Je lis comme vous les informations du monde. Elles sont mauvaises. Le Nordeste brésilien s’enfonce dans une série d’affreuses sécheresses, qui transforme massivement la pauvreté en misère (ici). En Californie, on est en passe de battre un épouvantable record, vieux de cinq siècles (ici) : l’eau semble avoir disparu de l’un des greniers agricoles des États-Unis. En Australie, la température a localement dépassé 50 degrés et s’est maintenue au-dessus de 45 degrés dans des régions entières, pendant des semaines (ici). Des millions d’animaux, domestiques et sauvages, sont simplement morts de soif. On peut sans exagération parler d’Apocalypse.
Dans le même temps, inondations bibliques en Grande-Bretagne, tempêtes sans fin en Bretagne, chutes de neige dantesques au Japon, etc, etc. Bien qu’aucune preuve directe ne puisse – évidemment ! – être apportée, tout indique que le dérèglement climatique commence à faire sentir ses effets. Ce sera probablement pire demain, mais c’est déjà impressionnant. De manière cohérente, cohérente par rapport aux prévisions concernant le désastre, les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient. Ce qui menace à l’horizon, et je suis désolé de devoir l’écrire, c’est la dislocation. La dislocation de toutes les digues sociales, morales, politiques.
Que dire dans ce cadre de nos élites politiques ? Pour une fois, je ne tenterai pas de nous accabler, nous gli uomini qualunqui, nous les hommes ordinaires. J’ai assez dit, et je maintiens, par Dieu !, que nous avons une immense responsabilité dans le lamentable état des lieux. Qui d’autre que nous s’est rué sur la télé à écran plat, la bagnole électronique, l’ordinateur, le téléphone portable ? Mais aujourd’hui, je n’entends parler que de nos dirigeants.
Pour dire les choses simplement, leur médiocrité fait peur. Celle d’Hollande est évidente, celle de Sarkozy également. Pas plus, également. Dignes héritiers tous deux de cet individualisme fou, qui confond toujours plus, depuis deux siècles, droits de l’Homme et fun personnel. Ils veulent, comme les sots accomplis qu’ils sont, le beurre et l’argent du beurre. Le pouvoir, les femmes, la reconnaissance, l’amour même. Crétins ! On serait en droit d’attendre d’eux transcendance, sacrifice, exaltation des qualités les meilleures, et l’on ne rencontre que banalité, train-train et pour tout dire imbécillité. Comment qualifier, dites-moi, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou les bouffées délirantes répétées sur les gaz de schiste ?
Peu de personnalités atteignent aux dimensions de l’Histoire des humains. Encore moins sans doute seraient à l’échelle plus bouleversante de la crise en cours, qui touche la vie elle-même. Et le tout laisse peu d’espoir d’en voir surgir. Pourtant, il en suffit d’un. Voyez plutôt De Gaulle, officier supérieur de 50 ans en 1940, ayant baigné toute sa vie dans des milieux de droite souvent monarchistes et antisémites. Quand il se lève de toute sa hauteur à Londres, en juin de cette année de débâcle, il est seul. Non, il n’est pas seul : il est entouré de militants fascistes (ici). Il va pourtant sauver la République, avec des militants de gauche.
Est-ce à dire que j’attends De Gaulle ? Non pas, mais un sursaut, certainement. Je ne saurais en décrire les contours, je ne saurais dire qui sera la poule – nous ? lui ? elle ? – et que seront les œufs. Mais nous avons d’évidence besoin d’une rupture. D’une cassure du temps politique si morne dans lequel nous sommes si mal. Ma certitude, tant de fois répétée : il n’y a rien à attendre d’eux, qui nous gouvernent. Il faut chercher ailleurs, et vite.