Archives de catégorie : Industrie et propagande

Ce que dit le groupe PMO

Je reconnais que c’est long. Ce qui suit est un article paru sur le site Slate (ici), qui n’est pas ma tasse de thé. Mais le contenu en est follement intéressant, car il rapporte les réponses du groupe grenoblois Pièces et main dœuvre  (PMO) à trois questions du journaliste Michel Alberganti. Le groupe PMO est unique, car il exprime une critique sociale véritable de ce que le « progrès » « technique » et ses si nombreux servants nous imposent chaque jour. Je crois qu’il faut lire, et réfléchir.

——————————————–

L’organisation d’un débat public sur des questions scientifiques ou techniques est impossible. A cause d’eux

Les actions de boycottage d’un groupe d’activistes baptisé Pièces et Main d’Œuvre (PMO) ont rendu impossible l’organisation d’un débat public en France sur des questions scientifiques ou techniques. Anonymes, ses membres refusent toute participation aux émissions de radio et de télévision. Ils répondent à trois questions de Slate.fr.

  Ils ont remporté une victoire importante en contraignant les organisateurs des derniers débats publics sur des questions scientifiques à se réfugier sur Internet. Plus aucune réunion publique sur les nanotechnologies ou l’enfouissement des déchets nucléaires ne peut se tenir en France sans être perturbées.

Quelques minutes après le début de telles manifestations, les activistes de Pièces et Main d’Œuvre (PMO) monopolisent la parole. Raffut et tapage forcent rapidement les organisateurs, la Commission nationale du débat public (CNDP), à annuler la réunion. Cette situation a conduit quatre anciens ministres, Robert Badinter, Jean-Pierre Chevènement, Alain Juppé et Michel Rocard, à signer une tribune dans le journal Libération du 14 octobre 2013 appelant «solennellement les médias et les femmes et hommes politiques à exiger que les débats publics vraiment ouverts et contradictoires puissent avoir lieu sans être entravés par des minorités bruyantes et, parfois provocantes, voire violentes».

Le 11 janvier 2014, PMO a répondu à ce qu’il a qualifié de «quarteron de ministres en retraite» en le remerciant d’avoir, en quelque sorte, reconnu «la force et l’écho de [sa] voix». Avant de lancer un satisfecit et quelque chose qui ressemble à une menace:

«Ainsi nous n’étions pas tout à fait un cri dans le désert. Et ce cri a des conséquences matérielles et pratiques: on s’en souviendra.»

Si les paroles et les actes de PMO n’étaient qu’opposition systématique au progrès et sabotage automatique de tout débat public sur la technoscience, l’intérêt serait limité. En fait, les positions des activistes grenoblois révèlent souvent de véritables failles dans le système mis en place par la CNDP. La formule du débat public sert ainsi, à l’évidence, à masquer ce qui n’est qu’une opération de communication visant à obtenir l’adhésion à une nouvelle technologie.

Le postulat sous-jacent est clair: si le peuple a peur de l’avenir technologique, c’est par manque d’information. Quand il aura compris, il ne s’opposera plus.

Avec PMO, ce système, pas si subtil que cela, est tombé sur un os. Loin de se laisser convaincre, les activistes agissent pour protéger la population de ce qu’ils considèrent comme un lavage de cerveau. Pour autant, leurs arguments anti-technologies et anti-progrès ne sortent guère du cercle restreint des lecteurs de leurs publications confidentielles (Editions l’Echappée, Collection Négatif). Ils refusent systématiquement de participer à toute émission de radio ou de télévision. Je viens d’en faire l’expérience. Nous avons donc voulu en savoir plus à l’aide de la seule forme d’échange que PMO accepte : l’interview par mail. Voici les réponses à nos trois questions.

Pour quelles raisons avez-vous refusé mon invitation à participer à l’émission Science publique sur France Culture en réaction à la tribune de quatre ministres publiée dans Libération en octobre 2013?

Nous avons refusé votre proposition de «débattre» avec un représentant de ces ministres ou un organisateur de pseudo-débats publics (comme la Commission nationale du débat public). Nous refusons les débats après fait accompli avec les scientifiques, les décideurs et les instances chargées des pseudo-concertations avec «le public». Nous combattons les sociologues spécialisés dans «l’étude des controverses» et l’acceptabilité sociale, c’est-à-dire dans la prévention et l’apprivoisement des contestations.

Nous avons appris de leurs propres études que «faire participer, c’est faire accepter» (voir Magali Bicaïs, «Imaginaire de la fonctionnalité: de l’acceptabilité sociale à l’émergence d’un projet technicien», thèse de sociologie, 2007). D’où il suit que participer, c’est accepter. Et donc, peu importe le lieu du débat, à la radio ou dans un forum soigneusement manigancé, nous ne participons pas.

Nous ne servons ni de caution ni d’alibi démocratique a posteriori; nous n’ajoutons pas notre grain de sel dans la soupe des débats spectacles (talk shows). D’ailleurs, un simple décompte des «unités de bruit médiatique» générées par les promoteurs des techno-sciences toutes catégories confondues suffirait à rendre dérisoire et ridicule notre éventuelle participation à ces simulacres.

Les «débats», même radiophoniques et à temps de parole égal, simulent l’exercice d’une «démocratie» entre experts et contre-experts. Cette «démocratie technique» théorisée par les sociologues de l’innovation (voir Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, par Callon, Barthes, Lascoumes) substitue des leurres («forums hybrides», «conférences de citoyens», etc) à la confrontation politique sur le fond. Ces leurres occultent la dissymétrie entre ceux qui ont le pouvoir d’agir et ceux qui sont réduits à la simple expression, entre le loup et la chèvre. Ils ne dupent d’ailleurs plus grand-monde. Chacun voit que la décision, dans la vie réelle, tient au rapport de forces entre le pouvoir et les sans-pouvoir.

Il n’y a pas plus de «démocratie technique» que de «science citoyenne» ou de roue carrée: la démocratie est la participation de tous aux choix politiques, quand la technique est l’affaire des spécialistes.

«Dans le monde ancien, les experts existent, mais leur domaine est celui de la « technê », domaine où l’on peut se prévaloir d’un savoir spécialisé et où l’on peut distinguer les meilleurs des moins bons: architectes, constructeurs navals, etc. Mais il n’y a pas d’experts dans le domaine de la politique. La politique est le domaine de la « doxa », de l’opinion, il n’y a pas d' »épistémê » politique ni de « technê » politique. C’est pourquoi les « doxai », les opinions de tous, sont, en première approximation, équivalentes : après discussion, il faut voter.»

(C. Castoriadis, La montée de l’insignifiance)

Nous récusons l’expertise, comme la contre-expertise. Nous nous exprimons en individus politiques, en sociétaires de la société et même en animaux politiques (Aristote). C’est-à-dire que nous sommes compétents, comme tout citoyen, pour les affaires de la Cité. Rien n’est plus politique que le nucléaire, les OGM, les nanotechnologies ou le numérique.

Que l’on songe à ces invasions et ces accélérations technologiques qui bouleversent tous les aspects de nos vies. Leur toute-puissance transforme le monde dans un sens et non dans un autre: ces choix politiques devraient être débattus par la société entière, non pas entre experts et contre-experts qui ne discutent jamais que des modalités techniques de leur mise en œuvre. Y a-t-il jamais eu référendum sur l’opportunité de faire la bombe atomique ou sur le plan Messmer de nucléarisation de la France?

Nous demande-t-on notre accord pour produire des bactéries synthétiques ou infester notre environnement d’objets «connectés»?

Selon nous, la discussion sur la pertinence de telle ou telle «innovation» technologique appartient aux sociétaires de la société. Non seulement ce n’est pas aux experts de décider, mais ils devraient être exclus des débats, étant juges et parties. Personnellement intéressés à la poursuite de leurs activités, ils sont en situation de conflit d’intérêt dès lors qu’il est question de leur carrière, de leur statut social, de leurs revenus. Autant consulter les marchands d’armes sur l’opportunité de déclarer la guerre. Ils sont donc les derniers à pouvoir se prononcer sur l’utilité sociale de leurs travaux.

Ensuite seulement, si les citoyens associés ont décidé de construire des sous-marins ou des centrales nucléaires, il revient aux experts de dire comment y parvenir. Par exemple, la société décide de se nourrir avec une alimentation biologique, et ensuite, consulte si nécessaire les agronomes ou les microbiologistes du sol (mais les paysans devraient suffire).

En règle générale, il va de soi que les scientifiques et les technocrates ont tout intérêt à l’organisation scientifique de la société, qui leur donne, du même coup, tout pouvoir sur cette société.

«L’existence même de la démocratie est menacée si elle n’est plus capable d’entendre des expertises», écrivent les quatre ministres dans leur tribune. Comme si l’expertise ne gouvernait pas. Qui décide l’Etat à investir dans les nanotechnologies, les puces RFID, la biologie synthétique, sinon les experts, consultés en permanence par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques?

L’expertise dépouille la population de sa compétence politique, en dépolitisant les prises de décision. Du point de vue de la rationalité technique, il n’y a jamais qu’une seule meilleure solution: pourquoi discuter? Par leur abstention aux élections et leur mépris des technocrates, les «citoyens» prennent acte de leur éviction. Cette dissidence passive est insupportable à la technocratie. Celle-ci ne veut pas seulement être obéie, mais approuvée et soutenue. D’où cette prolifération de simulacres et de lieux de pseudo-débats.

S’il y a débat sur les OGM, le nucléaire ou les nanotechnologies, c’est que des individus ou des groupes ont exprimé sans permission leur opposition politique à ces projets politiques. Sans ces oppositions (discours écrits ou verbaux, sabotages, manifestations), jamais les experts et techniciens, ni les élus qui suivent leurs consignes, n’auraient pris la peine de ces pseudo-délibérations et campagnes de communication, après coup, pour avaliser des décisions déjà prises.

Nous-mêmes participons à de nombreuses réunions publiques, comme invités ou organisateurs. Nous débattons entre sociétaires de la société, des raisons et des moyens de s’opposer à la tyrannie technologique. Mais nous combattons les technocrates qui, selon nous, doivent être combattus.

En refusant de participer aux débats organisés à la radio ou à la télévision ou bien aux débats publics nationaux, type CPDP, ne privez-vous pas vos positions d’une large audience? Ne les confinez-vous pas dans le cercle des personnes déjà acquises à vos thèses?

En ce domaine comme dans la plupart, la qualité s’obtient au détriment de la quantité. Plus on s’étale, moins on en dit. Plus on fait de bruit, moins on fait de sens. Nous ne cherchons pas l’audience au prix du brouillage de notre discours. Nous tâchons de dire et d’écrire au plus juste, et si nous y réussissons, il n’y a pas besoin des mass médias pour que nos idées atteignent ceux qui les cherchaient.

Au contraire, ceux-là seraient rebutés par le brouhaha et en concluraient que nous n’avons rien à dire puisque les médias nous donnent la parole. Cependant nous faisons des entretiens écrits, pourvu que nous puissions nous exprimer exactement, parce que l’écriture et la lecture sont pour nous les conditions de la réflexion. Et puis les écrits restent.

Si des journalistes se convainquent de la justesse de nos discours, qu’ils sortent franchement de leur pseudo-objectivité et parlent pour eux-mêmes, ou du moins qu’ils disent en quoi ils nous donnent raison.

Les médias qui ne se gênent pas pour piller dans nos enquêtes des sujets de documentaires, d’articles ou d’émissions, voire des informations et des idées, passent en général sous silence les douze livres que nous avons publiés dans notre collection Négatif aux éditions l’Echappée. Du point de vue spectaculaire, il est plus intéressant de nous restreindre à l’image «d’activistes» perpétuellement grimpés dans des grues en train de vociférer et de provoquer des esclandres. Il nous arrive de le faire, mais cela représente la moindre part de notre activité.

A propos de la CNDP, qui se souvient des positions des Verts sur les nanotechnologies, exposées publiquement et dans les règles? Il nous semble que si l’épisode de la CNDP-Nanos (2009-10) a marqué les esprits, c’est bien parce que nous avons refusé d’y participer et expliqué pourquoi. Pour le coup, nous avons eu «une large audience».

Loin de nous confiner aux «cercles acquis», nous avons au contraire pris à cœur de porter la contradiction dans des lieux et devant des audiences hostiles à nos idées. Depuis 2001, nous n’avons cessé d’intervenir (oralement et par voie de tracts parfois longs) dans les innombrables conférences de «vulgarisation» scientifique et technologique qui infestent la cuvette grenobloise. Nous avons brisé le consensus sur la liaison recherche-industrie qui régnait ici depuis plus d’un siècle («la Houille blanche»).

Nous avons d’ailleurs parlé bien au-delà, à la fois au «grand public» grenoblois et dans maintes réunions – qui n’étaient pas confidentielles— partout en France.

Enfin, les cercles de personnes acquises à nos thèses ne sont pas étanches. Les idées qui s’y discutent percolent ensuite en cercles toujours plus excentriques dans le reste de la population. Où elles rencontrent l’expérience souvent informulée de la plupart des gens. En l’occurrence, notre rôle se borne à donner et à nommer les raisons de leur désarroi et de leur révolte.

Votre rejet de toute évolution scientifique et technique reflète-t-il une négation de toute possibilité de progrès de la société? Plaidez-vous, de ce fait, pour le fameux «retour à la bougie»?

Etymologiquement, le mot «progrès» n’a de sens ni positif ni négatif. Il désigne tout «mouvement vers l’avant». On parle du «progrès de la maladie» aussi bien que du «progrès de la médecine».

A l’ère des technologies, le progrès de la classe qui en bénéficie – la bourgeoisie industrielle – se confond avec le progrès technologique, donc avec le Progrès. Dès lors, «progrès» est synonyme de «progrès technologique», lequel est supposé répondre aux attentes de la société. Contester «le progrès» revient à refuser le confort matériel, l’augmentation de l’espérance de vie, les facilités de transport, de communication, de loisirs, la vitesse – bref, à préférer le retour à la bougie et à la mythique caverne préhistorique – ou, variante écolophobe, la grotte d’Ardèche.

En toute logique, notre société hypertechnologique devrait être un paradis. Or, en dépit des téléphones portables, tablettes numériques, cartes «sans contact», services numériques, objets et réseaux «intelligents» – en attendant les smart cities, une part croissante de la population exprime son malaise, son scepticisme, voire son dégoût. Les quatre ex-ministres qui déplorent l’«évolution inquiétante des relations entre la société française et les sciences et techniques» ne s’interrogent pas sur les causes d’un tel rejet.

Le progrès technologique n’est synonyme ni de progrès humain, ni de «progrès pour la société». Et chacun peut le vérifier dans son travail, sa vie sociale et familiale, son quotidien. Le médiateur de la République a publié plusieurs rapports alarmants sur une société au bord du burn out, dénonçant le syndrome «tapez étoile». Il est bien normal, quand les machines éliminent les humains dans tous les domaines de la vie, que les animaux sociaux que nous sommes en éprouvent quelque mélancolie.

Voyez les suicides dans les entreprises soumises à la rationalité technicienne, la violence, la consommation de psychotropes et d’antidépresseurs. La course à l’innovation brise les liens sociaux, épuise et atomise les individus. Il faut parler de régression sociale et humaine. Sans mention de la situation écologique, à propos de laquelle le mot « progrès » est malvenu.

«Retour à la bougie»: le poncif trahit une vision à la fois technicienne et religieuse de l’Histoire, considérée comme un axe à deux directions – avant/arrière. Vision qui néglige l’Histoire elle-même et les rapports de force dont elle résulte. Qui nie les bifurcations possibles. Après tout, on aurait pu choisir le plus léger que l’air (dirigeables), au lieu du plus lourd. La sobriété énergétique plutôt que la croissance nucléaire. A chaque point nodal, ceux qui avaient le pouvoir ont décidé pour tous de la direction à prendre.

Cela ne s’est pas fait sans affrontements. A peu près tous perdus par les ennemis du progrès. Les Parisiens se sont opposés en vain à l’implantation des gazomètres au début du XIXe siècle. L’avènement du nanomonde n’est pas une fatalité, le prochain pas en avant sur l’axe. Il dépend de l’issue du rapport de forces entre ses partisans et ses opposants. Les premiers étant le pouvoir et la technocratie, chacun présume du côté où penchera la balance.

Les fins esprits qui nous invitent à nous retirer dans une grotte n’ignorent pas que tout «retour en arrière» est impossible. La politique de la terre brûlée menée depuis les débuts de l’industrialisation laisse un milieu détruit (la quasi-totalité des cours d’eau français pollués, par exemple).

Il n’y a plus d’ailleurs. Les exploitants agricoles d’aujourd’hui vivent sous le contrôle des satellites (surveillance des parcelles), doivent poser des puces électroniques à leurs animaux et gérer leur exploitation par informatique, comme n’importe quel agent de production de n’importe quelle usine. Nous vivons dans la technosphère et sous la tyrannie de la fuite en avant technologique.

La politique de la terre brûlée, c’est aussi devoir recueillir l’héritage des ordures nucléaires pour l’éternité. Quels que soient nos choix politiques, nous devrons entretenir un corps d’ingénieurs atomistes, et la force armée pour surveiller ces décharges maléfiques. Voilà bien des gens qui, sans nous demander notre avis, ont «pris en otages» jusqu’aux ultimes «générations futures».

Nous ne proposons aucun projet de société idéale, à laquelle nous ne croyons nullement. Tout au plus pourrions-nous limiter les dégâts par soustraction. Supprimer par couches successives les nuisances qui défont ce monde: l’industrie publicitaire, les mass médias, l’armement, la grande distribution, le numérique, ad libitum.

Bien entendu, ce peu paraît déjà irréaliste. En particulier se pose la question du mode de décision: qui décide et comment? Mais cette question ne se pose pas quand il s’agit de lancer le plan Messmer de nucléarisation de la France (1974) ou la biologie de synthèse aujourd’hui.

La société qui émergerait, peu à peu dégagée de ces couches mortifères, serait sans doute imparfaite, mais elle nous laisserait du temps, de l’air, de l’espace, une chance de vivre notre vie. On voit que nous sommes passionnément modérés.

Jusqu’où ira Montebourg (sur les mines) ?

Arnaud Montebourg, aile gauche du parti au pouvoir, ministre sordide. Politicien jusqu’aux ongles, sans morale, sans parole aucune. Pendant la campagne de la présidentielle, en 2012, il écrivait sur son blog – tout a disparu, vous pensez bien -, ainsi que le rappelle le quotidien L’Humanité du 12 juillet 2013, que l’exploitation des gaz de schiste présentait des « risques écologiques démesurés » et qu’elle aurait un « impact considérable en terme de réchauffement climatique ».

Il ajoutait que l’’indépendance énergétique « ne doit pas se faire au prix de catastrophes environnementales », avant de conclure : « La France doit aujourd’hui repenser sa politique énergétique. Il ne s’agit pourtant pas de s’engager tête baissée dans des alternatives plus risquées et plus polluantes, mais de réfléchir à un véritable plan d’essor des énergies renouvelables, afin de limiter notre dépendance énergétique et d’instaurer un véritable développement durable ».

Sitôt en place, sitôt ministre, il oubliait tout, devenant chaque jour un peu plus un militant pro-gaz de schiste, jusqu’au ridicule. Il poursuit sur la même voie, et vient d’annoncer la création patriotarde d’une Compagnie nationale des mines (ici), chargée de prospecter en France au sens très large – la métropole, mais aussi des territoires volés jadis, comme la Guyane -, dans l’espoir d’y trouver de l’or, du lithium, peut-être bien du charbon, car Montebourg se contrefout bien sûr du dérèglement climatique. Ce qui compte, c’est lui.

Ainsi que le note fort justement un communiqué des Amis de la Terre, « Réouverture de mines en métropole et en outre-mer, accaparement des ressources des pays du Sud, cette compagnie nationale des mines ne sera en fait qu’un nouveau bras armé d’une politique qui est menée depuis des décennies au travers des multinationales françaises. L’État est en effet actionnaire d’Areva  et d’Eramet, dont les activités font des ravages dans le monde depuis trop longtemps ».

Je vous le dis comme je le pense, c’est abominable. Je ne vois décidément pas quel accommodement envisager avec de tels adversaires. Mais ne sont-ils pas plutôt des ennemis ?

Chapeaux ronds et gros sabots cloutés

Publié par Charlie Hebdo le 5 février 2013

Dessous les Bonnets rouges, des gros patrons. On le savait, mais on ignorait leur amour pour la Russie de Poutine et les hommes providentiels. L’Institut de Locarn prépare des lendemains enchanteurs.

Bien retenir ce nom : Alain Glon. On va voir défiler les Bonnets rouges, Poutine, la fin du smic et d’autres douceurs, patience. Glon, donc.  La légende publicitaire rapporte une histoire  jolie tout plein : en 1947, à Hémonstoir (Côtes d’Armor), le bon papa André découvre qu’on peut fabriquer un aliment pour animaux d’élevage en mélangeant du son et des céréales. Début d’un triomphe qui aura transformé la Bretagne en une porcherie puante, et fait de Glon-Sanders le leader français de la « nutrition animale », avec 1,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2012. Depuis un an, Alain le fils, qui avait pris la suite d’André, a lâché la boîte, devenue un département du géant Sofiprotéol, lui-même dirigé par le patron de la FNSEA, Xavier Beulin. Compliqué ? Faut pas être jaloux, tout le monde peut pas être riche.

Retraité de l’industrie – il a 72 ans -, Glon n’a jamais autant bossé, car il est le président de l’Institut de Locarn, un machin prodigieusement inquiétant qui regroupe des patrons certifiés bretons. Des petits, mais surtout des gros. Coopagri, un grand de l’agriculture industrielle – 2,3 milliards de chiffre d’affaires en 2012 – en est, de même que EDF, France Telecom, Stef, groupe agroalimentaire de 14 500 employés, etc. Une nébuleuse, dont le comité des Trente, complète la panoplie, qui ne porte pas les couleurs de la République.

Que veulent ces si braves gens ? Officiellement, parler sans langue de bois, comme les courageux entrepreneurs qu’ils sont tous. Mais la France de Dieudonné, de la manif anti-Hollande sur fond de svastika et des Bonnets rouges est malade, tout comme l’Institut de Locarn. Fin août 2010, Glon tient l’université d’été de son truc et balance tout à trac : « Notre problème, c’est la France ». Une France qui serait la victime du bloc oligarchique « ENA-Polytechnique-Saint-Cyr ». En 2012, Glon appelle à soutenir le Parti breton, créé en 2002 par l’ancien RPR Gérard Ollieric. Et puis tout s’enchaîne jusqu’à l’écotaxe et la si étrange mobilisation dite des Bonnets rouges.

Glon et ses petits copains ont joué un rôle central dans toute cette affaire, qui aura vu débarquer en Bretagne cinq équipes de journalistes de la télévision russe officielle Prorussia. Cinq ! Et à l’arrivée, un film en français qui vaut le coup d’œil (1). Pourquoi tant d’amour ? Une explication est proposée par l’éditrice Françoise Morvan dans un reportage de Charlotte Perry pour Mermet (Là bas si j’y suis, 22 janvier 2014). Selon elle, réseaux d’influence et services de propagande sont à l’œuvre : « L’Europe soutient l’Ukraine et la Russie soutient la Bretagne ».

Des liens existent en tout cas entre le régime Poutine et l’institut de Locarn. Dès le 12 décembre 2008, ce dernier organise un colloque consacré à la Russie. Invité unique : un ancien colonel du KGB, Igor Prelin, qui a été le professeur de Poutine. L’invitation précise que « c’est le moment d’envisager de nouveaux projets pour notre Bretagne ». Depuis, les liens n’ont fait que prospérer, par exemple avec Gazprom – le géant gazier -, et le 9 décembre dernier, nouvelle « Rencontre de Locarn », au titre alléchant : « La Russie ré-émergente et l’Eurasie, quelles possibilités économiques pour la Bretagne ? ». Les Grands chefs de l’Institut y ont vanté les mérites de Moscou et assuré que « l’Ukraine n’est pas un pays, et a fortiori pas un État ».

Ce serait folklorique si Glon n’était si représentatif de l’état d’esprit de nombreux industriels bretons. Ce serait distrayant s’il ne rêvait visiblement d’un homme fort comme Poutine à la tête de la France. Trois citations de Glon, pour la route. La première : « Il n’y a plus de compatibilité possible entre nous et les élus ». La deuxième : « L’agro-business breton n’a pas de futur avec la France ». La troisième, à propos d’un smic régional breton : « J’irai plus loin. Il faut rendre la liberté au travail, pour autant qu’employeurs et employés se mettent d’accord au cas par cas, entreprise par entreprise ». Le knout pour tous, comme en Russie.

(1) http://www.prorussia.tv/Journal-hebdomadaire-2-decembre-2013-Special-BonnetsRouges_v645.html

Le ridicule Plan cancer du bon M.Hollande

J’ai honte de nos gouvernants. Ce n’est pas la première fois. Et d’un certain point de vue, cela m’étonne un peu, car je n’attends rigoureusement rien d’eux. Ma rupture avec la gauche ne saurait être plus complète, mais je m’empresse de dire une fois encore que la gauche est une histoire, une invention de deux siècles, et qui n’a pris au reste son sens actuel qu’au moment de l’affaire Dreyfus, il y a un peu plus de cent ans.

Entre Nord et Bouches-du-Rhône

Les formes politiques sont une chose et les valeurs humaines leur préexistent et leur survivent. Moi, je défends ces dernières et conteste radicalement les premières en leur nom. J’espère que c’est suffisamment clair. Je suis du côté de la liberté et de l’égalité, mais de l’égalité pour tous. Je suis pour la fraternité, mais dans une acception qui englobe tous les êtres vivants de cette planète, dont nous sommes certes. Mais les gauches réelles n’ont-elles pas toujours méprisé, au fond, les peuples lointains et les bêtes, et les plantes ?

Fin du préambule. Hollande. Un homme pleinement dépourvu du moindre intérêt pour la nature. Totalement immergé dans une sous-culture politicienne où ne compte, au fond, que le rapport de forces entre courants et territoires. Je rappelle qu’il a été onze ans – 11 ! – secrétaire national d’un mouvement d’une rare médiocrité, le parti socialiste. De 1997 à 2008, le quotidien de cet homme a consisté à arbitrer entre pathétiques factions défendant chacune son bout de gras dans l’appareil. Oui, lecteurs de Planète sans visa, regardez la vie en face, telle qu’elle fut : quand brûlait la planète, lorsque ses équilibres essentiels s’effondraient, M. Hollande ménageait un M.Guérini, dans les Bouches-du-Rhône, ou un M.Percheron, dans le Nord. Et préparait le fameux congrès de Reims – 2008 – au cours duquel les valeureux de son mouvement ont truandé, qui du côté de Martine Aubry, qui du côté de Ségolène Royal, la première gagnant d’une poignée de voix grâce au bourrage des urnes.

Dicky Tricky dans ses œuvres

Fin du deuxième préambule, en vous priant de m’excuser, mais ces phrases m’ont permis de contenir la fureur que je ressens depuis hier, quand Hollande a rendu public son Plan cancer. Vous avez sans doute vu, dans les grandes lignes (ici), ce qu’il contient. 1,5 milliard d’euros pour officiellement réduire les inégalités sociales reliées à cette si terrible maladie. Ce serait burlesque, mais c’est seulement pitoyable. Hollande ressort des chiffres vieux de décennies, qui montrent que des millions de personnes sont exposées à des produits cancérogènes dans le cadre du travail. Mais ces êtres, monsieur le grand Socialiste, sont pour l’essentiel des prolos, dont vous n’avez que foutre. Ce qui n’a pas été fait hier pour eux – s’attaquer au patronat, s’attaquer à la chimie industrielle – ne le sera pas demain. Et l’on rapportera dans dix ans la même chose qu’il y a vingt ans : a moins 10 % des travailleurs morflent du produit cancérigène dès le matin, au boulot.

Le pire n’est pas encore là, oh non ! Commençons par un point d’histoire : en 1971, un certain Tricky Dicky faisait déjà un grand show télévisé, prétendant vaincre le crabe. Tricky Dicky, c’est Richard le Tricheur, c’est-à-dire Nixon, ci-devant président des États-Unis. Il y a quarante-trois ans, donc, Dicky annonce une « guerre totale contre le cancer », qu’il compare explicitement à la mobilisation qui a conduit à la « conquête » de la Lune, à l’été 1969. Des milliards de dollars sont mobilisés, car il s’agit, en toute simplicité, d’éradiquer le cancer avant le bicentenaire de la Déclaration d’indépendance américaine, en 1976. Il faut donc se dépêcher, n’est-ce pas, car Nixon, qui croit encore être au pouvoir pour profiter du triomphe, ne s’est donné que cinq ans. Cinq ans. Bouffon. Qui aura profité des crédits publics ? Les labos, l’industrie, les médecins bien en Cour.

Plus 111 % chez la femme

Chez nous, pareil. Notre roi fainéant Chirac, en 2003, avait lui aussi lancé son petit plan anti-cancer maison. 500 millions d’euros sur cinq ans. À l’arrivée, en 2008, les Verts de l’époque réclament la création d’une commission d’enquête parlementaire, qui ne verra jamais le jour. Il eût été passionnant, pourtant, de comprendre pourquoi ce fric n’avait servi à rien d’autre qu’à nourrir une fois de plus labos et industrie. Car le fiasco est total : selon les chiffres officiels de l’Institut national de veille sanitaire (InVs), le nombre de cancers a augmenté de 107,6 % chez l’homme et de 111,4 % chez la femme entre 1980 et 2012.

La question que tout esprit modérément ouvert devrait poser est bien sûr : pourquoi ? Pourquoi une telle explosion ? Je ne conteste nullement le rôle de l’augmentation de la durée de la vie. Ni d’ailleurs celui du dépistage précoce. Je ne le conteste pas, mais les charlatans qui prennent les décisions, eux, nient effrontément l’une des causes à coup sûr essentielles : la contamination générale de tous les milieux de la vie. Je ne vous ferai pas un cours complet sur le sujet – patience, cela viendra -, mais enfin, il existe des centaines d’études concordantes, qui pointent dans la même direction. L’omniprésence de molécules toxiques dans l’eau, l’air extérieur comme intérieur, les aliments, les sols, les peintures, les vêtements, les cosmétiques, les jouets, dans des milliers de produits de la vie quotidienne est devenue l’une des plus graves questions de notre époque.

Soyons précis : il y a beaucoup d’incertitudes. Et elles dureront. Mais il y en avait pour la clope en 1920. Mais il y en avait pour l’amiante en 1930. Et dans le même temps quantité de signaux sans ambiguïté disaient déjà l’extrême danger. Seules de sordides manœuvres de retardement, lancées par des cabinets spécialisés à la botte de l’industrie, ont fait perdre des dizaines d’années à la société. Et tué du même coup des millions de pauvres couillons comme nous sommes tous.

Il faudrait

La même chose recommence sous notre nez. Lutter réellement contre ce qu’il faut nommer une épidémie de cancers imposerait de mettre en question la liberté d’empoisonner qui est laissée à l’industrie chimique. Ce qui conduirait par entraînement à une refondation morale de la société tout entière. On comprend donc pourquoi Hollande est à ce point couché devant les lobbies de toujours. Mais cela ne console pas. Mais cela n’empêche pas d’insulter dans son for intérieur ce ridicule président de notre pauvre République. En son for intérieur, car l’injure publique – et c’est d’ailleurs normal – mène droit au tribunal. À vous lire.

Comment simplifier les coups de bâton

Publié par Charlie Hebdo le 29 janvier 2014

Les socialos veulent abattre au nom de la simplification des normes des pans entiers de la protection par la loi. Dans le viseur, les (vrais) écolos et le code du travail. Vivement la gauche !

Ami lecteur, peut-être auras-tu entendu parler de la grande entreprise nationale connue sous le nom de simplification. Elle a été confiée au député Thierry Mandon, qui suivra la réalisation de 200 mesures, dont la disparition de certaines régions. Mais ça, c’est l’écume. Reste la vague, et par précaution, sache qu’une calculette te sera utile pour lire la suite. Nous prendrons aujourd’hui le cas du porc, qui est un animal très chieur. Or la Bretagne en « fabrique » 14 millions par an, soit 57 % du total national sur 5 % du territoire. Oui, ça pue.

Sachant que les pollutions provoquées par un seul animal équivalent à celles de trois humains, sachant que le caca des cochons produit chaque jour au moins 133 millions de milliards de bactéries E.coli (1), et que pour le moment on balance tout dans les champs et donc dans les rivières, sauras-tu aider François Hollande à libérer l’entreprise entravée ?

Jean-Marc Ayrault, qu’on prenait pour une simple andouille, est en fait un grand travailleur. Pendant que l’on festoyait d’huîtres et de champagne, le Premier ministre faisait passer en loudecé (JO du 28 décembre 2013) un décret qui permet d’ouvrir une porcherie de 2 000 têtes  sans enquête publique ni étude d’impact. La veille au soir, il ne fallait pas dépasser 450 porcs.

Voilà un exemple de grand progrès explicitement présenté comme une réussite exemplaire de « simplification » des procédures. Mais avant d’entrer dans le détail, signalons de suite que le projet n’est pas né des dernières emmerdes de Hollande avec son scooter. Première sortie en public de ces messieurs avec le rapport Boulard-Lambert. Dès décembre 2012, Hollande demande à Jean-Claude Boulard, maire socialo du Mans, et à Alain Lambert, ancien ministre divers droite du budget, un beau texte sur « l’inflation normative ».

À première vue, il s’agit d’enfoncer une porte ouverte, car il y a vraiment trop de normes inutiles, confuses, contradictoires. Comme on en parle depuis Balzac et peut-être même Homère, personne ne prête attention à ce qui est, d’évidence, un plan. Le rapport Boulard-Lambert laisse entrevoir sa vérité profonde en racontant « l’histoire édifiante du scarabée pique-prune, de l’hélianthème faux alyson et de l’escargot de Quimper ». Pour ne rappeler que le premier, la présence du scarabée a retardé un chantier d’autoroute pendant dix ans. Nos deux compères s’en prennent directement à « l’intégrisme normatif » des associations écolos, soutenus par les Dreal, c’est-à-dire l’administration d’État. Aux chiottes l’État !

Depuis cette date, pas une semaine ne passe sans une déclaration martiale. Le 2 janvier, loi sur la « simplification et la sécurisation des entreprises », qui crée des « zones d’intérêt économique et écologique » sous l’autorité des préfets. Il s’agit de réduire et si possible interdire tout recours contre une installation industrielle en confiant au passage à l’entreprise le soin de faire le plan d’aménagement. Avis sans frais à ceux de Notre-Dame-des-Landes ou de la Ferme des 1000 vaches.

Et puis Mandon. Personne n’a trop fait gaffe, mais dans sa conférence de presse du 14 janvier, Hollande a commencé par citer Ayrault, puis très vite derrière Thierry Mandon, jusqu’ici obscur député de l’Essonne. Ce dernier est chargé de piloter des ateliers de simplification en compagnie d’un certain Guillaume Poitrinal, patron bon teint. Ce n’est pas insulter Poitrinal que de rappeler sa belle carrière entrepreneuriale chez Morgan Stanley, une banque d’affaires américaine poursuivie en justice pour son comportement dans la crise des subprimes.

Rien à voir ? Évidemment ! Mais pour se rassurer complètement, on conseillera le visionnage d’un petit film où l’on voit les deux amis sur le plateau de BFM Business (2). Comme la journaliste, enthousiasmée par ses invités, demande à Poitrinal s’il compte s’en prendre au code du travail, celui-ci répond avec une prudence très méditée : « On cherche tous les points de complexité ».

L’association patronale Entreprise et Progrès – 120 membres, dont l’Oréal -, les a déjà trouvés. Elle organisait le 18 novembre passé un petit-déjeuner de presse sur le sujet. Commentaire du président, Denis Terrien, piqué à l’hebdo Challenges : « Le code du travail, c’est 4 000 articles illisibles et impraticables ». On croirait du Thierry Mandon dans le texte.

(1) Les chiffres sont officiels : http://www.bretagne-environnement.org/Eau/Les-pollutions-et-menaces/Origines-des-pollutions/Les-pollutions-agricoles

(2) http://www.bfmtv.com/video/bfmbusiness/grand-journal/thierry-mandon-guillaume-poitrinal-grand-journal-09-01-3-4-169292/

——————————————————–

Un traité qui arrange bien François Hollande

Cet excellent M.Hollande est au moins raccord avec l’Amérique. Et comme il doit rencontrer Barack Obama à la Maison-Blanche le 11 février, cela tombe bien. Car il se négocie en ce moment, dans une opacité complète, la zone de libre-échange transatlantique (transatlantic Free Trade Area, TAFTA), désormais connue sous le nom de Traité transatlantique. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la philosophie de la « simplification » rejoint étrangement celle du traité.

De quoi s’agit-il ? D’un accord commercial entre les Etats-Unis et l’Europe qui, s’il était signé, comprendrait dans un premier temps 46 % du PIB mondial. Dans un article du Monde Diplomatique (http://www.monde-diplomatique.fr/2013/11/WALLACH/49803) qu’il faut lire et faire lire, l’Américaine Lori Wallach, combattante historique depuis les lointaines négociations du Gatt, détaille le menu, qui craint comme jamais.

Il ne s’agit pas d’un simple cri, mais d’une déconstruction argumentée de cette immense opération politico-commerciale. Si ces gens gagnent, des transnationales pourront traîner en justice des États qui ne respecteraient pas les normes définies par elles-mêmes. Aussi stupéfiant que cela paraisse, des lobbies à l’américaine, sans aucun complexe, mènent le bal, dans un secret imposé par eux. Wallach cite parmi d’autres la Chambre américaine de commerce et BusinessEurope, d’une puissance inconnue de ce côté de l’Atlantique.

Que cherchent-ils ? Abaisser ou détruire des normes essentielles dans la sécurité alimentaire, l’écologie, le droit du travail. Que promettent-ils ? De la croissance, un peu plus de croissance, de télés, de bagnoles, de cancers. Hollande est pour. La croissance. Mais vouloir l’une, c’est avoir les autres. Il est pour.