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Honorable parlementaire. Honorable ?

Si vous avez un peu d’énergie destructrice à évacuer, et si par ailleurs l’humour noir ne vous déplaît pas, je vous en prie, allez visiter cette adresse : http://www.linformateur.com. Bon, au premier abord, si vous me passez le mot, c’est chiant. Une assemblée de chasseurs-huttiers de la Baie de Somme, réunie en juillet 2002, éructe, comme après un coup de trop. Je le précise, je n’ai rien contre les coups en trop, et il m’est arrivé plus d’une fois d’éructer.

Mais il y a dans cette réunion de gueulards – saurez-vous le reconnaître ? – un député, représentant de l’intérêt national, fier symbole de la République éternelle. Jérôme Bignon est député de la Somme depuis 2002, après avoir chipé la place du socialiste Vincent Peillon. Lequel, en avril 2000, avait failli être lynché par 200 à 300 chasseurs hystériques à la déchetterrie d’Ault, ne devant son salut qu’à un hélico providentiel de la gendarmerie. Aurait-il été tué ? En tout cas, il ne serait pas sorti indemne de ce qu’il faut bien appeler une chasse à l’homme, façon Alabama.

Bignon, donc. J’extrais de la mêlée de l’été 2002 cette phrase du député, inouïe, qui doit être conservée : « L’administration française, les juridictions qui s’occupent de la chasse, le tribunal administratif comme le conseil d’Etat sont plombés par les Verts qui contrôlent le système ». Je vous laisse méditer la portée de tels mots, prononcés par un parlementaire en direction de potentiels émeutiers.

Bignon, donc et encore. Raymond Faure l’infatigable m’envoie ce matin la copie d’une dépêche AFP extraordinaire. Pour de vrai. Avant de la commenter, sachez que la semaine passée, l’influente Fédération nationale des chasseurs (FNC) avait adressé à tous les députés UMP, ces chers amis, une étrange missive électronique. Il s’agissait, de manière évidemment républicaine et démocratique, de faire pression. L’enjeu, de taille, était le poste de reponsable du groupe d’étude sur la chasse de l’Assemblée nationale.

Cette charge est loin d’être anodine, car elle commande largement la loi française sur le sujet. Pas moins de 214 députés, dans la législature précédente, faisaient partie du groupe, du même coup, et de loin, le plus important de l’Assemblée nationale. À comparer à la quarantaine de membres du groupe sur les banlieues.

La semaine dernière, j’y reviens, la FNC, lobby de choix, tente de convaincre les députés UMP qu’il faut voter Bignon. Pardi ! Et avec quels arguments ! Sur quel ton ! La FNC, par la voix d’un monsieur Thierry Coste, « conseiller politique » – si – et ancien bras droit de Jean Saint-Josse à CPNT, tutoyait directement tous les députés de l’UMP, ce qui donne une idée du climat réel existant entre ces gens quand nous ne sommes pas là pour les entendre. Extrait : « Si quatre candidats ont fait acte de candidature, tu n’es pas sans savoir que seul Jérôme Bignon “mouille sa chemise” depuis des mois pour nous aider dans nos négociations avec le gouvernement sur des sujets aussi diversifiés que le Grenelle, les dates de chasse, le bien-être animal, la directive armes… ».

N’est-ce pas violemment intéressant ? Le Grenelle, la chasse, le bien-être animal, la directive armes. Entre ces mains-là, par ces méthodes-là. Un naïf professionnel ne manquerait pas de poser la question qui tue directement, et au fusil d’assaut : à ce jeu sordide, le chasseur est-il encore l’égal du promeneur, du refuznik de la gâchette, de l’amoureux de la nature ?

Dans un pays plus proche de mes rêves, les députés se seraient insurgés comme un seul homme. Bignon a été élu. Mais la dépêche de l’AFP de Raymond met tout de même du baume au coeur. Car un étonnant personnage, le député de la Moselle Pierre Lang, UMP, a simplement dit non. Non. Et il vient de quitter le groupe UMP de l’Assemblée nationale. Je vais vous dire, ces gens – pas Lang, les autres – achèveront de me changer en enragé. La preuve : je songe à Paul Didier, le seul magistrat à avoir refusé de prêter serment au maréchal Pétain, en 1941. Didier fut d’abord interné au camp de Châteaubriant, avant de pouvoir s’engager dans le combat actif contre le fascisme, dans les Corbières. Certes, Lang n’est pas Didier. Le caractère n’est pas, à lui seul, le courage. Mais l’esprit de résistance est universel. Pierre Lang, tu trouveras toujours un bol de soupe en mon domicile. Juré.

Bienvenue à Aéroville

 

(Entre nous, pour lire ce qui suit, il faut du temps. Et davantage de compréhension pour mon cas que d’habitude. Je suis sincère, à vous de voir.)
Les gars, les filles, je suis à nouveau furieux, cela n’étonnera personne du côté de chez vous. Figurez-vous que je connais fort bien le 9-3, la Seine-Saint-Denis, car j’y ai vécu l’essentiel de ma vie. Et pas au Raincy, chez le député-maire Éric Raoult, dont je vous parlerai tantôt. Pas dans les rares beaux quartiers du département, non. Dans les désastreuses cités de ce territoire dévasté. Souvent dans des HLM. J’ai ainsi habité aux Bosquets, à Montfermeil, 5 rue Picasso. Dans le cours de ma première nuit là-bas, on a volé la Mobylette bleue, neuve, de mon ami Luc. Qu’il faillit pouvoir racheter le même jour, au marché noir, à son voleur. Moi, j’étais déjà parti travailler. J’étais apprenti chaudronnier, j’avais dix-sept ans. On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. « Nuit de juin ! Dix-sept ans ! On se laisse griser./La sève est du champagne et vous monte à la tête…/On divague, on se sent aux lèvres un baiser/Qui palpite là, comme une petite bête… »

J’ai aimé puissamment ces lieux maudits, et puis j’en suis parti. Mais j’y ai mené des années de politique active, à une époque où le parti communiste y comptait neuf députés sur neuf, et 27 maires sur 40 (de mémoire). J’étais l’adversaire décidé de ceux que j’appelais et nomme toujours des staliniens. Le temps a passé, les silhouettes se sont courbées, mais certains hommes sont encore là. Parmi eux, le député-maire de Tremblay, François Asensi, communiste dit refondateur.

En 1980, mais qui s’en souviendra jamais ?, le parti communiste a mené une campagne indigne contre l’immigration. Non qu’il n’y ait eu, dès cette époque, de très graves problèmes. Mais simplement parce que le parti communiste, essayant déjà de sauver son appareil municipal et ses ressources d’institution, avait alors choisi, clairement, de faire de l’immigré un bouc émissaire. Ne protestez pas avant d’avoir regardé les textes de 1980, cela vous évitera des erreurs. Le 28 octobre 1980, conférence de presse du parti à Aulnay-sous-bois (9-3), en présence de François Asensi, qui n’est à ce moment, le pauvre, que député-suppléant. Il introduit le propos de Pierre Thomas, maire d’Aulnay, et James Marson, maire de La Courneuve. Deux extraits du discours de Thomas. Le premier : « En 1975, les étrangers représentaient 14,5 % de la population totale du département, et 16 % en 1980 ». Le deuxième : « Sans pointer l’index sur les immigrés et sans penser le problème de l’immigration en termes de sécurité, force est de constater que le rapport préfectoral de 1979 établit que 28,7 % des délits sont le fait de cette population plongée dans l’état de misère matérielle et morale que j’ai dit ».

Brillant, non ? Je n’entends pas, je me répète, prétendre que la question était simple et univoque, car tel n’est pas le cas. Mais il est manifeste qu’en cette fin d’année 1980, le parti communiste avait deviné, grâce à ses 100 000 capteurs dispersés dans les banlieues ce qu’allait révéler l’affaire de Dreux, en 1983, puis l’épouvantable surprise des européennes de 1984. Je veux dire la percée de Le Pen, sur fond de crise sociale identitaire.

Et le parti communiste avait, en toute conscience, décidé de surfer sur la vague raciste et sécuritaire de ces années-là, sans se soucier des conséquences. Comme un adolescent attardé, il se croyait immortel. La conférence d’Aulnay n’était qu’un élément dans un ensemble voulu, lucide. En quelques mois, aujourd’hui recouverts sous la cendre des années, le parti communiste a en effet détruit au bulldozer un foyer pour immigrés en construction, à Vitry, fait la chasse aux caravanes de Gitans à Rosny-sous-Bois, dénoncé des vendeurs de shit arabes, publiquement et par leur nom, à Montigny. Dans cette dernière ville, le maire s’appelait Robert Hue. Oui, Bob Hue, rocker et pontife, héros plus tard de Frédéric Beigbeder et de la haute couture, le temps d’un carrousel.

Je suis long, je suis lent, certes. Mais c’est mon privilège. Où veux-je en venir ? Il est extraordinaire que le parti communiste jouisse à ce point de l’impunité politique. Car le drame des banlieues, auquel j’ajoute par force les émeutes récentes de Villiers-le-Bel, qui ne compte pourtant pas de grandes cités folles, ce drame est imputable aussi aux staliniens. Aussi. Je sais le rôle écrasant de la droite et de l’État, je le connais. Mais enfin, sans un consensus incluant le parti communiste, l’immigration des Trente Glorieuses n’aurait jamais eu cette forme-là. C’est bien parce que les communistes ont trouvé intérêt à créer des villes ouvrières, jugées inexpugables, qu’elles ont pu proliférer de la sorte. Et c’est quand l’immigration a paru menacer la stabilité de leur pouvoir et de leurs ressources financières qu’ils ont lancé leur si vaine et si scandaleuse campagne.

Il eût fallu, pour être crédible, lutter pied à pied, décennie après décennie, contre l’entassement, l’abomination urbanistique, l’isolement géographique organisé des ghettos, appuyé sur des transports publics misérables. Au lieu de quoi on a laissé faire. Au lieu de quoi on a encouragé la construction d’innombrables barres et tours odieuses. Qui dira jamais les arrangements entre amis ? Avec ces chers amis du BTP ? Qui dira jamais les besoins d’argent frais d’appareils de milliers de permanents, ce qui fut le cas pendant un demi-siècle au moins ? Qui paiera jamais pour les 3000, les 4000, le Chêne-Pointu, les Bosquets, la cité Karl Marx de Bobigny, les Beaudottes de Sevran, etc, etc, etc ?

Non, que personne n’ose me dire que le parti communiste n’a pas sa part de responsabilité dans ce qui est advenu. Certaines villes sont gérées par lui depuis bientôt soixante-dix ans, comme Bagnolet, et ce sont des enfers urbains. Montrez-nous les jardins, montrez-nous l’architecture au service des rencontres et du voisinage, montrez-nous la gaieté de centres-villes habitables ! Le bilan est innommable.

J’ai habité à Noisy-le-Grand en 1982, quand la ville était communiste. Le parti avait accompagné – en échange de quoi ? – la création d’un centre-ville posé sur une dalle de béton de 150 hectares, au-dessus d’anciens champs de betterave. L’espace existait pourtant, puisqu’il s’agissait d’une campagne. Mais la spéculation foncière, mais la spéculation immobilière : nous connaissons tous la ritournelle. J’y suis retourné plus d’une fois depuis que j’ai quitté la ville dix ans plus tard. L’ensemble est une honte qui jamais ne s’effacera. Avec des immeubles tartignoles signés Nunez ou Bofill, aux noms grotesques : Les Arènes de Picasso, Le Palacio d’Abraxas, le Théâtre. Mais c’est d’une tragédie qu’il s’agit. La plupart des immeubles sont devenus des ghettos ethniques : tel empli de Noirs d’Afrique; tel autre d’Asiatiques; celui-là d’Antillais; un quatrième d’Arabes. Entre autres.

Au sous-sol de la dalle, un centre commercial géant, Mont-d’Est, qui a déjà connu des bagarres fulgurantes, des meurtres, et qui connaîtra bien pire encore, je vous le prédis. Oui, qui paiera jamais la note politique de ce naufrage ?

Si j’ai commencé sur Asensi, archibureaucrate du parti communiste, c’est parce que je savais bien que je finirais sur lui. Maire de Tremblay-en-France, il vient d’avoir une énième idée de génie. Plutôt, il soutient de toutes ses forces une énième idée de génie : un projet de centre commercial de 100 000 m2, tout proche de l’aéroport de Roissy. Il faut connaître les lieux comme moi pour apprécier toute la portée de cette décision. Sur 10 hectares, il s’agit de créer, à partir d’un champ d’herbes folles, 143 boutiques, un hyper Auchan, des banques, etc. Le tout assaisonné par l’architecte de Portzamparc et le grand spécialiste Anibail-Rodamco, qui compte à son actif Le Forum des Halles, à Paris, et les Quatre Temps, à La Défense.

Voilà l’avenir auquel rêve Asensi pour la jeunesse du 9-3 : des avions, du kérosène, de pitoyables murs anti-bruit partout au-dessus; des magasins et l’aliénation généralisée au-dessous. Aéroville – c’est son vrai nom – mériterait, si nous en étions capables, une révolte foudroyante. Ô que vienne !

Le sage aurait-il mal au doigt ?

Vous ne vous en souvenez pas, et c’est très bien ainsi. Vous ne vous en souvenez pas, mais moi, si. J’ai consacré ici un article, début octobre, au professeur Belpomme (https://fabrice-nicolino.com). J’y prenais sa défense, au moment où il était attaqué, et je rapprochais son cas de celui du professeur Tubiana, qui continue à jouir de l’impunité sociale la plus complète.

Or, hier au soir, discussion au téléphone avec Éliane Patriarca, journaliste à Libération. Elle m’apprend qu’elle a écrit un article vif sur Belpomme, destiné au site internet de Libération (http://www.liberation.fr). Il a été mis en ligne le 8 novembre. Éliane m’apprend de même la manière concrète dont le professeur a présenté, devant les députés, son rapport d’enquête sur la pollution par le chlordécone aux Antilles françaises. Je n’en dis pas plus pour l’instant, mais je constate que Belpomme n’a pas jugé bon de seulement contacter le professeur Multigner, auteur d’études scientifiques sur les liens possibles entre santé publique et pesticides. Je ne suis pas exactement un naïf, en ce domaine du moins, et je sais à quel point ces questions sont biaisées par l’action de quantité d’intérêts, notamment industriels. Mon ami François Veillerette, du MDRGF, rappelle ainsi que Multigner a accepté de conduire des études en partie financées par l’UIPP, c’est-à-dire l’industrie des pesticides (http://www.mdrgf.org). Ce n’est pas rien, c’est tout sauf neutre.

Il n’empêche. Je ne suis pas en train de tourner casaque. Belpomme est bien la cible de tristes salopards, cachés derrière leurs sigles et paravents. Parce qu’il défend des idées écologistes. Et à partir, ce qui change tout, d’un poste médical reconnu. Mais cela ne suffit plus à expliquer les à-peu-près, les vraies faiblesses, les notables contradictions du personnage public qu’est devenu Dominique Belpomme. Ainsi, et je ne suis pas exagérément fier de moi, je n’ai rien dit en septembre, quand son rapport antillais a été rendu public, sur une bizarrerie. Je sais, je suis bien placé pour savoir que la pollution par le chlrodécone a touché plus gravement la Guadeloupe que la Martinique. Or Belpomme n’a fait qu’un très court séjour dans cette dernière, à l’invitation d’une association, sans seulement aller à Basse-Terre, où se concentre le drame.

Car, et c’est la seule explication de ma discrétion, drame il y a. Et scandale majeur, qui devrait ruiner d’un coup ce qui reste de carrière à messieurs Henri Nallet et Jean-Pierre Soisson, ci-devants ministres de l’Agriculture. Ces deux-là ont couvert de leurs signatures dérogatoires l’usage criminel du chlordécone entre 1990, date de son interdiction, et 1993, date de la fin de son utilisation tolérée. Je pensais en septembre, mais j’avais tort, que le cri poussé par Belpomme était plus important que ce qui me semblait alors un détail. Qu’il ne soit pas allé en Guadeloupe me paraissait dérisoire au regard de l’importance générale de l’affaire.

Je dois ajouter qu’en septembre toujours, j’ai reçu un appel téléphonique fort long d’une journaliste en poste en Martinique, Française de métropole comme on dit. Comme je ne sais la joindre, je m’interdis évidemment de donner son nom. Ce qui est certain, au vu des longs articles qu’elle a consacrés au passage de Belpomme, c’est qu’elle sait parfaitement de quoi elle parle. Et ce qu’elle m’avait confié, que j’ai fini par laisser de côté, bien à tort une nouvelle fois, ne plaide pas en faveur de la réputation de Belpomme. Considérez cela comme un euphémisme.

Eh bien ? Eh bien, je suis certain que notre combat commun peut et doit se mener en plein air, au bon air, sous le soleil si c’est possible. Rien ni personne ne me fera dire qu’il fait jour quand la nuit est déjà tombée. Et inversement. Je ne suis pas en train d’écrire que Belpomme est un bon à rien, encore moins un malfaisant. Je reproduirais alors la même erreur, symétrique, qu’en septembre.

Non, je clame seulement que nous cherchons des voies dans l’honnêteté. Et que nous nous trompons. Et que nous nous tromperons régulièrement. Belpomme mérite notre confiance tant qu’il mérite notre confiance, mais sûrement pas au-delà. Et s’il devait apparaître, demain, qu’il dessert plus qu’il n’aide notre cause, je n’hésiterai pas une seconde à l’écrire ici ou ailleurs. La bagarre générale, à laquelle j’ai tant participé, a le plus souvent opposé eux et nous. Je sais et je n’oublierai jamais qu’eux existent bel et bien, pour notre grand malheur. Mais je veux désormais rappeler, chaque fois qu’il sera nécessaire, qu’il y a aussi, ô combien, nous et nous. Je m’expliquerai davantage là-dessus, pardonnez mon absence apparente de clarté.

PS : Avec un peu de (mal)chance, compte tenu du fait que ma grippe semble s’être échappée par la fenêtre, je vous infligerai peut-être un second article plus tard aujourd’hui. Car mon intention, en ce début de matinée, n’était pas de vous parler de Belpomme. Mais de la banlieue. Et d’un département que je connais de l’intérieur, et depuis des lustres : la Seine Saint-Denis. Si ce n’est aujourd’hui, ce sera demain.

 

Pouvoir d’acheter (et de se vendre)

J’écoutais hier le bon François Hollande faire semblant de s’énerver. À la radio. De quoi s’agissait-il ? De pouvoir d’achat. Enfin, enfin le Parti socialiste avait trouvé la faille dans le dispositif de Son Altesse Sérénissime (SAS) Sarkozy. Ce dernier avait failli, faillissait à propos de « la question la plus essentielle » – je cite -, qui serait celle du pouvoir d’achat des Français.

Là-dessus, ce matin, à en croire les revues de presse, la France entière se retrouve ébahie devant le triomphe sarkozien à Pékin, où il termine un voyage historique, peut-être même légèrement hystérique. 20 milliards d’euros de contrats ont été signés, si j’ai bien enregistré. Par des entreprises aussi exemplaires qu’Areva, Airbus, Alstom. Entre autres.

Areva va donc pouvoir exporter massivement sa bimbeloterie nucléaire high tech. On en reparlera lorsque la Chine se cassera en deux, en trois, en dix, sur fond de krach écologique et social, désormais probablement inévitable. La Chine des années 30 et 40 du siècle passé – voyez, je ne remonte pas à Mathusalem, ni à la dynastie Ming – était un pays en guerre permanente, y compris civile. Et les tensions inouïes qui y règnent, dont on parle si peu, n’annoncent pas le printemps des peuples. On reparlera du nucléaire made in France.

Airbus ? L’A380 est une bombe climatique volante, qui ne sort des hangars que parce que ses promoteurs misent sur un doublement des transports aériens mondiaux en vingt ans. Mais chut, il ne faut pas gâcher la fête. Officiellement, la France comme la Chine sont lancées dans une lutte décidée contre le dérèglement climatique. Décidée et même vigoureuse.

Alstom ? La belle entreprise, chère au coeur de M.Chevènement – elle a longtemps fait vivre Belfort, défunte place-forte du monsieur -, a fourni des turbines géantes pour les barbares placés aux commandes du barrage des Trois-Gorges, cette monstruosité écologique.

Bref, nous sommes heureux. Madame Buffet, monsieur Hollande, monsieur Bayrou, SAS Sarkozy. Ce dernier nous a offert, sur la fin de son voyage en Chine, un cadeau sublime, dont il est, soyons sport, coutumier. Il s’agit d’un discours (http://afp.google.com). Grand Guignol pas mort ! Sarkozy a proposé aux gérontes chinois un New Deal écologique, façon Roosevelt de banlieue. Et évoqué même la perspective de voir Pékin réaliser un Grenelle de l’environnement à l’échelle du pays.

Ce n’est pas une blague, en tout cas pas seulement. Je puis vous l’assurer, ce propos n’est nullement destiné aux Chinois. À moins que, n’ayant un sens de l’humour encore plus délicat que celui que je leur prête, ils ne se passent la cassette le soir venu, entre amis. Non, la Chine est lancée, grâce à nous tous, et ne s’arrêtera pas. Et ce n’est pas un fanfaron, venu d’un pays loitain autant qu’impuissant, qui leur indiquera une autre voie possible.

En revanche, le verbe sarkozien est clairement destiné à TF1 et aux gogos, hélas nombreux, de la galaxie écolo française. Il d’agit de montrer une cohérence, ou plutôt de l’afficher, ce qui est quand même plus simple. La réalité est qu’il existe un consensus national pour fourguer aux Chinois tout ce que nous pouvons fourguer. À n’importe quel coût écologique, social, humain. Telle est la condition pour maintenir chez nous un niveau de vie matériel démentiel, artificiel, insupportable.
Là-dessus, tous les compères sont d’accord. François Hollande a donc bien raison : le pouvoir d’achat est « la question essentielle ».

PS : Une sécheresse terrible frappe depuis deux mois le grenier à riz de la Chine. Les pluies d’automne ont chuté de 90 % d’une année sur l’autre. Bah, ils mangeront du pain Poilâne.

Tentative de description d’un déjeuner de têtes

Essayez de me pardonner, mais cet article est long. Et si vous avez autre chose à faire, n’hésitez surtout pas. Samedi, hier donc, j’étais invité au Sénat, dans le cadre grandiose des « Rendez-vous citoyens ». Le thème en était sublime : « Environnement, l’humanité face à elle-même ». Une grosse affaire, croyez-moi, qui mobilisait quantité d’excellences, parmi lesquelles Laurence Parisot (Medef), Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet, Claude Allègre, Anne-Marie Idrac (SNCF), Jean-Marc Sylvestre (immense journaliste), Brice Lalonde, Michel Serres, Guillaume Sarkozy, Luc Ferry, etc, etc.

Et moi. Je n’ai pas vu tout ce beau monde, mais enfin, j’avais ma place au cours de l’après-midi, pour une conférence-débat sur mon livre, La faim, la bagnole, le blé et nous (Une dénonciation des biocarburants), paru chez Fayard. Une belle place, avec du temps. Mais je me rends compte que je vais trop vite.

Commençons par le repas. Les happy few du jour étaient conviés à un déjeuner dans le salon Bogrand. Mes aïeux ! Champagne bien sûr, au milieu de notables personnes encravatées. J’avais un pull, mais l’heure était à l’exquise politesse. À l’entrée, je vous jure que Christian Poncelet, président du Sénat – appelé donc à devenir président de la République en cas d’empêchement de qui vous savez -, m’a serré la main. L’ambiance commençait à ressembler à Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France, de Prévert (http://fraternitelibertaire.free.fr).

Ensuite, foie gras, et le reste, dont un bon vin, à profusion je dois reconnaître. De belles nappes blanches et des serveurs, des lustres de cristal, de hautes fenêtres donnant sur les jardins du Luxembourg, des miroirs monumentaux reflétant des tapisseries de goût, de sompteuses moulures. Bref, une halte reposante à l’abri du chaos.

Tout n’était pas aussi parfait. J’ai appris en arrivant que ce déjeuner était en l’honneur d’un certain Luc Ferry, ci-devant ministre de l’Éducation, et considérable philosophe. Je serais bien parti, franchement, mais j’avais faim, inutile de se grandir. Christian Poncelet, dans une éblouissante imitation de Gabin dans Monsieur le président, a tout soudain tapoté deux micros – nous étions déjà assis -, puis commencé un petit discours dont je retiens ceci : « Messieurs les ambassadeurs, excellences, messieurs les sénateurs, chers amis, merci d’avoir fait le sacrifice d’une partie de votre week-end… », « Comme vous pouvez le constater, cher Luc Ferry… », ajoutant pour nous seuls, comme au théâtre : « Je le vouvoie, hein, je fais des efforts » (rires préenregistrés).

C’était un bon début, une mise en jambes s’achevant sur cette note réjouissante, qui nous rapprochait de la nourriture : « Si tu en es d’accord, Luc (Christian n’avait pu contenir plus longtemps son amitié, il tutoyait), tu interviendras après le plat principal ». Et Luc, serré dans sa chemise rose, mais frétillant : « Avec joie ! ».

Nous mangeâmes donc, et je bus surtout, car j’aime le vin rouge. Après le plat de viande, tous les tailleurs bon chic, tous les costumes bien mis soudainement en arrêt au-dessus de leurs assiettes, Luc parla. C’était une conférence, au titre magnifique : « Développement durable et mondialisation ». J’ai la vilaine impression d’avoir été le seul à (beaucoup) m’amuser.

Ce discours relève de l’anthologie bouffonne, et comme il a été diffusé, en direct je crois, sur la Chaîne parlementaire, il est possible qu’on puisse en trouver les images. En ce cas, je suis preneur, à n’importe quel prix. Je ne peux, pour l’heure, que m’appuyer sur mes notes. M.Ferry nous a livré un exposé original et baroque sur l’histoire telle qu’il l’a voit. Si j’ai bien compris, le siècle des Lumières avait donné du sens à la vie, mais les déconstructeurs sont passés pas là et, madonne, ont tout jeté à terre. Qui sont ces voyous ? Les « Hirsutes » – un groupe de poètes chevelus du XIXème siècle – l’avant-garde artistique, la bohème, que sais-je, moi ? En tout cas, ces « antibourgeois » ont réussi leur coup, détruisant une à une toutes les valeurs traditionnelles, dont la famille, bien sacré universel. Je ne suis pas en train d’inventer, je raconte.

Citation : « À la fin du XXème siécle, les valeurs traditionnelles ont toutes été déconstruites, à la manière des statues de bronze de l’ancien dictateur Saddam Hussein ». Et là, pardi, cela ne va plus. L’idée de progrès, symbolisée par Voltaire et le XVIIIème siècle, portée par le rêve de l’émancipation, a chuté, au sens biblique. Nous devons vivre avec, pour seul horizon morne, la consommation. Or – attention, Luc est un révolté ! -, or « il faut donner un sens à la vie, ce n’est pas de la philo, c’est la vérité ». À cet instant du propos, j’ai vu de nobles nuques approuver, et c’était bien mérité.

Bon, où en étions-nous ? Cela n’allait pas. Malgré ses splendides résultats, la mondialisation patinait sur la confondante disparition du sens. Il fallait donc réagir, en affirmant haut et fort que le téléphone portable et le MP3 ne peuvent répondre à toutes les questions. Eh non, et c’est bien triste.

Quel rapport cela peut-il avoir avec la mondialisation réelle, qui disloque les sociétés, affame les peuples, ravage la biodiversité ? Rigoureusement aucun. Mais vient-on dans un comice agricole – même lorsqu’il se tient dans un palais de la République – pour penser ? J’en viens à douter. Donc, pas même une allusion à la réalité mondiale. Et le développement durable ? Pas mieux. Moins bien, même. Peut-être M.Ferry avait-il par mégarde interverti ses fiches ?

Cela ne m’empêchera pas de vous restituer quelques piques, qui firent glousser de contentement. Par exemple : « L’écologie, c’est la peur et la haine de l’initiative individuelle ». Ou encore : « Si le prolétaire d’aujourd’hui avait de l’argent, comme Pinault et Arnault, il n’achèterait pas des toiles d’art moderne, mais des faisans dorés à la Samaritaine ». M.Ferry me pardonnera peut-être, mais me voilà obligé de le contredire, car la Samar n’existe plus, en partie d’ailleurs grâce à l’usage singulier que son dernier propriétaire, Bernard Arnault justement, fait de la mondialisation.

Et tout s’arrêta enfin dans un tumulte d’applaudissements. Nous dégustâmes une glace, avant que de passer au débat avec l’orateur. Je ne devrais pas user votre patience à ce point, je le sais. Notez toutefois que Macha Méryl posa une question. Habillée d’un tailleur tel que je n’en reverrai jamais, la comédienne félicita chaudement son ami Luc avant de l’interroger sur l’état lamentable de la famille, ruinée, si j’ai bien saisi, par un improbable « modèle proudhonien », dont je lui laisse l’entière responsabilité. Guillaume Sarkozy – le frère – félicita derechef, et se demanda si le programme européen Reach de contrôle des produits chimiques était à ce point une bonne idée. En résumé, il ne l’était pas.

D’autres, émus, écrasés par la magnificence des lieux et des hôtes, s’essayèrent vaille que vaille à évoquer la « déconstruction » ou la consommation. Quel pouvait être mon rôle à moi ? Depuis dix minutes, je lorgnais sur un micro baladeur, et montrais par des mimiques exagérées à son Excellence Christian Poncelet que je souhaitais parler. Et notre presque président, je vous l’assure, opinait, preuve de ses bonnes dispositions à mon endroit. Cela aurait pu rater, mais cela a marché : je me suis emparé du micro, et j’ai pu à mon tour poser ma question.

Laquelle ? Oui, laquelle ? Eh bien, respectueusement, j’ai demandé à M.Ferry s’il n’avait pas oublié dans son discours la crise écologique. Pensait-il réellement, comme son verbe le suggérait fortement, que le temps était immobile, en tout cas réversible ? En somme, je lui ai demandé pourquoi il n’envisageait pas cette nouveauté radicale, représentée au premier chef par le dérèglement climatique. J’ai ajouté que les menaces globales apparues dans les dernières décennies font apparaître des limites physiques infranchissables. Et que l’aventure humaine se déroule désormais dans ce cadre.

Voilà ce que j’ai dit. Et alors, deux miracles se sont produit. Un, et je le jure sur la Bible, Christian Poncelet m’a regardé et il a lancé d’une voix forte : « Très bien ! ». Et aussitôt, M.Ferry a commencé sa réponse par ces mots fatidiques autant qu’historiques : « Cher ami, blablabla ». Que se cache-t-il derrière ce blablabla ? Rien. Luc, je crois que je peux désormais l’appeler Luc, a franchement botté en touche, sans répondre quoi que ce soit qui soit en relation.

J’ai réalisé du même coup deux choses qui vous sembleront peut-être évidentes. La première, c’est que Christian Poncelet ne m’a pas écouté une seconde, se laissant porter par l’intonation de ma voix, sûre d’elle, claire et forte. Dans l’univers du docteur Knock et des Précieuses ridicules, il ferait beau voir qu’on se préoccupe encore du sens, ce qui donne au passage raison au conférencier. Et la seconde, c’est que l’ami Luc ne sait strictement rien de la crise écologique. Et qu’il s’en bat l’oeil, qu’on me passe l’expression. Il s’en fout, totalement. Mais il a été ministre de l’Éducation, comme son alter ego – je répète pour le plaisir le mot ego – Claude Allègre, d’ailleurs présent au Sénat, même si je ne l’y ai pas vu.

Au-delà, sachez que cette pathétique oligarchie, que j’ai eu grand plaisir à voir de près, ne bougera pas un orteil pour aider les hommes à régler les dramatiques questions de l’époque. Ils dorment à jamais, pétrifiés, conservés dans des magnums de château margaux, ivres de leur reflet dans la glace. Ce que j’ai vu est un système parfait de légitimation croisée. Poncelet, Méryl, Sarkozy, et même le vieux Leroy-Ladurie – il était là – vante(nt) l’intelligence de Ferry, qui en retour souligne leur hauteur de vue, leur perspicacité, leur attachement au bien commun, etc. La salle, traversée par ce courant d’euphorie, rehaussée d’autant, se félicite d’avoir été invitée à de tels agapes. Et tous s’embrassent. Rideau.

PS 1 : Je parlerai moins de ma conférence de l’après-midi. J’y ai délivré mon message sur les bio/nécrocarburants, dans le salon Médicis s’il vous plaît. J’avais une sorte de contradicteur, l’économiste Philippe Chalmin, ancien d’HEC, agrégé d’histoire, docteur ès lettres, etc. Nous nous sommes frités, ce qui était fatal. Il représente l’idéologie écrasante, cet économisme qui nous a conduits exactement où nous sommes. Et puis, il m’a chauffé les oreilles, parlant à mon propos de discours « manipulant ». J’ai donc dû dire et répéter qu’il était ignorant, notamment à propos de l’écologie, qui est avant tout une science rigoureuse, qu’il rapportait des contre-vérités à propos des biocarburants. À un moment, qui m’a fait sourire, Chalmin m’a demandé un peu plus de respect, car tout de même, n’était-il pas « un professeur de fac » réputé ? Bon, je n’ai pas reculé d’un millimètre, il n’aurait plus manqué que cela.

PS2 : Je ne résiste pas au bonheur de reproduire ici deux extraits de cette si fameuse Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France, de Prévert. Or donc, les têtes, si semblables aux miennes, arrivent à l’Élysée pour un grand repas. Et puis tout s’effondre.

Premier extrait :

« Et quand je dis, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs : « le Roi, la Reine, les petits princes », c’est pour envelopper les choses, car on ne peut pas raisonnablement blâmer les régicides qui n’ont pas de roi sous la main, s’ils exercent parfois leurs dons dans leur entourage immédiat.
Particulièrement parmi ceux qui pensent qu’une poignée de riz suffit à nourrir toute une famille de Chinois pendant de longues années.
Parmi celles qui ricanent dans les expositions parce qu’une femme noire porte dans son dos un enfant noir et qui portent depuis six ou sept mois dans leur ventre blanc un enfant blanc et mort.
Parmi les trente mille personnes raisonnables composées d’une âme et d’un corps, qui défilèrent le Six Mars à Bruxelles, musique militaire en tête, devant le monument élevé au Pigeon-Soldat et parmi celles qui défileront demain à Brive-la-Gaillarde, à Rosa-la-Rose ou à Carpa-la Juive devant le monument du jeune et veau marin qui périt à la guerre comme tout un chacun ».

Deuxième extrait :

« Dehors, c’est le printemps, les animaux, les fleurs, dans les bois de Clamart on entend les clameurs des enfants qui se marrent, c’est le printemps, l’aiguille s’affole dans sa boussole, le binocard entre au bocard et la grande dolichocéphale sur son sofa s’affale et fait la folle.
Il fait chaud. Amoureuses les allumettes tisons se vautrent sur leur frottoir, c’est le printemps, l’acné des collégiens et voilà la fille du sultan et le dompteur de mandragores, voilà les pélicans, les fleurs sur les balcons, voilà les arrosoirs, c’est la belle saison.
Le soleil brille pour tout le monde, il ne brille pas dans les prisons, il ne brille pas pour ceux qui travaillent dans la mine,
ceux qui écaillent le poisson
ceux qui mangent la mauvaise viande
ceux qui fabriquent les épingles à cheveux
ceux qui soufflent vides les bouteilles que d’autres boiront pleines
ceux qui coupent le pain avec leur couteau ceux qui passent leurs vacances dans les usines ceux qui ne savent pas ce qu’il faut dire
ceux qui traient les vaches et ne boivent pas le lait ceux qu’on n’endort pas chez le dentiste ceux qui crachent leurs poumons dans le métro
ceux qui fabriquent dans les caves les Stylos avec lesquels d’autres écriront en plein air que tout va pour le mieux
ceux qui en ont trop à dire pour pouvoir le dire ceux qui ont du travail
ceux qui n’en ont pas ceux qui en cherchent
ceux qui n’en cherchent pas
ceux qui donnent à boire aux chevaux ceux qui regardent leur chien mourir
ceux qui ont le pain quotidien relativement hebdomadaire
ceux qui l’hiver se chauffent dans les églises ceux que le suisse envoie se chauffer dehors ceux qui croupissent
ceux qui voudraient manger pour vivre ceux qui voyagent sous les roues ceux qui regardent la Seine couler
ceux qu’on engage, qu’on remercie, qu’on augmente, qu’on diminue, qu’on manipule, qu’on fouille, qu’on assomme
ceux dont on prend les empreintes
ceux qu’on fait sortir des rangs au hasard et qu’on fusille ceux qu’on fait défiler devant l’arc ceux qui ne savent pas se tenir dans le monde entier
ceux qui n’ont jamais vu la mer
ceux qui sentent le lin parce qu’ils travaillent le lin ceux qui n’ont pas l’eau courante ceux qui sont voués au bleu horizon
ceux qui jettent le sel sur la neige moyennant un salaire absolument dérisoire
ceux qui vieillissent plus vite que les autres
ceux qui ne se sont pas baissés pour ramasser l’épingle
ceux qui crèvent d’ennui le dimanche après-midi parce qu’ils voient venir le lundi et le mardi, et le mercredi, et le jeudi, et le vendredi, et le samedi et le dimanche après-midi ».

PS3 : À un moment de son discours, Luc Ferry a rendu un vibrant hommage à son grand ami le neurobiologiste Jean-Didier Vincent. Celui-là même qui s’est plaint de moi et de ce site (voir https://fabrice-nicolino.com). Une raison de plus d’être heureux.