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Un reportage d’Hervé Kempf (sur Notre-Dame-des-Landes)

Je vous invite à découvrir le beau travail que le journaliste Hervé Kempf consacre à la grande bagarre de Notre-Dame-des-Landes. Hervé travaille au Monde, mais il signe d’autres papiers sur le site qu’il a créé, Reporterre. Un mot personnel : je connais Hervé depuis le numéro 1 du défunt journal Reporterre, en 1988. Je ne sais pourquoi il m’avait demandé un feuillet ou deux sur le chant des oiseaux. Je lui avais en tout cas remis un bien mauvais articulet. Pour le reste, je crois pouvoir dire, avec joie, qu’il est un ami.

J’espère que vous êtes bien arrivés à Notre-Dame-des-Landes, ce lieu dont parleront plus tard les petits-enfants de ce monde.

Pour lire le texte d’Hervé Kempf : http://www.reporterre.net/spip.php?article3490

Un magnifique Appel mexicain (pour Notre-Dame-des-Landes)

Ça ne pouvait pas mieux tomber pour Planète sans visa. Je venais à peine de mettre en ligne l’article précédent – je me permets de dire qu’il faut le LIRE –, que je recevais le beau texte de solidarité qui suit. C’est un signe des cieux. Un signe facétieux des dieux qui veillent sur nous. Peut-être. En tout cas, le Mexique que j’aime tant, ce Mexique des paysans, des Indiens et de leurs défenseurs envoie un abrazo fraternal à ceux de Notre-Dame-des-Landes. La boucle se boucle, il me semble.
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Le 25 octobre, dans le cadre de la rencontre/séminaire « Mexique – Europe : ils ne passeront pas », des centaines de personnes se sont réunies au Centre intégral de formation indigène/université de la Terre de San Cristóbal de Las Casas au Chiapas. Parmi les participants se trouvaient des internationaux, des habitants de San Cristóbal de Las Casas et de nombreux paysans et délégués des communautés de Bachajón, de Tila, de la forêt des Chimalapas (Oaxaca) ainsi que d’autres villages et hameaux du Chiapas, venus partager et écouter les expériences de résistance face aux mégaprojets, en Europe et au Mexique. L’initiative de cette lettre de soutien, signée depuis par de nombreuses organisations, personnes et collectifs mexicains, est née dans la foulée de ces rencontres.

DU MEXIQUE, LETTRE DE SOUTIEN À LA LUTTE DE NOTRE DAME DES LANDES

30 octobre 2012

Aux gens de Notre-Dame-des-Landes et de la France en résistance

À l’ACIPA, à l’ADECA, à la coordination des opposants au projet d’aéroport,

Aux associations « COPAIN »,  aux habitants et habitantes qui résistent et à tous les occupants et occupantes de « la Zone à défendre » ZAD,

Aux médias alternatifs et sincères,

À l’Autre Campagne et à la Sexta Internationale,

Aux luttes contre les mégaprojets et pour la défense de la Terre de toutes les parties du monde

Ici, au Mexique, c’est rage et indignation que nous ressentons après avoir été informés de l’expulsion et de la destruction de maisons, de forêts et de terres de culture par la police française à Notre-Dame des Landes, depuis le 16 octobre dernier. Une zone agricole est menacée par le gouvernement socialiste français et son premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui veut imposer sur ces champs de l’ouest de la France un nouvel aéroport de taille internationale, et ce malgré l’opposition des paysans et des paysannes, des jeunes et d’une bonne partie de la population. Nous savons que ce chantier est complètement inutile vu qu’il y a déjà beaucoup d’aéroports en France, et nous sommes au courant du réchauffement climatique global provoqué par la multiplication des avions que seuls les riches peuvent se payer. Nous savons aussi, car ils voulaient l’imposer aux villages d’Atenco dans l’État de Mexico, que la construction d’un aéroport entraîne à elle seule la convoitise pour les terres, l’urbanisation accélérée et l’implantation d’industries dans des zones encore rurales, où l’environnement a été préservé. Ce que ces projets amènent, c’est la division et le contrôle social de la population, et encore une fois ce sont les paysans qui se retrouvent spoliés par des constructions imposées de force et uniquement destinées aux gens de la ville ayant beaucoup d’argent.

Malgré l’énorme distance qui nous sépare, nous voulons vous dire que nos luttes sont semblables : votre lutte est un miroir de la situation de pillage que nous vivons sur nos terres. Il est important pour nous de nous informer de ce qui arrive en Europe, parce que ce sont des modèles qu’on veut nous imposer ici aussi et que nous non plus, nous ne voulons pas perdre nos terres, nos territoires et nos modes de vie.

Nous voulons vous dire également qu’au Mexique, nous luttons aussi contre le pillage des terres, comme c’est le cas des communautés de Tila et de Bachajon au Chiapas, où les terres sont menacées d’être spoliées pour des projets touristiques, ou bien encore dans l’Isthme de Tehuantepec, où les terres sont enlevées aux villages indigènes ikoots et binniza, et où sont imposées des centaines et des milliers d’éoliennes produisant de l’énergie pour les multinationales et où, tout comme à Notre-Dame des Landes, la police est envoyée pour surveiller les chantiers ; ou encore à Huexca, dans l’État de Morelos, où des CRS ont été envoyés il y a quelques jours pour imposer un gazoduc et une usine thermo-électrique d’une entreprise espagnole, et cela malgré les risques liés à la proximité du volcan Popocatépetl ; comme à Atenco, où le projet d’aéroport est toujours d’actualité ; comme ce qu’il se passe contre les communautés zapatistes au Chiapas, que le gouvernement veut  déposséder des terres récupérées grâce au soulèvement  de 1994 ; comme, enfin, dans des dizaines et des centaines d’autres villages et de communautés partout au Mexique, où ils nous dépossèdent de la terre et nous imposent des projets de mort, mines à ciel ouvert, barrages hydroélectriques, autoroutes, « villes rurales », et tant d’autres projets de « développement » qui cherchent à en finir avec nos communautés et nos terres collectives.

Ces projets inutiles bénéficient seulement aux entreprises telles que OHL, ENDESA, GAMESA, EDF, MALL, GOLDCORP, BLACKFIRE, IBERDROLA, MONSANTO, parmi d’autres. C’est à cause de ces entreprises qu’ils nous répriment et nous envoient la police et les CRS ; mais aussi qu’ils corrompent, achètent les élections et imposent des gouvernements, comme cela fut le cas du président Enrique Peña Nieto et de tant d’autres marionnettes politiques. Leur cupidité et leur désir sans limites d’imposer ces mégaprojets en arrivent même à l’ignominie d’instrumentaliser des groupes paramilitaires, d’imposer les cartels de la drogue et de payer des tueurs à gage pour nous assassiner.

Partout dans le monde, chaque jour nous voyons plus clairement jusqu’à quel point peuvent en arriver ceux d’en haut afin de mettre en place des politiques qui piétinent les peuples au bénéfice du pouvoir économique. Ils sont capables d’inventer une guerre d’extermination contre tous ceux qui s’opposent comme nous à leurs plans de mort. Mais chaque fois qu’ils nous frappent, nous sommes encore plus conscients du système destructeur auquel ils veulent nous soumettre.

Compagnons et compagnes, nous ne fraternisons pas seulement dans la lutte contre la répression : nous voyons aussi que nous partageons la même conscience que notre planète n’appartient pas aux hommes politiques et aux riches qui sont leurs collègues, mais bien aux peuples et aux êtres vivants qui l’habitent. Nous partageons aussi la pleine conscience du fait que nous luttons partout contre ces gouvernements qui se disent démocratiques mais qui nous imposent ces projets, nous divisent et nous détruisent pour satisfaire la dictature de l’argent.

C’est pour cela que nous voulons vous donner du courage dans votre lutte, dans cette étape difficile où ils saccagent vos maisons et vos terres. Nous voulons vous dire que bien que nous ne soyons pas près de vous, vous n’êtes pas seuls et seules. Nous sommes très nombreux à lutter jour après jour contre ces projets de mort pour défendre nos terres, nos territoires et nos façons d’être, c’est-à-dire pour défendre la vie. Nous sommes très nombreux à lutter contre les entreprises transnationales et les gouvernements corrompus. Ce qu’il nous manque seulement, c’est de nous rencontrer, nous écouter et mieux nous solidariser dans la lutte. C’est le moment de réfléchir et de nous organiser face à la soumission à laquelle ils nous condamnent. C’est le moment de nous retrouver sur cette planète qui se rebelle.

COMPAGNONS ET COMPAGNES :

NOUS NE SOMMES PAS SEULEMENT QUELQUES-UNS, NOUS SOMMES DES MILLIERS! PAS UN PAS EN ARRIÈRE!

NOUS SOMMES AVEC VOUS !

À BAS LES PROJETS DE MORT ¡

VIVE LA SOLIDARITÉ !

VIVE LA LUTTE DE NOTRE-DAME DES LANDES !

VIVE LA LUTTE CONTRE LES MÉGAPROJETS INUTILES!

Signatures:

COLLECTIFS  ET ORGANIZACIONS DU MEXIQUE

Collectif à l’initiative du forum « Mexique – Europe: ils ne passeront pas »; Front des Villages en Défense de la Terre (FPDT), Atenco ; Assemblée des Villages Indigènes de l’Isthme en Défense de la Terre et du Territoire APIIDT), Isthme de Tehuantepec ; Organisations Indigènes pour les Droits Humains à Oaxaca (OIDHO), Oaxaca; Communautés Paysannes et Urbaines Solidaires (COMCAUSA) ; collectif « la Rébellion de Tehuantepec », Isthme de Tehuantepec ; Groupe Solidaire de la communauté La Venta, Isthme de Tehuantepec ; Union des Communautés Indigènes de la Zone Nord de l’Isthme (UCIZONI) ; Radio Communautaire « Las voces de los pueblos » 94.1 Matias Romero, Oaxaca ; Assemblée Nationale des Victimes Environnementales (ANAA); Alliance Mexicaine pour l’Autodétermination des Peuples (AMAP) ; Mouvement Agraire Indigène Zapatiste (MAIZ) ; Réseau National de Résistance au prix cher de l’électricité (Mexique) ; Réseau Mexicain d’Action face au libre-commerce (RMALC) ; Lien Urbain de la Dignité, Puebla ; Nœud des droits humains, Puebla ; Secteur National Ouvrier et des Travailleurs de la Ville, des Champs, de la Mer et de l’Air de l’Autre Campagne ; Syndicat National des Travailleurs d’Uniroyal ; Coalition des Travailleurs Administratifs et Académiques du Syndicat des Travailleurs de l’Université Nationale Autonome de Mexico ; Collectif Action intelligente des chômeurs, étudiants et travailleurs ; Centre autonome d’apprentissage et de formation politique des travailleurs et travailleuses de l’Autre Campagne ; Dorados de Villa ; Communauté Autonome Ernesto Guevara de la Serna ; Communauté Autonome Ollin Alexis Benhumea Hernández ; Secteur des Travailleurs de l’Autre Campagne-Oaxaca ; La Otra Huasteca Totonacapan ; Brigade de rue de soutien à la femme « Elisa Martínez », A.C. ; Réseau Mexicain du Travail Sexuel ; Espace social et culturel LA  KARAKOLA (Mexico DF) ; collectif POZOL, Tuxtla Gutierrez ; Zapateando (média libre adhérent de l’Autre Campagne) ; Agence d’Information Indépendante Noti-Calle ; Notilibertas ; émission radio « Les fils de la Terre » ; revue La Guillotina, Mexico, D.F. ; Croix noire Anarchiste de México ; Nodo Solidale Mexico ; Collectif Azcapotzalco, Mexico DF ; Coordination Nationale « Plan de Ayala »-Mouvement National (CNPA-MN) ; Organisation zapatiste « Education pour la libération de nos Peuples » ; collectif «Caracol Matlatl », Toluca (Etat de México) ; revue électronique Désinformémonos ; Kolektivo « de Boka en Boka», San Cristobal (Chiapas) ; Commune autonome de San Juan Copala, Oaxaca ; Comuneros du village de San Pedro Atlapulco (Etat de México) ; Centre des Droits Humains Digna Ochoa, A.C. (Tonala, Chiapas) ; Conseil Autonome de la zone côtière du Chiapas ; Front civique Tonaltèque AC (Tonala, Chiapas) ; Réseau contre la Répression et pour la Solidarité – Chiapas.

INDIVIDUS

Manuel Antonio Ruiz, Lycée communautaire José Martí ; Ricardo Alvarado (Toluca, México) ; Sonia Voisin (Lyon, Francia), Priscila Tercero, Adhérantes de l’Autre Campagne ; Gloria Muñoz Ramírez; Marcela Salas Jaime Quintana ; Sergio Castro ; Adazahira Chávez ; Felix Garcia Lazcarez ; Dr. Alfredo Velarde Saracho ; Elsa Mocquet, La Milpa, A.C. (San Cristobal, Chiapas) ; Alèssi Dell’Umbria (Marsella-Oaxaca)

COLECTIFS DE SOLIDARITE EUROPEENS

Groupe B.A.S.T.A., Münster, Allemagne ;  Les trois passants, Francia ; Plate-forme de Solidarité avec le Chiapas et le Guatemala de Madrid, España; Caracol Solidario, Franche-Comté ; Espoir Chiapas/Esperanza Chiapas; Comité de Solidarité avec les Peuples du Chiapas en Lutte, Paris; Collectif Chiapas – Ariège ; Comitat Chiapas – Aude ; Nodo solidale, Italie; centre social « le Passe-Partout »  et « Groupe CafeZ », Liège (Belgique).

Un crime historique contre le maïs (et l’homme)

J’interromps bien à contre-cœur ma série sur Notre-Dame-des-Landes. Bien entendu, il faut être là-bas demain, je n’ai pas besoin d’y insister ici. Le projet d’un second aéroport à Nantes mobilise contre lui des milliers de refusants de ce monde malade. Ce sera un beau jour, je n’en doute pas.

Mais voici que je reçois un long message en espagnol des admirables combattants d’ETC. Le groupe ETC (ici, en anglais et en espagnol) a été formellement créé au Canada dans les années 70 du siècle passé, sous le nom de Rafi (Rural Advancement Fund International). Lequel Rafi a été renommé en 2001 ETC, qu’il faut prononcer comme et cetera. ETC signifie au départ Érosion, Technologies, Concentration. Ce n’est pas génial, mais le sens l’est, lui. Érosion renvoie à l’un des phénomènes les plus dramatiques : la perte de la diversité génétique et biologique, partout sur Terre. Ainsi que la disparition des savoirs paysans associés à la défunte richesse du monde. Technologies rappelle le fol aventurisme des biotechnologies et des nanotechnologies, qui menacent comme jamais le vivant. Et Concentration désigne bien sûr le stupéfiant processus par lequel des compagnies privées de plus en plus puissantes s’emparent de ce qui est un bien commun des hommes : les semences, les récoltes.

Je ne connais que deux noms parmi ceux qui figurent au bureau d’ETC. Pat Mooney, l’un des fondateurs, en 1977, qui est l’auteur de quantité de rapports et de livres. Et la journaliste française Ruth Stegassy, dont le travail sur France-Culture, dans l’émission Terre à Terre, est d’une inépuisable richesse. J’en termine : les rapports et alertes d’ETC sont parmi les plus éclairants sur la marche réelle des événements. Nous devons à ces combattants sans tache l’invention ou la diffusion de mots comme biopiraterie ou Terminator, ce dernier étant une atroce technologie Monsanto (ici).

Pardonnez ce long préambule. Donc, je viens de recevoir un texte d’ETC qui s’appelle Masacre del maíz mexicano. Faut-il traduire ? Je mets en bas de cet article le texte, qui pourra être lu par ceux qui entendent le castillan. Que raconte-t-il ? L’histoire d’un terrible coup de force, qui pourrait bien devenir l’un des plus grands événements planétaires de notre époque. L’affaire se passe au Mexique, que l’on considère être le berceau génétique du maïs, l’une des plantes alimentaires majeures consommées par les hommes. Le président Felipe de Jesús Calderón Hinojosa s’apprête à quitter le pouvoir au profit de Enrique Pena Nieto, qui sera en poste le 1er décembre. Je n’ai pas le temps d’écrire beaucoup sur  Calderón. Disons qu’il entretient des liens étroits avec les transnationales. Disons qu’il leur mange dans la main. Disons le pire de lui, car ce sera toujours en dessous de la réalité.

En janvier 2009, Calderón rencontrait au Forum économique de Davos le grand patron de Monsanto, Hugh Grant. L’échange a dû être fructueux, car au retour, Calderón autorisait des essais en plein champ de maïs OGM, rompant ainsi avec le moratoire empêchant toute culture de maïs OGM au Mexique, qui durait depuis 1999. Comme dans un ballet bien réglé, le directeur de Monsanto au Mexique, Andres Felix, annonçait peu après un investissement de 154 millions d’euros.

Tout ce qui précède vient de moi, mais le texte d’ETC apporte du nouveau, et quel nouveau !  Calderón prépare, à quelques jours de son départ, un cadeau d’adieu à ses chers amis de Monsanto (Ainsi qu’à DuPont et Dow). Sous la forme d’une autorisation de planter DEUX MILLIONS ET DEMI d’hectares de maïs transgénique au Mexique. C’est une surface plus grande que la totalité de ce pays voisin du Mexique qu’est le Salvador. C’est fou, totalement monstrueux. Comme l’écrit ETC, « Si se aprobaran estas solicitudes de las trasnacionales, sería la primera liberación masiva y a escala comercial de transgénicos que afectará directamente un cultivo alimentario global en su centro de origen ». Si ce crime contre l’humanité avait lieu, ce serait la première dissémination massive, à échelle commerciale, d’OGM affectant directement un aliment fondamental en son centre génétique historique.

Les milliers de variétés de maïs sélectionnées au cours de 7 000 ans de lent travail paysan seraient définitivement contaminées par les saloperies imposées par Monsanto, Dow, DuPont. À ce stade d’intention criminelle, je dois avouer que les bras m’en tombent. Je ne sais quoi ajouter, car je suis sous le choc. Tenez-vous au courant, je vous en prie. Le moins que nous pourrions faire ici serait de traiter Monsanto pour ce qu’il est. Ce qui aurait, je dois bien le reconnaître, de notables conséquences.

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Le texte du groupe ETC

Grupo ETC
Boletín de prensa
Jueves, 15 de Noviembre 2012
www.etcgroup.org

Masacre del maíz mexicano:
Transnacionales preparan asalto a uno de los cultivos alimentarios más importantes del mundo

Los gigantes de los agronegocios Monsanto, DuPont y Dow, están conspirando para realizar uno de los mayores golpes de la historia contra un cultivo alimentario de importancia global. En las próximas dos semanas, el gobierno saliente de Felipe Calderón podría aprobar las solicitudes de esas empresas para plantar un área enorme de maíz transgénico en México. Este “regalo de despedida” para las empresas sería una puñalada en el corazón del centro de origen y diversidad del maíz. Las consecuencias serán graves –y globales.  Ante la aprobación en ciernes, los movimientos y organizaciones de la sociedad civil exigen que se ponga un alto total al maíz transgénico en México. La Unión de Científicos Comprometidos con la Sociedad (UCCS) de México, emitió una fuerte declaración demandando al gobierno revocar todos los permisos de siembra y cancelar todas las siembras experimentales de maíz transgénico en el país.[1] El Grupo ETC se suma a estas demandas y llama a la FAO (Organización de Naciones Unidas para la Alimentación y la Agricultura) y al CDB (Convenio de Naciones Unidas sobre Diversidad Biológica), como los organismos mandatados por la comunidad internacional para apoyar la seguridad alimentaria y proteger la diversidad biológica, a tomar acción inmediata para evitar el desastre.

La indignación y el estado de emergencia recorre la sociedad mexicana luego de conocer que las dos empresas semilleras más grandes del mundo, Monsanto y DuPont –(cuya filial mexicana se conoce como Pioneer Hi-Bred o PHI México), así como Dow Agrosciences (8ª empresa semillera en el ranking global) solicitaron al gobierno plantar cerca de 2 millones 500 mil  hectáreas de maíz transgénico en México.[2] El área solicitada es tan grande que rebasa la superficie de países enteros: por ejemplo es más grande que todo El Salvador. Los científicos han identificado miles de variedades campesinas originadas en México, lo que lo convierte en el repositorio global de la diversidad genética del maíz. Si se aprobaran estas solicitudes de las trasnacionales, sería la primera liberación masiva y a escala comercial de transgénicos que afectará directamente un cultivo alimentario global en su centro de origen.

“Si el gobierno de México permite este crimen de significado histórico, los transgénicos llegarán rápidamente a las tortillas y a la comida cotidiana de toda la población mexicana ya que el maíz de los estados solicitados provee mayoritariamente a las ciudades. Además, la contaminación genética de las variedades campesinas será inevitable. Se trata de un daño gravísimo a más de 7000 años de trabajo indígena y campesino que creó el maíz –uno de los tres cultivos más difundidos de la alimentación mundial” dijo Verónica Villa del Grupo ETC en México. “Por si fuera poco, las empresas quieren plantar el maíz tolerante a herbicidas de Monsanto [Mon603] en más de 1,400,000 hectáreas. Este es el mismo tipo de maíz que ha producido cáncer en ratas según un estudio científico revisado y publicado recientemente.”[3]

Los campesinos y población rural de América Latina, de Asia y África estarán entre los más afectados, ya que el maíz se ha convertido en una de las principales fuentes de subsistencia en muchos países, y la diversidad del grano es lo que permite adaptarlo a condiciones locales y enfrentar los desafíos del cambio climático. Además de México, los países surafricanos Lesotho, Zambia y Malawi tienen el porcentaje de consumo de maíz per cápita más alto del mundo.[4]

El gobierno mexicano insiste en que las áreas solicitadas en el Norte de México, no son parte del “centro de origen” del maíz, porque no han encontrado variedades campesinas allí. Pero esto no es verdad, se han recolectado variedades campesinas en esos estados, aunque en menor cantidad que en estados más al Sur. Varios científicos y hasta la propia Comisión Nacional para el Conocimiento y Uso de la Biodiversidad (Conabio) estima que todo el territorio mexicano debe ser considerado centro de origen del maíz.[5]  Según un informe nuevo del Centro de Estudios para el Cambio en el Campo Mexicano (Ceccam), el mapa de centros de origen publicado recientemente por el gobierno no es científicamente  correcto y fue diseñado para justificar las plantaciones de maíz transgénico de las transnacionales.[6]

Las plantaciones a escala comercial (y las siguientes resiembras) de maíz transgénico contaminarán las variedades campesinas mucho más allá del área de plante, tanto a través del polen transgénico llevado por el viento e insectos, como por la mezcla en los silos y el escape accidental de los camiones de transporte a granel que llevan maíz a todas partes de México. Los científicos de la UCCS y otros señalan que los impactos negativos de la contaminación transgénica sobre las variedades campesinas “podrían ser irreversibles y progresivos, debido a la acumulación paulatina de transgenes en este germoplasma”, llevando a una erosión de la biodiversidad.[7]

Cientos de agrónomos y otros científicos mexicanos, así como organizaciones de campesinos, agricultores y consumidores, han expresado su oposición a la siembra de transgénicos, pero la administración de Felipe Calderón, que terminará este primero de diciembre, no tiene nada que perder en su recta final y se espera que acceda a las solicitudes de las empresas.

Si se autorizan las siembras, los agricultores del maíz podrían encontrarse “violando” las patentes sobre maíz transgénico sin saberlo, es decir, sus parcelas podrían contaminarse inadvertidamente y Monsanto podrá acusarlos de “usar genes patentados” sin pagar por ellos, obligándolos a compensar a los dueños de las patentes, como ya ha ocurrido en cientos de casos en Estados Unidos y Canadá.

“Sería una injusticia monumental para los creadores del maíz, —uno de los alimentos primordiales de la humanidad— que les obligaran a pagar regalías a corporaciones trasnacionales, que son explotadoras de ese conocimiento ancestral”, dijo Silvia Ribeiro, directora para América Latina del Grupo ETC.

En 1999, la Comisión Nacional de Bioseguridad Agrícola de México estableció una moratoria sobre las pruebas de maíz y su siembra comercial debido a la situación única de México como centro de origen y diversidad genética del maíz. El gobierno de Calderón rompió arbitrariamente la moratoria en 2009 aunque las condiciones que la motivaron prevalecen. Desde entonces la nueva comisión (CIBIOGEM) ha autorizado 177 pruebas de maíz transgénico a cuatro empresas trasnacionales (Dow Agrosciences, DuPont, Monsanto y Syngenta). Las pruebas en campo han sido criticadas por su falta de rigor en bioseguridad, pues ni siquiera cumplen con lo estipulado por la débil ley de bioseguridad de México.

Silvia Ribeiro argumenta: “Las consultas públicas han sido una farsa, puesto que las pruebas fueron autorizadas sin tomar en cuenta las críticas fundamentadas, incluso aunque representaran la mayoría de los comentarios enviados. Muchas de las críticas y comentarios las hicieron conocidos agrónomos y otros científicos. Como si no bastara, los resultados de las pruebas se han mantenido en secreto, pero se usan como justificación para permitir la siembra comercial.”

DESPUÉS de su visita oficial a México en 2011, el Relator Especial de Naciones Unidas para el Derecho a la Alimentación, Olivier de Schutter, recomendó al gobierno mexicano reinstalar la moratoria, tanto por su impacto sobre la biodiversidad como sobre los Derechos de los Agricultores.[8] El gobierno mexicano ignoró la recomendación.

Ana de Ita del ceccam señala que el área para la cual se solicitaron permisos en los estados de Sinaloa y Tamaulipas, en el norte de México, excede la superficie actualmente sembrada con maíz de riego. “Al parecer las compañías están planeando usar toda el área destinada al maíz y a otros cultivos. Esto es ofensivo, no hay razón para que México arriesgue su historia y su biodiversidad con el maíz transgénico. México produce maíz suficiente para cubrir las necesidades de todo el consumo humano, con excedentes, y podría producir mucho más si hubiera apoyo a los campesinos y productores de pequeña escala, sin entregar su soberanía alimentaria a las compañías trasnacionales.”

El maíz es central a las culturas, las economías y el sustento de la población mexicana, pues la mayoría se alimenta de maíz en diferentes formas todos los días. La cantidad que los mexicanos ingieren excede con mucho el promedio de consumo individual de la mayoría de los demás países (en México, 115 kilos por persona por año). 85% de los productores mexicanos de maíz son campesinos y agricultores en pequeña escala, con parcelas menores a 5 hectáreas. Esos productores proveen más de la mitad de la alimentación de la población, especialmente la alimentación de los pobres. Al mismo tiempo, cuidan la diversidad genética del cultivo y la enriquecen debido a la forma descentralizada en la que siembran el maíz —cultivando muchas variedades diferentes, adaptándolas a las condiciones locales y junto con varios otros cultivos y especies silvestres.

En 2009, la Red en Defensa del Maíz,[9] junto con La Vía Campesina América del Norte enviaron una carta abierta firmada por cientos de organizaciones e individuos a la FAO y al CDB, pidiéndoles que tomaran acciones para evitar la contaminación de maíz transgénico en México, su centro de origen.[10] Los entonces directores de ambas organizaciones internacionales soslayaron la petición, aunque ambas instituciones tienen el mandato de proteger los centros de origen y diversidad de los cultivos. [11] Ahora, exigimos a los nuevos directores de la FAO y del CDB a tomar acciones inmediatas para proteger el centro de origen y diversidad del maíz.

Por más información:

Silvia Ribeiro, Directora para América Latina del Grupo ETC, silvia@etcgroup.org
Verónica Villa, Grupo ETC México,  veronica@etcgroup.org
Tel: (+52) 55 63 2664

Ana de Ita, CECCAM,  anadeita@ceccam.org.mx
Tel: (+52) 56 61 53 98

Pat Mooney, Director del Grupo ETC, mooney@etcgroup.org
Tel: 1-613-241-2267

Red en Defensa del Maíz: http://redendefensadelmaiz.net/
Centro de Estudios para el Cambio en el Campo Mexicano, ceccam: http://www.ceccam.org/

[1] UCCS, Llamado a la acción contra la siembra de maíz transgénico a campo abierto en México http://www.uccs.mx/doc/g/planting-gmo-corn_es

[2] La lista de las solicitudes de experimentos y liberación al ambiente de cultivos transgénicos está aquí: http://www.senasica.gob.mx/?id=4443. (PHI México es parte de DuPont)
[3] Gilles-Eric Séralini et al., “Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize,” en Food and Chemical Toxicology, Volumen 50, Número 11, Noviembre 2012, pp. 4221–4231. Ver también John Vidal, “Study linking GM maize to cancer must be taken seriously by regulators,” The Guardian, 28 septiembre 2012, disponible en línea: http://www.guardian.co.uk/environment/2012/sep/28/study-gm-maize-cancer.

En castellano: Silvia Ribeiro, “Caza de Ratas”, La Jornada, México, 6/10/12, http://www.jornada.unam.mx/2012/10/06/opinion/024a1eco

[4] Alfred W. Crosby, revisión de James C. McCann, Maize and Grace: Africa’s Encounter with a New World Crop, 1500-2000 en Technology and Culture, Vol. 47, No. 1, Enero 2006, pp. 190-191.

[5] A. Serratos, El origen y la diversidad del maíz en el continente Americano, 2nd edición, Septiembre 2012, Universidad Autónoma de la Ciudad de México y Greenpeace, disponible en línea: http://www.greenpeace.org/mexico/es/Footer/Descargas/reports/Agricultura-sustentable-y-transgenicos/El-origen-y-la-diversidad-del-maiz-2a-edicion/

Conabio: Proyecto Centros de Origen y Diversidad Genética. http://www.biodiversidad.gob.mx/genes/centrosOrigen/centrosOrig.html

[6] Ceccam, La determinación de los centros de origen y diversidad genética del maíz, Mexico, 2012, available online: http://www.ceccam.org/publicaciones?page=1

[7] UCCS, Extrañamiento al Presidente de la República Mexicana, México, 2009, disponible en línea: http://www.unionccs.net/doc/g/sciencetrmaize_es

[8] Olivier de Schutter, Informe de su Misión a México, párrafos 53, 54 y 55. Ver párrafo “g” de las Conclusiones y Recomendaciones.
http://www.srfood.org/index.php/en/country-missions (Ver Mission to Mexico, 2011)

[9] La Red en Defensa del Maíz incluye a más de 1000 comunidades indígenas y organizaciones de la sociedad civil. Se creó en 2001, cuando se descubrió por vez primera que el maíz nativo en México se había contaminado con maíz transgénico. Desde entonces la Red ha resistido el avance del maíz transgénico. Tanto el Grupo ETC como el CECCAM son miembros de la Red (http//:endefensadelmaiz.org)

[10] La carta puede verse en línea: http://www.etcgroup.org/es/content/carta-de-la-red-en-defensa-del-maíz-contra-la-liberación-de-maíz-transgénico-en-méxico

[11]  El anterior Secretario General del CDB, Ahmed Djoghlaf no respondió a la carta abierta. El director general de la FAO tampoco lo hizo, pero Shivaji Pandey, Director de la División de Producción y Protección Vegetal sí lo hizo. Pandey, un abogado conocido por su posición a favor de los cultivos genéticamente modificados, escribió que la FAO podría ofrecer asesoramiento, pero que la bioseguridad era una cuestión de México.

Les bons tuyaux du Figaro (sur Notre-Dame-des-Landes)

Le journalisme policier existe-t-il ? C’est à se demander. L’affaire du vigile blessé par des jeunes, tout près de Notre-Dame-des-Landes, a été copieusement exploitée. Par les promoteurs de l’aéroport dont je vous rebats les oreilles, et cela fait du monde. Mais d’où venait donc l’information de départ, sur laquelle le flan médiatique s’est étalé ? Eh bien de l’exemplaire quotidien appelé Le Figaro. Sous la plume du grand reporter Christophe Cornevin, et sous la forme affriolante, comme vous le verrez plus bas, d’une INFO LE FIGARO, qui marque, dans le jargon de la profession, une exclusivité.

Le Figaro disposant d’une formidable information, il en a fait un scoop. Faut vivre. Passons au commentaire. Le chapeau, c’est-à-dire cette sorte de résumé du papier, en gras, dit que la victime « a été grièvement brûlée aux mains et aux bras ».  Quelle horreur, hein ? Grièvement signifie gravement. Une brûlure grave, a fortiori sur des parties importantes du corps, se conclut souvent par une greffe de peau. On imagine l’homme ainsi atteint sur un lit de souffrance, à l’hôpital. Non ?

Or l’article ne reprend aucunement l’affirmation selon laquelle le vigile aurait été brûlé. Vous lirez comme moi, et à deux reprises, « blessé ». Il y a donc eu montage. L’homme n’est pas brûlé, mais l’émotion a depuis belle lurette tout emporté. Donc, blessé. Gravement ? En ce cas, on imagine des soins intensifs, une perfusion, des blouses blanches, un bulletin de santé. Mais non, les amis, le blessé grave se retrouve avec une Incapacité temporaire totale (ITT) de travail de cinq jours. Cinq. Que vienne le temps où tous les blessés graves de la Terre recevront une ITT de cinq jours seulement !

Continuons. Qui donne l’information ? Mystère. Qui la commente ? Un sous-préfet. Que raconte pour sa part le vigile ? Confirme-t-il le récit donné par le journaliste, qui visiblement n’a pas interrogé la victime supposée, fût-ce au téléphone ? Non. Où cela se passe-t-il ? Près de Notre-Dame-des-Landes, bien entendu, car tout l’édifice repose sur une association géographique entre le lieu de l’agression supposée et la présence dans le bocage de la Bande à Bonnot. Mais où ? Je vous conseille de bien lire, car voici ce qui est écrit : « sur une zone de délaissement où située à proximité de l’endroit où devrait s’installer le futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes ».

Est-ce seulement du français ? Non. Tout le reste n’est qu’accusations sans preuve contre le mouvement en cours dans le bocage nantais. Je me permets de poser cette autre question : mais qui est donc Christophe Cornevin, grand reporter au Figaro ? Vous trouverez, après le texte sur l’agression du vigile, un article signé Daniel Schneidermann, en date du 17 novembre 2008. C’est instructif.  Je précise pour ceux qui ne suivent pas l’actualité que l’accusation contre ceux de Tarnac, et notamment Julien Coupat et Yldune Lévy, est tombée à l’eau à force de manipulations et de montages policiers et judiciaires. Oui, lisez cet article de 2008, et je ne doute pas que vous m’en direz des nouvelles.

ET À PART CELA, N’OUBLIEZ PAS LE GRAND RENDEZ-VOUS DE NOTRE-DAME-DES-LANDES, LE SAMEDI 17 NOVEMBRE ! QUANTITÉ DE COLLECTIFS ONT ÉTÉ CRÉÉS, ÇA PROMET !

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1/LE PAPIER DU FIGARO QUI A LANCÉ TOUTE L’AFFAIRE

       Notre-Dame des Landes : un vigile blessé dans la nuit

       Par Christophe Cornevin Mis à jour

INFO LE FIGARO – La victime, prise à partie par une vingtaine d’inconnus dans        la nuit de lundi à mardi, a été grièvement brûlée aux mains et aux bras. Sa voiture a été   incendiée.

Un vigile a été grièvement blessé dans la nuit de lundi à mardi alors que ce dernier surveillait un ancien squat évacué par décision de la justice sur la commune de Fay de Bretagne (Loire-Atlantique), sur une zone de délaissement où située à proximité de l’endroit où devrait s’installer le futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Vers 3 h 30, l’agent de gardiennage a été pris pour cible par une vingtaine d’inconnus cagoulés et armés de gourdins alors qu’il était posté, au volant de sa voiture, devant une maison récemment évacuée. Les agresseurs ont aspergé son véhicule de produit inflammable. «Ils ont discuté pour savoir s’ils le laissaient dedans avant de finalement le sortir et le rouer de coups», a précisé Michaël Doré, sous-préfet de la région Pays de la Loire. Le vigile est parvenu à s’enfuir, pieds nus, tandis que les inconnus ont incendié son véhicule.

La victime a été blessée aux mains et aux avant-bras et a été admise aux urgences du centre hospitalier de Nantes où elle s’est vue délivrer 5 jours d’ITT.

Les agresseurs ont pris la fuite avant l’arrivée du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (Psig). L’enquête a été confiée à la Compagnie de Chateaubriand.

750 hectares à bitumer

Le projet de transfert de l’aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes est au cœur de vives polémiques et de violentes manifestations.

Environ 500 personnes selon la police, 3.000 à 3.500 selon les organisateurs, se sont encore rassemblées samedi dernier à Rennes contre ce projet porté par le premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes, réclamant le maintien des terres agricoles et dénonçant le bétonnage et un «projet obsolète».

Le projet va couvrir «1.650 hectares, avec une surface à bitumer de 750 hectares dans un premier temps», a assuré un organisateur. Situé à 30 km au nord de Nantes, le projet a été confié au groupe Vinci, qui chiffre son coût à 560 millions d’euros.

Gendarmes blessés en novembre

«En lançant les opérations d’expulsion des occupants de la zone, de destruction de leurs habitats et de leurs biens, Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et actuel premier ministre, a choisi de mettre la force publique au service d’intérêts privés», avait fait valoir samedi Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de Gauche, dans un communiqué.

Dès le 7 novembre dernier, six gendarmes ont été blessés sur le site dans des heurts avec des opposants au projet, selon un bilan de la préfecture de Loire-Atlantique. Les forces de l’ordre, qui intervenaient pour libérer une route des barricades qui y avaient été érigées, ont été attaquées par une «quarantaine d’assaillants particulièrement résolus». Ils utilisaient «des bouteilles incendiaires, des frondes et des projectiles métalliques».

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                    2/ Le papier de Daniel Schneidermann dans Libération du 17 novembre 2008

Fabrication d’épouvantails, mode d’emploi

Par SCHNEIDERMANN Daniel

Stupeur et consternation ! Les terroristes «d’ultragauche» accusés par la ministre de l’Intérieur d’avoir saboté des caténaires de TGV, vivaient paisiblement à Tarnac, petit village de Corrèze. Ils y tenaient même l’épicerie-bar. Les habitants du village expriment tout le bien qu’ils pensaient de leurs commerçants uniques. Qu’à cela ne tienne. Les journaux télévisés unanimes brodent sur la clandestinité du groupe, «qui avait balancé ordinateurs et téléphones portables». Une épicerie, peut-être, mais «une épicerie tapie dans l’ombre», précisa fort sérieusement un journaliste de France 2.

Le journalisme policier est un art difficile. Il ne s’agit pas seulement de recueillir les confidences des enquêteurs, et de tenter tant bien que mal de séparer infos et intox. Il faut encore leur donner la forme d’un roman conforme à ce qu’attendent, selon les cas, les lecteurs, la hiérarchie du journal, ou le ministère. D’où la fabrication ultrarapide «d’épicerie tapie dans l’ombre», d’un «commando» composé d’un «cerveau» et de «lieutenants» réfugiés dans un «QG» ou de «nihilistes potentiellement très violents».

Fabrication, ou résurrection ? Aux plus âgés d’entre nous (disons, les quadragénaires bien avancés) les journaux télévisés de la semaine dernière auront au moins rappelé leur jeunesse. Aux «prêcheurs barbus des caves», aux «gangs ethniques des banlieues», a en effet succédé une autre catégorie de «méchants», bien oubliée, «la mouvance anarcho-autonome». Et resurgissent pêle-mêle les fantômes des glorieux prédécesseurs de MAM, Michel Poniatowski (ministre de Giscard), ou même Raymond Marcellin, titulaire du poste sous Pompidou.

Dans ce concours de fabrication d’épouvantails, notre confrère du Figaro, Christophe Cornevin, se classe hors catégorie. Les ultraépiciers de Tarnac, aux yeux du Figaro, étaient «en totale rupture de ban avec la société», «embarqués dans un mode de vie altermondialiste, vivotant pour certains du négoce de produits agricoles, fuyant le regard des rares riverains qui les entouraient, ces apprentis terroristes de la gauche ultra présentaient un profil bien particulier. Agés de 25 à35 ans pour le plus âgé, ces nihilistes considérés comme «potentiellement très violents» étaient articulés autour d’un petit «noyau dur» d’activistes déjà fichés pour divers actes de violences et de dégradation. A priori, aucun d’entre eux ne travaillait. «Cela ne correspondait pas à leur philosophie», lâche un enquêteur. Les femmes de la bande, quant à elles, sont plus volontiers dépeintes sous les traits de « filles de bonne famille issues de la bourgeoisie de province ». Un profil somme toute guère étonnant au regard de la jeune fille chic en Burberry qui répondait au nom de Joëlle Aubron à l’époque d’Action Directe».

Paresse, lâcheté, violence, trahison de sa classe d’origine : tous ces traits de caractères individuellement, sont inquiétants. Regroupés, ils composent un tableau terrifiant. Le lendemain, le titre d’un article du même journaliste nous apprend que «l’ADN est au cœur de l’enquête». Mais au cœur de l’article… rien sur les preuves ADN.

A croire d’ailleurs que la fabrication d’épouvantails médiatiques est une spécialité en soi. Une recherche au sujet de Christophe Cornevin dans le moteur Google, donne une idée de l’ampleur des compétences du confrère. «Une dizaine de lascars sont affalés sur les bancs de la salle des pas perdus de la 23e chambre correctionnelle, écrit le journaliste. Agés de 17 à 22 ans, ils sont dans leur écrasante majorité originaires d’Afrique noire» (7 septembre 2007, article intitulé «L’essor des gangs africains dominés par le vol et la violence»). «Les barbus s’activent derrière les barreaux», titre leFigaro en septembre. Détails : «Ces religieux clandestins se sont radicalisés en surfant sur Internet, confie un haut responsable de l’AP. Ils distillent des fragments de sourates pouvant faire référence à la violence et reprennent un discours moyenâgeux pour convertir leurs compagnons de cellule.»

Mais lorsque la tendance des épouvantails vire au modèle «trader fou», notre artisan sait aussi se reconvertir, comme dans cette description balzacienne des objets saisis lors d’une perquisition chez l’ancien trader de la Société générale Jérôme Kerviel : «Sur une table placée aux abords de l’impressionnant écran plat qui trône dans la pièce principale, ils ont notamment trouvé deux téléphones portables, un livre de réglementation bancaire, un numéro de la revue Investir intitulé «Comment s’enrichir en 2008», une canette entamée, une boîte de cigares Monte-Cristo et un exemplaire du Coran comprenant une version arabe et sa traduction en français.»

Ça ferait rire, si ça ne faisait pas peur. Ça ferait peur, si ça ne faisait pas rire.

Ce pauvre vigile de Notre-Dame-des-Landes

Les faits : un vigile payé par la société AGO, faux-nez du bétonneur Vinci, a été cogné par une vingtaine de jeunes (ici). À près de trois heures du matin, non loin d’une maison appelée à être détruite pour faire place à l’aéroport voulu par notre Grand Premier Ministre en personne, pour sa gloire éternelle et celle des juteux travaux inutiles.

Mon appréciation. Premièrement, rien ne prouve bien sûr que Vinci, champion du béton, soit responsable d’une vulgaire provocation. Disons qu’on a le droit de se poser des questions. Est-il raisonnable, dans la situation de tension créée par la présence de centaines de flics dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes, de laisser seul un vigile au milieu de nulle part ? Officiellement, ce vigile était là pour empêcher qu’une maison vouée à la démolition ne soit squattée. On voit mal comment un vigile aurait pu, à lui seul, empêcher une opération collective. Et la preuve, c’est qu’il n’a pas fait le poids le moment venu.

Deuxièmement, il y a eu volonté claire de désinformation. J’imagine – sans aucune preuve, certes – les petites mains de la préfecture – et/ou de Vinci – se réunir une fois, deux fois, trois fois, dix fois, ressassant cette seule question : comment saboter la formidable mobilisation en cours ? Comment s’attaquer à la si bonne réputation de cette lutte exemplaire ? Comment amoindrir l’impact des appels à manifester sur place le 17 novembre ? Eh bien, la violence supposée de ces vilains anarchistes arrive comme à point nommé. Soit un homme seul, pratiquement martyrisé par une bande ne parlant pas même – pour certains de ses membres – français. Tous les spectres habituels sont là. Ravachol d’un côté, accompagné de la bande à Bonnot, et renforcé par de mystérieux étrangers. Notons ensemble que les premiers titres parlaient d’un homme gravement blessé. Il a en fait un arrêt de travail d’une semaine. On a vu pire.

Troisièmement, un flic est un flic, merde alors ! Les militaires professionnels ne veulent plus mourir, comme on le voit à chaque fois en Afghanistan. Et les flics, fussent-ils privés, ne veulent pas recevoir de coups. Qu’ils changent donc de métier ! Quand on occupe militairement une zone, quand on envoie un millier de professionnels suréquipés affronter des jeunes de 20 à 25 ans sans la moindre expérience de la violence étatique, on prend un risque manifeste. Et l’on assume, M. Ayrault ! S’il est un responsable de ce qui est arrivé au vigile, c’est bien vous, monsieur l’Immense Premier Ministre. Vous !

Et pour le reste, tant que cela nous est possible, rions à gorge déployée de ces misérables manœuvres, dignes d’une école maternelle. Si Ayrault, la préfecture, les flics et Vinci n’ont que cette histoire à se mettre sous la dent, c’est qu’ils sont vraiment dans la panade. Et pour le 17, ça promet. Dites, vous n’oubliez pas, hein ? TOUT LE MONDE SUR LE PONT LE 17 NOVEMBRE ! TOUT LE MONDE À NOTRE-DAME-DES-LANDES !