucun réseau « social ».
    Je n’ai jamais pris l’avion pour aller faire du tourisme. Je ne l’ai pris ( et ne le prends encore) que pour aller travailler (Viet-nam, Cambodge et Laos).
    Etc, etc.
    Preuve que l’on peut vivre, et vivre bien, sans se laisser piéger par la publicité.

  3. Attention Fabrice, le renoncement aux objets, le capitalisme y a déjà pensé :
    https://fr-fr.facebook.com/worldeconomicforum/videos/10153920524981479/?_rdr

    Dans le temps, les artisans fabriquaient leurs outils.

    C’est reste vrai pour les ingénieurs jusqu’à la calculatrice…

    Et maintenant, le logiciel nous possède ! Inversion. Bill Gates ne vend pas d’objets. Même pas un logiciel. Il collecte une taxe sur un standard qu’il a imposé. Le glaçant et ambigu Yuval Noah Harari nous dit que les humains peuvent être « piratés » comme de vulgaires logiciels. Les vaccins à ARN messager nous traitent comme des logiciels à mettre à jour régulièrement. Je préférais la médecine d’avant, la allopathique, qui au moins m’accordait d’être, a minima, un objet !

    Les objets existent. Il faut réinventer notre relation aux objets. Etre propriétaire ce n’est pas seulement consommer. C’est aussi défendre. C’est aussi habiter, inventer, transformer, re-créer. Gilbert Simondon est un bon point de départ !

  4. Cher Fabrice,
    « Au-dessus des institutions destinées à protéger le droit, les personnes, les libertés démocratiques, il faut en inventer d’autres destinées à discerner et à abolir tout ce qui, dans la vie contemporaine, écrase les âmes sous l’injustice, le mensonge et la laideur.
    Il faut les inventer, car elles sont inconnues, et il est impossible de douter qu’elles soient indispensables »
    Simone Weil, La Personne et le Sacré

    « Commençons par nous compter »
    Fabrice Nicolino
    –> OK, I’m in!

    Si on est déjà une dizaine/ centaine? (que sais-je?) à vous suivre à partir votre site, ensuite, on fait quoi?
    Mouvement « Vivant.e.s » : par où on commence?

    Combativement vôtre,
    Thaïs

  5. La solution de Simondon à la question de Georgescu-Roegen

    « Les idolâtres de la machine présentent en général le degré de perfection d’une machine comme proportionnel au degré d’automatisme. Dépassant ce que l’expérience montre, ils supposent que, par un accroissement et un perfectionnement de l’automatisme on arriverait à réunir et à interconnecter toutes les machines entre elles, de manière à constituer une machine de toutes les machines.

    Or, en fait, l’automatisme est un assez bas degré de perfection technique. Pour rendre une machine automatique, il faut sacrifier bien des possibilités de fonctionnement, bien des usages possibles. L’automatisme, et son utilisation sous forme d’organisation industrielle que l’on nomme automation, possède une signification économique ou sociale plus qu’une signification technique. Le véritable perfectionnement des machines, celui dont on peut dire qu’il élève le degré de technicité, correspond non pas à un accroissement de l’automatisme, mais au contraire au fait que le fonctionnement d’une machine recèle une certaine marge d’indétermination. C’est cette marge qui permet à la machine d’être sensible à une information extérieure. »
    Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, 1958

    Il y a quelques jours j’ai pris des photos avec l’iphone d’un ami. 20x plus cher que le téléphone d’occasion que j’utilise depuis 4 ans, mais photos fantastiques je dois dire. N’importe quel idiot comme moi n’a qu’à appuyer sur le bouton pour obtenir des résultats que seul un grand photographe pouvait atteindre il y a 20 ans. Mais un appareil photo de 1860 fonctionne encore, et ne comporte que du bois, du cuir, du laiton, du caoutchouc naturel, de l’acier et un peu de colle de lapin, et un iphone bourré de minéraux rares et toxiques et non recyclables sera hors-service dans 10 ans. Georgescu-Roegen dirait que nous achetons un déchet à prix d’or, avec une sorte de permis d’utilisation (avant que ça ne se transforme tout à fait en déchet toxique) de 7 à 10 ans.

    La différence entre un iphone et un vieil appareil photo réside dans le logiciel. Le logiciel réside dans la séparation de la machine entre la partie « exécutante » et la partie « décideuse ». C’est exactement le contraire de ce que Simondon appelle la « concrétude » et qui caractérise une machine réussie. Et Simondon avait déjà compris que l’automatisme a une signification « économique ou sociale » mais pas technique.

    Au contraire, la « concrétude » qui caractérise l’essence de la technique, est la réunion à un niveau d’intimité auparavant non atteint, de l’intelligence et de l’action, de la décision et de l’exécution, de la fonction et du processus. C’est un art du plus haut niveau, un travail qui change la notion précédente de fonction et de processus, qui change en profondeur et élargit la signification des choses qui nous entourent, qui transforme les choses et nous transforme en même temps. Simondon décrit comment nous pouvons réunir à nouveau la technique avec la culture humaine.

    Mais auparavant la désintégration où nous entraine le logiciel, ou « machine de toutes les machines », qui comme Georgescu-Roegen l’a montré transforme l’univers tout entier en déchet, continue d’accélérer et il faudra l’affronter un jour ou l’autre, dans un chaos d’autant plus grand que nous aurons oublié notre relation avec la nature, dont la technique fait partie.

  6. Elisabeth Borne et Emmanuel Macron me font penser à Pierre Dac et Francis Blanche dans leur célèbre duo des années 60 « Le Sâr Rabindranath Duval ».
    En voici donc une version actualisée:

    – Monsieur le Président, pouvez-vous, par votre politique écologique, arrêter le réchauffement climatique en France et, même, inverser la situation c’est-à-dire faire reculer la température moyenne en France ? demande la Première Ministre

    – Oui, je le peux, répond le Président de la République.

    – Monsieur le Président, je répète ma question et prends les Français à témoin:
    Etes vous sûr que, grâce à votre politique écologique, le réchauffement climatique va être stoppé et que la température moyenne va même baisser ?

    – Oui, j’en suis sûr.

    – Concentrez-vous bien, monsieur le Président car la question est de la plus grande importance: êtes-vous sûr et certain que votre politique permettra de faire marche arrière sur le plan climatique et donc faire en sorte que le réchauffement climatique sera bientôt un souvenir lointain?

    – Oui, j’affirme haut et fort que j’en suis sûr et certain. Je peux arrêter le réchauffement climatique et faire retrouver à la France un climat normal.

    – IL PEUT LE FAIRE !!! Bravo et grand merci, Monsieur le Président. APPLAUDISSONS-LE TRÈS FORT ! conclut Madame la Première Ministre.

    C’est ainsi qu’on devient « le champion de la terre » à peu de frais…

    Joël Luguern

  7. Je viens d’apprendre, en écoutant la dernière émission « En quête de politique » (France Inter) que l’historien et maître de conférence à l’Université de Bourgogne, spécialiste des techniques et de l’industrialisation à l’aune des enjeux sociaux et écologiques, n’a pas de téléphone portable et se refuse à en acheter un.
    Avec Jean Ziegler et moi-même, nous sommes déjà 3 à refuser cette « arme de destruction massive », ainsi définie par le courant « Pièces et mains d’oeuvre ».

    1. Bravo ! Pour moi, je suis dedans jusqu’au cou… Certains de mes chantiers sont deja 90% sur whatsapp… ce tuyau branche direct sur la CIA… J’essaye de donner le moins possible d’infos personelles, mais ils s’en foutent. Par recoupement ils peuvent savoir tout ce qu’ils ont envie de savoir…

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